• Protection de l’enfance : le conseil départemental d’Indre-et-Loire met en danger les mineurs
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    Début octobre, le président du conseil départemental d’Indre-et-Loire, Jean-Gérard Paumier, annonçait à deux des acteurs clés de la protection de l’enfance que leurs financements étaient suspendus. En jeu : quatre millions d’euros, alors que le secteur souffre déjà d’un grave manque de moyens. Entretien avec Muriel, éducatrice spécialisée, salariée de l’Association départementale de sauvegarde de l’enfance (ADSE).

    La suspension des financements représente environ deux millions d’euros pour chacune des deux associations. Sans cet argent, l’ADSE ne pourra pas survivre très longtemps. Là, aucun contrat à durée déterminée n’est renouvelé. Comme il n’est pas possible pour les éducateurs de suivre plus d’enfants qu’ils le font actuellement – compte tenu des situations que nous suivons, qui sont parfois dramatiques, ce serait beaucoup trop risqué — cela signifie que certains enfants qui font l’objet d’un signalement et d’une décision de justice visant à les protéger ne peuvent pas être pris en charge et sont inscrits sur liste d’attente .

    Concrètement, cela veut dire que l’admission de certains enfants est refusée, et que l’Aide Sociale à l’Enfance — qui dépend du conseil départemental — conteste des décisions de placement prononcées par la justice. Dans certains foyers, les collègues se retrouvent parfois seuls en soirée avec huit jeunes. Cela les place dans des situations délicates : on ne peut pas aller chercher un enfant à l’école en même temps qu’on prend en charge un groupe. Et il ne s’agit pas d’enfants en colonie de vacances : beaucoup de ces mômes sont « cassés », certains présentent des problématiques très complexes, peuvent parfois être violents. Beaucoup de salariés sont épuisés. D’après ce qu’on sait, le nombre d’arrêts maladie a explosé depuis la conclusion du contrat d’objectifs.

    On est là pour mener un boulot éducatif, ça demande énormément de temps et d’investissement. Il faut entrer en lien avec les jeunes qui nous sont confiés, avec leur famille quand on travaille en milieu ouvert… Ce travail est complètement nié. Quand on parle de situations humaines, on nous répond « réduction budgétaires » . On n’a pas le même vocabulaire… Mais s’occuper des mômes coûte de l’argent. Et pour bon nombre d’entre eux, si on a le temps et les moyens, on peut les aider à s’en sortir. Les soutenir, leur montrer que tout n’est pas inéluctable, qu’ils peuvent faire autre chose de leur vie, même si leur enfance a été difficile. On sait que ça fonctionne. C’est une question de choix politique.

    #ASE #enfance #prévention #salariat