• L’insolente santé de l’enseignement supérieur privé -

    Le secteur est en pleine croissance et joue sur l’image dégradée de l’université. La réforme de l’apprentissage, qui a accru le soutien financier de l’Etat, a boosté ces établissements.

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    Réguler davantage le secteur serait donc nécessaire… D’autant que si ces écoles sont en plein essor, c’est aussi grâce aux fonds publics. Certes, la subvention annuelle versée aux écoles supérieures privées associatives (20 % du secteur privé environ, les autres étant des sociétés commerciales à but lucratif), votée chaque année dans le cadre de la loi de finances, a augmenté de 10 % cette année (94 millions d’euros).
    Mais ce rebond, les écoles le doivent surtout à la manne que représente l’apprentissage, réformé par la loi « avenir professionnel » de 2018. Cette loi a permis de décupler le nombre d’élèves en contrat d’apprentissage (qui suivent ainsi leur licence ou leur master en partie à l’école et en partie en entreprise) dans ces écoles, et a permis aux établissements d’attirer un nouveau public, qui ne paie pas les frais de scolarité.

    A cela s’est ajoutée la prime octroyée, depuis la crise sanitaire, aux employeurs d’apprentis (8 000 euros par an), qui a facilité les recherches de contrats pour les étudiants. A l’EM Normandie, le nombre d’alternants a bondi de 50 % à la rentrée. A Omnes, cette année, la moitié de l’effectif (14 000) est en alternance.
    Un système vertueux (le taux d’insertion des étudiants qui ont suivi leurs études en apprentissage est plus favorable que celui constaté en formation initiale), mais coûteux pour l’Etat. En lourd déficit, France compétences, le nouvel opérateur public financeur du système, a déjà été renfloué à hauteur de 2,7 milliards d’euros à la fin de l’année 2021. Aujourd’hui, ce dispositif est remis en cause par le gouvernement : un plafonnement des montants pris en charge par l’Etat est sur la table, alors que les frais de scolarité de certaines écoles de commerce frisent les 15 000 euros par an. En cette période de campagne électorale, les écoles privées mènent d’intenses actions de lobbying pour préserver ce système.

    Si l’apprentissage constitue un booster pour ces écoles, il n’est pas le seul : le recrutement d’étudiants internationaux continue d’être un puissant relais de croissance. La France est d’ailleurs le pays dont les établissements disposent du plus grand nombre de campus « offshore », devant les Etats-Unis, comme le montre un rapport du Leibniz Institute for Researsh on Society and Space publié en 2020. L’étude en recense 122 – la Chine est le premier pays d’implantation, suivi du Maroc.
    https://justpaste.it/5a5k2

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