person:mehdi ben barka

  • COMMENT LES DIRIGEANTS ARABES BASCULENT-ILS DANS LA DICTATURE ?
    (Le Monde Arabe-Sébastien BOUSSOIS-2018-12-03

    A entendre parler tous les jours de Mohamed ben Salman, depuis les débuts de l’affaire Khashoggi et la prise de conscience internationale (tardive) de la guerre menée contre le Yémen depuis quatre ans, on finit par oublier qu’à une époque, le jeune leader saoudien était moins présent dans les médias. Non pas que ces derniers saturaient, mais il y a quelques mois, personne ne savait où avait disparu le prince héritier saoudien, après la fusillade violente survenue le 21 avril 2018, dans son palais à Riyad. Pendant plus d’un mois, celui que l’on surnomme MBS s’était claquemuré, de quoi générer toute sorte de spéculations hasardeuses. Du moins, les médias occidentaux le pensaient-ils.

    Prix du trône

    Certains titres de presse affirmaient ainsi que le fils du roi Salman avait été touché mortellement. Tandis que, pour d’autres, la purge du Ritz-Carlton, fin 2017, avait généré encore plus d’ennemis, pour le prince héritier, qu’auparavant dans ses propres rangs. Une telle attaque étant dès lors à prévoir. Depuis le selfie de MBS entouré de Mohamed VI et Saad Hariri, à Paris, plus aucune information ou preuve qu’il était toujours vivant n’avait émané d’Arabie saoudite. Pourtant, fin avril, il inaugurait le début des travaux de la Cité du Divertissement (Qiddya), un nouveau hub dédié à l’entertainement et à la culture à Riyad. Certaines sources diplomatiques, de leur côté, de renseigner que le 22 mai, MBS et le président français, Emmanuel Macron, avaient échangé par téléphone. Au sujet, surtout, de la crise générée par le retrait de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien et de la guerre au Yémen.

    Le monde entier spéculait encore jusqu’au jour où un cliché de MBS avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi – qui aurait pu être pris n’importe où et n’importe quand… -, a ressurgi. Et calmé les esprits. L’Occident avait enfin retrouvé la trace du prince. Qui n’avait jamais, jusqu’alors, connu pareille menace. Cette attaque au palais a été, depuis, largement occultée. Mais c’est à cette époque, probablement, qu’il a commencé à développer un puissant sentiment de paranoïa, accompagné d’une dose de réflexe de survie et de protection de sa personne. A tout prix et coûte que coûte. Quitte à ne même plus hésiter à liquider ses adversaires les plus farouches, comme Jamal Khashoggi, dont il se « contentait » de faire les poches pour leur extorquer quelques milliards et les contrôler. Le prix du trône à venir ?

    Avidité de pouvoir

    Ce n’est pas la première fois, loin de là, qu’un dirigeant arabe suscite tant de convoitises, mais aussi de haines. Et se voit menacé de mort. Ce n’est pas la première fois non plus qu’un dirigeant arabe bascule dans la dictature, à partir du moment où il se sent physiquement directement menacé. Saddam Hussein, ancien président d’Irak, a lui aussi été la victime d’une tentative d’assassinat en 1996. Problème : dans le second cas comme dans le premier, comment avoir la certitude que de tels actes ont véritablement existé ?A l’époque, alors que la CIA cherchait à déstabiliser l’homme fort de Bagdad, l’argument du complot et de la tentative de meurtre revêtait un certain intérêt : justifier le renforcement de ses pleins pouvoirs. Qu’il n’avait pas hésité à utiliser, d’ailleurs, pour faire arrêter et exécuter plusieurs centaines d’officiers soupçonnés d’avoir participé au complot.
    MBS ne manque déjà pas de « proximité » avec l’ancien dirigeant irakien, qui se radicalisait un peu plus à chaque menace pesant sur son siège. Avidité de pouvoir, quête obsessionnelle de leadership régional, ingérence dans les affaires de ses voisins, persécution des chiites, chez eux au Bahreïn et au Yémen, etc. En prenant le pouvoir en 1979, le président-dictateur aspirait non seulement à faire de son pays la première puissance militaire du Moyen-Orient, mais également à devenir le leader du monde arabe. Et, comme le prince héritier aujourd’hui – qui a la main sur la défense et l’économie du royaume -, Saddam Hussein concentrait également tous les pouvoirs en étant chef d’Etat, chef de gouvernement et chef des armées.

    Capacités nucléaires

    La surenchère va bon train. Et plus MBS affiche un visage cynique, plus il continue à être invité partout, semble-t-il. La preuve : son récent circuit diplomatique, fin novembre, pour tenter de faire oublier l’assassinat du journaliste saoudien et la guerre désastreuse au Yémen. Une véritable « résurrection », qui n’est pas sans rappeler celle du roi du Maroc Hassan II, après deux tentatives d’assassinat contre sa personne, en 1971 et 1972, lors de putschs ratés. Le monarque, père de l’actuel roi du Maroc, Mohammed VI, en sort renforcé, dans son culte de la personnalité notamment. Mais, revers de la médaille, la paranoïa envers toute opposition qui pourrait fomenter un complot contre lui le gagne. C’est le début des années de plomb (de 1970 à sa mort), où une violence et une répression sans précédent à l’égard de toute opposition sévira comme jamais. Et dépassera largement le cadre de la « disparition » de son opposant numéro 1, Mehdi ben Barka, en 1965.

    La crainte, à présent, est de voir MBS ressembler de plus en plus à Saddam Hussein. Effrayant, surtout lorsque l’on sait que certains seraient prêts à lui confier des capacités nucléaires – civiles pour commencer. Mais il n’est que le reflet de la personnalité de nombreux dirigeants arabes, qui ont fait de la personnalisation du pouvoir une marque de fabrique. Attenter au raïs, ainsi, c’est attenter au pays. Saddam Hussein et Hassan II en sont les preuves « vivantes ». Va-t-on marquer cette date du 21 avril 2018, sur le calendrier géopolitique du Golfe, comme le catalyseur de la dérive autoritaire du prince héritier, afin d’y mettre un terme ? Ou va-t-on, au contraire, y assister en simple spectateur – ce qui est le cas aujourd’hui ? Pour rappel, c’est ce sentiment de toute puissance qui a contribué à faire du Yémen « la pire crise humanitaire du monde », selon les Nations unies.

  • Maroc-Israël: Hassan II, la grande imposture, par René Naba – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/22/maroc-israel-hassan-ii-la-grande-imposture-par-rene-naba

    Le Roi Hassan II du Maroc, Président du Comité Al Qods » (Jérusalem), hôte du premier sommet islamique de l’époque contemporaine (Rabat 1969), apparaît rétrospectivement comme l‘un des grands traîtres à la cause arabe et son long règne de 38 ans (Mars 1961-Juillet 1999) une vaste supercherie, si toutefois sont avérées les révélations contenues dans le livre du journaliste israélien Ronen Bergman « Rise and Kill First : The secret History of Israel’s targeted assassinations », ED. Penguin Random House.

    LES DIRIGEANTS ARABES PLACÉS SUR ÉCOUTE SUR ORDRE DE RABAT
    Réputé pour son sérieux, chroniqueur militaire de Yedioth Aharonoth et du New York Times, l’auteur soutient que les dirigeants arabes ont été placés sur écoute des services israéliens grâce à la connivence marocaine lors du Sommet arabe de Casablanca de septembre 1965. Du jamais vu même dans les fictions les plus satiriques, cette trahison dénote la désinvolture du monarque chérifien à l’égard de ses pairs et de son mépris pour la cause palestinienne.

    Version arabe de ce récit selon la recension de l’ouvrage établi par le site en ligne Ar Rai Al Yom à l’intention du locuteur arabophone.
    https://www.raialyoum.com/?p=821705

    La date n’est pas anodine. Scellé par la signature d’un pacte de solidarité et de coexistence pacifique entre régimes arabes, ce sommet s’est tenu en septembre 1965, au terme d’un été particulièrement brûlant au Maroc, marqué par la terrible répression de la révolte étudiante de Casablanca (23 mars 1965) qui fit officiellement 7 morts et 168 blessés. En fait 400 morts selon l’ambassade de France à Rabat.

    Sentant le vent du boulet, le jeune monarque a eu la lumineuse idée de se tourner alors vers les Israéliens, comme garde fou aux débordements de son opposition interne et externe. Autrement dit, contre la volonté de son peuple, il s’allia aux ennemis du Monde arabe pour la survie de son trône, dans la pure tradition de la servitude coloniale. Un schéma identique sera observé 70 ans plus tard par le trône wahhabite, bradant la Palestine, par une alliance ouverte avec Israël.

    Dans une sorte d’échange de bons procédés, Hassan II percevra le prix de sa forfaiture au plan arabe, un mois plus tard, par l’élimination d’un des espoirs de la renaissance arabe, Mehdi Ben Barka.

    Figure mythique de l’opposition démocratique marocaine, l’ancien professeur de mathématiques d’Hassan II sera enlevé en octobre 1965 à Paris avec la complicité du Mossad, et carbonisé par des sbires marocains, un mois après la tenue du sommet de Casablanca.

    Principal opposant socialiste au roi Hassan II et leader du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste, Mehdi Ben Barka a été enlevé le 29 octobre 1965 à Paris alors qu’il tentait, en sa qualité de « commis-voyageur de la révolution », de fédérer les mouvements révolutionnaires du tiers-monde en vue de la Conférence Tri-continentale devant se tenir en janvier 1966 à la Havane en vue de faire converger « les deux courants de la révolution mondiale : le courant surgi avec la révolution d’Octobre et celui de la révolution nationale libératrice ». Pour l’historien René Galissot, « c’est dans cet élan révolutionnaire de la Tri-continentale que se trouve la cause profonde de l’enlèvement et de l’assassinat de Ben Barka ».

    Sur ce lien, Le rôle de Mehdi Ben Barka et de la tri-continentale dans le réveil des peuples colonisés

    https://www.madaniya.info/2015/12/20/non-alignes-tricontinentale-60-eme-anniversaire-1-2
    https://www.madaniya.info/2015/12/26/non-alignes-tri-continentale-60-eme-anniversaire-2-2
    La mise sur écoute des dirigeants arabes a permis aux Israéliens de prendre note de la stratégie de reconquête de la Palestine, comme des divergences inter arabes. La décision marocaine aura constitué « Le plus grand trésor stratégique d’Israël ». Le journaliste israélien a estimé que cette information était « la raison principale qui a poussé Israël à prendre la décision de faire la guerre aux États arabes en Juin 1967 », deux ans après le sommet de Casablanca, et qui a infligé une terrible défaite à l’Égypte, à la Syrie et à la Jordanie.

    L’incendie de la Mosquée Al Aqsa par un illuminé israélien, en 1969, donne l’occasion au souverain chérifien de se refaire une virginité politique à l’occasion du sommet Islamique de Rabat, en 1969. Deux ans après la défaite de juin 1967, dont il en a été indirectement responsable, le « Commandeur des Croyants » va cumuler cette fonction spirituelle avec celle plus politique de président du « Comité Al Qods ».

    Le sommet islamique de Rabat a marqué, sur le plan idéologique, le début de l’instrumentalisation de l’Islam comme arme politique contre l’athéisme soviétique et le nationalisme arabe, et, sur le plan stratégique, le détournement du combat pour la libération de la Palestine, vers des contrées périphériques, à des milliers de km du champ de bataille de la Palestine, avec Al Qaida en Afghanistan et les djihadistes arabo afghans au Caucase et en Bosnie au Kosovo, avant d’être dirigé contre les pays arabes à structure républicaine (Libye, Syrie) à l’occasion du déclenchement de la séquence dite du « printemps arabe » et le surgissement de groupements terroristes islamistes Daech, Jabat An Nosra, Jaych al Islam, opérant, dans le sud de la Syrie, en coopération avec Israël.

    Le Maroc figurera lors de cette séquence comme l’un des plus gros exportateurs du terrorisme islamique vers l’Europe occidentale (Attentat de Madrid 2004 qui a fait 200 morts, l’assassinat de Théo Van Gogh, les attentats de Bruxelles en 2015 et les attentats de Barcelone en 2017).

    Pour aller plus loin sur ce thème

    http://www.renenaba.com/de-l-instrumentalisation-de-l-islam-comme-arme-de-combat-politique

    Nonobstant la coopération sécuritaire entre le Maroc et Israël, Hassan II, fait rarissime dans les annales, devra faire face à deux séditions militaires, à son palais de Skhirat, le 10 juillet 1971, jour de son anniversaire, puis l’année suivante contre son propre Boeing par un groupe d’aviateurs ; indice d’un fort ressentiment à son égard, deux ans après son sacre de Rabat.

    Au delà du rôle du Mossad dans l’enlèvement de Mehdi Ben Barka, la vassalité du trône alaouite à l’égard de l’État Hébreu s’est concrétisée sous le règne de son successeur Mohammad VI avec le scandale du « Collier de la Reine » dans sa version tropicale ; un scandale qui titre son nom du bijou offert par l’épouse du Roi à Tzipi Livni, ancien ministre israélien des Affaires étrangères, dans la foulée de la destruction de la bande de Gaza (2007-2008), dont l’ancienne agent du Mossad en Europe en a été la coordonnatrice.

    Pour aller plus loin sur l’affaire du collier de la reine
    http://www.renenaba.com/le-collier-de-la-reine

    LE MAROC, PIVOT CENTRAL DU DISPOSITIF OCCIDENTAL EN AFRIQUE VIA LE SAFARI CLUB
    Pivot central du dispositif occidental en Afrique, le Royaume fondera, en 1976, avec la France, l’Egypte, l’Iran et l’Arabie saoudite, le « Safari Club », se donnant ainsi l’illusion de « jouer dans la cour des grands ». En pleine négociation de paix égypto-israélienne, il assumera le rôle de gendarme, non sur le champ de la confrontation israélo-arabe, mais à des milliers de kilomètres de là, non pour la récupération des Lieux Saints de l’Islam, mais pour le maintien au pouvoir d’un des dictateurs les plus corrompus de la planète le Zaïrois Mobutu, agent attitré des Américains dans la zone centrale de l’Afrique, l’assassin de Patrice Lumumba, le chef charismatique de l’Indépendance du Congo ex belge.

    En soutien à Jonas Savimbi, l’agent de la CIA en Angola ; ou encore l’ivoirien Félix Houphouet Boigny, le principal pourvoyeur des djembés et des mallettes à une caste politico médiatique française vénale.

    Le Maroc était représenté au sein de cette structure par le général Ahmad Dlimi, un des artisans de la liquidation de Mehdi Ben Barka, l’ancien lieutenant du général Mohamad Oufkir, l’homme des basses oeuvres de la dynastie alaouite, tous les deux liquidés sans autre forme de procès sur ordre du Palais royal.

    À propos du safari Club

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Safari_Club

    La dynastie chérifienne a constamment justifié sa relation privilégiée avec Israël par la spécificité du judaïsme marocain.

    Cf sur ce point, l’analyse d’Abraham Sarfati, l’un des plus célèbres opposants marocain à Hassan II.
    http://www.renenaba.com/jordanie-et-maroc-additif

    Il n’en demeure pas moins que le règne d’Hassan II, malgré les prosternations d’une presse française vénale, sera néanmoins qualifié de « Règne du Bagne et de la Terreur », dont le cas le plus illustre aura été le bagne de Tazmamart et l’arbitraire qui frappa notamment les Frères Bourequat.

    Pour aller plus loin sur cette affaire, cf le lien suivant
    http://www.renenaba.com/maroc-les-trois-freres-bourequat-40-ans-apres-le-retour-des-fantomes-vivan

    LE MAROC, POURVOYEUR DE PROSTITUÉES POUR LES PÉTROMONARCHIES ET REFUGE DE LA MAFIA ISRAÉLIENNE
    Un des principaux pourvoyeurs de la prostitution à destination du Golfe pétro monarchique, où près de vingt mille marocaines y font l’objet d’exploitations sexuelles, le Maroc passe de surcroît pour être un refuge pour la mafia israélienne. Le royaume aurait accueilli plusieurs anciens membres de la mafia israélienne, selon le quotidien israélien Haaretz, en date du vendredi 14 septembre 2012.

    Gabriel Ben-Harush et Shalom Domrani, deux figures puissantes de la mafia israélienne, recherchées depuis des années par l’Interpol, figuraient parmi les noms cités par le journal. Cf à ce propos : http://www.yabiladi.com/articles/details/12903/maroc-refuge-pour-mafia-israelienne.html

    Pour aller plus loin sur ce sujet cf :
    http://www.renenaba.com/yves-mamou-et-le-phenomene-de-serendipite

    Ronen Bergman mentionne 2700 assassinats ciblés orchestrés par Israël ; soit en moyenne 40 opérations par an. Les Israéliens n’auront fait que reprendre les méthodes en vigueur en Palestine par les britanniques, notamment le général Orde Wingate, qui avait créé dans la décennie 1930 les « Special Night Squads », les « Escadrons Nocturnes Spéciaux » composés de combattants juifs chargés des raids contre les villages arabes en procédant à l’élimination des meneurs.

    La France en a fait usage pendant la guerre d’Algérie et François Hollande a même admis que Paris y avait eu recours dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Les deux derniers présidents américains ont eu également recours aux « assassinats extrajudiciaires », George W. Bush jr, après les attentats terroristes du 11 Septembre 2001, et Barack Obama a ordonné plusieurs centaines d’exécutions ciblées par drones.

    YASSER ARAFAT, CHEIKH AHMAD YASSINE, ABDEL AZIZ RANTISSI
    La connivence israélo-marocaine s’est poursuivie en dépit de la décapitation du leadership palestinien, par les Israéliens, et le recours aux assassinats « extra judiciaires » des deux principaux dirigeants du Hamas, Cheikh Ahmad Yassine et son successeur Abdel Aziz Rantissi. Une collision qui acte une forme de forfaiture de la part du pouvoir chérifien.

    Le livre suggère aussi clairement qu’Israël a utilisé un poison radioactif pour tuer Yasser Arafat, le chef historique palestinien, ce que les dirigeants israéliens ont toujours nié. Bergman écrit que la mort d’Arafat en 2004 correspondait à un modèle et avait des partisans. Mais il évite d’affirmer clairement ce qui s’est passé, expliquant que la censure militaire israélienne l’empêche de révéler ce qu’il pourrait savoir.

    Deux monuments ont été édifiés au Maroc pour immortaliser l’oeuvre d’Hassan II : son mausolée à Rabat et la Mosquée de Casablanca, l’une des plus grandes du monde, qui porte son nom. Mais celui que la presse occidentale, particulièrement la presse française engourdie par la diplomatie de la Mamouniya, encensait comme un « Machiavel arabe doté de la baraka », se révélera être, à la lecture des révélations du livre de Ronen Bergman, un mauvais génie, une imposture.

    Et les deux monuments édifiés à la gloire posthume du Commandeur des Croyants et Président du comité Al Qods, -mais néanmoins un des principaux artisans du bradage de la Palestine, au même titre que l’Arabie saoudite-, se perçoivent, rétrospectivement, comme les stigmates du règne hideux d’un parfait sous traitant de l’impérium israélo-occidental. D’un être maléfique. D’un souverain vil et servile.

    Source : Madaniya, René Naba, 17-11-2018                                           https://www.les-crises.fr/maroc-israel-hassan-ii-la-grande-imposture-par-rene-naba

  • Poétique politique, une histoire des chansons de luttes francophones.

    Pendant une semaine, Rocé explique sa recherche de plusieurs années sur l’histoire des musiques de luttes francophones, par les damnés elleux-mêmes, les colonisés, les ouvriers. Avec pas mal de femmes aussi dedans. Une redécouverte de slam et spoken word en français, depuis longtemps avant que le rap n’arrive de ce côté de l’océan. C’est un énorme projet ! Qui sort en septembre.

    Rocé, aux origines de la recherche
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/roce-aux-origines-de-la-recherche

    (Je ne sais pas comment trouver les mp3 de l’émission comme sur radio france depuis les RSS ping @intempestive)

    Le rappeur Rocé livre les coulisses de son projet Par les damnés de la terre, qui va faire l’objet d’une compilation à la rentrée de septembre. Une recherche de plusieurs années, de rencontres de hasard en flair attentif, il est parti à l’origine du spoken word à la française, via les « chansons de luttes » depuis la fin des années 1960. On part dans le XIXe arrondissement de Paris, au Cameroun, au Burkina, à Haïti, à New York... « C’est important de réunir avec cohérence cette énergie du passé si présent dans nos quotidiens, ces voix qui résonnent aujourd’hui dans le rap et ailleurs, les voix des vaincus, des subalternes, des damnés de la terre », nous dit Rocé.

    Des morceaux qui servaient pour les luttes sociales ou anticoloniales. Une quête subjective, qui l’a mené de rencontres en rencontres. Selon lui, on trouve là une des sources d’un spoken word francophone, qui a nourri plus ou moins directement le slam et le hip-hop français. Comme une branche de l’arbre pas encore totalement découverte.

    2ème : L’esthétique et la politique
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/lesthetique-et-la-politique

    Parti du free jazz, conseillé par un ami disquaire, mais passé aussi par un underground sans œillère et l’écoute de francs-tireurs multiples, le projet de Rocé se nourrit de multiples racines. Ce qui lui parle : le mélange d’une teneur politique, mais esthétique forte : funk, blues... « Je cherche les Last poets à la française », dit Rocé. « Le proto-rap, le rap avant le rap ». La playlist du jour va de Francis Bebey aux chants de luttes sociales de la Régie Renault à la fin des années 1960.

    3ème : Un nom en entraîne un autre
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/un-nom-en-entraine-un-autre

    En partant d’une pochette de disque, Rocé trouve des noms de labels, puis des figures comme François Tusques, pièce maîtresse du free jazz français, et enfin des noms qui restent clandestins et compliqués à trouver. À l’écoute, notamment : « Déménagement », par Salah Sadaoui, « Le Mal du pays », par Manno Charlemagne...

    4ème : Dane Belany, l’aventure américaine
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/dane-belany-laventure-americaine

    Le projet a permis à Rocé de retrouver des artistes oubliés. Dane Belany en faire partie. Chanteuse noire d’origine turque et sénégalaise, qui chantait dans les cabarets de Pigalle, elle côtoyait du beau monde parisien, avant de partir à New York. Là-bas elle a rencontré Thelonious Monk, Miles Davis, croisé James Baldwin. Une maladie lui fait perdre sa voix. Elle s’est mise à clamer des textes en français, de David Diop, Aimé Césaire... Ce qui donne un disque dédicacé à Frantz Fanon. Rocé l’a retrouvée...

    5ème : Un chapitre africain
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/un-chapitre-africain

    On termine cette Nova Story par un zoom sur la partie africaine des recherches de Rocé. Qui commence par un morceau d’Abdoulaye Cissé, figure de la musique burkinabè, mandaté par le président Thomas Sankara, créateur à sa demande de deux groupes : Les chanteurs au poing levé et Les Colombes de la Révolution. Rocé retrouve Abdoulaye Cissé, qui l’aide aujourd’hui dans ses travaux.

    #musique #Rocé #Histoire #luttes_sociales #damnés_de_la_terre #colonisation #chanson #spoken_word #slam #radio #audio #Radio_Nova #historicisation

    et cc @intempestive @sinehebdo @mad_meg @odilon @touti

    • les urls sont des redirections du proxy google, il faut donc cliquer sur celles que tu as données pour les retrouver ! (ce qui permet à google d’enregistrer qui va écouter quoi avant de te laisser l’accès)

    • L’album arrive ! Premier extrait ! (et on peut le commander)
      https://horscadres.bandcamp.com/album/par-les-damn-e-s-de-la-terre

      Je fais partie de cette génération qui a vu naître le rap français, et avec lui l’énorme engouement pour cette musique des enfants de la deuxième et troisième génération d’immigrés. J’ai voulu creuser au-delà du rap, fouiller les artistes de la langue française qui véhiculent la poésie de l’urgence, la poésie à fleur de peau, engagée malgré elle parce que le contexte ne lui donne pas le choix. La poésie des « damné.e.s de la terre ». Dans l’ombre des chanteurs à texte médiatisés existent des femmes et des hommes devenus artistes juste le temps d’un disque.
      Inutile de chercher dans ce recueil le morceau « exotique et funky », extrait du folklore destiné à la métropole. Rythmes et textes sont vêtus de leur propre « blues » dur et sincère. La langue française réunit des régions du monde qui portent des fardeaux communs. Géopolitique et sentiments se mêlent. Les paroles des anciens résonnent jusque dans les oreilles des enfants d’aujourd’hui, ceux des diasporas. Un bon nombre des artistes présent.e.s dans ce recueil n’a pas eu la chance de croiser son public à l’époque, je pense que le contexte actuel des migrations et des questionnements identitaires donnera une résonance toute particulière à ces textes et à ces musiques.

      Deux historiens, Naïma Yahi et Amzat Boukari-Yabara, écrivent le livret du disque, ils décrivent les contextes de l’époque et des pays dont proviennent les morceaux.

      Ce projet, musical et de patrimoine, répond à un besoin : (re)donner la voix aux nouvelles générations qui évoluent en France avec une absence d’identification, un oubli de l’histoire de leurs parents dans le paysage politique et culturel qu’elles traversent en grandissant. Il écrit une autre histoire de la musique en français. A la jonction des luttes de libération des pays d’origines, des luttes ouvrières, des exils, il cristallise une époque où les luttes bâtissaient des fraternités, des affirmations, de la dignité, des liens entre les peuples opprimés et des convergences que l’Histoire des livres scolaires ne dit pas. Il est important à mes yeux de transmettre ces moments de tous les possibles afin d’en imprégner la morosité dans laquelle grandissent les nouvelles générations.

      Les enfants des diasporas et ceux des travailleur.euse.s ouvrier.ère.s ont besoin d’avoir des espaces de transmission de l’histoire de leurs parents. Ces parents qui ont sacrifié des années dans des luttes ou dans l’exil et qui ont choisi pour leurs enfants une intégration dans la discrétion et pointée vers un futur sans le poids d’une lourde mémoire. Le passé ne se transmet pas facilement lorsqu’il est emprunt de tabous et qu’on pense ses enfants libres, sauvés, car nés en France. Mais les combats de nos aînés, à la vue des luttes actuelles, sont précieux et utiles. Le présent se débrouille mieux lorsqu’il a de la mémoire.

      Ce disque est donc un constat, un bout de mémoire qui montre que le champ des possibles était ouvert un court moment, avant d’être refermé, nous plongeant dans l’individualisme, le court terme, l’absence de projets de société. L’absence des ces histoires dans l’Histoire nous prive de l’espoir, des notions de fraternité, de résistance, de modes d’emplois d’autodéfense. L’époque actuelle nous impose ses fictions dystopiques, des histoires d’échecs et d’impasses.

      Le sillon fossilisé dans le disque m’a permis de découvrir des artistes et intellectuels qui ont transmis des solutions multiples. On connaît trop peu le personnage de Frantz Fanon, ce Martiniquais qui a épousé la cause algérienne, on connaît trop peu le grand Franklin Boukaka, artiste congolais qui rend hommage dans une chanson à Mehdi Ben Barka, homme politique marocain. Il a existé un soutien entre étudiants guadeloupéens pour l’indépendance de la Guadeloupe et un militant corse du FLNC qui a décidé d’héberger sur son label leur musique.
      Nous pouvons être tous d’accord, ça ne sert à rien s’il n’y a pas de projet commun. Je ne sais pas comment sera demain, ce que je sais c’est qu’avec la mémoire nous pouvons additionner la force et l’union des peuples d’hier aux diasporas et subalternes d’aujourd’hui. Nous placer au centre de l’histoire que l’on nous conte afin de rompre avec la logique impérialiste.


      « Voir ce qui n’avait pas lieu d’être vu, faire entendre comme discours ce qui n’était entendu que comme un bruit. » Jacques Rancière

      Rocé

    • Yes ! et vendredi 2 novembre, à l’occasion de la sortie du projet tant attendu, grand entretien avec Rocé sur www.jefklak.org ! Le livret, le projet et les sons/chansons sont plus qu’indispensables !

    • Pour celles et ceux qui ont aimé Par les damné·es de la terre collecté par monsieur @Roce, on pourra continuer le chemin avec

      MOBILISATION GENERALE/ Protest and Spirit Jazz from France 1970-1976

      Commande & écoute ici : http://www.bornbadrecords.net/releases/bb057-va-mobilisation-generale-protest-and-spirit-jazz-from-france-1

      1968. France société anonyme. L’incendie est déclaré et tout l’immeuble est entrain de s’effondrer. On ne sauvera rien. Des décombres du vieux monde les enfants de Marx et de Coca Cola surgissent pour arracher le bleu et le blanc au drapeau tricolore. Le fond de l’air est rouge et la musique n’adoucira plus les mœurs. Le chantier peut commencer.

      Si les Stones, les Who, les Kinks ou le MC5 composent la bande son de la revolution à coups de singles Molotov, ce sont des noirs américains qui ont fait sauter les digues durant les sixties. Contre le jazz à papa et la tradition occidentale Ornette Coleman, Cecil Taylor, Eric Dolphy, Albert Ayler ou Archie Shepp libèrent alors la note, explosent les formats, se lancent dans des improvisations furieuses qui redessinent un territoire sans frontières, aussi spirituel que politique. Avec le free jazz, le saxo devient lui aussi une machine à détruire l’ordre établi.

      L’Art Ensemble of Chicago qui atterrit à Paris en 1969 au Théâtre du Vieux Colombier allume une nouvelle mèche. Le quintette intègre au linup traditionnel une multiplicité de « petits instruments » dénichés un peu partout (de la sonnette de bicyclette aux wind chimes en passant par le steel drum, le djimbe ou le vibraphone : rien ne leur échappe) dont ils usent en fonction de leur inspiration. Sur scène le groupe détonne en arborant boubous et peintures de guerre afin de célébrer les pouvoirs d’une musique libre et hypnotique, en connexion directe avec ses racines africaines. La rencontre avec le label Saravah (fondé en 1965 par Pierre Barouh), alors aux avant postes d’une world music qui ne porte pas encore de nom, est évidente. L’album Comme à la radio de Brigitte Fontaine enregistré en 1970 à l’issue d’une série de concerts donnés au Théâtre du Vieux Colombier scelle l’union de cette héritière d’une chanson française, poétique et engagée (Magny, Ferré, Barbara) avec le jazz voodoo de l’Art Ensemble of Chicago et la tradition arabe perpétuée par son compagnon Areski Belkacem.

      Un ovni vient de se poser sur les platines des ados français qui découvrent la culture underground via Actuel, Libération, Charlie Hebdo, Rock’n Folk et une free press en pleine ébullition. Une jeunesse qui est de tous les combats : aux cotés des paysans sur le plateau du Larzac, des ouvriers de l’usine Lip, contre le nucléaire à Creys-Malville, la guerre du Vietnam, la peine de mort, les discriminations subies par les femmes, les homosexuels et les immigrés. Faire de la musique quand on a 20 ans au début des années 70, c’est faire de la politique. On ne prend pas un micro pour devenir une rock star mais pour faire avancer ses idées. Tandis que le prix du baril s’enflamme et que Pompidou bétonne à tout va en développant les grands ensembles et en « adaptant la ville à l’automobile », on prend la route pour se réfugier à la campagne. Des communautés qui se forment aux quatre coins de l’hexagone naissent des groupes (ou plutôt des collectifs) à géométrie variable qui mélangent allégrement musique, happening théâtral et agit prop sous une bonne dose d’acide. Le grand n’importe quoi est souvent de mise (le prog rock est la tarte à la crème de l’époque), mais ceux qui empruntent le sentier dessiné par le spiritual jazz planent vers d’autres cieux. La véhémence (voir la grandiloquence) des propos est alors portée et transcendée par la finesse et l’inspiration du jeu. La France de Claude François n’a jamais entendu ça. À la fois spatiaux, pastoraux et tribaux, les morceaux réunis ici font la jonction parfaite entre un certain héritage psychédélique, le space jazz de Sun Ra et l’Afro Beat qui se met alors en place à Lagos avec Fela, ils sont autant des incantations (l’usage du spoken word est récurrent), des cris de guerre, des poèmes que des tracts.

      1978. Giscard est à la barre. Le punk et la disco décapitent les derniers hippies. Si le sang bout toujours, il est déjà trop tard. La guerre est finie, elle a été perdue sans que personne ne s’en aperçoive, et l’on a beau se battre encore contre des moulins à vent, faire parfois parler la poudre et le plomb dans des luttes sans issues (du rêve au cauchemar il n’y a qu’un pas), on sait que la parenthèse enchantée vient de se refermer, que les lendemains qui chantent sont désormais derrière nous et qu’on ne laissera que quelques disques à nos enfants. Le spectre d’un single prophétique peut alors ressurgir des speakers. Brigitte Fontaine y interroge Areski : « Hey mais je pense à un truc, on ne va pas mourir dans une minute ? »

    • Très bonne interview : http://dialna.fr/interview-par-les-damne-e-s-de-la-terre-lhommage-aux-luttes-du-passe-de-roce

      Évocation de #archivage_militant (mais au final tout le projet en est question)

      Cet album est aussi possible car ces luttes ont été gravées sur vinyles, ou sur bandes. D’après toi, que garderons-nous de nos luttes actuelles ?
      Rocé : Je pense que c’est un peu le problème de notre époque. Tu peux le voir avec notre consommation de la musique, des photos, etc .. Aujourd’hui tu changes de téléphone, tu perds tes photos. Avant tu avais moins ce problème. On a beaucoup plus de choses aujourd’hui, mais on les transporte beaucoup moins longtemps avec nous. Je ne sais pas ce qu’il advient des albums photos de famille, plus personne n’en a. C’est tout con, mais on fait une confiance aveugle en la technologie mais l’obsolescence fait qu’on peut tout perdre du jour au lendemain. Il y a des morceaux qui cartonnent grâce à des plateformes de téléchargement, mais tout ne tient qu’à ces plateformes. J’ai réédité mon premier album qui date de 2001. Le graphiste de l’époque avait gardé un disque dur avec les morceaux, la pochette, etc. Le disque dur ne démarrait pas quand on l’a branché. On a dû reprendre la pochette vinyle et allait la faire une reproduction de la photo. Encore une fois, le vinyle a sauvé l’affaire, c’est du sillon gravé. Le numérique, c’est limité. Que va-t-il advenir de nos luttes d’aujourd’hui ? On va y arriver mais ça va être moins simple.

  • "Antisémitisme et Antisionisme - L’impossible amalgame"

    Il y a dans la réaction « anti-israélienne » plus et parfois autre chose qu’une attitude politique de gauche, commandée par la lutte contre l’impérialisme. Il y a aussi et il y a parfois surtout une défense de l’intelligence devant l’assaut qui est continuellement livré, une réponse de l’esprit critique au défi qui le confronte presque en permanence dans ce débat plus chargé de passion et de fanatisme que nul autre.

    En 1967, l’opinion publique occidentale a été soumise à un bombardement systématique dont les munitions avaient été savamment sélectionnées par de savants artilleurs. Le combat que livrait Israël était présenté comme celui d’une petite nation faible entourée d’ennemis nombreux et puissants - David contre Goliath - et ne souhaitant rien d’autre que le droit à l’existence.

    On s’est vite rendu compte que le rapport des forces entre Israël et ses alliés, d’une part, et ses ennemis arabes, de l’autre, jouait entièrement en faveur d’un Etat développé qui n’a eu aucune peine à écraser une série d’adversaires également faibles et misérables - misérables donc faibles.

    En juin 1967, l’Etat d’Israël a affirmé ne faire la guerre (préventive) - préventive, mais rappelez-vous le titre qui, le 5 juin 1967, barrait la première page de France Soir- plus gros tirage de la presse francophone dans le monde - :
    « L’Egypte attaque » - que pour assurer sa survie physique et empêcher son étouffement économique. Or, aujourd’hui et depuis deux ans déjà, la Jordanie et l’Egypte sont disposées, moyennant le retrait des troupes israéliennes, à des concessions qui ne signifient rien d’autre que la reconnaissance de fait de l’Etat hébreu ; elles acceptent en outre qu’Israël bénéficie désormais de la liberté de navigation. Mais la paix est plus éloignée que jamais : les Israéliens désirent actuellement des « frontières sûres » et il n’est plus question pour eux de revenir aux limites territoriales qui étaient les leurs avant la guerre des six jours. Les aspirations d’Israël peuvent difficilement être présentées comme celles, élémentaires et légitimes, d’un Etat ne nourrissant, à l’exclusion de toute ambition territoriale, qu’un désir pathétique de dialogue, de reconnaissance et de paix.

    Moins désarmée sur ce terrain que dans le passé, l’opinion publique se voit à présent confrontée avec une argumentation d’un tout autre genre. Elle tient en peu de mots : l’antisionisme ne serait qu’une variante de l’antisémitisme ; l’opposition à Israël rien d’autre qu’une version de la haine des Juifs. Il y a des mois qu’on nous le répète et M. Michel Soulié, vice-président du Parti radical-socialiste, vient de déclarer pour sa part : « Aujourd’hui, personne n’ose plus s’affirmer antisémite, mais l’antisionisme est un bon paravent pour la droite et aussi une certaine nouvelle gauche »1.
    On objectera : M. Michel Soulié et le Parti radical-socialiste méritent-ils les honneurs de la citation ? Pour ce qu’ils représentent... Sans doute, sans doute.

    Mais le Nouvel Observateur de M. Jean Daniel ?... Voilà des semaines qu’on y trouve des mises en garde pleines de sollicitude à l’adresse de la gauche, ancienne et nouvelle, menacée, dit-on, de verser dans l’antisémitisme en raison de son opposition à Israël. Et tout de même, le Nouvel Observateur malgré tout, ce n’est pas le Parti radical-socialiste... Cet amalgame affirmé, ou suggéré, systématiquement entretenu entre l’antisionisme et l’antisémitisme, est devenu une arme politique.

    On est tenté de ne lui répondre que par le haussement d’épaules qu’il mérite. Mais on ne peut plus aujourd’hui se contenter de cette réaction. Une prise de position claire est indispensable, basée sur l’analyse et la réflexion. En cette matière encore, la gauche, inlassablement, doit faire oeuvre démystificatrice.

    La logique de l’histoire

    Que la haine des Juifs puisse conduire à celle d’Israël, il faut le constater. II en est ainsi, par exemple, de quelques milieux d’extrême droite en Allemagne, représentés par la Deutsche Soldatenzeitung et par l’ancien condottiere S.S. Skorzeny, que la haine antijuive conduit à soutenir la cause palestinienne.

    Dans un même ordre d’idées, mais par un phénomène apparemment inverse, la Pologne offre l’exemple d’un régime où l’antisionisme - véritable ou feint - conduit à l’antisémitisme et sert, en fait, de diversion à une politique impopulaire. Notre propos est cependant de prouver que la liaison entre l’antisionisme et l’antisémitisme est l’exception, tandis que le lien entre le sionisme et l’antisémitisme est plus fréquent et moins fortuit. Ce lien entre l’antisémitisme et le sionisme est double, de nature logique et historique.

    Ce lien est logique. Ecoutez le langage classique de l’antisémitisme : l’élément juif est inassimilable, constituant dans les nations où il s’est introduit un corps étranger, nécessairement étranger, il doit en être isolé et si possible évacué. Ce raisonnement s’est souvent exprimé de manière très lapidaire : « les Juifs dans leur pays ». Or, les sionistes ne disent rien d’autre.

    A les en croire, l’élément juif est inassimilable à cause du caractère inéluctable de l’antisémitisme. Theodor Herzl, le fondateur de la doctrine, ne fait sur ce point aucun mystère de ses convictions :
    « Parmi les populations, l’antisémitisme grandit de jour en jour, d’heure en heure, et doit continuer à grandir parce que les causes continuent à exister et ne sauraient être supprimées » 2.
    Quant à la formule lapidaire, « les Juifs dans leur pays », on la retrouve dans le programme du sionisme : elle résume en même temps qu’elle en traduit toute la politique.

    L’antisémitisme et le sionisme nous confrontent avec un courant également antilibéral et également pessimiste, ils sont unis par la même opposition à une idéologie démocratique qui croit, parfois naïvement, au nécessaire et possible rapprochement des communautés ethniques, religieuses, etc.... Et il s’agit moins ici de justifier ou de dénoncer ce pessimisme que d’en constater la présence significative et dans le projet sioniste et dans la mentalité antijuive.

    Or, l’histoire confirme la logique, et ce dès l’aube du mouvement sioniste.
    « D’honnêtes antisémites devront être associés à l’oeuvre (sioniste) pour y exercer en quelque sorte un contrôle populaire, tout en conservant leur entière liberté, précieuse pour nous »3.
    Ces paroles et la justification d’un antisémitisme « honnête », accompagnée de la revendication, pour ceux qui le pratiquent, d’une « liberté précieuse », sont de Herzl luimême.

    Le fondateur du sionisme n’a pas précisé ce qu’il entendait par des antisémites « honnêtes », mais dans les faits, il a accordé des brevets d’honnêteté à des antisémites dont la liberté est loin d’avoir été précieuse pour les Juifs. C’est ainsi qu’il a - à la grande indignation des Juifs de l’époque - rencontré, en 1904, Plehve. le ministre de l’intérieur de la Russie tsariste, celui-là même que la communauté juive de Russie tenait, non sans raison, pour responsable du terrible pogrom de Kichinev. Plehve promit d’ailleurs à Herzl, « un appui moral et matériel au jour où certaines... mesures pratiques serviraient à diminuer la population juive de Russie » 4.
    Il n’est pas exclu qu’un calcul analogue ait inspiré Lord Balfour, dont la célèbre déclaration assura l’appui décisif de la Grande-Bretagne à l’entreprise sioniste, puisqu’il n’hésita pas à se faire élire, à la Chambre des Communes, sur une plateforme comprenant un projet de loi interdisant l’émigration en Angleterre et, singulièrement, l’émigration juive.

    Ces citations et ces faits, pour troublants qu’ils soient, seront acceptés avec moins de gêne que la révélation de la collaboration qui se pratiqua entre sionistes et nazis. Pourtant, l’évidence est là. Ces actes de collaboration se déroulèrent tour à tour en Allemagne, en Autriche et en Hongrie et trouvèrent un défenseur convaincu en la personne d’Eichmann qui, converti au sionisme par la lecture de Herzl, se mit, selon le témoignage de la sociologue américaine Hannah Arendt, « à répandre le message sioniste dans les milieux S.S. » 5.
    Ses efforts ne furent pas tout à fait vains puisqu’il réussit à convaincre beaucoup de ses camarades que « les sionistes étaient les Juifs "décents", puisque, eux aussi, pensaient en termes "nationaux" » 6.

    Un livre récent, s’appuyant sur des documents d’archives et rédigé par un auteur israélien, offre de cette collaboration entre nazis et sionistes - et en particulier de la complaisance relative, mais certaine, des hitlériens envers le sionisme - un faisceau de preuves convergentes. 7

    "Vive Israël, mort aux Youpins !"

    Ce sont là, dira-t-on, des cas extrêmes. Sans doute. Mais, plus près de nous, historiquement et géographiquement, la collusion entre l’antisémitisme et le sionisme ou la sympathie pour Israël, a frappé un observateur aussi peu suspect d’hostilité envers l’Etat hébreu que Marc Hillel. Parlant des événements de 1956, il reconnaît dans son livre que « !es antisémites les plus irréductibles deviennent pro-israéliens tout en continuant à détester leurs Juifs » 8
    et, à propos des cortèges pro-israéliens qui se déroulèrent à Paris en juin 1967 :
    « on nota la présence de membres de l’extrême droite antisémite par tradition aux manifestations en faveur d’Israël » 9.
    Personne ne sait si les antisémites du genre de Xavier Vallat, ancien commissaire de Vichy aux Affaires juives, qui, en 1967, eut ce cri du coeur « Vive Israël, mort aux youpins ! », personne ne sait si ce genre d’individus forme ou non une catégorie nombreuse. Mais Vallat ne doit pas être tout à fait isolé dans son désir de voir prospérer les Juifs dans un « pays à eux » qui aurait l’immense mérite de débarrasser de leur présence les Etats où ils sont fixés.

    Et pour ce qui est de la France particulièrement, on ne peut nier que la sympathie proisraélienne est alimentée depuis longtemps par la haine des Arabes et le désir de voir la défaite d’Algérie vengée aux dépens de Nasser et de ses alliés. Aspiration si profonde qu’elle a fait de partisans de l’Algérie française connus pour leur haine des Juifs des admirateurs passionnés de la virilité israélienne. Tixier-Vignancour se trouve, par exemple, dans ce cas.

    En regard de la liaison logique et historique entre le racisme antijuif et la sympathie pour le sionisme, il faut, au contraire, opposer cette autre considération de fait : l’histoire du sionisme a longtemps été l’histoire de la lutte menée contre cette idéologie par des mouvements juifs. Les Juifs antisionistes se recrutaient, en effet, nombreux soit dans les milieux religieux qui n’envisageaient le retour des Juifs vers la « Terre promise » que sous une forme spirituelle, soit dans les milieux socialistes où l’on entendait unir les ouvriers juifs et non juifs dans le combat contre le capitalisme que l’on rendait responsable de l’antisémitisme. A quoi il faut ajouter la longue série de personnalités juives et non juives qui, peu suspectes d’antisémitisme, ont mené ou mènent la lutte contre le racisme et se posent en adversaires résolus de l’entreprise sioniste et de l’Etat d’Israël : liste interminable qui comprend les noms de Bertrand Russel. Isaac Deutscher, Erich Fromm, Mehdi Ben Barka, Rudi Dutschke, Elridge Cleaver, etc., etc. II ne s’agit d’ailleurs pas seulement de personnalités, mais de mouvements et de courants d’opinion. Ce sont les étudiants allemands radicaux de la S.D.S. qui se montrent les plus achamés dans le combat contre les séquelles du nazisme et dans l’opposition à Israël. Ce sont les formations et « groupuscules » d’extrême gauche qui, en France, sont le plus résolument opposés à l’israélophilie dont P. Viansson-Ponté disait récemment dans Le Monde qu’elle était surtout le fait de l’"establishment" français 10.
    Or, ces mêmes formations et « groupuscules », qui pourrait les accuser de complaisance envers le racisme en général ou, en particulier, envers l’antijudaïsme ?

    Le sionisme contre les Juifs

    On rétorquera à tout cela que s’en prendre à Israël, c’est nécessairement s’en prendre aux Juifs puisque, dans leur très grande majorité, les Juifs sont profondément attachés à l’Etat sioniste.

    La gauche antisioniste ne peut laisser sans réplique un tel argument. Elle doit y répondre en montrant que, si elle s’oppose à l’entreprise sioniste, c’est parce que celle-ci est nocive non seulement aux Arabes, mais également aux Juifs. La première proposition se passe de démonstration, le sort des Palestiniens que l’implantation sioniste en Palestine a chassés de leur pays témoignant suffisamment de sa justesse. Il est plus important d’insister sur ce fait : nous autres qui critiquons et rejetons le sionisme, nous le faisons non par hostilité envers les Juifs, mais, bien au contraire, par refus de tout racisme, qu’il soit dirigé contre les Arabes, contre les Juifs ou contre toute minorité nationale ou ethnique.

    Notre critique du sionisme est double et se place sur le plan des principes et sur celui des réalités concrètes. Des principes parce que la composante raciste du sionisme, pour ne pas être évidente et perçue par tous, n’en est pas moins certaine. Nous l’avons dit, le sionisme mise sur le caractère inéluctable de l’antisémitisme. C’est son postulat de base. Lorsque les Juifs sont menacés de persécution, les sionistes les invitent a rejoindre la Palestine, avec le consentement ou contre le gré (et en l’occurrence, contre le gré) des populations autochtones. Réflexe de défense, dira-t-on. Mais peut-on raisonnablement suggérer que la solution des nombreux problèmes que crée la tension entre communautés ethniques, religieuses ou nationales cohabitant sur un même territoire se trouve dans le départ de ces communautés ? Or, c’est cela la « solution sioniste ». Appliquée à d’autres cas, elle conduirait à pousser les minorités noires, irlandaises, espagnoles, etc.. etc., au départ, comme si le règlement du problème du racisme dans le monde se trouvait dans d’immenses mouvements migratoires ramenant « chez eux » les noirs, les Irlandais, les Espagnols et les Juifs. A ces derniers, le sionisme ne propose rien d’autre. C’est une proposition insoutenable.

    Mais s’agit-il seulement d’une réplique (au demeurant inadéquate) à un péril physique et à une menace de persécution ?

    Non, le sionisme est bien plus que cela. S’adressant récemment à des Juifs américains, Mme Golda Meïr n’a-t-elle pas déclaré que c’est " seulement leur immigration en Israël (qui) peut les sauver de l’assimilation " 11.
    Le danger que le sionisme est censé combattre, ce n’est donc plus la spoliation, la discrimination antijuive ou l’extermination des Juifs, mais leur « assimilation » au sein des nations. Il serait utile de préciser ici ce qu’on entend par « assimilation » et qui, si l’on excepte l’hypothèse condamnable d’une assimilation forcée, ne peut être que l’intégration harmonieuse d’une communauté au sein de la population qui l’environne. Et, une fois de plus, nous nous heurtons à cette analogie entre le langage des sionistes et celui des antisémites : il faut rejeter, comme impossible ou pernicieuse, i’assimilation des Juifs, le maintien de leur spécificité est une exigence si impérieuse qu’elle justifie leur émigration.

    Certes, il n’y a rien en commun entre le sionisme et le nazisme et il faut à ce propos, regretter les formules mensongères et donc nocives identifiant Israël à un Etat fasciste et sa politique à l’hitlérisme. Mais il reste que, d’une certaine manière, le sionisme a pris le relais de l’antisémitisme. Ce dernier incitait les Juifs au départ ou au repli sur soi. Le sionisme ne fait rien d’autre et la politique qu’il mène à cet égard est, pour les Juifs, riche de périls. II tente de les persuader qu’ils sont non seulement citoyens du pays où ils sont fixés, mais aussi et même surtout citoyens d’Israël, liés à cet Etat par un devoir de civisme et une allégeance imprescriptible. Sont taxés de trahison envers leur peuple ceux qui nient ce devoir et rejettent cette allégeance.

    Tant qu’il n’existe pas de différend important entre Israël et tel ou tel Etat où habitent des Juifs, ce principe d’allégeance peut n’apparaître que comme un fait sentimental secondaire. Mais lorsque la conjoncture internationale suscite entre l’Etat d’Israël et d’autres pays une tension ou un conflit, le problème cesse d’être de nature purement affective. Il est politique. On voit, dès lors, le grand rabbin de France prendre ouvertement position contre l’attitude de son pays ou de son gouvernement envers Israël - qui n’est pas son pays - et une série d’associations juives adopter un comportement semblable qui, faut-il le dire n’a rien à voir avec un quelconque sentiment d’internationalisme, mais dérive d’un attachement inconditionnel envers un Etat étranger.

    Les antisémites ont toujours prétendu que les Juifs ne voulaient pas s’intégrer dans les pays où ils vivaient. C’était une contrevérité. Mais voila que, par l’effet d’une propagande systématiquement organisée, un grand nombre de Juifs se prêtent eux-mêmes à une opération qui les fait apparaître comme les nationaux d’un Etat étranger. Qui n’aperçoit l’utilisation que l’antisémitisme peut faire d’une situation aussi équivoque et aussi malsaine ? L’actualité ne souligne pas ce péril dans nos pays.

    A la grande majorité des Français et des Belges, pour ne prendre que leur cas, Israël apparaît, consciemment ou non, comme la revanche de l’homme blanc et de l’Européen contre l’homme de couleur coupable d’arrogance. D’ou sa popularité actuelle.

    Devant un tel état de choses, le rôle de la gauche est double : il consiste tout d’abord à rétablir les faits et à montrer quel est le rôle véritable de l’Etat d’Israël et à défendre les peuples qui sont victimes de sa politique. Le devoir de la gauche antiraciste est aussi de montrer qu’à la faveur d’un retournement dans l’opinion publique, l’israélophilie actuelle peut disparaître (d’autant qu’elle n’a pas de fondement sérieux) et faire place alors à une hostilité qui, à défaut de prendre pour cible l’Etat hébreu lui-même, s’en prendra aux communautés juives qui y sont inconditionnellement attachées. Cette hypothèse est lourde d’un péril qu’il faut à tout prix combattre : celui d’une renaissance de l’antisémitisme.

    Non, les antisionistes ne sont pas antisémites. L’amalgame qu’on nous suggère et que l’on veut de plus en plus nous imposer ne repose sur aucune analyse sérieuse. Ne serait-il rien d’autre qu’une forme de chantage moral et intellectuel par lequel on voudrait empêcher tous ceux qui condamnent la haine antijuive, criminelle et imbécile, à ouvrir le dossier israélo-arabe et à l’examiner avec un minimum d’objectivité ? Il y a, dans l’argumentation utilisée à ce propos, trop de mauvaise foi pour qu’on puisse rejeter cette hypothèse.

    Marcel Liebman

    [MAI N°10 février 1970]

    Bibliographie

    1 Le Monde, 23-1-1970

    2 T. Herzl, l’Etat juif, éd. Lipschitz, Paris, 1926, p.84. Souligné par nous.

    3 Ibid., p. 137.

    4 M. Bernfeld, Le sionisme. Etude de droit intemational public ; Paris, Jouve, 1920, p. 399.

    5 H. Arendt, Eichmann à Jérusalem ; Paris, Gallimard, 1963 ; p. 52.

    6 Ibid., p. 73.

    7 E. Ben-Elessar, La diplomatie du IIIe Reich et les Juifs (1933-1939), Paris. Julliard, 1966.

    8 M. Hillel, Israël en danger de paix ; Paris, Fayard, 1968, p. 43.

    9 Ibid., p ; 271

    10 Le Monde

    11 Israel aujourd’hui, 21-1-1970

  • [Genève] 29.2-3.3.2016 : Créer deux, trois, de nombreux Vietnam
    http://renverse.ch/Geneve-29-2-3-3-Creer-deux-trois-de-nombreux-Vietnam-528

    Il y a cinquante ans, sous l’impulsion du Che, de Ho Chi Minh, de Amilcar Cabral et de Mehdi Ben Barka parmi d’autres... des dizaines de délégations des mouvements anti-impérialistes et de libération se réunissaient à Cuba dans le cadre de la Conférence tricontinentale. À l’occasion de cet anniversaire, l’Atelier organise une semaine d’activités et de conférences sur l’internationalisme et l’anti-impérialisme.

    https://www.facebook.com/latelierhistoire

  • [Genève] 29.2-3.3.2016 : Créer deux, trois, de nombreux Vietnam
    https://renverse.ch/Geneve-29-2-3-3-Creer-deux-trois-de-nombreux-Vietnam-528

    Il y a cinquante ans, sous l’impulsion du Che, de Ho Chi Minh, de Amilcar Cabral et de Mehdi Ben Barka parmi d’autres... des dizaines de délégations des mouvements anti-impérialistes et de libération se réunissaient à Cuba dans le cadre de la Conférence tricontinentale. À l’occasion de cet anniversaire, l’Atelier organise une semaine d’activités et de conférences sur l’internationalisme et l’anti-impérialisme.

    https://www.facebook.com/latelierhistoire

  • Mehdi Ben Barka assassiné le 29 octobre 1965 avec l’aide du gouvernement français

    https://paris-luttes.info/mehdi-ben-barka-assassine-le-29-4019

    À la veille de son enlèvement et de son assassinat, il présidait le comité préparatoire de la Conférence de la Tricontinentale qui devait réunir à la Havane, en janvier 1966, les représentants des mouvements de libération des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Figure intellectuelle et politique du mouvement anticolonialiste et opposant au roi Hassan II du Maroc, Mehdi Ben Barka est assassiné le 29 octobre 1965 près de Paris. Son corps n’a jamais été retrouvé.

    #colonialisme

  • Mehdi Ben Barka assassiné le 29 octobre 1965 avec l’aide du gouvernement français
    http://paris-luttes.info/mehdi-ben-barka-assassine-le-29-4019

    À la veille de son enlèvement et de son assassinat, il présidait le comité préparatoire de la Conférence de la Tricontinentale qui devait réunir à la Havane, en janvier 1966, les représentants des mouvements de libération des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Figure intellectuelle et (...) — Rebellyon.info

  • Mehdi Ben Barka assassiné le 29 octobre 1965 avec l’aide du gouvernement français
    http://rebellyon.info/Mehdi-Ben-Barka-assassine-le-29-octobre

    À la veille de son enlèvement et de son assassinat, il présidait le comité préparatoire de la Conférence de la Tricontinentale qui devait réunir à la Havane, en janvier 1966, les représentants des mouvements de libération des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Figure intellectuelle et (...) — Mémoire, Globalisation - capitalisme, Une, http://www.al-mounadhil-a.info, J’ai vu tuer Ben Barka

  • Comment le Mossad et la France ont contribué à la « disparition » de Ben Barka - @OrientXXI

    Près de cinquante ans après la mort de Mehdi Ben Barka, deux journalistes israéliens viennent de publier une longue enquête sur l’implication des services secrets israéliens dans l’assassinat de l’opposant marocain.
    Au moment de son enlèvement près de la Brasserie Lipp à Paris, le 25 octobre 1965, le leader d’opposition en exil Mehdi Ben Barka (...) était une cible désignée non seulement des services secrets de son pays, mais aussi de ceux des pays du « monde libre » engagés dans la lutte contre les mouvements de libération.

    Dans leur longue enquête publiée sur le site du quotidien israélien Yediot Aharonot, les deux journalistes Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon dévoilent l’implication du Mossad dans l’élimination de l’opposant marocain. (...)

    http://orientxxi.info/lu-vu-entendu/le-mossad-et-l-assassinat-de-mehdi,0866

  • ▶ Saïd Bouamama : « Figures de la révolution africaine » - YouTube
    http://www.youtube.com/watch?v=3xxm-tkyYRU

    Saïd Bouamama , présente son nouveau livre « Figures de la révolution africaine »
    Jomo Kenyatta, Aimé Césaire, Ruben Um Nyobè, Frantz Fanon, Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah, Malcolm X, Mehdi Ben Barka, Amílcar Cabral, Thomas Sankara...

    Longtemps regardés avec dédain par ceux qui, au cours des trois dernières décennies, décrétèrent la mort du tiers-mondisme et le triomphe du néolibéralisme, ces noms réapparaissent aujourd’hui. Avec l’atmosphère de révolte que l’on sent monter aux quatre coins du monde, ces figures majeures de la libération africaine suscitent un intérêt croissant dans les nouvelles générations.

    Constatant qu’ils sont trop souvent réduits à des icônes, Saïd Bouamama redonne corps et chair à ces penseurs de premier plan qui furent aussi des hommes d’action. Leurs vies rappellent en effet que la bataille pour la libération, la justice et l’égalité n’est pas qu’une affaire de concepts et de théories : c’est aussi une guerre, où l’on se fourvoie parfois et dans laquelle certains se sacrifient. S’il ne cache pas son admiration pour ces figures rebelles, dont la plupart moururent effectivement au combat, Saïd Bouamama n’en fait pas des martyrs absolus : la pensée en action est toujours située, incertaine, inachevée. C’est pourquoi ce livre s’attache, avec beaucoup de pédagogie, à inscrire ces parcours dans leurs contextes sociaux, géographiques et historiques. On comprend mieux dès lors comment ces hommes, qui ne vécurent pas tous sur le continent africain mais furent tous confrontés à l’acharnement des puissances impériales, cherchèrent les armes pour sortir l’Afrique de la nuit coloniale et faire émerger une nouvelle universalité.

    À l’heure où l’on se demande comment avoir prise sur le monde, ce portrait politique collectif rappelle qu’il a toujours été possible, hier comme aujourd’hui, de changer le cours des choses.

    Saïd Bouamama est sociologue et militant associatif. Engagé professionnellement et personnellement dans les luttes d’émancipation dans toutes leurs dimensions, il est notamment l’auteur de Les Discriminations racistes : une arme de division massive (L’Harmattan, 2010) et La France. Autopsie d’un mythe national (Larousse, 2008).

    Avec le Collectif Manouchian dont il est un des animateurs, il a établi un Dictionnaire des dominations de sexe, de race, de classe (Syllepse, 2012).

  • #Afrique
    Figures de la révolution africaine. De Kenyatta à Sankara. #Saïd_BOUAMAMA

    #Jomo_Kenyatta, #Aimé_Césaire, #Ruben_Um_Nyobè, #Frantz_Fanon, #Patrice_Lumumba, #Kwame_Nkrumah, #Malcolm_X, #Mehdi_Ben_Barka, #Amílcar_Cabral, #Thomas_Sankara... Longtemps regardés avec dédain par ceux qui, depuis les années 1980, décrétèrent la mort du tiers-mondisme et le triomphe du néolibéralisme, ces noms reviennent à l’ordre du jour. Avec l’atmosphère de révolte que l’on sent monter aux quatre coins du monde, ces figures majeures de la libération africaine suscitent un intérêt croissant auprès des nouvelles générations.
    Refusant d’en faire de simples icônes, Saïd Bouamama redonne corps et chair à ces penseurs de premier plan qui furent aussi des hommes d’action. Leurs vies rappellent en effet que la bataille pour la libération, la justice et l’égalité n’est pas qu’une affaire de concepts et de théories : c’est aussi une guerre, où l’on se fourvoie parfois et dans laquelle certains se sacrifient. S’il ne cache pas son admiration pour ces figures rebelles, dont la plupart moururent effectivement au combat, Saïd Bouamama n’en fait pas des martyrs absolus : la pensée en action est toujours située, incertaine, inachevée.
    C’est pourquoi ce livre s’attache, avec beaucoup de pédagogie, à inscrire ces parcours dans leurs contextes sociaux, géographiques et historiques. On comprend mieux dès lors comment ces hommes, qui ne vécurent pas tous sur le continent africain, mais furent tous confrontés à l’acharnement des puissances impériales, cherchèrent les armes pour sortir l’Afrique de la nuit coloniale et faire émerger une nouvelle universalité.
    À l’heure où l’on se demande comment avoir prise sur le monde, ce portrait politique collectif rappelle qu’il a toujours été possible, hier comme aujourd’hui, de changer le cours des choses.
    http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index.php?ean13=9782355220371

  • Ben Barka : la vérité réclamée sur l’assassinat de l’opposant marocain à Paris, 48 ans après les faits - El Watan

    http://www.elwatan.com/international/l-amdh-reclame-la-verite-sur-l-assassinat-de-ben-barka-30-10-2013-233154_11

    Les sections européennes de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) se sont jointes à d’autres organisations activant en France pour réclamer la vérité sur ce qu’elles qualifient de « crime d’Etat » à l’encontre de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, enlevé puis assassiné il y 48 ans à Paris.

    #BenBarka #AffairedEtat

  • Les Blogs de Politique - Le « Makhzen » et la double nationalité
    http://blogs.politique.eu.org/Le-Makhzen-et-la-double

    Depuis des décennies, le régime marocain (le « Makhzen ») a recours à une technique redoutable pour verrouiller le jeu politique. Il y a des partis qui correspondent à chaque nuance de la panoplie politique, mais ils sont tous « du Makhzen ». Il y a depuis longtemps un parti nationaliste du Makhzen (l’Istiqlal), un parti socialiste du Makhzen (l’USFP, qui n’est plus que l’ombre du parti de Mehdi Ben Barka et d’Abderrahim Bouabid), un parti communiste du Makhzen (le PPS, curiosité locale qui vénérait simultanément Lénine et Hassan II). Il y a aujourd’hui un parti écologiste du Makhzen (le PEDD) et un parti islamiste du Makhzen (le PJD). Tous ont en commun d’applaudir comme Pavlov la moindre initiative royale et d’avoir ignoré le « Mouvement du 20 février » qui était l’écho marocain du Printemps arabe.

    #maroc via @supergeante