person:aude v pas

  • Revenu garanti et violence de classe par @Aude_V
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Revenu-garanti-violence-de-classe
    Pas convaincue par la construction même de l’argumentaire. J’y trouve une tendance à la généralisation à partir de très peu d’observations de terrain et une négation du concept de choix. Si tu retires du RdB les vues libérales (collectiviser un socle de salaire payé par l’État en échange d’une baisse générale des revenus et la disparition de la solidarité nationale), il te reste le concept de choix. Dans ton argumentaire, le travail est émancipateur sauf pour les classes moyennes supérieures qui chouinent parce que c’est moins bien qu’avant. Le fait est que le travail est diversement émancipateur selon les situations. Avec un revenu de base suffisant, chacun est amené à s’interroger sur son propre rapport au travail. Il y a peut-être des cadres qui vont se barrer et des ouvriers qui vont rester. Je crois même qu’il y aurait un peu de tout. Ce qui compte, c’est d’avoir un outil de plus pour avoir le choix.
    Quant au regard et à l’usage que font les actifs sur les inactifs, l’existence même d’un revenu de base remettrait en question certaines hiérarchies et rapport au travail. Il y a de la stigmatisation, actuellement, des privés d’emploi, même est-ce que ça marcherait aussi bien avec la possibilité de s’engager dans des œuvres non marchandes collectives, comme on en voit beaucoup dans le monde du logiciel libre ?

    Je voudrais faire apparaître ici les violences de #classe qui sont à l’œuvre dans certaines critiques du travail. J’ai acheté à sa publication en poche un recueil d’articles de Jacques Ellul : Pour qui, pour quoi travaillons-nous ? Et puis je me suis dit qu’un prof de fac n’avait pas à faire la leçon sur le sujet à une chômeuse de très longue durée. D’autant moins quand le dit prof de fac est capable de publier un texte dans lequel il se met en scène en femme et explique quelle joie est la sienne au retour de son mari à se mettre à genoux à ses pieds pour lui glisser de confortables pantoufles (c’est dans Exégèse des nouveaux lieux communs, mais je tire l’exemple des pantoufles de représentations qui datent de la même époque). Il est évident que les bons petits plats ne seront plus au menu si madame travaille. Quelle critique du travail peut-on décemment mener quand non seulement on en tire personnellement des bénéfices qu’on n’abandonnera pas, mais quand ces bénéfices sont plus nombreux si les autres ne travaillent pas ?

    #RdB