person:henri guillemin

  • POUR LA MARSEILLAISE LE PEUPLE N’EST QUE DE LA CHAIR À CANON !

    L’hymne national sera toujours le chant de la soumission à cette république bourgeoise qui nous exploite, nous impose sa dictature économique qui nous traine dans la misère pour les profits exorbitants de quelques milliardaires. Pour ne pas être récupéré par ce monde immonde qui nous saigne, laissons tomber pour de bon cet hymne et son drapeau ! Se soumettre ou se révolter on n’a plus d’autre choix !
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    LA MARSEILLAISE C’EST LA GUERRE
    (La bourgeoisie contre le mouvement populaire)

    « Ce que je regrette, c’est que nos soldats n’aient pas un chant de guerre bien à eux pour courir sus à l’ennemi », se plaint le baron Frédéric de Dietrich, le maire de Strasbourg, à ses invités réunis dans son salon où se croisent les notables de la ville et des militaires, dont un jeune capitaine, Rouget de Lisle… Il règne dans cette auguste assemblée une atmosphère de fête car est arrivée la bonne nouvelle tant espérée : le 20 avril 1792, la France a déclaré la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie » (soit, en substance, aux deux autres grandes puissances continentales, l’Autriche et la Prusse).

    « Ô guerre sublime ! Guerre pacifique, pour fonder la paix universelle ! Ô le grand cœur de la France ! Quelle tendresse pour le monde ! Quelle ardeur de sacrifice ! Et comme tous les biens de la terre pesaient peu en ce moment ! » Une guerre altruiste en quelque sorte, voudra nous faire croire Jules Michelet. Lequel, tout à son délire patrioticomystique, posera au XIXe siècle les bases d’une histoire officielle de la Révolution française, le « récit national » qui hante encore les manuels scolaires, qui ne s’embarrasse pas de la vérité historique. C’est du côté des Jean Jaurès, George Lefebvre, Albert Mathiez, Daniel Guérin, Albert Soboul, Henri Guillemin, William Doyle, Timothy Tackett… que l’on peut s’en approcher.

    Donc, contrairement à l’idée répandue selon laquelle la Révolution a dû, à contre-cœur, « former ses bataillons » contre l’assaut des « rois conjurés », c’est la France, par la voix de Louis XVI (qui joue ainsi une politique du pire qui lui sera fatale), au nom de l’Assemblée nationale dans sa quasi unanimité, qui va prendre l’initiative de la guerre.

    Une guerre voulue par la classe politique bourgeoise qui y voit la solution pour éviter la banqueroute qui se profile à nouveau. La vente des biens de l’église a fait la fortune des spéculateurs, agioteurs et autres profiteurs mais les caisses de l’État sont pratiquement vides, alors, au nom des « Lumières » (« Personne n’aime les missionnaires armés » s’exclamera Robespierre, un des rares opposants à la guerre), la nouvelle classe dominante lancera la France dans une guerre de rapine. Pour commencer, se sera sus à la Belgique et à la Rhénanie. « Prenez tout, il faut vider le pays ! » s’écriera le ministre des armées, Lazare Carnot, s’adressant aux généraux.

    Une guerre offensive qui va, en quelque sorte, forcer la main des monarchies européennes qui regardent ailleurs et vont rentrer dans le conflit armé à reculons. On connaît la suite : la catastrophe militaire, la « patrie en danger » et la levée en masse des volontaires, la contre attaque victorieuse jusqu’à ce mois de juin 1794 où le territoire national est entièrement libéré. « La paix, analyse Henri Guillemin, devient possible, souhaitable, […] une paix sérieuse et digne, qui permettrait — enfin ! – de consacrer à la politique sociale les sommes colossales qu’engloutit l’armée. » Làs « il ferait beau voir qu’on arrêtât la guerre quand elle commence vraiment […] à “rapporter”, ainsi que l’avaient, dès le début, rêvé les girondins sous leurs artifices oratoires. »

    Alors la « guerre sublime », la « guerre pacifique » vantée par Michelet va continuer, une guerre de « rafles nourrissantes » qui dévastera l’Europe pendant 23 ans et qui laissera derrière elle des montagnes de cadavres et des multitudes de blessés lorsqu’elle s’achèvera, en 1815, à Waterloo, par la défaite du « truand corse », au soulagement général.

    GUERRE DE DIVERSION

    Une guerre voulue par une nouvelle puissance, la grande bourgeoisie d’affaires, qui, si elle est parvenue à prendre la place de l’aristocratie dans les avenues du pouvoir, pénétrée de la conception voltairienne de l’État « où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui et gouverne », est néanmoins engagée dans une lutte sans merci avec le prolétariat de l’époque, les « bras nus » des villes et des campagnes qui sont 80% des 27 millions de Français.

    Comme l’écrit alors Germaine Necker, baronne de Staël, fille du banquier suisse et ancien Premier ministre de Louis XVI, à partir de 1789, le « drame caché de la Révolution » c’est que « les gens de la classe ouvrière » s’imaginèrent « que le joug de la disparité des fortunes allait cesser de peser sur eux » ! En fait, si les « indigents » et autres « va-nu-pieds » n’ont pas encore une claire conscience de classe (cela viendra plus tard, en particulier en 1848 et en 1871), ils n’en ont pas moins un sens aigu de leurs intérêts immédiats. Et ils sont armés !... Du combat pour se nourrir à la remise en cause de la propriété, devenue « sacrée » avec la Déclaration des droits de l’Homme, il n’y a pas loin. Cauchemar des nantis qui n’auront de cesse de dénoncer ces « anarchistes » (déjà !) qui veulent remettre en cause « l’ordre naturel » et « préparent un sac universel ».

    Après la proscription des organisations ouvrières, avec la loi Le Chapelier, en juin 1791, la guerre sera l’arme fatale contre le mouvement populaire, LA grande diversion (fort de sa réussite, il y en aura d’autres, notamment la boucherie impérialiste de 1914-1918 qui fera 18,6 millions de morts).

    « Nos soldats ne savent chanter que le Ça ira ! » se lamente le baron Frédéric de Dietrich qui partage avec ses convives son idée d’ouvrir un concours pour la composition d’un hymne guerrier. Qui sera remporté par Rouget de Lisle, un officier de l’Ancien régime, royaliste et partisan d’une monarchie constitutionnelle (ce qui lui vaudra d’être emprisonné, il échappera de justesse à la guillotine). D’abord intitulée « Le chant de guerre de l’armée du Rhin », la future Marseillaise a tout pour satisfaire les possédants, au contraire de ce Ça ira qui prétend que « partout l’égalité régnera » ou de cette Carmagnole, l’hymne des Sans culottes, qui proclame :
    « Que faut-il au républicain ? (bis) 
Du fer, du plomb et puis du pain (bis) 
Du fer pour travailler, 
Du plomb pour se venger. »

    On comprend pourquoi La Marseillaise leur sera préférée comme hymne national. Une première fois, en 1795, pour neuf ans, par une Convention en pleine réaction thermidorienne et tout occupée à écraser le mouvement populaire. Une seconde et dernière fois, en 1879, par une Troisième République, née de l’humiliante défaite face à la Prusse en 1870 et dans le sang de la répression de la Commune de Paris (de laquelle naîtra L’Internationale…). Dans la foulée, en 1880, sera instauré le défilé militaire du 14 juillet, qui aujourd’hui fait de la France le seul pays d’Europe à se livrer à ce genre de parade guerrière.

    Chant de guerre, quand c’est un message de paix dont la France devrait être porteuse, quand il s’agit aujourd’hui d’enfin donner corps à la république sociale dont rêvaient les « bras nus » de la Révolution, La Marseillaise n’est plus qu’un symbole décati. Comme l’écrivait Cornélius Castoriadis, « ce qui est requis est une nouvelle création imaginaire d’une importance sans pareille dans le passé, une création qui mettrait au centre de la vie humaine d’autres significations que l’expansion de la production et de la consommation, qui poserait des objectifs de vie différents pouvant être reconnus par les êtres humains comme valant la peine. » « Une nouvelle création imaginaire » qui attend encore son hymne.

    Jean-Pierre Anselme (extrait)

  • Les gilets jaunes ont-ils réussi à plomber l’économie française samedi ? BFM
    https://www.bfmtv.com/economie/les-gilets-jaunes-ont-ils-reussi-a-plomber-l-economie-francaise-samedi-156992

    Le volume des achats par carte bancaire a chuté de 26% le samedi 17 novembre par rapport au samedi précédent. Et la fréquentation des centres commerciaux a baissé de 39%, samedi. Les blocages de route et d’accès aux grandes surfaces par les « gilets jaunes » pourraient avoir dissuadé les Français de faire leurs emplettes.

    Alors que les patrons redoutent que les blocages ralentissent l’économie, la forte mobilisation des « gilets jaunes » sur les routes, samedi 17 novembre, a eu un effet négatif et visible sur la consommation des Français ce jour. Une conséquence particulièrement sensible alors que la période des achats de Noël bat son plein. Les paiements par carte bancaire ont chuté de 26% d’un samedi sur l’autre, selon les statistiques du groupement cartes bancaires. Ces transactions sont passées de 50,933 millions à 37,634 millions en une semaine, sur une seule journée, alors que le samedi est un jour d’affluence dans les commerces. La baisse constatée atteint encore 21% par rapport au samedi 3 novembre, il y a deux semaines.

    La fréquentation des centres commerciaux a chuté sur 3 jours
    Ces statistiques sur les achats par carte bancaire en berne, le samedi 17 novembre, sont corroborées par celles du conseil national des centres commerciaux (CNCC). Celui-ci évoque un recul de 39 % sur la journée du samedi, alors qu’ont été constatées une hausse de 13 % par rapport au niveau habituel le vendredi 16 novembre après 18h pour des « achats de précautions », puis une nouvelle hausse de 54 % pour les commerces ouvrant le dimanche 18 novembre pour des "achats de rattrapage".

    Au total, sur les trois jours (vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 novembre) du week-end dernier, le CNCC constate « une fréquentation en baisse de 18,5 % par rapport aux niveaux habituels » sachant que ces chiffres cumulent les données de 170 centres commerciaux, galeries marchandes et parcs d’activité commercial, abritant plus de 10.000 commerces.

    Auchan a constaté une baisse de fréquentation de 55%
    « Sur l’ensemble des hypermarchés, on est sur une fréquentation de -55% et sur une baisse de chiffre d’affaires équivalente, à -55% », explique Olivier Louis, le directeur de la communication d’Auchan Retail France sur l’antenne d’Europe1. « Sur une journée du mois de novembre aussi importante que le samedi, c’est effectivement considérable. On a une vingtaine de sites qui sont actuellement bloqués au niveau des accès, qui ne peuvent pas être livrés parce que les entrepôts sont également bloqués », a poursuivi ce responsable.
    De son côté, l’Union de la bijouterie horlogerie révèle que ses adhérents ont constaté en moyenne une baisse de 68% de leur chiffre d’affaires durant le week-end dernier. « Alors que les résultats annuels des commerçants dépendent en grande partie de ce moment de l’année, les boutiques désertées les mettent en péril. Ces blocages risquent de ne pas inciter les français à reporter leurs achats, mais à se tourner vers les géants du web » s’alarme ce syndicat de commerçants professionnels.

    Les stations service étaient la cible des manifestants
    Nul doute que les nombreux blocages de route et des accès à certaines grandes surfaces en régions ainsi que ceux des centres commerciaux abritant des stations service, très ciblées par les gilets jaunes, ont dissuadé de nombreux Français d’effectuer leurs courses ou de faire leur plein de carburant ce samedi, jour traditionnel d’affluence dans les commerces.
    En outre, à côté des manifestations, et des blocages, le boycott des cartes bancaires faisait partie des mots d’ordre de cette journée. Ainsi, sur l’un des groupes Facebook de la manifestation des gilets jaunes dans l’Indre, une participante écrivait : « Privilégier les petits commerçants mais en payant en LIQUIDE ». Certains manifestants appelaient aussi les commerçants à faire de leur côté la grève des TPE (Terminaux de Paiement bancaires).

    #giletsjaunes #bfm

  • Pétain, la vie d’un salaud et la persistance des ordures. Jacques-Marie Bourget - 10 Novembre 2018 - Le blog de Jacques-Marie Bourget
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-marie-bourget/blog/101118/petain-la-vie-dun-salaud-et-la-persistance-des-ordures
    et https://www.legrandsoir.info/petain-la-vie-d-un-salaud-la-persistance-des-ordures.html

    Pétain grand chef de guerre à Verdun : faux. Pétain complotant contre la République dès 1935 : vrai. Pétain complice des banques des financiers, des industriels pour que nous ayons Hitler plutôt sue le Front Populaire : vrai. C’est vrai que ça méritait un éloge.

    J’aime beaucoup le Président Macron. Dans cette période où l’on doit chaque soir passer la balayette sous son lit afin de débusquer le terroriste qui doit s’y cacher, avec lui on rigole. Macron c’est, recyclé, le vieux slogan publicitaire d’un grand magasin : « A tout instant il se passe quelque chose aux Galeries Lafayette ». Cette fois le Président a décidé de nous distraire avec Pétain. C’est inattendu, ça fait vieux monde... Mais tant pis. Après avoir fait la guerre aux Russes – par son émanation de RT France – il était logique qu’il louât le Maréchal ; que revoilà.


    Pour être juste, car le temps est au certifié, à l’exact, au vérifié, à l’équitable, remarquons que ce malheureux Macron est mal entouré. Autour de lui s’ébat une nuée de jeunes gens qui ne l’aident guère. Paresseux ? Non. Mais le hasard fait que tous ces biens diplômés n’avaient qu’un seul livre d’histoire, et qu’ils ont fini de le colorier. Benalla aurait pu être un rempart en rendant, par l’écran de ses larges épaules, le discours pétainiste inaudible. Mais Benalla, « l’épaule droite », nous manque, j’espère que les prud’hommes vont le réintégrer.

    Personne, au Palais, aucun vieux bouc intello, mariné dans le jus des archives, pour indiquer au Président l’emplacement des champs de mines. Et l’histoire de Pétain, son action, sa philosophie sont du TNT. Une bombe à retardement qu’il ne faut pas toucher, pas plus que le sarcophage de Tchernobyl. Réactiver le Maréchal ça pue, ça déchire, ça blesse, ça injurie, ça offense, ça ment, ça met plus de boue qu’une crue de l’Aude. En plus on se demande quelle raison peut-il y avoir de parler de ce sycophante ? Pourtant, sur le ton de l’ancien bon élève de troisième, certains prétendent : « Mais il y a deux bouts au cadavre. Le très au poil des poilus, puis l’horreur de Montoire et des lois anti juives ». Eh non. Le Pétain c’est comme le merlu oublié l’avant-veille sur la table : tout est à jeter. Et que le président de l’Assemblée se nomme Ferrand n’est pas un argument ultime pour louer le Maréchal.

    Il y a des lustres – et même des lampadaires, mon merveilleux ami Alain Riou journaliste à l’ancienne – c’est-à-dire ultramoderne – m’avait prêté un livre (qui m’a été ensuite volé) : « L’affaire Pétain », signé Cassius (j’ai appris plus tard que c’était là le pseudo du grand chercheur Henri Guillemin). Ce bouquin avait été publié en Suisse juste après la guerre. C’est dans ses pages que j’ai découvert l’envers d’une histoire qui n’était donc qu’un décor, du Potemkine. Celle qui a conduit la France à la catastrophe de 1940.

    La véritable histoire, celle qui n’a pas été écrite à l’encre d’Epinal, nous dit que la défaite est le résultat d’un lent complot. Son ordre de mission, secret, s’inscrivait dans les petits papiers du Comité des Forges et ceux de son outil armé, la Cagoule : « Mieux vaut Hitler que le Front populaire ». Pétain, dans ce putsch, devait être notre Hitler, notre Mussolini, notre Franco français. Le guide gaulois au sein de l’Europe nouvelle. Etonnant pour un petit pépère, héros en retraite, qui, nous a-t-on claironné- n’a accepté le pouvoir qu’en faisant « don de sa personne à la France », pour nous « préserver du pire ».

    J’ai ensuite potassé L’étrange défaite de Marc Bloch, un homme qui devrait être au Panthéon. Ou plutôt non. Puisqu’on y trouve maintenant un peu n’importe qui, au gré des livres lus à Emmanuel par sa grand-mère. Bloch fut historien, militant de la paix, torturé et assassiné par la Gestapo le 16 juin 1944.

    Le fil de ce complot pétainiste est contenu dans l’ouvrage de Bloch écrit en 1940 mais publié six années plus tard. L’intellectuel résistant a déjà percé le mystère de la défaite d’une France qui, en 1939, avait « la première armée du monde ». Et Bloch de nous expliquer avec calme comment l’élite bancaire et la haute bourgeoise ont livré le pays aux nazis : pourquoi le Maréchal était là.

    Le dernier clou dans le cercueil de cette histoire fausse comme un jeton, je l’ai planté en dévorant Le Choix de la défaite d’Annie Lacroix-Riz. Une femme à laquelle, en guise de pardon, Macron devrait envoyer une gerbe de fleurs. Les preuves sur Pétain étirant son crime sont, dans cette Bible, les notes secrètes, les rencontres cachées, les extraits de livres et de journaux, les télégrammes, les arrêtés et lois scélérats. En lisant Lacroix-Riz, en devenant intime avec les bourreaux, on éprouve la honte rétroactive du complice. On devient le secrétaire, le greffier du complot de Laval et Pétain. Puisque ces deux-là ne se sont pas découverts en 1940, puisqu’ils ont préparé leur coup de l’Etat Français bien avant la débâcle. Ainsi c’est un comploteur factieux, un assassin de la République qui a pris le pouvoir. Pas du tout un maréchal gâteux, à moustaches, qui aimait les fleurs les chiens et prendre les petites filles sur ses genoux.

    Maintenant, tordons le bâton de ce Pétain « héros de Verdun », qui a fait image d’Epinal dans la pensée du Président. En 1940, alors ministre des Colonies, Georges Mandel écrit : « C’est une erreur que de nommer Pétain au cabinet. Il était défaitiste durant la guerre. Je crois que nous allons vers un armistice. Sa présence en est une preuve ». Tiens, ça coûte pas cher et ça peut éviter des grosses bêtises, abonnons l’Elysée à la revue Historia. Elle n’est pas de niveau universitaire mais écrit souvent juste. L’an dernier le magazine historique publie, sous la signature de Jean-Yves Le Naour, docteur en histoire, un article très clair intitulé : « Pétain l’imposture de Verdun ». Voilà. Au printemps, au moment de préparer les cérémonies de novembre, il suffisait de demander à Benalla (qui était encore au staff) de traverser la rue et de se procurer Historia. Pardon, cher docteur Le Naour, si je cite votre texte à la hache, il s’agit donc de Verdun en1916 :

    « ...la situation qui se rétablit in extremis le 26 février ne doit rien à sa présence ni à ses ordres, mais au sacrifice des poilus, d’une part, et aux instructions du général de Castelnau... il multiplie les ordres : il y fait avancer le 20e corps, arrivé en renfort... le 26 février, l’offensive allemande est enrayée. Sans cette intervention énergique de Castelnau, la chute de la rive droite de la Meuse ...était inéluctable.

    La vérité...Pétain attrape mal et se réveille le 26 avec une toux vive, une pneumonie pour les uns, une bronchite pour d’autres. Quoi qu’il en soit, il est contraint de garder le lit... On est, en tout cas, très loin de la légende de l’homme qui, par son seul charisme, redonne confiance à la troupe.

    S’il est flatté par la presse, qui lui tresse des lauriers de papier, la raison est purement politique.

    Les politiques, exaspérés par Joffre, en ont assez du « grand-père » et rêvent de s’en débarrasser...Le rapport avec Pétain ? En autorisant les éloges sur le général chargé de la défense de Verdun, le gouvernement est tout simplement en train de préparer un successeur à Joffre... Le portrait de Pétain paraît en couleurs dans L’Illustration, puis en noir et blanc dans Le Miroir. Il s’attache en même temps les services des écrivains Henry Bordeaux et Louis Madeleine, ce qui démontre un sens aigu de la publicité. Passé du grade de colonel à celui de général d’armée en seulement deux ans, Pétain se sent pousser des ailes... La gloire de Pétain, qui apparaît en mars 1916, alors que la situation est toujours précaire, est donc une gloire fabriquée ».

    Bon, c’est quand même un historien, un chercheur, docteur des Universités, qui écrit ça. Et grand merci à lui. Même si c’est moins bien qu’Éric Zemmour, notre Michelet de BFM University. Je n’ai pas évoqué le sort immonde des « mutins », ces révoltés que Pétain a fait fusiller à la chaîne, pour l’exemple. On ne fait pas Verdun sans aller à rebrousse poilus.

    En 1925 ce héros au sourire si doux s’ennuie, et le Chemin des Dames épuise ses nuits. Pour mettre une claque à Lyautey, qui patine au nord du Maroc dans la guerre du Rif, on nomme Pétain à sa place. L’idole accepte, ce qui entraine la démission de son aide de camp, le colonel De Gaulle. Le Rif et ses bougnoules sont un double bonheur pour le Maréchal. La mano en la mano avec son compère fasciste, l’espagnol Antonio Primo de Ribera qui participe au carnage maghrébin pour le compte de Franco, Pétain et son frère d’armes utilisent des armes chimiques. En 1926 les pauvres rifains sont anéantis, Pétain a enfin gagné une guerre. « Chimie, vous avez dit chimie ? », heureusement que Macron n’a jamais appris ça... Il aurait été foutu de donner l’ordre à nos frégates d’aller, à l’Ile d’Yeu, bombarder la tombe du Maréchal.
Eloigné du rififi, le héros s’ennuie. Ses collègues maréchaux qui voient autour d’eux monter en pouvoir trop de rastaquouères plutôt rouges, proposent à Pétain de s’allier dans un projet de putsch. Peu soucieux de mettre son statut et sa statue en danger, il fait le sourd, ce qui est de son âge. Bénéfice, il apparait aux hommes politiques comme un « républicain ». Si bien qu’en 1934 il est adoubé dans le gouvernement Doumergue comme ministre de la Guerre. A partir de cet instant il prépare la victoire de l’Allemagne. Il réduit d’un tiers les crédits alloués à la Défense, refuse la solution d’armée blindée proposée par De Gaulle. Ce choix est politiquement trop dangereux car il implique le recrutement de 40 000 mécaniciens a priori catalogués comme de la graine « rouge ». Après l’assassinat de Louis Barthou, qui prêche la nécessité vitale de signer une alliance avec l’URSS, c’est Pétain qui impose son compère Laval. Alors, le Maréchal n’a plus aucun ennemi. Ni à droite ni à l’extrême droite. Il a aussi appui de ses amis synarques et son Laval en Sancho Pança : la fusée de l’Etat Français est sur sa rampe. Face à ces perspectives heureuses le patronat offre au Maréchal une très jolie villa à Villeneuve Loubet.

    Les émeutes fascistes de 1934 ont, dans leur musette, le bâton de ce maréchal déjà prêt à l’offrande de lui-même. Ça ne marche pas et, retour du maudit bâton, voilà le Front populaire avec ses rouges de rouge et le « juif » Blum au gouvernement. Désormais militer aux côtés des nazis, des fascistes, c’est sauver la France de sa racaille cosmopolite. Lors de son court passage comme ambassadeur de France à Madrid, Pétain a toutes les facilités pour pactiser avec les nazis, qui sont là, et les sbires de Mussolini qui sont là aussi. Dans les journaux, le Maréchal continue sa péroraison entamée en 1936 « La France est un bateau sans gouvernail ni pilote ». Il avance, lui et ses sponsors, les banques, les « 200 familles », ceux que l’existence de l’impôt indigne.

    Le reste ? C’est un tout plus connu. En juin 1940 le croupion d’un Parlement de lâches vote les pleins pouvoirs à Pétain. La milice, les rafles, les tortures, les tueries, la trahison, l’indignité forment un quotidien qui est son essence et son existence. Entre deux siestes, il rectifie de sa petite main blanche le projet de « Statut des juifs ». Qu’il rature afin de rendre encore plus grand le crime. Le 24 octobre 1940, à Montoire, en serrant la main d’Hitler il signe le pacte de leur association de criminels.

    En résumé, voilà le monument inhumain, l’homme sans qualités qu’Emmanuel Macron a célébré lors des hommages de Verdun. C’est une faute d’attention. Et un bégaiement : François Mitterrand s’est fait décorer de la Francique par Pétain, et par inadvertance.

    Jacques-Marie BOURGET

    #petain #manu #emmanuel_macron #sycophante #Henri_Guillemin #europe #hitler #mussolini #franco #Marc_Bloch #élites #annie_lacroix-riz #laval #verdun #imposture général_de_Castelnau #Joffre #Front_populaire #Parlement #juifs #françois_mitterrand

  • entendu d’une oreille, cette nuit, Henri Guillemin raconte l’Histoire : #Jules_Vallès (1ère diffusion : 21/09/1986 - Avec Henri Guillemin - Réalisation Marie Vouilloux
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/les-historiens-racontent-henri-guillemin-raconte-lhistoire-2-jules-val
    #La_Commune #Henri_Guillemin #France_Culture


    https://macommunedeparis.com/2016/05/08/non-la-commune-na-pas-7-29-fevrier
    https://macommunedeparis.com/?s=jules+vall%C3%A8s

    Dans l’introduction à L’avènement de M. Thiers et réflexions sur la Commune (Éd. Utovie, 2001, p. 7), H.Guillemin n’a-t-il pas écrit : « Lecteur, sois dûment averti… tu ne trouveras pas, sous ma plume, de l’histoire mais du “pamphlet”. Pamphlet est le nom que porte l’histoire dès qu’elle s’écarte des bienséances et des mensonges reçus. Je dis bien mensonges. Il n’y a pas d’histoire objective ».

    Dans la citation, extraite de L’avènement de M. Thiers…, le sens second, voulu par Guillemin, est en substance : Pour me discréditer, ceux qui ne sont pas d’accord avec mes analyses me font passer pour pamphlétaire ou polémiste. Or je suis un historien, compétent et argumenté mais, à la différence de mes contradicteurs, je ne suis pas conformiste. Cela ne m’empêche nullement de rester, en toutes occasions, historien. User de formules inattendues ou vigoureuses, qui passeraient pour provocantes et mal venues sous la plume d’un historien conventionnel, ne relève pas du pamphlet. C’est, simplement, que l’Histoire est traversée de contradictions, de zones d’ombre, maculée d’erreurs que les travaux récents des historiens tentent d’effacer. Pour cela, parfois, il faut élever le ton : affirmer une vérité n’est pas polémiquer, c’est rester fidèle à ma valeur première, la loyauté.

    https://henriguillemin.fr/historien-polemiste-henri-guillemin.html
    #Histoire

  • Henri Guillemin, intellectuel réfractaire
    http://www.laviedesidees.fr/Henri-Guillemin-intellectuel-refractaire.html

    Un temps oublié, Henri Guillemin (1903-1992) retrouve un public grâce à la diffusion de ses conférences sur le web. Ce #critique traîne une réputation de partialité. Faut-il pour autant nier ses intuitions ? Patrick Berthier retrace le parcours de cet intellectuel réfractaire, qui sut mettre les médias au service d’un savoir hétérodoxe.

    Essais & débats

    / critique, #engagement

    #Essais_&_débats

    • Le genre de personne qu’on écoute avec attention, qui ne prend pas son auditoire pour un ramassis d’imbéciles... Il faut le lire aussi. Les éditions d’Utovie se sont données comme mission de rééditer toute son oeuvre... Son « Silence aux pauvres » est critique, remet en contexte la révolution française. Bref à lire.

  • Les vidéos du colloque 2013 « Henri Guillemin et la Révolution Française : le moment Robespierre » - Blog du plan C, pour une Constitution Citoyenne, écrite par et pour les citoyens
    http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2014/01/08/360-les-videos-du-colloque-2013-henri-guillemin-et-la-revolutio

    Les vidéos du colloque 2013
    « Henri Guillemin et la Révolution Française :
    le moment Robespierre »

    Patrick Berthier :
    la genèse de l’ouvrage [de Guillemin]
    « Robespierre politique et mystique »

    http://www.dailymotion.com/video/x195505_patrick-berthier-au-colloque-henri-guillemin-2013_news

    Florence Gauthier :
    Robespierre, théoricien et acteur
    d’une république démocratique et sociale

    http://www.dailymotion.com/video/x1955nq_florence-gauthier-au-colloque-henri-guillemin-2013_news

    Étienne Chouard :
    Henri Guillemin explique Robespierre et le gouvernement prétendument représentatif
    De façon générale, la problématique de la représentation politique

    http://www.dailymotion.com/video/x1955v2_etienne-chouard-au-colloque-henri-guillemin-2013_news

    Yannick Bosc :
    Robespierre ou la Terreur des droits de l’homme

    http://www.dailymotion.com/video/x195635_yannick-bosc-au-colloque-henri-guillemin-2013_news

    Olivier Blanc :
    l’argent de la terreur. Les augmentations de patrimoine des élus de l’an II

    http://www.dailymotion.com/video/x1956jx_olivier-blanc-au-colloque-henri-guillemin-2013_news

    Marc Belissa :
    Robespierre et la religion dans l’historiographie : 1794 - 2012

    http://www.dailymotion.com/video/x1956c8_marc-belissa-au-colloque-henri-guillemin-2013_news

    Serge Deruette :
    le problème de l’héritage de Robespierre aujourd’hui

    http://www.dailymotion.com/video/x1956r2_serge-deruette-au-colloque-henri-guillemin-2013_news

    Patrick Rödel au colloque Henri Guillemin 2013 par presence_henri_guillemin

    http://www.dailymotion.com/video/x195774_patrick-ro-del-au-colloque-henri-guillemin-2013_news

    Table ronde finale,
    avec Edwy Plenel qui nous a rejoints :

    http://www.dailymotion.com/video/x19ayij_table-ronde-de-cloture-du-colloque-henri-guillemin-2013-premier


    http://www.dailymotion.com/video/x19aw24_table-ronde-de-cloture-du-colloque-henri-guillemin-2013-deuxiem

    #histoire
    #Henri-Guillemin et la #Révolution #Française :
    le moment #Robespierre

  • Henri Guillemin livre son « arrière-pensée » (entretien avec Guy Peeters publié dans Le Soir des 20 et 21 novembre 1977) :

    http://www.spa-entouteslettres.be/hgarriere-pensee.html

    Extrait :

    « Les arrière-pensées qui m’animent. Eh bien, vous employez ce mot sans doute parce que moi-même je l’ai utilisé dans mon livre sur Jaurès. C’était une phrase de Jaurès lui-même qui m’avait déclenché. Cette phrase, je l’ai trouvée au chapitre X de son livre sur L’armée nouvelle, écrit entre 1910 et 1911, et je me permets de la citer ici puisque je la sais par cœur : « J’ai sur le monde, si cruellement ambigu, une arrière-pensée sans laquelle la vie de l’esprit me semblerait à peine tolérable à la race humaine. » Un point. Donc, nous avons de l’aveu même de Jean Jaurès une affirmation que derrière son entreprise politique, il y a une arrière-pensée métaphysique puisqu’il s’agissait bien d’une explication du monde. Cette arrière-pensée de Jaurès, elle n’était pas difficile à définir, étant donné que lui-même avait écrit son livre De la réalité du monde sensible en 1892, livre dont il a dit en janvier 1910 à la Chambre : « Je n’en renie pas une syllabe et il est resté la substance même de ma pensée. » J’étais donc autorisé par Jaurès lui-même à découvrir cette arrière-pensée à laquelle il a fait allusion. D’autre part, lorsque j’ai fait ce travail sur Jaurès, j’avais déjà moi-même une autre arrière-pensée qui était qu’il n’était pas le seul à avoir une arrière-pensée politique. Prenons le cas de Robespierre. Robespierre est quelqu’un qui est critiqué, qui est haï, qui est détesté par des tas de gens, et qui, même du côté de ceux qui se prétendent ses héritiers, a un aspect de sa pensée que l’on masque le plus souvent possible, c’est-à-dire la Fête de l’Être Suprême qu’il avait organisée. Comme si on lui « pardonnait » ce côté périmé de sa pensée. Or, un homme comme Robespierre était un homme qui considérait que la modification des structures économiques et politiques d’une Cité n’avait d’intérêt que dans la mesure où elle permettait un développement de l’individu. Je n’en veux pour preuve qu’un discours dont la date m’échappe maintenant (je crois début 1794) sur les « Principes d’un gouvernement républicain » où Robespierre ose dire cette phrase qui me touche tellement : « Ce que nous voulons, c’est une organisation de la Cité où toutes les âmes s’agrandiront » — vous entendez bien. Il s’agit donc bien d’un prolongement de la réforme structurelle, de la réforme politique, de la réforme sociale en vue d’un développement de l’individu. « Où toutes les âmes s’agrandiront... » Il faut savoir qu’un homme comme Robespierre était extrêmement influencé par la pensée de Jean-Jacques Rousseau. Et, à mon sens, on ne peut comprendre le Contrat social de Rousseau si on ne se réfère pas à la Profession de foi du vicaire Savoyard. Il y a un certain chapitre du Contrat social qui s’appelle « Le Législateur ». Ce législateur, il ne s’en explique pas ; c’est un texte qui demeure obscur et volontairement réservé sous la plume de Jean-Jacques. Mais, il est facile de comprendre, quand on a lu sa Correspondance et qu’on a pénétré sa pensée, que pour lui ce législateur n’est pas autre chose que Jésus-Christ. La pensée politique et sociale de Jean-Jacques Rousseau repose sur une métaphysique, il ne cessera pas de l’exprimer depuis ses premier et deuxième Discours — deuxième discours qui porte en épigraphe un vers latin de l’auteur Perse : « Quem te Deus esse jussit, disce » ; ça veut dire : « Homme, apprends ce que Dieu veut que tu sois ». Cette épigraphe à elle seule montre que Jean-Jacques Rousseau est préoccupé de la destinée de la personne humaine, qu’il veut permettre à l’homme d’accomplir sa destination, et que, dans sa pensée, cette destination dépasse le plan temporel et va jusqu’au plan spirituel et même surnaturel.

    « Trois exemples, trois grands penseurs — Jaurès, Robespierre et Rousseau — auxquels on pourrait adjoindre Hugo et Lamartine, ce Lamartine qui, en février 1848, alors qu’il se lance dans la politique violente écrit : « C’est la bataille de Dieu que nous entreprenons. »

    « De quoi s’agit-il ? Il s’agit de donner à l’être humain une vue du monde qui lui permettrait de dépasser le désespoir. Je dis bien désespoir, parce que, quand je pense à Tolstoï — autour de ses 50 ans, un homme comblé, un homme qui avait six beaux enfants, qui avait une femme qui l’aimait et qui le désirait, qui était le plus grand écrivain de son temps et qui le savait — je vois un homme sur le bord du désespoir et du suicide parce qu’il n’arrivait pas à répondre à une question qui lui paraissait fondamentale et pour laquelle il n’y avait pas de réponse : « À quoi ça sert ? Qu’est-ce que c’est que la vie ? Nous sommes condamnés à mort, mais c’est une absurdité que cette mort, étant donné que nous avons un esprit capable de concevoir des tas de choses, et puis, tout à coup, il n’y a plus rien. » Tolstoï, au terme de cette année 1878, a eu une illumination, il a cru avoir compris, et cet homme qui était désespéré a cessé de l’être. Aujourd’hui, vous le voyez, il y a des quantités de jeunes qui sont attirés vers le suicide. Le suicide des jeunes en Occident ne cesse pas de croître. Parce que — je les comprends tellement bien — on leur présente une vue du monde qui ne serait qu’une jouissance, qui ne serait qu’une utilisation de leur sexe ou de leur argent, et ils finissent forcément par un mur du fond. Je comprends très bien que notre mode de vie débouche sur l’absurdité, et c’est justement pourquoi je suis tellement attaché à la pensée métaphysique qui est la mienne, parce qu’elle seule — il me semble — est capable de délivrer la jeunesse de ce désespoir vers lequel elle va obligatoirement, forcément, foncièrement.

    « Il s’agit pour moi, de découvrir ce que nous sommes, ce que l’individu est dans sa substance. Et c’est là que je suis profondément d’accord avec un homme comme Jaurès qui dit : « L’humanité n’a de valeur que comme expression de l’infini » ; avec Pascal qui affirme que « l’homme passe infiniment l’homme » ; avec Jean-Jacques Rousseau qui croit que « notre vrai moi n’est pas tout entier en nous ».

    « Ma certitude fondamentale, c’est que ce qui nous constitue dans notre substance même, c’est une revendication. L’individu humain est fait d’une vibration, d’une espérance. Ce qui me frappe d’ailleurs beaucoup, c’est que les physiciens contemporains voient se modifier d’une manière extraordinaire leur conception de la matière. Autrefois, chez Épicure et chez Lucrèce, la matière, c’étaient de petits atomes, pondérables, qui avaient une densité et qui tombaient. Aujourd’hui, quand on parle de matière, on parle de plus en plus d’une section de cette matière — l’atome se décompose — et on en arrive à une espèce d’idée que la matière ne serait qu’une vibration, une énergie. Eh bien, je me demande si la personne humaine, au fond, dans sa substance, n’est pas elle-même une vibration et une énergie. Quand je vous parlais de la réclamation, c’est tout de même vrai que, nous tous, nous désirons quelque chose, nous sommes aspirés par quelque chose ; nous voudrions ce que nous appelons dans un bredouillage : Dieu, une solidarité, amour, tendresse, bonté. Nous voulons quelque chose qui réponde à une demande de nous-mêmes, à une espèce de mise en demeure du monde de nous satisfaire, parce que nous ne sommes pas satisfaits.

    « Or, pour aimer et désirer quelque chose, il faut déjà avoir une certaine connaissance, au moins un pressentiment de ce quelque chose. On ne peut pas désirer ce dont on n’a pas d’idée. Cette réclamation, elle est non seulement viscérale mais elle est en elle-même la preuve que ce quelque chose que nous désirons existe. C’est là que j’aime à citer une phrase de Lamartine, qui est dans Utopie, écrit en 1838 : « Cette aspiration qui prouve une atmosphère ». De même qu’il n’y a de poumons que parce qu’il y a une atmosphère concrète, de même ce qui est le fond de nous-mêmes, cette revendication, ce cri vers quelque chose, prouve que ce quelque chose existe. Ce quelque chose, je l’appelle Dieu ; Teilhard de Chardin parlait de l’Oméga ; nous appelons cela aussi, dans un vocabulaire misérable, le Bien, la Solidarité, etc.

    « Voilà, dans mes conférences et dans mes livres, j’essaie de donner à ceux qui m’écoutent ou me lisent l’idée que la vie ne se ferme pas sur elle-même, que la mort est un transfert d’existence, que nous sommes bien autre chose qu’un carrefour de réflexes et de reflets — ce que prétendent les structuralistes. Il y a en nous un noyau qui nous permet de dire je ; et ce qui nous permet de dire je, c’est le contact que nous avons avec cet infini dont nous dépendons et qui nous a créé. »

    Écouter aussi « Ma conviction profonde », dont voici le début :

    Entendu ; je jouerai le jeu. Je ne l’ai jamais fait. Le prosélytisme n’est pas mon fort, mais puisqu’on m’interroge, les yeux dans les yeux, je ne me déroberai pas.
    J’ai essayé de bien réfléchir, posément, de me prendre en mains, de me rassembler. Il ne s’agit pas de discourir, mais d’atteindre et de livrer le noyau de moi-même.
    ....Tant pis. Avec tout ce que je puis d’intelligence et de bonne volonté, la voici, ma conviction.
    Peut-on vivre sans une idée précise de ce que c’est la vie, du sens que ça peut avoir, cette course à la mort ?
    .... Et si l’on me demande à présent : "Alors pratiquement, la vie, d’après vous, c’est pourquoi faire ?"je dirai c’est de tâcher, si je suis incapable de faire grand bien, c’est de tâcher, oui, au moins, de ne pas faire de mal ; de travailler, comme je peux, dans mon coin, à dire ce qui me semble vrai ; et d’essayer, enfin, d’être bon, de ne pas me tromper sur le sens de ce mot : aimer.

    http://www.youtube.com/watch?v=VMblvGKDAIE&list=PL3FE0F0801FEAED00&index=113&feature=plpp_video

    #Henri_Guillemin #Guillemin #politique #spiritualité #métaphysique

  • Pour continuer avec Jean Jaurès, voici un exposé de l’historien Henri Guillemin, enregistré en 1972 pour la télévision suisse. Henri Guillemin parle avec passion et c’est un plaisir de l’écouter raconter l’histoire de son point de vue d’homme de gauche. Cette vidéo fait partie d’une série de treize exposés sur « L’autre avant guerre - 1871-1914 », mais peut être regardée séparément. (Sur YouTube, la playlist en bas de l’écran permet de naviguer parmi ces vidéos.)

    http://www.youtube.com/watch?v=I8Ao1e9RYyk&feature=BFa&list=PL3FE0F0801FEAED00

    Voir aussi un discours de Jaurès :
    http://seenthis.net/messages/95096

    #Jean_Jaurès #Jaurès #socialisme #capitalisme #guerre #14-18 #Première_guerre_mondiale #Henri_Guillemin #Guillemin #histoire

  • Henri Guillemin explique Robespierre et la révolution française

    http://mediastream.cern.ch/MediaArchive/Audio/Public/Open/1970/AUDIO-1970-003-1/AUDIO-1970-003-1-128-kbps-44-kHz-stereo.mp3

    http://mediastream.cern.ch/MediaArchive/Audio/Public/Open/1970/AUDIO-1970-003-2/AUDIO-1970-003-2-128-kbps-44-kHz-stereo.mp3

    Henri Guillemin donne sa vision du personnage très controversé qu’est Robespierre. Il explique que la révolution de 1789 est une manœuvre des nouveaux riches pour prendre le pouvoir en agitant le peuple, et que c’est 1792 qui constitue une vraie révolution démocratique.