• Affaire Luis Bico : la Cour de cassation valide le « permis de tuer » de la police | Flagrant Déni
    https://blogs.mediapart.fr/flagrant-deni/blog/210524/affaire-luis-bico-la-cour-de-cassation-valide-le-permis-de-tuer-de-l

    Pour la première fois, la #justice valide un #tir_policier_mortel, alors qu’il n’y avait pas légitime défense. Luis Bico ne présentait pas de danger immédiat. Mais le policier qui l’a tué, alors que des passants étaient dans sa ligne de mire, échappe à toute poursuite. La CEDH va être saisie.

    Deux pages d’une froideur terrible, pour conclure sept années de combat. Et enterrer un nouveau scandale policier et judiciaire. Mercredi 15 mai, la Cour de cassation a rendu son arrêt dans l’affaire Luis Bico, tué par la police près de Montargis en août 2017. Comme elle le fait habituellement, quand aucun doute juridique n’est possible, la plus haute juridiction s’est bornée à une phrase type, sans aucune argumentation : « la Cour de cassation constate qu’il n’existe, en l’espèce, aucun moyen de nature à permettre l’admission du pourvoi ».

    Un « circulez, y’a rien à voir », en langage judiciaire. Or, cette décision est hautement décisive. Elle valide, de la façon la plus officielle qui soit, le permis de tuer instauré par la loi de 2017 dans l’article L435-1 du Code de sécurité intérieure. Son promoteur, le socialiste Bernard Cazeneuve, s’en défend à qui veut l’entendre : « C’est un texte qui dit : “Vous ne pouvez tirer que lorsque vous êtes en situation de légitime défense” ». Et pourtant, c’est tout autre chose qui est désormais gravé dans le marbre de l’ordre juridique. Car dans l’affaire Luis Bico, la cour d’appel avait à la fois estimé que les conditions de la légitime défense classique ne s’appliquaient pas, mais que le nouvel article, si. La Cour de cassation valide ce raisonnement. L’article L.435-1 est donc bien un cadre plus large que la simple légitime défense.

    Pas de danger immédiat

    Et même beaucoup plus large. Dans l’affaire Bico, la cour d’appel d’Orléans avait relevé que Luis Bico ne menaçait personne au moment où il avait été tué. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’y avait pas légitime défense. D’après la cour d’appel, Luis Bico était simplement « susceptible d’attenter à la vie ou à l’intégrité physique d’autrui », s’il parvenait à s’échapper. Un danger très hypothétique donc.
    En revanche, le policier qui a tiré sur Luis Bico, lui, l’a fait en visant pour tuer. Il a en outre tiré alors que des passants se trouvaient juste derrière, en plein dans sa ligne de mire, comme le montrent les images exclusives publiées par Flagrant déni en avril. « Ils visaient en haut, analyse Casimiros Bico, le frère de Luis, et d’ailleurs il y a une femme qui a entendu siffler une balle. Il y a 18 tirs, mais ils n’ont retrouvé que 9 impacts sur la voiture de Luis ». Dans cette affaire, pour un danger hypothétique, la #police a tué une personne, et mis en danger beaucoup d’autres. C’est ce que la Cour de cassation estime légal, sur la base de l’article L.435-1.

    Dossier inaccessible à la famille

    Cette décision est la conclusion d’un long combat, celui de la famille, face au mur aveugle de la justice. « On ne connaissait rien à la justice, donc on a fait confiance aux spécialistes, se souvient Christèle, la belle-sœur de Luis, très amère. On posait des questions, l’avocate nous disait “Ne vous inquiétez pas, c’est juridique”. Il ne fallait pas parler aux journalistes, pour ne pas énerver les juges, ni aux associations. On nous a complètement enfermés, et finalement, voilà le résultat ! ».

    La famille de Luis n’a jamais pu accéder au dossier. Jusqu’au dernier jour. Dans un courrier daté du 15 mai, que Flagrant déni a pu consulter, l’avocate continue de refuser de communiquer le dossier à la famille : « je ne puis m’autoriser à vous remettre un dossier d’instruction ». Dans un dossier conclu définitivement, comme c’est désormais le cas pour celui de Luis, aucun secret n’est pourtant plus en vigueur. « En tout, on en a eu pour 21500 euros de frais d’avocat, calcule Christèle, mais on ne peut toujours pas voir le dossier ».

    Contrôle d’identité de la famille à la sorte de l’audience

    A la Cour de cassation, le 4 avril dernier, la plupart des personnes venues en soutien n’ont pas pu accéder à l’audience, pourtant censément publique. Sous les surplombantes moulures dorées, la famille a dû rester cantonnée derrière une sorte de muret de bois, symbole bien visible de la séparation entre la justice, et les justiciables. Derrière ce muret, une fois assis, il était à peine possible de voir les trois juges installés tout au fond de l’immense salle. L’affaire a été évacuée en quelques minutes, sans suspense. « C’est pas la justice ça, ils n’ont retenu que les faits qui les arrangeaient », peste Casimiros à la sortie de l’audience.

    La famille n’a pas eu la parole, et son avocat n’était même pas présent. La police, en revanche, était bien là. Pour avoir posé quelques instants devant le palais de Justice, à la sortie de l’audience, avec des T-shirt « L.435-1 m’a tué·e » et des pancartes en mémoire de Luis, la famille et la quinzaine de soutiens présents, parmi lesquels de nombreuses victimes et familles de violences policières, ont eu le droit à un contrôle d’identité général.

    Une loi « mal interprétée, mal expliquée, mal conduite »

    L’affaire Luis Bico est aussi la parfaite illustration des ambiguïtés et de la dangerosité de l’article L435-1. L’Assemblée nationale doit rendre un rapport sur « la hausse du nombre de refus d’obtempérer et les conditions d’usage de leurs armes par les forces de l’ordre ». A propos de l’article L435-1, l’un des deux rapporteurs, Roger Vicot, député macroniste, estime que « la formulation de la loi est mal interprétée, mal expliquée, mal conduite ». Depuis cette loi, le nombre de personnes tuées par la police a été multiplié par cinq.
    Steven R., l’auteur des tirs mortels, est à l’époque des faits un adjoint de sécurité, noté comme indiscipliné par sa hiérarchie, et doté de très peu d’expérience. Grâce à la loi de 2017, désormais durement interprétée par la Cour de cassation, il échappe à toute poursuite, définitivement. « On s’y attendait, explique Christèle. On s’en doutait, même s’il y a toujours un petit espoir. Mais on va aller à la Cour européenne, ça c’est certain, le combat n’est pas terminé ». Encore une fois, il va falloir que la CEDH vienne sanctionner la France pour que les choses bougent, peut-être. A moins qu’entre temps, l’Assemblée nationale tire les conséquences de cette loi funeste, et décide enfin de l’abroger ?
    Lionel Perrin

    Comment la police a utilisé son “permis de tuer” sur Luis Bico
    https://www.flagrant-deni.fr/comment-la-police-a-utilise-son-permis-de-tuer-sur-luis-bico
    https://seenthis.net/messages/623282

  • Kenneth Stern, juriste américain : « Notre définition de l’antisémitisme n’a pas été conçue comme un outil de régulation de l’expression »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/21/kenneth-stern-juriste-americain-notre-definition-de-l-antisemitisme-n-a-pas-

    L’universitaire new-yorkais déplore, dans un entretien au « Monde », l’utilisation du concept d’antisémitisme à des fins politiques dans le cadre de la guerre Israël-Hamas.
    Propos recueillis par Valentine Faure

    Le juriste américain Kenneth Stern est directeur du Center for the Study of Hate de l’université de Bard (New York) et auteur de The Con­flict Over the Con­flict : The Israel/​Palestine Cam­pus Debate (University of Toronto Press, 2020, non traduit). Il a été le principal rédacteur du texte sur la définition de l’#antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), utilisée dans de nombreux pays, dont la France, où elle a été adoptée en 2019 par l’Assemblée nationale en tant qu’« instrument d’orientation utile en matière d’éducation et de formation et afin de soutenir les autorités judiciaires et répressives dans les efforts qu’elles déploient pour détecter et poursuivre les attaques antisémites ». Depuis plusieurs années, il s’élève contre le détournement de cette définition à des fins politiques, pour faire taire les propos critiques envers la politique du gouvernement israélien.

    Vous avez été le principal rédacteur de la définition de l’antisémitisme adoptée en 2016 par l’IHRA, une organisation intergouvernementale basée à Stockholm. Dans quel contexte est-elle née ?

    Après la deuxième Intifada [2000-2005], nous avons observé une nette résurgence de l’antisémitisme en Europe. Chargé de rédiger un rapport, l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes [EUMC] a identifié un problème : ceux qui collectaient les données dans différents pays d’Europe n’avaient pas de point de référence commun sur ce qu’ils devaient inclure ou exclure de leurs enquêtes. Ils travaillaient avec une définition temporaire qui décrivait l’antisémitisme comme une liste d’actes et de stéréotypes sur les #juifs. Les attaques liées à #Israël – lorsqu’un juif est visé en tant que représentant d’Israël – étaient exclues du champ de l’antisémitisme si l’agresseur n’adhérait pas à ces stéréotypes.

    En avril 2004, une école juive de Montréal a été incendiée en réaction à l’assassinat par Israël d’un dirigeant du Hamas. J’ai profité de l’occasion pour interpeller publiquement le directeur de l’EUMC sur le fait que, selon leur définition temporaire, cet acte n’était pas considéré comme antisémite. L’American Jewish Committee, où j’étais expert en matière d’antisémitisme, a pris l’initiative de travailler avec l’EUMC pour élaborer une nouvelle définition, dans le but principal d’aider les collecteurs de données à savoir ce qu’il faut recenser, à travers les frontières et le temps. Le texte liste onze exemples contemporains d’antisémitisme, parmi lesquels « la négation du droit du peuple juif à l’autodétermination » et l’application d’un traitement inégalitaire à Israël, à qui l’on demande d’adopter des comportements qui ne sont ni attendus ni exigés d’une autre nation. Les exemples reflètent une corrélation entre ces types de discours et le niveau d’antisémitisme. Il ne s’agit cependant pas de dire qu’il y a un lien de cause à effet, ou que toute personne tenant de tels propos devrait être qualifiée d’antisémite.

    Aujourd’hui, vous regrettez l’usage qui a été fait de ce texte. Pourquoi ?

    Depuis 2010, des groupes de la #droite_juive américaine ont tenté de s’approprier cette définition, de la marier aux pouvoirs conférés par le Title VI (la loi de 1964 sur les droits civils, qui protège contre la discrimination fondée sur la race, la couleur et l’origine nationale) et de l’utiliser pour tenter de censurer les discours propalestiniens sur les campus. En 2019, Donald Trump a signé un décret exigeant que le gouvernement analyse les plaintes pour antisémitisme en tenant compte de cette définition. Une violation du Title VI peut entraîner le retrait des fonds fédéraux aux établissements d’enseignement supérieur. Au moment de l’adoption de ce décret, Jared Kushner, le gendre de Trump, a clairement indiqué son objectif dans une tribune au New York Times : qualifier tout #antisionisme d’antisémitisme.

    Or, notre définition n’a pas été conçue comme un outil de régulation de l’expression. Sur les campus universitaires, les étudiants ont le droit absolu de ne pas être harcelés ou intimidés. Mais il est acceptable d’être dérangé par des idées. Nous ne voudrions pas que la définition du #racisme utilisée sur les campus inclue l’opposition à la discrimination positive ou à Black Lives Matter, par exemple. L’université est censée être un lieu où les étudiants sont exposés à des idées, où ils apprennent à négocier avec la contradiction, etc. Nous devons être en mesure de répondre et d’argumenter face à ces discours.

    Lors de son témoignage au Congrès sur l’antisémitisme, dans le contexte de manifestations propalestiniennes sur les campus américains, à la question de savoir si « appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard », Claudine Gay, qui était alors présidente de cette université, a répondu que « cela peut, en fonction du contexte ». Comment comprendre cette réponse ?

    Les universités, publiques comme privées, sont tenues de respecter le premier amendement, qui garantit la #liberté_d’expression. La distinction générale du premier amendement est la suivante. Je peux dire : « Je pense que tous les “X” devraient être tués » ; je ne peux pas crier cela si je suis avec un groupe de skinheads brandissant des battes et qu’il y a un « X » qui marche dans la rue à ce moment-là. La situation doit présenter une urgence et un danger. Il y a une distinction fondamentale entre le fait d’être intimidé, harcelé, discriminé, et le fait d’entendre des propos profondément dérangeants. David Duke [homme politique américain, néonazi, ancien leader du Ku Klux Klan] a été vilipendé, mais pas sanctionné, lorsque, étudiant dans les années 1970, il disait que les juifs devraient être exterminés et les Noirs renvoyés en Afrique, et qu’il portait même un uniforme nazi sur le campus. S’il avait été renvoyé, il serait devenu un martyr du premier amendement.

    La suspension de certaines sections du groupe des Students for Justice in Palestine [qui s’est illustré depuis le 7 octobre 2023 par ses messages de soutien au Hamas] est profondément troublante. Les étudiants doivent pouvoir exprimer des idées, si répugnantes soient-elles. La distinction que j’utilise ne se situe pas entre les mots et l’acte, mais entre l’expression (qui peut se faire par d’autres moyens que les mots) et le harcèlement, l’intimidation, les brimades et la discrimination, qui peuvent se faire par des mots également – de vraies menaces, par exemple. En d’autres termes, oui, cela dépend du contexte. Claudine Gay [qui a démissionné depuis] avait donc raison dans sa réponse, même si elle s’est montrée sourde au climat politique.

    Comment analysez-vous la décision de la présidente de Columbia, suivie par d’autres, d’envoyer la police pour déloger les manifestants propalestiniens ?

    La décision de faire appel à la police aussi rapidement n’a fait qu’enflammer la situation. Les campements ont probablement violé les règles qui encadrent le droit de manifester sur le campus. Mais faire appel à la police pour arrêter des étudiants devrait être, comme lorsqu’un pays entre en guerre, la dernière mesure prise par nécessité. D’autres #campus qui connaissent des manifestations similaires ont abordé le problème différemment, déclarant que, tant qu’il n’y a pas de violence ou de harcèlement, ils ne feront pas appel à la #police.

    Vous parlez de « zone grise » de l’antisémitisme. Qu’entendez-vous par là ?

    Dans sa forme la plus dangereuse, l’antisémitisme est une théorie du complot : les juifs sont considérés comme conspirant pour nuire aux non-juifs, ce qui permet d’expliquer ce qui ne va pas dans le monde. Mais voici une question plus difficile : « Où se situe la limite entre la critique légitime d’Israël et l’antisémitisme ? » Cette question porte davantage sur notre besoin de délimitations que sur ce que nous voulons délimiter. Nous voulons simplifier ce qui est complexe, catégoriser un propos et le condamner. L’antisémitisme, pour l’essentiel, ne fonctionne pas ainsi : on peut être « un peu » antisémite ou, plus précisément, avoir des opinions qui se situent dans la zone grise.

    La question la plus épineuse à cet égard demeure celle de l’antisionisme.

    Moi-même sioniste convaincu, je souffre d’entendre dire qu’Israël ne devrait pas exister en tant qu’Etat juif. Je comprends les arguments de ceux qui assurent qu’une telle conception est antisémite : pourquoi les juifs devraient-ils se voir refuser le droit à l’autodétermination dans leur patrie historique ? Mais l’opposition à l’idée d’un #Etat_juif est-elle intrinsèquement antisémite ? Imaginez un Palestinien dont la famille a été déplacée en 1948. Son opposition au sionisme est-elle due à une croyance en un complot juif ou au fait que la création d’Israël lui a porté préjudice, à lui et à ses aspirations nationales ? Et si vous êtes une personne qui s’identifie à la gauche et qui a décidé d’embrasser la cause palestinienne, est-ce parce que vous considérez que la dépossession des #Palestiniens est injuste, parce que vous détestez les juifs et/ou que vous voyez le monde inondé de conspirations juives, ou quelque chose entre les deux ?

    Certains #étudiants juifs sionistes progressistes se plaignent d’être exclus d’associations (de groupes antiracistes et de victimes de violences sexuelles, par exemple) par des camarades de classe qui prétendent que les sionistes ne peuvent pas être progressistes. Or il y a eu de nombreuses annulations d’intervenants perçus comme conservateurs et n’ayant rien à voir avec Israël ou les juifs, comme Charles Murray [essayiste aux thèses controversées] ou Ann Coulter [polémiste républicaine]. Le militant sioniste est-il exclu parce qu’il est juif ou parce qu’il est considéré comme conservateur ? L’exclusion peut être une forme de maccarthysme, mais n’est pas nécessairement antisémite. A l’inverse, certaines organisations sionistes, sur les campus et en dehors, n’autorisent pas des groupes comme Breaking the Silence ou IfNotNow – considérés comme trop critiques à l’égard d’Israël – à s’associer avec elles.

    La complexité du conflit israélo-palestinien, dites-vous, devrait en faire un exemple idéal de la manière d’enseigner la pensée critique et de mener des discussions difficiles…

    Pensez à l’articulation entre distorsion historique, antisionisme et antisémitisme. Le lien ancien entre les juifs et la terre d’Israël est un fondement essentiel du sionisme pour la plupart des juifs. Est-ce une distorsion historique que d’ignorer cette histoire, de considérer que le sionisme a commencé dans les années 1880 avec Herzl et l’#immigration de juifs européens fuyant l’antisémitisme et venant en Palestine, où les Arabes – et non les juifs – étaient majoritaires ? S’agit-il d’antisémitisme, au même titre que le déni de la Shoah, lorsque les antisionistes font commencer cette histoire à un point différent de celui des sionistes, à la fin du XIXe siècle, et omettent une histoire que de nombreux juifs considèrent comme fondamentale ? Un collègue de Bard, qui s’inquiétait de voir les étudiants utiliser des termes tels que « #colonialisme_de_peuplement », « #génocide », « sionisme », a décidé de mettre en place un cours qui approfondit chacun de ces termes. Je réserve le terme « #antisémite » aux cas les plus évidents. En fin de compte, la tentative de tracer des lignes claires ne fait qu’obscurcir la conversation.

  • Nice : les premiers pas de la brigade de sécurité privée Gaïda, déployée dans le quartier des Moulins
    https://www.bfmtv.com/cote-d-azur/nice-les-premiers-pas-de-la-brigade-de-securite-privee-gaida-deployee-dans-le

    Les agents de la brigade de sûreté résidentielle privée « Gaïda » ont été déployés au quartier des Moulins à Nice et travaillent déjà en étroite collaboration avec les forces de l’ordre.
    Alors que l’opération « place nette XXL » se poursuit dans le quartier niçois des Moulins jusqu’à vendredi 17 mai, les 17 agents de sécurité privés déployés par la municipalité prennent leurs marques. Une promesse que la mairie de Christian Estrosi a mis du temps à tenir mais qui voit enfin le jour avec cette brigade de sûreté résidentielle nommée « Gaïda ».

  • ### Observatoire toulousain des Pratiques Policières

    Rapport sur les opérations de police et de gendarmerie dans le cadre des oppositions à la construction de l’autoroute A69

    Le projet d’autoroute A 69 Toulouse – Castres fait l’objet, depuis plusieurs années, d’une contestation multiforme. Les observateurs de l’Observatoire toulousain des Pratiques Policières – OPP ont, depuis plus d’une année maintenant, observé, dans le Tarn comme à Toulouse, les pratiques policières dans le cadre des initiatives et manifestations organisées par les opposants à ce projet autoroutier. La séquence d’observation qui fait l’objet du rapport publié en ce mois de mai 2024 concerne les opérations de police et de gendarmerie menées sur la commune de Saïx, au lieu-dit La Crémade, où des groupes d’opposants ont occupé un espace boisé situé sur le parcours de la future voie autoroutière et construit des cabanes dans des arbres promis à l’abattage.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/20/observatoire-toulousain-des-pratiques-policier

    #france #police

  • « Le policier qui a neutralisé l’attaquant de la synagogue de Rouen sera décoré », annonce Gérald Darmanin
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/seine-maritime/rouen/le-policier-qui-a-neutralise-l-attaquant-de-la-synagogu

    Le ministre de l’Intérieur a insisté sur la grande réactivité de la police nationale. "Des policiers très courageux sont intervenus et ont sécurisé l’intervention de pompiers en faisant face à un individu dangereux", déclare Gérald Darmanin.

    Le jeune policier, auteur du tir et âgé de 25 ans sur lequel l’assaillant a foncé, sera lui décoré par la République pour "son soutien à la protection des lieux de culte et des personnes".

    "Il a été extrêmement courageux, je le félicite, ajoute le ministre. Il a fait usage de son arme et a eu raison de le faire. Les policiers ont raison d’utiliser leur arme pour se protéger eux-mêmes et protéger les autres. Il a sauvé des vies."

    Contre un assaillant armé d’un couteau, 5 balles de pistolet dont 4 au but (rien ne dit que jambes ou bras étaient ne serait-ce que visés), mais "il a sauvé des vies"

    #police #licence_to_kill #promotion

    • Etats-Unis : le gouverneur du Texas gracie un homme qui avait été condamné pour le meurtre d’un manifestant antiraciste
      https://www.lemonde.fr/international/article/2024/05/17/etats-unis-le-gouverneur-du-texas-gracie-un-homme-qui-avait-ete-condamne-pou

      Daniel Perry, un militaire actuellement âgé de 37 ans qui conduisait des VTC sur son temps libre, s’était retrouvé au milieu d’une foule de manifestants à Austin, capitale de cet Etat du sud des Etats-Unis, le 25 juillet 2020. Ses avocats avaient plaidé la légitime défense. Ils ont assuré qu’il avait tiré au pistolet à cinq reprises sur Garrett Foster, 28 ans, parce que ce dernier s’approchait de son véhicule en pointant un fusil d’assaut dans sa direction. L’accusation affirmait qu’il aurait pu faire demi-tour et qu’il était à l’origine de la confrontation avec ce manifestant, qui était également blanc.

      Daniel Perry a été condamné le 7 avril 2023 à vingt-cinq ans de prison. Avant même qu’il fasse appel, le gouverneur Abbott avait annoncé avoir demandé à la commission des grâces du Texas d’étudier son dossier. Il avait expliqué vouloir faire ainsi prévaloir la loi texane « Stand your ground », une des plus extensives aux Etats-Unis en matière de légitime défense, qui autorise une personne à recourir à la force létale si elle s’estime gravement en danger, même s’il existe une autre possibilité d’échapper à ce danger.

      La commission des grâces a annoncé jeudi avoir, après un « examen méticuleux » de l’ensemble des pièces du dossier, « voté à l’unanimité pour recommander une grâce totale et le rétablissement des droits de port d’arme » pour le condamné. Le gouverneur a annoncé dans un communiqué suivre les recommandations de la commission et loué la loi « qui ne peut être annulée ni par un jury ni par un procureur progressiste ». Dans son ordre de grâce il critique le procureur du comté, lui reprochant sa politique de « réduction de l’accès aux armes à feu » et sa conduite de l’instruction.

      #justice

  • Statement von Lehrenden an Berliner Universitäten

    "Als Lehrende der Berliner Hochschulen verpflichtet uns unser Selbstverständnis dazu, unsere Studierenden auf Augenhöhe zu begleiten, aber auch zu schützen und sie in keinem Fall Polizeigewalt auszuliefern.

    Unabhängig davon, ob wir mit den konkreten Forderungen des Protestcamps einverstanden sind, stellen wir uns vor unsere Studierenden und verteidigen ihr Recht auf friedlichen Protest, das auch die Besetzung von Uni-Gelände einschließt. Die Versammlungs- und Meinungsfreiheit sind grundlegende demokratische Rechte, die auch und gerade an Universitäten zu schützen sind. Angesichts der angekündigten Bombardierung Rafahs und der Verschärfung der humanitären Krise in Gaza sollte die Dringlichkeit des Anliegens der Protestierenden auch für jene nachvollziehbar sein, die nicht alle konkreten Forderungen teilen oder die gewählte Aktionsform für nicht geeignet halten.

    Es ist keine Voraussetzung für grundrechtlich geschützten Protest, dass er auf Dialog ausgerichtet ist. Umgekehrt gehört es unseres Erachtens zu den Pflichten der Universitätsleitung, solange wie nur möglich eine dialogische und gewaltfreie Lösung anzustreben. Diese Pflicht hat das Präsidium der FU Berlin verletzt, indem es das Protestcamp ohne ein vorangehendes Gesprächsangebot polizeilich räumen ließ. Das verfassungsmäßig geschützte Recht, sich friedlich zu versammeln, gilt unabhängig von der geäußerten Meinung. Die Versammlungsfreiheit beschränkt zudem nach der Rechtsprechung des Bundesverfassungsgerichts ("Fraport") das Hausrecht auch für Orte, die, wie wohl auch der Universitätscampus der FU Berlin, öffentlich zugänglich sind und vielfältigen, darunter öffentlichen Zwecken dienen.

    Wir fordern die Berliner Universitätsleitungen auf, von Polizeieinsätzen gegen ihre eigenen Studierenden ebenso wie von weiterer strafrechtlicher Verfolgung abzusehen. Der Dialog mit den Studierenden und der Schutz der Hochschulen als Räume der kritischen Öffentlichkeit sollte oberste Priorität haben - beides ist mit Polizeieinsätzen auf dem Campus unvereinbar. Nur durch Auseinandersetzung und Debatte werden wir als Lehrende und Universitäten unserem Auftrag gerecht."

    Possibility to sign and signatures here: https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfVy2D5Xy_DMiaMx2TsE7YediR6qifxoLDP1zIjKzEl9t1LWw/viewform

    #statement #protest_camp #police_violence #Berlin #university #FU #academia #Gaza #Germany

    • Großer Unmut über Brief von Berliner Dozenten zu Gaza-Krieg

      09.05.20249. Mai 2024

      Etwa 100 Lehrkräfte an Berliner Hochschulen haben sich in einem Brief hinter propalästinensische Demonstranten gestellt. Das löst eine breite Welle der Empörung aus.

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      Bundesbildungsministerin Bettina Stark-Watzinger hat sich empört über eine Unterstützer-Erklärung von Berliner Hochschuldozenten für pro-palästinensische Proteste gezeigt. „Dieses Statement von Lehrenden an Berliner Universitäten macht fassungslos“, sagte Stark-Watzinger der „Bild“-Zeitung. Statt sich klar gegen Israel- und Judenhass zu stellen, würden „Uni-Besetzer zu Opfern gemacht und Gewalt verharmlost“. Dass es sich bei den Unterstützern der Proteste um Lehrende handele, sei „eine neue Qualität“, betonte die FDP-Politikerin. Gerade sie müssten „auf dem Boden des Grundgesetzes stehen“. Aus ihrer Sicht sei es „richtig, wenn Hochschulleitungen bei Antisemitismus und Gewalt schnell handeln und die Polizei einschalten“.

      Die deutsche Bildungsministerin Bettina Stark-Watzinger

      Am Mittwoch hatten Demonstrierende ein Protestcamp auf einem Hof der Freien Universität (FU) errichtet. Die Hochschule schaltete rasch die Polizei ein und ließ das Gelände räumen. Der Lehrbetrieb wurde für den Tag weitgehend eingestellt. Die Polizei bilanzierte am Mittwoch, es seien 79 Personen vorübergehend festgenommen worden, gegen sie gebe es Strafermittlungs- und Ordnungswidrigkeitsverfahren. Eine Gruppe mit dem Namen #Student_Coalition_Berlin forderte die Universitäten in Berlin unter anderem dazu auf, sich für eine Waffenruhe im Gazastreifen einzusetzen und Israel „akademisch und kulturell“ zu boykottieren.

      Die Gruppe hatte in der vergangenen Woche bereits zu einer Protestaktion an der Humboldt-Universität aufgerufen. Die Protestkundgebung am Freitag hatte einen Polizeieinsatz ausgelöst. Dabei war es laut Polizei auch zu „volksverhetzenden Aufrufen“ gekommen.

      Recht auf friedlichen Protest?

      In einer am Mittwoch online veröffentlichten Erklärung stellten sich rund 100 Dozenten verschiedener Berliner Hochschulen hinter die Proteste. „Unabhängig davon, ob wir mit den konkreten Forderungen des Protestcamps einverstanden sind, stellen wir uns vor unsere Studierenden und verteidigen ihr Recht auf friedlichen Protest, das auch die Besetzung von Uni-Gelände einschließt“, hieß es in dem „Statement von Lehrenden an Berliner Universitäten“.

      Berliner Polizisten tragen propalästinensische Demonstrierende vom Campus weg

      Zudem forderten die Lehrkräfte die Universitätsleitungen auf, „von Polizeieinsätzen gegen die eigenen Studierenden ebenso wie von weiterer strafrechtlicher Verfolgung abzusehen“. In der Erklärung wird die „Dringlichkeit des Anliegens der Protestierenden“ mit dem israelischen Vorgehen im Gazastreifen und der humanitäre Lage in dem Palästinensergebiet als „nachvollziehbar“ begründet. Der Angriff der militant-islamistischen Palästinenserorganisation Hamas, der den Krieg im Gazastreifen auslöste, sowie die verschleppten israelischen Geiseln werden darin hingegen nicht erwähnt. Die EU, die US, Deutschland und andere Länder stufen die Hamas als Terrororganisation ein.

      Heftige Kritik aus der Union

      Scharfe Kritik an dem Brief kam auch von Berlins Regierendem Bürgermeister Kai Wegner. „Für die Verfasser dieses Pamphlets habe ich überhaupt kein Verständnis“, sagte der CDU-Politiker der „Bild“-Zeitung. Die Berliner Universitäten seien und blieben „Orte des Wissens, des kritischen Diskurses und des offenen Austauschs“. „Antisemitismus und Israelhass sind aber keine Meinungsäußerungen, sondern Straftaten“, betonte Wegner. Er habe „volles Vertrauen“, dass die Berliner Polizei „gegen solche Straftaten auch weiterhin konsequent rechtsstaatlich“ vorgehe.

      Kai Wegner, Regierender Bürgermeister von Berlin

      Auch die stellvertretende Bundesvorsitzende der CDU, Karin Prien, zeigte sich empört. Sie sei „fassungslos, wie Wissenschaftlerinnen und Wissenschaftler auf das humanitäre Leid in Gaza verweisen, ohne die Geiseln der Hamas mit nur einer Silbe zu erwähnen“, erklärte sie.

      Unionfraktionsvize Andrea Lindholz bezeichnete den Brief als einen „Tiefpunkt für die deutsche Wissenschaft“. Sie habe „null Verständnis dafür, wenn Professoren und Dozenten einen Mob von Antisemiten und Israelhassern verteidigen“. Wissenschaft und Lehre mit Aktivismus zu verknüpfen, sei „brandgefährlich für die Hochschulen als Institutionen“, kritisierte die CSU-Innenpolitikerin.

      Der Präsident des Zentralrats der Juden in Deutschland, Josef Schuster, zeigte sich enttäuscht von den Unterzeichnern des Schreibens. Den Aktivisten gehe es „weniger um das Leid der Menschen in Gaza, sondern sie werden von ihrem Hass auf Israel und Juden angetrieben“, sagte er der „Bild“-Zeitung. „Gerade von Hochschuldozenten hätte ich erwartet, dass dies zumindest klar benannt wird, wenn sich schon für diese Form des Protestes eingesetzt wird.“

      Ruf nach freier Meinungsäußerung

      Der Botschafter der Palästinensischen Autonomiebehörde in Deutschland, Laith Arafeh, wies hingegen Kritik an den propalästinensischen Protesten zurück. Der Spielraum für freie Meinungsäußerung und die akademische Freiheit mit Blick auf Israel und den Gaza-Krieg gehe immer weiter zurück, sagte er der Deutschen Presse-Agentur. „Wir verurteilen alle Formen von Fanatismus einschließlich Antisemitismus“, so der Botschafter. „Genauso verurteilen wir den systematischen Einsatz falscher Antisemitismus-Vorwürfe gegen alle Stimmen, die ein Ende des Krieges fordern.“ Er beziehe keine Position zu den Studentenprotesten, weil das eine Einmischung in innere Angelegenheiten wäre, sagte der Diplomat. „Aber ich unterstütze jedermanns Recht auf freie Äußerung, jedermanns Meinungsfreiheit, überall, jederzeit.“

      https://www.dw.com/de/gro%C3%9Fer-unmut-%C3%BCber-brief-von-berliner-dozenten-zu-gaza-krieg/a-69036601

    • Erklärung von Vorstand und wissenschaftlichem Beirat der DAVO zur Kritik am Statement von Lehrenden der FU Berlin zum Vorgehen des Präsidiums der Universität gegenüber Protestierenden

      Mit großer Sorge und Bestürzung blicken der Vorstand und wissenschaftliche Beirat der „Deutschen Arbeitsgemeinschaft Vorderer Orient für gegenwartsbezogene Forschung und Dokumentation e.V. (DAVO)“ auf die aktuellen Verunglimpfungen von Lehrenden an Berliner Universitäten. Diese hatten in einem Statement die Hochschulleitung dafür kritisiert, dass sie auf eine Besetzung von Hochschulräumen unmittelbar mit polizeilicher Räumung reagiert und nicht zunächst den Dialog gesucht habe.

      Seit der Veröffentlichung des Statements, das mittlerweile mehr als 1300 Personen aus wissenschaftlichen Einrichtungen unterschrieben haben, sehen sich die Unterzeichnerinnen und Unterzeichner, zu denen auch mehrere DAVO-Mitglieder gehören, einer Diffamierungskampagne in den Medien ausgesetzt, die ihnen Judenfeindlichkeit und Terrorverharmlosung unterstellt. Sie spielen damit einer zunehmenden Wissenschaftsfeindlichkeit in die Hände und markieren einzelne Lehrende durch die Veröffentlichung ihrer Namen und Fotos als Zielscheibe von Angriffen. Mit besonderer Erschütterung nehmen wir zur Kenntnis, dass die Bundesministerin für Bildung und Forschung, Bettina Stark-Watzinger, anstatt sich hinter die Wissenschaftler*innen zu stellen, den Lehrenden ohne weitere Begründung vorwarf, nicht auf dem Boden des Grundgesetzes zu stehen.

      Die Berliner Lehrenden haben sich weder zu einer bestimmten Position im Nahostkonflikt bekannt noch sich gegenüber der israelischen Regierung oder gar dem Judentum in irgendeiner Weise positioniert, sondern lediglich die Berliner Universitätsleitungen aufgefordert, den Dialog mit den Studierenden zu suchen sowie die Hochschulen als Räume kritischer Auseinandersetzung und Debatte zu schützen. Unabhängig davon, ob man diese Position teilt, bewegt sie sich im Rahmen der grundgesetzlich geschützten Meinungsfreiheit. Sie fordert ein, sich auf die in der aktuellen Situation dringend nötige Rolle wissenschaftlicher Institutionen als Diskursräume zu besinnen.

      Der Vorstand und der wissenschaftliche Beirat der Deutschen Arbeitsgemeinschaft Vorderer Orient stellen sich hinter die Berliner Lehrenden und ihr Recht auf freie Meinungsäußerung und weisen deren unsubstantiierte Verunglimpfung als grundgesetzfeindlich und antisemitisch entschieden zurück. Sie bekennen sich zur Wissenschaftsfreiheit und zu dem Ziel, an den Hochschulen Räume für kritische Debatten gerade auch zu schwierigen und konfliktbehafteten Themen zu öffnen, anstatt sie zu verengen. Sie wenden sich zudem gegen die pauschale Diskreditierung ganzer Fächer, denen es auch weiterhin möglich sein muss, fundierte und differenzierte Expertise zum Nahostkonflikt in die öffentlichen Debatten einzubringen. Dies gehört zu den Kernaufgaben von Universitäten und Forschungseinrichtungen.

      Vorstand und wissenschaftlicher Beirat der „Deutschen Arbeitsgemeinschaft Vorderer Orient für gegenwartsbezogene Forschung und Dokumentation e.V. (DAVO)“:

      Dr. Silvana Becher-Çelik (Mainz)
      Dr. Philipp Bruckmayr (Freiburg)
      Prof. Dr. Thomas Demmelhuber (Erlangen)
      Prof. Dr. Georg Glasze (Erlangen)
      Prof. Dr. Aymon Kreil (Ghent)
      Prof. Dr. Günter Meyer (Mainz)
      Prof. Dr. Johanna Pink (Freiburg)
      Prof. Dr. Irene Schneider (Göttingen)
      Prof. Dr. Udo Steinbach (Berlin)

      https://davo1.de/de/statement-protest-berliner-unis

    • Stellungnahme der DGS zu Mediendarstellungen von Akademiker:innen im Rahmen politischer Proteste zum Israel-Gaza-Konflikt
      München, 13. Mai 2024
      13.05.2024

      Im Rahmen des aktuellen Kriegs Israels in Gaza, der auf den antisemitischen Terror der Hamas vom 7.10.2023 reagiert, finden weltweit und so auch in Deutschland Proteste u.a. an Universitäten statt. Nachdem in Berlin (wie anderswo) die Proteste Anfang Mai 2024 zum Teil von der Polizei aufgelöst wurden, haben Hunderte Lehrende an (insbes. Berliner) Universitäten einen offenen Brief unterzeichnet, in dem sie das Vorgehen gegen die (›pro-palästinensischen‹) Proteste kritisieren und die Universitätsleitungen dazu aufrufen, auf Dialog statt polizeiliche und juristische Maßnahmen zu setzen. Dieser Brief ist in den Medien sowie der Politik breit und intensiv diskutiert worden – im Sinne einer lebendigen pluralen Demokratie zu Recht. Allerdings hat sich im Anschluss eine regelrechte Medienkampagne entwickelt, die wir als wissenschaftlicher Fachverband inakzeptabel finden. Dagegen wenden wir uns.

      Wir verurteilen mit dieser Stellungnahme die mediale Diffamierung und personalisierte, pauschale Verurteilung von Lehrenden, darunter auch Soziolog:innen. Es ist zutiefst beunruhigend, dass in einer aktuellen Kampagne (insbesondere BILD vom 10.05.2024) Wissenschaftler:innen – darunter auch jüdische und renommierte Forscher:innen zum Nationalsozialismus, der Shoah und im Bereich des Antisemitismus – durch Massenmedien individuell angeprangert und (ausgerechnet) in Deutschland als ›Täter‹ (sic!) diffamiert werden. Es scheint, dass dabei bestimmte Disziplinen (so auch die Soziologie) und Forschungsfelder (etwa die Postcolonial Studies) als angeblich per se politisch und antisemitisch ins Visier genommen werden. Derartig pauschale, zum Teil klar falsche und diffamierende Darstellungen haben unter Umständen weitreichende forschungspolitische Folgen, vor denen wir warnen. Einer lebendigen politischen Debatte schaden derartige Kampagnen, sie vergiften das Diskussionsklima und haben verheerende Folgen für die Personen, die dabei an den medialen Pranger gestellt werden. Wir halten zudem die Rolle und Aussagen der Wissenschaftsministerin und der Staatssekretärin in diesem Zusammenhang für äußerst bedenklich: Per social media (8.5. auf der Plattform X) ›Lehrende‹ pauschal in die Nähe des Antisemitismus zu rücken, als gewaltverharmlosend zu bezeichnen und gegenüber der BILD-Zeitung durch Suggestion anzuzweifeln, dass sie ›auf dem Boden des Grundgesetzes stehen‹, ist politisch mindestens fragwürdig.

      Die Deutsche Gesellschaft für Soziologie (DGS) positioniert sich ausdrücklich nicht inhaltlich zu den aktuellen Protesten im Einzelnen und auch nicht zu den Forderungen des offenen Briefes. Die DGS verurteilt klar jeglichen Antisemitismus und jegliche gruppenbezogene Menschenfeindlichkeit; sie wirkt daraufhin, dass auch Hochschulen Orte sind, an denen alle Mitglieder – Studierende, Forschende, administratives und technisches Personal – im rechtlich legitimen Rahmen respektiert und gewaltfrei arbeiten und sich politisch auseinandersetzen können, ohne Diffamierungen oder Bedrohungen befürchten zu müssen.

      Prof. Dr. Paula-Irene Villa Braslavsky (Vorsitzende)
      München, 13.05.2024

      https://soziologie.de/aktuell/meldungen-des-vorstands/news/stellungnahme-der-dgs-zu-mediendarstellungen-von-akademikerinnen-im-rahme

    • Mediale Hetze gegen Wissenschaftler*innen und die Anstachelung durch Ministerin gefährdet die Wissenschaftsfreiheit!

      Stellungnahme der Vereinigung Demokratischer Juristinnen und Juristen (VDJ) vom 13. Mai 2024

      Die Vereinigung Demokratischer Juristinnen und Juristen (VDJ) verurteilt mediale Hetze und Polizeigewalt als Angriffe auf die Institution der Universität

      Als Demokratische Jurist*innen sind wir schockiert über die jüngsten Angriffe auf die Wissenschaft-, Meinungs- und Berufsfreiheit durch Regierungspolitiker*innen und einen großen Teil der Medien. Am 07. Mai hatten Studierende der Freien Universität Berlin ein Protestcamp auf dem Campus der Universität errichtet, um gegen die Beteiligung der Bundesrepublik im Krieg in Gaza zu demonstrieren. Die Leitung der Universität ließ das Camp von der Polizei räumen. Bilder von der Räumung dokumentieren das brutale Vorgehen der Polizei und die Verhöhnung der Studierenden durch die Uniformierten. Der Regierende Oberbürgermeister von Berlin, Kai Wegener, lobte das Vorgehen ausdrücklich.

      In Reaktion auf die Räumung verfassten Berliner Wissenschaftler*innen einen offenen Brief, dem sich mittlerweile weit mehr als 1.000 Lehrende angeschlossen haben. In dem Brief verurteilen sie die Räumung des Camps und die Art und Weise wie diese geschah. Sie mahnen einen Dialog auch mit abweichenden Positionen an. Der sofortige Einsatz der Polizei gegen den gewaltfreien Protest wird als unvereinbar mit der Institution der Universität betrachtet.

      Diesen offenen Brief nahm Bundeswissenschaftsministerin Stark-Watzinger zum Anlass, den Unterzeichnenden, die weder zu den inhaltlichen Forderungen der Studierenden noch zur Situation in Israel/Palästina Stellung bezogen hatten, die Verteidigung von Israelhass und Antisemitismus vorzuwerfen. Medienkonzerne, allen voran Springer, stellen einzelne Wissenschaftler*innen daraufhin an den Pranger und erklärten sie zu Befürworter*innen von Terror und Antisemitismus.

      Statt sich erkenntnisoffen und ehrlich mit dem Anliegen der Studierenden und insbesondere dem Inhalt des Schreibens der Wissenschaftler*innen auseinanderzusetzen, hat Stark-Watzinger mit vorschnell formulierten, schwersten Vorwürfen deren Stellung als Universitätsangehörige und Forschende beschädigt. Sie hat eine Stimmung angeheizt, in der die mediale Jagd auf einzelne Personen eröffnet wurde. Sollte es zu Übergriffen auf die Betroffenen kommen, trägt sie dafür auch persönliche Verantwortung. Statt durch eine ausgewogene Stellungnahme die Wogen zu glätten, hat sie sich bewusst in eine mediale Hetzkampagne einbinden lassen und die Institution der Universität, die auf offenem Austausch und Vertrauen beruht, nachhaltig beschädigt.

      Für uns als Demokratische Jurist*innen ist die Universität ein besonders geschützter Raum, durch den ein freier Diskurs – als Voraussetzung für neue Erkenntnis – erst ermöglicht wird. Diesen Schutzraum gewährt das Grundgesetz allen Universitätsangehörigen – auch den Studierenden. Sie sind nicht stille Konsument*innen von Bildungsangeboten, sondern essenzieller Bestandteil des Austauschs, der Prüfung und Festigung von Wissen. Dieser Austausch benötigt einen offenen Raum für Dissens. Es ist nicht Sache von Regierenden den Rahmen des Diskurses oder die Reichweite des Dissenses festzulegen. Bereits darin liegt ein schwerer Angriff auf die Wissenschaftsfreiheit, durch den der offene Erkenntnisprozess autoritär abgebrochen wird.

      Artikel 5 des Grundgesetzes gewährt die Wissenschafts- und Meinungsfreiheit als essenzielle Voraussetzungen einer freien und demokratischen Gesellschaft. Es ist mit dem Grundgesetz unvereinbar, Angehörige der Universität auf bestimmte Regierungspositionen festzulegen oder sie einem Bekenntniszwang auszusetzen. Der Staat kann seine Regierungsräson nicht zur Eintrittskarte für den wissenschaftlichen Diskurs machen. Das verletzt neben der Wissenschaftsfreiheit auch die Berufsfreiheit der Betroffenen.

      Als Demokratische Jurist*innen verurteilen wir zudem die zunehmende Brutalität polizeilicher Einsätze. Die Art, wie Universitätsangehörige verhöhnt wurden, ist ein Warnsignal für den Zustand der deutschen Polizei. Für uns stehen die beschriebenen Angriffe im Kontext einer Ausdehnung exekutiver Gewalt gegen die Zivilgesellschaft. Als Rechtsstaat definierte das Grimm‘sche Wörterbuch bereits vor 170 Jahren kurz und treffend ein „staatswesen, dessen zweck der rechtsschutz aller seiner bürger ist“. Diesen Schutz individueller Rechtsgüter müssen die Regierenden befördern und nicht gewaltsame polizeiliche Einsatzformen. Wer den Begriff des Rechtsstaats aufruft, kann damit niemals die Härte des Polizeiknüppels rechtfertigen.

      – Unsere Solidarität gilt allen Unterzeichnenden des „Statements von Dozierenden an Berliner Universitäten“
      – Wir verurteilen die mediale Hetze durch die Verantwortlichen in Politik und Medien
      – Wir verurteilen die Räumung des Protestcamps mittels Polizeigewalt
      – Als Demokratische Jurist*innen ist unser Ziel die Sicherung universitärer Freiheit

      https://soziologie.de/aktuell/meldungen-des-vorstands/news/stellungnahme-der-dgs-zu-mediendarstellungen-von-akademikerinnen-im-rahme

    • Pro-Palästina-Proteste in Berlin: Wer, wenn nicht Studierende – wo, wenn nicht an Universitäten?

      Der Krieg, den die israelische Regierung in Reaktion auf das Hamas-Massaker an israelischen Männern, Frauen und Kinder und angesichts der noch immer nicht befreiten Geiseln führt, ruft weltweit immer größere Kritik hervor.

      Dass nach mehr als 34.000 Toten, davon 13.000 Kinder, dem zusätzlich drohenden Verhungern eines Teils der palästinensischen Bevölkerung und der Zerstörung aller Universitäten in Gaza mit dem Tod tausender Kommilitoninnen und Kommilitonen auch an deutschen Universitäten protestiert wird, sollte niemanden verwundern. Die Angriffe der israelischen Armee auf Rafah und die Verzehnfachung deutscher Waffenexporte nach Israel in einer völkerrechtlich bedrohlichen Situation haben zudem eine neue Dringlichkeit für öffentliche Proteste hierzulande erzeugt.

      Dass Studierende auf Unrecht aufmerksam machen, hat Tradition. Wer, wenn nicht sie – wo, wenn nicht an Universitäten?

      Allerdings wird nun vor allem über das „wie“ der Proteste diskutiert statt über das „warum“. Dies hängt vor allem damit zusammen, dass zum Teil verbotene Slogans gerufen und der Boykott israelischer Institutionen gefordert wurde. Natürlich ist es nachvollziehbar, dies gerade in Deutschland abzuwehren.

      Zentral: Das Trauma des 7. Oktober in die Protestlogik aufnehmen

      Es ist eine unerträgliche Situation, wenn Plakate und Parolen bei jüdischen Studierenden die Angst auslösen, Israel solle von der Landkarte getilgt werden. Für die Legitimität der Proteste wäre es zentral, das Trauma des 7. Oktober und das Schutzbedürfnis der jüdischen und israelischen Studierenden, die sich auf dem Campus bedroht oder unsicher fühlen, in die Protestlogik aufzunehmen – und zwar bevor nächste Proteste stattfinden.

      Die verständliche Angst davor, dass sich hinter der scharfen Kritik an Israel nicht doch etwas anderes verbirgt – zumal antisemitische Straftaten weltweit angestiegen sind – darf jedoch nicht darin münden, die Proteste gegen Krieg und Besatzung vorauseilend zu sanktionieren.

      Es ist die Aufgabe von uns Lehrenden, hier gemeinsam mit den Studierenden Strategien zu durchdenken, die friedlichen Protestaktionen Raum geben und gleichzeitig die Latenz und Gefahr des Antisemitismus genauer im Blick haben. Dazu gehört aber auch, zu klären was nicht antisemitisch ist, gerade weil fast jedes Sprechen über den Konflikt so toxisch ist und das Begriffsarchiv des außerparlamentarischen Widerstands diskreditiert wirkt.

      Akute Belastung auch für palästinensische und arabische Studierende

      Auch für unsere palästinensischen und arabischen Studierenden gibt es eine akute Belastung, die wir als Lehrende adressieren müssen – vor allem, weil durch die enormen Todeszahlen in Gaza viele Studierende in Angst und Trauer um Angehörige sind. Das alles macht einen multipel verletzten Raum auf, der nicht einfach administrativ reguliert werden kann wie sonst. Wie unsere amerikanischen Kolleg*innen es bereits erfahren: Die Schwierigkeit für uns Lehrende ist aktuell, uns um die Sicherheit aller unserer Studenten zu kümmern, einschließlich der Demonstranten, von denen nicht wenige Juden sind.

      Neben der gerechtfertigten Kritik ist zu fragen, warum das menschenrechtliche und humanistische Anliegen der Proteste – gegen Krieg, Besatzung, Erniedrigung, Hunger und Tod – medial komplett untergeht. Die Studentinnen und Studenten sind mit aggressiven Vorwürfen konfrontiert, die in ihrer Radikalität folgenreich sind: Aus ihnen wird ein „Judenhassermob“ gemacht, der Israel auslöschen wolle und Terrorismus verherrliche – das kommt nicht nur von Seiten der Boulevardpresse.

      Es wäre wichtig für unsere demokratische Kultur verbal abzurüsten und den Studierenden die Fähigkeit zur Komplexität nicht von vorneherein abzusprechen.
      Naika Foroutan

      Dabei offenbart sich ein Unvermögen zu unterscheiden: zwischen jahrhundertealten und kontinuierlichen Ressentiments gegen Juden und der Kritik an einer in Teilen rechtsextremistischen israelischen Regierung und einer anhaltenden Besatzung. Wobei natürlich auch eine Kritik an der israelischen Regierung als „Umwegkommunikation“ für antisemitische Aussagen instrumentalisiert werden kann.

      Kritikfähigkeit der Studierenden stärken

      Es wäre wichtig für unsere demokratische Kultur hier verbal abzurüsten und den Studierenden die Fähigkeit zu dieser Komplexität nicht von vorneherein abzusprechen. Dort, wo sie offensichtlich fehlt, in Agitation umschlägt und von radikalisierenden Akteuren überschattet wird oder gar eine Straftat geschieht, muss dies verfolgt werden. Parallel wäre es die Aufgabe von uns Lehrenden, die Kritikfähigkeit so zu schärfen, dass dies aus den eigenen Reihen der Studierenden erkannt und unterbunden werden kann. Das muss eine gemeinsame Aufgabe sein.

      Daneben gibt es aber auch eine weitere Dimension: Mit dem Vorwurf des Antisemitismus werden aktuell weltweit Kultureinrichtungen und Universitäten diskreditiert. So wie auch andere Institutionen, die nach dem Zweiten Weltkrieg entstanden sind, um den gesellschaftlichen Zusammenhalt zu regulieren: die Vereinten Nationen, der Internationale Gerichtshof, das Rote Kreuz, Amnesty International etc.

      Diese Dimension ist umso wichtiger zu beachten, als die internationale Neue Rechte versucht, sich diesen Vorwurf zu Nutze zu machen. Ihr taktisches Ziel ist die Zerstörung des gesellschaftlichen Zusammenhalts – als Kernelement der Nachkriegsordnung und des wertebasierten Rechtssystems. Sie setzen dabei gezielt auf die emotionalen Reaktionen liberaler Akteure.

      Martin Sellner etwa, Vordenker der Identitären Bewegung, schrieb schon kurz nach dem 7. Oktober in der rechtsnationalen Zeitschrift Sezession: „Die radikalen Aussagen vieler Linksliberaler sind emotionale Dammbrüche, die das Denken und Sprechen in der BRD verändern können, wenn wir richtig mit ihnen umgehen“. Er bezog sich dabei auf Aussagen reichweitenstarker liberaler Akteure auf Social Media, die „Pauschalabschiebungen für Afroaraber forderten, weil sie Antisemiten seien“. Er schlägt weiter vor, den Schock des 07. Oktober und die einsetzende moralische Panik zu nutzen, um die Remigrationspläne der Neuen Rechten umzusetzen.

      Der Raum für Widerspruch wird eingeschränkt

      Weil zurecht niemand auf dem Vorwurf des Antisemitismus sitzen bleiben möchte, müssen Lehrende dafür einstehen, dass nicht reflexhaft und vorauseilend etablierte Verfahrenscodizes der offenen Gesellschaft aufgeopfert werden – die Polizei zum Räumen übergeht, noch bevor alle anderen regulierenden Maßnahmen ausgereizt wurden, Dialogbereitschaft negiert wird, noch bevor ein Dialogversuch unternommen wurde und Antisemitismus deklariert wird, sobald Begriffe wie Siedlerkolonialismus oder Apartheid fallen: Auch wenn man diese kritisch sieht, stellen sie analytische Kategorien dar, um die genau an Universitäten gestritten und gerungen werden muss.

      Parallel erfolgt eine Kriminalisierung palästinensischer Symbole wie die Kufiya oder die Palästinafahne, die medial zu antisemitischen Zeichen deklariert werden, wodurch der performative Raum für Widerspruch eingeschränkt wird. Schon das Palästinensertuch auf dem Campus wird somit zum subkutanen Angst-Symbol für jüdische Studierende. Welche Folgen hat das für ihr Zusammentreffen mit palästinensischen und arabischen Kommiliton*innen? Sind sie sich gegenseitig schon bedrohlich, bloß weil sie da sind?

      Konflikte sprachlich und intellektuell zu reflektieren – dafür sind Universitäten da.
      Naika Foroutan

      Abgesehen davon, dass Studierende einen Widerspruch zum propagierten Schutz der Meinungs- und Wissenschaftsfreiheit spüren, haben sie durch eine globalere biografische Vernetzung, technologische Versiertheit und soziale Medien Zugang zu einem internationalen Wissen, das nicht ausschließlich aus einer spezifisch bundesrepublikanischen Vergangenheit rührt.

      In den letzten Monaten aber haben viele Lehrende versucht, das Weltgeschehen um Israel und Palästina aus den Seminaren auszuklammern – aus Angst, dass es kontroverse Diskussionen geben könnte, mit antisemitischen oder rassistischen Untertönen. Es fällt auf, dass ein Sprechen über diesen Konflikt jahrelang gemieden wurde. Das Repertoire wirkt eingerostet und nicht mehr adäquat, um die Dynamik des Geschehens in Worte zu fassen. Das merkt man nicht nur den Slogans an. Konflikte sprachlich und intellektuell zu reflektieren – dafür sind Universitäten da.

      Die künstliche Stille könnte zu den lautstarken Gegenreaktionen der Studierenden beigetragen haben. Sie sind an unsere Universitäten gekommen, in dem Glauben, dass alle zentralen Probleme und Konflikte der Vergangenheit, Gegenwart und Zukunft genau hier besprochen werden können. Die Auseinandersetzung mit Begriffen und Gedanken, die gesellschaftlich, politisch, historisch problematisch sind, waren oder werden könnten, ist ein zentraler Bestandteil des Bildungsprozesses. Der nächste Schritt muss sein, den Nahost-Konflikt zu dialogisieren – statt ihn zu externalisieren. Er ist mitten unter uns.

      Als Dozent*innen haben wir ein Ethos: Wir sind in diesem Beruf, um zu lehren, um Fehler zu tolerieren und dann zu korrigieren und um sehr jungen Menschen, die zu uns kommen, den Weg in ihre Zukunft zu ebnen. Es bleibt das bedrückende Gefühl, dass wir als Lehrende versagt haben, wenn unsere Studierenden von der Polizei abgeführt werden.

      https://archive.ph/2024.05.14-080539/https:/www.tagesspiegel.de/wissen/pro-palastina-proteste-in-berlin-wer-wenn-nicht-studierende--wo-wenn-nicht-a

      ping @cdb_77

    • GEW BERLIN verurteilt Diffamierung von Hochschulangehörigen
      15.05.2024

      Die GEW BERLIN verurteilt den diskriminierenden Umgang der BILD-Zeitung und von politischen Verantwortungsträger*innen mit öffentlichen Äußerungen zu Protesten im Zusammenhang mit dem Israel-Gaza-Konflikt.

      Martina Regulin, Vorsitzende GEW BERLIN: „Wir sind bestürzt darüber, dass Wissenschaftler*innen und andere Hochschulangehörige individuell angeprangert und als „Täter*innen“ diffamiert werden, nur weil sie sich in einer öffentlichen Erklärung für das Recht auf politischen Protest in Hochschulen einsetzen. Derartige Kampagnen heizen die politische Debatte in unsäglicher Weise an und sind Wasser auf die Mühlen radikaler Akteure in diesem Konflikt. Hochschulen müssen öffentliche und angstfreie Orte für politische Diskussionen und legitime Proteste bleiben.“

      Die Massaker der Hamas und die Geiselnahmen israelischer Staatsangehöriger vom 7. Oktober 2023 waren der Auslöser des aktuellen Krieges. Das darf in der Debatte um das furchtbare Leid der Menschen im Gazastreifen und der vielen Opfer des aktuellen Krieges niemals vergessen werden. Dennoch muss Protest gegen Ausmaß und Form der militärischen Reaktion Israels möglich sein.

      „Es kann doch niemanden ernsthaft verwundern, dass dieser Konflikt auch in Deutschland und den hiesigen Hochschulen Menschen auf die Straße treibt. Protest muss möglich sein und darf nicht durch polizeiliche Maßnahmen erstickt werden, erst recht nicht in einer Bildungseinrichtung. Gemeinsames Ziel muss es sein, die Hochschulen zu einem Ort der Debatte zu machen, an der alle angstfrei teilhaben können. Das bedeutet auch, antisemitischen und menschenverachtenden Aussagen klar entgegenzutreten. Die GEW BERLIN verurteilt entschieden jeglichen Antisemitismus und jede Form von gruppenbezogener Menschenfeindlichkeit. Explizit lehnen wir auch die Forderung nach einem Boykott israelischer Wissenschaftseinrichtungen ab. Gerade jetzt ist der Austausch mit der israelischen Öffentlichkeit und Wissenschaft von großer Bedeutung“, so Martina Regulin weiter.

      Die GEW BERLIN steht als Bildungsgewerkschaft und Vertretung der Beschäftigten an Hochschulen an der Seite der von der Kampagne betroffenen Hochschulangehörigen.
      Martina Regulin: „Wir begrüßen es, dass sich auch die Freie Universität Berlin ungeachtet unterschiedlicher Einschätzungen des Offenen Briefes vor ihre Mitglieder stellt und angekündigt hat, eine Beschwerde beim Presserat gegen die Angriffe der BILD-Zeitung einzulegen sowie rechtliche Schritte gegen die Diffamierungen zu prüfen. Es ist unerlässlich, dass Hochschulen ihre Lehrenden, Beschäftigten und Studierenden vor derartigen Anfeindungen schützen. Die politischen Verantwortungsträger*innen im Bund und im Land Berlin sind angehalten, die Hochschulen in der aufgeheizten Debatte zu unterstützen, Dialog zu fördern und die Stellen zu stärken, die sich gegen Antisemitismus und jegliche Form von Rassismus und Diskriminierung einsetzen.“

      https://www.gew-berlin.de/presse/detailseite/gew-berlin-verurteilt-diffamierung-von-hochschulangehoerigen

    • Dialog und Meinungsfreiheit an den Universitäten
      Pressemitteilung vom 15.05.2024

      Niemand muss gut finden, wie die letzte Woche vom Theaterhof der Rostlaube geräumten Studierenden ihre Besetzung begründet haben. Ihre Meinung dürfen sie im Rahmen des gesetzlich Erlaubten aber genauso äußern wie diejenigen, die die Aktion falsch finden. Daher erklärt sich ver.di Berlin-Brandenburg solidarisch mit allen, die an den Universitäten weiterhin gewaltfrei einen kritischen öffentlichen Dialog auch zu schwierigen Themen führen wollen – und verurteilt die angeordnete Räumung, die mediale Hetze der Bild-Zeitung und andere Einmischungen von außen in die grundrechtlich garantierte Meinungsvielfalt an Universitäten.

      Berliner Lehrende hatten die polizeiliche Räumung eines Protestcamps an der FU Berlin öffentlich kritisiert und das Grundrecht auf Protest und Meinungsäußerung insbesondere an Hochschulen verteidigt. In Reaktion auf die Stellungnahme kam es zu einer verunglimpfenden Berichterstattung durch die Bild-Zeitung und zu diffamierenden Äußerungen in den sozialen Medien.

      „Dass Lehrende öffentlich an den Pranger gestellt werden, wenn sie sich für die Verteidigung von Grundrechten an Hochschulen einsetzen, nehmen wir nicht hin. Gegen eine solche Verunglimpfung von Hochschullehrenden durch die Bild-Zeitung hätte Unterstützung von höchster Stelle kommen sollen“, sagt Benjamin Roscher, stellvertretender Landesbezirksleiter von ver.di Berlin-Brandenburg. „Stattdessen werden Lehrende selbst aus der Politik diffamiert.“

      ver.di stellt sich hinter die Berliner Lehrenden, die kritisiert haben, dass die Räumung des Protestcamps an der FU Berlin angeordnet wurde, ohne ein vorheriges Gesprächsangebot zu formulieren. Hochschulen sind Orte der Wissensproduktion, des Dialogs und sollten auf gewaltfreie Lösungen setzen. Der Einsatz von Polizei kann allenfalls als letztes Mittel dienen.

      „Für uns Gewerkschafter*innen und Beschäftigte an Hochschulen sind Universitäten Orte der Debatte, die zum Austausch und Diskurs einladen sowie die Meinungsvielfalt fördern sollte“, sagt Michaela Müller-Klang, Vorsitzende des Landesfachbereichsvorstands Gesundheit, soziale Dienste, Bildung und Wissenschaft. „Die öffentliche Diffamierung von Berliner Lehrenden ist da genauso wenig hilfreich wie der Einsatz von Polizei gegen grundrechtlich geschützte Proteste.“

      https://bb.verdi.de/presse/pressemitteilungen/++co++b23f5a06-12aa-11ef-9436-9783f03b960f

    • –> with details about how it is linked to the protest and situation in #Berlin

      Intervention — “Policing Palestine Solidarity: Moral Urban Panics and Authoritarian Specters in Germany”

      Vanessa E. Thompson and Pinar Tuzcu, Queen’s University

      On April 12th 2024, the “Palestine Congress – We Accuse!” in Berlin—a tribunal at which movements, human rights groups, and individuals wanted to come together to denounce the mass destruction of Gaza and its population by the state of Israel, expose the role that the German state plays, and mobilize for human rights and “Never Again” for all—was heavily criminalized through bureaucratic, mediatic, and police repression. The media has slandered and demonized the Congress and its organizers for weeks. Berlin politicians tried to ban the event, and police intimidated its organizers and the venue holder and raided their homes. Prior to the Congress, the German state suspended and froze the bank account of a Jewish organization that had been co-organizing the event. On the day of the Congress, around 2,500 police officers were mobilized to surround, control, and attack the congress with 800 ticket holders. One speaker, Dr. Ghassan Abu-Sittah, a Palestinian-British surgeon and rector of Glasgow University, was detained at Berlin airport and denied entry.[1]

      Dr. Salman Abu Sitta received a similar restriction. After less than an hour of the conference program, and after three minutes of Dr. Abu Sitta’s video speech, police in riot gear stormed the venue, violently stopped the live stream, broke into the control room, turned off the electricity, and arrested conference organizers and attendees. They banned the continuation of the Congress. The next day, police severely attacked protesters against the congress ban. Yanis Varoufakis, former Greek finance minister and one of the scheduled speakers at the Congress, was also unable to deliver his speech. When he recorded his speech via video, he was given, without further legal justification, a Betätigungsverbot (a ban on all political activity) in Germany (Anwält*innenKollektiv 2024; Giovetti 2024). German authorities suggest that this includes addressing a German audience via Zoom. The organizers of the Congress held a press conference to inform the public about the massive criminalization of the event. On April 14th, they further aired part of the program online and passed a resolution in which they accuse Germany of “aiding and abetting genocide” (Palästina Kongress 2024; see also International Court of Justice 2024). On the same day, the protest camp “Occupation Against Occupation”, which was set up in front of the federal parliament on April 8th, was violently attacked by police. As part of the criminalization techniques, protestors were banned from using any language other than German or English (including Arabic and Hebrew) so that they could be better monitored by police forces (Al-Farooq 2024). On April 26th, the camp was then brutally removed by police, including using pain compliance holds and suffocating techniques.

      What has transpired at the Palestine Congress in Germany and at the protest camp is a further escalation of the increasing state crackdown on Palestine solidarity that has been ongoing for some time now. This crackdown has been growing over the past few years and includes incidents of repression such as: the numerous bans on commemorations of the Nakba in Berlin in May 2023, where police even criminalized dancing the dabke (traditional folk dance performed in Palestine, Iraq, Jordan, Lebanon, and Syria) in public (Bynun 2023); the mass arrests for carrying keffiyehs and Palestinian flags in 2021 and 2022 (AFP 2021; Shakir 2022); the institutional and systemic silencing and criminalization of Palestinian voices speaking on Palestinian rights in politics, the media, and academia for many years (Al-Taher and Younes 2023; Tzuberi and Samour 2022); the state-led antagonism and collectivized accusations of antisemitism directed towards the curators and artists of Documenta 15 and Documenta 16’s curator body (Artforum 2023); the countless disinvitations of critical scholars by German universities and cultural institutions; the firing of critical journalists and scholars; and the 2019 BDS resolution passed by the German Bundestag (Nasr and Alkousaa 2019). All these examples demonstrate that censoring and criminalizing discussions about Palestinian liberation are anything but new in Germany (Younes 2023). These measures have particularly targeted racialized and migrant communities, organizers, scholars, artists, and journalists who have spoken out strongly about contemporary colonial dynamics—including, though not limited to, issues related to the occupation of Palestine.

      Since the October 7th Hamas-led attack and the ongoing destruction of Palestinian life and culture by the Israeli army, however, moral urban panics (Chahrour et al. 2023; Hall et al. 1978; Tsianos 2013) over Palestine solidarity stoked by the media, the entire political spectrum, and mainstream civil society have promptly led to an anti-Palestinian crackdown rendering especially Palestinian and Jewish members of solidarity movements targets of harassment, intimidation, denunciation, and arrests by German police in the name of “fighting” antisemitism.

      On the one hand, the current mass criminalization enforced by the German state and members of civil society—on the streets, in social media, in political, cultural, and educational institutions—is emblematic of Germany’s racist and nationalist politics of singularity around the memory of the Holocaust (Doughan 2022, 2024; Moses 2021; Prochnik et al. 2023a, 2023b). On the other hand, the hyper-criminalization of Palestine solidarity must be understood as part of an authoritarian transformation that is a result of a crisis of neoliberal racial hegemony over the last two decades, with its most prominent manifestations in the further rise of the far right, the normalization of authoritarian measures by the political center, including the dismantling of liberal political and social rights. Further manifestations include the reconfiguration of neo-imperial formations “abroad” (Germany not only expanded its military budget in 2022 by 100 billion euros, but it is also the second largest arms exporter to Israel) and the strengthening of murderous anti-migration regimes “at home”.[2]

      In this rising conjuncture of an “ideologically incoherent but politically effective bloc” (Toscano 2024), the far and militant right, the political center, and parts of the left further hug each other, as evidenced by the proximity of their political agenda not only when it comes to the criminalization and repression of Palestine solidarity in the name of “fighting” antisemitism but also the criminalization of anti-fascist movements and the radical climate movement, anti-immigration politics, and advocating for more policing and militarization. Currently, this reactionary alliance is crystallized around Palestine solidarity, but it is in no way limited to it.

      This reactionary alliance should concern everybody who considers themselves progressive in Germany and beyond. Moreover, we need to understand this as a laboratory period that has many parallels to post-9/11 as well, as the securitization of borders and increasing policing methods that were rolled out after 9/11 were never rolled back, and accusations of “terrorism” were massively weaponized to make repression palatable and manage racial national cohesion.[3] At this moment, it further becomes clear that institutionalized liberal anti-racist and diversity politics that are adopted by Western institutions were never the real solution but are rather part of the larger problem. Many of the diversity agents and offices keep silent in the face of surging anti-Palestinian racism. Instead, their so-called anti-discrimination mechanisms and “safety” discourses are used to actively criminalize Palestine solidarity (Lennard 2024). This produces a fertile ground for policing any serious engagement with anti-racist struggle in Germany and beyond.

      Spaces of Policing Palestine Solidarity in Germany

      Right after October 7th, many migrant working-class districts like Berlin-Neukölln were (even more) heavily policed and practically occupied by police forces for several weeks to prevent protests with draconian measures. In Berlin, where the largest Palestinian diaspora in Europe resides, protests were banned on the grounds of supposedly “imminent danger” as well as “glorification of violence”, thereby constructing Palestinians as a violent threat (Hauenstein 2023). Over 850 related arrests were made by police just in the first weeks (Durie 2023). A special police task force was set up at the end of October (Besondere Aufbauorganisation / BAO) with the purpose of advising police forces on cases “in connection with the Middle East conflict” (Jackson 2024). Following the first weeks of a complete ban, demonstrations against the destruction of Palestinians in Gaza co-organized by left Jewish and Palestinian collectives and human rights groups, as well as anti-racist migrant organizations more broadly, were tightly controlled and disciplined (Schaer 2023). Another striking instance is that left-wing and anti-Zionist Jews are regularly arrested by police. In mid-October, for instance, a Jewish activist carrying a sign reading “As an Israeli and a Jew: Stop the genocide in Gaza” was arrested in Berlin (Butland 2023). She was arrested again at a demonstration in November 2023, when police proclaimed the slogan “Stop the Genocide” to be banned during the demonstration (Bateman 2023).[4] However, as organizers make very clear, Palestinians have been facing this repression for decades (Jackson 2024). Another radical leftist internationalist feminist collective named Zora in Berlin was raided by police for their standing with Palestinian liberation (DW 2023). The criminalization of Palestine solidarity is, of course, not limited to Berlin. In Dortmund, a protest in November organized by several trade unions, feminist and communist groups, and parts of the Kurdish movement, was heavily policed and controlled. Although rejecting any form of terror, Israeli state terror, and the occupation, the groups were accused of “inciting racial hatred” for holding signs with “Solidarity with the Palestinian liberation struggle” (NordstadtBlogger 2023).

      Policing also unfolds through banning and criminalizing events, as well as through related forms of bureaucratic violence such as withdrawing state funding. For example, for the Oyoun cultural center in Berlin-Neukölln, funding was revoked by the Senate for hosting an event with Jewish Voice for a Just Peace in the Middle East (Oyoun 2023).[5] At the event in November, based on the Jewish mourning tradition of shiva, the participants commemorated the people killed on and after October 7th. It has also been noted that numerous Jewish dissidents who oppose or criticize the Israeli government have been silenced, deplatformed, or fired.[6] As absurd as it might sound, the German state claims that such actions are intended to “protect” Jews in Germany from antisemitism, while ironically once again daring to define and question the “quality” and “authenticity” of the Jewishness of these oppositional voices. These logics also foster the racist distinction between the “good” and “bad” migrant. Recently, the district office Friedrichshain-Kreuzberg in Berlin announced the closing of the two only migrant queer youth centers, Alia and Phantalisa, located in the districts of Friedrichshain and Kreuzberg. The reason for the closures was the content of personal Instagram posts of some of the center’s staff and program coordinators, their participation in pro-Palestine demonstrations, and that one of the youth workers was scheduled to speak at the Palestine Congress (Eckhardt 2024). Here, we also see how further austerity measures, especially targeting migrant and queer social projects, are pushed in the name of “fighting” antisemitism.

      The German state government’s authoritarian mentality is further exemplified by repressive and carceral measures in educational institutions. Berlin’s Education Senator advised schools to ban traditional Palestinian garments and instructed teachers to surveil students who wear any garment or symbol associated with Palestinian liberation (Fatima 2023). These carceral measures also prompt a discussion about the long-standing and ongoing debate concerning state repression in relation to clothing. In Germany, wearing religious symbols such as a cross, or any clothing that represents the Christian religion, is not considered to be politically motivated. Yet, wearing a hijab and keffiyeh—although the former is a religious garment and the latter is a cultural one—is often perceived as the manifestation of a political threat. And while the considerable and alarming risks involved in wearing a kippah in Germany should not be downplayed, but rather struggled against through principled anti-fascism and non-carceral means, the German state and various political fractions deploy this perception against Muslims and Palestinians, and thereby increasingly pit anti-racism and the struggle against antisemitism against each other within the conjuncture of neo-imperialism and authoritarian (re)turns. Many, including some who consider themselves on the left, are feeding this logic, in part by calling for and embracing state violence as a response to political conflict and dissent.

      In February, the Social Democratic Party (SPD) and the Christian Democratic Union (CDU) in Berlin decided to distribute the brochure “Mythos#Israel1948”, in which the Nakba is described as a “myth” in high schools (Ertel 2024). In schools located in the state of North Rhine-Westphalia, police distributed informational material stating that it would be considered “incitement to racial hatred” if students were to label the events unfolding in Gaza as a genocide. Such actions exemplify the profound impact of oppressive state violence on both adults and children, especially if they are Palestinian.

      In many German universities, administrators called the police on student protests showing solidarity with the people in Gaza. At Freie Universität Berlin, police brutally dissolved a lecture hall occupation in riot gear in December 2023 (Transnational University Solidarity Initiative 2024). At Universität Kassel, where students organized a vigil in early November to commemorate their fellow student, Yousef Shaban, who was killed by Israeli forces in Gaza on October 24th, the university administration demanded that students take off traditional Palestinian clothing and then switch off their microphone (Küster 2023). The university administration ended the event because students contextualized the killing of their fellow student as the consequence of Israel’s ongoing occupation (Jamal 2023). Currently, the Berlin Senate, with the support of many conservative and liberal student organizations, is pushing for the expansive reintroduction of the “regulatory law” at universities so that students can be expelled/ex-matriculated more easily because of “political reasons” (a move that was first brought up by the far right) (Jawabreh 2024). For foreign students, this would result in the loss of a residency visa and the right to work. This law was previously abolished in 2021 because of its disciplinary function as an instrument of authoritarian repression (Rüstemeyer and Kley 2024). On May 7th, the university administration of Freie Universität Berlin called the police again on its students, who joined the international encampment movement, demanding “stop the genocide”, boycott, divestment and sanctions, the protection of academic freedom and end of repression against Palestine solidarity, and a recognition of Germany’s “colonial legacy” (Student Coalition Berlin 2024). The police brutally cleared the camp, detaining many students and leaving many with severe injuries. A statement by more than 300 Berlin university lecturers and further lecturers from other parts of Germany and beyond, which defends the students’ right to protest and right to assembly, whether the signatories agree with their demands or not, was smeared by Federal Minister of Education and Research, Bettina Stark-Watzinger, on social media and in Germany’s Bild tabloid, published by Axel Springer SE (The Berliner 2024) , which actively benefits from Israeli settlements in the West Bank (Hauenstein 2024). While Bild’s smear campaign, in which especially racialized scholars are individually attacked, is not surprising, the support of authoritarian measures by liberals points to the actualization of a growing reactionary coalition. However, it is also important to note that despite excessive police violence, institutional and administrative suppression, political defamation, and lack of support from many faculty members,[7] university students have been organizing demonstrations, direct actions, and interventions, and creating their own initiatives all over Germany, defying criminalization of their solidarity with Palestinian civilians (UdK Jewish Solidarity Collective 2024).

      Policing is also increasing in the social media sphere. The German government is now using the internet to not just silence but criminalize anti-colonial and pro-Palestinian sentiments. No one should be surprised that when governments respond to offline protests with authoritarian tactics, people use the internet to voice their opposition. It is well-known that authorities swiftly block websites and punish users for their social media activity, particularly when these voices seek protection online from the state-sanctioned forms of violence and police brutality offline. When it comes to solidarity with Palestine, police increasingly draw on social media control and digital criminalization. Bans, police raids, house searches, and arrests as a result of social media policing and criminalization are accumulating with regard to Palestine solidarity in Germany. For instance, German police and prosecution offices are regularly raiding homes and arresting people based on the monitoring of social media accounts (for slogans such as “From the River to the Sea”; Generalstaatsanwaltschaft Berlin 2024).[8] After the Palestine Congress, police started criminal investigations into various speakers based on their tweets. A large portion of Germany’s civil society is aiding in this kind of internet policing by vilifying social media accounts and engaging in personal denunciations of those who support Palestinian causes or who speak out against the Israeli occupation of Palestine. Taking screenshots and archiving posts of dissident voices has become an everyday activity for some Germans, promoting themselves as the “good anti-antisemites” at the cost of many left migrant, Jewish, and Palestinian voices.

      Collective punishment and destruction of Palestinians in Gaza is not only aided and abetted by Germany ideologically and materially, but Palestinians who speak out against this and those who are in solidarity are also exposed to collective punishment within Germany. The German government’s criminalization of struggles for Palestinian liberation in the name of anti-antisemitism has long been based on the claim that migrants and refugees, particularly those who are Muslim or come from Muslim-majority countries, “import” antisemitism to Germany. The government uses this claim to justify the further deportation of migrants and refugees. The interview with German Chancellor Olaf Scholz by Der Spiegel at the end of October is illustrative of this point; in it, Schulz declared that “We must finally deport on a large scale those who have no right to stay in Germany” (Hickmann and Kurbjuweit 2023). The German government, through proclaiming a fight against antisemitism by all means, is actually further expanding the deportation apparatus and the fortification of Fortress Europe, as the recent passing of the Common European Asylum System (CEAS) demonstrates. Political pushes for making the pledge to Israel’s right to exist a precondition for naturalization (which is already the case in the federal state of Saxony-Anhalt) as well as asylum are further examples (Deutscher Bundestag 2023). The state thus continues to wage war against asylum seekers and the poor in general.

      Many migrant communities and their anti-racist comrades were not surprised by this new level of racist-authoritarian rhetoric and crackdown. Instead, they see it as the expansion and escalation of a new form of insidious alliance between the major political parties and the far-right in the manufacturing of state racism and racial national cohesion towards authoritarianism at “home” and neo-imperialism “abroad”.

      While all these modes of state and civic repression are rolled out under the guise of “fighting antisemitism”, German state and structural antisemitism and the deeply anchored antisemitism in German society are on full display as the country relentlessly targets Jewish communities that publicly reject the Israeli occupation of Palestine and platforms antisemitic far-right forces. As Germany tries to spin its antisemitic past and present in the context of Palestinian liberation, it has fashioned itself in the image of a moral authority while ushering in actual authoritarianism and proxy Israeli nationalism.

      State Anti-Antisemitism as Authoritarian Carceral Racism

      Antisemitism as well as racism, especially anti-Palestinian racism, are surging in Germany. There has been an ongoing increase of antisemitic attacks in German cities (such as the arson attack on the synagogue in Berlin’s Brunnenstraße, the recent attack on a synagogue in Oldenburg, the daily assaults of Jewish people on the streets, in their homes and workplaces, and the desecration of Jewish cemeteries and memorial sites), even before October 7th. The vast majority of antisemitic attacks are perpetrated by German right-wing extremists and white supremacists, attacks that flourish in a society in which antisemitism is deeply anchored. Racist attacks against people read as Muslims are also further rising. In fact, right-wing, antisemitic, and racist terrorism has been flourishing in Germany for many decades (Burschel and Balhorn 2020).[9] Germany is the country with the most right-wing terrorist attacks all over Europe (The Economist 2020). The terrorist attacks of the so-called National Socialist Underground, a German neo-Nazi terrorist organization that committed ten murders of (post-) migrants in the years between 1998 and 2011,[10] as well as more recent antisemitic and racist supremacist terrorist attacks such as the ones in the cities of Halle (Oltermann and Beckett 2019) and Hanau (Forensic Architecture 2022), are only the most striking accounts. These attacks also reveal the involvement of the police and the Federal Office for the Protection of the Constitution in right-wing terrorism, as they were explicitly or implicitly involved through forms of collaboration with neo-Nazis, the criminalization of victims, or the overall generation of conditions that made it easier for terrorist attacks to occur. The series of racist and antisemitic chat “scandals” within German police forces, as well as the overall flourishing of far-right activity within police and military institutions, are another example (Moore 2021) that points to the close (historic) inherent relationship between state racism, antisemitism, and far-right structures. It is thus not surprising that the German state wages war against Palestine solidarity while the far-right is holding mass meetings to discuss their plans of “mass deportations” of refugees, migrants, people with migration biography, and German nationals with “opposing views”, and while antisemitism within the mainstream society is rising (Connolly 2024).

      Combating antisemitism (and all other forms of racism, all connected to the capitalist social order) is, especially in Germany, considering its past of industrial mass murder of six million Jews, an absolute necessity, no matter where antisemitism occurs. This includes opposing the attacks against synagogues and all forms of Jewish life by any means, and opposing the idea that Jews should be held responsible for the actions of the Israeli state. This is an antisemitic conflation that is also reproduced by German state authorities when claiming that the critique of the Israeli state and of the occupation of Palestine harms Jews per se in Germany.

      Radical anti-racist activists and scholars, especially leftist Palestinian and Jewish voices within Germany, have long argued that state anti-antisemitism and the carceral turn in the struggle against antisemitism operates as a tool of domination and a national cohesion project in times of German neo-fascistization (Hill and Younes 2024). Leftist Jewish groups clearly state that what makes them unsafe are right-wing politicians and Nazis, increasingly taking over in the German parliament, the collaboration of police, military, and the far-right, the structural and cultural racism within German institutions, and the externalization of blame for antisemitism to racialized communities (Jewish Bund 2023). The German state not only re-frames itself as the one that recognizes its violent past and acts upon it, but also transposes antisemitism onto the racialized (especially Muslim), the other(ed), also to cover up widespread antisemitism among Germans within this conjuncture of authoritarian (re)turns. At the same time, as Germany places its historical responsibility onto the Palestinians (while neglecting any responsibility for the mass displacement and dispossession of Palestinians), it continues to super-exploit, exclude, and criminalize these populations while neglecting genuine antisemitism (Dische-Becker 2024b).

      A narrative that undergirds this strategy of moral and neo-imperial political deflection is that of Germany’s Staatsräson (Kundnani 2024), articulated as an unconditional solidarity with the state of Israel “abroad” and the fight against antisemitism “at home”. While the struggle against antisemitism and for a universal German memory culture has been a left civil society project in the past decades (Prochnik et al. 2023a, 2023b), and increasingly became a state-building project in the 1990s against the background of German unification (while right-wing mobilizations and attacks were rampant), there has been a further shift since the 2000s towards explicit and unconditional solidarity with Israel. It is no surprise that this shift (towards a proxy-nationalism) also occurred against the background of the neo-imperial “War on Terror” (Younes 2020), the rise of neoliberal state racism, and the further expansion of carcerality.

      The broader German population has long relativized its responsibility for the Holocaust, claiming that the majority of Germans were not aware of the industrial mass murder of six million Jews in concentration camps (Steinhoff 2001) or willfully imagining that their relatives were hiding Jews from the threat of extermination. With the German debate around “imported” antisemitism, however, Germans are further projecting their responsibility for the mass murder of Jews onto migrants,[11] especially people read as Muslim, in order to police belonging and citizenship as well as to justify political repression and neo-imperial interests. State and carceral anti-antisemitism is a project of national racial cleansing and national cohesion building within the broader conjuncture of authoritarian transformation. Like this, the contract between the far-right and the political center is not only further strengthened. People in Germany are further interpellated into a politics of de-solidarization from above, including the de-solidarization between Jewish and other racialized communities. Multi-directional struggles against the legacies of genocide (especially with regard to Germany),[12] mass violence, and (internal as well as external) colonial projects are thus further rendered impossible.

      Towards Abolitionist and Multi-directional Solidarity against Authoritarian State Violence

      The events and developments outlined in this essay show that the specter of authoritarianism has returned to Germany in full force. But there is resistance. Critical Jewish, Palestinian, and migrant voices as well as non-migrant folks are doing the work of building solidarity and antifascist abolitionist safety through struggling against antisemitism and other forms of racism, including within marginalized and racialized communities. They are building the solidarities beyond racialized, national, and religious identifications that enable liberation futures without occupation. They further oppose the authoritarian turn not through liberal but through radical means and without calling upon and thereby expanding the carceral racist state, which is not only complicit in antisemitic attacks but also provides the ground for these to flourish. Radically universalizing “Never Again for Anyone” instead of exceptionalizing human life and preciousness (Gilmore 2022), many collectives in Germany refuse to be silenced, even in the face of all the repressive measures. They connect the complex but related legacies of dispossession, structural violence, and genocide through a memory politics that articulates through present struggle and solidarity (Erinnern heißt Kämpfen! / “Remembering means struggle!”).

      Various groups of leftist Jews and Palestinians, as well as those who are working towards emancipatory futures, are engaging in peace work and reparative justice, including supporting each other against antisemitic and racist attacks and envisioning collective futures of co-existence without occupation, dispossession, and exploitation everywhere. Student collectives in solidarity with Palestine are joining Palestinian rights groups and anti-Zionist Jewish groups. Union initiatives like Health4Gaza and TradeUnionists4Gaza are growing. Grassroots efforts to monitor, document, and counter repressive attacks are plentiful,[13] and critical voices within academic and cultural institutions are increasing as well. Subaltern political culture puts a focus on Palestine solidarity,[14] and many collectives are further connecting struggles against policing and borders with struggles against the military-industrial complex and safe worlds for everyone. This protest and organizing demonstrates that the people will resist authoritarian governments, fascism, neo-imperialism, and their interdependent modes of oppression, and carcerality no matter where they are located. If the specter of authoritarianism wanders around Germany, so does the Palestinian spring of resistance.

      https://antipodeonline.org/2024/05/15/policing-palestine-solidarity

      ping @cdb_77 -> très bonne analyse en anglais sur la situtuation en Allemagne

  • #Rien_à_déclarer : la GAV, une peine policière
    https://radioparleur.net/2024/05/07/rien-a-declarer-gav-police-liberte

    Qui n’a jamais entendu parler de la #garde_à_vue ? Aujourd’hui connue de toustes, et complètement banalisée, le dispositif n’est entré dans le droit qu’en 1957. La GAV, qui permet à la #Police une privation de liberté, est loin de n’être qu’un “moment policier” de la procédure pénale, mais comme une mesure de contrôle […] L’article Rien à déclarer : la GAV, une peine policière est apparu en premier sur Radio Parleur.

    #Une_du_site #justice #violences_policières

  • Non à la #Répression policière à #Sciences_Po_Lyon
    https://academia.hypotheses.org/56320

    Communiqué des enseignant⸱es et enseignant⸱es chercheur⸱es de Sciences Po Lyon du 7 mai 2024 Nous, universitaires de Sciences Po Lyon, tenons à exprimer notre profonde indignation face à l’évacuation de l’amphithéâtre Pacaut par la #police ce vendredi 3 mai. Les … Continuer la lecture →

    #Actualités_/_News #Billets #Libertés_académiques_:_pour_une_université_émancipatrice #Gaza #libertés_académiques

  • Mobilisation pour Gaza : un débat interne « dur » et avec « beaucoup d’émotion » jeudi matin à Sciences Po Paris
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/05/02/mobilisation-pour-gaza-un-debat-interne-dur-et-avec-beaucoup-d-emotion-jeudi

    L’administrateur provisoire a reconnu avoir « pris des positions assez fermes sur certains sujets », en refusant « très clairement la création d’un groupe de travail qui était proposé par certains étudiants pour investiguer [les] relations [de l’école] avec les universités israéliennes ».

    « Après un début où les débats étaient apaisés, la tension est montée à la fin », a témoigné auprès de l’Agence France-Presse Hugo, 22 ans, étudiant en master à Sciences Po, pour qui « la principale information est le refus du directeur de créer un groupe de travail pour réévaluer les partenariats de Sciences Po ».

    Aucune justification n’est apporté pour cette décision, qui n’est en fait que l’application de la position politique de la ministre et donc du gouvernement, qui enterre le principe d’une autonomie de la gouvernance des universités :

    Sur la demande des étudiants d’interroger les « partenariats de l’école avec les universités et organisations soutenant l’Etat d’Israël », la ministre de l’enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a répété, jeudi matin, qu’il était « hors de question que les universités prennent une position institutionnelle en faveur de telle ou telle revendication dans le conflit en cours au Proche-Orient ».

    La ministre a demandé aux présidents d’université de veiller au « maintien de l’ordre » public, en utilisant « l’étendue la plus complète des pouvoirs » dont ils disposent, notamment en matière de sanctions disciplinaires en cas de troubles ou de recours aux forces de l’ordre, lors d’une intervention en visioconférence au conseil d’administration de France Universités.

    #Gaza #génocide_plausible_en_cours #aveuglement # et #complicité

    • #Sciences_Po annonce la fermeture vendredi de ses principaux locaux à Paris, après un débat interne qui a débouché sur une nouvelle mobilisation (Publié aujourd’hui à 16h13, modifié à 23h01 [-] republication de l’article du 02 mai 2024 à 11h42)
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/05/02/mobilisation-pour-gaza-un-debat-interne-dur-et-avec-beaucoup-d-emotion-jeudi

      (...) Sylvie Retailleau, a répété, jeudi matin, qu’il était « hors de question que les universités prennent une position institutionnelle en faveur de telle ou telle revendication dans le conflit en cours au Proche-Orient ».
      La ministre a demandé aux présidents d’université de veiller au « maintien de l’ordre » public, en utilisant « l’étendue la plus complète des pouvoirs » dont ils disposent, notamment en matière de sanctions disciplinaires en cas de troubles ou de recours aux forces de l’ordre, lors d’une intervention en visioconférence au conseil d’administration de France Universités.

      #Israël #France #élites #politique

    • « La fermeté est et restera totale », a fait savoir Matignon à l’Agence France-Presse (AFP). « S’agissant de la situation dans les établissements, certaines ont pu être réglées par le dialogue. Pour d’autres, des réquisitions par les présidents d’université ont été faites, et les forces de l’ordre sont intervenues immédiatement. Cette fermeté paie : 23 sites perturbés ont été évacués hier », a affirmé la même source à l’AFP, ajoutant, pour Sciences Po Paris, que Gabriel Attal avait « demandé l’intervention dès la réquisition de l’administrateur provisoire ».

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/05/03/les-forces-de-l-ordre-interviennent-a-sciences-po-paris-et-evacuent-plusieur

      #occupations #police

    • Heureusement, dans son édito du jour, Le Monde jouait à fond son rôle usuel de chien de garde, justifiant à l’avance, avec force sophismes débiles, que Darmanin envoie ses Robocops contre les étudiants qui manifestent contre un génocide.

      Israël-Gaza : une contestation légitime, des dérives inacceptables
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/03/israel-gaza-une-contestation-legitime-des-derives-inacceptables_6231324_3232

      A première vue, ces mouvements évoquent les révoltes estudiantines des années 1960-1970 contre la guerre américaine au Vietnam ou celles qui, un peu plus tard, dénonçaient le régime d’apartheid d’Afrique du Sud. Le parallèle s’arrête cependant assez vite. Les Etats-Unis n’étaient pas visés à domicile par un terrorisme vietnamien, là où Israël riposte aux massacres du 7 octobre 2023. Quant à Yahya Sinouar, le chef du Hamas à Gaza, il est difficilement comparable à Nelson Mandela.

      […]

      Les libertés de réunion et d’expression doivent être défendues, non ces débordements intolérables. Que des étudiants juifs, parce qu’ils s’identifient comme tels, puissent se sentir mal à l’aise, voire en danger, dans une université française ou américaine est inacceptable, quelles que soient leurs positions – en réalité très diverses – sur le conflit.

      […]

      En France, Jean-Luc Mélenchon cherche à exploiter la faiblesse des réactions à la tragédie de Gaza. Mais, en soutenant les appels au « soulèvement » et en attisant la colère des étudiants, le leader de La France insoumise jette de l’huile sur une question inflammable dans un pays qui réunit d’importantes communautés juive et arabe, et fait douter de son sens des responsabilités.

  • Surveillance et #Hadopi : la justice européenne enterre un peu plus l’anonymat en ligne – La Quadrature du Net
    https://www.laquadrature.net/2024/04/30/surveillance-et-hadopi-la-justice-europeenne-enterre-un-peu-plus-lanon

    Dans son arrêt du 30 avril 2024, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) vient de rendre sa décision concernant la légalité du système de surveillance massif de la Hadopi. Cet arrêt est décevant. La CJUE tempère très fortement sa précédente jurisprudence, au-delà du cas de la Hadopi. En considérant désormais que l’accès aux adresses IP n’est pas sensible, elle admet la possibilité de surveiller massivement Internet.

    La Cour de justice de l’Union européenne vient d’autoriser l’accès massif et automatisé à l’adresse IP associée à l’identité civile et au contenu d’une communication. Le tout pour des finalités triviales et sans contrôle préalable par un juge ou par une autorité administrative indépendante.

    L’arrêt du 30 avril 2024 est un revirement de jurisprudence. La CJUE vient d’autoriser un accès massif aux adresses IP associées à l’identité civile de l’internaute. Les polices de toute l’Europe, après une décennie de combat où les États ont délibérément choisi de ne pas appliquer les nombreuses décisions précédentes de la CJUE, viennent de l’emporter. C’est une prime à l’abus, un signe très fort lancé aux pays autoritaires : la CJUE admet qu’elle finira par changer sa jurisprudence si ses décisions ne sont pas appliquées. C’est un affaiblissement inquiétant de l’autorité de la Cour face à la pression des États membres.

    Alors qu’en 2020, la CJUE considérait que la conservation des adresses IP constitue une ingérence grave dans les droits fondamentaux et que ces dernières ne peuvent faire l’objet d’un accès, associé à l’identité civile de l’internaute, seulement dans des cas de criminalité grave ou d’atteinte à la sécurité nationale, tel n’est aujourd’hui plus le cas. La CJUE renverse son raisonnement : elle estime désormais que la conservation des adresses IP n’est, par défaut, plus une atteinte grave aux libertés fondamentales, et que dans certains cas seulement cet accès porte une ingérence grave qu’il faut entourer de garanties.

  • Sicherheitspanne im Berliner LKA : Kommissariatsleiter unterschlug riesige Geldsummen
    https://www.berliner-zeitung.de/mensch-metropole/sicherheitspanne-im-berliner-lka-kommissariatsleiter-unterschlug-ri

    Le ripou de Berlin - un commissaire a détourné au moins € 150.000 et roulait en Porsche réquisitionné. Il avait l’autorisation de dépenser l’argent pour la protection de témoins, mais personne n’a jamais vérifié s’il avait vraiment acheté les choses pour lesquelles il présentait des factures.

    29.4.2024 von Andreas Kopietz - Der Beamte war für verdeckte Ermittler, V-Leute und Zeugenschutz zuständig und sorgte für einen bundesweiten Skandal. Berlins LKA-Chef erklärt nun, was schieflief.

    Er saß an der empfindlichsten Stelle des Berliner Landeskriminalamtes. Clemens K. leitete das Logistik-Kommissariat im LKA 65 (Zeugenschutz, verdeckte Ermittlungen, Vertrauenspersonen). Unter Legenden besorgte er konspirative Wohnungen, war zuständig für das Beschaffen von Autos, Telefonen oder Handyverträgen. Allerdings zweigte er über Jahre viel Geld für die Anschaffungen ab und soll sogar mit einem beschlagnahmten Porsche privat herumgefahren sein. Nicht nur für die Berliner Polizei, sondern bundesweit ist das ein Super-GAU, denn in dem Kommissariat geht es um strengste Geheimhaltung.

    Vor einigen Wochen wurde Clemens K. dafür vom Amtsgericht Tiergarten bestraft, die Polizei hat den mittlerweile 61-Jährigen inzwischen entlassen. Doch wie viel Steuergeld der Beamte vom Dienstgrad Erster Polizeihauptkommissar wirklich abzweigte, bleibt unklar.

    Der Leiter des Logistik-Kommissariats hätte über lange Zeit „mit ziemlich hoher krimineller“ Energie Lücken ausgenutzt, sagte der Leiter des Berliner LKA, Christian Steiof, am Montag im Innenausschuss des Abgeordnetenhauses. Die Fraktion die Linke hatte das Thema auf die Tagesordnung gesetzt. „Wir müssen unabhängig von diesem Einzelfall darüber sprechen, wie die Kontrollstrukturen sind“, begründete deren innenpolitischer Sprecher Niklas Schrader.

    Immerhin soll es bei Clemens K. schon seit längerer Zeit Hinweise auf Unregelmäßigkeiten gegeben haben, wie diese Zeitung berichtete. Sie wurden zwar von Mitarbeitern gemeldet, allerdings in der Behörde ignoriert. Angeblich soll der Beamte 150.000 bis 200.000 Euro unterschlagen haben. Vor Gericht konnte ihm lediglich ein Betrag von etwa 74.000 Euro angelastet werden, für die Zeit zwischen September 2017 und August 2021: etwa für einen angeblichen Reifenwechsel, ein iPhone oder auch eine konspirative Wohnung. Mögliche andere Beträge fallen unter die Verjährungsfrist.

    Wie LKA-Chef Steiof sagt, waren die Taten möglich, weil der Kommissariatsleiter „eine gewisse Zeichnungsbefugnis“ für Anschaffungen hatte. „Die Unterschlagungen waren möglich, weil unsere Revision bei einem genehmigten Kauf von Ausrüstungsgegenständen nur prüfte, ob das Geld ausgegeben wurde, nicht, ob der Gegenstand auch erworben wurde.“
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    Das geschah laut dem LKA-Chef aus Geheimhaltungsgründen, weil ein Revisor nicht wissen durfte, welches Einsatzmittel taktischer Art für das Geld gekauft wurde. Dies sei komplett geändert worden. Jetzt finde eine Bestandsprüfung statt, auch wenn das zulasten der Geheimhaltung gehe.

    Clemens K. nutzte laut Steiof zudem Zeiten aus, in denen sein Chef, der Dezernatsleiter, der der eigentliche Prüfer und Zeichnungsbefugte war, sich im Urlaub befand. K. war Vertreter des Dezernatsleiters und in dessen Abwesenheit zeichnungsbefugt.
    Verfahren endet mit mildem Strafbefehl

    Diese Lücke wurde nach Angaben des LKA-Chefs geschlossen, weil jetzt immer ein Beamter des höheren Dienstes im LKA 65 die Prüfung vornimmt. Wenn beide nicht da sind, zeichnet die LKA-Leitung.

    Laut Christian Steiof gibt es keine Anhaltspunkte dafür, dass der Mann Dienstgeheimnisse verraten hat. Der Fall hatte innerhalb der Sicherheitsbehörden bundesweit für Erschütterung gesorgt. Denn Clemens K. soll unter anderem die Klarnamen verdeckter Ermittler gekannt haben – auch von solchen aus anderen Bundesländern. Im Gefängnis wäre er erpressbar.

    Weder Staatsanwaltschaft noch Polizei konnten ein Interesse daran haben, dass der Fall großes öffentliches Aufsehen erregt. So wurde darüber diskutiert, die Öffentlichkeit bei Gericht auszuschließen. Bei einer Verurteilung drohten dem ehemaligen Kommissariatsleiter bis zu vier Jahre Haft. Vor einigen Wochen erließ das Landgericht Berlin einen Strafbefehl: ein Jahr Haft, ausgesetzt zur Bewährung. Öffentlich verhandelt wurde nicht.

    #Berlin #police #fraude

  • L’introuvable doctrine
    https://laviedesidees.fr/Roche-Rabate-La-police-contre-la-rue

    Critiquée pour des manquements à répétition, la #police française semble désespérément manquer d’une ligne d’action explicite en matière d’encadrement des #manifestations. Celle-ci pourrait pourtant s’inspirer de la logique de désescalade promue ailleurs sur le continent européen.

    #Société
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240424_police.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240426_police.pdf

  • Abolir les #prisons, une « #utopie_réelle »

    Dans « Brique par brique, mur par mur », trois chercheurs tentent la première #histoire de l’#abolitionnisme_pénal, qui place la critique radicale de la #prison, de la #justice et de la #police au cœur de ses analyses. Une tradition militante et politique riche. Y compris en Europe.

    « Les #institutions_pénales ne sont pas seulement inefficaces pour nous protéger et régler nos différends, elles sont en plus préjudiciables et néfastes. » Avec Brique par brique, mur par mur (Lux Éditeur), qui paraît en France le 17 mai, #Gwenola_Ricordeau, professeure associée en justice criminelle à l’université de l’État de Californie, #Joël_Charbit, chercheur associé au Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques, et #Shaïn_Morisse, doctorant au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales, retracent l’archéologie et l’actualité de l’abolitionnisme pénal, qui défend l’abolition de la justice, de la police et de la prison.

    À la faveur de la critique radicale de la prison et de l’incarcération de masse, ce mouvement intellectuel et militant a retrouvé aux États-Unis une vivacité récente. Mais dans le monde occidental, ses racines ont poussé en Europe, dans les années 1970. Souvent ignorée, quand elle n’est pas « calomniée », taxée d’utopique, la tradition de l’abolitionnisme pénal irrigue pourtant de nombreux mouvements de la gauche radicale globale. Entretien avec Shaïn Morisse, l’un des auteurs.

    Mediapart : La France compte un nombre historique de détenus. La surpopulation est endémique, les conditions de détention sont indignes depuis des décennies. Votre livre débute avec un constat : « Les services que les prisons sont censées rendre ne compenseront jamais les torts qu’elles créent depuis leur création »…

    Shaïn Morisse : La prison impose une souffrance institutionnelle. Elle est destructrice pour les individus, leurs proches et leurs communautés. Pour les abolitionnistes, elle perpétue, comme toutes les institutions du système pénal, un ordre social et racial inégalitaire, qui surcriminalise les populations socialement défavorisées et racisées.

    Qu’est-ce que l’abolitionnisme pénal ?

    Le point de départ de l’abolitionnisme, c’est de dire, là encore, que le coût social du système pénal est supérieur aux services qu’il est censé rendre. Il y a depuis deux siècles une critique permanente du système pénal. D’abord par des réformistes, jusqu’à l’apparition de l’abolitionnisme dans les années 1960-1970. La différence, c’est que les abolitionnistes ne contestent pas simplement le système pénal dans son fonctionnement ou dans ses dysfonctionnements. Mais dans sa légitimité même.

    Ils et elles estiment que le système pénal est injuste, coûteux et destructeur. Mais aussi qu’il est inefficace et inopérant : il ne dissuade pas, ne réhabilite pas. Il traite une partie infinitésimale des situations potentiellement criminalisables. Sa fonction rétributrice, c’est-à-dire la compensation d’une souffrance commise par une souffrance équivalente, voire supérieure, n’est pas non plus satisfaisante. Certes, il neutralise les individus, soit de façon définitive avec la peine de mort, soit pour un certain temps. Mais comme l’écrit [la militante et universitaire antiraciste – ndlr] Angela Davis, « la prison ne fait pas disparaître les problèmes, elle fait disparaître les êtres humains ».

    La prison semble pourtant plus que jamais plébiscitée, dans nos sociétés contemporaines, comme le meilleur moyen de punir. Et ce depuis des décennies, notamment en lien avec ce que vous nommez dans le livre le « durcissement pénal » à partir des années 1970. Pourquoi ?

    L’abolitionnisme se développe dans les années 1960-1970, dans un contexte d’espoir révolutionnaire et de grandes espérances politiques radicales à gauche. On assiste à une médiatisation de la question carcérale, à une politisation autour des questions pénales. Les prisonniers sont érigés en sujet politique, prennent la parole eux-mêmes. Il y a des mouvements de prisonniers, de la répression mais aussi des réformes pénales radicales. Des sociologues réalisent des études empiriques pour comprendre ce qu’est l’incarcération, ce qui se passe réellement en prison.

    À partir de la fin des années 1970, et plus particulièrement au milieu des années 1980, avec l’avènement du néolibéralisme, les discours abolitionnistes deviennent inaudibles. L’intérêt pour les structures disparaît. On ne voit plus que l’individu, qui serait entièrement responsable de sa destinée. C’est « la loi et l’ordre », l’avènement de discours purement punitifs qui ne voient pas l’aspect problématique de la prison. Pourtant, ce sont toujours les mêmes catégories de population qui se retrouvent en prison. Ce n’est donc pas juste une question d’individus qui n’arriveraient pas à se réinsérer dans la société. Il y a des logiques sociales et structurelles : l’abolitionnisme cherche ainsi à réencastrer le système pénal dans la société.

    L’abolition de la prison, mais aussi « de toutes les institutions qui forment le système pénal, comme la police et les tribunaux », apparaît dans ce contexte comme une « utopie ». C’est un terme que vous assumez d’ailleurs.

    L’abolitionnisme revendique la notion d’utopie, mais une « utopie réelle », ancrée dans les potentiels réels de l’humanité. Il s’agit de donner les moyens aux gens de régler ce que le système pénal nomme « délits » et « crimes » d’une manière pérenne et satisfaisante. L’abolitionnisme ne fournit pas un modèle unique, et ne formule pas des « alternatives ». C’est logique : l’idée n’est pas de remplacer le système pénal par une autre institution. De fait, il implique de changer les structures sociales. Car on ne peut pas régler les problèmes qui sont à la source de ce qu’on appelle communément « le crime » sans considérer la société, l’économie, les différents rapports de domination, que ce soit le patriarcat, le validisme ou le racisme.

    C’est-à-dire que l’abolitionnisme du système pénal n’est possible qu’une fois que la révolution aurait eu lieu ?

    Globalement, la tendance assez générale au sein de l’abolitionnisme est révolutionnaire, surtout aujourd’hui. Pour autant, l’abolition est un horizon politique, tout comme la révolution est un horizon. Si les abolitionnistes ne sont pas des réformistes — ils ne pensent pas que le système pénal peut devenir plus acceptable ou efficace –, ils sont aussi pragmatiques. Il y a eu dans les années 1970 des abolitionnistes social-démocrates, et d’autres qui considèrent qu’on peut s’accommoder d’un certain niveau d’inégalité, d’un peu de capitalisme.

    On a tendance à croire que l’abolitionnisme pénal est d’abord américain, dans un pays où l’esclavage est, comme vous l’écrivez « la matrice du système pénal ». Pour autant, vous montrez qu’il y a une tradition française et européenne riche de l’abolitionnisme. La France, écrivez-vous, a d’ailleurs « joué un rôle prépondérant dans la circulation internationale du modèle de la prison »…

    Avec ce livre, nous voulions faire la première histoire générale de l’abolitionnisme, montrer que c’est un mouvement qui a cinquante ans. Raconter, aussi, que ce n’est pas, comme on le pense, un courant récent importé des États-Unis. La première vague de l’abolitionnisme s’est d’abord développée en Europe. La seconde vague, à partir des années 1990, démarre aux États-Unis. Elle est liée aux mouvements de libération africaine américaine, avec Angela Davis et la fondation du groupe Critical Resistance, qui va être très important pour toute la structuration des luttes abolitionnistes. Mais Angela Davis elle-même a lu des auteurs européens ! Ce qui est vrai, c’est que la question de la race, le féminisme, étaient les grands impensés de l’abolitionnisme européen. À partir des années 1990, l’abolitionnisme états-unien va enrichir la réflexion et intégrer ses questions.

    Avec le mouvement Black Lives Matter, les manifestations immenses qui ont suivi le meurtre policier de George Floyd en 2020, un large mouvement social aux États-Unis réclame le « définancement et le désarmement de la police ». Ce mouvement a obtenu des victoires locales. Pourquoi une telle vitalité de l’abolitionnisme pénal aux États-Unis alors qu’il reste chez nous une pensée marginalisée ?

    Cela tient d’abord à l’exceptionnalisme pénal états-unien : à partir des années 1980, une incarcération de masse a été mise en place. La population carcérale a quintuplé, devenant la plus grande du monde, devant la Russie et la Chine. Dans le même temps, l’État social s’est effondré totalement. Comme le souligne le sociologue Loïc Wacquant, l’État pénal s’est renforcé quand l’État social s’effondrait. Les conséquences ont été profondes. C’est de là qu’est repartie la reconfiguration de l’abolitionnisme aux États-Unis, mais aussi en Amérique du Sud. Mais ces dernières années, il y a tout un renouvellement des enjeux de l’abolitionnisme. C’est aussi vrai en Europe, en lien avec les questions de féminisme, d’antiracisme, en lien aussi avec l’action de la police, la question des frontières, ou la question des centres de rétention administrative (CRA).

    Pour beaucoup de victimes, la peine infligée à l’auteur est une reconnaissance, le début d’un chemin de réparation. Vouloir abolir la prison et la justice pénale, n’est-ce pas les priver de cette réparation possible ?

    Vu l’évidence culturelle du système pénal, il est normal que les gens attendent de lui une forme de reconnaissance du préjudice. Mais l’abolitionnisme affirme que le système pénal néglige profondément les intérêts et les besoins de tout le monde : les victimes, mais aussi les personnes criminalisées. Les abolitionnistes s’intéressent donc à des modes alternatifs de régulation des conflits, de manière radicale, c’est-à-dire en faisant en sorte qu’ils ne se reproduisent pas à l’avenir.

    En quoi consistent-ils ?

    Différents courants se sont développés depuis les années 1970-1980, qui ont pris le nom par exemple de « justice restauratrice » ou « réparatrice » au Canada. Les infractions ne sont plus considérées uniquement comme des transgressions à la loi, qui doivent être sanctionnées, mais comme des conflits ou des situations problématiques qui ont des répercussions personnelles sur la vie des gens et qui doivent être réparées. Donc il ne s’agit pas de punir, mais de remédier au tort subi par les victimes et de reconstituer le lien social.

    À partir des années 1990, ce courant de la justice restauratrice, pensé hors du système pénal, a commencé à être digéré par les différents systèmes pénaux. Elle a été utilisée comme un supplément à la peine : par exemple, elle a été intégrée dans la loi en France avec la loi Taubira en 2014.

    A alors émergé la justice transformatrice, notamment sous l’impulsion de l’abolitionniste canadienne Ruth Morris. Elle ne cherche pas juste à réparer le lien social, mais aussi à changer les individus et la société en général. Depuis plus de dix ans, il y a tout un essor militant et éditorial de la justice transformatrice, souvent initiée par des groupes qui, parce qu’ils sont souvent criminalisés, ne peuvent pas forcément recourir à la police.

    C’est le cas, surtout aux États-Unis (avec des groupes comme Generation Five, CARA, Creative Interventions). On peut citer aussi l’activiste Mariame Kaba. En France, c’est aussi la démarche du collectif Fracas. La justice transformatrice recourt à des pratiques de médiation et de guérison. Elle mobilise une palette de mesures adaptées à chaque problème (refuge, groupe de soutien, etc.). Son but est aussi de changer les valeurs, pratiques et structures qui ont rendu la commission de la violence possible, par un travail culturel et politique.

    Le Code pénal prévoit des crimes et des délits. La vision abolitionniste critique la notion de crime, la « figure mythologique du criminel » comme vous l’écrivez. Est-ce à dire que les crimes n’existent pas ?

    Les abolitionnistes considèrent que le crime est une catégorie « éponge », qui regroupe des actes qui n’ont aucune similitude la plupart du temps, que ce soit sur les situations que ça implique ou les impacts concrets que ça va avoir sur la vie des personnes. Pour les abolitionnistes, la grammaire de la criminalisation ne permet pas de comprendre les situations vécues, les circonstances, les expériences des personnes concernées. C’est pour eux une abstraction qui décontextualise, qui réduit la complexité des situations.

    C’est-à-dire qu’il n’y a pas de victimes et il n’y a pas d’auteurs ?

    Ces actes déplorables qu’il y a derrière la notion de « crime » ils sont là, ils existent. Mais les abolitionnistes partent de ces actes et de ces situations pour ensuite proposer une multiplicité d’interprétations de ces situations et de réponses possibles. Beaucoup d’entre eux remettent en cause la dichotomie auteur-victime, car beaucoup d’auteurs sont aussi victimes d’autres systèmes d’oppression. Les abolitionnistes vont dire que le « crime » n’est pas un point de départ utile pour cadrer les problèmes. Ils vont partir des actes et des situations concrètes.

    Il ne s’agit pas d’excuser telle ou telle personne pour avoir commis tel acte : l’abolitionniste cherche à reproblématiser la question de la responsabilité, pas à dédouaner la personne qui a commis l’acte. Mais c’est aussi hypocrite de voir uniquement la responsabilité individuelle comme le fait le système pénal ; et de ne pas regarder toutes les logiques sociales qui ont permis à cette situation d’advenir.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/230424/abolir-les-prisons-une-utopie-reelle
    #abolitionnisme #emprisonnement

    • Brique par brique, mur par mur. Une histoire de l’abolitionnisme pénal

      Il y a d’abord une évidence : les services que les prisons sont censées rendre ne compenseront jamais les torts qu’elles causent. Depuis les années 1960, ce constat d’un immense gâchis a amené un vaste mouvement à œuvrer à l’abolitionnisme pénal : en finir avec toutes les prisons, mais aussi avec les autres institutions qui forment le système pénal, comme la police et les tribunaux. Ce projet politique poursuit ainsi un objectif ambitieux : rendre vraiment justice aux victimes et répondre à leurs besoins, en plus de prévenir les violences systémiques et interpersonnelles.

      En prenant appui sur les trajectoires transnationales des mouvements politiques qui ont mis au cœur de leur démarche la critique radicale du système carcéral et judiciaire, cet ouvrage, le premier du genre en langue française, offre une documentation indispensable pour inspirer les luttes contemporaines.

      https://luxediteur.com/catalogue/brique-par-brique-mur-par-mur
      #livre

  • « Une atteinte à la liberté d’expression » : le syndicat brestois Olivier Cuzon visé par une plainte de Gérald Darmanin - France Bleu
    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/une-atteinte-a-la-liberte-d-expression-le-syndicat-brestois-olivier-cuzon

    Le professeur et syndicat brestois Olivier Cuzon est visé par une plainte pour diffamation à l’encontre de la police et la gendarmerie. Plainte déposée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, indique Olivier Cuzon dans un communiqué. L’homme a été entendu ce vendredi 19 avril après-midi au commissariat de Brest.

    "C’est la publication d’un article sur le site de Sud éducation 29, dont je suis le « directeur de publication du journal » qui est à l’origine de cette plainte, lit-on dans le communiqué. Le paragraphe sur lequel est fondé la plainte est le suivant : « Ce questionnement est important quand on connait la culture droitière, misogyne et homophobe sous de trop nombreux képis. Les enquêtes de Médiapart révélant l’existence de groupuscules nazis dans certaines casernes, les groupes de discussions racistes des policiers et gendarmes, ou la participation récente de militaires en civil à la répression des dernières émeutes de banlieues ne plaident pas en faveur du républicanisme des militaires. ».

    Olivier Couzon poursuit : "Il y a dans cette plainte une atteinte intolérable à la liberté d’expression d’un journal syndical, qui par principe a une expression engagée." Et conclut : "Au delà, cette plainte s’inscrit dans un contexte plus global de tentatives de mettre un coup de pression contre des militant.es qui s’expriment librement pour faire connaître leurs analyses des politiques gouvernementales."

    #Police #Liberté_expression #Syndicalisme

  • Reconnaissance faciale : Gérald Darmanin veut enterrer « l’affaire Briefcam »
    https://disclose.ngo/fr/article/reconnaissance-faciale-gerald-darmanin-veut-enterrer-laffaire-briefcam

    En novembre, à la suite des révélations de Disclose sur l’utilisation par la police du logiciel de reconnaissance faciale Briefcam, Gérald Darmanin annonçait le lancement d’une enquête indépendante dont les conclusions devaient être rendues « sous trois mois ». Alors que le ministère de l’intérieur refuse de communiquer sur le sujet, un rapport confidentiel démontre que la fonction reconnaissance faciale est « activée par défaut » depuis 2018. Lire l’article

  • South Park (S04/E04) Chickenlover (9/9)
    https://www.youtube.com/watch?v=2tqPD8AX-DY


    Officer Barbrady a lu le premier livre de sa vie, Atlas Shrugged d’Ayn Rand. Sa conclusion :

    Reading totally sucks ass.

    Voilà ses arguments :

    At first I was happy how to learn to read, it seemed exciting and magical. But then I read this, Atlas Shrugged by Ayn Rand. I read every last word of this garbage and because of this piece of shit I am never reading again.

    C’est une allusion à la pratique pédagogique de donner à lire du Ayn Rand aux adolescents dans les high schools états-uniens. The Perks of Being a Wallflower (1999) de Stephen Chbosky contient plusieurs réfécences au livre Fountainhead et le place parmi les livres préférés du protagoniste Charlie .

    Extraits du texte du livre

    May 21, 1992
    ...
    So, in school Bill gave me my final book to read for the year. It’s called The Fountainhead, and it’s very long.

    When he gave me the book, Bill said, “Be skeptical about this one. It’s a great book. But try to be a filter, not a sponge.”

    Sometimes, I think Bill forgets that I am sixteen. But I am very happy that he does.
    I haven’t started reading it because I am very behind in my other classes because I spent so much time with Patrick.
    ...

    May 27, 1992 Dear friend,

    I’ve been reading The Fountainhead for the past few days, and it’s an excellent book. I read on the back cover that the author was born in Russia and came to America when she was young. She barely spoke English, but she wanted to be a great writer. I thought that was very admirable, so I sat down and tried to write a story.

    “Ian MacArthur is a wonderful sweet fellow who wears glasses and peers out of them with delight.”

    That was the first sentence. The problem was that I just could’t think of the next one. ...
    I wonder what it will be like when I leave this place. The fact that I will have to have a roommate and buy shampoo.
    ...
    I don’t know. The Fountainhead is a very good book. I hope I am being a filter.

    On comprend l’infamie d’Ayn Rand. Elle fait appel à l’estime de soi des adolescents qui oscille entre mégalomanie et dépression. Ses héros sont d’excellentes figures d’identification dans cette phase de la constitution du caracère de ses jeunes lecteurs.

    June 2, 1992
    ...
    Incidentally, I finished The Fountainhead. It was a really great experience. It’s strange to describe reading a book as a really great experience, but that’s kind of how it felt. It was a different book from the others because it wasn’t about being a kid. And it wasn’t like The Stranger or Naked Lunch even though I think it was philosophical in a way. But it wasn’t like you had to really search for the pliilo sophy. It was pretty traightforward, I thought, and the great part is that I took what the author wrote about and put it in terms of my own life. Maybe that’s what being a filter means.

    I’m not sure.

    Normal, tes jeune et tu ne dais pas encore. Donc ...

    There was this one part where the main character, who is this architect, is sitting on a boat with Inis best friend, who is a newspaper tycoon. And the newspaper tycoon says that the architect is a very cold man. The architect replies that if the boat were sinking, and there was only room in the lifeboat for one person, he would gladly give up his life for the newspaper tycoon. And then he says something like this ...

    “I would die for you. But I won’t live for you.”

    Et voilà l’effet que lui fait cette simple exposition d’idées trop faciles.

    Something like that. I think the idea is that every person has to live for his or her own life and then make the choice to share it with other people. Maybe that is what makes people “participate.” I’m not really certain. Because I don’t know if I would mind living for Sam for a while. Then again, she wouldn’t want me to, so maybe it’s a lot friendlier than all that. I hope so anyway.

    L’attitude de son psy n’améliore rien.

    I told my psychiatrist about the book and Bill and about Sam and Patrick and all their colleges, but he just keeps asking me questions about when I was younger.

    Vers la fin des années de high school son prof lui pose des questions sur Fountainhead.

    June 13, 1992
    ...
    Bill asked me about The Fountainhead, and I told him, making sure that I was a filter.
    ...
    “Charlie,” he said. “Do you know why I gave you all that extra work?”
    I shook my head no. That look on his face. It made me quiet.
    “Charlie, do you know how smart you are?”
    I just shook my head no again. He was talking for real. It was strange.
    “Charlie, you’re one of the most gifted people I’ve ever known. And I don’t mean in terms of my other students. I mean in terms of anyone I’ve ever met. That’s why I gave you the extra work. I was wondering if you were aware of that?”
    “I guess so. I don’t know.” I felt really strange. I didn’t know where this was coming from. I just wrote some essays.
    “Charlie. Please don’t take this the wrong way. I’m not trying to make you feel uncomfortable.

    June 16, 1992

    I gave Patrick On the Road, Naked Lunch, The Stranger, This Side of Paradise, Peter Pan, and A Separate Peace.
    I gave Sam To Kill a Mockingbird, The Catcher in the Rye, The Great Gatsby, Hamlet, Walden, and The Fountainhead.

    Under the books was a card that I wrote using the typewriter Sam bought me. The cards said that these were my copies of all my favorite books, and I wanted Sam and Patrick to have them because they were my two favorite people in the whole world.

    Chickenlover
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Chickenlover

    Original air date : May 27, 1998

    Plot

    Stan Marsh, Kyle Broflovski, Kenny McCormick, and Eric Cartman visit the Booktastic Bus, a mobile library. They are initially intrigued, but become uninterested in reading after meeting the strange driver. Word spreads that a pervert is molesting chickens in town. When Officer Barbrady starts the investigation, he is confronted with his illiteracy, which is depicted as a medical condition where a person literally sees strange symbols in place of letters. He resigns in shame and anarchy immediately breaks out. Later, he is put into the boys’ class to learn to read.

    Barbrady recruits the boys to help him with his task, showing his knowledge of the police code. From then on, Cartman patrols the town on his Big Wheel, enforcing his own brand of justice. The molester is finally caught in the petting zoo and turns out to be the bookmobile driver. He plotted this all along to encourage Barbrady to learn to read. After being given a copy of Ayn Rand’s Atlas Shrugged, Barbrady knocks the man out cold with a club to the head to teach Cartman how to properly deal with criminals, leaving him unconscious as blood pools from his head. The town holds a parade for Barbrady, and when he is asked to give a speech, he reveals how Atlas Shrugged convinced him to never read again. And at the end, Kenny finally dies after numerous attempts of deaths.

    Apparemment il faut être au courant de la lecture de Fountainhead par le protagniste Charlie si on veut avoir beaucoup de points dans la section lettres du high school exam .

    Course Hero > Literature Study Guides > The Perks Of Being A Wallflower > Part 4 May 21 1992 June 9 1992 Summary
    https://www.coursehero.com/lit/The-Perks-of-Being-a-Wallflower/part-4-may-21-1992-june-9-1992-summary

    May 21, 1992

    The school year is winding down. Charlie continues to do well in his classes, particularly English. (English teacher) Bill has given him a last book to read, Ayn Rand’s The Fountainhead. Bill tells him to “be skeptical about” it and “to be a filter, not a sponge.”

    #objectivisme #police #analphabétisme

  • Penser la modernité urbaine par la mise à mort des chiens
    https://metropolitiques.eu/Penser-la-modernite-urbaine-par-la-mise-a-mort-des-chiens.html

    Que peut donc révéler la mise à mort massive des chiens d’une société urbaine ? Arnaud Exbalin montre que les canicides mis en œuvre à la fin du XVIIIe siècle dans la ville de #Mexico éclairent les relations entre une colonie et sa métropole, mais aussi la fabrique d’un ordre urbain. La Grande Tuerie des chiens présente les canicides mis en œuvre à la fin du XVIIIe siècle par les vice-rois du #Mexique (près de 35 000 chiens étant tués en quelques années) et les met en perspective sur le temps long en les #Commentaires

    / #animaux, #histoire, #histoire_urbaine, #police, Mexico, Mexique, #Amérique_latine

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-estebanez.pdf

  • #Mayotte va ériger un « rideau de fer » de technologies civilo-militaires de surveillance

    Le sous-préfet chargé de la lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte vient de publier 11 demandes d’information réclamant aux industriels un arsenal impressionnant de technologies de #surveillance pour combattre le « défi migratoire » dans ce département de la #France d’outre-mer.

    Le 10 février dernier, #Gérald_Darmanin a annoncé qu’ « avec le ministre des Armées, nous mettons en place un "#rideau_de_fer" dans l’eau, qui empêchera le passage des #kwassa-kwassa [des #pirogues légères, qui tanguent énormément, et sont utilisées par les passeurs pour convoyer des migrants d’#Anjouan aux #Comores à Mayotte, ndlr] et des #bateaux, beaucoup plus de moyens d’interception, des #radars, et vous verrez un changement radical ».

    Concrètement, ce dispositif consiste en « une nouvelle vague d’#investissements dans des outils technologiques (radars, moyens maritimes…) permettant de déceler et d’interpeller les migrants en mer », précise le ministère de l’Intérieur à France Info.

    Il s’agit du prolongement de l’#opération_Shikandra, du nom d’un redouté poisson baliste du lagon qui défend son territoire et se montre extrêmement agressif envers les poissons et tout animal (plongeurs et nageurs inclus) qui traverse sa zone de nidification en période de reproduction.

    L’opération Shikandra est quant à elle qualifiée par le ministère d’ « approche globale, civilo-militaire, pour relever durablement le défi migratoire à Mayotte », « qui a permis une première vague d’investissements massifs dans ces outils » depuis son lancement (https://www.mayotte.gouv.fr/contenu/telechargement/15319/116719/file/26082019_+DP+Op%C3%A9ration+Shikandra+Mayotte.pdf) en 2019.

    Il était alors question de déployer 35 fonctionnaires supplémentaires à la #Police_aux_frontières (#PAF), plus 26 gendarmes départementaux et sept effectifs supplémentaires pour le greffe du TGI de Mamoudzou, mais également d’affecter 22 personnels supplémentaires aux effectifs embarqués dans les unités maritimes, de remplacer les cinq vedettes d’interception vétustes par huit intercepteurs en parfaites conditions opérationnelles (quatre neufs et quatre rénovés).

    En décembre dernier, Elisabeth Borne a annoncé le lancement, en 2024, du #plan_interministériel_Shikandra 2, contrat d’engagement financier entre l’État et le département doté de plusieurs centaines de millions d’euros jusqu’en 2027 : « Nous investirons massivement dans la protection des #frontières avec de nouveaux outils de #détection et d’#interception ».

    À l’en croire, la mobilisation de « moyens considérables » via la première opération Shikandra aurait déjà porté ses fruits : « Depuis 5 ans, près de 112 000 personnes ont été éloignées du territoire, dont plus de 22 000 depuis le début de l’année ».

    Les derniers chiffres fournis par la préfecture de Mayotte, en octobre 2023, évoquent de leur côté un total de 60 610 reconduites à la frontière (8 127 en 2020, 17 853 en 2021, 17 380 en 2022 et 17 250 en 2023, l’interception de 1 353 kwassa-kwassa, 17 192 étrangers en situation irrégulière interpellés en mer, et 59 789 à terre, la destruction de 622 barques et 424 moteurs, et la condamnation à de la prison ferme de 285 passeurs.

    https://next.ink/130597/mayotte-va-eriger-un-rideau-de-fer-de-technologies-civilo-militaires-de-survei
    #murs #barrières_frontalières #migrations #réfugiés #chiffres #statistiques #complexe_militaro-industrielle #technologie #frontières #militarisation_des_frontières

  • Les forces du désordre - Une anthropologie de la police turque par Deniz Yonucu
    https://lundi.am/Les-forces-du-desordre

    #ACAB quelqu’un ? Au fait c’est pire que ça. Il y a des choses à apprendre à travers les interrogations sur la police turque.

    25.3.2024 - Il ne faut pas se laisser décourager par les premiers paragraphes, un peu universitaro-centrés, de cet article. Cette critique d’un livre écrit en anglais par une anthropologue turque, avance sur deux axes : d’une part, elle nous renseigne sur une réalité peu connue en français, la vie des quartiers-ghettos ethniques des grandes villes turques avec un historique des formes d’autogestion qui s’y sont affirmées avant d’être presque anéanties par la police, d’autre part, elle procède à une analyse plus générale, et qui nous concerne aussi directement, sur le rôle de la police, non pas comme institution de maintien de l’ordre, mais comme productrice d’un désordre visant à « démanteler les structures organisationnelles et politiques locales, et plonger les quartiers dans le chaos et la peur. »

    Qu’est-ce qu’un État ? Comment se comporte-t-il ? Pourquoi lui accordons-nous tant de légitimité ? Mais surtout : est-ce qu’il se renforce, s’affaiblit ou se transforme en autre chose ? L’anthropologie, science qui étudie les formes d’organisation des groupes humains, tente depuis longtemps de répondre à ce type de questions. De Comment pensent les institutions de Mary Douglas à Legends of People, Myths od States de Bruce Kapferer, en passant par Akhil Gupta, Veena Das, jusqu’à Cultural Intimacy. Social Poetics and the Real Life of States, Societies and Institutions de Michael Herzfeld (aussi ici), les anthropologues se sont affrontés au mystère de cette construction sociale très récente, mais capable de faire croire à d’énormes masses de la population qu’elle a toujours existé, ou qu’elle a ses racines dans un passé très lointain, sinon dans la nature humaine elle-même. Leurs réflexions sont très profondes, mais elles sont restées loin du débat public. D’un autre côté, comme l’écrit Herzfeld, « si nous n’évitons pas les abstractions excessives et le jargon qui obscurcit plutôt qu’il explique, nous n’avons pas le droit de demander au public une appréciation sérieuse du rôle que l’anthropologie pourrait jouer dans le démantèlement des structures oppressives et des droits exclusifs’.

    Le livre de Deniz Yonucu, Police, provocation and politics (Cornell University Press, 2023) est une contribution fondamentale à la compréhension de ce qu’est l’État, à travers l’étude de l’une de ses institutions fondamentales : la police. C’est un livre bien écrit, clair et compréhensible, et en même temps profondément radical, dans le sens qu’il va à la racine des problèmes. L’autrice est une anthropologue turque qui enseigne à Newcastle (Angleterre) et a reçu le prix Anthony Leeds pour ce travail, considéré comme le meilleur livre d’anthropologie urbaine de l’année ; un résultat remarquable, étant donné que dès les premières lignes il prend ouvertement le parti des victimes de la violence d’État, déclarant que certains éléments de la recherche seront délibérément omis, précisément pour ne pas collaborer avec cette institution. De plus, la réunion de l’American Anthropological Association où Deniz a été récompensé a également été le moment où des milliers d’anthropologues de toute l’Amérique du Nord et au-delà ont condamné collectivement la violence coloniale et meurtrière de l’armée israélienne à Gaza (je l’ai déjà mentionné dans un article d’il y a quelques mois). La critique ouverte et motivée du militarisme, du nationalisme et de la violence d’État gagne de plus en plus de place parmi les anthropologues.

    Policiers, militaires et agents coloniaux ont toujours été présents dans les « champs » où travaillent les anthropologues : il y en avait dans les villages trobriandais étudiés par Malinowski, dans les samoans par Margaret Mead et chez les Nuers par Evans-Pritchard. Mais à quelques exceptions près, les soi-disant « organismes chargés de l’application des lois » sont presque toujours restés en dehors de l’analyse, qui s’est concentrée sur les institutions indigènes ou natives, sans trop se soucier de la manière dont elles interagissent avec les États nationaux. Mais progressivement - un épisode important a été décrit par Clifford Geertz à Bali en 1973 - les chercheurs ont commencé à les voir, à décrire leur présence et leur action, jusqu’à ce qu’ils commencent à théoriser sur la manière de faire des recherches sur la police. En 2018, un recueil d’essais a été publié, The anthropology of police (édité par Karpiak et Garriot), ainsi qu’un article dans l’Annual Review of Anthropology (par Jeffrey T. Martin) qui explique que l’anthropologie de la police repose sur une vision de l’État comme un objet nouveau, mais fondé sur des formes plus anciennes d’ordre moral, et donc toujours double et stratifié. Naturellement, ces recherches ont pris un nouveau souffle aussi par les mobilisations après la mort de George Floyd, dont beaucoup avaient pour horizon l’abolition de la police. Mais pour l’abolir, nous devons d’abord comprendre : et le fonctionnement des États et de leur structure monopolistique de la violence civile, la police, n’est pas encore tout à fait clair. Le livre de Yonucu, sous-titré ’Contre-insurrection à Istanbul’, décrit le comportement de la police dans les quartiers populaires de la capitale turque, avec une reconstitution historique basée principalement sur des entretiens avec des habitants, et une observation prolongée dans le temps de l’évolution du siège policier dans les zones périphériques. Son origine est la participation de l’autrice aux mobilisations de 2013 au parc Gezi, lorsque pour la première fois des rejetons de la bourgeoisie et des intellectuels se sont retrouvés en butte à la répression policière aux côtés des enfants des quartiers les plus pauvres de la ville, où cette répression était la norme depuis des décennies. Le « printemps » turc, explique Deniz, était précisément divisé sur ce point : lorsque la police a augmenté le niveau de violence dans les banlieues, les enfants de ces villages se sont retirés de la manifestation de Gezi, car ils devaient aller défendre leurs quartiers, et des militants de la classe moyenne comme l’autrice ont tenté de les accompagner, mais ont été pour la plupart choqués, voire dégoûtés, par le niveau de violence dans ces quartiers. Deniz était parmi les rares qui n’ont pas digéré cette nouvelle division de classe ; et elle a commencé à travailler dans l’un de ces quartiers, pour comprendre comment fonctionnait l’imbrication de la violence, de la répression et de la politique locale. La découverte fondamentale a été que, même si ces zones étaient considérées par tous comme intrinsèquement violentes, cette violence est l’effet de décennies de provocations et de divisions largement créées par les soi-disant « forces de l’ordre », pour démanteler les structures organisationnelles et politiques locales, et plonger les quartiers dans le chaos et la peur. Il y avait un plan de « contre-insurrection » à l’œuvre, très clair pour les habitants du lieu, mais invisible pour le reste de la ville.

    La maison d’édition qui a publié le livre, Cornell University Press, s’est prémunie contre cette évidence en présentant le livre comme « une analyse contre-intuitive des pratiques policières contemporaines », qui se concentre sur « la promotion de la contre-violence, des conflits perpétuels et des tensions ethniques et sectaires » plutôt que sur le maintien de l’ordre. Mais que la police fomente des conflits et sème la discorde, plutôt que d’essayer de faire la paix, n’est contre-intuitif que pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de la stratégie de tension, ni de la violence lors du G8 de Gênes en 2001 ; ou pour ceux qui – comme les maisons d’édition universitaires – entretiennent la fiction de l’État de droit, où des « forces de l’ordre » bien intentionnées garantissent la paix et la justice aux citoyens, en veillant à ne punir que ceux qui « se comportent mal ». Même le plus grand théoricien de l’État moderne, Michel Foucault, tenait pour acquis la fonction pacificatrice de la police : discipliner et punir, avec ou sans force, devait servir à maintenir l’ordre, à garantir les corps et à protéger la société. Agamben expliquait même en 2014 qu’après la « guerre contre la terreur », au lieu de créer de l’ordre, les États avaient commencé à « gérer le désordre » (cit. p. 154). Deniz démontre exactement le contraire : la police travaille précisément à promouvoir le désordre et la peur ; rendre la vie collective impossible, boycotter l’organisation communautaire et porter atteinte à la paix sociale de certaines classes ou zones géographiques. Pas vraiment de la « gouvernementalité » ! Les États nations sont des machines de guerre contre la coexistence pacifique et l’autogestion populaire ; les provocations et la violence de la police se déchaînent précisément contre ceux qui sont les plus capables de s’autogérer et de coexister, en dressant au besoin les personnes et les groupes sociaux les uns contre les autres. Dans le quartier d’Istanbul que Deniz appelle Devrimova (du mot turc devrim, « révolution »), cette dynamique est particulièrement visible et violente ; mais on ne peut éviter de reconnaître les similitudes avec ce qui se passe dans les États dits « démocratiques », où l’infiltration non motivée de la police, les accusations absurdes de terrorisme contre des militants de base, la connivence avec la grande criminalité, semblent conçues pour alimenter la peur et la méfiance mutuelle ; on peut en dire autant de la tentative continue de diviser entre bons militants et mauvais militants, entre pauvres victimes blanches et pauvres de couleur (ou méridionaux en Italie), oisifs et dangereux. Dans les années 70, les soi-disant gecekondu, ou quartiers « nocturnes » du prolétariat turc – semblables aux villages auto-construits de Rome et de Milan – furent le théâtre d’une grande expérimentation d’une « nouvelle forme de vie socialiste » (p. .38), composé de comités de quartier, de réseaux de solidarité, de groupes d’autodéfense, de structures d’autogestion et d’autoconstruction collective, voire de « tribunaux populaires » et d’organisations de femmes contre l’alcoolisme et les violences domestiques. Ces expériences ont permis à des dizaines de milliers de personnes de survivre à l’exclusion et à la ségrégation urbaine, mais elles ont été mal vues par la majorité turque sunnite, majoritairement nationaliste, qui considérait ces quartiers comme dangereux et ennemis.

    Au lieu de Foucault, Deniz suit Jacques Rancière, pour qui la police est exactement le contraire de la politique : la guerre continue de l’État contre la population peut se résumer à la tentative de la police de détruire la politique, c’est-à-dire la politique fondamentale, la capacité humaine à s’organiser et créer des formes stables d’autonomie territoriale. La police n’est pas seulement répression et discipline, mais elle est la structure institutionnelle qui distribue et attribue des espaces à la population, définissant ce qui doit être rendu visible et invisible, ce qui doit être perçu comme parole et ce qui sera plutôt relégué au rôle de ’bruit’. La politique, pour Rancière, c’est exactement le contraire, c’est-à-dire « tout ce qui éloigne un corps de la place qui lui est assignée, ou change la destination d’un lieu », « rendre visible ce qui ne pouvait pas être vu », et « rendre audible comme parole » ce qui n’était auparavant perçu que comme du bruit » (cit. p.14). Dans le livre, cette lecture émerge de l’étude des quartiers marginaux d’Istanbul où vit l’un des trois groupes de population anatoliens conquis par l’État turc : les Alévis, qui, avec les Kurdes et les Arméniens, constituent plus de la moitié de la population du pays. Si l’oppression des Kurdes et le génocide des Arméniens sont également connus en Europe occidentale, la marginalisation et la stigmatisation des Alévis le sont moins, mais tout aussi systématiques. Les Alévis sont en théorie un groupe religieux, mais historiquement laïcs, hostiles à l’islamisme sunnite et au nationalisme conservateur, ils ont toujours été identifiés aux organisations révolutionnaires, auxquelles ils ont adhéré massivement. Leurs quartiers étaient des « zones libérées », nées d’une opposition collective à l’agression continue de la police, qui tentait de démolir leurs maisons, considérées comme illégales. Comme le raconte une personne interrogée d’une cinquantaine d’années : « Quand nous étions enfants, nous jouions dans les terrains vagues du quartier, et quand nous avons vu les bulldozers approcher, nous avons commencé à courir et à crier : ’L’État arrive !’ L’État arrive !’. Les hommes étaient pour la plupart au travail, mais les femmes qui nous entendaient remplissaient les rues et commençaient à ramasser des pierres dans leurs jupes pour les jeter sur les bulldozers » (p.35). Après chaque démolition, le quartier se réorganisait pour reconstruire les maisons démolies : « Il n’y avait pas d’électricité, pas d’eau, pas de routes, pas de services... c’était un terrain vide plein de boue [...]. Lorsque les gens ont commencé à s’installer ici, nous nous réunissions pour déterminer quoi faire. Les organisations révolutionnaires discutaient déjà de la manière de créer des comités populaires […]. Nous n’avions pas le choix. Nous avons dû développer nos propres outils pour résoudre les problèmes le plus rapidement possible. Ce n’était pas seulement un choix politique : c’était une nécessité fondamentale », explique une autre personne interrogée, plus âgée (p. 37). Au fil du temps, de cette auto-organisation est née la distribution autogérée des terres, également avec l’aide d’architectes, d’urbanistes et d’étudiants en architecture, ainsi que des formes de tribunaux populaires, basés sur des conseils de village à la campagne, dans lesquels les décisions étaient prises sur des conflits internes, sans avoir recours à la police turque (qui aurait de toute façon considéré tout le monde comme coupable, simplement parce qu’ils étaient alévis). Les femmes participaient également aux conseils de quartier, comme c’était également la coutume dans les villages alévis. Deniz dit que dans les quartiers révolutionnaires il y avait une « politique féministe de facto » : la participation politique des femmes a conduit à remettre en question les formes patriarcales de gestion familiale, à lutter contre la violence, l’alcoolisme et à appeler à une gestion féminine des ressources. Un jour, un tribunal populaire a ordonné à un homme qui avait battu sa femme de quitter le quartier et de ne jamais y revenir. Une autre fois, un tribunal a sanctionné un groupe d’étudiants qui avaient promis d’amener un spectacle de théâtre, mais qui sont ensuite revenus sur leur promesse alors que les habitants avaient déjà tout organisé. Ils les ont traduits devant le tribunal populaire, qui a écouté leurs excuses mais leur a ordonné de ne pas retourner dans le quartier pendant deux mois. Ces organisations locales comprenaient également des groupes d’autodéfense de quartier contre la police et contre les attaques des résidents locaux fidèles à l’État ; naturellement, ils étaient considérés comme des ennemis par les institutions et la police. Depuis la fin des années 70, puis avec le coup d’État de 1980 - qui a tué mille deux cents personnes et emprisonné six cent cinquante mille - la police a articulé une stratégie contre-insurrectionnelle contre ces quartiers, faite d’attaques directes, infiltrations et incursions de groupes paramilitaires. La police « a exporté vers les périphéries urbaines d’Istanbul les techniques de contre-insurrection spatiale qu’elle avait appliquées dans les provinces kurdes » (p.54), transformant de nombreux gecekondu en petits « Istanbul Gazas » isolés les uns des autres, sorte d’archipel d’enclaves guère différent également de la manière dont l’armée israélienne a réussi à utiliser la planification et l’architecture pour empêcher l’organisation politique palestinienne (Eyal Weizman l’explique magistralement, tout comme Alessandro Petti). Dans ces « petites Gazas » ségréguées, au fil du temps, des formes d’organisation révolutionnaire ont commencé à fleurir, ce qui a permis de maintenir vivant le souvenir de l’auto-organisation du passé. C’est à ce stade qu’il devient intéressant de comprendre le rôle de la police. Car c’est contre ces quartiers que s’articule le travail policier expliqué par Deniz, qui « n’est pas seulement un projet gouvernemental foucaldien de production de docilité, mais aussi un projet schmittien de production d’hostilité, qui favorise activement l’inimitié entre différentes populations » (p.11). Dans la guerre contre le PKK, le parti communiste kurde, l’armée turque a eu recours aux déportations, à l’exil et au contrôle généralisé de l’information, transformant certaines villes en prisons à ciel ouvert dont on ne savait pratiquement rien dans le reste du pays. De même, les quartiers rebelles kurdes et alévis d’Istanbul étaient isolés les uns des autres, ce qui faisait que les habitants avaient du mal à sortir, que les non-résidents ne passaient jamais par là et qu’un sentiment général de peur planait sur certaines parties de la ville. Ces formes de provocation, combinées au travail généralisé des agents infiltrés, ont modifié la perception même du monde des habitants des quartiers. Une autre dynamique entre ici en jeu : Deniz l’appelle l’interpellation violente. L’État a encadré la répression des organisations révolutionnaires comme une répression ethnique : les Kurdes n’ont pas été persécutés en tant que rebelles, mais en tant que Kurdes, et il en a été de même pour les Alévis. « Mort aux Alévis ! » », a crié la police lorsqu’elle a tiré sur la foule lors d’une manifestation dans le quartier de Gazi en 1995, tuant dix-huit personnes. Après avoir été réprimés en tant qu’Alévis, de nombreux révolutionnaires ont commencé à se percevoir comme tels plutôt que comme révolutionnaires. Hannah Arendt explique qu’elle s’est rendu compte qu’elle était juive à partir des insultes antisémites qui lui étaient adressées par les enfants des nazis : « Celui qui est attaqué en tant que juif doit se défendre en tant que juif. Pas comme un Allemand, ni comme un citoyen du monde, ni comme un défenseur des droits de l’homme » (cit. p. 78). Cette « interpellation violente » a eu pour effet d’amener les révolutionnaires alévis à s’identifier de plus en plus comme membres d’un groupe ethnique et religieux, plutôt que comme militants d’une idée émancipatrice universelle. Le résultat fut une fracture de plus en plus évidente entre les révolutionnaires alévis, les révolutionnaires kurdes et les révolutionnaires de la majorité sunnite turque, qui commencèrent à douter les uns des autres. « Après [le massacre de] Gazi, les gens ont commencé à parler de qui était alévi et qui était sunnite », raconte une personne interrogée âgée de soixante-dix ans, turque sunnite, mais résidente et militante du quartier de Devrimova. « Peut-être que c’était déjà là, mais c’est devenu beaucoup plus explicite » (p.83). La répression agit avant tout en renforçant l’identité de chaque individu, en enfermant chaque groupe dans sa petite bulle et en stimulant la méfiance et les conflits entre tous les groupes qui mettent l’État en difficulté. Il est impossible de ne pas y voir comme un reflet démesuré de la fragmentation du mouvement radical italien (et romain plus que tout autre), divisé en bulles d’« individualité » ou de « subjectivité » indisciplinées, méfiantes les unes envers les autres et incapables de s’allier, parfois même pas temporairement. Après le massacre de Gazi, une fois ce climat de tension et de ségrégation installé, avec des check-points et des tanks dans les rues, la police s’est soudainement retirée des quartiers. « Nous en étions fiers à l’époque, pensant leur avoir fait peur. Mais maintenant, je comprends qu’ils laissaient la violence se propager parmi nous », explique un militant exilé après avoir été arrêté et torturé. « Ce n’est pas que la police ait abandonné les quartiers : comme dans la guérilla, la police est venue créer la tension puis s’est retirée » (p.89). La ségrégation n’a plus besoin de tanks : ce sont les mêmes dynamiques construites par l’État qui permettent à la violence de se propager dans certains quartiers, de les qualifier de dangereux et de les séparer du reste de la ville. Combien de fois, même en Italie, la police vous arrête-t-elle à l’entrée de certaines banlieues, vous demandant où vous allez et pourquoi, tenant pour acquis que quiconque y va de l’extérieur cherche de la drogue, ou en tout cas quelque chose d’interdit. C’est la même dynamique de création de ghettos, évidemment à plus petite échelle.

    En outre, la police a activement encouragé la marginalisation de toutes les personnalités de la médiation, celles qui ont réussi à maintenir ensemble les différents groupes et communautés, tout en laissant impunis ceux qui ont exercé la violence dans un but de pouvoir et de profit, par exemple les trafiquants de drogue. Avec le temps, et les actions incessantes de provocation et de détention arbitraire, les groupes d’autodéfense se sont radicalisés, devenant des justiciers, largement impossibles à distinguer des voyous des narcos, des paramilitaires et de la police elle-même. (Cette dérive se reflète également dans d’autres pays européens, où parfois le masculinisme généralisé rapproche fascistes et antifascistes, ou bien où certaines formes de « service d’ordre » et d’autoritarisme des espaces autogérés semblent singer l’État et la police : pensez au pass des vaccinés demandé dans certains centres sociaux autogérés !). Ainsi, les quartiers où avait eu lieu une tentative d’émancipation collective, laïque et intersectaire, sont devenus en l’espace de quelques décennies des lieux dangereux et violents, où déambulent des jeunes armés et cagoulés, peut-être membres des anciennes organisations révolutionnaires, peut-être à la solde de trafiquants, peut-être policiers en civil. Ce qui domine, c’est la méfiance mutuelle, la suspicion et le ressentiment, notamment à l’égard des jeunes, toujours présentés comme violents par nature. Stigmatisation, diffamation, ambiguïté, stéréotypes ethniques et de classe, conflits intergénérationnels sont activement encouragés pour alimenter des situations tendues et légitimer la présence et la violence de la police contre les habitants. Cette action se cache toujours derrière une rhétorique de l’ordre, de la dignité, de la raison et de la courtoisie, ce qui la rend incompréhensible pour les parties les plus intégrées des citoyens. Deniz reconstitue également en détail comment ces tactiques de provocation du désordre et de la peur sont parvenues jusqu’à la police turque à travers les manuels utilisés par l’armée britannique en Irlande du Nord, eux-mêmes basés sur les manuels de « sale guerre » de l’OTAN, eux-mêmes basés sur les stratégies de conquête de l’armée coloniale française en Algérie. Un fil noir relie la colonisation européenne en Afrique, à la guerre froide, aux stratégies utilisées par la police contre les dissidents politiques.

    Le livre est un chef-d’œuvre d’ethnographie militante, qu’il serait très important de le traduire.D’un point de vue méthodologique, il s’agit d’un modèle sur la manière de mener une recherche sur le terrain et d’articuler la présentation des résultats de manière non seulement à parler à d’autres chercheurs, mais aussi sans donner d’informations qui pourraient être utilisées contre les protagonistes de la recherche. Il combine un travail de terrain approfondi, une clarté éthique et politique du rôle et de la responsabilité du chercheur et une reconstruction d’une rare profondeur du contexte historique et des implications politiques.La conclusion est qu’il existe une guerre permanente entre l’État et la population, dont l’intensité augmente ou diminue selon la mesure dans laquelle l’État parvient à maintenir invisibles certaines pratiques populaires de libération et d’autogestion.C’est aussi l’essence de la lecture de l’État que fait David Graeber dans Sur les rois et dans d’autres textes : différentes structures politiques et sociales convergent dans l’État, elles sont continuellement en tension et risquent continuellement de perdre leur emprise. La bonne nouvelle est qu’il est très difficile pour l’État de gagner cette guerre contre ses propres citoyens. Paradoxalement, en fait, la violence institutionnelle, la provocation et la contre-insurrection sont en elles-mêmes une « véritable preuve de l’existence d’une lutte politique » (p. 161). Ainsi, malgré des décennies de tentatives, « l’élite dirigeante turque n’a jamais réussi à éteindre complètement la dissidence de gauche en Turquie ». Il existe en effet une force politique très forte qui défie toute tentative de provocation et continue de pousser les gens à défier l’État : la mémoire de ceux qui l’ont déjà fait. « La contre-insurrection est également productrice de lutte politique, car ses techniques sales exacerbent les injustices déjà présentes dans la société. Tant que les racines de la dissidence existeront – la domination, l’exploitation, l’inégalité, l’injustice – la contre-insurrection et son antithèse : la politique continueront d’exister. »

    Stefano Portelli
    Traduit de l’italien par Palidda
    La version originale (et italienne) de cette recension a été publiée sur le site Monitor

    Petite note du traducteur

    La logique policière du désordre permanent n’est pas toujours ignorée (en dehors de la posture institutionnelle dominante), elle est évoquée par certains auteurs, au-delà du constat élémentaire que la police ne justifie son existence que lorsqu’il y a du « désordre »... et souvent la fomente ou incite la « pègre » e les criminels pour cette raison ; c’est un fait connu depuis l’aube de l’État moderne... (pensez à l’histoire des Poignardeurs racontée aussi par Sciascia...) et il ne faut pas oublier que certains flics ont facilement tendance à adopter un comportement criminel.

    La critique répétée contre Foucault me ​​semble injuste car on ne peut certainement pas dire qu’il soit pour l’Etat et l’ordre ... il se concentre sur l’objectif biopolitique du pouvoir mais ensuite il n’exclut pas du tout la thanatopolitique que n’est pas seulement celle pratiquée par les nazis, mais celle que les pays dominants adoptent encore aujourd’hui notamment vis-à-vis des migrations mais aussi contre les jeunes des banlieues ou les napolitains ... (voir les cas de jeunes tués par des policiers ou des carabiniers …)

    #Turquie #police #division_ethnique #urbanisme #counterinsurgency

  • Opérations « Place nette » contre le trafic de drogue : des tensions avec les acteurs de terrain
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/26/operations-place-nette-contre-le-trafic-de-drogue-des-tensions-avec-les-acte

    Une nouvelle action antistupéfiants, orchestrée par Gérald Darmanin en personne sur le terrain, a été organisée dans le Nord, lundi. Mais le doute sur l’efficacité de ce dispositif gagne une partie des policiers, des parlementaires et des magistrats.

    Le plan de bataille a été scotché sur le capot d’une voiture de police garée dans une rue de Roubaix (Nord) aux façades de brique rouge. Devant un auditoire de gradés et de caméras de télévision, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, joue au général de campagne, posté devant cette carte de l’agglomération lilloise surmontée du titre : « Opération “Place nette XXL” dans le Nord ». (...)

    Lundi matin, Gérald Darmanin n’a pas eu à partager l’affiche avec le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, ou Emmanuel Macron, invité de dernière minute à Marseille, le 19 mars. Une façon de reprendre à son compte ce moment politique des « places nettes », qui scande aussi les dernières semaines avant les élections européennes du 9 juin. Le ministre de l’intérieur en a profité pour dévider son argumentaire, notamment son intention de se montrer, grâce à des évolutions législatives, « plus dur avec les consommateurs », qu’il considère « souvent issus de la classe bourgeoise ». En visite à Lyon, vendredi 22 mars, il avait évoqué la possibilité d’autoriser les forces de l’ordre à pratiquer des tests salivaires sur la voie publique afin de verbaliser les consommateurs.

    https://justpaste.it/fy4hw

    #drogues #criminalité #police #communication

  • Paris 2024 : le maire d’Orléans dénonce l’arrivée « en catimini » de centaines de sans-abri dans sa ville en provenance de Paris avant les JO
    https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/paris-2024-le-maire-d-orleans-denonce-l-arrivee-en-catimini-de-centaine

    Les nouveaux arrivants passent quelques semaines à l’hôtel, ensuite les #SDF ou les #migrants "s’évaporent dans la nature" selon le maire, "et ça n’est pas convenable, on ne peut pas se débarrasser des problèmes sur nous en disant que ’c’est difficile à Paris, débrouillez-vous’". Il estime que cela représente un total de 500 personnes depuis 2023. Serge Grouard explique cependant ne pas avoir de "certitude" sur un lien avec les Jeux olympiques de Paris. 

    "Nettoyage social"

    Les associations d’aide aux personnes précaires partagent le constat du maire. Depuis un an, plusieurs centaines de personnes ont bien été évacuées de #camps de migrants ou de #squats à Paris et redirigées vers 13 "sas d’accueil", en région, à la demande de l’État. "Depuis l’arrivée des #JO, on envoie systématiquement les personnes hors de d’Île-de-France, confirme Paul Alauzy, de Médecins du Monde, c’est juste un déplacement des #sans-abris et ils se retrouvent dans des petites villes, où il y a beaucoup moins de moyens, à la rue alors qu’ils n’ont pas de réseau." Et sans réseau d’entraide, sans solutions de logement pérenne, une partie de ces personnes préfèrent même retourner à #Paris.

    #Nettoyage_social

    • Paris 2024 : après une nouvelle évacuation d’un camp de sans-abris, les associations dénoncent un « nettoyage social » de la capitale pour les Jeux
      https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/le-revers-de-la-medaille/reportage-paris-2024-apres-une-nouvelle-evacuation-d-un-camp-de-sans-ab

      Mardi, les policiers ont délogé les occupants d’une trentaine de tentes dans le Ve arrondissement, leur proposant un départ pour Besançon. Des opérations habituelles, assure la préfecture, qui dément tout lien avec l’imminence des JO.

      Clément Parrot, France Télévisions, le 23/04/2024
      https://www.francetvinfo.fr/pictures/mU0JcWmfs7r9VSHoF_gAVVMIwkA/0x378:4032x2646/2656x1494/filters:format(avif):quality(50)/2024/04/23/img-7308-66277ed80ba2d269203851.jpg

      Les occupants d’une trentaine de tentes sont évacués par les forces de l’ordre, mardi 23 avril, dans le Ve arrondissement de Paris. (CLEMENT PARROT / FRANCEINFO)

      « Bonjour, c’est la #police. Il faut sortir monsieur. » Il est à peine 6 heures du matin, mardi 23 avril, quand une douzaine de policiers s’approchent d’une trentaine de tentes igloo disposées le long d’un mur aux abords du campus de Jussieu, rue des Fossés-Saint-Bernard, dans le 5e arrondissement de Paris. Sous la structure métallique du bâtiment universitaire, de jeunes #migrants venus du Mali, du Burkina Faso ou encore de Côte d’Ivoire sortent doucement de leur sommeil et de leurs abris de fortune. A quelques mètres, dans la pénombre, un bus attend, la porte ouverte. Les services de la préfecture proposent une solution de relogement à Besançon (Doubs), mais peu de migrants semblent intéressés par une aventure dans l’Est de la France.

      "On a des recours [juridiques] ici, pourquoi vous voulez nous envoyer à Besançon ?", répond avec anxiété un homme en émergeant de sa toile de tente, avant d’emporter ses affaires dans un baluchon de fortune. "Vous allez nous abandonner, on veut un vrai endroit", lance un autre. "Il n’y a plus de places à Paris", martèle une fonctionnaire des services de la préfecture. Mais à trois mois des Jeux olympiques de Paris, les associations venues sur place pour apporter une aide aux personnes à la rue dénoncent une nouvelle opération fragilisant les plus précaires, une semaine après l’évacuation du plus grand squat de France à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).
      "On le sent bien, actuellement, le ’nettoyage social’, à coups de deux évacuations par semaine", insiste Aurélia Huot, de Barreau de Paris solidarité, une structure qui encourage le bénévolat des avocats parisiens. "Avant, les mises à l’abri pour les mineurs, c’était toujours en Ile-de-France, et pour les familles, il y avait aussi régulièrement des solutions ici. Mais là, depuis presque deux ans, ils ne proposent presque plus de solutions en Ile-de-France", constate également Luc Viger, de l’association Utopia 56.
      (...)