person:laurent bonnefoy

  • Le Yémen, un spécimen des ratés de la guerre contre le terrorisme
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/02/le-yemen-un-specimen-des-rates-de-la-guerre-contre-le-terrorisme_5236644_323

    Enfin un bon livre sur le Yémen ! En France, ils sont rares, un par décennie en moyenne. Un livre de chercheur, certes destiné au grand public, mais complexe, documenté, sans oublier une dimension théorique, qui est le propre de la recherche. Le Yémen - De l’Arabie heureuse à la guerre, de Laurent Bonnefoy, n’est pas une histoire de ce pays de la reine de Sabah à nos jours, contrairement à ce que son titre peut laisser croire. Les repères temporels sont présents et les grandes périodes dessinées à grand trait, mais c’est surtout la période récente, depuis le tournant du siècle, qui est analysée. Autre originalité du projet : le Yémen, pays aussi mythique que méconnu, n’est pas traité ici en soi mais plutôt dans son rapport au monde.
    […]
    La thèse de Laurent Bonnefoy est que, malgré son isolement apparent, malgré la négligence et la légèreté des puissances qui se sont penchées sur ce pays, la trajectoire du Yémen a joué – et joue encore – un rôle de paradigme dans les relations internationales.

    Le Yémen est, en effet, un spécimen quasi-parfait des ratés de la guerre contre le terrorisme : comment le pouvoir a eu intérêt à agiter cette menace pour obtenir des subsides ; comment les Etats-Unis ont baissé la garde en croyant avoir gagné au moment où leur relais local, le président Saleh, ruinait...

    boum… #paywall !

    • Le chercheur Laurent Bonnefoy développe, dans un essai très documenté, la thèse que ce pays – aussi mythique que méconnu – aujourd’hui frappé par la violence du monde finira par se rappeler au bon souvenir de celui-ci.

      Enfin un bon livre sur le Yémen ! En France, ils sont rares, un par décennie en moyenne. Un livre de chercheur, certes destiné au grand public, mais complexe, documenté, sans oublier une dimension théorique, qui est le propre de la recherche. Le Yémen - De l’Arabie heureuse à la guerre, de Laurent Bonnefoy, n’est pas une histoire de ce pays de la reine de Sabah à nos jours, contrairement à ce que son titre peut laisser croire. Les repères temporels sont présents et les grandes périodes dessinées à grand trait, mais c’est surtout la période récente, depuis le tournant du siècle, qui est analysée. Autre originalité du projet : le Yémen, pays aussi mythique que méconnu, n’est pas traité ici en soi mais plutôt dans son rapport au monde.

      C’est un prisme difficile et original, parfois aride, voire touffu, quand il s’agit d’éclairer les innombrables contradictions de la diplomatie yéménite sous Ali Abdallah Saleh, le président autocrate qui dirigea le pays de 1978 à 2012, président à la réunification des deux Yémen, chassé par la révolution de 2011 avant de revenir en 2014 par la force des armes et allié à ses ennemis jurés, les houthistes, qu’il avait combattus sans merci – ils finirent par l’assassiner en décembre 2017, au lendemain d’une ultime volte-face. Mais la complexité n’est pas un défaut dans la recherche, au contraire.

      Rôle de paradigme

      La thèse de Laurent Bonnefoy est que, malgré son isolement apparent, malgré la négligence et la légèreté des puissances qui se sont penchées sur ce pays, la trajectoire du Yémen a joué – et joue encore – un rôle de paradigme dans les relations internationales.

      Le Yémen est, en effet, un spécimen quasi-parfait des ratés de la guerre contre le terrorisme : comment le pouvoir a eu intérêt à agiter cette menace pour obtenir des subsides ; comment les Etats-Unis ont baissé la garde en croyant avoir gagné au moment où leur relais local, le président Saleh, ruinait tous ces gains en lançant sa guerre contre les houthistes ; comment l’aide au développement n’a jamais été à la hauteur de celle militaire ; comment la restructuration des forces de sécurité a lancé une lutte de tous contre tous ; comment le refus américain d’endosser les victimes civiles des frappes de drones a sapé la légitimité de leur propre allié...

      La liste est interminable, mais le résultat imparable : Al-Qaida est plus puissant qu’il y a quinze ans. Cette histoire, qui court de 2001 à 2015, a été peu couverte, à l’exception de rares journalistes comme François-Xavier Trégan, qui a longtemps écrit dans ces colonnes.

      Pour tous ces observateurs attentifs, dont fait évidemment partie Bonnefoy, l’échec de la révolution de 2011 et la guerre de 2015 n’ont pas été une surprise. Aujourd’hui, il faut donc lire Le Yémen - De l’Arabie heureuse à la guerre pour comprendre que, si la violence du monde a fini par frapper de plein fouet le Yémen avec la guerre de 2015, celui-ci ne saurait oublier le monde et se rappellera un jour à son bon souvenir, que ce soit par le terrorisme ou par un afflux de réfugiés. A commencer par l’Arabie saoudite, dont le Yémen, ce voisin en loques, risque de devenir le pire cauchemar.

  • Muhammad Bin Salman, de facto leader de l’Arabie... - Laurent Bonnefoy
    https://www.facebook.com/laurent.jeanne.90/posts/10155554889930528?comment_id=10155554961665528&reply_comment_id=1015555518

    Muhammad Bin Salman, de facto leader de l’Arabie Saoudite fascine les grands médias occidentaux et nos dirigeants. C’est à l’évidence une histoire d’amour qui commence et les centaines de millions injectés par le Royaume (via des agences de com’) pour changer son image en Europe et aux Etats-Unis n’y sont sans doute pas pour rien ! Le branding « MBS » marche à plein : France Inter ce matin, le New York Times hier, The Economist il y a deux ans.
    On y lit ou entend des louanges, on relève la difficulté de la tâche relevée par le jeune prince « courageux » (parce que les Saoudiens seraient des « fainéants » ou des « corrompus », ou bien parce que les méchants religieux veillent au grain).
    Quelques historiens pourront sans doute dans quelques années tracer un parallèle avec la fascination qu’exercait Saddam Hussein dans les années 1980 ou Bachar el-Assad au milieu des années 2000. A une différence près, concernant « MBS » et son terrain de jeu macabre yéménite, aux fondements de son règne, les informations sont aujourd’hui pleinement disponibles. Encore faut-il vouloir les voir !

    • A cause de l’espèce de #paywall de Libération :

      Stop au cyberharcèlement islamophobe contre l’association Lallab
      Libération, le 23 août 2017

      Nous, féministes, militant·e·s, chercheur·se·s, journalistes, artistes, citoyen·n·es, universitaires et entrepreneur·se·s, apportons notre soutien à Lallab. Le succès de cette jeune association féministe et antiraciste lui vaut de devoir répondre à nouveau à une campagne de désinformation, et à ses militantes de subir un épuisant cyberharcèlement nourri d’islamophobie et de sexisme. Cet acharnement doit cesser.

      Lallab entend lutter contre les préjugés sur les femmes musulmanes. Sa mission est claire : produire un environnement, des ressources et des outils favorisant la liberté, pour que chaque femme musulmane puisse définir son identité et son parcours de vie. Lallab est une association areligieuse, aconfessionnelle et apartisane dont le rêve est qu’aucune femme ne soit plus jugée, discriminée ou violentée en raison de son genre, de son physique, de son orientation sexuelle, de ses origines ou encore de ses convictions religieuses.

      Ces objectifs sont affirmés dans les statuts de l’association déposés en préfecture, sur son site internet et dans tous ses outils de communication. On peut par exemple lire ceci sur cette page de leur site : « Les femmes musulmanes sont réduites à un silence paradoxal. On ne cesse de parler d’elles mais sans jamais leur donner la parole. […] Les musulmanes sont représentées comme un bloc homogène avec une histoire unique. Ecrire soi-même son histoire est un moyen de se la réapproprier et de déconstruire les mythes qui y sont attachés. […] Notre combat va au-delà des droits des femmes musulmanes ! Nous souhaitons que chaque personne puisse être non pas ce que l’on souhaite qu’elle soit, mais bien ce qu’elle veut être. »

      Afin de concrétiser cet objectif, Lallab a développé des outils militants : réalisation d’une série documentaire « Women Sense Tour in Muslim Countries », organisation de projections débats, édition d’un magazine en ligne, réalisation de portraits mettant en valeur la diversité des vies et des parcours de femmes musulmanes, animation d’un réseau de bénévoles, d’ateliers de sensibilisation et de rencontres culturelles, notamment un festival féministe qui a réuni plus de 500 personnes à la Bellevilloise en mai 2017.

      En un peu plus d’un an, le travail de Lallab a été salué par de nombreuses instances. La Fondation de France a récompensé sa cofondatrice, Sarah Zouak, dans le cadre de son prix « Déclic Jeune » pour sa série documentaire. Cette dernière a aussi reçu le premier prix de Coexister « Femme française émergente 2016 » ou le premier prix « militante associative » du Gala de la femme africaine. L’énergie de l’association lui a valu de nombreux reportages et articles dans la presse : le Monde, Télérama, TV5 Monde, Cheek, ELLE, Grazia… Un tel bilan devrait apporter au moins du respect pour le travail effectué et les objectifs visés. Mais l’accomplissement de Lallab vient de lui valoir une nouvelle campagne de désinformation et de cyberharcèlement misogyne et islamophobe, la troisième en huit mois.

      Le déclencheur a été, cette fois-ci, l’annonce que l’association se dotait à la rentrée d’une équipe de deux salariées et de trois volontaires du service civique. L’agence d’Etat concernée a été noyée sur les réseaux sociaux de messages occultant la réalité du travail de Lallab, véhiculant approximations, procès d’intention et mensonges à son sujet. Cette campagne virulente n’a pas uniquement visé l’association. Ses militantes ont été personnellement victimes d’un attirail de cyberviolences : surveillance sur les réseaux sociaux, recherche et diffusion en ligne d’informations privées, menaces de viol, de meurtre, insultes, raids de cyberharceleur·se·s. Ces méthodes, nourries par le sentiment d’impunité de ceux qui s’y adonnent, résultent en une culpabilisation des victimes, une silenciation des concerné·e·s, et, plus préoccupant encore, entraînent une banalisation d’attitudes et de propos islamophobes.

      La cyberviolence a porté en partie ses fruits. Sans en discuter d’abord avec l’association, l’Agence du service civique a annoncé le retrait des annonces pour les trois candidatures, avant de rétropédaler, face à une réaction massive de soutien à Lallab sur les réseaux sociaux. Selon l’agence, ce retrait n’ait été motivé que par des problèmes techniques. Cela doit cesser. En plus de menacer la structure de l’association et ses activités militantes, ces violences ont un impact physique et psychique massif sur les bénévoles. Nous ne pouvons rester silencieux·ses face à un tel acharnement. Se taire serait se rendre complices. C’est la raison pour laquelle, après avoir manifesté individuellement notre soutien à Lallab, nous nous rassemblons pour cosigner cette tribune et montrer notre détermination à défendre l’association, ses membres et ses valeurs, contre les responsables des raids virtuels dirigés contre elles.

      A l’origine des trois campagnes dirigées contre Lallab, on trouve des membres de l’extrême droite et de groupes identitaires, mais aussi des personnes prétendant défendre une vision « intransigeante » de la laïcité et de l’universalisme républicain. En plus de reposer sur une compréhension erronée de la loi de 1905, cette supposée intransigeance est en réalité une intolérance, voire une paranoïa, qui s’exerce à l’égard d’une seule religion : l’islam. Cette vision les rend complices de l’extrême droite, les amène à hurler avec elle, et à défendre une vision raciste et sexiste de la société. À cet égard, nous dénonçons la responsabilité particulière du Printemps républicain, ou encore du site Ikhwan Info. Supposément de gauche, féministe, universaliste et laïque, ce mouvement s’en prend ici à une association qui rassemble des femmes directement concernées par la misogynie et le racisme, et qui s’auto-organisent pour lutter contre. Ces structures passent par l’approximation et la manipulation pour défendre un universalisme abstrait et une République qui dissimule mal ses inégalités.

      Lallab s’inscrit dans une démarche bienveillante et inclusive. Nous refusons que ses militantes et tant d’autres avec elles, soient constamment scrutées, agressées, acculées et menacées. Nous exigeons que les responsables de ces campagnes rendent des comptes sur les mensonges et les agressions dont ils et elles sont directement ou indirectement responsables. Et, par-dessus tout, nous nous inquiétons de la façon dont les institutions étatiques s’engouffrent systématiquement dans les brèches ouvertes par ces campagnes calomnieuses, compromettant le travail essentiel mené par Lallab contre l’islamophobie qui s’exerce, en France, avec une virulence préoccupante, contre les femmes musulmanes.

      Signataires : Leïla Alaouf, auteure, militante féministe et antiraciste ; Zahra Ali, sociologue à la Rutgers University ; Rebecca Amsellem, cofondatrice des Glorieuses ; Pouria Amirshahi, ancien député, co-fondateur du Mouvement commun ; Christian Andreo, directeur général adjoint de Aides ; Armelle Andro, enseignante à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne ; Judith Aquien, cofondatrice de Thot ; L’association Act Up Paris ; L’association A nous la nuit ! ; L’association En avant toute(s) ; L’association KÂLΠ; L’association FéminiCités ; L’association Les Dégommeuses ; L’association Identité plurielle ; L’association Stop harcèlement de rue ; Pénélope Bagieu, auteure ; Radia Bakkouch, présidente de Coexister ; François.e Blanchon dit.e Fraka ; Alice Barbe, entrepreneuse sociale, directrice Singa France ; Lauren Bastide, journaliste et productrice de podcasts ; Elsa Bastien, journaliste ; Julien Bayou, porte-parole de EE-LV ; Assia Benziane, adjointe au maire de Fontenay-sous-Bois ; Nargesse Bibimoune, auteure, militante antiraciste et féministe ; Fred Bladou, activiste sida ; Sirma Bilge, professeure au département de sociologie de l’université de Montréal ; Laurent Bonnefoy, chercheur au CNRS ; Lucas Bolivard, président de Génération progressiste ; Pascal Boniface, universitaire ; Guillaume Bonnet, fondateur de l’Accélérateur de la mobilisation citoyenne ; Joséphine Bouchez, cofondatrice de Ticket for Change ; Mathilde Boudon-Lamraoui, militante associative ; Anaïs Bourdet, graphiste et créatrice de Paye ta shnek ; Laura Carpentier-Goffre, doctorante au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences-Po ; Silvia Casalino, ingénieure et militante lesbienne ; Rébecca Chaillon, metteuse en scène, performeuse et artiste associée au Centre dramatique national de Normandie-Rouen ; Ismahane Chouder, co-présidente du Collectif des féministes pour l’égalité ; Aya Cissoko, auteure et ancienne athlète de haut niveau ; Clumsy, militante antiraciste ; Le collectif Asiatopie ; sensibilisation au racisme anti-asiatique ; Le collectif Des Raciné·e·s ; Le collectif Féministes contre le cyberharcèlement ; Le collectif Féministes par inadvertance ; Le collectif Ferguson in Paris ; Le collectif Garçes ; Le collectif Globule Noir, groupe de soignant·e·s luttant contre les discriminations au sein des institutions hospitalières ; Les collectifs Paye ton bahut, Paye ta blouse, Paye ton couple, Paye ta famille, Paye ton gynéco, Paye ton IVG, Paye ton jeu, Paye ton journal, Paye ton psy, Paye ta race, Paye ta soirée, Paye ta truelle, Paye ta police ; Le collectif de la Pride de Nuit ; Le collectif ROSA ; Le collectif du magazine féministe Simonae.fr ; Le collectif Team Bagarre ; Le Comité de luttes et d’actions queer (CLAQ) ; Alice Coffin, militante féministe et lesbienne ; Virginie Combe, militante pour l’égalité des droits ; Le Couvent de Paname : les sœurs de la perpétuelle indulgence ; Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue, Professeure émérite à l’université Paris VII Diderot ; Laurence De Cock, historienne ; Karima Delli, députée européenne EE-LV ; Christine Delphy, sociologue et auteure chez Les Mots sont importants (LMSI) ; Magali Deval, militant·e écologiste et LGBT ; Rokhaya Diallo, écrivaine et journaliste ; Tara Dickman, entrepreneure sociale, formatrice de formateurs sur la laïcité pour les agents du service public ; Lucia Direnberger, militante féministe et sociologue ; Angeline Dorzil, diplômée en Genre, changement social et politiques ; Eva Doumbia, metteure en scène ; Emma, blogueuse féministe ; Eric Fassin, sociologue à l’université Paris VIII ; Gwen Fauchois, lesbienne, blogueuse et activiste ; Amandine Gay, réalisatrice ; Camille Gelpi, journaliste ; Clara Gonzales, activiste féministe ; Nacira Guénif, sociologue à l’université Paris VIII ; Alain Gresh, journaliste ; Samuel Grzybowski, fondateur du mouvement Coexister ; Leïla H., militante féministe et créatrice de Check tes privilèges ; Malika Hamidi, sociologue et auteure de Un féminisme musulman et pourquoi pas ? ; Benoît Hamon, fondateur du Mouvement du 1er Juillet ; Samia Hathroubi, enseignante et militante associative ; Antoine Henry, militant de la lutte contre le sida ; Alix Heuer, militante féministe, cofondatrice de W(e) Talk et des Glorieuses ; Anne-Charlotte Husson, blogueuse et chercheuse sur le genre ; Siham Jibril, entrepreneure, fondatrice de Génération XX ; Hanane Karimi, sociologue et féministe antiraciste ; Rachel Khan, auteure et comédienne ; Azadeh Kian, professeure de sociologie, directrice du Centre d’enseignement, de documentation et de recherches pour les études féministes (Cedref) de l’université Paris-VII Diderot ; Léopold Lambert, rédacteur en chef de The Funambulist ; Stéphanie Lamy, cofondatrice du collectif Abandon de famille - Tolérance zero ; Mathilde Larrère, historienne ; Jehan Lazrak-Toub, cofondatrice de W(e) Talk ; Elisabeth Lebovici, critique d’art et auteure ; Anaïs Lecoq, journaliste ; Cécile Lhuillier, activiste LGBTI+ et féministe ; Johanna Luyssen, journaliste et cheffe du service web à Libération ; Grâce Ly, auteure, productrice ; Maeril, illustratrice et directrice artistique ; Myriam Marzouki, metteure en scène ; Philippe Marlière, politiste ; Jérôme Martin, activiste LGBTQI, professeur, ex-Act Up Paris ; Elsa Miské, co-fondatrice de Slice Up ; Morgane Merteuil, militante féministe ; Madjid Messaoudene, élu de Saint-Denis en charge de la lutte contre les discriminations et pour l’égalité femmes-hommes ; Khadija Moussou, journaliste à Elle.fr ; Céline Mouzon, journaliste à Alternatives économiques ; Mrs Roots, auteure et blogueuse militante afroféministe ; Musulmans inclusifs de France ; Nadia et Nora, fondatrices du magazine Dialna.fr ; Diariata N’Diaye, créatrice de l’application App-Elles ; Hawa Ndongo, étudiante ; Océanerosemarie, auteure, comédienne, réalisatrice ; Les Ourses à plumes, webzine féministe intersectionnel ; Ovidie, réalisatrice documentariste ; Julie Owono, avocate et directrice exécutive d’Internet sans frontières ; Julie Pascoët, activiste, chargée de plaidoyer à l’European Network Against Racism ; Ndella Paye, militante afroféministe et antiraciste ; Lorraine Poncet, chargée d’étude à l’université Paris-I Panthéo-Sorbonne ; Dorothée Prud’homme, chercheure associée au Centre Emile Durkheim, Sciences-Po Bordeaux ; Sandra Regol, porte parole EE-LV ; Valérie Rey, dite « Crêpe Georgette », militante féministe ; Meriem Rodary, anthropologue et féministe antiraciste ; Emilia Roig, directrice du Intersectional Center for Justice ; Diane Saint-Réquier, militante féministe ; Julien Salingue, docteur en sciences politiques ; Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie ; Geneviève Sellier, universitaire ; Rachid Sguini, illustrateur, auteur du blog Les Gribouillages de Rakidd ; Patrick Simon, démographe ; Laura Slimani, conseillère municipale de Rouen, ancienne présidente des Jeunes socialistes ; Charlotte Soulary, militante féministe ; Pierre Tévanian, professeur de philosophie, auteur chez LMSI ; Elise Thiébaut, auteure ; Sylvie Tissot, sociologue, auteure chez LMSI ; Emilie Tôn, journaliste ; Françoise Vergès, docteure en sciences politiques, titulaire de la chaire « Global South(s) » à la Maison des sciences de l’homme, présidente du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, auteure ; Nils Wilcke, journaliste à Alternatives Economiques ; Women’s March Barcelona ; Women’s March Geneva ; Women’s March Global ; Women’s March London ; Women’s March Netherlands ; Women’s March Paris.

  • La fracture générationnelle, par Laurent Bonnefoy
    https://www.facebook.com/laurent.jeanne.90/posts/10154624762630528

    Depuis dix jours, on entend bien des choses sur la fracture sociale, raciale, culturelle qu’exprime l’adhésion au projet économique et social « radicalisé » de François Fillon. On ne peut qu’y souscrire et cette faille est effrayante. Mais elle cache une fracture générationnelle qui devrait nous interroger elle aussi. Je ne vais pas faire de jeunisme mais... savoir que les plus de 60 ans ont représenté 45% des électeurs de la primaire (contre moins d’un cinquième de la population) génère chez moi un drôle de malaise. Découvrir que finalement les terribles reculs des droits sociaux sont applaudis et encouragés par ceux qui ne seront que peu (ou même pas du tout !) concernés est une source de désarroi profond. Cette génération n’a-t-elle pas, pendant les Trente Glorieuses, profité d’un système, avant de le pourrir (et notre planète avec !) ? Ne bénéficie-t-elle pas d’une retraite fréquemment confortable, qu’elle a pu prendre à 60 ans ? N’est-ce pas elle qui coute aujourd’hui un bras à la sécu ?
    C’est d’autant plus triste de le constater quand on comprend que les recettes proposées par leurs héros du moment sont celles d’un autre temps, négligeant totalement de nous parler d’avenir, d’écologie, de réfléchir aux effets de l’automatisation sur les emplois ou de penser aux impératifs de la solidarité internationale.
    Certes, cet égoïsme générationnel (pas partagé par tous, évidemment) est difficile à dénoncer car nos p’tits vieux, on les aime bien !
    On m’objectera que les « jeunes » ne valent pas mieux (racistes eux aussi, égoïstes !) et surtout apathiques dès qu’il s’agit de politique. C’est là une raison de plus d’être pessimiste mais aussi d’en vouloir à nos « vieux », grands élus souvent, qui ont aussi pourri les institutions et brisé tout espoir dans le changement.

  • Des islamologues contre l’Organisation de l’Etat islamique
    http://orientxxi.info/magazine/des-islamologues-contre-l-organisation-de-l-etat-islamique,1315,1315
    Deux remarques très intéressantes de Laurent Bonnefoy (même si il est évident qu’il parle du point de vue de sa paroisse, ie les sciences politiques ; et plutôt proche de F. Brugat)

    Sans préjuger du profil de celles et ceux qui seront recrutés et de la capacité des comités de sélection à tirer profit scientifiquement de ces opportunités, l’accent mis sur l’islamologie revient à faire reposer la violence dite terroriste sur l’islam et sur ses interprétations. Un tel biais nie en quelque sorte la dimension relationnelle de la violence, les effets de domination à l’échelle internationale ou liés au sort des minorités musulmanes en Europe. Une telle labellisation opère in fine une dépolitisation des enjeux et valide une déconnexion entre un produit fini, dit « radical » ou « terroriste », et les processus qui ont conduit à son émergence. Cette logique sous-tend qu’il reviendrait aux chercheurs de participer à la réforme de l’islam pour imposer une « juste » lecture des textes, sans jamais finalement se soucier de corriger les biais politiques et la domination occidentale qui sont pourtant au cœur des dynamiques de (contre-)violence.
    ...
    Plutôt que de courir après l’actualité, se serait-il pas également judicieux de prendre les devants et d’encourager la formation dirigée vers les « marges » africaines ou asiatiques du monde musulman qui ont toutes les chances de supplanter le monde arabe dans l’actualité au cours des décennies à venir ?

    #islamisme #islamologie #sciences_sociales #université #recherche

  • L’irrésistible processus de fragmentation du Yémen | Mediapart

    https://www.mediapart.fr/journal/international/240416/lirresistible-processus-de-fragmentation-du-yemen?onglet=full

    L’irrésistible processus de fragmentation du Yémen
    24 avril 2016 | Par Laurent Bonnefoy

    Un nouveau cycle de négociations impliquant l’Arabie saoudite et les rebelles houthis s’est ouvert mi-avril à Koweït. Mais plus d’un an après le début de la guerre au Yémen, les dynamiques contradictoires sur le terrain rendent illusoire, pour l’instant, tout type de règlement politique.

    En dépit de son coût humain et politique terrible, la guerre au Yémen est trop fréquemment négligée, voire oubliée. Fin mars 2016, le premier anniversaire de son déclenchement ne pouvait raisonnablement être célébré par personne tant ce conflit, et l’intervention de la coalition menée par l’Arabie saoudite qui le structure, sont des échecs patents. Cet anniversaire a cependant coïncidé avec l’entame d’une nouvelle phase, censément plus constructive.

    Après deux rencontres organisées à Genève, un troisième round de négociation s’est officiellement ouvert à Koweït le 17 avril 2016 sous l’égide de l’ONU. Une semaine plus tôt, un cessez-le-feu a été prononcé. Certes, les représentants de la rébellion houthiste (chiite), cible de l’offensive saoudienne au Yémen, ont traîné les pieds et retardé de plusieurs jours leur arrivée à la table des négociations pour protester contre la poursuite de bombardements aériens par la coalition. Malgré tout, pour la première fois depuis le début de la guerre, l’optimisme semble de mise. Mais ces négociations ne sont-elles pas trop déconnectées des réalités de terrain ? Cet effort n’arrive-t-il pas trop tard alors que le pays, la société et l’État sont déstructurés, si ce n’est même détruits ?

    L’approche diplomatique dorénavant privilégiée par les représentants des belligérants se fonde sur quatre dynamiques. Depuis quelques semaines, celles-ci ont transformé un conflit longtemps apparu figé, marqué par le laisser-faire de la communauté internationale et par une impasse militaire.

    La position fragilisée de l’Arabie saoudite

    Le premier changement concerne l’Arabie saoudite et les pressions internationales, même timides, qui s’exercent sur son gouvernement. Depuis le début de la guerre, les « bavures » se sont multipliées. L’ensemble des belligérants fait montre d’un mépris évident pour les civils dont au moins 5 000 ont été tués en un an. Chaque partie peut ainsi renvoyer ses adversaires à ses crimes. Le blocus houthiste autour de Taëz est par exemple fréquemment comparé à celui sur Gaza dans les médias du Golfe. Par quatre fois, des institutions de santé dans lesquelles opérait du personnel médical de Médecins sans frontières ont été touchées par des bombes saoudiennes, sans compter les mariages ou campements de réfugiés.

    Si les manquements des rebelles et de leurs alliés pro-Saleh (fidèles à l’ancien président yémenite, mis à l’écart en 2012) peuvent à bon droit être dénoncés, la responsabilité de la coalition – souvent réduite à son commandement saoudien – est d’une autre nature. La dimension asymétrique du conflit, l’échelle et la fréquence des « dommages collatéraux » et l’alliance nouée avec les grandes puissances occidentales placent l’Arabie saoudite en première ligne. États-Unis, Grande-Bretagne et France, principaux pourvoyeurs en armement des pays de la coalition, se trouvent de fait engagés sur le terrain yéménite, ne serait-ce que par l’intermédiaire des formateurs militaires. Ils voient dès lors leur laisser-faire critiqué par les médias, les partis d’opposition et les acteurs humanitaires. Aux États-Unis, dans une correspondance privée rendue publique, le secrétaire d’État, John Kerry, s’est ému de l’intransigeance des Saoudiens et de leurs alliés au Yémen mais la critique reste feutrée. Campagnes de grandes ONG françaises dénonçant la situation humanitaire, scandale lié à la décoration par le président Hollande du prince héritier saoudien Muhammad bin Nayef en mars 2016 et vote par le Parlement européen d’une résolution appelant au boycott des ventes d’armes à l’Arabie saoudite ont sans conteste fragilisé la position saoudienne et favorisé des inflexions politiques. Pour répondre à cette situation, le gouvernement saoudien, soucieux de son image, a signé des contrats avec des agences de communication en Europe.

    Riyad accepte les discussions directes

    La seconde dynamique concerne la relation entre les houthistes et le pouvoir saoudien. Riyad, niant la légitimité politique des houthistes et dénonçant leur collusion avec l’Iran, avait depuis le déclenchement de la guerre refusé de les considérer en tant qu’interlocuteurs directs. Les Saoudiens ont néanmoins engagé des pourparlers avec eux depuis février 2016. Ces discussions ont abouti à des échanges de prisonniers et ont conduit à une sécurisation de la frontière, limitant les incursions houthistes en territoire saoudien. En échange, le leadership houthiste a envoyé des signaux moins ambigus qu’habituellement au sujet de sa relation avec l’Iran. Début mars 2016, sur sa page Facebook, Yusuf al-Fayshi, membre du comité révolutionnaire et proche du leader rebelle Abdulmalik al-Houthi, a publié un texte remarqué dans lequel il demandait explicitement aux Iraniens de se tenir éloignés du conflit yéménite.

    Une alliance en péril entre les rebelles et l’ancien président

    L’objet des discussions directes entre Saoudiens et houthistes avait également pour fonction d’amplifier une troisième dynamique : la dissolution de l’alliance entre les rebelles houthistes et l’ancien président yéménite, Ali Abdallah Saleh. Cette alliance, militaire et politique, a permis au mouvement houthiste d’asseoir sa puissance militaire et à l’ancien président de se venger de ceux qui, lors du printemps yéménite de 2011, l’avaient trahi, provoquant sa chute. Elle a, depuis le début du conflit, été considérée comme le talon d’Achille de la rébellion. Les deux anciens ennemis, qui s’étaient combattus de 2004 à 2010 dans la très meurtrière guerre de Saada, avaient établi une alliance dont chacun estimait sortir gagnant. Lors des manifestations organisées au premier anniversaire de l’offensive saoudienne, les tensions étaient palpables et coïncidaient avec des revers militaires, à Taez notamment. Chacun dénonçant « l’agression saoudienne » avait organisé son cortège en différents lieux de Sanaa, comme pour jauger ses propres forces. Toujours annoncée, la dissolution de l’alliance ne venait toutefois pas encore.
    Abderabuh Mansur Hadi, un « roi nu » face au « phénix politique » Saleh

    Le pouvoir en opération reconquête

    La quatrième dynamique concerne la volonté du président du Yémen, Abderabuh Mansur Hadi, d’élargir la base de ses partisans. « Roi nu », quasiment dépourvu de relais efficaces dans l’armée et les institutions, Hadi s’était jusqu’à présent appuyé sur des hommes originaires de provinces du Sud, mais souvent rejetés par le mouvement sudiste sécessionniste. Khaled Bahah, premier ministre et vice-président (mais aussi concurrent potentiel de Hadi), a été remplacé début avril 2016 par deux anciens proches de Saleh, Ahmed Obaid Bin Daghr et Ali Muhsin. Le profil politique du premier rend compte d’une stratégie visant à regagner le cœur des membres du parti du Congrès populaire général encore dirigé par Saleh (et dans lequel Bin Daghr avait occupé la fonction de secrétaire général, y compris après 2012 et la chute de Saleh de la présidence). Les origines du second et son rôle passé dans l’armée doivent permettre de se rapprocher des tribus du Nord et des militants du parti Al-Islah (issu des Frères musulmans.) Une telle entreprise n’est pas gagnée d’avance, considérant le passif de Hadi dans le nord du pays et auprès d’une large part des sudistes.

    La place redonnée à la diplomatie, aux négociations et à la noble politique ne peut malheureusement faire oublier la centralité des armes et de la violence. L’optimisme qui devrait découler des quatre dynamiques présentées ci-dessus n’est ainsi sans doute qu’une illusion. Quand bien même les pays de la coalition arabe cesseraient-ils de bombarder le pays et les houthistes accepteraient-ils de se conformer à la résolution 2216 du conseil de sécurité de l’ONU qui leur enjoint de laisser leurs armes, de quitter les villes et de permettre le retour du gouvernement qualifié de légitime à Sanaa, il est fort probable que la guerre se poursuive. Le conflit au cours de l’année écoulé a considérablement approfondi des fragmentations identitaires qui remettent en cause la viabilité de l’État yéménite et son avenir. L’on aimerait bien évidemment se tromper.

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    À rebours d’une l’histoire yéménite caractérisée par la coexistence et un processus de convergence des identités religieuses, le conflit a accentué une polarisation entre sunnisme et zaydisme-chiite incarné par la rébellion houthiste. Bien qu’indirectement, l’offensive de la coalition menée par l’Arabie saoudite a légitimé une lecture anti-chiite de l’inimitié qui s’est trouvée en adéquation avec l’idéologie de divers mouvements djihadistes. Des milices islamistes sunnites, parfois affiliées à Al-Qaïda, participent ainsi à l’effort de guerre et aux combats contre les houthistes tout en bénéficiant du chaos ambiant. L’Organisation de l’État islamique a fait son apparition, revendiquant 25 attentats en une année et s’engageant dans une rivalité avec les autres groupes djihadistes plus anciens. Le vide politique a en outre laissé à Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) l’espace pour se déployer et contrôler des territoires. Or ce groupe, en dépit d’alliances nouées au niveau local avec des tribus, par exemple dans la province orientale du Hadramaout, continue d’évoluer bien loin de la politique institutionnelle. Comme l’État islamique, il restera encore longtemps rétif à toute négociation ou diplomatie et éloigné des tables de négociations. Par ailleurs, les attentats contre les mosquées zaydites revendiqués par l’Organisation de l’État islamique et une rhétorique salafiste offensive ont entraîné chez les zaydites un sentiment de fragilité et une logique de solidarité structurée autour du référent chiite. Les portraits du président syrien Bachar al-Assad et du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, dans les rues de Sanaa illustrent le développement d’un imaginaire proprement chiite, marqué par ses héros et ses luttes, bien loin de l’imaginaire national yéménite.

    La fragmentation est également géographique, entre Nord et Sud. L’unification de 1990 a toujours été contestée, donnant lieu en 1994 à un conflit et depuis 2008 à un puissant mouvement populaire qui dénonce la domination politique, économique et symbolique exercée par le Nord. La prise par les houthistes de la ville d’Aden, en mars 2015, a été l’événement déclencheur de la guerre, précipitant le mouvement sudiste dans un conflit qui initialement ne le concernait guère. Les destructions dans l’ancienne capitale du Sud et l’occupation de la ville pendant cinq mois ont approfondi un ressentiment qui sera bien difficile à dépasser. Le mouvement sudiste a poursuivi son déploiement, accru son armement (grâce à des équipements fournis par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis), sans pour autant se rapprocher du président Hadi. À Aden, d’impressionnantes manifestations réclamaient la sécession. Au Hadramaout, province orientale « sudiste », les velléités indépendantistes étaient elles aussi profondes mais s’accordaient mal avec celles d’Aden. Dès lors, c’était bien une fragmentation en de multiples entités qui se dessinait et non un retour en arrière à la situation pré-1990 où Nord et Sud se faisaient face.

    Le Yémen avant sa réunification en 1990. © Mediapart/ Mnmazur/CC-BY-SA-3.0 Le Yémen avant sa réunification en 1990. © Mediapart/ Mnmazur/CC-BY-SA-3.0

    La troisième source d’inquiétude concerne la résilience du clan de l’ancien président Saleh. Phénix politique, Saleh, au pouvoir pendant plus de 33 années, sort renforcé de l’épreuve de force qu’il a engagée contre Hadi, le parti Al-Islah et la communauté internationale dès son éviction en 2012. S’appuyant sur sa fortune personnelle (qu’un panel d’experts de l’ONU a – sans doute exagérément – estimée à 60 milliards de dollars) restée considérable en dépit de sanctions internationales, il a entretenu ses réseaux clientélistes, en particulier dans l’armée et via son alliance avec les houthistes. Si chacun hors du pays (et particulièrement parmi les puissances régionales) souhaite se débarrasser de Saleh et si à l’intérieur il ne peut apparaître comme une alternative viable, force est de reconnaître qu’aucune solution ne peut se passer de son assentiment. Lors d’une apparition publique le 25 mars 2016, il bravait la coalition régionale, ses propres ennemis et pointait du doigt implicitement les renoncements à venir des houthistes, expliquant être matériellement en mesure de poursuivre le combat plusieurs années encore. Il se plaçait au centre du jeu militaire comme diplomatique, fixant ses conditions pour la paix. Chacun devrait prendre ses menaces au sérieux et considérer que cette résilience de Saleh est une bien mauvaise nouvelle pour la paix.

    #yémen

  • « LE MONDE ARABE ENTRE RUPTURE ET RENAISSANCE ? » Colloque demain à Paris

    MERCREDI 3 FÉVRIER 2016

    9h30 – 19h

    Collège des Bernardins – 20 rue de Poissy – 75005 Paris

    LE PROGRAMME

    INTRODUCTION HISTORIQUE

    CREATION DES ETATS AU MOYEN ORIENT DANS LES ANNEES 1920

    Par Jean-Paul Chagnollaud, professeur des Universités et directeur de l’iReMMO.

    VERS UNE RECOMPOSITION DES ETATS ?

    Animée par Pierre-Jean Luizard, chercheur au CNRS, historien spécialiste du Moyen-Orient.

    Laurent Bonnefoy, chargé de recherche au CNRS, Ceri/Sciences Po Paris ;

    Virginie Collombier, chercheure au Centre Robert Schuman d’études avancées de l’Institut Universitaire Européen de Florence ;

    Xavier Guignard, doctorant associé à l’IFPO (Institut Français du Proche Orient) ;

    Bassma Kodmani, directrice de l’Arab Reform Initiative ;

    Ziad Majed, professeur à l’Université américaine de Paris.

    LES SOCIETES ARABES. COMMUNAUTARISATION ET CITOYENNETE

    Animée par Jacques Huntzinger, ancien ambassadeur de France, co-responsable du séminaire, Dialogue méditerranéen sur la

    modernité et le religieux, au Collège des Bernardins.

    Hamit Bozarslan, directeur d’études à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) ;

    Mohamed Janjar, directeur adjoint de la Fondation du Roi Abdul Aziz au Maroc ;

    Stéphane Lacroix, professeur associé à l’Ecole des Affaires internationales de Sciences Po, (PSIA), chercheur au CERI (Centre de

    Recherches Internationales).

    LES MINORITES RELIGIEUSES DANS LE MONDE ARABE

    Animée par Monseigneur Pascal Gollnisch, directeur général de l’Oeuvre d’Orient.

    Avec : Pierre Blanc, enseignant chercheur à Bordeaux Sciences agro et à Sciences Po Bordeaux (LAM), consultant pour le Centre

    international des hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) et rédacteur en chef de la revue Confluences

    Jean-François Colosimo, président du directoire des éditions du CERF ;

    Monseigneur Maroun Elias-Lahham*, archevêque, vicaire patriarcal en Jordanie.

    Jean-Paul Chagnollaud, Pierre-Jean Luizard, Jacques Huntzinger

  • Scholars in solidarity with Ismail Alexandrani

    Ismail Alexandrani was detained by Egyptian authorities on November 30th as he was coming back to his country to visit his sick mother. Alexandrani is one of Egypt’s brightest young researchers, who has spent the last few years doing ground-breaking work on the marginalized areas of Egypt – a blind spot in academic studies of the country – as well as on political Islam. His articles have featured in numerous publications and have been presented in international academic conferences, and they have earned him awards and fellowships. In his work, he has constantly demonstrated a genuine intellectual independence. He is a well respected member of the academic community, and someone we personally enjoyed working with. Alexandrani’s arrest is a repression of free speech and should be condemned. We hope that he will be released promptly and return to his friends and to the research community.

    First signatures
    Francois Burgat, Research Director, CNRS (Centre National pour la Recherche Scientifique). Vincent Geisser, Research Director, CNRS. Alain Gresh, Le Monde Diplomatique. Miriam Catusse, Director of Contemporary Studies, IFPO (Institut Français du Proche–Orient). Claire Beaugrand, Researcher, IFPO. Nicolas Dot-Pouillard, Researcher, IFPO. Laurent Bonnefoy, Researcher, CERI/Sciences Po. Matthieu Rey, Researcher, College de France. Stéphane Lacroix, Associate Professor, Sciences Po. Mounia Bennani-Chraïbi, Professor, Lausanne University.
    Ellen Lust, Professsor, Yale and Gottenberg. Gibert Achcar, SOAS. John Chalcraft, LSE. Asef Bayat, University of Illinois
    Khaled Fahmy Professor, AUC. Rabab al Mahdi, Professor, AUC.

    http://freealexandrani.wesign.it/ar

  • Je n’ai pas vu référencé ici cet excellent article de Laurent Bonnefoy [Chargé de recherche au CNRS (Ceri/Sciences Po Paris) ; porteur-adjoint du projet du Conseil européen de la recherche (ERC), When Authoritarianism Fails in the Arab World (2013-2017) ; Spécialiste de l’islamisme dans la péninsule Arabique], pourtant présent sur Seenthis.

    Logique de guerre contre logique politique
    Attentats de Paris

    Orient XXI > Magazine > Laurent Bonnefoy > 18 novembre 2015

    Extraits

    Le phénomène « Je suis Charlie » (instrumentalisé en cela par les médias et le monde politique) a largement construit le défi posé à la société française il y a près d’un an en termes d’atteinte à la liberté d’expression, à la laïcité et au droit au blasphème. Dans ce cadre, l’action de Chérif et Saïd Kouachi était présentée comme l’expression d’un grief adressé à l’encontre du « modèle » de société incarné par les humoristes de Charlie Hebdo. L’analyse était toutefois viciée....
    ... Elle se méprenait aussi sur la fonction politique implicite de l’hebdomadaire satirique, dont l’humour à géométrie variable conduit (sans doute au corps défendant de certains de ses caricaturistes) à polariser davantage la société, à stigmatiser les musulmans et à donner à nombre d’entre eux le sentiment qu’ils subissent une inégalité de traitement ou qu’ils ne sont pas protégés autant que d’autres minorités. Face à une telle construction, il n’est pas étonnant de constater que pour le 11 janvier, à l’occasion de la grande manifestation, tout le monde n’était pas « Charlie », en particulier une part importante des populations issues des banlieues périphériques de Paris. Ceux qui ne l’étaient pas rejetaient alors notamment la sanctification de Charlie Hebdo, mais aussi la récupération par Israël et Benyamin Nétanyahou, présent aux côtés de François Hollande lors de la marche, de la nature antisémite de l’attentat.

    Une approche alternative du défi posé par les djihadistes à la France aurait dû s’imposer. Cette quête d’un contre-récit apparaît comme plus que jamais utile bien que pas toujours audible dans un espace médiatique et politique largement unanimiste. En janvier 2015 comme aujourd’hui, le véritable défi est bien celui de la réinvention du « vivre ensemble ». Par-delà les échecs patents du modèle républicain et son hypocrisie manifeste dans nombre de territoires, ce que l’OEI et d’autres groupes djihadistes transnationaux mettent en péril en agissant à Paris est justement le projet symbolique des sociétés européennes d’être multiculturelles (reconnaissons simplement que dans leur funeste entreprise, ils ont bien des alliés objectifs en France ou ailleurs, à droite comme à gauche de l’échiquier politique) . Cette conceptualisation alternative de la problématique terroriste en France replace les victimes juives de l’Hyper Cacher au cœur de l’analyse. Elle signale également combien le phénomène islamophobe qui croit indéniablement dans le sillage des attentats perpétrés par les djihadistes marque la victoire de ces derniers. Antisémitisme et islamophobie signalent ainsi une même logique et exigent une identique lutte, loin du « deux poids, deux mesures » qui trop souvent s’affirme. Il serait bon que les médias et les responsables politiques en France soulignent cette dimension avec davantage de force et de conviction afin de briser une mécanique de polarisation identitaire devenue quasiment inexorable.

    Cette reconstruction des termes du défi terroriste ne peut toutefois faire l’économie d’une sérieuse réflexion sur le rôle de la France à l’échelle internationale et sur ses alliances, avec Israël d’une part tant qu’il poursuivra sa politique répressive à l’égard des Palestiniens et sa stratégie de colonisation, mais également avec les monarchies du Golfe avec lesquelles le président François Hollande a établi une relation mercantile malsaine, plus affirmée que jamais. L’engagement militaire saoudien au Yémen depuis mars 2015, soutenu par la diplomatie française, apparaît à cet égard bien problématique dans la mesure où il amène à renforcer les positions djihadistes.
    ...
    Les attentats de Paris et de Saint-Denis apparaissent ainsi comme le fruit du télescopage entre les engagements militaires de la coalition au Proche-Orient contre l’OEI et le quotidien des Parisiens. Il est malheureusement probable que cette funeste rencontre soit de plus en plus fréquente. L’incapacité collective des élites françaises à relier les événements entre eux et à générer un lien de causalité entre des bombes, des balles, des drones et des porte-avions « ici » ou « là-bas » se révèle meurtrière. Les premières réactions du pouvoir emmené par François Hollande et Manuel Valls laissent penser que ce lien continuera à être occulté et que le gouvernement de la France, aux côtés de ceux des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Russie, s’entêtera à vivre dans le déni, considérant que davantage de bombes françaises déversées au Moyen-Orient génèrent plus de sécurité en Europe. Il faudra pourtant accepter que c’est exactement l’inverse qui partout se produit.

    Il conviendra aussi de tirer les conséquences de ce télescopage entre les vies européennes et celles des voisins proche-orientaux qui parfois vivent sous la terreur des missiles et ou des drones de la coalition à laquelle participe la France. Certes, la rage de l’OEI et sa volonté de frapper la France ne procèdent pas uniquement des bombardements des « positions djihadistes ». Elles s’appuient sur un antagonisme qui s’est renforcé au fil des années, voire des décennies, et qui est d’une complexité telle qu’il est devenu impossible de dire avec précision qui riposte à qui et à quoi. Tout juste convient-il de rappeler combien, comme l’écrivait le professeur Jean Leca, il n’y a pas d’« immaculée conception » de la violence, mais que celle-ci est le produit d’une relation . L’engagement militaire français, qui semble toujours aller croissant, constitue dès lors une variable fondamentale qui génère une représentation de l’inimitié et alimente, directement ou non, la décision de certains de massacrer ou de se faire exploser dans un bar, un fast-food et une salle de concert.

    Au-delà de ces considérations qui peuvent apparaître comme générales et complexes à mettre en œuvre, le règlement de la question syrienne reste un préalable. Certaines décisions concrètes peuvent être prises, telle la mise en place de zones d’exclusion aériennes pour protéger les civils et permettre de mettre à mal une part de la propagande de l’OEI qui se projette en tant que protecteur des sunnites. Continuer de considérer , comme le fait une part de plus en plus importante des responsables politiques français, que la communauté internationale n’a en Syrie que le choix entre Bachar Al-Assad et l’OEI ne peut être qu’une impasse stratégique, politique, humanitaire et sécuritaire.

    http://orientxxi.info/magazine/logique-de-guerre-contre-logique-politique,1090

    #France #Attentats #Politique-étrangère #EI #Syrie #Arabie #Israël #bombardements #racisme

  • « WITH OR WITHOUT THE BROTHERS » un colloque à ne pas rater, aujourd’hui et demain à Sciences Po Paris.

    http://www.sciencespo.fr/ceri/evenements/#/?lang=fr&id=4225

    Organisé par Laurent Bonnefoy, François Burgat et Stéphane Lacroix, il réunit des chercheur-e-s français, arabes, etc dont les travaux sont des références.

    WITH OR WITHOUT THE BROTHERS. DOMESTIC, REGIONAL, AND INTERNATIONAL TRENDS IN ISLAMISM (2013-2015)
    du 29/10 | 09h30 au 30/10 | 18h00

    Dans le cadre du projet ERC When Authoritarianism Fails in the Arab World

    En partenariat avec l’IREMAM, l’IFPO, et l’Université d’Oslo


    Thursday 29th of October, 2015

    9:30-9:45 Opening address by Alain Dieckhoff, Sciences Po-CERI, CNRS

    9:45-10:30 Keynote address by François Burgat, WAFAW, IREMAM
    From Ghannouchi to al-Baghdadi: The ubiquitous diversity of the Islamic lexicon

    Panel 1: Linking political exclusion to violence?

    10:30-13:15

    Chair: Loulouwa Al-Rachid, WAFAW, Sciences Po-CERI

    Sari Hanafi, WAFAW, American University of Beirut
    Transnational movement of Islamic reform: New configurations

    Bjorn Olav Utvik, Oslo University
    Myths of Ikhwan disaster: Anatomy of the 2011-1013 power struggle in Egypt

    Amal-Fatiha Abbassi, IREMAM, Sciences Po Aix
    The Muslim Brotherhood and political disengagement. The consequences of an authoritarian situation

    11:45-12:00 Coffee break

    Monica Marks, WAFAW, Oxford University
    Survivalist club or dynamic movement? Generational politics in Ennahda today

    Joas Wagemakers, Utrecht University
    With or without the others: Consolidating divisions within the Jordanian Muslim Brotherhood (2013-2015)

    Amel Boubekeur, SWP, Berlin
    Algerian Islamists and Salafis after the Arab Spring: Eroding or reloading the regime?

    Panel 2: A Resilient Muslim Brotherhood?

    14:30-16:45

    Chair: Stéphane Lacroix, WAFAW, CERI-Sciences Po

    Rory McCarthy, Oxford University
    When Islamists lose an election

    Marc Lynch, George Washington University
    Evolving transnational networks and media strategies of the Muslim Brotherhood

    Marie Vannetzel, WAFAW, CURAPP
    #R4bia: The dynamics of the pro-Mursi mobilizations in Turkey

    Dilek Yankaya, WAFAW, IREMAM
    A “transnational Islamic business network”? Rethinking the connections between Turkish, Egyptian and Tunisian “Islamic businessmen” after the Arab Springs

    16:45-17:00 Coffee break

    17:00-17:45 Open discussion on contemporary Muslim Brotherhood dynamics

    *

    Friday 30th of October, 2015

    Panel 3: The Iraqi/Syrian matrix of violence

    9:30-11:30

    Chair: Bjorn Olav Utvik, Oslo University

    Loulouwa Al-Rachid, WAFAW, CERI-Sciences Po
    The Disarray of Iraqi Sunnis

    Truls Tonnesen, FFI, Oslo
    The Iraqi origins of the “Islamic State”

    Yahya Michot, Hartford Seminary
    Ibn Taymiyya in ’Dabiq’

    Thomas Pierret, Edinburgh University
    Farewell to the vanguard: Syria’s Ahrar al-Sham Islamic movement and wartime de-radicalisation

    Tine Gade, Oslo University
    Sunnism in Lebanon after the Syrian war

    11:30-11:45 Coffee break

    Panel 4: Al-Qaeda vs. the Islamic State

    11:45-13:30
    Chair: François Burgat, WAFAW, IREMAM

    Hasan Abu Hanieh, Independent researcher
    New Jihadism: From harassment to empowerment (In Arabic)

    Brynjar Lia, Oslo University
    The jihadi movement and rebel governance: A reassertion of a patriarchal order?

    Stéphane Lacroix, WAFAW, CERI-Sciences Po
    Saudi Arabia, the Brothers and the others: the ambiguities of a complex relationship

    Abdulsalam al-Rubaidi, Al-Baidha University
    Ansar al-Sharia in South Yemen: configuration, expansion and discourse (In Arabic)

    Ismail Alexandrani, Independent researcher
    Sinai with and without the Brothers: did it matter?

    Panel 5: Muslim Brothers and their Islamist competitors

    14:30-16:45
    Chair: Sari Hanafi, WAFAW, American University of Beirut

    Muhammad Abu Rumman, Jordanian University
    Dilemmas in Salafi dynamics in the wake of the Arab democratic revolutions (In Arabic)

    Stéphane Lacroix, WAFAW, CERI-Sciences Po
    Being Salafi under Sisi: Examining the post-coup strategy of the al-Nour party

    Ahmed Zaghlul, CEDEJ, Cairo
    The nationalization of the religious sphere in Egypt (In Arabic)

    Myriam Benraad, IREMAM
    Iraqi Muslim Brothers: Between the Islamic State and a hard place

    Nicolas Dot-Pouillard, WAFAW, IFPO
    Hizbullah and Muslims Brothers: A political rupture or a contract renegotiation?

    Laurent Bonnefoy, WAFAW, Sciences Po-CERI, CNRS)
    Islahis, Salafis, Huthis: reconfigurations of the Islamist field in war torn Yemen


    16:45-17:00 Coffee break

    17:00-18:00 Concluding remarks and discussion with François Burgat (WAFAW, IREMAM) and Bernard Rougier (Paris III University).

    Conference in English and Arabic (with translation)

    Responsables scientifiques: Laurent Bonnefoy (Sciences Po-CERI, CNRS), Stéphane Lacroix (Sciences Po-CERI),François Burgat (IREMAM), Bjorn Olav Utvik (Oslo University)

    Sciences Po-CERI: 56, rue Jacob 75006 Paris (salle de conférences)

    INSCRIPTION OBLIGATOIRE auprès de nathalie.tenenbaum@sciencespo.fr

    langueAnglaislieuSalle des conférences, Bâtiment SorganisateurCERI

  • Une monarchie qui alimente le djihadisme international - Pierre Conesa
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/06/12/une-monarchie-qui-alimente-le-djihadisme-international_4653063_3232.html

    Mais le salafisme auquel la France est confrontée est un produit d’exportation du wahhabisme saoudien, exemple de stratégie d’influence rarement analysée par notre réseau diplomatique.

    Depuis quelques décennies, la diplomatie religieuse est devenue plus active que la diplomatie de la laïcité et de la tolérance, et l’Arabie saoudite, pays allié et bon client, à qui le boom pétrolier fournit en trois jours ce que le pays gagnait en un an avant 1973, y a joué un rôle particulièrement actif.

    Les dépenses pour « cause religieuse » à l’étranger tournent en moyenne autour de 2 à 3 milliards de livres anglaises par an depuis 1975…

    Arg, #paywall

    Une version ici:
    https://www.facebook.com/pierre.abisaab.1/posts/1628384104070835

    • Ça fait partie d’un dossier intitulé : « L’Arabie saoudite, allié infréquentable ? »
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/06/12/l-arabie-saoudite-allie-infrequentable_4653130_3232.html

      Le régime saoudien entend réguler les tensions au Proche-Orient et compte sur le soutien occidental pour parvenir à ses fins. Agit-il en puissance stabilisatrice ou en Etat qui attise les conflits dans la région ?

      Avec également un article de Laurent @bonnefoy : Les Occidentaux doivent tirer les leçons de l’échec de l’option militaire au Yémen
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/06/12/les-occidentaux-doivent-tirer-les-lecons-de-l-echec-de-l-option-militaire-au

    • Suffit de demander gentiment :

      Une monarchie qui alimente le djihadisme international

      LE MONDE | 12.06.2015 à 15h28
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      François Hollande et le roi Salman à Riyad, le 4 mai.

      On peut rire des imams saoudiens pour qui la Terre est plate (grand moufti Abd Al-Aziz Ibn Baz) ; qu’elle ne tourne pas autour du soleil (cheikh Al-Bandar Khaibari) ; des efforts de la Muslim World League pour faire reconnaître le créationnisme version coranique ; rappeler les premières destructions archéologiques, dont le fameux cimetière Al Baqi des compagnons du Prophète (cheikh Mohamed Al-Tayeb) lors de la prise de La Mecque ; ou s’étonner que les juges ne soient pas tenus d’enregistrer le témoignage de non-musulmans. La liste des inepties saoudiennes, aussi longue que les interdits concernant les femmes, occuperait un double annuaire téléphonique.

      On rit moins de la condamnation de Raef Badaoui à dix ans de prison qu’il n’effectuera probablement pas puisqu’il mourra certainement avant la fin des mille coups de fouet auxquels il est également condamné. Si encore ces règles n’étaient applicables que sur le territoire ! Mais le salafisme auquel la France est confrontée est un produit d’exportation du wahhabisme saoudien, exemple de stratégie d’influence rarement analysée par notre réseau diplomatique.

      Depuis quelques décennies, la diplomatie religieuse est devenue plus active que la diplomatie de la laïcité et de la tolérance, et l’Arabie saoudite, pays allié et bon client, à qui le boom pétrolier fournit en trois jours ce que le pays gagnait en un an avant 1973, y a joué un rôle particulièrement actif.
      Propagande

      Les dépenses pour « cause religieuse » à l’étranger tournent en moyenne autour de 2 à 3 milliards de livres anglaises par an depuis 1975 (l’équivalent de 2,7 à 4,1 milliards d’euros, soit deux à trois fois plus que le budget de la propagande soviétique). Chaque année, plusieurs milliers d’étudiants musulmans sont accueillis dans les universités religieuses du royaume qui exportent imams, livres, média, bourses, écoles, centres islamiques, madrasas… Plus de 1 500 mosquées ont été financées en cinquante ans, en Europe, en Afrique subsaharienne, en Asie et même en Russie. L’argent sert également à ouvrir des campus satellites autour des grands lieux de la théologie musulmane comme l’université Al-Azhar, la plus vieille et la plus influente.

      Une étude des manuels wahhabites trouvés dans les mosquées, réalisée par l’ONG américaine Freedom House, aux Etats-Unis, relève des énoncés comme : « Les musulmans ne doivent pas seulement s’opposer aux infidèles, mais aussi les haïr et les combattre » ou « les démocraties sont responsables de toutes les guerres en association avec les chiites ».

      Un rapport britannique de même nature, du Office for Standards in Education Children’s Services and Skills, constatait les mêmes dérives en 2014 outre-Manche. L’association des leaders musulmans américains a donc rédigé le traditionnel communiqué appelant à « ne pas stigmatiser » et à convaincre par la discussion. Mais est-ce possible dans un pays où la nouvelle loi antiterroriste, promulguée en 2014, qualifie les athées et les manifestants pacifiques de « terroristes ».
      Apocalypse

      L’apostasie comme le blasphème y sont passibles de la peine capitale. Mais certaines interrogations sont plus préoccupantes. D’abord, pourquoi ce pays phare de l’islam n’accueille-t-il aucun réfugié des guerres en Syrie et en Irak et, bien au contraire, construit un mur long de 800 kilomètres, plus long que le mur israélien, pour empêcher des entrées de réfugiés clandestins sur son territoire ? Payer oui, accueillir des camps non ! Solidarité bien ordonnée… L’expulsion forcée de réfugiés est d’ailleurs un mode d’action fréquent à Riyad, comme par exemple à l’encontre des Somaliens.

      Et le djihadisme ? Cette nouvelle version islamique de la lutte anti-impérialiste a supplanté en une trentaine d’années le tiers-mondisme des années 1980 et 1990 avec les mêmes arguments : légitimation de la violence par dénonciation de l’impérialisme et du capitalisme occidental ; solidarité internationale ; promesse d’une société égalitaire et juste ; et enfin dénonciation des partis réformateurs (les Frères musulmans) et des révisionnistes (les mauvais musulmans).

      Durant la guerre soviétique en Afghanistan, entre 1982 et 1989, près de 15 000 des 25 000 combattants étrangers auraient été saoudiens. Le prince Turki, qui finançait 75 % de l’aide aux combattants antisoviétiques, imposa au Pakistan du maréchal Zia des madrasas hanbalites (salafistes) d’où sortiront, dix ans plus tard, les talibans (étudiants en religion) que personne ne vit arriver.

      Dans les années 1980, une quarantaine de groupes terroristes s’entraînaient dans les camps palestiniens de l’OLP. Aujourd’hui, près de cent nationalités sont présentes en Syrie, dont plus de 2 300 Saoudiens. Les réseaux salafistes y ont développé depuis peu les techniques de recrutement des sectes de l’apocalypse en annonçant la fin du monde imminente et le retour du Messie. Si Riyad déploie si peu d’avions contre Daech (autant que les forces danoises et hollandaises additionnées et deux fois moins que la France) et le double contre l’insurrection houthiste au Yémen, c’est que le véritable ennemi du wahhabisme est le chiisme.

      En revanche, les sympathies intérieures à l’égard du salafisme djihadiste sont patentes, et une action militaire trop agressive contre l’EI serait mal comprise à l’intérieur, voire déstabilisatrice. L’immense richesse de l’Arabie saoudite suffit-elle à en faire un allié ? Si oui, contre qui ? La France va-t-elle voter en faveur de la candidature de Riyad à la Commission des droits de l’homme de l’ONU ?

      Pierre Conesa est spécialiste des questions stratégiques internationales. Il est l’auteur de l’étude « Quelle politique de contre-radicalisation en France ? » téléchargeable sur Favt.org

    • Et larticle de Laurent :

      Les Occidentaux doivent tirer les leçons de l’échec de l’option militaire au Yémen

      LE MONDE | 12.06.2015 à 15h41
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      Pendant des affrontements à Aden, le 3 mai. Des soldats de la coalition emmenée par la monarchie saoudienne ont débarqué dans la capitale du sud du Yémen, en proie à de violents combats.

      Le 14 juin doivent s’ouvrir à Genève, sous l’égide de l’ONU, des discussions entre les belligérants d’une guerre que personne n’est en train de gagner. Cette conférence pourrait amorcer un long processus de pacification et réclamera une implication des acteurs internationaux. Celle-ci ne pourra alors se limiter à un suivisme aveugle de la politique saoudienne.

      Il y a deux mois et demi, la coalition militaire emmenée par l’Arabie saoudite débutait son offensive au Yémen. L’opération « Tempête décisive » avait pour objectif affiché de rétablir le pouvoir du président Abd Rabo Mansour Hadi. Celui-ci avait été poussé vers la sortie en janvier par la rébellion houthiste et avait trouvé refuge à Riyad. Il espérait mettre les houthistes à genoux, tout en écrasant leurs soutiens militaires liés aux réseaux de l’ancien président Ali Abdallah Saleh.

      L’attaque saoudienne s’est révélée bien peu « décisive ». La pertinence d’une intervention armée extérieure pouvait déjà en elle-même être considérée comme discutable, mais elle s’appuyait sur une vision stratégique tangible. De fait, les avancées houthistes généraient du rejet de la part de très larges segments de la population yéménite et constituaient une impasse isolationniste. Qui pouvait accepter de voir à la tête d’un pays aussi dépendant que le Yémen une rébellion dont le slogan principal est « Mort à l’Amérique » ?

      L’Iran avait certes choisi de soutenir les miliciens « zaïdites-chiites » dans le pré carré yéménite des Saoudiens mais la République islamique a finalement lâché son allié houthiste. Elle n’a en tout état de cause pas fait de l’offensive saoudienne un casus belli et se tient en retrait en dépit d’un discours offensif.
      Soutien timide à Tempête décisive

      Malgré tout, l’inefficacité de « Tempête décisive » est patente. Les frappes aériennes devaient permettre de « sauver » Aden, la deuxième ville du pays, vers laquelle les houthistes avançaient mi-mars. Les bombardements saoudiens ont participé à sa destruction. La ville portuaire reste l’objet d’âpres combats et les soldats de la coalition n’ont toujours pas pu y poser un pied. Pire, la capacité de projection des houthistes atteint maintenant les villes saoudiennes. Alors que les armes lourdes étaient censées avoir été détruites, début juin, trois missiles Scud étaient tirés vers le nord, explosant au-delà de la frontière.

      En dépit d’une communication efficace et du contrôle exercé sur les chaînes d’information, l’échec de la stratégie yéménite portée par le roi Salman et son fils Mohamed Ben Salman, jeune ministre de la défense, risque bien d’apparaître au grand jour. Leur position pourrait s’en trouver fragilisée, dans un contexte de concurrence au sein de la famille royale.

      Par ailleurs, les pays membres de la coalition n’apportent qu’un soutien timide à Tempête décisive. De fait, la manne pétrolière ne peut pas tout ! Aucune armée ne semble donc prête à jouer les supplétifs des Saoudiens en intervenant au sol. Les Egyptiens gardent un très mauvais souvenir de leur intervention au Yémen entre 1962 et 1967. Le Parlement pakistanais a même voté début avril pour son retrait de la coalition. Ce ne sont pas les 2 100 soldats sénégalais promis mais toujours attendus qui viendront effacer ces affronts ni changer la donne sur le terrain.

      Dans ce cadre, la stratégie aérienne se révèle bien inefficace pour rétablir le pouvoir de Hadi. En revanche, elle tue des civils par centaines, détruit des infrastructures ainsi qu’un patrimoine culturel et archéologique unique au monde. La vieille ville de Sanaa, joyau classé par l’Unesco, le mythique barrage de Mareb, situé au cœur du royaume antique de Saba, ont été touchés par les bombardements.

      Le blocus maritime et aérien imposé par les Saoudiens plonge le pays dans la famine. Les groupes djihadistes sunnites, Al-Qaida mais aussi « l’Etat islamique » qui émerge, voient leur logique sectaire anti-chiite légitimée par l’offensive saoudienne. Ils bénéficient en même temps du chaos ambiant et de l’affaiblissement militaire des houthistes qui les combattaient avec ardeur depuis de nombreux mois.
      Les houthistes uniques responsables

      La communauté internationale est quelque peu perdue face au dossier yéménite. Elle soutient sans grande nuance la stratégie saoudienne et apporte même selon toute vraisemblance une aide logistique à la coalition. En avril, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité (moins l’abstention russe) la résolution 2216 qui demande aux seuls houthistes de rendre les armes et les considère donc comme uniques responsables du conflit. La résolution échoue ainsi à prendre en compte les racines de la détérioration de la situation et l’ampleur du ressentiment de la population à l’égard des Saoudiens mais aussi du pouvoir de Hadi, dit « légitime ».

      Dans ce contexte, qu’attendre de la conférence de Genève que Hadi a lui-même refusé de qualifier de « négociations » ? Sans doute pas grand-chose si les grandes puissances et l’institution onusienne continuent de suivre la logique intransigeante des Saoudiens et de Hadi. A priori, ce dernier ne se rendra d’ailleurs pas à Genève, tout comme son premier ministre, Khaled Bahah, un temps pourtant perçu comme l’homme providentiel.

      Avec l’approche du ramadan qui débute le 18 juin, un cessez-le-feu pourrait toutefois être obtenu. Il ne réglerait rien sur le long terme mais offrirait du répit aux civils comme aux acteurs humanitaires. Il permettrait aussi à la coalition de sortir la tête haute de ce qui devient une impasse stratégique, en offrant du temps pour les négociations.

      Maintenir le pari d’une solution militaire et d’un retour au pouvoir de Hadi lui-même a fait perdre un temps précieux. Il est urgent de mettre en avant des alternatives, élaborées notamment par la diplomatie omanaise. Il est essentiel de faire pression sur l’ensemble des parties en conflit de façon équilibrée. Genève pourrait alors inaugurer une phase de reconstruction, qui sera de toute évidence longue et difficile.

      L’Union européenne, Allemagne en tête du fait de sa diplomatie passée au Yémen, a sans doute là une carte à jouer. Cette dernière, qui devrait aussi impliquer la France, exige certes un peu de compétence mais surtout le courage de faire de la stabilité régionale une authentique priorité, même si cela doit être au prix de quelques contrats d’armement payés en pétrodollars.

      Laurent Bonnefoy est chercheur du CNRS au CERI/Sciences Po et membre du projet européen When Authoritarianism Fails in the Arab World (WAFAW)

  • Aleppo ? Gaza ? no Aden...
    Laurent Bonnefoy sur Facebook
    https://www.facebook.com/index.php

    Aleppo ? Gaza ? no Aden... and it’s not Saudi bombs that are behind these destructions but the Huthi/Salih offensive. The anti-Saudi/foreign agression narrative, however cumfortable (I mean, who “likes” Saudi foreign policy?!), is just too simplistic and highlights an unconscious Sanaa-bias that structures the framing of the Yemeni conflict amongst much of the academic community (I’m not saying a pro-Huthi one, but simply referring to the fact that over the last years, mobility outside of the capital for foreigners has been almost inexistent and has left other cities and governorates under the radar (and outside the affect) of many analysts, journalists, diplomats). As such, destructions and victims in Sanaa “affect” us more than ones in Aden, Taiz or Dhala’.

    The true complexity of the war in Yemen resides in the fact that it is not only about a Saudi agression that we can as foreign analysts simply construct as illegitimate and criminal. The conflict can’t honestly be framed as good Yemenis vs. bad Yemeni guys. Both sides are at once resistants and agressors, depending on your post of observation, and both are being supported by means that are creating an assymetry. Saudi airplanes on the one hand and “Republican guards” on the other. Were Huthis and “Southerners” fighting one another on their own, it is likely that they would have found common ground - be it in the form of a partition. With the Saudis and Salih (and the “Iranian” boogeyman, largely fantasized) at play, it is increasingly difficult to even imagine a solution.

    As a foreign researcher, I am constantly invited to take sides. As a human being, pictures of horrific destructions, names of casualties, emotions are also implicit invitations to make choices and to either “be Aden” or “be Sanaa”. I end up feeling that it is impossible to accept a manichean logic. I believe we can, and must, at once be against the Saudi military campaign and against the offensive in Taiz and Aden where the local populations clearly see the Huthis and their partners as an occupying force and as intruders. Caring for Yemen means caring for all.

    • Pourquoi ? Quelqu’un a pris parti pour les houthis ? Sérieusement : le discours officiel occidental est bien le soutien à l’intervention de nos amis séoudiens. Le discours de nos « amis » au Liban est celui de l’alignement sur la « légitimité arabe » que représenterait l’Arabie séoudite. (« Who likes the Saudi foreign policy ? », je suppose qu’il est mieux placé que nous pour lire les journaux de la région…) Donc il est assez logique de voir par ici la critique de l’intervention séoudienne. Mais l’idée qu’on passerait son temps à croiser des thuriféraires des houthis, pardon mais non. (Ça me rappelle cette théorie selon laquelle les médias et la recherche français étaient infestés de militants pro-Bachar…)

      Après, que certains refusent de mettre au même niveau de légitimité des bombardements aériens massifs menés par une coalition des pays les plus riches de la région (et aucun ressortissant yéménite) et des combattants yéménites dans un conflit intra-national, ça ne me semble pas non plus très choquant…

  • Ibn Taymiyya, mauvais génie des djihadistes ? - Laurent Bonnefoy
    http://orientxxi.info/magazine/ibn-taymiyya-mauvais-genie-des,0872

    Dans la quête des fondements idéologiques de la « barbarie islamiste » contemporaine, Ibn Taymiyya, théologien sunnite mort à Damas en 1328, apparaît souvent comme un coupable désigné. Ses écrits constituent pour beaucoup la principale source employée par les djihadistes pour légitimer leurs opérations contre les « mécréants » et autres « croisés ». Cela fait-il de lui pour autant le précurseur de l’organisation de l’État islamique ? Les limites d’une lecture « idéologisante » qui croit trouver dans des textes (...)

  • Appliquer le modèle de l’État islamique au Yémen ? - Laurent Bonnefoy
    http://orientxxi.info/magazine/appliquer-le-modele-de-l-etat,0656

    Le 8 août dernier, quatorze soldats en permission voyageant dans un autobus civil étaient assassinés dans la province orientale de l’Hadramaout par des hommes armés se revendiquant d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA). L’apparente impuissance de l’État central à réguler cette violence, comme la volonté de l’organisation de créer une base territoriale à l’instar de ce qui se passe en Irak et en Syrie, jettent une lumière crue sur la dynamique djihadiste au Proche-Orient. Quelque peu reléguée au (...)

  • Le Yémen en morceaux - Laurent Bonnefoy
    http://orientxxi.info/magazine/le-yemen-en-morceaux,0852

    Le processus de transition qui a fait suite au « printemps » de 2011 avait un temps érigé le Yémen en modèle. Porté à bout de bras par l’ONU, il est moribond et a laissé place à un entrelacement de conflits et d’inimitiés qui, bien que prévisibles, frappent par leur brutalité. Face à une telle illisibilité, la communauté internationale est tentée de plaquer quelques grilles de lectures binaires (Nord/Sud, sunnite/chiite) qui risquent pourtant, comme en Libye, de précipiter encore plus le pays dans la guerre. Et (...)

  • Retour des chiites sur la scène yéménite, par Laurent Bonnefoy
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/11/BONNEFOY/50965

    La prise de Sanaa par la rébellion houthiste le 21 septembre dernier met fin à la domination des Frères musulmans et de leurs alliés tribaux sur le système politique né du soulèvement révolutionnaire de 2011. La chute soudaine de la capitale yéménite aux mains d’un mouvement d’obédience chiite, sans grande résistance de l’armée, représente pour beaucoup une surprise et génère des interprétations contradictoires.

  • Sanaa paralysée par les violences entre sunnites et chiites - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/887128/sanaa-paralysee-par-les-violences-entre-sunnites-et-chiites.html

    Où l’on constate avec intérêt que plus les rebelles yéménites s’approchent du pouvoir, moins ils sont « houthistes » (du nom d’un de leurs anciens dirigeants) et plus ils sont « chiites » (en fait, zaydites, ce dont tout le monde se contrefichait il y a encore quelques mois ou années).

  • Quand nos impôts financent (indirectement) les colons d’Israël - Le nouvel Observateur
    Laurent Bonnefoy
    http://rue89.nouvelobs.com/2013/07/17/quand-impots-financent-indirectement-les-colons-disrael-244289

    En France, la loi permet de réduire son impôt sur le revenu grâce à des dons à « certains organismes ayant un caractère d’intérêt général ». Un don de 150 euros revient par exemple à seulement 37,5 euros au donateur, une fois l’abattement sur son impôt effectué.

    Cette disposition représente un manque à gagner brut certain pour l’Etat mais est évidemment juste et utile. Elle permet en effet à nombre d’associations, fondations et aux partis politiques de vivre et d’agir sur le terrain, en particulier dans le domaine humanitaire. Elle est garante d’une société civile vivante et dynamique et est donc, en elle-même, d’utilité publique. Rien ne justifierait une quelconque remise en cause... même par temps de disette budgétaire.

    MAKING OF
    Laurent Bonnefoy est chercheur au CNRS en sciences politiques. De retour d’un séjour de deux années en Palestine, il est « inondé de messages d’associations communautaires de soutien à Israël » depuis qu’il s’est inscrit (comme simple électeur) sur les listes électorales lors de la campagne législative pour les députés de l’étranger en 2012. Il a découvert à cette occasion que certaines associations de colons israéliens étaient en partie financées grâce aux deniers publics français. M.D.

    Mais que vient faire l’association franco-israélienne Hasdei Avot dans la liste des bénéficiaires potentiels de cette disposition ? Depuis quand nos impôts (même de façon indirecte) doivent-ils servir à appuyer et financer la colonisation israélienne en Cisjordanie, que la diplomatie française ne cesse pourtant officiellement de condamner ?

    L’association Hasdei Avot, organisme de bienfaisance de la colonie de Kiryat Arba, en périphérie d’Hébron, sollicite en ce moment nos dons par courriel pour financer les vacances des enfants des colons.

    Collée à la vieille ville d’Hébron, dont la population palestinienne est soumise à un ordre militaire israélien vexatoire et particulièrement choquant, Kiryat Arba est généralement considérée comme la colonie israélienne la plus radicale de Cisjordanie. Au centre de Kiryat Arba, le décor est planté ; y trône la statue de Baruch Goldstein, qui en 1994 dans la mosquée d’Abraham à Hébron a massacré 29 Palestiniens et blessé 125 autres à l’arme automatique. Visiter Hébron et ses environs, c’est s’approcher au plus près du caractère inique et sinistre de la colonisation israélienne et de l’occupation militaire… peut-être même plus encore qu’à Gaza.

    Les critères de l’administration fiscale

    Capture d’écran de la page « Don de France » sur HasdeiAvot.org (HasdeiAvot.org)
    Malgré les dizaines de visites que j’ai effectuées là-bas au cours des deux années que j’ai passées en Palestine, je n’ai jamais pu me faire à cette violence et à la déshumanisation subie au quotidien par les Palestiniens (la semaine dernière c’était un enfant de 5 ans qui était arrêté par l’armée). Et je ne suis visiblement pas le seul… tant les récits des mécanismes de la violence abondent et tant la ville constitue pour tout militant de la cause palestinienne ou simple curieux un passage obligé.

    Pourquoi la France reconnaît-elle donc à l’association Hasdei Avot un quelconque « caractère d’intérêt général » ? Répond-elle aux critères formulés par l’administration fiscale ? Celle ci-précise sur son site internet :

    « L’organisme doit respecter les trois conditions suivantes : être à but non lucratif, avoir un objet social et une gestion désintéressée, ne pas fonctionner au profit d’un cercle restreint de personnes. »

    Une population de colons (dont les enfants apparaissent de toute évidence comme instrumentalisés par leurs aînés) n’est-elle pas justement un « cercle restreint de personnes » ? L’entreprise de colonisation, par la violence, la spoliation et la vexation quotidienne est-elle un « objet social » ? Est-elle même « désintéressée » ?

    « Maintenir la présence juive »

    Capture d’écran de HasdeiAvot.org (http://www.hasdeiavot.org/presentation)
    Quant au « centre aéré » que « nos » dons sont censés financer, qu’enseigne-t-il aux enfants ? La coexistence pacifique ? Le site de Hasdei Avot donne quelques indices : son objectif est de « maintenir la présence juive dans la ville des Patriarches [Hébron, ndlr] ». Des « pauvres » Palestiniens qui auraient légitimement droit à l’assistance d’une association humanitaire « désintéressée » et qui seraient sans doute heureux d’avoir eux aussi droit à des vacances, il n’est point question.

    Le centre aéré financé par Hasdei Avot, non mixte évidemment car réservé aux filles, répond-il même au critère de la « sainte » laïcité « à la française » ? Accepterait-on de voir les deniers publics financer, même de façon indirecte, les « colonies de vacances » de Troisième Voie, organisation d’extrême droite française dissoute il y a peu ? Celles de la secte Moon en Corée du Sud ? Celles « réservées aux Blancs » du Ku Klux Klan ou des nostalgiques de l’apartheid sud-africain ? Ou celles du gouvernement élu du Hamas dont on critique volontiers les raccourcis nationalistes et la valorisation de la résistance armée ?

    Sans doute est-il aujourd’hui temps de cesser cette incroyable exception dont jouissent nombre d’associations franco-israéliennes qui œuvrent en faveur de la colonisation israélienne et le font avec les deniers publics.

    Sans doute est-il enfin temps pour notre gouvernement d’accepter que le rejet de la colonisation et la mise en application des principes républicains qui nous sont chers passent non seulement par des paroles mais aussi par des décisions politiques courageuses… En l’espèce, notre conscience et notre déficit public ne s’en porteraient que mieux.

  • Syrie : pendant qu’on regarde des reportages sur les djihadistes, le régime continue ses massacres - Le nouvel Observateur
    http://rue89.nouvelobs.com/2014/02/21/syrie-pendant-quon-regarde-reportages-les-djihadistes-regime-contin

    Je ne suis pas (du tout) d’accord mais c’est tout à même à lire !... J’en profite pour noter - en écho personnel à ce qu’écrit Laurent Bonnefoy - que l’utilisation forcenée du terme « jihad » a fini par faire oublier une réalité toute simple, celle qu’il n’est tout de même pas du tout évident, dans la tradition islamique, même si on en trouve bien entendu nombre d’exemples dans la durée, de lancer ledit jihad contre d’autres musulmans. Certes, les musulmans en question ne sont pas considérés comme de « vrais » musulmans par ceux qui veulent les jihadiser, mais, là encore, ce n’est pas une situation totalement anodine... Elle est même, historiquement, assez rare, surtout quand il s’agit d’un jugement qui est prononcé sur l’orthodoxie des pratiques, non pas par quelques marginaux mais, comme c’est le cas aujourd’hui, par des instances très « officielles » du pouvoir politique et/ou religieux....