person:jean genet

  • « Et puis, il faut cesser de médire de l’émeute. »
    https://lundi.am/Cher-Eric

    « S’il y a des émeutes qui ne conduisent ni à l’insurrection ni à la révolution, il n’y a pas de révolution ni d’insurrection qui ne commencent par une émeute. L’émeute est un début de débat. À moins que l’émeute, il n’y a pas aujourd’hui de discussion publique possible, il n’y a que le monotone monologue de la gestion de ce qui est là. » Seule la violence aide là où la violence règne. C’est un fait, et une leçon de l’histoire. Ce gouvernement se cache lâchement derrière sa police, à tel point qu’il ne peut plus se permettre de reconnaître le moindre des méfaits de celle-ci, même le plus établi, par crainte de lui déplaire. Il ne cédera que lorsqu’elle le lâchera, et elle ne le lâchera que sous l’effet de deux mouvements simultanés : faire sentir à la police l’immensité du discrédit où elle s’est plongée, sa perte de toute force morale et la haine qui la cerne désormais - y compris physiquement par le traitement que lui réserve la rue - et lui faire sentir en même temps qu’il y aura pardon pour ceux d’entre ses membres qui se dissocieront à temps du pouvoir en place et feront amende honorable. C’est notre en même temps à nous. Il fallait bien que la technique good cop-bad cop serve un jour un dessein honnête.

    Bref : tout cela pour te dire, pour vous dire, que malgré toutes les pressions qui se déversent sur vous, sur nous, il faut tenir le cap, et peut-être entamer une discussion stratégique ouverte sur les moyens de destituer le système, et pas juste le système politique. Nous sommes face à un ennemi qui raisonne à froid, s’appuie sur cinq cents ans d’expérience d’écrasement des révoltes populaires et pense stratégiquement. Il sait qu’il nous tient par toute l’organisation matérielle de cette société. C’est donc, pas à pas, de cela que nous avons à nous affranchir. C’est considérable, mais ce n’est pas pour rien que tout ce que le gouvernement fait depuis novembre se retourne invariablement contre lui. Et cela n’a aucune raison de s’arrêter. Ses manœuvres n’opèrent plus parce qu’elles sont immédiatement perçues comme manœuvres. Semaine après semaine, l’un après l’autre, tous les masques tombent. Machiavel avait bel et bien raison : « gouverner, c’est mettre vos sujets hors d’état de vous nuire et même d’y penser » - une guerre de manœuvre menée sans relâche contre un peuple que l’on méprise parce qu’on le redoute. Le scandale de l’ordre existant ne se perpétuait que parce que nous nous demandions tous, seul devant notre écran, pourquoi tous les autres ne descendaient pas dans la rue. La dépression de chacun était le secret de l’oppression de tous, et inversement. On n’est à la fois maître des âmes et des corps que tant que dure la crainte ou l’espoir. Or nul n’espère plus rien de l’ordre en place, et il a cessé d’inspirer la crainte à force de menaces sans effet, de mensonges éhontés, de gesticulations dans le vide. À nous d’inventer les contre-manoeuvres efficaces. C’est cette réflexion qu’il faut mettre à l’ordre du jour parmi nous. C’est dans le débat en notre sein que s’affûtera l’intelligence partagée de la situation. Que se trouvera le chemin praticable pour sortir du désastre présent. Pour cela, il faut cesser de craindre l’expression de désaccords et apprendre à se contredire avec bienveillance. Il faut cesser de tout prendre sur soi. Il faut se faire confiance. Ou bien on finira par lire sur les murs : « Drouet démission ».

    Bien amicalement,

    Des gilets jaunes toujours pas fatigués

    • A partir de l’oeuvre de Jean Genet, cet article propose de substituer à l’opposition médiatique entre violents et non-violents ou casseurs et pacifistes, la distinction, plus subtile, entre la violence et la brutalité. Alors que la violence est naturelle et créatrice, indispensable au développement de toute vie, la brutalité fait un usage destructeur de la force dont elle dispose.
      « Il y a d’une part la violence des Gilets Jaunes (émancipatrice) et de l’autre la brutalité (répressive) de la police. D’un côté des corps mutilés, de l’autre des vitrines brisées. D’un côté la brutalité, de l’autre la violence. »

      https://lundi.am/Dialectique-de-la-brutalite-et-de-la-violence

  • « On me demande pourquoi j’aide les palestiniens ! Sottises ! C’est eux qui m’ont aidé à vivre »

    Jean Genet
    Par Mustapha Boutadjine


    Paris 2008. Graphisme-collage
    Extrait de « Poètes » extrait de la monographie
    « Collage Résistant(s) » Éditions Helvétius Paris
    http://www.les-lettres-francaises.fr…/jean-genet-hotel-de…/

    DROITS RESERVES : À MUSTAPHA BOUTADJINE/ÉDITIONS HELVÉTIUS/ARTBRIBUS/ADAGP 1114563

  • "Coriolan", Cocteau 1950

    IMDb :

    "The film was shot over the course of several years, mostly during weekends at Jean Cocteau’s country house at Milly-la-foret outside Paris. The filming was done by Henri Filipacchi with his amateur 16-millimeter camera. There is no negative since the film used was Kodak 16 millimeter “invertible” [can be used as both negative and positive]. The principal actors where Jean Marais, Josette Day and Jean Cocteau himself but certain friends who where invited to his country house on those weekends are visible at the beginning of the film. They include Paul Morhien, Jean Genet, George Mathis, the owner of the restaurant “Le Catalan” whose name is forgotten as well as Henri Filipacchi himself among others. The film was silent and there was no crew other then Henri Filipacchi the cameraman. Henri Filipacchi showed the movie several times in his apartment on rue d’ Assas in Paris to guests on Sundays: they included, Roberto Rosselini, Hughes Panassie, Simone Signoret and Micheline Presles. Henri Filipacchi kept the original and only copy of this film and at his death in 1961 passed it on to his son Daniel who is its current owner. Since then, the film has never been shown since Jean Cocteau and Henri Filipacchi had cleared instructed that this movie never be shown to anyone other then close friends. Jean Cocteau and Henri Filipacchi said: “It is our ’Chef d’ Oeuvre Inconvnu’”

    Dans ce podcast (13/09/2017) intervient Masha Vasyukova, une vidéaste qui avait l’incroyable chance de tomber sur quelqu’un (le fils d’un ami de Cocteau) qui avait le film... et qui a fini par le lui donner...
    Elle raconte son histoire touchante, comment elle l’a découvert.

    https://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/documentaires-de-creation-328-coriolan-corps-violent-et-film-cache-de-

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11983-13.09.2017-ITEMA_21433134-0.mp3

    Nous sommes maintenant à la fin des années 40. Jean Cocteau prend l’habitude d’inviter quelques amis dans sa maison de Milly-la-Forêt pour converser et participer à quelques expériences artistiques. Il a l’idée d’y réaliser un film entre amis : « Ce sera notre chef-d’œuvre invisible ! »

    Son titre : « CORIOLAN ».

    Son destin : Rester à tout jamais dans sa boîte. Etre son film fantôme. ll n’aura donc pas de spectateurs. Au point qu’aujourd’hui encore ce film reste une énigme pour les cinéphiles dans le monde entier. Jean Marais, Josette Day et Jean Genet compteraient au casting de « Coriolan »… Des labyrinthes de Kaliningrad aux douves du domaine de Jean Cocteau s’initie le cheminement improbable de la petite fille russe vers le poète, en abîme du miroir énigmatique de Coriolan.

  • Was Juan Goytisolo really an anti-orientalist?
    http://africasacountry.com/2018/02/was-juan-goytisolo-really-an-anti-orientalist

    On June 5 last year, the Spanish novelist Juan Goytisolo was buried in the Spanish cemetery of Larache in northern Morocco, his tomb overlooking the Atlantic Ocean and right next to that of Jean Genet. Spanish and Moroccan officials, and local writers and artists, paid homage to the Spanish author, reading extracts of his work. An outpouring in the Moroccan media paid homage to the…

  • Was the Spanish novelist Juan Goytisolo really an anti-orientalist?
    http://africasacountry.com/2018/02/was-the-spanish-novelist-juan-goytisolo-really-an-anti-orientalist

    On June 5 last year, the Spanish novelist Juan Goytisolo was buried in the Spanish cemetery of Larache in northern #Morocco, his tomb overlooking the Atlantic Ocean and right next to that of Jean Genet. Spanish and Moroccan officials, and local writers and artists, paid homage to the Spanish author, reading extracts of his work. An outpouring in the Moroccan media paid homage to the…

    #CULTURE

  • Leïla Shahid : Pour les Palestiniens, la phase diplomatique est aujourd’hui terminée - Propos recueillis par Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1089834/leila-shahid-pour-les-palestiniens-la-phase-diplomatique-est-aujourdh

    Entretien

    À l’occasion de l’excellent colloque « 100 ans après la déclaration Balfour et 70 ans après le plan de partition », organisé par l’Institut des études palestiniennes et l’Institut Issam Farès de l’AUB, mercredi et jeudi derniers, « L’Orient-Le Jour » a rencontré Leïla Shahid, ancienne ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg. Membre du comité exécutif et du conseil d’administration de l’Institut des études palestiniennes, l’ancienne diplomate réagit à la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et dresse le bilan de la stratégie adoptée par l’Autorité palestinienne depuis le début des années 1990.
    Propos recueillis par Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI | OLJ
    16/12/2017

    • Leïla Shahid : Pour les Palestiniens, la phase diplomatique est aujourd’hui terminée
      Propos recueillis par Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI, L’Orient Le Jour, le 16 décembre 2017
      https://www.lorientlejour.com/article/1089834/leila-shahid-pour-les-palestiniens-la-phase-diplomatique-est-aujourdh

      Entretien

      À l’occasion de l’excellent colloque « 100 ans après la déclaration Balfour et 70 ans après le plan de partition », organisé par l’Institut des études palestiniennes et l’Institut Issam Farès de l’AUB, mercredi et jeudi derniers, « L’Orient-Le Jour » a rencontré Leïla Shahid, ancienne ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg. Membre du comité exécutif et du conseil d’administration de l’Institut des études palestiniennes, l’ancienne diplomate réagit à la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et dresse le bilan de la stratégie adoptée par l’Autorité palestinienne depuis le début des années 1990.

      La décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël est-elle la preuve ultime de l’échec de la stratégie de non-violence adoptée par l’OLP au début des années 1990 ?

      Elle est avant tout une décision dictée par sa politique intérieure et n’a absolument rien à faire avec la diplomatie internationale. C’est pour cela qu’elle a été refusée par tous les États du monde. Le choix du moment est dicté, lui, par l’état du monde arabe qui n’a jamais été aussi divisé et qui mène une guerre soi-disant de religion (sunnite/chiite) aux dépens de la Palestine et des démocraties arabes, pour des ambitions géostratégiques régionales. Mais vous avez raison, cela ne doit pas nous empêcher d’avoir le courage et la lucidité de faire le bilan de nos échecs mais aussi de nos victoires.

      Je pense, en effet, que nous nous sommes trompés. Mais il faut replacer cet échec dans l’histoire. Nous sommes arrivés à la fin d’une étape pour le mouvement national palestinien, marquée par plusieurs phases. La première est celle de la lutte armée, menée essentiellement par les Palestiniens en exil, qui a pris fin en 1974 lorsque le mouvement de libération a enfin obtenu une reconnaissance internationale. Il y a eu ensuite une deuxième phase qui a démarré lors de la reconnaissance de l’OLP, lors du discours ovationné de Yasser Arafat aux Nations unies. C’était la première fois que les Palestiniens avaient une patrie symbolique qui réunissait ce que Mahmoud Darwich a appelé « l’éclatement du corps palestinien » en 1948. Oslo a été très important pour Yasser Arafat, parce que c’était le retour d’une patrie vers un sol national. En 1987, lors de la première intifada, toute la population s’est opposée à l’occupation. La phase de la négociation, la troisième donc, commence après tout cela, à partir de 1990 et après la fin de la guerre froide.

      Je rappelle tout cela car je pense que c’est très important de comprendre la politique actuelle dans un contexte historique à long terme. La phase diplomatique est aujourd’hui terminée et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de prendre ma retraite. Ce n’est pas Trump qui a changé la politique américaine, mais c’est lui qui, par sa stupidité et son ignorance totale au niveau politique et diplomatique, entérine ce que ses prédécesseurs avaient dit à demi-mot.

      Quelle est donc l’alternative à la voie diplomatique ? À partir du moment où l’OLP a décidé de poser les armes, est-ce qu’un retour en arrière est possible ?

      Il va falloir aller vers une autre méthode. Le peuple palestinien a été héroïque. Près de 70 ans plus tard, les Palestiniens sont plus militants qu’avant et ont un genre de conscience tranquille. Ils ont la justesse de la cause, comme disait Jean Genet, de leur côté. Ils ne sont pas racistes, ils ne fondent pas un État sur une religion, mais un État laïc. Ils n’ont rejeté personne à la mer, comme le prétendent les Israéliens, mais au contraire, ils ont accepté de ne prendre que 22 % de la Palestine pour en donner 78 % aux Israéliens.
      Il y a une vitalité, une créativité, un sens de l’invention des méthodes de résistance qu’on a rarement vus dans des exemples d’occupation longue. Je suis éberluée par la créativité sur le plan artistique et culturel.

      Je suis ébahie par le courage des mères palestiniennes qui continuent d’envoyer leurs enfants à l’école alors qu’elles ignorent s’ils vont revenir à la maison. Il ne faut jamais parler de revenir en arrière. La deuxième intifada n’est pas la première et la première n’est pas celle de 1969 dans les camps palestiniens au Liban, dont on ne parle jamais. Les méthodes changent car le peuple est créateur des conditions. Je n’ai absolument pas d’inquiétudes sur le fait qu’ils trouveront quelque chose. Et ce ne sera ni le retour à la lutte armée ni une troisième intifada, mais quelque chose de nouveau qui sera très difficile à gérer pour les Israéliens. Quand vous vivez 50 ans avec l’armée israélienne, vous commencez à la connaître mieux qu’elle-même, et vous commencez à réaliser quel est son talon d’Achille. Vous pouvez lui faire mal, mais il faut choisir les cibles. Israël ne paie pas du tout le prix de son occupation et de sa politique, de tous ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

      Cette méthode n’est donc pas encore définie...

      Elle ne peut pas être définie parce que nous sommes au bout d’une phase historique des fondateurs du mouvement national dont le président est le dernier représentant. La deuxième génération a été mise en prison, comme c’est le cas de Marwan Barghouti. On saute à une troisième génération, les trentenaires, cosmopolites, polyglottes, qui ont des papiers palestiniens et ont compris comment fonctionne le monde.

      Petit à petit, il faut qu’ils prennent le pouvoir. Nous avons besoin d’une nouvelle direction politique plus jeune, plus ouverte sur le reste du monde. Oslo, d’une certaine manière, nous a piégés dans une cage, nous a territorialisés. Oslo nous a fait des fausses promesses pour nous mettre dans un ghetto divisé en plusieurs zones, où on n’a pas le même statut. La nouvelle génération dont je vous parle va être éclatée, comme en 1948. Mais contrairement à 1948, où nous n’étions pas au courant des méthodes de lutte, du droit international, de la malice et du pernicieux d’Israël, cette fois-ci, ce ne sera pas le cas.

      Le secrétaire général de l’OLP, Saëb Erekat, a récemment déclaré à « Haaretz » qu’il faut désormais abandonner la solution à deux États et se concentrer sur la lutte pour un seul État avec des droits égaux. Qu’en pensez-vous ?

      Cette solution à deux États était sans issue avant même la déclaration de Trump sur Jérusalem, parce que les colonies ont fait en sorte que les territoires palestiniens ne soient pas contigus. Comment peut-on construire un territoire national avec un tel morcellement ? Il y a même des généraux israéliens qui ont dessiné des projets de tunnels et de ponts pour relier les territoires. On se croirait dans 1984 de Georges Orwell ! Seul un système malade psychologiquement peut accepter de vivre dans un État comme celui-là.

      Vous adhérez donc à la vision d’un seul État avec des droits égaux ?

      La solution à deux États n’est qu’une expression orale, et c’est la réalité géopolitique d’aujourd’hui qui a tué cette solution. Jérusalem est le coup de grâce. Mais elle n’a pas mis fin à notre droit à l’autodétermination, droit inaliénable. Ce qui compte, c’est que nous ayons des droits égaux. Que ce soit dans un système à un État, deux États, d’un condominium ou d’un Benelux moyen-oriental, ce n’est pas important. Mais ce qu’il faut avant tout, c’est une volonté politique de notre part, mais également du côté israélien, et de la communauté internationale, afin de nous aider à y aboutir.

      Étant donné la nature de l’État hébreu, ne pensez-vous pas que la solution à un État est encore plus irréaliste que celle à deux États ?

      Si, bien sûr. C’est pour cela que j’ai toujours été pour deux États et non pas pour un État, tout simplement parce qu’Israël ne veut pas vivre avec les Palestiniens et ne veut être qu’un État juif. Tout ce qui n’est pas juif ne les intéresse pas. Et c’est de pire en pire, car la société penche de plus en plus vers le nationalisme de droite des colons. Mais, dans le principe, je préfère un État laïc pour tous ses citoyens. Même sur le plan géostratégique mondial, entre les colonies et la déclaration sur Jérusalem, il n’y a plus de place pour un État palestinien. L’opinion a changé à 100 % en vingt ans. Tout le monde connaît aujourd’hui le peuple palestinien et personne n’ignore que nous sommes laïcs, même si nous avons des extrémistes comme tout le monde. Il faut que ce changement de l’opinion devienne une force dans notre travail de communication auprès des jeunes Arabes, des jeunes Occidentaux et des jeunes Israéliens.

      La décision de Trump a fait l’unanimité contre elle et la communauté internationale a rappelé son attachement à la solution à deux États. Ce ne sont que des déclarations de principe selon vous ?

      Bien sûr, ce sont des déclarations de principe, parce que ces États ne se sont jamais appliqués à les mettre en œuvre ni même à prendre une seule sanction. Poutine annexe la Crimée et d’un coup, il y a une série de sanctions et des ruptures diplomatiques... Les Israéliens annexent Jérusalem, la capitale de toutes les religions monothéistes, mais aucun d’entre eux n’a pris une seule sanction contre Israël. Parce que ce dernier joue très bien la carte de la culpabilité et du génocide, mais également la carte commerciale. Comme il est le 51e État des États-Unis, il possède une technologie de pointe, une économie formidable, une industrie militaire très importante qu’il vend à tous les pays fascistes du monde et il a une armée très puissante. Donc ils sont très efficaces dans la pression qu’ils font sur l’Europe. J’ai été ambassadrice en Europe pendant 10 ans, et il faut le reconnaître, nous ne sommes pas efficaces parce que nous ne savons pas utiliser les armes économiques, les sanctions. Nous avons uniquement réussi une chose, c’est le BDS (boycott des investissements et des sanctions), comme campagne chez les citoyens, mais aucun pays n’a suivi pour l’instant. Ceux qui ont le mieux suivi le BDS, c’est surprenant, ce sont les juifs libéraux et progressistes américains et britanniques, beaucoup plus que les populations du monde arabe et bien plus que les Palestiniens eux-mêmes.

      Les dirigeants arabes font-ils assez pour la cause palestinienne ?

      Pas du tout. Aujourd’hui, certains complotent même. Lorsque le conflit avec l’Iran (sur la question du nucléaire) a commencé, Tzipi Livni (ministre israélienne des Affaires étrangères) m’avait dit à Bruxelles que ce que me disaient les ambassadeurs arabes n’était pas ce qu’ils lui disaient à elle, donc aux Israéliens. Je suis allée leur poser la question directement et l’un d’entre eux, dont je tairai le nom, m’a avoué que l’Iran était une plus grande menace pour eux que ne l’est Israël. Il est évident que la direction du monde arabe mais également ses citoyens ne se mobilisent pas. L’esprit des printemps arabes est encore sous-jacent, mais il faut quelqu’un pour lui donner un peu d’adrénaline.

      Durant ces dernières semaines, il a beaucoup été question de la réconciliation palestinienne entre le Hamas et le Fateh...

      Oui, et je n’y crois pas beaucoup. Nous sommes idéologiquement très différents. Nous sommes en grande majorité laïcs. Je suis le produit de l’OLP. Arafat avait certes la foi, mais il considérait que c’était une affaire personnelle. Le Hamas vient vraiment d’une tradition des Frères musulmans, qui a un autre projet social, celui d’appliquer la charia, et il pense que ce qui est important, ce n’est pas la nation palestinienne mais la oumma dont les frontières s’étendent jusqu’en Indonésie. Mais, dans le même temps, le Hamas représente un courant en Palestine. Je pense qu’ils n’ont accepté la réconciliation que lorsqu’ils ont senti qu’ils étaient en train de perdre de leur popularité, que l’Égypte leur a fermé la porte, etc. Ils se sont dit qu’il leur fallait donner ce cadeau empoisonné qui est de gérer Gaza à Abbas. La déclaration sur Jérusalem a été le plus beau cadeau qu’ils pouvaient recevoir. Ce cadeau risque de transformer la cause palestinienne en une guerre de religions. C’est ce que souhaiteraient Trump et Netanyahu.

      Quitte à faire oublier que la stratégie de la lutte armée peut aussi être considérée comme un réel échec...

      Non, pas du tout. Chaque phase de notre histoire a eu la stratégie que la réalité imposait. La lutte armée a été le fondateur du mouvement national contemporain, après une longue phase où le monde nous considérait uniquement comme une question humanitaire de réfugiés dans le monde arabe. Elle a aussi permis d’unifier les Palestiniens sous l’égide de l’OLP depuis 1964. Puis il y a eu les phases de la reconnaissance politique et diplomatique arabe et internationale dont on a parlé au début. Aujourd’hui, l’échec des militants des organisations qui continuent la lutte armée est plus dû aux cibles qu’ils cherchent à frapper qu’au principe de la lutte armée, qui est un droit reconnu à tous les peuples qui luttent contre la colonisation. Si ces cibles étaient mieux choisies, ces mouvements auraient contribué à renforcer la stratégie diplomatique de l’OLP au lieu de servir d’alibi pour nos ennemis, où qu’ils soient, comme si notre lutte pouvait être assimilée au terrorisme internationale.

      #Leïla_Shahid #Palestine

  • Quatre heures à Chatila
    Chronique de Palestine | dimanche 17 septembre 2017
    http://chroniquepalestine.com/quatre-heures-a-chatila

    Jean Genet – Note de la rédaction – Il y a 35 ans, , du 16 au 18 septembre 1982, l’horreur s’est abattue dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth. Durant plus de 40 heures, près de 3000 Palestiniens ont été décimés par des miliciens phalangistes libanais armés et protégés par les forces d’occupation israéliennes. Un massacre planifié et orchestré par l’armée israélienne.
    En septembre 1982, Jean Genet accompagne à Beyrouth Layla Shahid, devenue présidente de l’Union des étudiants Palestiniens. Le 16 septembre ont lieu les massacres de Sabra et Chatila par les milices libanaises, avec l’active complicité de l’armée israélienne qui vient d’envahir et d’occuper le Liban.
    Le 19 septembre, Genet est un des premiers Européens à pouvoir pénétrer dans le camp de Chatila. Dans les mois qui suivent, il écrit « Quatre heures à Chatila », publié en janvier 1983 dans La Revue d’études palestiniennes.

    Ce texte magnifique, réquisitoire implacable contre les responsables de cet acte de barbarie, ne commence pas par évoquer l’horreur du charnier. Il commence par le souvenir des six mois passés dans les camps palestiniens avec les feddayin, dix ans avant le massacre de Sabra et Chatila.

  • Frédéric Pajak est éditeur et artiste. Il a ressemblé auprès de lui d’autres artistes aux sensibilités diverses, ils ont tissé ensemble les fils invisibles de leurs mondes et une exposition est née : « Grand trouble » à la Halle Saint Pierre à #Paris, dictée uniquement par l’envie de liberté...

    https://www.franceculture.fr/emissions/paso-doble-le-grand-entretien-de-lactualite-culturelle/frederic-pajak-nous-sommes-domines

    À Paris de nos jours, je trouve que les expositions sont dictées par les mécènes et les collectionneurs. Nous ne sommes plus dans une liberté de création mais dans des intérêts marchands. Nous voulions faire quelque chose libre des modes, des contingences.

    Né d’une suite de rencontres et d’échanges entre quarante-sept artistes, ‘Grand Trouble’ s’expose pour la première fois à la #Halle_Saint-Pierre et présente des œuvres aussi variées qu’étranges, aussi différentes les unes des autres que déroutantes en elles-mêmes. C’est donc le hasard et l’amitié qui ont réuni en ce lieu les dessins en noir et blanc de #Frédéric_Pajak et ceux de Joël Person, les jeux de texture d’Alain Frentzel et ceux de Jérôme Cognet, les photographies funèbres de Jean-Michel Fauquet et celles d’Edith Dufaux…

    Quelque part hors du temps, loin des objets familiers et de l’actualité, les œuvres de l’exposition questionnent le monde qui nous entoure sans le pointer du doigt. Le visiteur, inquiété, suit un parcours sinueux dans le clair-obscur de la première salle et plonge dans un spectacle métaphorique.

    http://www.hallesaintpierre.org/2017/05/03/grand-trouble-2

    Deux invités et des frontières. A déranger avec l’astrophysicien et poète Aurélien Barrau qui place les #trous_noirs, ces sphères dont rien ne peut s’échapper, sous le signe de Jean Genet et avec le dessinateur écrivain et éditeur Frédéric Pajak qui plaide pour une autre #histoire_de_l’art.
    L’artiste et écrivain Frédéric Pajak, éditeur aux
    #Cahiers_dessinés, qui plaide pour une autre histoire de l’art et l’astrophysicien Aurélien Barrau , astrophysicien spécialisé dans la #physique_des_astroparticules, des trous noirs et en #cosmologie, qui est aussi membre du comité de rédaction de la revue de poésie Hors Sol13, de la revue culturelle Diacritik 14, ainsi que président d’honneur de Formes élémentaires, association qui a pour but l’élaboration d’expositions d’art contemporain en dialogue avec les sciences .

    https://www.franceculture.fr/emissions/poesie-et-ainsi-de-suite/poesie-et-trous-noirs


    #France_culture #exposition_art_contemporain

    En mathématiques, on utilise souvent ce qu’on nomme un développement limité. Cela consiste à approximer une fonction suffisamment régulière par une série de termes dont chacun fait intervenir une dérivé d’ordre plus élevée que le précédent (la dérivé renseigne sur la vitesse de variation de la fonction).

    Si l’on considère le facteur d’échelle de l’Univers – que l’on peut intuitivement penser comme sa taille si la courbure est positive – et son évolution en fonction du temps, on peut là aussi mener un développement limité de cette fonction.
    Le terme d’ordre zéro de ce développement est connu depuis toujours : c’est l’existence de l’Univers.
    Le terme d’ordre un de ce développement est la grande découverte du début du vingtième siècle : l’Univers est en expansion.
    Le terme d’ordre deux de ce développement est la grande découverte de la fin du vingtième siècle : l’expansion de l’Univers est accélérée.

    http://blogs.futura-sciences.com/barrau/2017/05/31/probleme-immense-de-lacceleration-de-lunivers-enfin-resolu/#comments

  • compagnie-hieronymus | Catwalk
    http://www.compagniehieronymus.com/#!catwalk/rqmor

    (Malheureusement j’ai raté les représentations au Théâtre de Ménilmontant)

    Être belle, ou moche, être un ours, mieux encore, comme un chaman exister sans corps. Ensuite, défiler sous les regards.

    Une route éclairée mène au pays du monstre. Ils marchent : la femme la plus laide du pays, l’homme le plus pauvre du pays, la femme en costume d’ours, le boa constrictor et la fille taille zéro. Catwalk célèbre les récits où l’identité se crispe douloureusement autour de l’apparence physique : c’est une étude sur l’acte d’être regardé et la violence que les regards provoquent en nous. Comment survivre à la métamorphose, le corps est-il un autel ou un refuge, et combien coûte la mariée ?

    Textes : Carmen Kautto - Jean Genet - Marko Järvikallas - John Irving - Douce Violaine - Mona Chollet

    Mise en scene et dramaturgie : Carmen Kautto

    Costumes : Marion Duvinage

    Décors/accessoires : Pauline Lefeuvre

    Musique : Pierre Fourmeau

    Avec : Carmen Bailly, Camille Bernaudat, Youssef Chehady, Nina Cottin, Jamy Dequiedt, Juliette Gazet, Juliette Humbert, Anna Korolainen, Guillermo Mendez, Évangélia Pruvot, Eve Risto

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=axNyUMCWzFo

  • « Le point de départ, le déclic, me fut donné par une boîte à musique où les automates étaient quatre nègres en livrée s’inclinant devant une petite princesse de porcelaine blanche. Ce charmant bibelot est du XVIIIème siècle. À notre époque, sans ironie en imaginerait-on une réplique : quatre valets blancs saluant une princesse noire ? Rien n’a changé… Que se passe-t-il donc dans l’âme de ces personnages obscurs que notre civilisation a acceptés dans son imagerie, mais toujours sous l’apparence légèrement bouffonne d’une cariatide de guéridon, de porte-traine ou de serveur de café costumé ? Ils sont en chiffon, ils n’ont pas d’âme. S’ils en ont une, ils rêvent de manger la princesse. »

    (Jean #Genet, préface inédite de la réédition des #Nègres, L’Arbalète, 1963, in Oeuvres complètes, dans La Bibliothèque de La Pléiade)

  • Prison - Les Surgissantes
    http://www.surgissantes.com/constellation?id=130

    #Constellation
    #PRISON

    Surveillance, jouissance, industrie, punition, évasion

    A l’unanimité le jury déclare l’internaute coupable d’oublier trop souvent qu’il est libre et qu’il y a des prisons. Il le condamne donc aux TIG suivants : au parloir de Fresnes accompagner Claude une mère rendant visite à ses deux fils, sous les murs de la Santé trinquer avec Jonas Mekas à la mémoire de Jean Genet, à Supermax, Colorado, découvrir l’industrie carcérale made in USA, à Folsom avec Johnny Cash chanter pour les détenus, à Venise avec Casanova, imaginer, préparer et réussir une évasion réputée impossible.

    • Constellation PETER SZENDY (que j’ai eu comme prof mais pas sur ses sujets de prédilection)
      http://www.surgissantes.com/constellation?id=186

      Cavernes, bobine, scanner, traque et taupologie

      Elle est tendre au toucher mais peut être tendue, dans l’attente, aux aguets, on la laisse parfois traîner sans qu’elle soit traînante, c’est l’#oreille, #organe de la peur et des fantasmes, dont notre invité s’est fait une spécialité. Non Peter Szendy n’est pas ORL, il est philosophe, musicologue, et surtout il est l’auteur de livres passionnants sur l’#écoute.

      La constellation Szendy, en forme de ◄◄ REWIND, revient sur quelques unes des œuvres évoquées dans son essai Sur écoute. Esthétique de l’espionnage .

      #son #audio

  • Quatre heures à Chatila | Jean Genet (Relevé sur le Net...)
    http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=11193

    Une photographie a deux dimensions, l’écran du téléviseur aussi, ni l’un ni l’autre ne peuvent être parcourus. D’un mur à l’autre d’une rue, arqués ou arc-boutés, les pieds poussant un mur et la tête s’appuyant à l’autre, les cadavres, noirs et gonflés, que je devais enjamber étaient tous palestiniens et libanais. Pour moi comme pour ce qui restait de la population, la circulation à Chatila et à Sabra ressembla à un jeu de saute-mouton. Un enfant mort peut quelquefois bloquer les rues, elles sont si étroites, presque minces et les morts si nombreux. (...)