person:chris hedges

  • De la “décadence (accélérée) de la vérité”
    http://www.dedefensa.org/article/de-la-decadence-acceleree-de-la-verite

    De la “décadence (accélérée) de la vérité”

    Chris Hedges est un drôle de citoyen, ou disons un citoyen intéressant. Il est citoyen américain mais nous dirions pas qu’il est américaniste, absolument pas, bien qu’il le soit un tout petit peu dans les derniers fondements de son idéal. On ne se refait pas et c’est d’ailleurs inutile car il faut savoir assumer d’être soi ; Chris Hedges parle donc rude et le mot “ordure” caractérisant l’information actuelle de la presseSystèmene vient pas de nous mais de lui, dans tous les cas est-ce ainsi que nous avons sagement et justement traduit “garbage” (« We spent years watching CNN and MSNBC promoting this conspiracy theory that Trump was a Kremlin agent… It was all garbage but it attracted viewers. »)

    Hedges est “de gauche”, sans aucun doute, mais certainement pas de (...)

  • La caricature de guerre de Peter Jackson. Par Chris Hedges
    https://www.les-crises.fr/la-caricature-de-guerre-de-peter-jackson-par-chris-hedges

    Lorsque le réalisateur-producteur Peter Jackson commence « They Shall Not Grow Old » [« Ils ne vieilliront pas », NdT] , un film sur la Première Guerre mondiale qui transforme miraculeusement les images d’archives en noir et blanc granuleuses et tremblotantes de la guerre en un spectacle moderne 3D en couleurs, il nous bombarde des clichés utilisés pour ennoblir les guerres. Les anciens combattants, sur fond musical, disent des choses comme « Je ne l’aurais pas manqué », « Je recommencerais parce que j’ai aimé la vie militaire » et « Ça a fait de moi un homme ». Après la guerre, trouver la minuscule minorité d’anciens combattants prêts à dire de telles idioties a dû demander un certain effort. La vie militaire est une forme de servitude, l’exposition prolongée au combat vous laisse brisé, marqué à vie par les traumatismes et souvent si engourdi que vous avez des difficultés à communiquer avec les autres, et la dernière chose que la guerre fait est de faire de vous un homme.

    Des commentaires aussi insipides ont défini la perception de la guerre à la maison. L’affrontement entre une population civile qui considérait la guerre comme « une sorte de camp de vacances en plein air » et ceux qui l’ont vécue a creusé un fossé profond. Le poète Charles Sorley a écrit : « J’aimerais tant tuer le premier responsable de la guerre ». Et le journaliste et auteur Philip Gibbs a noté que les soldats avaient une haine profonde des civils qui croyaient aux mensonges. « Ils détestaient les femmes souriantes dans la rue. Ils détestaient les vieillards. … Ils voulaient que les profiteurs meurent à cause des gaz toxiques. Ils ont prié Dieu pour que les Allemands envoient des Zeppelins en Angleterre, pour que le peuple sache ce que signifie la guerre. »

    Des études militaires ont déterminé qu’après 60 jours de combat continu, 98 pour cent de ceux qui survivent seront victimes de troubles psychiatriques. Le trait commun parmi les 2 pour cent qui ont pu endurer un combat soutenu était une prédisposition à avoir des « personnalités psychopathes agressives ». Le lieutenant-colonel David Grossman a écrit : « On n’est pas trop à coté de la plaque en observant qu’il y a quelque chose au sujet du combat continu et inévitable qui rendra fou 98 pour cent de tous les hommes, et les 2 pour cent restants étaient déjà fous à leur arrivée. »

  • #Trump et le coup d’État des #multinationales

    Comment Donald Trump a-t-il conquis la Maison-Blanche ? Au travers d’analyses d’observateurs et de paroles d’électeurs, Fred Peabody dessine le saisissant portrait d’une démocratie confisquée.

    Et si le 45e président des États-Unis n’était pas le symbole d’une ère nouvelle, mais au contraire l’aboutissement d’un processus entamé depuis de longues années ? Alors que la journaliste canadienne Naomi Klein a récemment comparé l’administration Trump à un « coup d’État des grandes entreprises », son compatriote philosophe John Saul (Mort de la globalisation, éd. Payot) estime, lui, que la confiscation de la démocratie et des biens publics par les intérêts privés a débuté dès la fin des années 1970, la première élection de Ronald Reagan en 1981 la rendant effective. Sa théorie du « coup d’État au ralenti » a notamment inspiré le journaliste Chris Hedges dans son analyse de l’état de l’Amérique. Pour lui, et certains de ses pairs, également interviewés ici, l’élection de Donald Trump ne constitue que le dernier rebondissement, le plus visible sans doute, d’une dérive à laquelle ses prédécesseurs démocrates, Bill Clinton et Barack Obama, ont activement prêté la main. Des pans entiers de la population américaine, notamment dans les anciennes régions ouvrières, ont ainsi été délibérément sacrifiés par les élites au nom de la libéralisation du marché, et la crise de 2008 a contribué à accélérer cet abandon.

    Outsiders
    En écho à ces réquisitoires très argumentés, le réalisateur Fred Peabody (Tous les gouvernements mentent) explore ainsi les villes dévastées de Camden (New Jersey) et de Youngstown (Ohio), anciens bastions industriels livrés au chômage et à la misère, où des sans-abri, citoyens jadis prospères, campent à deux pas de rangées de maisons murées. Et c’est l’aspect le plus passionnant, et le plus novateur, de son film, que de donner la parole à des électeurs de Trump qui, ni haineux, ni racistes, ni religieux fanatiques, expliquent pourquoi ils n’ont pu se résoudre, une fois de plus, à voter pour un parti qui les a rayés de la carte sans sourciller. Sans illusion sur Trump, ils lui reconnaissent une seule vertu : celle de l’outsider, méprisé comme eux par les politiciens professionnels et les médias. De Washington à la Rust Belt, la « ceinture de rouille », cette balade dans une Amérique oubliée fait puissamment écho à l’actualité française.


    https://www.arte.tv/fr/videos/084760-000-A/trump-et-le-coup-d-etat-des-multinationales
    #coup_d'Etat #USA #Etats-Unis #corporation #coup_d'Etat_permanent #impôts #fiscalité #élite #pouvoir_économique #démocratie #groupes_d'intérêt #intérêt_personnel #Mussolini #fascisme #corporatisme #propagande #médias #presse #lobby #Camden (New Jersey) #pauvreté #SDF #sans-abris #sans-abrisme #villes-fantôme #capitalisme #ghost-city #pillage #Youngstown (Ohio) #sidérurgie #industrie_sidérurgique #acierie #désindustrialisation #Rusting_belt #délocalisation #chômage #drogue #Manifeste_Powell #inégalités #richesse #pauvreté #ALENA #traité_de_libre-échange #accords_de_libre-échange #syndicats #prisons #privatisation_des_prisons #emprisonnement #divisions #diviser_pour_régner #racisme #sexisme #patriarcat #film #documentaire #film_documentaire

  • #collapsologie en mode administration du désastre parce que ce terme est tellement galvaudé qu’il est devenu le “backdoor” de tous les suppôts du productivisme en mode “globalized” qui nous enjoignent de devenir “résilients”. La “résilience” est un vaste enfumage, seule la Résistance paiera.

    Un texte de Nicolas Casaux (Deep Green Resistance) #DGR qui commence par cette introduction :

    J’ai récemment proposé une tribune à Reporterre. Elle ne leur a pas plu. Je la publie donc ici avec, en complément, un passage rapidement traduit du dernier livre de Theodore Kaczynski, Anti-Tech Revolution, Why and How ? [Révolution anti-tech, pourquoi et comment  ?], qui rejoint l’objet de ma tribune.

    Le ton est donné, je vous livre la suite :

    http://partage-le.com/2019/02/sauver-la-civilisation-sauver-le-monde-regler-tous-nos-problemes-etc

    • Pour mémoire (la mienne, œuf corse) la bio de Theodore Kaczinsky (alias « Unabomber ») : https://fr.wikipedia.org/wiki/Theodore_Kaczynski

      Bien évidemment, les technophiles ne parviendront pas à « déterminer les avancées » du progrès technique, ni à s’assurer qu’elles « améliorent la société » et soient amicales envers les humains. Sur le long terme, les avancées technologiques seront « déterminées » par les luttes de pouvoir intestines entre les différents groupes qui développeront et utiliseront la technologie à seule fin d’obtenir plus de pouvoir. […]

    • Et donc, suite à la lecture de la « fiche » du bonhomme sus-cité (wow !), j’en conclus que la « deep green resistance » fait fausse route si elle n’a à nous proposer comme référence que ce genre d’allumé. Il faudra que j’en parle à Nicolas Casaux (quand j’aurai un moment).

    • " Pourquoi l’avenir n’a pas besoin de nous ". Par Bill Joy

      L’avis du co-fondateur et Directeur Scientifique de Sun Microsystems, et coauteur de La Spécification du Langage Java sur les prévisions de Theodore Kaczinsky :

      « Je ne suis aucunement un apologiste de Kaczynski. Ses bombes ont tué trois personnes pendant une campagne de terreur de 17 ans et ont blessé plusieurs autres. Une de ses bombes a gravement blessé mon ami David Gelernter, un des informaticiens les plus brillants et les plus visionnaires de notre temps. Comme beaucoup de mes collègues, j’ai senti que j’aurais facilement pu être la cible suivante d’ Unabomber.

      Les actions de Kaczynski étaient meurtrières et, à mon avis, d’un fou criminel. Il est clairement un Luddite, mais se limiter à cette affirmation n’écarte pas son argument ; aussi difficile qu’il soit pour moi de le reconnaître, il y a un certain mérite dans le raisonnement de ce passage. Je me suis senti contraint d’y faire face. »

      https://enuncombatdouteux.blogspot.com/2010/06/pourquoi-lavenir-na-pas-besoin-de-nous_24.html

    • Pas de problème @sinehebdo ça mérite d’être mentionné dans cette compilation (travaux de compilations pour lesquels on ne te remerciera jamais assez) et ça mérite qu’on en reparle ici même parce que, je sais pas vous, mais ça me laisse un peu perplexe, toute cette comm’ de Nicolas Casaux. Enfin, je suis peut-être parano ...

    • @sinehebdo J’ai envie de supprimer cette discussion parce qu’elle ne débouchera sur rien et que la problématique que j’ai évoquée plus haut me prend la tête. J’ai écrit à Nicolas Casaux par le biais de sa page Facebook. Les réponses (la sienne plus celle d’un autre participant) que j’ai eues ne me satisfont pas vraiment, pour ne pas dire pas du tout, à part des recommandations à lire certains livres. Pourrais-tu éditer ton post où tu mentionnes cette discussion et en remplacer le lien
      (https://seenthis.net/messages/680147#message760828) par celui qui mène directement à l’article de Nicolas Casaux sur son site partage-le.com ?

    • Oui, on peut lire ce qu’il a écrit. Et je me reconnais dans ses idées mais pas dans ses actes. Et non, je ne crains pas qu’il sorte un jour de sa prison ou envoie des porte-flingues pour me butter. Il paie sa dette à la société ? Très bien. Seulement, comme je l’ai écrit à N. Casaux :

      je ne peux m’empêcher de penser que Kaczynski était un meurtrier. Vous me rétorquerez peut-être que c’était pour une « juste cause ». Mais à mon avis, la plus juste et plus noble des causes ne justifie pas que l’on use de tels procédés pour la défendre. Oui, on peut être amené à tuer pour défendre sa propre vie ou celle de ses proches mais ici, nous avons à faire à autre chose : une personnalité au mental perturbé reclus dans une cabane isolée et lui-même coupé de toute vie sociale qui fomente ses mauvais coups pour se venger de qui ou de quoi : du mauvais sort que lui a réservé la vie ? Alors il est vrai que je n’ai pour info que celles livrées par Wikipédia. Ce n’est peut-être pas objectif. Éclairez-moi je vous prie car lorsque vous mettez en exergue ce genre d’auteur emprisonné depuis 20 ans et qui parvient tout de même à faire sortir ses publications de son cachot hautement sécurisé, je ressens comme une sorte de blocage.

      C’est une sorte d’empêchement « moral » à cautionner ce qui a été publié sur partage-le.com et ses avatars facebookiens.
      mais bon, ceci dit, je peux aussi me désabonner de la page de Casaux sur Facebook. J’aurais peut-être dû commencer par là d’ailleurs. Par contre il n’est pas trop tard pour le faire.

    • Euh tu fais ce que tu veux sur tes fils hein, mais concrètement c’est quoi l’intérêt de supprimer un seen comme ça ? C’est pas juste une conversation, avant tout seenthis sert à référencer des contenus, faire de la veille, et là bah c’est un article parmi d’autres sur le sujet, et gardé en mémoire par 10 autres personnes. Donc pourquoi le supprimer ?

    • Voir ma réponse ci-avant @rastapopoulos mais sinon, je peux supprimer juste le baratin (le mien, j’entends ainsi que les réponses qui lui ont été apportées) qui pollue le seen. C’est toujours possible, me semble-t-il. Par contre, c’est vrai que j’avais oublié le but premier de Seenthis, à savoir référencer des infos et éviter de faire part de ses états d’âmes. Cela m’a déjà été reproché. So sorry ...

    • Bah non chacun fait part de ses commentaires… ou pas. Chacun fait ce qu’il veut. On l’utilise comme bon nous semble, c’est un outil protéiforme. Mais de mon point de vue, une fois qu’on a référencé un contenu sur internet et qu’il a eut l’air d’intéresser plusieurs personnes (en bien ou en mal, mais qui ont pensé que c’était intéressant de le garder en mémoire), alors c’est un peu dommage ensuite de le supprimer. Ce qui n’empêche ni de supprimer des commentaires ou de les modifier pour enlever ou changer des phrases.

    • Salut @Sombre.
      Pour avoir tenté de discuter plusieurs fois avec Nicolas Casaux, en particulier sur des écrits où il fait de la transphobie au prétexte que les trans demandent les mêmes droits à la procréation assistée et favorisent la marchandisation du corps, reprenant le discours de certains chez Deep Green Résistance, je te confirme qu’il a basculé du côté obscur du mec qui adore s’écouter « penser » en public sur facebook quitte a dire des énormités.
      Je l’ai viré de ma liste des gens éclairants et, s’ il continue, il rejoindra celle des confusionistes puisque son explication était qu’il se basait sur la définition anglaise de la trans-identité... je vous laisse juges de l’argument mais pour moi c’est de la fumisterie.

    • Ce que je voulais dire c’est qu’il est parfois intéressant de lire des textes de personnes qu’on désapprouve par ailleurs, et c’est encore mieux si on fait précéder ce texte de réserves, d’un commentaire, d’une mise en contexte, d’une mise en garde, un peu comme tu fais ici, et c’est très bien comme ça, non ?

    • @val_k qui dit que :

      Pour avoir tenté de discuter plusieurs fois avec Nicolas Casaux, en particulier sur des écrits où il fait de la transphobie au prétexte que les trans demandent les mêmes droits à la procréation assistée et favorisent la marchandisation du corps, reprenant le discours de certains chez Deep Green Résistance, je te confirme qu’il a basculé du côté obscur du mec qui adore s’écouter « penser » en public sur facebook quitte a dire des énormités.

      Je connaissais son point de vue sur la question. Bon, en tout cas, comme ce n’est pas vraiment son domaine d’expertise, je ne m’étais pas focalisé plus que ça sur son avis. Pour ce qui est du « reste », euh ... force est de constater que tu n’as pas tout à fait tort, au vu de la réponse qu’il a adressée à mon commentaire sur sa page FB.
      Et sinon, quand on veut de la doc sur un sujet précis, il faut bien reconnaître qu’on l’obtient assez rapidement ici. Et donc, merci à toutes celles et tous ceux qui documenteront ce fil de discussion mais sans tomber dans une exégèse de la « pensée Kaczynski »

    • " La nef des fous " par Théodore Kaczynski ( 1999 )
      http://enuncombatdouteux.blogspot.com/2016/12/la-nef-des-fous-par-theodore-kaczynski.html

      Il était une fois un navire commandé par un capitaine et des seconds, si vaniteux de leur habileté à la manœuvre, si pleins d’hybris et tellement imbus d’eux-mêmes, qu’ils en devinrent fous. (...)
      Le mousse se racla la gorge :
      -- Hem. Vous avez tous de bonnes raisons de vous plaindre. Mais il me semble que ce qui est vraiment urgent c’est de virer de bord et de mettre le cap au sud, car si nous continuons d’aller vers le nord, nous sommes sûrs de faire naufrage tôt ou tard, et alors vos salaires, vos couvertures et votre droit à sucer des bites ne vous serviront à rien, car nous serons tous noyés.
      Mais personne ne lui prêta la moindre attention : ce n’était que le mousse. (...)
      Mais comparées à notre vrai problème – le fait que le navire continue vers le nord – vos réclamations sont mineures et insignifiantes, parce que si nous ne virons pas bientôt de bord, nous allons tous sombrer avec le navire.
      -- Fasciste ! dit le professeur.
      -- Contre-révolutionnaire ! s’écria la passagère.
      Et l’un après l’autre, tous les passagers et membres de l’équipage firent chorus, traitant le mousse de fasciste et de contre-révolutionnaire. Ils le repoussèrent et se remirent à maugréer à propos des salaires, des couvertures à donner aux femmes, du droit de sucer des bites et de la manière dont on traitait le chien.
      Le navire continua sa route vers le nord, au bout d’un moment il fut broyé entre deux icebergs. Tout le monde se noya.

    • 8 février 2010.
      Christopher Lynn Hedges (né le 18 septembre 1956 à Saint-Johnsbury, au Vermont) est un journaliste et auteur américain. Récipiendaire d’un prix Pulitzer, Chris Hedges fut correspondant de guerre pour le New York Times pendant 15 ans. Reconnu pour ses articles d’analyse sociale et politique de la situation américaine, ses écrits paraissent maintenant dans la presse indépendante, dont Harper’s, The New York Review of Books, Mother Jones et The Nation. Il a également enseigné aux universités Columbia et Princeton. Il est éditorialiste du lundi pour le site Truthdig.com.

      Nous sommes à l’orée d’un des moments les plus dangereux de l’humanité…

      Aleksandr Herzen, s’adressant, il y a un siècle, à un groupe d’anarchistes qui voulaient renverser le Tsar, leur rappela qu’il n’était pas de leur devoir de sauver un système mourant, mais de le remplacer : « Nous pensons être les médecins. Nous sommes la maladie ». Toute résistance doit admettre que le corps politique et le capitalisme mondialisé sont morts. Nous devrions arrêter de perdre notre énergie à tenter de les réformer ou à les supplier de bien vouloir changer. Cela ne signifie pas la fin de la résistance, mais cela implique de toutes autres formes de résistance. Cela implique d’utiliser notre énergie pour construire des communautés soutenables qui pourront affronter la crise qui se profile, étant donné que nous serons incapables de survivre et de résister sans un effort coopératif.

      Ces communautés, si elles se retirent de façon purement survivaliste sans tisser de liens entre elles, à travers des cercles concentriques formant une communauté étendue, seront aussi ruinées spirituellement et moralement que les forces corporatistes déployées contre nous. Toutes les infrastructures que nous édifions, tels les monastères du Moyen-âge, devraient chercher à maintenir en vie les traditions artistiques et intellectuelles qui rendent possible la société civile, l’humanisme et la préservation du bien commun. L’accès à des parcelles de terres cultivables deviendra essentiel. Nous devrons comprendre, comme les moines médiévaux, que nous ne pouvons pas altérer la culture plus large, qui nous englobe, au moins à court terme, mais que nous devrions être en mesure de conserver les codes moraux et la culture pour les générations qui viendront après nous. La résistance sera réduite à de petits et souvent imperceptibles actes de désobéissance, comme l’ont découvert ceux qui ont conservé leur intégrité durant les longues nuits du fascisme et du communisme du 20ème siècle.

      Nous sommes à la veille d’une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’humanité, à la veille de l’extinction des lumières d’une civilisation, et nous allons entamer une longue descente, qui durera des décennies, sinon des siècles, vers la barbarie. Les élites nous ont effectivement convaincu du fait que nous ne sommes plus aptes à comprendre les vérités révélées qui nous sont présentées, ou à combattre le chaos entrainé par la catastrophe économique et environnementale. Tant que la masse de gens effrayés et désorientés, gavée d’images permettant son hallucination perpétuelle, demeure dans cet état de barbarie, elle peut périodiquement se soulever avec une furie aveugle contre la répression étatique croissante, la pauvreté étendue et les pénuries alimentaires. Mais la capacité et la confiance nécessaires pour remettre en question et défier à petite et grande échelle les structures de contrôle lui feront défaut. Le fantasme des révoltes populaires étendues et des mouvements de masse renversant l’hégémonie de l’État capitaliste n’est que ça : un fantasme.

      Mon analyse se rapproche de celles de nombreux anarchistes. Mais il y a une différence cruciale. Les anarchistes ne comprennent pas la nature de la violence [Pas d’accord du tout avec ce passage et ces déclarations sur « la violence » et « les anarchistes », la violence (définit comme l’utilisation de la force, ou la lutte armée) est une tactique de lutte, elle peut être complémentaire de la non-violence, les deux ne s’excluent pas mutuellement, Chris Hedges se contredit d’ailleurs puisque dans plusieurs articles très récents il incite à l’insurrection et à des « formes de résistance physique », NdT]. Ils comprennent l’étendue de la putréfaction de nos institutions culturelles et politiques, ils comprennent la nécessité de sectionner les tentacules du consumérisme, mais pensent naïvement que cela peut être accompli par des formes de résistance physique et des actes de violence. Il y a des débats au sein du mouvement anarchiste — comme celui sur la destruction de la propriété — mais lorsque vous commencez à utiliser des explosifs, des innocents commencent à mourir. Et lorsque la violence anarchique commence à perturber les mécanismes de gouvernance, l’élite au pouvoir utilisera ces actes, aussi anodins soient-ils, comme une excuse pour déployer une quantité disproportionnée et impitoyable de force contre des agitateurs suspectés et avérés, ce qui ne fera qu’alimenter la rage des dépossédés.

      Je ne suis pas un pacifiste. Je sais qu’il y a des périodes, et j’admets qu’il est possible que celle-ci en soit une, où les êtres humains sont obligés de riposter contre la répression croissante par la violence. J’étais à Sarajevo durant la guerre de Bosnie. Nous savions exactement ce que les forces serbes entourant la ville nous feraient si elles parvenaient à percer les défenses et systèmes de tranchées de la ville assiégée. Nous connaissions l’exemple de la vallée de Drina ou de la ville de Vukovar, ou un tiers des habitants musulmans avaient été tués, et le reste regroupé dans des camps de réfugiés ou de déplacés. Il y a des moments où le seul choix qui reste, c’est de prendre les armes pour défendre votre famille, votre quartier, votre ville. Mais ceux qui se sont avérés les plus aptes à défendre Sarajevo provenaient invariablement des milieux criminels. Lorsqu’ils ne tiraient pas sur les soldats serbes, ils pillaient les appartements des Serbes ethniques de Sarajevo, les exécutaient parfois, et terrorisaient leurs camarades musulmans. Lorsque vous ingérez le poison de la violence, même au nom d’une juste cause, cela vous déforme, vous corrompt, vous pervertit. La violence est une drogue, c’est peut-être même le plus puissant narcotique qui soit pour l’espèce humaine. Les plus accros à la violence sont ceux qui ont accès à des armes et un penchant pour la force. Et ces tueurs émergent à la surface de tout mouvement armé et le contaminent à l’aide du pouvoir toxique et séduisant qui accompagne la capacité de détruire. J’ai observé cela, guerre après guerre. Lorsque vous empruntez ce chemin, vous finissez par confronter vos monstres aux leurs. Et le sensible, l’humain et le gentil, ceux qui ont une propension à protéger et prendre soin de la vie, sont marginalisés et souvent tués. La vision romantique de la guerre et de la violence est prévalente chez les anarchistes et la gauche profonde, comme dans la culture dominante. Ceux qui résistent par la force ne renverseront pas l’État capitaliste, et ne soutiendront pas les valeurs culturelles qui doivent être défendues, si nous voulons un futur qui vaille le coup d’être vécu.

      De mes nombreuses années en tant que correspondant de guerre au Salvador, au Guatemala, à Gaza et en Bosnie, j’ai appris que les mouvements de résistance armés sont toujours des produits mutants de la violence qui les a engendrés. Je ne suis pas naïf au point de penser qu’il aurait été possible pour moi d’éviter ces mouvements armés si j’avais été un paysan sans terre du Salvador ou du Guatemala, un Palestinien de Gaza ou un Musulman de Sarajevo, mais cette réponse violente à la répression est et sera toujours tragique. Elle doit être évitée, mais pas au prix de notre propre survie.

      Traduction de Nicolas Casaux sur son site : http://partage-le.com/2015/12/effondrement-du-systeme-point-zero-par-chris-hedges

      L’original en anglais : http://medialeft.org.uk/index.php?option=com_content&view=article&id=113:chris-hedges-zero-poi

      Par contre, ne cherchez pas la source d’origine : y a plus rien à voir ! ...

      Sur l’auteur de l’article : https://en.wikipedia.org/wiki/Chris_Hedges

    • Une fois qu’un travailleur est lié à une entreprise, il ou elle perd instantanément cette dignité, ce lien de subordination engendre la perte de son indépendance personnelle, surtout si l’emploi est temporaire, situé en bas de l’organigramme ou subalterne. Les relations ne sont plus libres et égales.

      « Quand les travailleurs vendent leur travail à un employeur, ils doivent se livrer à leur patron, qui peut ensuite leur donner des ordres », écrit Anderson. « Le contrat de travail, place le vendeur sous l’autorité de son patron ». Le travailleur satisfait aux exigences de la direction, qu’il n’est guère en mesure de remettre en question, ou sera réprimandé, rétrogradé, sanctionné ou renvoyé. Le chef d’entreprise exerce une autorité totale sur le travailleur. « L’exécution du contrat incarne une profonde asymétrie d’intérêts », écrit Anderson, « désormais, le travailleur devra travailler dans des conditions qui ne tiennent pas compte de ses intérêts mais de ceux du capitaliste ».

      Le néolibéralisme soutient que le choix se situe entre la loi du marché et le contrôle de l’État, alors que, comme l’écrit Anderson, « la plupart des adultes vivent leur vie professionnelle sous un troisième modèle : un gouvernement privé ». Le néolibéralisme soutient que l’essence de la liberté est la libre entreprise, sans jamais aborder la question de l’abandon des libertés fondamentales par les travailleurs.

  • Des LGTBQ à Gabbard, une féconde agitation
    http://www.dedefensa.org/article/des-lgtbq-a-gabbard-une-feconde-agitation

    Des LGTBQ à Gabbard, une féconde agitation

    On a vu hier, avec le cas de Chris Hedges face à Barnum-Trump, les contradictions considérables de la gauche qui s’affiche antiSystème, par rapport aux activités et aux choix du Système. (Le cas de Hedges est celui des USA mais le processus est largement partagé, – globalisation oblige, – par les gauches des pays du bloc-BAO.) Ces contradictions apparaissent en pleine lumière au cœur de la nébuleuse LGTBQ-élargie US, regroupant tous les mouvements sociétaux et communautaristes (féminisme, antiracisme, anti-antisémitisme, multiculturalisme, homosexualité, transgenrisme, etc.) prétendant lutter contre l’ordre établi, et éventuellement contre le Système pouyr l’affichage (référence antiSystème).

    Selon cette logique dévastatrice et autodestructrice, une cassure (...)

  • Le dilemme Barnum-Trump
    http://www.dedefensa.org/article/le-dilemme-barnum-trump

    Le dilemme Barnum-Trump

    Nous aimons bien Chris Hedges, – ou bien devrions-nous nuancer en écrivant “nous aimions bien”, partagés entre cette estime du passé qui reste justifiée, et le jugement plus nuancé auquel nous contraint, disons “le contexte du texte” de lui que nous passons ci-dessous. Dans tous les cas, nous avons déjà justifié cette estime dans, le passé, à différentes reprises, y compris lors de son entrée en 2016 à RT-USA, où il continue son émission On Contact.

    Le texte ci-dessous a été publié par Hedges sur le site Truthdig.com le 17 décembre 2018, traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr et publié sous cette forme le 18 janvier 2019. Il s’agit d’une critique fondamentale de Trump, du personnage, du caractère, et même du stéréotype auquel il renvoie que Hedges considère comme, (...)

  • Donald Trump’s endless lying is meant to undermine free thought and democracy — and lead us into fascism | Alternet
    https://www.alternet.org/donald-trumps-endless-lying-meant-undermine-free-thought-and-democracy-and

    In an age when speed overcomes thought, a culture of immediacy blots out any vestige of historical memory and markets replace social categories, language loses its critical moorings and becomes what Chris Hedges has called “a gift to demagogues and the corporations that saturate the landscape with manipulated images and the idiom of mass culture.”

    No longer a vehicle for critique, doubt or possibility, language in the age of Donald Trump upholds the cultural and political workstations of ignorance and paves the way for a formative culture ripe with the death-saturated practices and protocols of fascist politics. As a species of neoliberal fascism eradicates social bonds and democratic communal relations, vulgarity parades as political wisdom and moral cowardice becomes a mark of pride. In a neoliberal age that has a high threshold of disappearance, the sins of a Vichy-inspired history have returned and are deeply rooted in a Republican Party that is as criminogenic as it is morally irresponsible and politically corrupt.

    Trump thrives on promoting social divisions and often references violence as a means of addressing them.

    The language of compassion, community and vulnerability is erased from government media sites, as is any reference to climate change. References to compassion, the grammar of ethics, justice and democracy wither as the institutions that enable and promote them are defunded, corporatized or privatized. The language of egoism, self-interest, hyper-masculinity and a vapid individualism erase any reference to social bonds, public commitments, the public good and the commons. Even worse, under the blitz of a rhetoric of bigotry, hatred and dehumanization, the ability to translate private issues into lager systemic and public concerns is diminished. The language of fascism is now reinforced by a culture of immediacy, stupidity, ignorance and civic illiteracy, and as such promotes a culture in which the only obligation of citizenship is consumption and the only emotion worth investing in is unbridled anger largely directed at Blacks, undocumented immigrants, Muslims, and the oppositional media.

    The endless lying is about more than diversion or a perpetual motion machine of absurdist theater. It is also about creating a mediascape where morality disappears and a criminogenic culture of thuggery, corruption, white supremacy and violence flourishes — and democracy dies. History seems to be repeating itself in a script in which language collapses into an ecosystem of falsehoods, militarism and racism.

    Jason Stanley, in his book, “How Fascism Works,” argues that the 10 pillars of a fascist politics are alive and well in the United States. The pillars he points to are the mythic past, propaganda, anti-intellectualism, unreality, hierarchy, victimhood, law and order, sexual anxiety and appeals to the heartland.

    In an age when civic literacy and holding the powerful accountable for their action are dismissed as “fake news,” ignorance becomes a breeding ground not just for hate but also for a culture that represses historical memory, shreds any understanding of the importance of shared values, refuses to make tolerance a non-negotiable element of civic dialogue and allows the powerful to poison everyday discourse.

    The threads of a general political and ideological crisis run deep in American history. With each tweet and policy decision, Trump pushes the United States closer to a full-fledged fascist state. His words sting, but his policies can kill people. Trump’s endless racist taunts, dehumanizing expressions of misogyny, relentless attacks on all provisions of the social state and ongoing contempt for the rule of law serve to normalize a creeping fascist politics. Moreover, his criminogenic disdain for any viable sense of civic and moral responsibility gives new meaning to an ethos of a selfishness and a culture of cruelty, if not terror, that has run amok in the United States.

    Under Trump, violence defines the political sphere, if not politics itself, and has become a mythic force in which all meaning, desire, relations and actions are framed with a friend/enemy divide. This is the worldview of the demagogue, and points alarmingly to a resurgence of a fascist ideology updated for the 21st century. Trump’s rhetoric of hate resembles the Nazi obsession with the discourse of elimination, ritualistic acts aimed at purging critical thought and undermining informed judgment. This is the discourse of barbarians, and a petri dish for nourishing the virus of a fascist politics.

    Of course, Trump is not simply some eccentric clown who happened to be elected by a body of angry and desperate sleepwalking voters. He is symptomatic of a savage form of neoliberalism that over the past 40 years has promoted a war against the welfare state, the most vulnerable and those deemed excess while punishing everyone else with austerity policies that also made the financial elite richer and major corporations more powerful.

    The debris of violent shootings, racism, religious intolerance, the fog of celebrity culture and the destruction of civic culture has cast an apocalyptic shadow over the future of both democracy and the United States. Trump represents a ghost of the past, and we should be terrified of the way it emboldens and resonates with what is happening both in the United States and in other countries such as Brazil, Poland, Turkey and Hungary.

    Une charge précise et bienvenue par un auteur que je ne connaissais pas

    Henry A. Giroux currently holds the McMaster University Chair for Scholarship in the Public Interest in the English and Cultural Studies Department and a Distinguished Visiting Professorship at Ryerson University. His most recent books are America’s Education Deficit and the War on Youth (Monthly Review Press, 2013) and Neoliberalism’s War on Higher Education (Haymarket Press, 2014). His web site is https://www.henryagiroux.com .

  • La crucifixion de Julian Assange – Ce qui arrive à Assange devrait terrifier la presse (Truth Dig) – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/14/la-crucifixion-de-julian-assange-ce-qui-arrive-a-assange-dev

    Le silence sur le traitement d’Assange n’est pas seulement une trahison à son égard, mais une trahison de la liberté de la presse elle-même. Nous paierons cher cette complicité.

    L’asile de Julian Assange à l’ambassade d’Equateur à Londres s’est transformé en une petite boutique des horreurs. Au cours des sept derniers mois, il a été largement coupé de toute communication avec le monde extérieur. Sa nationalité équatorienne, qui lui a été accordée en tant que demandeur d’asile, est en cours de révocation. Sa santé s’est détériorée. On lui refuse l’accès à soins médicaux appropriés [ie à l’extérieur de l’ambassade – NdT]. Ses efforts pour obtenir réparation ont été paralysés par les « règles du bâillon » [« gag rules » – Une règle de bâillon est une règle qui limite ou interdit la discussion, la considération ou la discussion d’un sujet particulier par les membres d’un organe législatif ou exécutif. – NdT], y compris les ordres équatoriens lui interdisant de rendre publiques ses conditions de vie à l’intérieur de l’ambassade dans sa lutte contre la révocation de sa citoyenneté équatorienne.

    Le Premier ministre australien Scott Morrison a refusé d’intercéder en faveur d’Assange, un citoyen australien, même si le nouveau gouvernement équatorien, dirigé par Lenín Moreno – qui appelle Assange un « problème hérité » et un obstacle à de meilleures relations avec Washington – rend la vie du fondateur de WikiLeaks dans cette ambassade insupportable. Presque tous les jours, l’ambassade impose des conditions plus dures à Assange, notamment en lui faisant payer ses frais médicaux, en lui imposant des règles obscures sur la façon dont il doit prendre soin de son chat et en lui demandant d’effectuer diverses tâches ménagères dégradantes.

    Les Équatoriens, réticents à expulser Assange après lui avoir accordé l’asile politique et la citoyenneté, ont l’intention de rendre son existence si pénible qu’il accepterait de quitter l’ambassade pour être arrêté par les Britanniques et extradé vers les États-Unis. L’ancien président de l’Equateur, Rafael Correa, dont le gouvernement a accordé l’asile politique à l’éditeur, qualifie les conditions de vie actuelles d’Assange de « torture ».

    Sa mère, Christine Assange, a déclaré dans un récent appel vidéo : [L’auteur cite de longs extraits. Voir l’appel en entier et en français : https://www.legrandsoir.info/unity4j-christine-assange-lance-un-appel-… – NdT]

    Assange était loué et courtisé par certains des plus grands médias du monde, dont le New York Times et le Guardian, pour les informations qu’il possédait. Mais une fois que ses documents sur les crimes de guerre commis par les États-Unis, en grande partie fournis par Chelsea Manning, ont été publiés par ces médias, il fut mis à l’écart et diabolisé. Un document du Pentagone qui a fait l’objet d’une fuite et préparé par la Cyber Counterintelligence Assessments Branch (Direction du contre-espionnage cybernétique) du 8 mars 2008 a révélé une campagne de propagande visant à discréditer WikiLeaks et Assange. Le document dit que la campagne de diffamation doit chercher à détruire le « sentiment de confiance » qui est le « centre de gravité » de WikiLeaks et à salir la réputation d’Assange. Cela a largement fonctionné. Assange est particulièrement vilipendé pour avoir publié 70 000 courriels piratés appartenant au Comité national démocrate (DNC) et à de hauts responsables démocrates. Les démocrates et l’ancien directeur du FBI, James Comey, affirment que les courriels ont été copiés des comptes de John Podesta, chef de campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton, par des pirates du gouvernement russe. Comey a dit que les messages ont probablement été transmis à WikiLeaks par un intermédiaire. Assange a dit que les e-mails n’avaient pas été fournis par des « acteurs étatiques ».

    Le Parti démocrate, qui cherche à imputer sa défaite électorale à l’ » ingérence » russe plutôt qu’à la grotesque inégalité des revenus, à la trahison de la classe ouvrière, à la perte des libertés civiles, à la désindustrialisation et au coup d’Etat des entreprises que le parti a aidé à orchestrer, accuse Assange d’être un traître, bien qu’il ne soit pas un citoyen américain. Ni un espion. Et à ma connaissance, aucune loi ne lui interdit de publier les secrets du gouvernement US. Il n’a commis aucun crime. Aujourd’hui, les articles parus dans les journaux qui publiaient autrefois des articles de WikiLeaks mettent l’accent sur son comportement prétendument négligeant – ce qui n’était pas évident lors de mes visites – et sur le fait qu’il est, selon les mots du Guardian, « un invité indésirable » à l’ambassade. La question vitale des droits d’un éditeur et d’une presse libre a cédé le place à la calomnie contre la personne.

    Assange a obtenu l’asile à l’ambassade en 2012 afin d’éviter l’extradition vers la Suède pour répondre à des questions sur des accusations d’infractions sexuelles qui ont finalement été abandonnées. Assange craignait qu’une fois détenu par les Suédois, il soit extradé vers les États-Unis [un accord d’extradition entre la Suède et les Etats-Unis autorise l’extradition d’une personne comme simple « témoin » – NdT]. Le gouvernement britannique a déclaré que, bien qu’il ne soit plus recherché pour interrogatoire en Suède, Assange sera arrêté et emprisonné s’il quitte l’ambassade pour avoir violé les conditions de sa libération sous caution.

    WikiLeaks et Assange ont fait plus pour dénoncer les sombres machinations et crimes de l’Empire américain que toute autre organisation de presse. Assange, en plus de dénoncer les atrocités et les crimes commis par l’armée américaine dans nos guerres sans fin et de révéler les rouages internes de la campagne Clinton, a rendu publics les outils de piratage utilisés par la CIA et la NSA, leurs programmes de surveillance et leur ingérence dans les élections étrangères, notamment les élections françaises. Il a révélé le complot contre le chef du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn par des députés travaillistes au Parlement. Et WikiLeaks s’est rapidement mobilisé pour sauver Edward Snowden, qui a exposé la surveillance totale du public américain par le gouvernement, de l’extradition vers les États-Unis en l’aidant à fuir Hong Kong pour Moscou. Les fuites de Snowden ont également révélé, de façon inquiétante, qu’Assange était sur une « liste de cibles d’une chasse à l’homme » américaine.

    Ce qui arrive à Assange devrait terrifier la presse. Et pourtant, son sort se heurte à l’indifférence et au mépris sarcastique. Une fois expulsé de l’ambassade, il sera jugé aux États-Unis pour ce qu’il a publié. Cela créera un précédent juridique nouveau et dangereux que l’administration Trump et les futures administrations utiliseront contre d’autres éditeurs, y compris ceux qui font partie de la mafia qui tentent de lyncher Assange. Le silence sur le traitement d’Assange n’est pas seulement une trahison à son égard, mais une trahison de la liberté de la presse elle-même. Nous paierons cher cette complicité.

    Même si ce sont les Russes qui ont fourni les courriels de Podesta à Assange, il a eu raison de les publier. C’est ce que j’aurais fait. Ces courriers ont révélé les pratiques de l’appareil politique Clinton qu’elle et les dirigeants démocrates cherchaient à cacher. Au cours des deux décennies où j’ai travaillé en tant que correspondant à l’étranger, des organisations et des gouvernements m’ont régulièrement divulgué des documents volés. Ma seule préoccupation était de savoir si les documents étaient authentiques ou non. S’ils étaient authentiques, je les publiais. Parmi ceux qui m’en ont transmis, il y avait les rebelles du Front de Libération Nationale Farabundo Marti (FMLN) ; l’armée salvadorienne, qui m’a un jour donné des documents du FMLN ensanglantés trouvés après une embuscade, le gouvernement sandiniste du Nicaragua ; le Mossad, le service de renseignement israélien ; le FBI ; la CIA ; le groupe rebelle du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ; l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ; le service de renseignement français, la Direction générale de la sécurité extérieure, ou DGSE ; et le gouvernement serbe de Slobodan Milosovic, qui a ensuite été jugé comme un criminel de guerre.

    Nous avons appris par les courriels publiés par WikiLeaks que la Fondation Clinton a reçu des millions de dollars de l’Arabie saoudite et du Qatar, deux des principaux bailleurs de fonds de l’État islamique. En tant que secrétaire d’État, Hillary Clinton a remboursé ses donateurs en approuvant la vente de 80 milliards de dollars d’armes à l’Arabie saoudite, ce qui a permis au royaume de mener une guerre dévastatrice au Yémen qui a déclenché une crise humanitaire, notamment une grave pénurie alimentaire et une épidémie de choléra, et fait près de 60 000 morts. Nous avons appris que Clinton avait touché 675 000 $ pour une conférence chez Goldman Sachs, une somme si énorme qu’elle ne peut être qualifiée que comme un pot-de-vin. Nous avons appris que Mme Clinton avait dit aux élites financières, lors de ses entretiens lucratifs, qu’elle voulait » l’ouverture du commerce et des frontières » et qu’elle croyait que les dirigeants de Wall Street étaient les mieux placés pour gérer l’économie, une déclaration qui allait directement à l’encontre de ses promesses électorales. Nous avons appris que la campagne Clinton avait pour but d’influencer les primaires républicaines pour s’assurer que Donald Trump était le candidat républicain. Nous avons appris que Mme Clinton avait obtenu à l’avance les questions posées lors du débat pendant les primaires. Nous avons appris, parce que 1 700 des 33 000 courriels provenaient d’Hillary Clinton, qu’elle était l’architecte principale de la guerre en Libye. Nous avons appris qu’elle croyait que le renversement de Moammar Kadhafi lui permettrait d’améliorer ses chances en tant que candidate à la présidence. La guerre qu’elle a voulu a plongé la Libye dans le chaos, vu la montée au pouvoir des djihadistes radicaux dans ce qui est aujourd’hui un État en déliquescence, déclenché un exode massif de migrants vers l’Europe, vu les stocks d’armes libyens saisis par des milices rebelles et des radicaux islamiques dans toute la région, et fait 40 000 morts. Cette information aurait-elle dû rester cachée ? Vous pouvez dire oui, mais dans ce cas vous ne pouvez pas vous qualifier de journaliste.

    « Ils sont en train de piéger mon fils pour avoir une excuse pour le livrer aux États-Unis, où il fera l’objet d’un simulacre de procès« , a averti Christine Assange. « Au cours des huit dernières années, il n’a pas eu accès à un processus juridique approprié. A chaque étape, c’est l’injustice qui a prévalu, avec un énorme déni de justice. Il n’y a aucune raison de penser qu’il en sera autrement à l’avenir. Le grand jury américain qui produit le mandat d’extradition se tient en secret, a quatre procureurs mais pas de défense ni de juge.

    Le traité d’extradition entre le Royaume-Uni et les États-Unis permet au Royaume-Uni d’extrader Julian vers les États-Unis sans qu’il y ait de preuve prima facie. Une fois aux États-Unis, la National Defense Authorization Act permet la détention illimitée sans procès. Julian risque d’être emprisonné à Guantánamo Bay et torturé, d’être condamné à 45 ans de prison de haute sécurité, ou la peine de mort.« 

    Assange est seul. Chaque jour qui passe lui est plus difficile. C’est le but recherché. C’est à nous de protester. Nous sommes son dernier espoir, et le dernier espoir, je le crains, pour une presse libre.

    Chris Hedges

    Chris Hedges, a passé près de deux décennies comme correspondant à l’étranger en Amérique centrale, au Moyen-Orient, en Afrique et dans les Balkans. Il a fait des reportages dans plus de 50 pays et a travaillé pourThe Christian Science Monitor, National Public Radio, The Dallas Morning News et The New York Times, pour lesquels il a été correspondant à étranger pendant 15 ans.

    Traduction « il y aura des comptes à rendre » par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles » »https://www.truthdig.com/articles/crucifying-julian-assange/URL de cet article 34082 
    https://www.legrandsoir.info/la-crucifixion-de-julian-assange-ce-qui-arrive-a-assange-devrait-terri