Frédéric Lordon : Pour un néo-léninisme
▻https://acta.zone/frederic-lordon-pour-un-neo-leninisme
Nous avons retranscrit ici l’intervention de Frédéric Lordon lors du déb...
Frédéric Lordon : Pour un néo-léninisme
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Quel parti voulons-nous construire ?
▻https://lundi.am/Quel-parti-voulons-nous-construire
Parmi toutes les questions que ce texte, consacré à l’architecture ou à l’art ...
@die_brucke
le texte mélange pleins de choses, mais il y a deux-trois remises en cause importantes au passage.
Oui, en effet. Merci @kamo.
#urbanisation #cybernetique #Police_de_l_espace #Parti #Latour #Morizot #Appel #Architectes #amitié&politique #organisation_politique
Les « #instant_cities » – Villes réimaginées sans histoire, sans avenir
Le thème des « instant cities », ces villes bâties du jour au lendemain, revient dans les débats des urbanistes et architectes, inspirés par l’expérience des campements et autres zones à défendre (ZAD). L’anthropologue #Michel_Agier nous entretient du sujet dans un texte publié sur le site AOC : ▻https://aoc.media/opinion/2020/09/28/utopie-dystopie-non-fiction-faire-ville-faire-communaute-3-3
#Utopie, #dystopie, #non-fiction – #Faire_ville, faire communauté
Le thème des « instant cities », ces villes bâties du jour au lendemain, revient dans les débats des urbanistes et architectes d’aujourd’hui, inspirés par l’expérience des #campements et autres #ZAD. La ville est ré-imaginée sans histoire et sans avenir, comme marquée d’abord par l’#immédiateté, l’#instantanéité et la #précarité. Des réflexions qui rejoignent celles de l’ethnologue qui se demande ce que « faire ville » veut dire, elles permettent de penser la ville en se libérant de la contrainte du réel et du présent, comme le font le plus librement les fictions post-catastrophe.
Avec la montée des #incertitudes et des formes de vie précaires dans toutes les régions du monde et plus particulièrement dans les contextes migratoires, le thème des instant cities (villes « instantanées », bâties « du jour au lendemain ») revient dans les débats des urbanistes et architectes d’aujourd’hui, et peuvent aider à penser la ville de demain en général. Le thème est ancien, apparu dans les années 1960 et 1970, d’abord avec l’histoire des villes du #far_west américain, nées « en un jour » et très vite grandies et développées comme le racontent les récits de #San_Francisco ou #Denver dans lesquels des migrants arrivaient et traçaient leurs nouvelles vies conquises sur des espaces nus.
À la même époque, des architectes anglais (Peter Cook et le groupe #Archigram) s’inspiraient des lieux de #rassemblements et de #festivals_précaires comme #Woodstock pour imaginer des villes elles-mêmes mobiles – une utopie de ville faite plutôt d’objets, d’images et de sons transposables que de formes matérielles fixes. Troisième forme desdites instant cities, bien différente en apparence, celle qui est allée des villes de l’instant aux « #villes_fantômes », à l’instar des utopies graphiques des #villes_hors-sol construites en Asie, dans le Golfe persique et au Moyen-Orient principalement, sur le modèle de #Dubaï.
Nous sommes aujourd’hui dans une autre mise en œuvre de ce modèle. En 2015, la Cité de l’architecture et du patrimoine montrait l’exposition « Habiter le campement » qui réincarnait très concrètement le concept à travers les rassemblements festivaliers (la « ville » de trois jours du festival #Burning_Man aux États-Unis), mais aussi les campements de #yourtes pour les #travailleurs_migrants, les #campings et #mobile_homes pour touristes et travellers, ou les #camps-villes pour réfugiés. Allant plus loin dans la même démarche, le groupe #Actes_et_Cité publie en 2018 l’ouvrage La ville accueillante où, inspirées de l’expérience du « #camp_humanitaire » de la ville de #Grande-Synthe, différentes solutions d’espaces d’#accueil sont étudiées (quartiers d’accueil, squats, campements aménagés, réseau de maisons de migrants, etc.), leur rapidité de mise en œuvre (quelques semaines) et leur coût réduit étant des critères aussi importants que leur potentiel d’intégration et d’acceptation par la population établie.
On pourrait encore ajouter, pour compléter ce bref tour d’horizon, le géant suédois du meuble #Ikea qui, après une tentative d’implantation dans le marché des abris pour camps de réfugiés en association avec le HCR dans les années 2010-2015, a lancé en 2019 « #Solarville », un projet de #Smartcity fondé sur l’architecture en bois et l’énergie solaire.
L’idée de la #table_rase permet de penser la ville en se libérant de la contrainte du réel et du présent, comme le font le plus librement les fictions post-catastrophes.
Le point commun de toutes ces expériences d’instant cities est leur ambition de réduire, voire de supprimer l’écart entre le #temps et l’#espace. Immédiateté, instantanéité et #précarité de la ville, celle-ci est ré-imaginée sans histoire et sans avenir. Sans empreinte indélébile, la ville se pose sur le sol et ne s’ancre pas, elle est associée à la précarité, voire elle-même déplaçable. Ce seraient des villes de l’instant, des #villes_présentistes en quelque sorte. Dans tous les cas, l’idée de la table rase, image du rêve extrême de l’architecte et de l’urbaniste, permet de penser la ville en se libérant de la contrainte du réel et du présent, comme le font le plus librement les #fictions_post-catastrophes. Dans leur excentricité même, ces images et fictions dessinent un horizon de villes possibles.
C’est cette ville à venir que j’aimerais contribuer à dessiner, non pas pourtant à partir de la table rase de l’architecte, mais à partir de l’ethnographie d’une part au moins du présent. Un présent peut-être encore marginal et minoritaire, et donc hors des sentiers battus, quelque chose d’expérimental pour reprendre le mot très pragmatique de Richard Sennett, peu visible encore, mais qui a toutes les chances de s’étendre tant il sait répondre à des besoins croissants, dans cet avenir qui nous inquiète.
C’est dans un « #présent_futuriste » que j’ai trouvé quelques éléments de réponse, un futur déjà là, quelque peu anachronique donc, mais aussi inédit, tout à fait décentré de la ville historique, notamment européenne, à laquelle nous nous référons encore trop souvent pour penser l’universalité des villes. Je me suis familiarisé avec la vie quotidienne des zones de #marges ou frontières, de #borderlands, et avec celles et ceux qui les habitent ou y passent. Rien d’exotique dans cela, rien d’impossible non plus, ce sont des lieux quelconques réinvestis, détournés, occupés pour un temps plus ou moins long, des déplacements et des attachements plus ou moins profonds aux lieux de résidence, de passage ou de refuge, et ce sont des événements – politiques, catastrophiques ou artistiques, prévus ou fortuits – créateurs d’échanges, éphémères ou non, et nous faisant occuper et donner un sens à des lieux parfois inconnus. Ces formes sociales, ces moments partagés, toutes ces situations rendent les espaces fréquentés plus familiers, partagés et communs, même sans en connaître le devenir.
Loin d’être exceptionnelle, cette expérience de recherche m’a semblé expérimentale et exemplaire d’un certain futur urbain. Cela résonne avec les propos des urbanistes rebelles qui pensent comme #Jane_Jacob ou #Richard_Sennett un urbanisme pratique – ou « pragmatique », dit lui-même Sennett, qui ancre depuis longtemps sa réflexion dans l’#homo_faber, dans le faire de l’humain. Il faut, écrit-il, « placer l’homo faber au centre de la ville ». C’est ce que je ferai ici, en poursuivant cette interrogation sur le faire-ville dans sa double dimension, qui est de faire communauté, créer ou recréer du commun, et de faire la ville, c’est-à-dire l’inventer et la fabriquer.
Une écologie et une anthropologie urbaines sont tout à inventer pour le monde à venir.
C’est un présent futuriste fait d’étranges établissements humains : des armatures flexibles, modelables à volonté, des murs transparents, des cubes réversibles ou transposables. Curieusement, ces lieux font d’emblée penser à une ville mais précaire et #démontable, ce sont des #agglomérations_temporaires dont la matière est faite de murs en toile plastifiée, de charpentes en planches, en tubes métalliques ou en branchages, de citernes d’eau en caoutchouc, de canalisations et latrines en prêt-à-monter, prêt-à-défaire, prêt-à-transporter.
Les lumières de la ville sont intermittentes et blafardes, fournies par des moteurs électrogènes mis en route à chaque nouvelle arrivée (fruit d’un désordre ou d’une catastrophe), devenue elle-même prévisible tout comme ses conséquences techniques – ruptures dans les flux et les stocks d’énergie, de nourriture ou de services. Les va-et-vient incessants de camions blancs bâchés emmènent des grandes quantités de riz, de boulgour et de personnes déplacées. Parfois, sur quelques terrains vagues, d’autres enfants jouent au football, ou bien des adultes inventent un terrain de cricket.
À partir de la matière première disponible dans la nature (terre, eau, bois de forêt) ou de la matière résiduelle de produits manufacturés disponible (planches, palettes, bâches plastifiées, toiles de sac, feuilles métalliques d’emballage, plaques de polystyrène), des habitants bricolent et pratiquent une #architecture_adaptative, réactive, avec les moyens du bord, comme ailleurs ou autrefois une architecture des #favelas ou des #bidonvilles. Des maisons en pisé côtoient d’autres constructions en tissus, carton et tôle. Cette matérialité est en constante transformation.
Malgré la surprise ou la perplexité qu’on peut ressentir à l’énumération de ces étranges logistiques urbaines, ce n’est pas de la fiction. Ce sont mes terrains d’#ethnographie_urbaine. On y verra sans doute une #dystopie, un mélange cacophonique de prêt-à-monter, de #récupérations et de #bricolages, j’y vois juste l’avenir déjà là, au moins sur les bords, dans un monde certes minoritaire (en Europe au moins), frontalier, à la fois mobile et précaire, mais terriblement efficace et qui a toutes les chances de s’étendre. #Ville_en_kit serait le nom de ce modèle qui viendrait après celui de la ville historique et rejoindrait, « par le bas », celui de la ville générique, dont il serait l’envers moins visible.
Une écologie et une anthropologie urbaines sont tout à inventer pour le monde à venir, nous n’en connaissons encore presque rien si ce n’est qu’elles seront marquées par une culture de l’#urgence, du présent et de l’#incertitude, organisant et meublant des espaces nus ou rasés ou abandonnés, pour des durées inconnues. Ce qui est marquant est la répétition du #vide qui prévaut au premier jour de ces fragiles agglomérations, mais aussi la résurgence rapide de la #vie_sociale, de la #débrouille_technique, d’une #organisation_politique, et de la quête de sens. Cette ville en kit semble plus périssable, mais plus adaptable et « résiliente » aussi que la ville historique, qu’il nous faut donc oublier. Celle-ci était délimitée dans des enceintes visibles, elle était en dur, elle se développait de plus en plus à la verticale, avec ses voies goudronnées vite saturées de véhicules et de bruits. Cette ville historique maintenant implose, pollue et expulse les malchanceux au-delà de ses limites, mais elle continue de fournir le modèle de « la ville » dans le monde. Pourtant, le modèle s’écarte des réalités.
On peut s’interroger sur le caractère utopique ou dystopique des #imaginaires_urbains qui naissent de l’observation des contextes dits « marginaux » et de leur permanence malgré leurs destructions répétées partout. Faut-il opposer ou rapprocher une occupation de « ZAD », une invasion de bidonvilles et une installation de migrants sans abri devenue « #jungle », selon le pourquoi de leur existence, toujours spécifique, ou selon le comment de leur processus, toujours entre résistance et adaptation, et les possibles qu’ils ont ouverts ? Si ces établissements humains peuvent être considérés, comme je le défends ici, comme les tout premiers gestes d’un processus urbain, du faire-ville dans son universalité, alors il convient de s’interroger sur ce qu’ils ouvrent, les décrire en risquant des scénarios.
Ce partage d’expériences suppose une prise de conscience de l’égalité théorique de toutes les formes urbaines.
Comment passe-t-on de cette #marginalité qui fait #désordre à de la ville ? Une pensée concrète, une #architecture_an-esthétique, un #habitat_minimal, évolutif, peuvent rendre #justice à ces situations et leur donner une chance d’inspirer d’autres expériences et d’autres manières de faire ville. Je reprends là en partie quelques-uns des termes de l’architecte grec et français #Georges_Candilis (1913-1995), pour qui l’observation directe, au Pérou, dans la périphérie de Lima, au début des années 70, d’un processus d’installation et construction d’une « #invasión » fut un choc. Dans la nuit, « des milliers de personnes » avaient envahi un terrain vague « pour construire une nouvelle ville », l’alerta son collègue péruvien.
C’est moins l’invasion elle-même que la réaction de l’architecte européen qui m’intéresse ici. Longtemps collaborateur de Le Corbusier, Candilis a ensuite passé des années à concevoir, en Europe essentiellement, des très grands ensembles à bas prix, pour « les plus démunis ». Il voit dans le mouvement d’invasion urbaine à Lima un « raz de marée populaire », devant lequel les autorités cèdent et qui va « construire une maison, une ville, sans matériaux ni architectes, avec la seule force du Plus Grand Nombre et le seul espoir de survivre ». Le deuxième jour de l’invasion, sous les yeux de l’architecte devenu simple témoin, les maisons commencent à s’édifier avec des matériaux de récupération, des quartiers se forment et les habitants (« y compris les enfants ») votent pour désigner leurs responsables. « J’assistais émerveillé, écrit Candilis quelques années plus tard, à la naissance d’une véritable “communauté urbaine” », et il évoque, enthousiaste, « l’esprit même de la ville ».
Je ne pense pas qu’il ait voulu dupliquer en France ce qu’il avait vu à Lima, mais certainement s’inspirer de ses principes. Il exprimait l’intense découverte que cet événement avait représentée pour lui, et surtout le fait que le faire-ville passe par un événement, qui est l’irruption d’un sujet citadin, porteur de l’esprit de la ville et faiseur de communauté urbaine. C’est ce sujet citadin et cette communauté urbaine qui font la ville et qui permettent de penser à nouveaux frais le modèle des instant cities, en le renversant sur lui-même en quelque sorte, contre l’idée qu’il puisse naître hors-sol et qu’il puisse produire des villes fantômes qui attendront leur peuplement.
Ce partage d’expériences, pour devenir systématique et efficace sans être du mimétisme ni du collage formel, suppose une prise de conscience de l’égalité théorique de toutes les formes urbaines, que j’ai rappelée au tout début de cette réflexion. C’est une démarche qui ne demande ni exotisme ni populisme, mais une attention à ce qu’il y a de plus universel dans le #faire-ville, qui est une énergie de #rassemblement et de #mise_en_commun, dont la disparition, à l’inverse, engendre les étalements diffus et les ghettos qu’on connaît aussi aujourd’hui.
▻https://formes.ca/territoire/articles/les-instant-cities-villes-reimaginees-sans-histoire-sans-avenir
#villes_instantanées #urban_matter #urbanisme #présent #passé #futur
#Musée de la #prison #Hoa_Lo, au Vietnam
Sur wiki :
La Prison Hỏa Lò est une ancienne prison située à Hanoï au Vietnam, également appelée #Maison_centrale ou ironiquement #Hanoi_Hilton. Elle a été construite durant l’#occupation_française. Détruite en partie en 1990, elle est maintenant un musée.
Carte, photos et dessin du quartier dans laquelle fut installée la prison par les Français et de la prison elle-même :
Règlement de la prison :
Photos des salles du musée :
Salle E, #cachots :
Le #badamier :
La #fuite...
Couloir des #condamnés_à_mort :
#Ngo_Gia_Tu : « Je refuse de reconnaître les actions qu’on m’attribue. Je n’ai pas créé le communisme. Le #communisme est né de l’#injustice infligée par l’#oppression_capitaliste au monde des #ouvriers et des #paysans » :
Bâtiment des #femmes :
#haut-relief se situant dans la cour de la prison :
« Les détenus luttent contre la main de fer de l’ennemi » :
Dans la même salle que celle où c’est marqué « Les détenus luttent contre la main de fer de l’ennemi » (si je ne me trompe pas), cette plaque :
« Je n’ai rien à ajouter. Dans cette bataille pour la #survie, entre nous qui avons perdu notre pays et notre #liberté, et vous qui êtes des #envahisseurs, le #sacrifice de gens comme moi est inévitable. Je sais juste que nous finirons par vaincre » :
Les ex-prisonniers devenus des personnalités importantes du #parti_communiste vietnamien (une salle leur est consacrée) :
#Phan_Thi_Khuong : « Je participe à la #révolution pour renverser des réactionnaires comme vous »
–------------
Puis cette prison fut utilisée pour y détenir les soldats américains capturés durant la guerre du Vietnam, dont #John_McCain. Voici quelques images :
John McCain qui se fait soigner :
#Hanoï #Vietnam #colonisation #Indochine #colonialisme #mémoire #France
Comme vous y êtes habitués maintenant, les photos suivront dans les prochains jours... car il faut le temps pour les charger...
cc @reka
Quelle collection !!! Rien que çette partie du voyage vaut un billet !
Un peu de patience, @reka, et j’ajouterai les photos que je n’ai pas encore réussi à charger... demain peut-être c’est fini.
Albe a aussi quelques images, qui sont probablement plus suggestives que les miennes...
:-)
Et parfois c’était très difficile de prendre des photos à cause de la lumière...
Ce qui est sûr c’est que le musée vaut la peine d’être visité.
Oui, mais « Photoshop » est ton ami :) J’attends avec une patience d’ange, mais j’ai hâte !
@reka : il y a tout ce que j’ai photographié maintenant. Il faut reparcourir le message, car j’ai ajouté des images ici et là...
Il manque maintenant les images de l’expo temporaire (mais je n’ai pas tout pris en photo), dans les prochains jours je mettrai les images ci-dessous
Déjà l’affiche...
Expo temporaire « Bare feet, steely will » :
Expo temporaire « Bare feet, steely will » :
Il n’y a pas tous les panneaux de l’expo, j’ai arrêté de prendre des photos au bout d’un moment, mais cela donne déjà pas mal l’idée j’ai l’impression...
La democrazia quotidiana dei migranti: il consiglio di Idomeni
Nel campo di Idomeni, al confine tra Grecia e Macedonia, ogni giorno i migranti si riuniscono in consiglio. Per discutere del loro futuro e delle strategie per attirare l’attenzione del mondo sulla loro situazione disperata. Il reportage di Paolo Martino.
▻http://www.internazionale.it/video/2016/04/26/idomeni-migranti-consiglio
#asile #migrations #réfugiés #Macédoine #Grèce #démocratie #campement #organisation_politique #résistance #Idomeni
Another Dinner in Idomeni
It’s been nearly two months since Macedonia closed its border when I arrive in late April at Idomeni, an otherwise nondescript Greek border town now home to a squalid and sprawling camp of 12,000 people or so. Many are left with little but a donated tent and faith that the barbed-wire door to a war-free future will open, eventually. Everything is scarce: money, medicines, shelters, bathrooms, and, of course, food.
L’Etat islamique est une révolution, par Scott Atran - L’Obs, via @le_bougnoulosophe
▻http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20160129.OBS3681/l-etat-islamique-est-une-revolution-par-scott-atran.html
Dans ce long texte, l’anthropologue Scott Atran, spécialiste du terrorisme, explique pourquoi, en fermant les yeux sur la capacité d’attraction de l’#EI, l’Occident commet une erreur stratégique majeure.
La généalogie irakienne et carcérale (oubliée) de #Daech : Myriam BENRAAD, Irak, la revanche de l’histoire. De l’occupation étrangère à l’#Etat_Islamique, Paris, Vendémiaire, 2015, 288 p.
▻http://historicoblog3.blogspot.be/2016/02/myriam-benraad-irak-la-revanche-de.html
Bien que complètement en retard sur plein de trucs j’ai pris le temps de lire ce long texte qui m’a terrifié. Je note juste un petit passage :
Si nous n’ouvrons pas les yeux sur cette réalité et ces aspirations, et que nous refusons de les aborder autrement que par la force militaire, nous attiserons probablement ces passions et une nouvelle génération connaîtra la guerre, et pire encore.
Je n’ose pas imaginer ce qui peut être pire que la guerre (et ce qui va avec, torture, sang, souffrance, exécution de masse, etc...).
Ici aussi, une des portes d’entrée pour une réflexion sur la #terreur #barbarie #cruauté #révolution #force #puissance #guerre #organisation_politique
Avec ce grand mystère qui reste, cette question à laquelle il faudra répondre : pourquoi l’EI a-t-elle cette formidable capacité d’attraction.
Noter tout de même que, après son signalement, @le_bougnoulosophe a posté toute une série de tweets, dont plusieurs critiquent vertement certains points :
▻https://twitter.com/bougnoulosophe/status/694841673298345985
1. Après lecture attentive de ce long article, quelques remarques :
– On y trouve beaucoup d’approximations et d’affirmations gratuites.
1.1. Dire que les quartiers pop. de France vibrent aux valeurs de Daech est une grosse (et dangereuse) imbécilité !
1.2. Affirmer que le monde musulman et l’Europe ont des histoires distinctes et parallèles est une contre-vérité...
1.3. La connaissance de l’histoire de l’Europe aussi laisse à désirer : Sait-il que l’Allemagne est devenue 1 « démocratie » en 1919 ? #Weimar
1.4. Avoir le « Centre de Prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam » de Dounia Bouzar pour référence n’est pas 1 gage de sérieux
1.5. La personne la plus crédible en France concernant le profil des jihadistes, c’est Farhad Khosrokhavar (personnage discret). #prisons
En effet, et je suis entièrement d’accord pour ces regards critiques. Il reste qu’il y a dans ce texte quelques pistes de réflexion à débattre et développer (c’est ce qui m’intéresse) à défaut de pouvoir prendre pour argent comptant tout ce qui peut s’écrire sur le sujet. Nous, qui ne sommes pas spécialistes, qui, intéressés par le sujet, cherchant des clés de lecture, des explications rationnelles, avons quand même un immense problème dans ce grand bazar de toute cette population d’expert/journalistes/chercheurs (ou pseudo) qui s’expriment et écrivent sur ce qui se passe en ce moment au Moyen-Orient. Nous sommes perdus dans cette autre bataille de la reconnaissance de qui dit que des conneries, ou un peu des conneries et beaucoup de trucs intelligents, ou beaucoup de conneries et un peu de trucs intelligents ou alors - mais j’ai l’impression que c’est très rare - que des trucs censés et intelligents. Comme en économie, il y a des grilles de lectures très différentes, ce qui est peut-être acceptable si on a derrière les arguments ou les données qui justifient ces grilles de lecture. Ce qui est impardonnable sans doute, c’est l’incompétence et le manque de savoir/culture sur ces sujets de personnalités qui malgré ces manques osent quand même s’exprimer publiquement. Il est très difficile de s’y retrouver, personne ne semble vraiment remporter une adhésion universelle.
Je ne sais pas trop comment faire, mais pour le moment, je dois lire et rebondir sur les visions qui me semblent être sérieuses, solides et étayées - même dans des textes où il y a des réflexions à priori inacceptables. Le texte de Bradol que j’avais trouvé très puissant, très fort qui amenait un éclairage très particulier de ce qu’était l’EI n’est peut-être pas très solide sur certains points, mais l’année dernière, je n’avais pas les outils pour déceler les bugs.
Il faut pourtant poursuivre nos efforts pour essayer de comprendre, visualiser, analyser, et réaliser la portée des transformations et développements géopolitiques (qui ont l’air d’être effrayants vu d’ici) en cours entre l’Afrique du Ouest et le Pakistan ; j’avoue que certains jours je suis complètement découragé et je pense que jamais je ne comprendrais quoique ce soit à cette histoire.
Devant cette situation, Je pense à ce réalisateur de documentaire qui est parti six mois en Corée du Nord avec une bonne connaissance du pays et qui st rentré en disant qu’après six mois passé à y explorer ce qu’il pouvait, il avait l’impression de ne plus rien comprendre et que ce qu’il y avait vu invalidait tout ce qu’il avait appris avant son voyage !
Pour ma part :
– toujours cet énorme problème qui consiste à réunir dans la même explication les combattants de l’EI, les habitants de Mossoul en Irak qui y seraient sympathiques, puis les Syriens et par je ne sais quelle extension les jeunes occidentaux qui rejoignent ces groupes (certain jihadologue de pacotille t’y mettant aussi la « rue sunnite » du Liban). Du coup le texte commence par critiquer la « naïveté » d’Olivier Roy, alors que celui-ci restreint clairement son éditorial de fin 2015 aux « jeunes Français, à savoir des “deuxième génération” musulmans et des convertis “de souche” », en lui opposant des citations d’habitants de Mossoul.
– absence totale de questions géopolitiques (en général, quand on réclame la prise en compte des magouilles géopolitiques locales, régionales et globales, on se fait soit traiter de complotiste influencé par des complotistes arabes… ou alors on se fait imposer des lectures sur l’islam politique simplistes – se résumant régulièrement à la notion de « sunnites humiliés ») ; on reste au mythe du « mouvement grassroot », comme si aucun État local/régional/global n’avait soutenu, organisé, armé, manipulé ces groupes ou les groupes dont ils sont les héritiers ; (l’article, d’ailleurs, fait la comparaison avec une adhésion quasi-« spontanée » à un nazisme lui-même totalement déconnecté des enjeux politiques locaux, régionaux et internationaux de son époque) ;
– l’aspect « mouvement révolutionnaire », pas faux sans doute, mais dans le même temps on rappelle que l’islam n’est pas l’explication, au motif que les jeunes occidentaux qui y vont n’ont qu’une connaissance très superficielle de l’islam (beaucoup n’ayant pas terminé « le Coran pour les nuls »). Du coup, pourquoi l’argument de l’adhésion à un projet révolutionnaire serait plus pertinente que l’autre, notamment avec cette façon de mettre dans le même sac les sunnites irakiens, les radicaux syriens et les jeunes occidentaux (dont une grosse partie de convertis et certains qui ont fait l’université) ? L’article fait des comparaisons historiques avec des mouvements politiques qui avaient soit une très lourde théorie à connaître (le texte prétendant d’ailleurs que les révolutions européennes, à partir d’un certain moment, n’étaient plus menées que par des jeunes intellectuels), soit l’immersion longue dans un environnement social et discursif explicatif… pour arriver à des jeunes pas foutus de connaître l’islam dont ils se revendiquent pourtant, qui vont imposer leur fantasme à la population d’un pays étranger, beaucoup n’étant pas baignés dans un environnement social et discursif en rapport avec la cause.
– pas de mentions des processus de légitimation et de soutien dans nos propres sociétés, au sommet de nos propres États et par les puissances locales/régionales/globales, de cette « révolution ». Et cela aussi bien chez les « blogueurs influents » du réseau, chez les universitaires dont la narrative a dominé lourdement notre couverture des révolutions arabes, et chez nos gouvernants totalement alignés sur ces grandes démocraties exportatrices de pétrole et de wahhabisme ainsi que sur les intérêts et lubies israéliennes.
Je n’ai pas lu le texte de Scott Atran. Toutefois ce que je remarque, après avoir écouté le débat sur F2 hier soir : c’est que dans tous les cas - débats, écrits, interwiews, etc- où des propos pertinents voisinent avec des banalités et même des conneries, il n’est jamais question d’argent. Jamais !
Ce qui m’amène à penser que, quand bien même les analyses réflexions sur le mécanisme d’attraction de l’EI sont très pertinentes - hier soir une femme responsable du service de « déradicalisation » a plutôt bien expliqué quels étaient les mécanismes psy mis en œuvre - et qui sont très élaborés, le système de recrutement est conçu par des types cultivés, formés à la manip - Enfermés que nous sommes du fait de la sidération provoquée par les images de violence, les attentats,.... nous restons à l’affût des seules réflexions sur l’attractivité.
Si nous reconsidérons la période nazie : Avons nous conscience de l’investissement financier des élites économiques dans sa promotion ? La presse, la corruption des dirigeants politiques et syndicaux, le financement des milices..etc..etc.
J’invite à écouter et lire Annie Lacroix Riz. Elle analyse très bien tout cela, à partir des faits.
Un complément intéressant (d’inspiration marxiste) au texte de Scott Atran : ▻http://seenthis.net/messages/457733
Rémi, tu évoques l’argent, mais il y a un point très prosaïque que j’ai oublié (c’est étonnant, parce que c’est un point que j’aime toujours rappeler que les gens commencent à prendre une trop belle hauteur de vue sur les motivations des types d’ISIS). C’est-à-dire qu’on occulte systématiquement des motivations pourtant importantes : tu auras un salaire (pas minable pour la région), tu auras une maison (confisquée à quelqu’un, c’est toujours très pratique de se débarrasser d’une partie de sa propre population), tu auras une femme de ménage gratuite qui fera aussi office d’esclave sexuelle.
Tout à fait ! Et le caractère de masse que prend cette « mise en place » - c’est le cas de le dire- pour des milliers de types, ça se chiffre à combien, et...évidemment : d’où vient le financement ? Il serait intéressant de chiffrer tout ce qui a été investi : les salaires, l’armement, la logistique militaire - munitions, transports etc.. , la communication -ça ça coûte un brin- etc... je suis sûr qu’on serait écoeurés !!!