François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • Les coquillages du vol MH370 épaississent le mystère | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/266092/coquillages-vol-mh370-balanes-avion-mystere-aeronautique-enquete-disparition

    Il y a tout juste dix ans, le 8 mars 2014, la disparition du vol MH370 de Malaysia Airlines entre Kuala Lumpur et Pékin devenait le plus grand mystère de l’aviation civile. Ce n’est qu’un an et demi plus tard, en juillet 2015, qu’un de ses flaperons, un aileron caractéristique des avions de ligne, s’est échoué sur l’île de La Réunion. Il prouvait ainsi que le vol avait fini sa course dans l’océan Indien. Mais les raisons et la localisation exacte de ce crash demeurent un mystère.

    La découverte de ce débris a également lancé une enquête de biologie marine, racontée par le New York Magazine. Le flaperon en question était couvert de balanes, des crustacés marins se fixant uniquement à des objets flottants (algues, bateaux, etc.). Puisque ces derniers sont normalement des corps biodégradables, les balanes y grandissent rapidement. Sur des objets manufacturés, elles peuvent se reproduire indéfiniment.

    L’étude des balanes a montré que ces coquillages peuvent servir « d’enregistreurs médico-légaux » puisque leur taille, leur vitesse de croissance et la composition chimique de leur coquille varient en fonction de la température de l’eau et des minéraux marins. En combinant ces mesures aux modèles de dérive en mer, les scientifiques peuvent retracer la trajectoire des débris et déterminer leur point de départ.

    Plus de questions que de réponses

    Lorsque le flaperon s’échoue à La Réunion, les scientifiques ne savent pas à quoi peuvent ressembler des balanes ayant passé six, douze ou dix-huit mois dans l’océan Indien. Une première phase d’enquête se lance : les variations de taille, de croissance et de composition chimique sont étudiées.

    Puis l’analyse des coquillages du MH370 commence… et les paradoxes s’enchaînent. La trentaine de débris retrouvés ne présentent que des balanes vieilles de quelques mois, alors que plus d’un an s’est écoulé entre le crash et la découverte du premier fragment d’avion.

    Autre mystère impossible à résoudre : selon les modèles de dérive, le flaperon n’aurait pu s’échouer à ce point précis de l’île de La Réunion que si la zone où se sont fixées les balanes était à l’air libre pendant les seize mois en mer. Or, ces dernières ne peuvent se développer que sous l’eau.

    Reste que l’étude des balanes constitue, malgré tout, une percée significative dans l’enquête sur la disparition du vol MH370. Le gouvernement malaisien a par ailleurs annoncé dimanche 3 mars que les recherches, arrêtées depuis 2018, devraient reprendre. Les nouvelles technologies utilisées par l’entreprise commissionnée, Ocean Infinity, doivent permettre de ratisser la zone de localisation en une dizaine de jours. De quoi espérer disperser le brouillard qui plane encore sur ce crash.