• Émeutes en Nouvelle-Calédonie : « C’était prévisible », affirme Jean-François Merle, conseiller de Rocard en 1988
    https://www.lepoint.fr/politique/nouvelle-caledonie-l-histoire-se-repete-tragiquement-et-c-etait-previsible-a

    INTERVIEW. Selon Jean-François Merle, qui a négocié l’accord de Matignon en 1988, le gouvernement est en partie responsable de la situation de tensions extrêmes dans l’archipel.
    Par Géraldine Woessner

    Conseiller historique de Michel Rocard, Jean-François Merle a été l’un des principaux acteurs du processus de paix en 1988. Depuis des mois, il alerte l’exécutif sur les tensions engendrées par le projet de loi constitutionnelle visant à modifier la composition du corps électoral. « Les violences auxquelles on assiste aujourd’hui étaient parfaitement prévisibles », confie-t-il au Point, regrettant que le gouvernement n’ait pas retenu les leçons de l’histoire. Entretien.

    Le Point : Êtes-vous surpris de la violence qui s’exprime aujourd’hui ?
    Jean-François Merle : Dans les années 1980, la violence s’exprimait surtout par des barrages sur les routes, dans l’intérieur du pays. Nouméa avait été relativement épargnée. Aujourd’hui, nous voyons des quartiers de Nouméa se soulever. Je suis évidemment atterré, triste et choqué de ce qui se passe. Mais nous étions un certain nombre à l’avoir prédit, depuis longtemps. Au cours des deux derniers mois, une série de manifestations ont été organisées par cette cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), toutes très pacifiques, qui ont attiré dans la rue des milliers de personnes. Il n’y a eu aucun incident. Mais le gouvernement a fait la sourde oreille. Un certain nombre de gens ont pu se dire que, finalement, la violence restait la seule voie de sortie… Sur ce mouvement se sont greffés des bandes de pillards et des saccages opportunistes. Gérald Darmanin [le ministre de l’Intérieur] a qualifié les gens du CCAT de « mafieux » – comme Jacques Lafleur, l’ancien chef du camp anti-indépendantiste, avait qualifié le FLNKS de « terroriste » dans les mois qui ont précédé la prise d’otages d’Ouvéa en 1988. L’histoire se répète tragiquement.

    Depuis l’accord de Nouméa, trois référendums sur l’indépendance ont eu lieu, le processus d’autodétermination est achevé. Le gouvernement n’est-il pas fondé à se montrer ferme ?
    Les deux premiers référendums ont été organisés dans des conditions que personne n’a contestées. Mais, en 2021, Sébastien Lecornu, alors ministre des Outre-Mer, a abandonné la méthode de dialogue qu’avait privilégiée Édouard Philippe, et la date du référendum a été imposée. Or, à l’automne 2021, la Nouvelle-Calédonie, qui était restée épargnée par le Covid pendant un an et demi, a été à son tour durement touchée. En l’espace de quatre semaines, elle a connu le même taux de prévalence du virus que celui qui s’était déployé dans l’Hexagone sur environ six mois. Cela a été extrêmement brutal.

    De nombreuses personnalités ont connu des décès dans leurs familles. J’avais envoyé un message au ministre pour lui conseiller de différer ce référendum le temps que les gens fassent leur deuil. Des responsables de la communauté wallisienne et futunienne nous disaient : « Quand on en est à chercher 150 euros pour payer un cercueil, on n’a pas le cœur à la politique. » Ce référendum a été maintenu, et l’abstention a été massive. Il n’a donc rien réglé.

    Le départ d’Édouard Philippe de Matignon a-t-il marqué un tournant ?
    Édouard Philippe est le dernier à avoir compris ce qui se passait en Nouvelle-Calédonie. L’accord de Nouméa, en 1998, prévoyait la rencontre annuelle d’un « comité des signataires » qui se réunissaient pour faire le point sur les avancées de l’accord. C’était une machine assez symbolique, sans doute pléthorique et assez lourde, mais c’était une machine à créer du consensus. Toutes les décisions qui ont été prises pour les deux premiers référendums l’ont été sous cette forme, par ce comité. Personne ne les a contestées. La dernière rencontre a eu lieu en octobre 2019. Il n’y en a plus jamais eu.

    Depuis, le gouvernement enchaîne les décisions unilatérales. C’était une erreur majeure, mais Emmanuel Macron voulait absolument que le troisième référendum ait lieu rapidement pour pouvoir afficher qu’il avait bouclé le dossier avant la fin de son quinquennat. Il n’y avait aucune urgence, pourtant, et Édouard Philippe avait même conseillé de ne rien tenter avant 2022 pour éviter les interférences avec l’élection présidentielle et la politique nationale. C’était une logique sage.

    Gérald Darmanin a pointé ce jeudi les liens de Bakou avec les indépendantistes du FNLKS. La veille, le réseau social chinois TikTok a été interdit sur l’archipel. Les violences sont-elles le résultat d’ingérences étrangères ?
    Quand je m’occupais de ce dossier à Matignon, en 1988, Bernard Pons, le ministre des Dom-Tom de Jacques Chirac, accusait la Nouvelle-Zélande et la Libye de Kadhafi d’attiser les troubles. La France était fâchée avec la première depuis l’affaire du Rainbow Warrior et la seconde accueillait quelques jeunes dans des camps. Ils en revenaient un peu endoctrinés, mais cela n’a jamais eu de conséquences réelles. Avant le troisième référendum, on a prétendu que la Chine attisait les tensions – alors que la Chine est un des plus gros clients de la Nouvelle-Calédonie sur le minerai de nickel et que les non-indépendantistes reprochent régulièrement au gouvernement à majorité indépendantiste de ne pas accorder assez d’autorisations d’exportation du minerai vers la Chine.

    Certains indépendantistes n’ont vraiment pas été très regardants d’aller chercher des soutiens du côté de l’Azerbaïdjan… Mais cela fait partie des ingérences opportunistes habituelles. L’Azerbaïdjan a un litige avec la France sur la question arménienne et vient la chatouiller sur un territoire d’outre-mer. Mais l’Azerbaïdjan ne vient pas manipuler les jeunes dans les quartiers de Nouméa. Cette explication est assez grotesque.

    Pour vous, le gouvernement aurait-il pu éviter cette crise ?
    Pour la première fois depuis quarante ans, les équilibres fondamentaux qui régissent la vie publique en Nouvelle-Calédonie depuis les accords de Matignon et de Nouméa ont été modifiés, sans qu’il y ait d’accord entre les parties. Tout le monde convient qu’il était nécessaire de revoir la question du corps électoral, qui n’a plus évolué depuis 1998. Mais, quand vous modifiez les termes d’un accord de manière unilatérale, c’est plus un accord, c’est de la rupture de contrat.

    Vous avez négocié ces fameux accords de Matignon en 1988… Et on a le sentiment que, 40 ans plus tard, rien n’a bougé.
    Un certain nombre de gens n’ont rien appris de l’histoire. Depuis quarante ans, la stabilité en Nouvelle-Calédonie repose sur le dialogue, le consensus et l’impartialité de l’État. Le dialogue a été mis à mal puisque l’instance qui organisait ce dialogue, le comité des signataires, n’a plus été réunie depuis 2019. Le consensus a été mis à mal parce qu’on prend des décisions unilatérales pour modifier les règles constitutionnelles, sans l’accord de toutes les parties. Et puis l’impartialité de l’État est mise à mal car il penche aujourd’hui de manière assez flagrante du côté des indépendantistes. Je le répète : si le référendum de 2021 avait eu lieu dans les mêmes conditions que les deux précédents, quel que soit le résultat, il aurait été accepté. Et la réforme du corps électoral aurait pu avoir lieu.

    Mais comment voulez-vous bâtir un consensus sur la défiance et la rupture du dialogue ? Tout le monde est d’accord pour permettre aux quelque 12 000 personnes nées en Nouvelle-Calédonie après 1998 de voter aux élections provinciales. Et le FLNKS a dit qu’il était prêt à examiner la situation de ceux qui sont installés depuis longtemps sur l’île. Mais ils souhaitaient que cette discussion ait lieu dans le cadre d’un accord global. Tous ne sont d’ailleurs pas kanaks ou européens. 35 % de la population se définit comme d’une autre origine : il y a beaucoup de Wallisiens et de Futuniens, des gens d’ascendance vietnamienne, polynésienne… Et d’autres qui se définissent comme des Calédoniens parce que le métissage a beaucoup marché depuis quarante ans. Je suis absolument convaincu que, s’il y avait eu la volonté de trouver un accord global, le problème du corps électoral pour les élections provinciales aurait pu être résolu.

    Voyez-vous une sortie de crise aujourd’hui ?
    Gérald Darmanin a répété ad nauseam pendant le débat parlementaire que c’était une exigence démocratique. Il n’a pas compris que cet argument ne pourra être légitimement invoqué que lorsque la page de l’ère coloniale aura été définitivement tournée. Elle ne l’est pas, car ce troisième référendum a produit un résultat juridique mais pas politique. 90 % de la communauté kanake s’est abstenue, et 60 % de la population générale. Il faut aussi se rappeler que la colonisation est quand même la négation absolue des valeurs démocratiques.

    Une sortie de crise n’est envisageable que si on reprend les discussions, sans tabou et sans ultimatum ou calendrier ! En décrétant que, si aucun accord n’était trouvé d’ici à la fin juin, il réunirait le Congrès pour imposer la réforme, Emmanuel Macron a commis une nouvelle erreur. Personne n’accepte de négocier avec un pistolet sur la tempe ! Cette gestion du temps est une négation de la culture kanake et océanienne. Ça ne marche jamais.

    Est-ce ce que vous avez appris des accords de Matignon ?
    Michel Rocard m’a appris qu’on ne pouvait régler un problème de cette complexité, de cette nature, qu’en essayant de se mettre dans le raisonnement de chacun des protagonistes pour avoir, peut-être, une chance d’essayer de trouver des points de convergence. Tous les partis politiques (calédoniens, indépendantistes, non indépendantistes, wallisiens, etc.) ont signé ensemble une déclaration invitant au retour au calme et à la raison. C’est encourageant. Il est évidemment important de rétablir l’ordre, la circulation, de protéger les personnes et les biens. Cependant, si on ne met pas un peu de souplesse pour revenir dans la discussion, on ne résoudra rien…

    • Excellent entretien du sergent Woessner. Faut croire que Sonia Backès n’est pas abonnée à cet hebdomadaire de droite ou qu’elle est aussi bouchée et mal embouché que le sinistre de l’intérieur.

      Solidarité avec le peuple Kanak dans sa lutte légitime pour son émancipation https://seenthis.net/messages/1054195
      L’association Survie exprime toute sa solidarité aux proches des victimes de cette violence coloniale, aux personnes arrêtées pour leur activité politique.

      Nous nous opposons à la #répression_coloniale actuellement à l’œuvre : #milices_paramilitaires, déploiement de l’armée, état d’urgence, coupure de #réseaux_sociaux, et même, selon ce qui a pu nous être remonté, des coupures du réseau 4G.

      Nous dénonçons la stratégie menée par la #France de dissocier et isoler la CCAT du reste du #mouvement_indépendantiste, qui fait planer une menace politique, judiciaire et même physique sur ses membres, et nous réitérons notre soutien à l’ensemble de la lutte d’émancipation du peuple Kanak.

      https://seenthis.net/messages/1054178

  • Statement of the Board of the German Association of Social and Cultural Anthropology (GASCA) on Academic Freedom in Germany

    As the Executive Board of the German Society of Social and Cultural Anthropology (GASCA), we would like to voice our grave concern over the fact that researchers working in Germany are finding their fundamental rights to academic freedom and freedom of expression increasingly restricted. Both, research and international academic exchange are at risk of being impaired if renowned researchers who work internationally and who come to Germany with different political commitments and persuasions are told that they cannot freely pursue their work or make public statements in Germany.

    We emphasize the absolute necessity of combating antisemitism, racism and islamophobia in Germany and worldwide. However, this cannot be achieved through the surveillance of academics, their academic work or statements they make as private persons, as has now been brought to our attention in several cases from Germany, Austria and Switzerland. We are concerned to see how academics, in particular those who come to Germany from contexts where political discussions are held differently, and/or those who are precariously employed, have to fear for their reputation or feel restricted in their freedom of expression when they comment on the Israel/Palestine conflict. Disputes over the Israel/Palestine conflict cannot be understood exclusively by means of theories of critiques of antisemitism. It is necessary and legitimate to take into account the historical, political, religious, cultural, economic, ethnic and nationalist dimensions of the conflict. The marginalization of academics who exercise their academic freedom and freedom of opinion as enshrined in German Basic Law must not become the vehicle through which debates are shaped in this country; on the contrary, these acts of marginalization prevent necessary debates.

    The terror, war and destruction in Israel/Palestine and the immeasurable suffering on all sides has provoked an intensification of political positioning and polarized public debate. This is particularly true of debates on social media platforms such as Facebook and X (formerly known as Twitter). These intensifications can become problematic if they reduce complex discussions to a few characters and are instrumentalized for simplistic, often tendentious attacks. We are seeing our public sphere shaped by reductionist judgements of socially complex conflict dynamics and indiscriminate accusations of antisemitism that lead increasingly to the breakdown of conversations. This is why we insist that one of the core tasks of universities, research institutes and cultural institutions must be to maintain spaces for difficult discussions in highly polarized social moments. Linked to these tasks is the responsibility to take a stand against all forms of antisemitism, racism and islamophobia, all of which destroy the foundations of democratic coexistence and cooperation. If universities and research institutions do not succeed in cultivating spaces for discussion, including also discussions where we might disagree with each other, and if they cannot counter hasty condemnations with open debates, they contribute to destroying trust in democratic publics and play right into the hands of extremist populism.

    We are deeply concerned over the attacks that renowned and internationally respected intellectuals such as Masha Gessen and Ghassan Hage are facing in Germany. As social and cultural anthropologists in Germany, we are convinced that debates in academic and civil society circles need to renew their commitment to discussion, dissent, and cooperation across difference in order to enable constant shifts in perspective and to challenge epistemic and political certainties. We urge universities and research institutions to commit themselves to building and maintaining spaces for discussion and encounter, which welcome plurality and contradiction. Only in such spaces can variously positioned, carefully reasoned and empirically founded perspectives be developed and mutually criticised, in order for us to learn from each other.

    https://www.dgska.de/stellungnahme-des-vorstands-zur-wissenschaftsfreiheit-in-deutschland
    #liberté_d'expression #Allemagne #liberté_académique #libertés_académiques #recherche #université #Autriche #Suisse #Israël #Palestine #peur #réputation #marginalisation #réseaux_sociaux #Masha_Gessen #Ghassan_Hage

  • Vulnérabilité numérique et harcèlement en ligne des universitaires : une publication
    https://academia.hypotheses.org/55322

    Relayant le travail de veille universitaire du compte Twitter de La Rasbaille, Academia signale la parution dans la revue Feminist Media Studies d’un article scientifique intitulé “Digital vulnerabilities and online harassment of academics, consequences, and coping strategies. An exploratory analysis“ … Continuer la lecture →

  • Kauna, modératrice pour Facebook au Kenya : « J’ai vu beaucoup de suicides en vidéo » - L’Humanité
    https://www.humanite.fr/social-et-economie/facebook/kauna-moderatrice-pour-facebook-au-kenya-jai-vu-beaucoup-de-suicides-en-vid


    Attention, elle parle un peu des contenus à modérer et ça craint.

    Facebook prétend que ces contenus sont majoritairement modérés par des IA…

    C’est un #mensonge et c’est triste. Nous faisons le gros de ce travail. Mais, comme c’est caché, dans le back-office de Facebook, il est impossible de s’en rendre compte si on n’y a pas accès. On apprend à l’algorithme à repérer les contenus problématiques, mais nous devons les vérifier avant de les supprimer. C’est sûr qu’on se sent invisibilisé. Ce système devrait être expliqué, montré à tout le monde : ces entreprises technologiques font faire le travail ingrat à des travailleurs payés à peine plus d’un dollar de l’heure en Afrique.

    #IA

  • L’État refuse de donner 41.000 euros pour sauver Point de Contact, maillon crucial dans la lutte contre la pédocriminalité en ligne

    Malgré ses discours pour défendre les mineurs en ligne, le gouvernement ne semble pas décidé à aider à hauteur de 41.000 euros un acteur clé sur ce sujet. L’association Point de Contact, qui remonte le plus de contenus pédocriminels auprès de Pharos, s’attelle depuis 25 ans à nettoyer le web des contenus illicites. Faute de subvention, il compte déposer le bilan.

    41 000 euros. C’est la somme qui manque à Point de Contact, l’un des acteurs les plus actifs en France dans la lutte contre les contenus illicites en ligne, pour poursuivre sa mission. Depuis 25 ans, cette petite équipe de six personnes épluche des dizaines de milliers de contenus signalés par les internautes, les catégorise, et les fait si besoin retirer du Web et remonter aux autorités. Un travail de fourmi pour tenter de « nettoyer » , ou du moins éponger, le web des contenus problématiques, notamment pédocriminels, haineux, et sexistes. Mais l’association n’est pas parvenue à obtenir cette somme demandée à l’Etat. Son président, Jean-Christophe Le Toquin, a donc annoncé le 29 février sur les réseaux sociaux avoir pris rendez-vous avec le tribunal pour déposer le bilan.

    « Compte tenu de la somme dérisoire que nous demandons, ce n’est pas un problème d’argent, mais un problème de fond » , tranche-t-il.
    . . . . . . .

    Source et suite : https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/l-etat-refuse-de-donner-41-000-euros-pour-sauver-point-de-contact-maillon-

    #pédocriminalité #pédophilie #web #haine #sexisme #violophilie #impunité #violences_sexuelles #violence #internet #réseaux_sociaux

  • Le monde selon Elon Musk
    https://www.arte.tv/fr/videos/117797-000-A/le-monde-selon-elon-musk

    Doucumentaire disponible du 27/02/2024 au 26/05/2024 - le contenu de la vidéo correspond à un texte qui se lit en dix minutes. On y apprend surtout une chose : X/Twitter n’est pas le dada d’un milliardaire excentrique mais la clé de voûte d’un empire dont le seigneur correspond assez à l’entrepreneur-surhomme d’Ayn Rand dans Atlas Shrugged . C’est assez flippant que ces énergumènes soient à la tête de puissantes organisations.

    Twitteur compulsif, Elon Musk s’est offert en 2022 son réseau social préféré, et l’a brutalement façonné selon ses désirs. Cette enquête punchy relate les relations orageuses entre la plate-forme et le milliardaire, et leurs incidences sur le débat public.

    « Certains s’expriment à travers leurs cheveux, moi je me sers de Twitter. » En 2010, l’entrepreneur Elon Musk a rejoint la « conversation mondiale » et s’est vite fait remarquer par ses tweets potaches ou absurdes. Cette notoriété a rejailli sur ses activités industrielles, axées notamment sur la conquête spatiale et les voitures électriques, contribuant à réduire les dépenses marketing de son empire. Mais les relations entre le magnat d’origine sud-africaine et Twitter ont connu des hauts et des bas. Elon Musk, influencé par ses aspirations libertariennes, a souvent vitupéré contre sur ce qu’il considérait comme des atteintes à la liberté d’expression, quand l’équipe dirigeante de Twitter, longtemps accusée de laxisme face aux propos haineux et aux fake news, tentait, elle, de redresser la barre. Il a par exemple volé au secours de Donald Trump en janvier 2021, lorsque le compte Twitter de ce dernier a été supprimé après l’assaut du Capitole. Pour modeler son réseau social favori à sa guise, Elon Musk a fini par se l’offrir en octobre 2022, après une bataille juridique mémorable. Depuis, Twitter, rebaptisé X en 2023, a licencié des milliers de salariés, notamment des modérateurs de contenu, et ouvert les vannes du complotisme et de l’incitation à la haine.

    Choc des cultures
    Selon la recette éprouvée qui fait la force des documentaires d’actualité Frontline, ce film de James Jacoby entremêle témoignages clés et archives récentes. Il nous replonge jour après jour dans un haletant feuilleton qui a mal fini : la reprise en main de Twitter et une « conversation mondiale » qui vire à la polarisation et à la virulence. Plusieurs ex-salariés de la plate-forme livrent d’éclairants témoignages sur l’avant et l’après-Elon Musk, racontant le choc des cultures entre monde industriel et pépite de la tech, les licenciements brutaux et même un inquiétant déchaînement de haine, complaisamment relayé par le réseau social, à l’encontre de l’un d’entre eux, Yoel Roth, en charge du département de la confiance et de la sécurité de la plate-forme au moment du rachat. Retraçant une décennie de relations orageuses entre Twitter et l’impulsif milliardaire, et le débat sur la liberté d’expression et la désinformation qu’elles ont alimenté, cette enquête à l’efficacité anglo-saxonne montre comment la démocratie a perdu quelques plumes dans l’aventure.

    Réalisation : James Jacoby

    Pays : Etats-Unis

    Année : 2023
    Durée : 91 min

    Disponible du 27/02/2024 au 26/05/2024

    Genre : Documentaires et reportages

    #impérialisme #propagande #relatiins_publiques #manipulation #réseaux_sociaux #économie #idéologie #culte_de_la_personne #monopoles #film #documentaire #TV

  • Quand le #comité_d’éthique du #CNRS se penche sur l’#engagement_public des chercheurs et chercheuses

    #Neutralité ? #Intégrité ? #Transparence ?

    Le Comité d’éthique du CNRS rappelle qu’il n’y a pas d’#incompatibilité de principe, plaide pour un « guide pratique de l’engagement » et place la direction de l’institution scientifique devant les mêmes obligations que les chercheurs.

    Avec la crise climatique, la pandémie de covid-19, l’accroissement des inégalités, le développement de l’intelligence artificielle ou les technologies de surveillance, la question de l’#engagement public des chercheurs est d’autant plus visible que les réseaux sociaux leur permettent une communication directe.

    Cette question dans les débats de société n’est pas nouvelle. De l’appel d’#Albert_Einstein, en novembre 1945, à la création d’un « #gouvernement_du_monde » pour réagir aux dangers de la #bombe_atomique à l’alerte lancée par #Irène_Frachon concernant le #Médiator, en passant par celle lancée sur les dangers des grands modèles de langage par #Timnit_Gebru et ses collègues, les chercheurs et chercheuses s’engagent régulièrement et créent même des sujets de #débats_publics.

    Une question renouvelée dans un monde incertain

    Le #comité_d'éthique_du_CNRS (#COMETS) ne fait pas semblant de le découvrir. Mais, selon lui, « face aux nombreux défis auxquels notre société est confrontée, la question de l’engagement public des chercheurs s’est renouvelée ». Il s’est donc auto-saisi pour « fournir aux chercheurs des clés de compréhension et des repères éthiques concernant l’engagement public » et vient de publier son #rapport sur le sujet [PDF].

    Il faut dire que les deux premières années du Covid-19 ont laissé des traces dans la communauté scientifique sur ces questions de prises de paroles des chercheurs. Le COMETS avait d’ailleurs publié en mai 2021 un avis accusant Didier Raoult alors que la direction du Centre avait rappelé tardivement à l’ordre, en août de la même année, et sans le nommer, le sociologue et directeur de recherche au CNRS Laurent Mucchielli, qui appelait notamment à suspendre la campagne de vaccination.

    Le COMETS relève que les chercheurs s’engagent selon des modalités variées, « de la signature de tribunes à la contribution aux travaux d’ONG ou de think tanks en passant par le soutien à des actions en justice ou l’écriture de billets de blog ». Il souligne aussi que les #réseaux_sociaux ont « sensiblement renforcé l’exposition publique des chercheurs engagés ».

    La présidente du comité d’éthique, Christine Noiville, égrène sur le site du CNRS, les « interrogations profondes » que ces engagements soulèvent :

    « S’engager publiquement, n’est-ce pas contraire à l’exigence d’#objectivité de la recherche ? N’est-ce pas risquer de la « politiser » ou de l’« idéologiser » ? S’engager ne risque-t-il pas de fragiliser la #crédibilité du chercheur, de mettre à mal sa réputation, sa carrière ? Est-on en droit de s’engager ? Pourrait-il même s’agir d’un devoir, comme certains collègues ou journalistes pourraient le laisser entendre ? »

    Pas d’incompatibilité de principe

    Le comité d’éthique aborde les inquiétudes que suscite cet engagement public des chercheurs et pose franchement la question de savoir s’il serait « une atteinte à la #neutralité_scientifique ? ». Faudrait-il laisser de côté ses opinions et valeurs pour « faire de la « bonne » science et produire des connaissances objectives » ?

    Le COMETS explique, en s’appuyant sur les travaux de l’anthropologue #Sarah_Carvallo, que ce concept de neutralité est « devenu central au XXe siècle, pour les sciences de la nature mais également pour les sciences sociales », notamment avec les philosophes des sciences #Hans_Reichenbach et #Karl_Popper, ainsi que le sociologue #Max_Weber dont le concept de « #neutralité_axiologique » – c’est-à-dire une neutralité comme valeur fondamentale – voudrait que le « savant » « tienne ses #convictions_politiques à distance de son enseignement et ne les impose pas subrepticement ».

    Mais le comité explique aussi, que depuis Reichenbach, Popper et Weber, la recherche a avancé. Citant le livre d’#Hilary_Putnam, « The Collapse of the Fact/Value Dichotomy and Other Essays », le COMETS explique que les chercheurs ont montré que « toute #science s’inscrit dans un #contexte_social et se nourrit donc de #valeurs multiples ».

    Le comité explique que le monde de la recherche est actuellement traversé de valeurs (citant le respect de la dignité humaine, le devoir envers les animaux, la préservation de l’environnement, la science ouverte) et que le chercheur « porte lui aussi nécessairement des valeurs sociales et culturelles dont il lui est impossible de se débarrasser totalement dans son travail de recherche ».

    Le COMETS préfère donc insister sur les « notions de #fiabilité, de #quête_d’objectivité, d’#intégrité et de #rigueur de la #démarche_scientifique, et de transparence sur les valeurs » que sur celle de la neutralité. « Dans le respect de ces conditions, il n’y a aucune incompatibilité avec l’engagement public du chercheur », assure-t-il.

    Liberté de s’engager... ou non

    Il rappelle aussi que les chercheurs ont une large #liberté_d'expression assurée par le code de l’éducation tout en n’étant pas exemptés des limites de droit commun (diffamation, racisme, sexisme, injure ...). Mais cette liberté doit s’appliquer à double sens : le chercheur est libre de s’engager ou non. Elle est aussi à prendre à titre individuel, insiste le COMETS : la démarche collective via les laboratoires, sociétés savantes et autres n’est pas la seule possible, même si donner une assise collective « présente de nombreux avantages (réflexion partagée, portée du message délivré, moindre exposition du chercheur, etc.) ».

    Le comité insiste par contre sur le fait que, lorsque le chercheur s’engage, il doit « prendre conscience qu’il met en jeu sa #responsabilité, non seulement juridique mais aussi morale, en raison du crédit que lui confère son statut et le savoir approfondi qu’il implique ».

    Il appuie aussi sur le fait que sa position privilégiée « crédite sa parole d’un poids particulier. Il doit mettre ce crédit au service de la collectivité et ne pas en abuser ».

    Des #devoirs lors de la #prise_de_parole

    Outre le respect de la loi, le COMETS considère, dans ce cadre, que les chercheurs et chercheuses ont des devoirs vis-à-vis du public. Notamment, ils doivent s’efforcer de mettre en contexte le cadre dans lequel ils parlent. S’agit-il d’une prise de parole en nom propre ? Le thème est-il dans le domaine de compétence du chercheur ? Est-il spécialiste ? A-t-il des liens d’intérêts ? Quelles valeurs sous-tendent son propos ? Le #degré_de_certitude doit aussi être abordé. Le Comité exprime néanmoins sa compréhension de la difficulté pratique que cela implique, vu les limites de temps de paroles dans les médias.

    Une autre obligation qui devrait s’appliquer à tout engagement de chercheurs selon le COMETS, et pas des moindres, est de l’asseoir sur des savoirs « robustes » et le faire « reposer sur une démarche scientifique rigoureuse ».

    Proposition de co-construction d’un guide

    Le COMETS recommande, dans ce cadre, au CNRS d’ « élaborer avec les personnels de la recherche un guide de l’engagement public » ainsi que des formations. Il propose aussi d’envisager que ce guide soit élaboré avec d’autres organismes de recherche.

    La direction du CNRS à sa place

    Le Comité d’éthique considère en revanche que « le CNRS ne devrait ni inciter, ni condamner a priori l’engagement des chercheurs, ni opérer une quelconque police des engagements », que ce soit dans l’évaluation des travaux de recherche ou dans d’éventuelles controverses provoquées par un engagement public.

    « La direction du CNRS n’a pas vocation à s’immiscer dans ces questions qui relèvent au premier chef du débat scientifique entre pairs », affirme-t-il. La place du CNRS est d’intervenir en cas de problème d’#intégrité_scientifique ou de #déontologie, mais aussi de #soutien aux chercheurs engagés « qui font l’objet d’#attaques personnelles ou de #procès_bâillons », selon lui.

    Le comité aborde aussi le cas dans lequel un chercheur mènerait des actions de #désobéissance_civile, sujet pour le moins d’actualité. Il considère que le CNRS ne doit ni « se substituer aux institutions de police et de justice », ni condamner par avance ce mode d’engagement, « ni le sanctionner en lieu et place de l’institution judiciaire ». Une #sanction_disciplinaire peut, par contre, être envisagée « éventuellement », « en cas de décision pénale définitive à l’encontre d’un chercheur ».

    Enfin, le Comité place la direction du CNRS devant les mêmes droits et obligations que les chercheurs dans son engagement vis-à-vis du public. Si le CNRS « prenait publiquement des positions normatives sur des sujets de société, le COMETS considère qu’il devrait respecter les règles qui s’appliquent aux chercheurs – faire connaître clairement sa position, expliciter les objectifs et valeurs qui la sous-tendent, etc. Cette prise de position de l’institution devrait pouvoir être discutée sur la base d’un débat contradictoire au sein de l’institution ».

    https://next.ink/985/quand-comite-dethique-cnrs-se-penche-sur-engagement-public-chercheurs-et-cherc

    • Avis du COMETS « Entre liberté et responsabilité : l’engagement public des chercheurs et chercheuses »

      Que des personnels de recherche s’engagent publiquement en prenant position dans la sphère publique sur divers enjeux moraux, politiques ou sociaux ne constitue pas une réalité nouvelle. Aujourd’hui toutefois, face aux nombreux défis auxquels notre société est confrontée, la question de l’engagement public des chercheurs s’est renouvelée. Nombre d’entre eux s’investissent pour soutenir des causes ou prendre position sur des enjeux de société – lutte contre les pandémies, dégradation de l’environnement, essor des technologies de surveillance, etc. – selon des modalités variées, de la signature de tribunes à la contribution aux travaux d’ONG ou de think tanks en passant par le soutien à des actions en justice ou l’écriture de billets de blog. Par ailleurs, le développement des médias et des réseaux sociaux a sensiblement renforcé l’exposition publique des chercheurs engagés.

      Dans le même temps, de forts questionnements s’expriment dans le monde de la recherche. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les modalités de l’engagement public, son opportunité et son principe même. Ils se demandent si et comment s’engager publiquement sans mettre en risque leur réputation et les valeurs partagées par leurs communautés de recherche, sans déroger à la neutralité traditionnellement attendue des chercheurs, sans perdre en impartialité et en crédibilité. Ce débat, qui anime de longue date les sciences sociales, irrigue désormais l’ensemble de la communauté scientifique.

      C’est dans ce contexte que s’inscrit le présent avis. Fruit d’une auto-saisine du COMETS, il entend fournir aux chercheurs des clés de compréhension et des repères éthiques concernant l’engagement public.

      Le COMETS rappelle d’abord qu’il n’y a pas d’incompatibilité de principe entre, d’un côté, l’engagement public du chercheur et, de l’autre, les normes attribuées ou effectivement applicables à l’activité de recherche. C’est notamment le cas de la notion de « neutralité » de la science, souvent considérée comme une condition indispensable de production de connaissances objectives et fiables. Si on ne peut qu’adhérer au souci de distinguer les faits scientifiques des opinions, il est illusoire de penser que le chercheur puisse se débarrasser totalement de ses valeurs : toute science est une entreprise humaine, inscrite dans un contexte social et, ce faisant, nourrie de valeurs. L’enjeu premier n’est donc pas d’attendre du chercheur qu’il en soit dépourvu mais qu’il les explicite et qu’il respecte les exigences d’intégrité et de rigueur qui doivent caractériser la démarche scientifique.

      Si diverses normes applicables à la recherche publique affirment une obligation de neutralité à la charge du chercheur, cette obligation ne fait en réalité pas obstacle, sur le principe, à la liberté et à l’esprit critique indissociables du travail de recherche, ni à l’implication du chercheur dans des débats de société auxquels, en tant que détenteur d’un savoir spécialisé, il a potentiellement une contribution utile à apporter.

      Le COMETS estime que l’engagement public doit être compris comme une liberté individuelle et ce, dans un double sens :

      -- d’une part, chaque chercheur doit rester libre de s’engager ou non ; qu’il choisisse de ne pas prendre position dans la sphère publique ne constitue en rien un manquement à une obligation professionnelle ou morale qui lui incomberait ;

      -- d’autre part, le chercheur qui s’engage n’a pas nécessairement à solliciter le soutien de communautés plus larges (laboratoire, société savante, etc.), même si le COMETS considère que donner une assise collective à une démarche d’engagement présente de nombreux avantages (réflexion partagée, portée du message délivré, moindre exposition du chercheur, etc.).

      S’il constitue une liberté, l’engagement nécessite également pour le chercheur de prendre conscience qu’il met en jeu sa responsabilité, non seulement juridique mais aussi morale, en raison du crédit que lui confère son statut et le savoir approfondi qu’il implique. En effet, en s’engageant publiquement, le chercheur met potentiellement en jeu non seulement sa réputation académique et sa carrière, mais aussi l’image de son institution, celle de la recherche et, plus généralement, la qualité du débat public auquel il contribue ou qu’il entend susciter. Le chercheur dispose d’une position privilégiée qui crédite sa parole d’un poids particulier. Il doit mettre ce crédit au service de la collectivité et ne pas en abuser. Le COMETS rappelle dès lors que tout engagement public doit se faire dans le respect de devoirs.

      Ces devoirs concernent en premier lieu la manière dont le chercheur s’exprime publiquement. Dans le sillage de son avis 42 rendu à l’occasion de la crise du COVID-19, le COMETS rappelle que le chercheur doit s’exprimer non seulement en respectant les règles de droit (lois mémorielles, lois condamnant la diffamation, l’injure, etc.) mais aussi en offrant à son auditoire la possibilité de mettre son discours en contexte, au minimum pour ne pas être induit en erreur. A cet effet, le chercheur doit prendre soin de :

      situer son propos : parle-t-il en son nom propre, au nom de sa communauté de recherche, de son organisme de rattachement ? Quel est son domaine de compétence ? Est-il spécialiste de la question sur laquelle il prend position ? Quels sont ses éventuels liens d’intérêts (avec telle entreprise, association, etc.) ? Quelles valeurs sous-tendent son propos ? ;
      mettre son propos en perspective : quel est le statut des résultats scientifiques sur lesquels il s’appuie ? Des incertitudes demeurent-elles ? Existe-t-il des controverses ?

      Le COMETS a conscience de la difficulté pratique à mettre en œuvre certaines de ces normes (temps de parole limité dans les médias, espace réduit des tribunes écrites, etc.). Leur respect constitue toutefois un objectif vers lequel le chercheur doit systématiquement tendre. Ce dernier doit également réfléchir, avant de s’exprimer publiquement, à ce qui fonde sa légitimité à le faire.

      En second lieu, les savoirs sur lesquels le chercheur assoit son engagement doivent être robustes et reposer sur une démarche scientifique rigoureuse. Engagé ou non, il doit obéir aux exigences classiques d’intégrité et de rigueur applicables à la production de connaissances fiables – description du protocole de recherche, référencement des sources, mise à disposition des résultats bruts, révision par les pairs, etc. Le COMETS rappelle que ces devoirs sont le corollaire nécessaire de la liberté de la recherche, qui est une liberté professionnelle, et que rien, pas même la défense d’une cause, aussi noble soit-elle, ne justifie de transiger avec ces règles et de s’accommoder de savoirs fragiles. Loin d’empêcher le chercheur d’affirmer une thèse avec force dans l’espace public, ces devoirs constituent au contraire un soutien indispensable à l’engagement public auquel, sinon, il peut lui être facilement reproché d’être militant.

      Afin de munir ceux qui souhaitent s’engager de repères et d’outils concrets, le COMETS invite le CNRS à élaborer avec les personnels de la recherche un guide de l’engagement public. Si de nombreux textes existent d’ores et déjà qui énoncent les droits et devoirs des chercheurs – statut du chercheur, chartes de déontologie, avis du COMETS, etc. –, ils sont éparpillés, parfois difficiles à interpréter (sur l’obligation de neutralité notamment) ou complexes à mettre en œuvre (déclaration des liens d’intérêt dans les médias, etc.). Un guide de l’engagement public devrait permettre de donner un contenu lisible, concret et réaliste à ces normes apparemment simples mais en réalité difficiles à comprendre ou à appliquer.

      Le COMETS recommande au CNRS d’envisager l’élaboration d’un tel guide avec d’autres organismes de recherche qui réfléchissent actuellement à la question. Le guide devrait par ailleurs être accompagné d’actions sensibilisant les chercheurs aux enjeux et techniques de l’engagement public (dont des formations à la prise de parole dans les médias).

      Le COMETS s’est enfin interrogé sur le positionnement plus général du CNRS à l’égard de l’engagement public.

      Le COMETS considère que de manière générale, le CNRS ne devrait ni inciter, ni condamner a priori l’engagement des chercheurs, ni opérer une quelconque police des engagements. En pratique :

      – dans l’évaluation de leurs travaux de recherche, les chercheurs ne devraient pas pâtir de leur engagement public. L’évaluation de l’activité de recherche d’un chercheur ne devrait porter que sur ses travaux de recherche et pas sur ses engagements publics éventuels ;

      – lorsque l’engagement public conduit à des controverses, la direction du CNRS n’a pas vocation à s’immiscer dans ces questions qui relèvent au premier chef du débat scientifique entre pairs ;

      – le CNRS doit en revanche intervenir au cas où un chercheur contreviendrait à l’intégrité ou à la déontologie (au minimum, les référents concernés devraient alors être saisis) ou en cas de violation des limites légales à la liberté d’expression (lois mémorielles, lois réprimant la diffamation, etc.) ; de même, l’institution devrait intervenir pour soutenir les chercheurs engagés qui font l’objet d’attaques personnelles ou de procès bâillons.

      – au cas où un chercheur mènerait des actions de désobéissance civile, le CNRS ne devrait pas se substituer aux institutions de police et de justice. Il ne devrait pas condamner ex ante ce mode d’engagement, ni le sanctionner en lieu et place de l’institution judiciaire. A posteriori, en cas de décision pénale définitive à l’encontre d’un chercheur, le CNRS peut éventuellement considérer que son intervention est requise et prendre une sanction.

      Plus généralement, le COMETS encourage le CNRS à protéger et à favoriser la liberté d’expression de son personnel. Il est en effet de la responsabilité des institutions et des communautés de recherche de soutenir la confrontation constructive des idées, fondée sur la liberté d’expression.

      Si le CNRS venait à décider de s’engager en tant qu’institution, c’est-à-dire s’il prenait publiquement des positions normatives sur des sujets de société, le COMETS considère qu’il devrait respecter les règles qui s’appliquent aux chercheurs – faire connaître clairement sa position, expliciter les objectifs et valeurs qui la sous-tendent, etc. Cette prise de position de l’institution devrait pouvoir être discutée sur la base d’un débat contradictoire au sein de l’institution.

      Pour télécharger l’avis :
      https://comite-ethique.cnrs.fr/wp-content/uploads/2023/09/AVIS-2023-44.pdf

      https://comite-ethique.cnrs.fr/avis-du-comets-entre-liberte-et-responsabilite-engagement-public

      #avis

  • Ce que ça coûte de s’exprimer sur Israël-Palestine

    Personne ne devrait avoir à craindre de prendre la parole dans le champ médiatique, y compris pour exprimer des critiques à l’encontre de la politique israélienne. Pourtant chercheurs, journalistes ou responsables politiques préfèrent souvent ignorer le sujet, ou nuancer leur propos, plutôt que d’être la cible de la fachosphère et de ses relais institutionnels.

    Après mon récent passage sur France 5, dans l’émission « C ce soir », j’ai reçu beaucoup de messages de soutien, mais aussi quelques critiques et insultes. Rien de nouveau et tout cela aurait dû, comme à l’habitude, en rester là. Mais Florence Bergeaud-Blackler, dont les écrits lui ont valu le titre de « prophète » par Valeurs actuelles, a décidé de me prendre pour cible sur plusieurs tweets. En utilisant son statut de fonctionnaire au CNRS, elle multiplie les invectives et procès d’intention sur les réseaux sociaux, qui relèvent toujours davantage d’attaques personnelles que de critiques de fond. Dans mon cas, elle accuse France Télévisions de donner le micro à un « militant », un terme qui vise à disqualifier n’importe quel chercheur qui expose des analyses opposées aux siennes.

    Il n’en fallait pas plus, le soir-même, à Pascal Praud pour décider de diffuser un extrait de mon passage à France 5 dans son émission sur CNews, « L’heure des pros 2 », au plus fort de l’audience. Au programme : lecture des tweets de leur égérie et donner la parole à ses « chroniqueurs » pendant cinq minutes pour enfoncer le clou. Évidemment, les inconditionnels du soutien à Israël s’en sont donnés à cœur joie : dans l’objectif évident de me décrédibiliser, ils s’en prennent essentiellement à mon parcours, préférant partir sur le terrain personnel au détriment du fond. La rédaction de CNews avait pourtant jugé bon, à deux reprises en 2023, de me proposer d’intervenir sur leur plateau, ce que j’ai toujours refusé.

    Peu importe les fantasmes de ces gens, le statut de « chercheur indépendant », c’est-à-dire d’activités de recherche effectuées en dehors d’un cadre universitaire, est le seul au nom duquel je peux m’exprimer dans les médias. Il n’y a aucune usurpation, et si c’était le cas, mes propres contradicteurs sur les plateaux n’hésiteraient pas à me le rappeler. Du reste, je refuse de me soumettre aux injonctions à justifier mon parcours ou ma légitimité. Analyses d’archives, études de terrain et de données statistiques, entretiens et suivi d’acteurs de premier plan : mes écrits et travaux parlent pour moi, et j’attends de celles et ceux qui ne les partagent pas qu’on en débatte. Il ne devrait être question que de cela.

    Désigner une cible, l’harceler d’insultes et de menaces, faire taire en terrorisant : voici les méthodes de l’extrême droite islamophobe et des inconditionnels d’Israël, les deux ayant largement convergé sous Netanyahou. Naturellement, tout cela ne peut pas être déconnecté d’un climat plus global de censure et de restriction de toute parole critique de la politique de l’État d’Israël. Si j’en ai été cette semaine la cible, d’autres en ont fait l’expérience par le passé.

    C’est la principale raison qui m’a poussé à écrire cet article : mettre en lumière ces procédés, qui ne peuvent laisser indemne, et poussent nombre de chercheurs à s’autocensurer par peur d’être à leur tour victimes d’attaques personnelles. L’enjeu est donc profondément démocratique : en laissant de telles pratiques prospérer, la société risque à terme de plus en plus se priver des analyses et regards d’experts ou d’intellectuels reconnus, capables de proposer des clés de compréhension à des problématiques sensibles et de premier ordre.

    https://blogs.mediapart.fr/thomasvescovi/blog/280124/ce-que-ca-coute-de-s-exprimer-sur-israel-palestine

    #médias #libertés_académiques #fachosphère #réseaux_sociaux #attaques #militantisme #disqualification #recherche #Pascal_Praud #CNews #décrédibilisation #insultes #menaces #extrême_droite #censure #cible #autocensure #auto-censure
    –-
    voir aussi ce fil de discussion initié par @rumor :
    https://seenthis.net/messages/1038855

  • Misère de nos vies "numériques" :

    Pourquoi le mot “viol” est devenu “vi*l” sur TikTok et autres réseaux sociaux
    https://www.telerama.fr/plateformes/pourquoi-le-mot-viol-est-devenu-vi-l-sur-tiktok-et-autres-reseaux-sociaux-7

    « On m’interviewe sur le déni du viol dans la société française et je découvre dans la vidéo publiée sur Instagram que le terme “viol” a été bipé et que le mot complet n’apparaît pas en sous-titre. C’est très violent. » Le 20 novembre, la journaliste Alice Géraud, coauteure de la série Sambre, sur Dino Scala, violeur qui a fait plus de quarante victimes, découvre sur les réseaux sociaux le montage de son entretien donné quelques jours plus tôt au média Télé 7 jours. Dans les sous-titres, il est écrit « vi*l ». Alice Géraud confie à Télérama : « C’est une mise en abyme assez étonnante du déni du viol. » Jérémy Parayre, rédacteur en chef de Télé 7 jours, revient sur ce choix : « La question s’est posée dans l’équipe et j’ai moi-même été choqué par ce bipage. Mais comme nous voulions que son discours soit audible par notre communauté tout en évitant le déréférencement de notre vidéo par les plateformes… C’était la solution. Oui, c’est contradictoire, je comprends sa réaction. »

    Télé 7 jours n’est pas le seul média à utiliser cette pratique. Il suffit de faire un tour sur Instagram, TikTok et YouTube pour constater la disparition du mot viol. À la place, on peut lire « vi*l » ou « vi0l » sur les réseaux sociaux de médias comme Brut, Hugo Décrypte, Urbania ou Le Parisien. Certains vont jusqu’à camoufler les termes « sexe », « attentat » ou « prostituée ».

    En cause ? La peur du « shadowban ». Sur les réseaux du groupe Meta ou sur TikTok, ce « bannissement de l’ombre » toucherait les profils publics. Un compte peut être banni temporairement par la modération de ces entreprises s’il utilise certains termes ou images. Parfois, le nom de l’utilisateur n’apparaît plus dans la barre de recherche alors que son compte est toujours en ligne. D’autres fois, sa story n’est plus visible ou ses posts ne sont plus mis en avant dans l’onglet « discover » ou dans les « feeds » de ses abonnés. La plateforme ne prévient jamais l’internaute. Il prend connaissance de son invisibilisation grâce aux statistiques de son compte : un nombre de vues qui flanche, moins de partages des publications, etc.

    https://justpaste.it/4hbxx

    #bipage #shadowban #réseaux_sociaux #algorithmes

  • La #désinformation qui déstabilise la #démocratie

    « La désinformation est un bouton fantastique sur lequel appuyer pour déstabiliser les démocraties. C’est la #menace la plus sournoise. Parce que la démocratie fonctionne si on a accès à l’#information, pour pouvoir porter un jugement et participer au #débat_public ». C’est ainsi que le professeur adjoint en communication publique et politique à l’ENAP, Philippe Dubois, résumait le problème qui était au coeur du forum La démocratie au temps de la désinformation, tenu le 30 novembre à Montréal.

    La démocratie recule, soulignait d’ailleurs cette année un rapport du Varieties of Democracy Institute de l’Université de Göteborg (Suède) (https://v-dem.net/documents/29/V-dem_democracyreport2023_lowres.pdf), fruit d’une collaboration de près de 4000 experts de 180 pays. La désinformation, la #polarisation et l’#autocratisation se renforcent mutuellement.

    Avec l’ajout récent de la Thaïlande et du Mali, pour la première fois depuis plus de 20 ans, la liste des pays compte plus d’#autocraties que de démocraties : 5,7 milliards de personnes vivent dans des autocraties (72% de la population mondiale) contre 1 milliard de personnes pour les démocraties libérales —soit à peine 13%. Et près d’un tiers du premier groupe vit même au sein d’autocraties fermées (Chine, Iran, Myanmar et Vietnam, par exemple).

    Bref, le niveau de démocratie pour le citoyen mondial moyen est en recul, pour revenir au niveau de 1986. L’Europe de l’Est et l’Asie centrale, ainsi que l’Amérique latine et les Antilles, ont retrouvé leur niveau de la fin de la guerre froide.

    « C’est souvent un idéal que l’on prend pour acquis avec ses opportunités de délibération : presse libre, débats publics, et des institutions publiques pour faire fonctionner cela », avance Philippe Dubois. Ce « modèle le moins pire », comme l’aurait dit Churchill, « a bien souffert lors de la récente pandémie ». Avec ses mesures exceptionnelles et restrictives, la Covid-19 a vu reculer, de manière temporaire, certains droits et libertés. Cela a entaché la confiance dans les institutions démocratiques, et dans leurs acteurs, confiance qui n’était déjà pas si élevée avant la crise sanitaire.

    Or, les #réseaux_sociaux jouent eux aussi un rôle dans cette #régression. Peut-être parce qu’ils répercutent plus les #frustrations et la #colère que la #raison et les #nuances, il y aurait, semble-t-il, plus de cyniques et de mécontents qu’avant. Certaines tranches de la population s’avèrent aussi moins attachées à la démocratie, comme les jeunes, qui s’informent eux-mêmes davantage que les plus vieux par les algorithmes. « Cela ne signifie pas qu’ils rejettent la démocratie. Cela signifie plutôt qu’ils partagent davantage un type de contenu » qui la rejette, note le chercheur.

    L’École des médias de l’UQAM avait mandaté cet été la firme Léger pour sonder la population québécoise sur leurs perceptions sur des enjeux liés à la démocratie et à la désinformation. Le rapport montre que 25% de la population québécoise pense que les gouvernements cachent la réalité sur la nocivité des vaccins —18% pensent que c’est probable, alors que 8% pensent que c’est certain.

    C’est une #méfiance envers les institutions qui augmente, tout comme celle envers les #médias, car selon ce sondage, 44% de la population québécoise pense que les médias manipulent l’information qu’ils diffusent.

    En quête de #littératie_scientifique

    « Nous vivons une #crise_épistémologique avec une remise en question des #figures_d’autorité » constatait, lors du forum du 30 novembre, le professeur au département sciences humaines, lettres et communications de la TÉLUQ, Normand Landry. « Les gens parlent d’#esprit_critique mais c’est un mot galvaudé : où est notre capacité de se remettre en question et de changer d’idées et d’admettre nos erreurs ? »

    D’où l’importance de l’#éducation_aux_médias et de la littératie scientifique, soulignait-on dans ce forum organisé par les Fonds de recherche du Québec. Mélissa Guillemette, rédactrice en chef du magazine Québec Science, note que « moins de la moitié des Canadiens ont des bases solides en science (42%), c’est donc à mettre au premier plan. La littératie en santé au Québec reste elle aussi très faible chez 2 personnes sur 3 et pour 95% des 60 ans et plus, il s’avère même difficile de comprendre un médecin. »

    Les #jeunes ont particulièrement du mal à distinguer le #vrai du #faux. « Les adolescents ont du mal à reconnaître la désinformation. Ils manquent de bons critères d’évaluation pour juger de la qualité d’une bonne information », relève l’étudiante à la maîtrise en sciences de l’éducation de l’Université de Sherbrooke, Élise Rodrigue-Poulin.

    « Chez les enseignants aussi, le niveau de pensée critique varie souvent de faible à moyen. Et lorsque la nouvelle fait appel à trop d’#émotion, la plupart d’entre nous ne sommes plus capables de l’évaluer correctement », ajoute-t-elle.

    La solution serait de s’éduquer à reconnaître la désinformation, mais il faudrait aussi développer du contenu scolaire pour soutenir l’esprit critique chez les jeunes – et par ricochet, le personnel enseignant. Des éléments inclus dans le nouveau programme Culture et citoyenneté québécoise, vont dans ce sens.

    Ce serait toutefois insuffisant. « Le programme a plusieurs points positifs : donner des outils et des critères sur les informations et les médias, et l’explication de ce qu’est la démocratie. Comme enseignante, je trouve ça bon, mais il n’est pas obligatoire cette année et il a été présenté aux enseignants quelques jours avant la rentrée », explique Mme Rodrigue-Poulin. Il doit être implanté dans toutes les écoles en septembre 2024.

    Normand Landry renchérit : « Je salue l’adoption d’un programme mais je le pense moins sérieux dans le soutien à développer ce savoir. Depuis plus de 20 ans, l’#école développe du contenu d’éducation aux médias – par exemple, sur les compétences numériques, adopté en 2019 – mais sans se donner les conditions de déploiement et des ressources pour les enseignants. »

    La désinformation à gogo

    « Nous sommes dans une espèce de jungle et trouver la vérité, c’est un casse-tête. La désinformation, cela ne date pas d’hier mais c’est le volume qui augmente. », rappelle Nicolas Garneau, chercheur postdoctoral en informatique à l’Université de Copenhague.

    Et nous pouvons tous partager de la désinformation. Les réseaux sociaux sont conçus pour nous inviter à générer du contenu – « exprimez-vous », « posez des actions » – à partir de messages qui en appellent à nos #émotions.

    Il faut donc apprendre à se méfier des choix des #algorithmes et développer son esprit critique – « d’où ça sort ? », « quelle est la source de l’info ? »

    « Il ne faut pas oublier que ce sont des modèles économiques basés sur nos données. Ils enregistrent ce que l’on regarde et lorsqu’on s’exprime. Les plateformes exploitent nos #failles_psychologiques », rappelle Emmanuelle Parent, directrice générale et recherche du Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne (Le Ciel).

    Le professeur en journalisme à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal, Jean-Hugues Roy, s’intéresse plus spécifiquement à Facebook. Il remarque qu’il y a beaucoup de contenus viraux —et religieux— qui circulent. Qui plus est, en l’absence de véritables informations – en raison du blocage du contenu des médias par Meta – « il n’y a plus rien de pertinent. C’est un véritable marché aux puces de #contenus_viraux dont certains peuvent être toxiques. Cela peut prendre l’apparence de contenu journalistique, en ajoutant des éléments mensongers et trompeurs uniquement pour faire des clics. »

    Il est temps d’encadrer ces plateformes, poursuit-il. Une démarche entamée par le Canada avec le projet de loi C-18 qui vise à forcer les « géants du web » à indemniser les médias d’information —c’est ce projet de loi qui est la raison du boycottage des médias entrepris en ce moment par Meta au Canada.

    « Ce sont des entreprises privées et on s’attend à ce qu’elles prennent leurs responsabilités ou que les autorités le fassent. Nous avons une agence d’inspection des aliments au Canada, il est possible d’imaginer une agence d’inspection des réseaux sociaux alors que nos vies sont dessus et qu’ils font beaucoup d’argent avec nos données », pense M. Roy.

    Autrement dit, il faut un encadrement de ces outils par l’humain. « Leur raison d’être est de nous donner un coup de main, pas de décider à notre place », tranche encore Nicolas Garneau.

    https://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2023/12/15/desinformation-destabilise-democratie

  • Le mythe de l’exode urbain parisien : quelles mobilités en temps de crise sanitaire ?
    https://metropolitiques.eu/Le-mythe-de-l-exode-urbain-parisien-quelles-mobilites-en-temps-de-cr

    Les départs précipités de citadin∙es à l’orée du premier #confinement ont nourri l’idée d’un #exode_urbain. Par des données inédites sur les utilisateurs de Facebook en France, N. Cattan, O. Telle et C. Vacchiani-Marcuzzo en livrent une tout autre lecture, à une très fine échelle territoriale. Dossier : Les #mobilités post-Covid : un monde d’après plus écologique ? Cet article a pour objectif d’étudier les dynamiques des mobilités des Français·es et des Parisien·nes, entre mars 2020 et septembre 2022, afin de #Débats

    / #Covid-19, exode urbain, #réseaux_sociaux, confinement, mobilité, #mobilité_résidentielle, #numérique

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/cattan-etal.pdf

  • Le "Cyril Hanouna" d’Outre-Atlantique prêt à mettre sa société en faillite ... A force de se mettre "aux frontières du réel", il vient de se prendre le mur.

    « Ce boycott va tuer la société » : pourquoi le retrait des annonceurs du réseau social X inquiète Elon Musk ? - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/high-tech/ce-boycott-va-tuer-la-societe-pourquoi-le-retrait-des-annonceurs-du-resea

    Habituellement si fanfaron, le milliardaire génie de la tech Elon Musk a adopté un ton plutôt dramatique en évoquant la fuite des annonceurs de son réseau social X (anciennement Twitter). « Ce qui va se passer, c’est que ce boycott va tuer la société », a-t-il prévenu. « Et le monde entier saura que ces annonceurs ont tué l’entreprise. »

    #X-files #réseaux_sociaux

  • Conflit israélo-palestinien : une #chape_de_plomb s’est abattue sur l’université française

    Depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, le milieu de la #recherche, en particulier les spécialistes du Proche-Orient, dénonce un climat de « #chasse_aux_sorcières » entretenu par le gouvernement pour toute parole jugée propalestinienne.

    « #Climat_de_peur », « chasse aux sorcières », « délation » : depuis les attaques du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier, et le déclenchement de l’offensive israélienne sur #Gaza, le malaise est palpable dans une partie de la #communauté_scientifique française, percutée par le conflit israélo-palestinien.

    Un #débat_scientifique serein, à distance des agendas politiques et de la position du gouvernement, est-il encore possible ? Certains chercheurs et chercheuses interrogés ces derniers jours en doutent fortement.

    Dans une tribune publiée sur Mediapart (https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/151123/defendre-les-libertes-dexpression-sur-la-palestine-un-enjeu-academiq), 1 400 universitaires, pour beaucoup « spécialistes des sociétés du Moyen-Orient et des mondes arabes », ont interpellé leurs tutelles et collègues « face aux faits graves de #censure et de #répression […] dans l’#espace_public français depuis les événements dramatiques du 7 octobre ».

    Ils et elles assurent subir au sein de leurs universités « des #intimidations, qui se manifestent par l’annulation d’événements scientifiques, ainsi que des entraves à l’expression d’une pensée académique libre ».

    Deux jours après l’attaque du Hamas, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, #Sylvie_Retailleau, avait adressé un courrier de mise en garde aux présidents d’université et directeurs d’instituts de recherche.

    Elle y expliquait que, dans un contexte où la France avait « exprimé sa très ferme condamnation ainsi que sa pleine solidarité envers Israël et les Israéliens » après les attaques terroristes du 7 octobre, son ministère avait constaté « de la part d’associations, de collectifs, parfois d’acteurs de nos établissements, des actions et des propos d’une particulière indécence ».

    La ministre leur demandait de « prendre toutes les mesures nécessaires afin de veiller au respect de la loi et des principes républicains » et appelait également à signaler aux procureurs « l’#apologie_du_terrorisme, l’#incitation_à_la_haine, à la violence et à la discrimination ».

    Un message relayé en cascade aux différents niveaux hiérarchiques du CNRS, jusqu’aux unités de recherche, qui ont reçu un courrier le 12 octobre leur indiquant que l’« expression politique, la proclamation d’opinion » ne devaient pas « troubler les conditions normales de travail au sein d’un laboratoire ».

    Censure et #autocensure

    Le ton a été jugé menaçant par nombre de chercheurs et chercheuses puisque étaient évoquées, une fois de plus, la possibilité de « #poursuites_disciplinaires » et la demande faite aux agents de « signaler » tout écart.

    Autant de missives que des universitaires ont interprétées comme un appel à la délation et qu’ils jugent aujourd’hui responsables du « #climat_maccarthyste » qui règne depuis plusieurs semaines sur les campus et dans les laboratoires, où censure et autocensure sont de mise.

    Au point que bon nombre se retiennent de partager leurs analyses et d’exprimer publiquement leur point de vue sur la situation au Proche-Orient. Symbole de la chape de plomb qui pèse sur le monde académique, la plupart de celles et ceux qui ont accepté de répondre à nos questions ont requis l’anonymat.

    « Cela fait plus de vingt ans que j’interviens dans le #débat_public sur le sujet et c’est la première fois que je me suis autocensurée par peur d’accusations éventuelles », nous confie notamment une chercheuse familière des colonnes des grands journaux nationaux. Une autre décrit « des échanges hyper violents » dans les boucles de mails entre collègues universitaires, empêchant tout débat apaisé et serein. « Même dans les laboratoires et collectifs de travail, tout le monde évite d’évoquer le sujet », ajoute-t-elle.

    « Toute prise de parole qui ne commencerait pas par une dénonciation du caractère terroriste du Hamas et la condamnation de leurs actes est suspecte », ajoute une chercheuse signataire de la tribune des 1 400.

    Au yeux de certains, la qualité des débats universitaires se serait tellement dégradée que la production de connaissance et la capacité de la recherche à éclairer la situation au Proche-Orient s’en trouvent aujourd’hui menacées.

    « La plupart des médias et des responsables politiques sont pris dans un #hyperprésentisme qui fait commencer l’histoire le 7 octobre 2023 et dans une #émotion qui ne considère légitime que la dénonciation, regrette Didier Fassin, anthropologue, professeur au Collège de France, qui n’accepte de s’exprimer sur le sujet que par écrit. Dans ces conditions, toute perspective réellement historique, d’une part, et tout effort pour faire comprendre, d’autre part, se heurtent à la #suspicion. »

    En s’autocensurant, et en refusant de s’exprimer dans les médias, les spécialistes reconnus du Proche-Orient savent pourtant qu’ils laissent le champ libre à ceux qui ne craignent pas les approximations ou les jugements à l’emporte-pièce.

    « C’est très compliqué, les chercheurs établis sont paralysés et s’interdisent de répondre à la presse par crainte d’être renvoyés à des prises de position politiques. Du coup, on laisse les autres parler, ceux qui ne sont pas spécialistes, rapporte un chercheur lui aussi spécialiste du Proche-Orient, qui compte parmi les initiateurs de la pétition. Quant aux jeunes doctorants, au statut précaire, ils s’empêchent complètement d’évoquer le sujet, même en cours. »

    Stéphanie Latte Abdallah, historienne spécialiste de la Palestine, directrice de recherche au CNRS, a été sollicitée par de nombreux médias ces dernières semaines. Au lendemain des attaques du Hamas, elle fait face sur certains plateaux télé à une ambiance électrique, peu propice à la nuance, comme sur Public Sénat, où elle se trouve sous un feu de questions indignées des journalistes, ne comprenant pas qu’elle fasse une distinction entre l’organisation de Daech et celle du Hamas…

    Mises en cause sur les #réseaux_sociaux

    À l’occasion d’un des passages télé de Stéphanie Latte Abdallah, la chercheuse Florence Bergeaud-Blackler, membre du CNRS comme elle, l’a désignée sur le réseau X, où elle est très active, comme membre d’une école de pensée « antisioniste sous couvert de recherche scientifique », allant jusqu’à dénoncer sa « fausse neutralité, vraie détestation d’Israël et des juifs ».

    S’est ensuivi un déluge de propos haineux à connotation souvent raciste, « des commentaires parfois centrés sur mon nom et les projections biographiques qu’ils pouvaient faire à partir de celui-ci », détaille Stéphanie Latte Abdallah, qui considère avoir été « insultée et mise en danger ».

    « Je travaille au Proche-Orient. Cette accusation qui ne se base sur aucun propos particulier, et pour cause (!), est choquante venant d’une collègue qui n’a de plus aucune expertise sur la question israélo-palestinienne et aucune idée de la situation sur le terrain, comme beaucoup de commentateurs, d’ailleurs », précise-t-elle.

    Selon nos informations, un courrier de rappel à l’ordre a été envoyé par la direction du CNRS à Florence Bergeaud-Blackler, coutumière de ce type d’accusations à l’égard de ses collègues via les réseaux sociaux. La direction du CNRS n’a pas souhaité confirmer.

    Commission disciplinaire

    À l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), après la diffusion le 8 octobre d’un communiqué de la section syndicale Solidaires étudiant·e·s qui se prononçait pour un « soutien indéfectible à la lutte du peuple palestinien dans toutes ses modalités et formes de lutte, y compris la lutte armée », la direction a effectué un signalement à la plateforme Pharos, qui traite les contenus illicites en ligne.

    Selon nos informations, une chercheuse du CNRS qui a relayé ce communiqué sur une liste de discussion interne, en y apportant dans un premier temps son soutien, est aujourd’hui sous le coup d’une procédure disciplinaire. Le fait qu’elle ait condamné les massacres de civils dans deux messages suivants et pris ses distances avec le communiqué de Solidaires étudiant·e·s n’y a rien fait. Une « commission paritaire » – disciplinaire en réalité – sur son cas est d’ores et déjà programmée.

    « Il s’agit d’une liste intitulée “opinions” où l’on débat habituellement de beaucoup de sujets politiques de façon très libre », nous précise un chercheur qui déplore le climat de suspicion généralisée qui s’est installé depuis quelques semaines.

    D’autres rappellent l’importance de la chronologie puisque, le 8 octobre, l’ampleur des crimes contre les civils perpétrés par le Hamas n’était pas connue. Elle le sera dès le lendemain, à mesure que l’armée israélienne reprend le contrôle des localités attaquées.

    Autre cas emblématique du climat inhabituellement agité qui secoue le monde universitaire ces derniers jours, celui d’un enseignant-chercheur spécialiste du Moyen-Orient dénoncé par une collègue pour une publication postée sur sa page Facebook privée. Au matin du 7 octobre, Nourdine* (prénom d’emprunt) poste sur son compte une photo de parapentes de loisir multicolores, assortie de trois drapeaux palestiniens et trois émoticônes de poing levé. Il modifie aussi sa photo de couverture avec une illustration de Handala, personnage fictif et icône de la résistance palestinienne, pilotant un parapente.

    À mesure que la presse internationale se fait l’écho des massacres de civils israéliens auxquels ont servi des ULM, que les combattants du Hamas ont utilisés pour franchir la barrière qui encercle la bande de Gaza et la sépare d’Israël, le chercheur prend conscience que son post Facebook risque de passer pour une célébration sordide des crimes du Hamas. Il le supprime moins de vingt-quatre heures après sa publication. « Au moment où je fais ce post, on n’avait pas encore la connaissance de l’étendue des horreurs commises par le Hamas, se défend-il. Si c’était à refaire, évidemment que je n’aurais pas publié ça, j’ai été pétri de culpabilité. »

    Trop tard pour les regrets. Quatre jours après la suppression de la publication, la direction du CNRS, dont il est membre, est destinataire d’un mail de dénonciation. Rédigé par l’une de ses consœurs, le courrier relate le contenu du post Facebook, joint deux captures d’écran du compte privé de Nourdine et dénonce un « soutien enthousiaste à un massacre de masse de civils ».

    Elle conclut son mail en réclamant « une réaction qui soit à la mesure de ces actes et des conséquences qu’ils emportent », évoquant des faits pouvant relever de « l’apologie du terrorisme » et susceptibles d’entacher la réputation du CNRS.

    On est habitués à passer sur le gril de l’islamo-gauchisme et aux attaques extérieures, mais pas aux dénonciations des collègues.

    Nourdine, chercheur

    Lucide sur la gravité des accusations portées à son égard, Nourdine se dit « démoli ». Son état de santé préoccupe la médecine du travail, qui le met en arrêt et lui prescrit des anxiolytiques. Finalement, la direction de l’université où il enseigne décide de ne prendre aucune sanction contre lui.

    Également directeur adjoint d’un groupe de recherche rattaché au CNRS, il est néanmoins pressé par sa hiérarchie de se mettre en retrait de ses fonctions, ce qu’il accepte. Certaines sources universitaires affirment que le CNRS avait lui-même été mis sous pression par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche pour sanctionner Nourdine.

    Le chercheur regrette des « pratiques vichyssoises » et inédites dans le monde universitaire, habitué aux discussions ouvertes même lorsque les débats sont vifs et les désaccords profonds. « Des collègues interloqués par mon post m’ont écrit pour me demander des explications. On en a discuté et je me suis expliqué. Mais la collègue qui a rédigé la lettre de délation n’a prévenu personne, n’a pas cherché d’explications auprès de moi. Ce qui lui importait, c’était que je sois sanctionné », tranche Nourdine. « On est habitués à passer sur le gril de l’#islamo-gauchisme et aux #attaques extérieures, mais pas aux dénonciations des collègues », finit-il par lâcher, amer.

    –-

    Sciences Po en butte aux tensions

    Ce mardi 21 novembre, une manifestation des étudiants de Sciences Po en soutien à la cause palestinienne a été organisée rue Saint-Guillaume. Il s’agissait aussi de dénoncer la « censure » que subiraient les étudiants ayant trop bruyamment soutenu la cause palestinienne.

    Comme l’a raconté L’Obs, Sciences Po est confronté à de fortes tensions entre étudiants depuis les attaques du Hamas du 7 octobre. Le campus de Menton, spécialisé sur le Proche-Orient, est particulièrement en ébullition.

    Une boucle WhatsApp des « Students for Justice in Palestine », créée par un petit groupe d’étudiants, est notamment en cause. L’offensive du Hamas y a notamment été qualifiée de « résistance justifiée » et certains messages ont été dénoncés comme ayant des relents antisémites. Selon l’hebdomadaire, plusieurs étudiants juifs ont ainsi dit leur malaise à venir sur le campus ces derniers jours, tant le climat y était tendu. La direction a donc convoqué un certain nombre d’étudiants pour les rappeler à l’ordre.

    Lors d’un blocus sur le site de Menton, 66 étudiants ont été verbalisés pour participation à une manifestation interdite.

    –-

    En dehors des cas particuliers précités, nombre d’universitaires interrogés estiment que le climat actuel démontre que le #monde_académique n’a pas su résister aux coups de boutoir politiques.

    « Ce n’est pas la première fois qu’une telle situation se produit », retrace Didier Fassin. « On l’avait vu, sous la présidence actuelle, avec les accusations d’islamo-gauchisme contre les chercheuses et chercheurs travaillant sur les discriminations raciales ou religieuses. On l’avait vu, sous les deux présidences précédentes, avec l’idée qu’expliquer c’est déjà vouloir excuser », rappelle-t-il en référence aux propos de Manuel Valls, premier ministre durant le quinquennat Hollande, qui déclarait au sujet de l’analyse sociale et culturelle de la violence terroriste : « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. »

    « Il n’en reste pas moins que pour un certain nombre d’entre nous, nous continuons à essayer de nous exprimer, à la fois parce que nous croyons que la démocratie de la pensée doit être défendue et surtout parce que la situation est aujourd’hui trop grave dans les territoires palestiniens pour que le silence nous semble tolérable », affirme Didier Fassin.

    Contactée, la direction du #CNRS nous a répondu qu’elle ne souhaitait pas s’exprimer sur les cas particuliers. « Il n’y a pas à notre connaissance de climat de délation ou des faits graves de censure. Le CNRS reste très attaché à la liberté académique des scientifiques qu’il défend depuis toujours », nous a-t-elle assuré.

    Une répression qui touche aussi les syndicats

    À la fac, les syndicats sont aussi l’objet du soupçon, au point parfois d’écoper de sanctions. Le 20 octobre, la section CGT de l’université Savoie-Mont-Blanc (USMB) apprend sa suspension à titre conservatoire de la liste de diffusion mail des personnels, par décision du président de l’établissement, Philippe Galez. En cause : l’envoi d’un message relayant un appel à manifester devant la préfecture de Savoie afin de réclamer un cessez-le-feu au Proche-Orient et dénonçant notamment « la dérive ultra-sécuritaire de droite et d’extrême droite en Israël et la politique de nettoyage ethnique menée contre les Palestiniens ».

    La présidence de l’université, justifiant sa décision, estime que le contenu de ce message « dépasse largement le cadre de l’exercice syndical » et brandit un « risque de trouble au bon fonctionnement de l’établissement ». La manifestation concernée avait par ailleurs été interdite par la préfecture, qui invoquait notamment dans son arrêté la présence dans un rassemblement précédent « de nombreux membres issus de la communauté musulmane et d’individus liés à l’extrême gauche et ultragauche ».

    La section CGT de l’USMB n’a pas tardé à répliquer par l’envoi à la ministre Sylvie Retailleau d’un courrier, depuis resté lettre morte, dénonçant « une atteinte aux libertés syndicales ». La lettre invite par ailleurs le président de l’établissement à se plier aux consignes du ministère et à effectuer un signalement au procureur, s’il estimait que « [le] syndicat aurait “troublé le bon fonctionnement de l’établissement” ». Si ce n’est pas le cas, « la répression syndicale qui s’abat sur la CGT doit cesser immédiatement », tranche le courrier.

    « Cette suspension vient frontalement heurter la #liberté_universitaire, s’indigne Guillaume Defrance, secrétaire de la section CGT de l’USMB. C’est la fin d’un fonctionnement, si on ne peut plus discuter de manière apaisée. »

    Le syndicat dénonce également l’attitude de Philippe Galez, qui « veut désormais réguler l’information syndicale à l’USMB à l’aune de son jugement ». Peu de temps après l’annonce de la suspension de la CGT, Philippe Galez a soumis à l’ensemble des organisations syndicales un nouveau règlement relatif à l’utilisation des listes de diffusion mail. Le texte limite l’expression syndicale à la diffusion « d’informations d’origine syndicale ou à des fins de communication électorale ». Contacté par nos soins, le président de l’USMB nous a indiqué réserver dans un premier temps ses « réponses et explications aux organisations syndicales et aux personnels de [son] établissement ».

    Interrogé par Mediapart, le cabinet de Sylvie Retailleau répond que le ministère reste « attaché à la #liberté_d’expression et notamment aux libertés académiques : on ne juge pas des opinions. Il y a simplement des propos qui sont contraires à la loi ».

    Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche fait état de « quelques dizaines de cas remontés au ministère ». Il reconnaît que des événements ont pu être annulés pour ne pas créer de #trouble_à_l’ordre_public dans le climat actuel. « Ils pourront avoir lieu plus tard, quand le climat sera plus serein », assure l’entourage de la ministre.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/211123/conflit-israelo-palestinien-une-chape-de-plomb-s-est-abattue-sur-l-univers
    #université #Israël #Palestine #France #7_octobre_2023 #délation #ESR

    • This constellation of factors—increasing disinformation on some platforms, the closure of tools used to study social media, lawsuits against investigations on disinformation—suggests we may face an uphill battle to understand what happens in the digital public sphere in the near future. That’s very bad news as we head into 2024, a year that features key elections in countries including the UK, Mexico, Pakistan, Taiwan, India and the US.

      Elections in Taiwan are of special interest to China, and journalists report that Taiwan has been flooded by disinformation portraying the US as a threat to the territory. One story claimed that the Taiwanese government would send 150,000 blood samples to the US so America could engineer a virus to kill Chinese people. The goal of these stories is to encourage Taiwanese voters to oppose alliances with the US and push for closer ties to mainland China. Taiwanese NGOs are developing fact-checking initiatives to combat false narratives, but are also affected by reduced access to information on social media.

      The prime minister of India, Narendra Modi, has enacted legislation to combat fake news on social media and it seems likely that these new laws will target government critics more effectively than Modi’s supporters. The 2024 US presidential election, meanwhile, is shaping up to be a battle of the disinformation artists. Serial liar Donald Trump, who made more than 30,000 false or misleading claims in his four years in office, is competing not only against the incumbent Joe Biden, but against anti-vaccine crusader Robert F Kennedy, who was banned from Instagram for medical disinformation, before having his account restored when he became a presidential candidate.

      If there is any hope for our ability to understand what really happens on social media next year, it may come from the European Union, where the Digital Services Act demands transparency from platforms operating on the continent. But enforcement actions are slow, and wars and elections are fast by comparison. The surge of disinformation around Israel and Gaza may point to a future in which what happens online is literally unknowable.

      sur le rôle de catalyseur des réseaux sociaux
      Massacre des Rohingya : « Facebook a joué un rôle central dans la montée du climat de haine » en Birmanie
      https://archive.ph/DMWO8

      #internet #média #réseaux_sociaux #X #meta #facebook #propagande #désinformation #opacité #critique

    • #Droit_d’asile : le #juge qui penche à l’#extrême_droite

      Chargé de statuer sur les demandes d’asile, #Jean-Marie_Argoud affiche ses opinions islamophobes, antisémites et homophobes sur les réseaux.

      Sur Facebook, le juge « like » des pages au contenu antiréfugiés, anti-islam ou homophobe. Parfois, Jean-Marie Argoud prend lui-même la plume

      Mais dès le 10 octobre, sept nouvelles demandes de récusation ont été déposées pour les mêmes motifs par trois autres avocats, très remontés de voir Jean-Marie Argoud siéger malgré les soupçons pesant sur lui. Ce mercredi 18 octobre, au moins deux demandes supplémentaires ont été déposées pour les mêmes raisons lors d’une audience qu’il présidait. Pas moins de douze demandes de récusation visent désormais ce juge, déposées par une dizaine d’avocats. Du jamais vu à la CNDA.

      En parallèle, nous avons découvert d’autres prises de position de celui qui, magistrat depuis 2008, exerce également au tribunal administratif de Marseille où il est rapporteur public, en plus de la CNDA où il siège depuis 2021. Les Jours révèlent ainsi la face pas si cachée de ce juge du droit d’asile qui semble barboter dans un marigot d’extrême droite, au milieu de catholiques intégristes, de royalistes contre-révolutionnaires et de nostalgiques de l’Algérie française.

      Commençons par son compte Facebook : parmi les mentions « j’aime » accordées à une dizaine de pages par Jean-Marie Argoud, et toujours publiques à ce jour, les avocats de l’association Elena relèvent les très complotistes Avenir de la culture, Dextra Nicolas et Nouvelles de France. Selon les avocats qui s’appuient sur une jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et sur la charte de déontologie de la juridiction administrative, « “liker” une page constitue un geste de soutien actif et public à son contenu ». Et irait ainsi à l’encontre du devoir de réserve qui échoit à tout magistrat. A fortiori lorsque les pages en question relaient de façon frénétique des publications antiréfugiés, anti-islam ou homophobes.

      Jean-Marie Argoud ne se contente pas de « liker ». Parfois, il prend lui même la plume sur Facebook, comme ce 20 juin 2013, peu après l’adoption de la loi sur le mariage homosexuel, lorsqu’il brocarde une « classe politique corrompue » et s’insurge contre le traitement réservé aux militants de la Manif pour tous, avant de demander l’intervention des Casques bleus pour « organiser la transition de la France vers la démocratie ». Un premier « ami » Facebook lui répond : « Ne demandons rien à personne et changeons nous-mêmes ce système républicain qui nous mène à la ruine. Vive le Roy ! »

      Un second « ami » commente à son tour. Il s’agit de Ghislain Dubois, un avocat belge qui, d’après Le Monde, a trempé dans l’affaire des détournements de fonds européens qui vise le Rassemblement national. Manifestement, les deux hommes se connaissent bien : « Mon cher Jean-Marie, ne devrais-tu pas faire attention vu tes fonctions ?, s’inquiète Ghislain Dubois. Sinon, ne devrais-tu pas te proposer à Marseille comme candidat du Front ou du Rassemblement bleu Marine, […] seul parti qui abrogera cette loi abominable ? » Réponse d’Argoud : « J’ai assez peu confiance dans le Front sur ce terrain. […] Marine a estimé que ce sujet n’était pas prioritaire. Alors qu’au contraire, en face, ils savent bien ce qui est pour eux une priorité. »

      Le goût pour l’Algérie française du juge Argoud lui vient de son père, qui a été l’un des chefs de l’OAS et a avoué sans remords avoir torturé des Algériens

      Dans leurs conclusions, les avocats préviennent : « Il n’est pas ici question du positionnement politique de monsieur le président Argoud au moment du vote de la loi sur le mariage pour tous, mais bien de l’utilisation d’une rhétorique homophobe […], son abstention à modérer des commentaires particulièrement virulents, la critique très virulente et polémique [du] fonctionnement des institutions. »

      Ces derniers pointent aussi ses publications anti-islam, comme en septembre 2014, lorsque que le juge partage la vidéo du reportage d’une chaîne russe affiliée au Kremlin qui traite d’un supposé « grand remplacement » en France et à l’intitulé explicite : « Est-ce que les rois de France qui sont enterrés dans la basilique Saint-Denis […] auraient pu savoir dans quel entourage ils allaient reposer ? » Ou en 2015 quand, sous un article traitant des francs-maçons, Jean-Marie Argoud écrit que « sans doute les intéressés préfèrent-ils rester à couvert du voile à l’expansion duquel ils contribuent ».

      Plus récemment, en octobre 2020, le magistrat partage la vidéo d’un rassemblement organisé par l’Association pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus de l’Algérie française (Adimad), repaire de nostalgiques de l’Algérie française et d’anciens de l’Organisation de l’armée secrète (OAS). Un orateur y tient des propos présentant « un implicite antisémite évident » selon les avocats d’Elena, pour qui le fonctionnaire, en les relayant, endosserait des positions qui « viennent ici banaliser, voire minorer, la Shoah […] et pourraient faire encourir à son auteur et à ceux qui le diffusent une condamnation pénale ». Sur Facebook, Jean-Marie Argoud commente la vidéo d’une simple phrase : « Un bel hommage, particulièrement courageux en ces temps où la liberté d’expression n’est plus ou presque. »

      De par son histoire personnelle – dont Elena n’a pas fait état, privilégiant « un raisonnement juridique », nous dit l’une de ses membres –, Jean-Marie Argoud entretient une relation intime avec l’Adimad et plus encore avec l’OAS. Son père, le colonel Antoine Argoud, était un fervent partisan de l’Algérie française. Impliqué dans le putsch d’Alger en 1961, il deviendra l’un des chefs de l’OAS, organisation terroriste auteure de nombreux attentats. Condamné à la perpétuité en 1963, il est amnistié cinq ans plus tard. En 1974, dans La Décadence, l’imposture et la tragédie (Fayard), Antoine Argoud affirme sans trop de remords avoir torturé des Algériens pendant la guerre. Il ordonnait aussi des exécutions extrajudiciaires avant d’exposer publiquement les cadavres pour terroriser les populations.

      Pas de quoi effaroucher ses vieux copains : en 2011, un rassemblement est organisé dans les Vosges par l’Adimad afin de déposer une plaque commémorative sur la tombe d’Antoine Argoud, mort en 2004. Frappée d’une interdiction préfectorale, la manifestation se tient finalement grâce à un référé déposé par Jean-Marie Argoud, alors tout juste magistrat. L’année suivante, il fonde l’Association pour l’honneur du colonel Argoud, visant à réhabiliter sa mémoire et son honneur, et dont il file assurer la promotion sur les ondes de Radio Courtoisie, station d’extrême droite elle-même fondée par un ancien de l’OAS.

      Il a un mérite immense : celui de s’être battu, en première ligne en essayant en plus de penser. Les gens d’armes combattront et Dieu donnera la victoire. Il a combattu.
      En 2013, Jean-Marie Argoud écrit un hommage à l’antisémite notoire Jean Madiran

      Né en 1974, Jean-Marie Argoud a donc grandi dans ce milieu pro-Algérie française. En 1995, il intègre Saint-Cyr et sert pendant près de dix ans dans la Légion étrangère puis chez les parachutistes. De ses années en treillis, il semble avoir gardé quelques contacts, comme Christian Piquemal, général radié de l’armée en 2016 pour avoir participé à un rassemblement contre la politique migratoire de la France et qu’il compte parmi ses « amis » Facebook. Jean-Marie Argoud, lui, deviendra magistrat administratif en 2008. À partir de 2013, il siège au tribunal administratif de Marseille. En octobre 2021, le quadragénaire est nommé à sa demande à la CNDA en tant que président de chambre vacataire. Là-bas, il commence à faire parler de lui fin janvier 2023.

      Lors d’une audience à juge unique à la CNDA, Jean-Marie Argoud aurait ainsi laissé entendre qu’un demandeur d’asile devait prouver son homosexualité. « Le Conseil d’État est pourtant clair sur la question, fustige auprès des Jours son avocate. Ce qui importe est que la personne ait été persécutée parce que ses persécuteurs pensaient, à tort ou à raison, qu’elle était homosexuelle. » La même journée, d’après une autre avocate, il se serait montré « désinvolte, condescendant et agressif » envers une femme violée et mariée de force dans son pays d’origine. Plus tard, alors qu’un séisme vient de ravager une partie de la Turquie, il aurait refusé le renvoi du dossier d’un requérant dont une partie de la famille se trouvait sous les décombres. D’une façon plus générale, d’après nombre d’avocats contactés par Les Jours, le juge Argoud aurait la main leste sur les rejets des demandes d’asile. « Comme beaucoup d’autres », soupire l’un d’entre eux.

      Sauf que cet été, un avocat tombe sur les publications de son compte Facebook, alors entièrement publiques, et effectue des captures d’écran. Le 25 août, une avocate mise au parfum dépose une demande de récusation lors d’une audience présidée par le juge Argoud, qu’elle retirera finalement en raison du renvoi de son dossier. Dans les heures qui suivent, le compte du juge passe en privé, à l’exception des pages « likées ». Deux semaines plus tard, les demandes de récusation pleuvent, conduisant à l’audience du 3 octobre. Contactée, la CNDA assure n’avoir pas été au courant des prises de position du magistrat avant la procédure en cours, qu’elle refuse de commenter mais, nous dit-on, traite « avec rigueur » : « Il faudra évaluer les propos, leur date et leur contexte. » Sollicité, Jean-Marie Argoud n’a pas répondu à nos questions.

      Dommage, on en avait plein. Car le magistrat ne s’est pas cantonné à partager ses idées sur Facebook. En août 2013, sur un blog catholique d’extrême droite – étrangement supprimé en fin de semaine dernière mais toujours accessible ici –, il écrit un texte laudateur à l’endroit de Jean Madiran, tout juste décédé. Ce disciple de Charles Maurras fut le cofondateur du journal d’extrême droite Présent, pétainiste patenté et proche de Jean-Marie Le Pen : « Il a un mérite immense : celui de s’être battu, en première ligne en essayant en plus de penser, s’enflamme Jean-Marie Argoud. Les gens d’armes combattront et Dieu donnera la victoire. Il a combattu. » De quelles pensées parle-t-il ? Et de quels combats ? Parce qu’à Vichy, cet antisémite notoire, figure du national-catholicisme, avait surtout combattu « la nation juive », comme il disait. En 1943, il avait été décoré de la Francisque des mains de Pétain. En 1996, il était condamné pour diffamation à caractère racial.

      Le magistrat est ou a été actif dans la chaîne Telegram du Cercle des légitimistes français, qui mêle royalisme, intégrisme catholique et antisémitisme

      Dans les méandres d’internet, Jean-Marie Argoud s’illustre aussi par un ressentiment prononcé contre Charles de Gaulle. Le 11 septembre 2022, il s’indigne ainsi qu’on évoque les « mânes du général de Gaulle » dans un message posté sur un canal Telegram du « Cercle des légitimistes français », organisation d’obédience royaliste contre-révolutionnaire. Cette chaîne est à accès restreint mais bien publique. L’administrateur partage alors le courroux du magistrat : « Merci à JMA pour son questionnement : en effet, il est entièrement inutile d’invoquer Charles le félon connétable du déclin qui a aligné les défaites, bradé l’empire et l’Algérie, [et] persécut[é] le colonel Argoud comme bien d’autres hommes d’honneur de l’OAS. » Ce nostalgique de l’Ancien Régime propose par ailleurs des formations politiques. L’objectif de la première d’entre elles, à laquelle nous avons eu accès, est assez clair : « Détruire la République, remettre la France à sa place de royaume du fils aîné de l’Église avec le roi légitime sur le trône ». Les moyens pour y parvenir, eux, sont plus flous.

      Pour poster des messages sur ce canal, il faut préalablement avoir montré patte blanche à cet administrateur. « Une équipe participe à l’animation et au contenu du canal, elle est constituée de légitimistes expérimentés », explique-t-il dans un message privé que nous avons pu consulter. Sur les près de 200 membres de la chaîne Telegram, une dizaine seulement semblent avoir été « habilités » à participer à ce gloubi-boulga complotiste, raciste et antisémite. A priori, Jean-Marie Argoud en fait ou en a fait partie puisqu’il y a posté au moins une fois l’an passé. Pour quelles raisons un magistrat de la République s’est-il retrouvé parmi ces illuminés qui prient pour le retour du duc d’Anjou sur le trône d’une France éternelle et catholique ?

      Quoi qu’il en soit, Jean-Marie Argoud semble, lui aussi, apprécier l’Église. Et il l’aime dans sa version la plus traditionaliste, celle de la très intégriste Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. En 2019, il y était investi en tant que chef de chapitres des pèlerinages traditionnels pour la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur, sous la houlette de Xavier Beauvais, comme le prouve un document obtenu par Les Jours. En 2016, cet abbé rigoriste a été condamné en appel pour des injures racistes contre Christiane Taubira. Xavier Beauvais est aussi l’un des théoriciens du mouvement catholique intégriste Civitas, dont le gouvernement a récemment acté la dissolution.

      Ce n’est pas la seule fois que Jean-Marie Argoud paraît trouver à son goût les positions de groupuscules radicaux. Sur Facebook en 2020, il partage un communiqué du syndicat d’extrême droite « France police - Policiers en colère » qui dénonce les « dealers détruisant du mobilier urbain » pendant que leurs collègues sont envoyés « faire du maintien de l’ordre pour déloger des migrants ». Au lendemain de la mort de Nahel M., le « syndicat » avait félicité l’auteur du tir. Le ministère de l’Intérieur avait répondu par une procédure de dissolution.

      ​Si, le 24 octobre, il était fait droit aux demandes de récusation, celles-ci ne concerneraient que les dossiers des demandeurs d’asile sur lesquels Jean-Marie Argoud devait se prononcer, lesquels verraient alors leur situation examinée par un autre juge. Dans un courrier daté du 4 octobre, l’association Elena a sollicité le président de la CNDA pour l’inviter à « saisir le Conseil supérieur des tribunaux administratifs et cours administratives d’appel » en vue d’engager des poursuites disciplinaires. Sans plus de réponse à ce jour qu’un accusé de bonne réception.

      https://lesjours.fr/obsessions/immigration-mineurs/ep12-juge-argoud-cnda

      #asile #migrations #réfugiés #France #CNDA #islamophobie #antisémitisme #homophobie #réseaux_sociaux

  • Guerre Israël-Hamas : Elon Musk rappelé à l’ordre par la Commission européenne pour le traitement du conflit sur la plate-forme X (ex-Twitter)
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/10/11/guerre-israel-hamas-elon-musk-rappele-a-l-ordre-par-la-commission-europeenne

    Vidéos humiliantes d’otages, corps décapités, assassinat filmé… Les réseaux sociaux ont été inondés d’images violentes mais aussi de tentatives de désinformation, depuis les attaques menées samedi matin par le Hamas, un défi pour les équipes de modération des plates-formes.

    « Nous avons reçu, de sources qualifiées, des rapports sur des contenus potentiellement illégaux circulant sur votre service malgré les signalements des autorités compétentes », a souligné le commissaire européen dans sa missive à Elon Musk. « Lorsque vous recevez des notifications de contenu illégal dans l’UE, vous devez agir rapidement, avec diligence et objectivité et retirer le contenu en question lorsque cela est justifié », lui a-t-il rappelé. Cette obligation découle notamment de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA) en vigueur depuis fin août pour dix-neuf grandes plates-formes.

    #réseaux_sociaux #Twitter #X #Elon_Musk

  • #Ushahidi : comment un site citoyen, né au Kenya, aide aujourd’hui l’ONU à gérer les crises humanitaires

    Créée en 2008 à l’initiative de quelques étudiants pour recenser et dénoncer les #violences post électorales, la plateforme kenyane Ushahidi est aujourd’hui utilisée un peu partout dans le monde pour traquer les #violences_politiques ou la #corruption.

    C’est au Kenya, que l’on trouve les prémices de ces réseaux citoyens africains appelés « #civic_tech ». Tout a commencé avec la surveillance des élections de 2007. A cette époque, les citoyens kényans signalent et documentent les incidents et les violences sur les réseaux sociaux.

    Constatant que les troubles sont peu couverts par la presse, l’influente blogueuse et activiste kényane #Ory_Okolloh lance un appel sur la Toile pour développer une carte qui recenserait les violences et les dégâts dans le pays. L’idée est de créer un site numérique permettant aux populations de signaler les violences et de les visualiser sur une carte. L’aventure Ushahidi commence. Dix ans plus tard, cet outil est utilisé pour des milliers de projets citoyens un peu partout dans le monde.

    Ushahidi signifie « témoigner » en swahili

    Les Kényans connectés au réseau peuvent alors relater et géolocaliser les violences dont ils sont témoins. Plus de 50.000 témoignages sont rapportés sur cette carte. Ushahidi est né.

    Fin 2008, le projet est remarqué par des fondations américaines. Séduites par cette jeune #start-up africaine à but non lucratif, elles proposent une aide financière.

    En 2012, les équipes d’Ushahidi ont élaboré en Libye, pour la première fois, une carte interactive d’un pays en guerre pour le compte de l’ONU. En moins d’une semaine, Ushahidi conçoit deux #cartes_interactives, qui évoluent en temps réel au gré des témoignages reçus. Mais aussi en fonction des informations et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux par des membres de la diaspora libyenne, des activistes, des journalistes et les organisations internationales.

    Sur ces cartes, on trouve les lieux et le nombre de blessés, le mouvement des réfugiés, les camps humanitaires, les centres de soin, les routes détruites...

    Depuis la création de la start-up, plus de 13 000 cartes ont été déployées par des internautes, des ONG ou par des médias.

    La start-up est plébiscitée par l’ONU pour les éléments mis en ligne afin de décrire et de documenter les catastrophes humanitaires et les violences politiques. Tremblement de terre en Haïti ou au Pakistan, violences en République démocratique du Congo, élections au Burundi, séisme et tsunami au Japon, révolution en Egypte... Ushahidi a été utilisé sur la plupart des zones de crises majeures.

    Ushahidi plébiscité par l’ONU

    Dans ce contexte, Ushahidi est devenu un #outil_cartographique en vogue. « Cette nouvelle tendance est en train de changer l’#aide_humanitaire d’urgence », explique Ted Turner, directeur de la fondation des Nations unies qui consacre une partie de son dernier rapport, Disaster Relief 2.0, au travail d’Ushahidi.

    Les cartes peuvent donc contenir des informations précieuses et stratégiques en temps de guerre. Un outil gratuit et visible par tous. Y compris par les belligérants ou encore par des membres d’organisations armées illégales.

    C’est pour cette raison que la carte publique de la crise libyenne a été filtrée par les équipes d’Ushahidi, qui ont travaillé étroitement avec l’ONU. C’est aussi la raison pour laquelle les témoignages rapportés sont géolocalisés avec 24 heures de décalage. Des précautions sécuritaires drastiques dont ne s’embarrassent pas la plupart des utilisateurs lorsqu’ils lancent une nouvelle carte.

    Sur plus de 13.000 cartes mises en ligne, l’équipe d’Ushahidi en a créé et géré seulement une centaine. Elle respecte une charte éthique pointilleuse qui impose par exemple d’avoir des partenariats avec des ONG ou des acteurs locaux sur le terrain.

    L’Afrique est en train de vivre une révolution technologique inédite qui va provoquer des changements politiques, économiques et sociaux sans précédent
    Erik Hersman, le cofondateur d’Ushahidi

    Cette start-up africaine a, depuis, inspiré des dizaines de geeks africains. CFI, l’agence française de développement médias, a recensé plusieurs dizaines d’initiatives prometteuses. Autant de signes de l’engagement d’une nouvelle génération.

    Une chose semble sûre : les #réseaux_sociaux_citoyens vont monter en puissance pour faciliter la participation et la mobilisation de la population sur le continent.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/ushahidi-comment-un-site-citoyen-ne-au-kenya-aide-aujourd-hui-l-onu-a-g

    #cartographie #visualisation #violence

    Dans les sponsors aussi google (notamment)...

    déjà signalé par le passé sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/102702
    https://seenthis.net/messages/197278

  • Faux abonnés, faux commentaires ou faux « j’aime » : comment tricher sur Instagram ? François Ruchti, Camille Lanci, Valentin Tombez - RTS - Mise au point
    Le business des influenceurs et influenceuses

    Acheter des abonnés ou des « j’aime » pour paraître plus populaire sur les réseaux sociaux : des sites internet proposent ce type de services pour une poignée de francs suisses. Parmi la clientèle, des personnes actives dans le monde de l’influence, de la politique ou du sport, comme le révèle une enquête de Mise au Point.

    En quelques clics, l’équipe de Mise au Point est virtuellement devenue, avec son profil « Emmalicieuse », l’un des comptes Instagram les plus prometteurs de Suisse romande. Pourtant, sur le profil de cette dernière, rien n’est vrai. Tout est acheté sur des sites internet qui proposent des centaines d’abonnés et des « j’aime » pour quelques euros.

    Pour paraître plus populaire et gonfler son audience, Emmalicieuse a ainsi pu compter sur l’achat de plus de 13’000 abonnés, de milliers de « j’aime » et de milliers de vues pour ses vidéos. Avec un budget total de 300 francs suisses , il a également été possible de lui payer des dizaines de commentaires comme « trop belle la photo » ou encore « j’adore ton look ». Son profil a depuis été effacé.

    Durant l’expérience qui a duré quelques semaines, le compte Emmalicieuse n’a jamais été bloqué par Instagram. Le réseau social prétend pourtant lutter activement contre les abonnés achetés et autres techniques pour gonfler sa notoriété.

    https://scontent-cdg4-3.cdninstagram.com/v/t51.2885-19/331936339_966551758087518_1492022311809588947_n.jpg
    Capture d’écran du profil d’Emmalicieuse [Instagram]

    Sous-traitants basés en Asie
    Parmi les fournisseurs d’abonnés achetés, Marc (Nom connu de la rédaction) , le patron d’une entreprise française spécialisée dans le domaine, a accepté de répondre aux questions de Mise au Point sous couvert d’anonymat.

    "Il y a différents types de qualité d’abonnés, avec plus ou moins de photos et d’éléments pour les rendre plus authentiques. Une fois qu’un client nous fait une commande, nous utilisons des stocks de profils pour générer des « j’aime » ou des commentaires. Généralement, ce ne sont pas de vraies personnes qui cliquent, tout est fabriqué par des réseaux d’ordinateurs et des sous-traitants basés en Asie. Il y a également la possibilité d’obtenir des vrais profils, des vrais abonnés. Ceci est possible grâce à des concours où il est obligatoire de s’abonner à nos clients. Ce service coûte plus cher", révèle-t-il.

    Ces gens veulent crédibiliser leur présence sur les réseaux. Avoir 100 ou 50’000 abonnés, cela fait la différence
    Marc*, le patron d’une entreprise française spécialisée dans le domaine

    Le jeune homme ne souhaite pas donner le nom de ses clients. « Parmi eux, il y a des gens qui souhaitent briller sur les réseaux, qui souhaitent impressionner leurs amis. Ce sont des ’Monsieur et Madame tout le monde’ », explique-t-il au micro de l’émission de la RTS. Avant d’ajouter qu’il y a aussi des politiciens, des influenceurs et de grosses entreprises qui font appel aux services de son entreprise. « Ces gens veulent crédibiliser leur présence sur les réseaux. Avoir 100 ou 50’000 abonnés, cela fait la différence », souligne-t-il.

    Son entreprise est également sollicitée pour se servir de l’algorithme de YouTube. Ces plateformes mettent en avant, comme il l’explique, les vidéos qui ont du succès. Et le succès amène le succès : « Notre service permet de créer de la visibilité. J’ai un client qui achète des dizaines de milliers de vues dès qu’il publie une vidéo. À chaque fois, cela lui permet de mettre en avant sa vidéo. Des vraies personnes finissent par aller voir sa vidéo. Et il fait ainsi facilement un million de vues », poursuit-il.

    Avec Emmalicieuse, la fausse influenceuse de Mise au Point, les abonnés ont été achetés via le site de Marc, mais également sur le site de ses concurrents. Ceci a permis d’identifier précisément un échantillon de 200 profils payants sur Instagram. L’équipe data de la RTS a analysé ces 200 comptes. Ces profils payants sont abonnés à Emmalicieuse, mais également à toute une série de gens bien réels.

    Des sportifs, artistes et politiciens _
    nicocapone.comedy [Instagram]De petites célébrités locales, des entrepreneurs, mais aussi quelques sportifs et artistes ont les mêmes abonnés qu’Emmalicieuse. Sur les 200 profils payants analysés, une cinquantaine suit par exemple le joueur de football Olivier Boumal. On trouve également une politicienne turque, Elvan Işık Gezmiş, membre du Parlement.

    En Suisse, c’est chez des influenceurs vaudois, nicocapone.comedy, qu’on retrouve une partie de notre échantillon de profils payants. Le couple vaudois, connu sur internet, fait régulièrement des apparitions à la télévision. Il affiche officiellement plus de 10 millions d’abonnés sur Instagram.

    Contactées, aucune de ces personnes n’a répondu à nos questions. Attention toutefois : les profils payants analysés se sont peut-être abonnés exceptionnellement gratuitement à ces différentes personnes.

    Sortir du lot *
    Mais pourquoi cette course aux « j’aime », aux abonnés ou aux commentaires ? Certains influenceurs interrogés ont avoué sous couvert d’anonymat utiliser ces artifices afin de sortir du lot et devenir attractifs pour les marques. En Suisse, une personne influenceuse peut déjà gagner plusieurs milliers de francs par mois avec 20 à 30’000 abonnés.

    Avec l’avènement des réseaux sociaux, des agences d’influence ont vu le jour. Ces agences mettent en relation les marques avec des influenceurs. Ils utilisent des outils afin de vérifier l’authenticité des influenceurs, mais la supercherie est parfois très dure à détecter. Hors caméra, des agences d’influenceurs avouent à demi-mot connaître l’ampleur du faux. Cette supercherie ne semble toutefois pas leur poser des problèmes.

    « Si 50% des abonnés d’un instagrammer sont achetés, ce n’est pas si grave. Certains ont plus d’un million de followers... Alors 50% de faux, ça reste 500’000 personnes qui peuvent être touchées, impactées par cette personne. Ca reste très intéressant de faire de la publicité avec ces influenceurs », indique l’une d’entre elles.

    Dans ce monde du faux, entre la course à la notoriété, aux partenariats, aux « j’aime » et aux commentaires, il est difficile de savoir qui joue le jeu sans tricher. Les consommatrices et consommateurs lambda sont donc laissés à eux-mêmes dans la jungle d’Instagram.

    #influenceurs #influenceuses #publicité #sport #politique #notoriété #réseaux_sociaux #blogs #notoriété #profils #abonnements #partenariats #fraude #internet #algorithmes #supercherie

    Source : https://www.rts.ch/info/suisse/14241142-faux-abonnes-faux-commentaires-ou-faux-jaime-comment-tricher-sur-instag

  • Le moment #WTF de la semaine : quelques échos de la « Xwittosphère » ...

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/j-ai-senti-le-virage-harcele-en-ligne-par-des-climatosc

    Ça a commencé il y a un an et demi. Au fur et à mesure que je publiais, les faits étaient détournés, puis rapidement ça a basculé sur des attaques ad hominem et des hordes de climato-sceptiques qui venaient remettre en doute et questionner l’honnêteté intellectuelle et la déontologie du métier de chercheur. Quand on ne peut pas attaquer le message qui est robuste et établi, on s’en prend aux messagers. C’est ça qui était compliqué et lourd à gérer : de nous faire passer pour malhonnête, corrompu, manipulé dans un esprit complotiste et nauséabond, avec qui il est impossible de discuter. Ça génére une charge mentale car je passe alors plus de temps à extraire de l’information positive qui intéresse, même si une partie de cette dérive est peut-être dû aussi aux algorithmes et à l’arrivée d’Elon Musk. J’en avais marre, ça commençait à déborder dans ma sphère personnelle, donc pour faire baisser la charge, j’ai suspendu Twitter.

    #réseaux_sociaux #cyber-harcèlement #trolls #GIEC #climatodénialisme

  • Twitter pourrait bientôt avoir un nouveau rival, soutenu par Jack Dorsey en personne, 27 avril 2023
    https://www.forbes.fr/technologie/twitter-pourrait-bientot-avoir-un-nouveau-rival-soutenu-par-jack-dorsey-en-pe

    Jusqu’à présent, #BlueSky est l’entreprise la mieux financée de ce secteur naissant, et #Jay_Graber considère son nouveau statut d’outsider comme un atout. Le vainqueur de la compétition de plus en plus fébrile visant à établir une norme pour le mouvement open source et décentralisé déterminera le terrain de jeu sur lequel la prochaine génération d’entreprises de réseaux sociaux sera en concurrence.

    « Les systèmes qui peuvent garantir ces libertés à long terme sont ceux qui vont probablement s’imposer sur la durée », explique Jay Graber. « Les utilisateurs auront la possibilité de choisir, les créateurs pourront rester en contact avec leur public et les développeurs auront la liberté de construire. »

    Jay Graber est née à Tulsa en 1991 d’un père professeur de mathématiques et d’une mère acupunctrice. « Ma famille faisait partie de celles qui ont tout perdu », déclare Jay Graber en parlant de sa mère. Lorsqu’elle a appris à lire, son livre de préféré était Robin des Bois. « J’ai toujours aimé travailler avec de petits groupes de personnes », explique-t-elle.

    [...].

    Quant au réseau BlueSky, qui a été conçu pour ressembler à Twitter afin de montrer la facilité avec laquelle le réseau social d’Elon Musk pourrait être intégré, 35 000 des 1,2 million de personnes inscrites sur la liste d’attente utilisent désormais l’application. « Vous devez créer quelque chose qu’un large public peut utiliser si vous avez pour mission d’essayer de changer la façon dont la technologie fonctionne avec les gens », explique Paul Frazee.

    Selon Jay Graber, l’enjeu va bien au-delà de la simple possibilité de se connecter à ses amis avec moins d’interférence de la part de la #Big_Tech. « Des forces nous tirent dans des directions extrêmes en tant que société », dit-elle. « Il y a des forces qui vont dans le sens d’une centralisation et d’une consolidation accrues de la société, mais aussi des forces qui vont dans le sens d’une décentralisation et d’une fragmentation accrues, et des technologies qui donnent plus d’autonomie aux individus. Ces deux phénomènes se produisent en même temps. Je pense que l’une ou l’autre de ces tendances, poussée à l’extrême, pourrait être inefficace ou nuisible. Nous devrons donc trouver un équilibre entre la bonne gouvernance et la souveraineté individuelle. »

    #réseaux_sociaux