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https://www.mediapart.fr

  • « Des électeurs ordinaires » : à la découverte de la vision racialisée du monde des partisans du RN

    Le sociologue Félicien Faury décortique la mécanique du vote Rassemblement national, après un travail de terrain réalisé entre 2016 et 2022 dans le sud-est de la France.

    [...]

    Ses conversations avec les électeurs donnent à voir des « logiques communes », un rapport au monde qui oriente vers le vote Le Pen. « Les scènes fiscales, scolaires et résidentielles deviennent les théâtres de compétitions sociales racialisées, dans lesquels les groupes minoritaires, construits et essentialisés en tant que tels, sont perçus et jugés comme des concurrents illégitimes », décrit l’auteur. La prégnance de cette vision du monde dans le quartier ou au travail conduit à légitimer le vote Le Pen, à le priver de son stigmate de l’extrémisme et, in fine, à le renforcer.

    A l’automne 2023, un débat avait opposé deux interprétations du vote populaire pour le RN, que l’on peut ainsi schématiser : d’un côté, les économistes Julia Cagé et Thomas Piketty, auteurs d’une somme de géographie électorale (Une histoire du conflit politique, Seuil, 2023), pour qui les inégalités socio-économiques sont le principal déterminant du vote RN ; de l’autre, le sondeur de l’Institut français d’opinion publique, Jérôme Fourquet, qui, dans La France d’après. Tableau politique (Seuil, 2023), soulignait le primat de la question identitaire.

    Le travail de terrain de Félicien Faury invite à pencher fortement en faveur de la seconde analyse. Il dissèque la manière dont les expériences de classe de l’#électorat RN rejoignent toutes la question raciale. Le chercheur prend toujours soin de situer cette vision raciste dans le contexte d’une société où se perpétuent les processus de racialisation. De la part d’électeurs en risque de déclassement social, écrit-il, « le vote RN doit aussi se concevoir comme un vote produit depuis une position dominante sur le plan racial, dans l’objectif de sa conservation ou de sa fortification ».
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/24/des-electeurs-ordinaires-a-la-decouverte-de-la-vision-racialisee-du-monde-de

    https://justpaste.it/a4997

    #extrême_droite #RN #racisme #livre

  • Violences sexuelles : six femmes témoignent contre Édouard Baer
    https://www.mediapart.fr/journal/france/230524/violences-sexuelles-six-femmes-temoignent-contre-edouard-baer

    Dans une enquête conjointe de Mediapart et de Cheek, six femmes décrivent des faits de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle. Le comédien et animateur ne se « reconnaît pas » dans ces accusations et présente « toutes [s]es excuses ».

    Ah merde, non.

  • France Pacifique, AFP vous informe : ça va barder, qu’on se le dise | AFP | 23.05.24

    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/230524/macron-arrive-en-nouvelle-caledonie-l-apaisement-ne-peut-pas-etre-le-retou

    Agence France-Presse
    23 mai 2024 à 03h39 (heure métropotale)

    sur l’archipel français du Pacifique, six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes mobiles [dont un shooté par son collègue], il [notre prépotent] a observé une minute de silence en préambule d’une réunion de plus de trois heures et demie avec des élus et acteurs économiques, poursuivie d’un déjeuner informel.

    Arrivé aux côtés des ministres Gérald Darmanin (Intérieur), Sébastien Lecornu (Armées) et Marie Guévenoux (Outre-mer), Emmanuel Macron [notre sauveur] a promis des « décisions » et des « annonces » à « l’issue de cette journée », même s’il a assuré n’avoir « pas de limite » de temps sur place.

    🍿🍿🍿

    • du coup, l’Elysée va publier les vidéos du chef en bras de chemise sur TikTok, mais depuis Paris, via le VPN de la stagiaire de son service de comm ?

    • @roinu ouiiii, avec des couronnes de fleurs !

      Sur le terrain, « la nuit a été calme », a indiqué le Haut-commissaire Louis Le Franc à l’AFP.
      [...]
      Sur la route qui relie Dumbéa, au nord de la capitale, de nombreux barrages filtrants et des carcasses de voitures incendiées continuent de hacher la circulation, a constaté un journaliste de l’AFP.

      Dans le Grand Nouméa, ces barrages se sont même renforcés dans la nuit.

      Les indépendantistes y ont hissé leurs drapeaux et tendu des banderoles : « Non au dégel », « Darmanin assassin ».

      et sinon, ça tance le commerçant de centre ville :

      Dans un communiqué, le gouvernement a toutefois rappelé à l’ordre « certains commerçants (qui) profitent des circonstances pour augmenter de manière exagérée les prix de leurs produits dont certains sont réglementés, rendant cette pratique totalement illégale ».

      🍿🍿🍿

    • AFP - 23.05.24 - 15h (Il y a 17 min)

      Nouvelle-Calédonie : Macron n’arrive pas à réunir ensemble les chefs de partis indépendantistes et loyalistes

      🍿🍿🍿🍿🍿🍿

  • Merci Tsahal ! 😁 - un macroniste sur Telegram interne | Mediapart | 22.05.24

    https://www.mediapart.fr/journal/politique/220524/palestine-le-soutien-de-la-france-la-cpi-creuse-les-fractures-dans-le-camp

    « Si Israël ne prévenait pas des frappes par messageries ou tracts distribués, il n’y aurait pas 24 000 morts (vrais chiffres revus par l’ONU et l’autorité palestinienne) dont 12 000 terroristes du Hamas. Mais 200 000 », a notamment écrit un élu macroniste dans un message que Mediapart a pu consulter.

  • L’armée française entraîne des néonazis ukrainiens au combat | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/220524/l-armee-francaise-entraine-des-neonazis-ukrainiens-au-combat


    Faut qu’ils fassent gaffe à Mediapart : ils sont à ça 🤏 d’être inculpés de Poutinophilie.

    Plusieurs pays occidentaux forment des militaires ukrainiens au maniement des armes. Un groupe venu en France à la fin de l’année 2023 comptait dans ses rangs d’authentiques néonazis. Une donnée que l’armée française ne pouvait ignorer : l’un portait le symbole de la SS tatoué sur le visage.

    • J’aime comme il est de bon temps, notamment chez les bonnes âmes de gauche, de décréter que le Hamas (voire le Hezbollah), c’est rien que des fascistes, donc ils n’ont rigoureusement aucune légitimité à quoi que ce soit, et que c’est du « campisme » de dire le contraire. Mais quand on trouve d’authentiques nazis chez les Ukrainiens (ce qui surgit à intervalle régulier), c’est du « campisme » de le dire.

    • хто хоче жити той побиней боротись
      ахто не захоче чинитй опір у цьому світі вічної боротьби
      той не заслугобуе права на життя

      citation exacte de l’original allemand :

      Wer leben will der kämpfe also
      und wer nicht streiten will in dieser Welt des ewigen Ringens
      verdient das Leben nicht.

      Mein Kampf, ch. 11 Volk und Rasse

      de très nombreuses affiches de propagande ou cartes postales sont bâties exactement sur ce principe graphique : citation + portrait, p. ex.

  • Mandats d’arrêt : « Le conflit israélo-palestinien est marqué par une impunité généralisée » | Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/monde/israel-palestine/mandats-darret-le-conflit-israelo-palestinien-est-marque-par-une-impuni

    propos recueillis par Pierre Coudurier*

    Avocat spécialiste du droit international, Johann Soufi analyse la demande du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer des mandats d‘arrêt contre le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, son ministre de la Défense ainsi que trois responsables du Hamas. Entretien.

    Le procureur de la Cour pénale internationale a demandé, lundi, des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien et des dirigeants du Hamas. Comment qualifiez-vous cette procédure ?
    C’est un événement historique, car le conflit israélo-palestinien est marqué par une impunité généralisée pour les crimes commis des deux côtés. Depuis des années, nous avions l’impression que cette région échappait au droit international. Aujourd’hui, ça n’est plus le cas. De plus, la CPI était accusée de sélectivité en concentrant ses poursuites principalement contre des chefs de guerre africains, notamment des responsables de niveau moins élevé. En ce sens, le mandat d’arrêt émis à l’encontre de Vladimir Poutine avait déjà marqué un tournant historique dans l’histoire de la Cour. Mais il a aussi été interprété par certains comme un positionnement stratégique du Bureau du procureur aligné sur les intérêts occidentaux, en particulier suite à l’annonce du procureur de « déprioriser » ses enquêtes sur les crimes de guerre commis par des Américains en Afghanistan.

    Cette fois, c’est une vraie rupture. On le voit, d’ailleurs, à la réaction virulente de certains dirigeants occidentaux contre le procureur de la Cour. D’habitude, la Cour ne communique que lorsque le mandat d’arrêt a été émis. Mais, cette fois, l’annonce a été faite dès le lancement de la requête du procureur, probablement pour avoir un effet dissuasif et dans le but d’éviter certaines pressions. Les juges vont maintenant avoir un rôle de certification. Selon moi, il a peu de chance qu’il y ait de changement majeur. D’ici deux à trois mois, les mandats d’arrêt seront délivrés par la Cour.

    Alors que Joe Biden se réjouissait du mandat d’arrêt contre Poutine, le président des États-Unis trouve « scandaleuse » la procédure lancée à l’encontre de ses alliés israéliens. Les Américains sont-ils pris à leur propre jeu ?
    Ce n’est pas tant une question de jeu politique, qu’une question de cohérence entre les valeurs que Washington proclame, fondées sur l’importance du respect du droit international, et ses actes, qui sont parfois en contradiction avec ces valeurs. La justice n’a de sens qu’à partir du moment où elle s’applique de manière impartiale. Or Washington instrumentalise le droit et la justice internationale depuis le début de l’existence de la Cour. Le procureur, Karim Khan, l’a bien indiqué dans une interview à CNN, lundi, en expliquant qu’un responsable américain lui a dit que la Cour était réservée « aux dirigeants africains et aux puissances ennemies ». La cohérence du discours américain vis-à-vis de la justice internationale doit aussi être analysée en tenant compte de ce double standard et de cette hypocrisie.

    La France, à l’inverse, a affirmé soutenir la CPI
    Pour les 124 États qui y adhèrent - ce qui n’est pas le cas des États-Unis ni d’Israël - soutenir la CPI est une exigence légale. Tout comme le fait d’arrêter les personnes sous mandats d’arrêt si elles se trouvent sur le territoire national. La France et les autres États membres doivent aussi faciliter le travail de la Cour. D’abord financièrement, en contribuant au budget de la Cour, mais aussi en fournissant des informations issues des services de renseignement et des ressources matérielles comme c’est le cas concernant les enquêtes du procureur en Ukraine.

    Quelles incidences pour les responsables du Hamas et ceux d’Israël ?
    S’ils sont émis, ces mandats d’arrêt vont contribuer à marginaliser davantage ces individus sur la scène internationale. Quelle que soit la légitimité alléguée de leurs combats respectifs, ces mandats d’arrêt démontrent qu’ils agissent en violation du droit international humanitaire et qu’ils ont probablement commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Pour les responsables israéliens, le crime d’extermination, de persécution, mais aussi l’utilisation de la famine comme une arme de guerre. Du côté des dirigeants du Hamas, le crime d’extermination, la torture, le viol. Ce sont des crimes qui choquent notre conscience.

    Ces mandats permettent de remettre en question l’idée que la fin justifie les moyens. Au-delà des considérations politiques, il y a un instrument commun qui s’appelle le droit.

  • Menachem Klein sur la situation en Israël | Mediapart | 21.05.24

    https://www.mediapart.fr/journal/international/210524/menachem-klein-la-decision-de-la-cpi-est-une-honte-pour-israel

    La société et les dirigeants israéliens vivent toujours le 7 octobre, et cela, en effet, explique en partie le rejet de la requête de Karim Khan. Tous les discours portent sur ce qui nous est arrivé le 7 octobre. Y compris le slogan à propos des otages : « Ramenez-les à la maison maintenant ». À l’exception d’un petit groupe de personnes à l’esprit critique, qui suit les médias internationaux, les Israéliens sont totalement aveugles à ce qui se passe à Gaza. Ils ne sont pas intéressés. Ils sont enfermés dans leur propre traumatisme. Ils n’ont pas l’esprit critique. La propagande de l’armée et celle du gouvernement font de leur mieux pour maintenir les Israéliens enfermés dans le 7 octobre. La guerre est toujours perçue comme une revanche. Le 7 octobre justifie tout. Il n’y a pas de discussion publique sérieuse sur la guerre.

    • Il semble que la guerre soit sur le point de se terminer. Enfin, l’armée israélienne s’était préparée à faire au Liban ce qu’elle fait à Gaza, à savoir détruire de grandes parties de Beyrouth, où se trouve le quartier général du Hezbollah, mais elle va devoir revenir sur ces plans.
      [...]
      Vue d’Europe, la société israélienne semble plus divisée que jamais.

      Au contraire, concernant la guerre et les Palestiniens, elle n’a jamais été aussi peu divisée. Le centre s’est déplacé vers la droite et la gauche vers le centre. Une partie de la société veut se débarrasser des Palestiniens, envoyer ceux de la bande de Gaza vers l’Égypte et ceux de Cisjordanie vers la Jordanie. La grande majorité veut les gouverner avec brutalité. Ils ne les considèrent pas comme des partenaires pour la coexistence. Benny Gantz [considéré comme centriste, il siège au cabinet de guerre – ndlr] a dit hier qu’il soutenait l’opération à Rafah. Yaïr Lapid, qui concourt pour la tête du Parti travailliste, s’est dit favorable à une occupation du Liban Sud si le Hezbollah ne cesse pas ses tirs. Même ce centre-gauche qui plaide en faveur de la solution des deux États en repousse la mise en œuvre à un avenir lointain. Aujourd’hui, personne ne propose une véritable alternative à la politique de Nétanyahou.

      Comment définiriez-vous Israël aujourd’hui ?

      Depuis le début, depuis 1948, Israël est une société militaire. Quelques processus démocratiques adoucissaient ce militarisme. Seulement, au XXIe siècle, les institutions démocratiques se sont affaiblies. Elles sont aujourd’hui gravement malades et faibles. Ce qui domine et définit Israël aujourd’hui, c’est la suprématie juive. Israël n’est plus celui de Yitzhak Rabin [ancien premier ministre assassiné en 1995 – ndlr]. Il a changé de façon spectaculaire. C’est une société et un régime ethnocentrés.

      Et son armée ?

      Les soldats messianiques religieux nationaux représentent une grosse minorité dans les unités combattantes, jusqu’à 30 ou 40 %. Ils considèrent qu’ils mènent une sorte de djihad, de guerre sainte juive contre le Hamas et ils veulent se réinstaller dans la bande de Gaza. Parmi eux, il y a des commandants en chef, des généraux même. Ils ont un impact certain sur les parachutistes et les unités de combat. Le nouveau chef du Commandement central est un colon. Il est maintenant le commandant de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

      (fin)

  • 🔴 En direct : l’Unrwa suspend ses distributions de nourriture dans la ville de Rafah
    21/05/2024
    https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20240521-%F0%9F%94%B4-en-direct-israel-hamas-violents-combats-gaza-genocid

    CPI : Israël exhorte Paris à dénoncer les demandes de mandats d’arrêt

    Le ministre israélien des Affaires étrangères a exhorté mardi soir la France à dénoncer la demande du procureur général de la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d’arrêts contre le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense.

    « Je me tourne vers mon ami le ministre français des Affaires étrangères. Face à cette proposition du procureur général honteuse et scandaleuse, votre soutien et celui du gouvernement français sont essentiels », a déclaré Israël Katz, lors d’un événement à Paris à l’occasion des 75 ans des relations diplomatiques entre les deux pays et les 76 ans de l’État d’Israël.

    « Il est important que vous annonciez haut et fort que la proposition du procureur général est honteuse, et donc inacceptable pour vous et pour le gouvernement français », a-t-il dit.

    #CPI. #IsraelFrance

  • Boycott des universités israéliennes : « Peu d’universitaires sérieux défendent la poursuite de l’occupation des territoires en Cisjordanie » par Astrid Van Busekist
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/21/boycott-des-universites-israeliennes-peu-d-universitaires-serieux-defendent-

    Avec quelques commentaires sur les glissements rhétoriques et omissions fâcheux de cette tribune...

    Alors que de nombreux enseignants israéliens sont confrontés à la défiance de leurs collègues internationaux, la professeure de Sciences Po Astrid von Busekist estime, dans une tribune au « Monde », qu’il ne faut pas rejeter les lieux où s’élabore le savoir critique en Israël.

    Inutile de se voiler la face, le boycott a déjà commencé. Ici de manière subreptice, là très ouvertement : lorsque tel professeur refuse d’évaluer le projet d’une collègue pour la Fondation israélienne des sciences, lorsque tel autre retire le nom d’un coauteur israélien, ou lorsque des revues académiques internationales retoquent les articles d’auteurs israéliens. Le quotidien Haaretz a documenté des centaines de cas de désinvitation, d’arrêt de coopération, d’annulation de colloques ou d’événements scientifiques. Le même scénario a lieu dans les sciences dures, en humanités ou en sciences sociales.

    Que répondre à un collègue qui a pour seul tort d’avoir la mauvaise nationalité ? La liste des raisons est assez brève et peu sophistiquée, le seul point commun dans cette nouvelle version de la « cancel culture » est la punition collective, le maniement de la partie pour le tout, exactement ce que nous apprenons à nos étudiants à ne pas faire.

    « Je crains que ce que votre pays a fait et continue de faire ne soit jamais oublié ou pardonné », écrit un collègue au physicien Nir Davidson de l’Institut Weizmann, cité par Haaretz, le 12 avril. « J’ai beaucoup d’estime pour vous, mais je n’ai plus l’intention de travailler avec vous. Vous commettez un génocide à Gaza », répond-on à Ravit Alfandari de l’université de Haïfa. Un chercheur d’une prestigieuse université européenne conditionne même son soutien à des décisions politiques nationales et internationales hors de portée d’un simple scientifique : « Si le gouvernement israélien s’engage irrévocablement en faveur d’une solution à deux Etats (dans les frontières de 1967), je serai heureux de m’engager auprès des institutions israéliennes, tant que cela n’est pas vrai, je refuse. »

    Renvoyés à leur identité juive
    Les universitaires, chercheurs, auteurs israéliens sont renvoyés à leur appartenance nationale et à leur identité juive (à ma connaissance mes collègues arabes, druzes ou chrétiens n’ont pas subi le même sort). [ça c’est un pur coup de force rhétorique : il n’est question dans les exemples précédents que de refus de coopérer avec les institutions d’Israël]
    Il y a quelques semaines encore, je me disais que le meilleur argument contre le boycott était le plus simple : on ne boycotte pas les lieux où s’élabore le savoir critique. Je le pense toujours, malgré l’ignorance qui règne dans certaines universités internationales ces derniers temps. Mais, aujourd’hui, l’argument plus fort est à la fois moral, pragmatique, contextuel et factuel.

    Moral. Imposer des sanctions indiscriminées et collectives à des individus singuliers est injuste. [il s’agit non pas d’un boycott contre les individus israéliens, mais d’un refus de coopérer avec les institutions, dans le cadre de programme impliquant des financements israéliens. Rien ne m’empêche de rencontrer et de dialoguer avec des Israéliens] D’autant que ces sanctions qui frappent les universitaires sont une réponse à une politique gouvernementale combattue par une très grande partie des facultés.[je dirais plutôt : un nombre de chercheuses et de chercheurs qui n’est pas négligeable et sans doute assez important. La majorité : qu’en sait elle ?]

    Pragmatique. D’une part, s’en prendre aux universités et aux chercheurs, rompre les relations scientifiques et le dialogue académique risque de contribuer à une baisse significative de la qualité de l’enseignement et de la recherche. [ce n’est pas notre problème] D’autre part, cela risque de produire des effets pervers. Parce que les universités sont des lieux de rencontre, quelquefois les seuls, entre populations juives et arabes. C’est sur les campus qu’elles interagissent et bénéficient de la myriade de programmes communs. Un grand nombre de centres sont engagés en faveur de la mobilité sociale des Arabes israéliens, de projets communautaires scientifiques culturels et de défense judiciaire des minorités. Le pourcentage d’étudiants arabes est proche de celui de la population générale dans les universités de Tel-Aviv, hébraïque de Jérusalem et Ben-Gourion du Néguev à Beer-Sheva, et il est plus important à l’université de Haïfa. [C’est bien parce que le boycott est contre les Israéliens qu’en effet, il aura des conséquences négatives aussi pour les citoyens arabes d’Israël]

    Indépendants
    Contextuel. Comme le dit l’ancien recteur de l’Université hébraïque de Jérusalem, Barak Medina, « affaiblir le monde universitaire israélien, c’est affaiblir le tissu démocratique de la société israélienne ». Ariel Porat, président de l’université de Tel-Aviv (la première à avoir organisé une importante conférence sur la crise humanitaire [une crise, vraiment ? le terme n’est il pas trop fort ?] à Gaza), a été un critique sévère de la réforme constitutionnelle et s’est engagé à combattre toute politique ou loi qui viendrait à affaiblir les fondements de la démocratie et des droits humains. Il est aujourd’hui, avec la vice-présidente de l’université, Milette Shamir, la voix du soutien à la création d’un Etat palestinien. Une communauté académique forte et critique devrait être soutenue et encouragée, car le contre-pouvoir y est chez lui.

    Factuel. Les universités sont-elles en quelque manière complices de la guerre à Gaza ? Des violations de droits humains ? Arment-elles indirectement Tsahal ? Certains le pensent, mais ces accusations ne sont guère étayées.
    [*_voilà un exemple, en français, de ce que fait l’Université de tel Aviv, trouvé en deux clics. https://www.ami-universite-telaviv.com/index.php/actualite-l-universite/1598-luniversite-de-tel-aviv-et-larmee-de-lair-creent-le-pre
    _*et je suis certain qu’il y a encore bien des choses à dire sur l’Université de Tel Aviv recensées déjà sur Seenthis
    ]
    Une proportion non négligeable des étudiants est réserviste ; ce sont les sentinelles et les témoins directs de la guerre en cours à Gaza. [les sentinelles ? de la prison de Gaza ? Sans doute parmi eux y a t il des militaires qui se mettent en scène en faisant exploser des universités, pillant des maisons, torturant des Palestiniens ?] Comme dans toutes les démocraties, les chercheurs sont indépendants. [certains sont des apologistes et des complices du génocide]

    Peu d’universitaires sérieux défendent la poursuite de l’occupation des territoires en Cisjordanie. Certains rappellent en revanche les occasions ratées, comme l’offre d’Ehoud Olmert, en 2008, de renoncer à 94 % des territoires.[debunking : https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2008/08/15/le-vrai-faux-plan-de-paix-d-ehoud-olmert_1084111_3218.html ]

    Grave erreur
    Enfin, l’Université hébraïque de Jérusalem serait coupable de violations du droit international, car son campus du mont Scopus serait en territoire contesté. Or, celui-ci a été établi dès 1925 et il est resté une enclave contrôlée par Israël entre 1948 et 1967. La communauté internationale reconnaît qu’il fait partie d’Israël et non des territoires occupés en 1967. Quant au dortoir et au centre sportif qui se trouvent à Jérusalem-Est, ils se situent en effet dans une zone qui, selon la communauté internationale, fait partie des territoires occupés. Mais cette « occupation », comme le rappelle le recteur Tamir Sheafer, n’est pas illégale, car l’université possédait des terrains privés à Jérusalem-Est avant 1948 et y maintient des droits de propriété privée continus. [il y a une université à Ariel, une pure colonie]

    Que faire ? Rompre le dialogue ? Divorcer des meilleurs critiques d’un gouvernement qu’une majorité d’Israéliens tient pour coupable du 7 octobre 2023 mais aussi du sort des otages et de cette guerre infinie qui doit cesser ? Ce serait une grave erreur. Contre la liberté de penser, contre l’égalité morale des enseignants-chercheurs et contre une certaine fraternité intellectuelle dans l’adversité partagée.

    Astrid von Busekist est professeure de théorie politique à Sciences Po et éditrice de la revue « Raisons politiques » (Les Presses de Sciences Po).

    • à noter que des universitaires israélien.nes soutiennent l’idée d’un boycott, par exemple la philosophe israélienne Anat Matar

      Que pensez-vous des appels à rompre les liens et les partenariats avec les universités israéliennes, à les boycotter ?

      J’ai toujours été favorable à l’activisme populaire. Israël a été traité pendant des années en toute impunité par les États occidentaux. La pression populaire peut donc aider les gouvernements à changer cette attitude. Je suis de toute façon une partisane du mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions). Je soutiens en ce moment tout particulièrement l’appel des étudiants pour que leurs universités se désengagent de toute implication militaire, etc. Il faut aider à promouvoir le désinvestissement universitaire et à atteindre les étudiants et les professeurs actuellement engagés dans des négociations

      https://www.mediapart.fr/journal/international/120524/comment-reagir-face-au-veritable-antisemitisme-lorsque-toute-critique-de-l
      Plusieurs exemples de répression contre des universitaires israéliens qui défendent des idées critiques de la politique israélienne par leurs hiérarchies académiques, de collègues, etc.

    • Stéphane Séjourné doit être en train de prier pour que Macron ne lâche pas une nouvelle illumination dans les prochaines 72 heures. Son programme : « Tenir jusqu’au week-end ; d’ici là, Amélie Oudéa-Castéra aura balancé une connerie et on ne s’occupera plus de moi ».

    • Pour une fois je suis vraiment impatient de voir les prochaines conférences de presse. Ça va bafouiller sévère, quand on va leur demander d’expliciter à haute voix si la France est prête à appliquer les mandats d’arrêt contre les Israéliens si l’occasion se présente…

    • Aaaattttend, les mandats sont pas encore délivrés ! Ça peut prendre « plusieurs semaines », nous rassure chépluki.

    • Et donc Séjourné bafouille (article signalé par @olaf) :
      https://www.mediapart.fr/journal/politique/220524/palestine-le-soutien-de-la-france-la-cpi-creuse-les-fractures-dans-le-camp

      Conscient des réactions provoquées par cette position au sein du camp macroniste, le ministre s’est ensuite vu contraint d’avancer sur une ligne de crête : ne pas dédire sa propre administration… sans pour autant se mettre à dos les plus pro-Israéliens de la majorité.

      […]

      Dans l’hémicycle, le ministre a donc tenté de ménager tout le monde. « La France reconnaît l’indépendance de la Cour pénale internationale [mais] ces demandes de mandat d’arrêt simultanées ne doivent pas conduire à mettre un signe d’équivalence entre le Hamas et Israël », a-t-il affirmé, soulignant que si le « groupe terroriste » palestinien et la « démocratie » israélienne n’étaient pas comparables, cette dernière devait toutefois « respecter le droit international », quand bien même elle n’aurait « pas déclenché » la guerre.

    • Comme si la situation n’était pas assez délicate, Stéphane Séjourné recevait mardi soir le ministre israélien des affaires étrangères, Israel Katz. Ce dernier en a profité pour exhorter le gouvernement français à juger « inacceptable » la décision de la CPI qu’il qualifie lui-même d’« honteuse ».

      Forcément, il bafouille 😁

      D’autres, moins :

      Interrogé par Mediapart, le porte-parole du groupe Renaissance, Ludovic Mendes, essaie quant à lui de dépasser les contradictions et de faire baisser la fièvre. « Le Quai d’Orsay a soutenu l’indépendance de la CPI, pas le mandat d’arrêt contre Nétanyahou », minimise-t-il, déplorant lui aussi qu’« une organisation terroriste et une démocratie soient mises sur le même plan ». « Le drame, c’est que la CPI a fait un truc très politique. C’est une décision mal fichue, qui met sur le même plan Nétanyahou et le Hamas. Et le Quai d’Orsay a été maladroit dans son communiqué. Je pense que ce n’est pas exactement ce qu’ils voulaient dire », ajoute l’un de ses collègues de banc.

      déplorant lui aussi qu’« une organisation terroriste et une démocratie soient mises sur le même plan » #MDR

      mon dieu, ce pourrait il que certaines démocraties pratiquent le terrorisme d’État à l’insu de leur plein gré ? Ce qui ferait d’elles... des organisations terroristes (mais avec un gros fusil 🐇).

      Il tendrait pas un peu la perche, le porte parole ?

    • moonbee  sur X : "Dans ce communiqué vous précisiez que la CPI devrait tenir compte « du principe de complémentarité et de l’action possible des juridictions israéliennes » Cette loi interdit tout procès sur ses propres crimes commis à Gaza, donc pourquoi cette précision ? steph_sejourne ?! 2/2 "

      https://x.com/BMoon_bee/status/1793376760572317846

  • Nouvelle Calédonie : L’État refuse d’entendre le discours politique formulé | Mediapart | 19.05.24

    https://www.mediapart.fr/journal/france/190524/noumea-comme-nanterre-le-gouvernement-face-ses-vieux-demons-coloniaux

    « Ils essayent d’isoler ceux qui prennent position dans la rue de ceux qui prennent position dans le champ politique, comme s’il n’y avait aucun lien entre les deux, déplore le chercheur Ulysse Rabaté, par ailleurs ancien élu local (de gauche) et militant associatif. L’État refuse d’entendre le discours politique formulé. Pourtant, quand on tend le micro en Nouvelle-Calédonie, on entend un discours indépendantiste présent, articulé, conscient… En face, il y a le même refus d’entendre et de voir qui était à l’œuvre l’été dernier dans les quartiers populaires. »

    et

    Acteur emblématique du monde culturel dans le Grand Nouméa, animateur socio-culturel de formation, Pablo Barri passe l’essentiel de son temps auprès de ces jeunes : « Vous appelez ça la banlieue, en France. Nous, on dit juste les quartiers. Mais ça se ressemble. On a entassé des gens, qui ne sont pas blancs, dans des grandes barres ou des squats. Et on a reproduit les mêmes idioties qu’en métropole, dans les années 1960. Ces jeunes ont plus de barbelés autour d’eux que de lieux de cohésion ou de perspectives d’avenir. Ajoutez à cela que l’État mène une politique jusqu’au-boutiste, où il faut maintenir l’ordre coûte que coûte. Forcément, à un moment, ça pète. »

    • limites de la comparaison entre banlieues et territoires d’outre-mer. L’histoire des révoltes ultramarines est jalonnée de morts, plus que n’importe où ailleurs. Celle à l’œuvre actuellement en Nouvelle-Calédonie en a déjà fait six, selon le bilan officiel, dont quatre civils. « La semaine qui vient de s’écouler montre qu’on est à des échelles différentes, estime Ulysse Rabaté. Des jeunes se sont fait tuer et les pouvoirs publics en sont presque à justifier les tirs de milices privées. Ça, c’est une spécificité des territoires d’outre-mer. »

      Si les mécanismes se rejoignent, le curseur paraît toujours un cran plus haut lorsqu’il s’agit de ces derniers [l’outre-mer]. Ainsi de l’état d’urgence, dispositif de maintien de l’ordre hérité de l’histoire coloniale. Il a été mis en œuvre, depuis sa création en 1955, en Algérie pendant la guerre, en Nouvelle-Calédonie pendant les événements de 1984, dans les quartiers populaires pendant les émeutes de 2004 et sur le territoire national après les attentats de novembre 2015.

      [Pas] à l’été 2023 [lors des « émeutes Nahel », mais] décrété [en 2024] dès le mercredi 15 mai sur décision du président de la République.

  • Sophie Binet : « Face à l’extrême droite, il est minuit moins le quart »

    « Il est minuit moins le quart. L’extrême droite ne cesse de gagner du terrain » : dans « À l’air libre », la secrétaire générale de la CGT lance aux forces de gauche un appel au sursaut unitaire

    https://www.mediapart.fr/journal/france/170524/sophie-binet-face-l-extreme-droite-il-est-minuit-moins-le-quart
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/16/creer-les-conditions-dune-riposte-large-a-la-montee-du-fascisme-autre-texte/#comment-60972

    #etremedroite

  • Le #contrat_d’engagement_républicain, outil de mise au pas du monde associatif

    Dispositif phare de la #loi_séparatisme de 2021, le #CER oblige les associations demandant une subvention à s’engager à respecter les principes républicains. Si son mécanisme de sanction a été très peu activé, il est utilisé régulièrement comme outil de pression politique.

    CrééCréé afin de lutter contre « l’islamisme radical » et « tous les séparatismes », le contrat d’engagement républicain (CER) n’a, à ce jour, jamais en réalité été invoqué à l’égard d’associations confessionnelles, qu’elles soient islamistes ou liées à d’autres mouvements radicaux ou séparatistes, révèle un décompte réalisé par l’Observatoire des libertés associatives.

    Et sur les vingt-quatre cas relevés, seuls trois portent sur des faits liés à la religion musulmane au sein d’associations telles qu’une section locale du Planning familial, accusée d’avoir représenté une femme voilée sur une affiche, une MJC, à laquelle on a reproché d’avoir embauché des femmes voilées, et une association d’aide aux femmes, accusée sans preuve de « prosélytisme religieux ».

    Pour le reste, le CER, que les associations doivent obligatoirement signer lorsqu’elles demandent une subvention, a été brandi à l’égard de l’association Alternatiba Poitiers accusée de « désobéissance civile » ; d’une association d’aide aux mal-logé·es, l’Atelier populaire d’urbanisme (APU), dont une salariée est accusée de violences verbales envers des agents municipaux ; d’une association d’aide aux immigré·es ayant appelé à une manifestation contre les violences policières interdites ; d’une télévision associative, Canal Ti Zef à Brest, mobilisée dans la lutte contre l’évacuation d’un squat ; ou encore d’une compagnie de théâtre, la compagnie Arlette Moreau à Poitiers, ayant moqué son préfet.

    Loin, donc, des ambitions affichées par la loi « confortant le respect des principes de la République », dite loi « séparatisme », dans son exposé des motifs : lutter contre « un entrisme communautaire, insidieux mais puissant », qui « gangrène lentement les fondements de notre société dans certains territoires. Cet entrisme est essentiellement d’inspiration islamiste », précisait l’exécutif, initiateur de ce texte.

    Lors de l’adoption de la loi séparatisme, à l’été 2021, des député·es de l’opposition et des responsables associatifs avaient déjà alerté sur les risques d’un détournement du CER dans un but de répression politique. Et c’est sans surprise que, peu après son entrée en vigueur au mois de janvier 2021, ce contrat, qui impose sept engagements aux associations, qui peuvent en cas de violation perdre une subvention et même devoir la rembourser si elle a déjà été versée, a été en premier appliqué au Planning familial puis à des associations écologistes.

    Parler de détournement du CER est excessif. Lorsqu’on relit les débats parlementaires, on se rend en effet compte que la majorité assumait, dès le départ, le fait de ne pas viser exclusivement les associations séparatistes radicales mais toute association ayant recours à certains modes d’action liés à la désobéissance civile.

    Ainsi, lors de la séance à l’Assemblée nationale du 30 juin 2021, face à des député·es de l’opposition qui l’interpelaient sur les risques d’application du CER à des associations telles que Greenpeace ou Act Up, le député de la majorité et président de la commission spéciale chargée du projet de loi, François de Rugy, confirmait qu’elles seraient bien menacées.

    Au ministre de la justice, Éric Dupond-Moretti, il avait été demandé si les organisations participant à des actions de désobéissance civile comme le fauchage d’OGM ou le « démontage » d’un restaurant McDonald’s, en référence à une action de la Confédération paysanne d’août 1999, seraient concernées. « Bien sûr ! », avait répondu le garde des Sceaux.

    Pourtant, malgré ce champ d’application particulièrement large, le contrat d’engagement républicain est en partie un échec pour le gouvernement. « Le bilan est encore loin d’être concluant », constatait un rapport d’évaluation du Sénat publié au mois de mars, qui soulignait le peu de cas de mobilisation du CER – quatre selon le rapport – et des modalités d’application disparates en fonction des collectivités. « Cette loi ne fait peur à personne. Surtout pas aux islamistes », assénait même sa rapporteuse, Jacqueline Eustache-Brinio.
    Comment le gouvernement s’est lui-même piégé

    L’une des raisons à cette application minime du CER vient en partie d’un effet pervers juridique. En créant ce contrat, le gouvernement s’est en quelque sorte piégé lui-même. Il n’existe pas en effet de droit à la subvention pour les associations. Chaque collectivité dispose de ce fait d’un droit discrétionnaire en matière d’attribution et elle peut refuser ou accorder telle ou telle subvention sans avoir à se justifier.

    En créant le CER, la loi séparatisme a créé un nouvel acte administratif qui offre une prise juridique, un recours possible pour les associations. Or, dans la seule décision visant directement le CER rendue à ce jour, le tribunal administratif de Poitiers a rejeté la demande du préfet de la Vienne visant à obtenir le remboursement d’une subvention versée à l’association Alternatiba pour avoir tenu un atelier de désobéissance civile.

    D’autres recours lancés ces derniers mois devraient permettre de préciser cette jurisprudence naissante. Mais on peut comprendre que certaines collectivités ou certains préfets préfèrent se réfugier derrière un manque de crédit ou leur droit discrétionnaire plutôt que d’invoquer le CER et de prendre le risque de devoir se justifier devant le juge administratif.

    Le CER a pourtant bien eu des effets importants sur les libertés associatives. Mais ceux-ci, bien réels, sont souvent localisés et souterrains, et donc moins visibles. Dans les vingt-quatre cas recensés par l’Observatoire des libertés associatives, le CER n’est en effet appliqué directement et officiellement pour prononcer une sanction que dans cinq. Dans tous les autres, il n’est par exemple qu’évoqué à l’oral dans une réunion ou dans un mail ou brandit comme une menace, sans que l’on sache s’il est vraiment à l’origine d’une sanction à non.

    Au mois d’août dernier, Le Monde révélait ainsi qu’il existe une « liste rouge » d’associations basées dans la région du plateau de Millevaches qui seraient privées de subventions par la préfecture sans que cela leur ait été officiellement notifié, leur ôtant ainsi toute possibilité de recours.

    Plus récemment, une association d’aide aux immigré·e·s, l’Asti du Petit-Quevilly en Seine-Maritime, s’est vu « rappeler » ses engagements par la préfecture pour avoir appelé à une manifestation contre les violences policières interdite. Celle-ci a transmis cet « avertissement » aux partenaires financiers, dont la métropole de Rouen, qui a en conséquence suspendu l’examen des demandes de subvention de l’Asti.

    « Il y a chez certaines collectivités une profonde incompréhension du CER, qui est utilisé à tort et à travers, et notamment comme un moyen de pression, de régulation des relations avec les associations », analyse Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, une organisation regroupant environ 700 000 associations, et qui avait publié, en janvier 2023, un premier bilan de l’application du CER.

    « L’interprétation de ce que recouvre le CER que chaque collectivité peut faire est problématique car il peut être interprété de mille et une façons, abonde Elsa Fondimare, maîtresse de conférences en droit public à l’université de Nanterre. Il sert, de plus, à limiter la liberté en amont. Ce n’est en effet pas qu’une question de subvention et d’argent. Le fait d’invoquer le CER à tort et à travers va conduire les associations à adapter les luttes qu’elles défendent et les moyens qu’elles emploient. Et cette autocensure est une menace très grave pour les libertés associatives. »

    « Le CER a désormais un effet presque plus symbolique que pratique », ajoute Julien Talpin, chercheur en science politique au CNRS et l’un des fondateurs, en 2019, de l’Observatoire des libertés associatives. « On peut penser que certaines associations n’oseront plus aborder certains sujets comme les violences policières ou en ce moment le conflit israélo-palestinien. Le problème est de réussir à objectiver ces effets indirects et diffus et cette autocensure. »

    « Le CER correspond à une appréhension très morale de ce que doit être une association », pointe encore Claire Thoury. « La liberté, l’égalité, la fraternité existent bien en tant que concepts juridiques, ajoute Elsa Fondimare, juriste, auteure d’un article intitulé « Républicanisme contre écologisme. Quelle place pour la désobéissance civile à l’heure du contrat d’engagement républicain ». Mais ce sont des principes extrêmement malléables, qui peuvent facilement être interprétés d’une manière ou d’une autre. »

    « Il y a donc une dissonance entre ce que prétend défendre le CER et les conséquences de son application à certaines associations, pointe-t-elle. Cela ne fait en outre qu’ajouter de la confusion à ce que sont les valeurs républicaines. »

    L’entrée en vigueur du CER est en outre intervenue dans un contexte de défiance croissante entre le monde associatif et les autorités. « Nous sommes en fait dans un contexte de dérive générale », affirme Claire Thoury. « On a l’impression que chaque occasion est bonne pour remettre en cause les libertés associatives », poursuit-elle en citant l’exemple d’un amendement déposé au mois d’octobre dernier au projet de loi de finances proposant de retirer les avantages fiscaux des associations condamnées pour certaines actions.

    « Il y a également eu récemment le maire de Saint-Raphaël qui impose à toutes les associations touchant des subventions de participer aux manifestations patriotiques de la ville. C’est hallucinant ! », s’indigne la présidente du Mouvement associatif.

    « Nous assistons ces dernières années à une remise en cause des partenariats entre la société civile et les collectivités, complète Julien Talpin. C’est une page qui se tourne, celle d’une alliance possible entre les pouvoirs publics et les associations, dont certaines peuvent certes être critiques mais qui constituaient ce contre-pouvoir démocratique grâce à un rôle hybride. »

    « Ces associations offrent en effet un service à des populations que les collectivités ont de plus en plus de mal à atteindre, poursuit le chercheur. C’est un modèle qui avait été assez fort à partir des années 1980, mais qui est remis en cause. » Julien Talpin fait remonter cette dégradation à l’année 2015, « durant laquelle deux mouvements contradictoires se sont rencontrés ».

    « D’un côté, ce fut l’année de la circulaire Valls », poursuit-il, un texte « qui clarifiait les modalités d’attribution des subventions, [qui] avait été perçu comme une victoire et une reconnaissance du rôle des associations ». « Mais 2015, c’est également l’année des attentats et l’accélération du durcissement du traitement des mobilisations sociales, un tournant autoritaire et donc une conflictualité plus forte dans les rapports entre les autorités et la société civile », explique encore Julien Talpin.

    « Pourtant, dans un contexte de crise démocratique actuel, nous avons encore plus besoin des associations pour toucher des publics éloignés de ces questions, ajoute le chercheur. Elles redonnent un pouvoir à des groupes sociaux sous-représentés et elles sont des écoles de la démocratie, des lieux d’éducation populaire à la vie publique. »

    « Les associations ne sont pas là pour faire plaisir aux pouvoirs publics, insiste Claire Thoury. Ce n’est pas leur mission. Mais l’inverse non plus ! Une association peut très bien s’opposer à une collectivité sur un sujet précis et être en accord sur un autre. C’est ce qu’on appelle un contre-pouvoir et c’est tout simplement le cours normal de la vie démocratique. »

    « Je prends souvent l’exemple d’Act Up et de leur action durant laquelle ils avaient déroulé un préservatif géant sur l’obélisque de la Concorde, poursuit la présidente du Mouvement associatif. Est-ce qu’il s’agissait d’un trouble à l’ordre public ? je pense que oui. Mais, aujourd’hui, on sait combien cette médiatisation a été importante dans la lutte contre le sida. »

    « Les associations sont un outil d’apprentissage des libertés et de la démocratie extrêmement puissant, conclut Claire Thoury. Cela permet d’expérimenter et de penser des nouveaux cadres, des nouvelles manières de faire. Le problème est que certains ne comprennent pas à quoi on sert ; que les aspérités, le débat, le conflit, c’est ce qui fait vivre la démocratie. »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/160524/le-contrat-d-engagement-republicain-outil-de-mise-au-pas-du-monde-associat
    #désobéissance_civile #répression #associations #séparatisme #détournement #cartographie

  • Dialogue [de]colonial - #oupas | Mediapart | 16.05.24

    https://www.mediapart.fr/journal/france/160524/nouvelle-caledonie-le-dramatique-retour-du-refoule-colonial

    En raison de sa désinvolture et de son impréparation, tant l’histoire semble se répéter, l’exécutif fait prendre à la France le risque de réduire en cendres près de quarante ans d’un patient processus de décolonisation, qui avait permis jusque-là, dans un savant apprentissage des forces en présence, de maintenir la paix civile en Nouvelle-Calédonie et dont certains, y compris parmi les officiels, ont longtemps espéré qu’il symbolise la première décolonisation « réussie », c’est-à-dire sans violences, de notre pays.

    • Aujourd’hui, le fil des échanges et de l’équilibre sur lequel s’est construit le destin commun en Nouvelle-Calédonie semble cassé, malgré les appels au calme qui se font entendre de toutes parts, côté loyaliste et côté indépendantiste.

      Emmanuel Macron en porte la responsabilité, au regard des fautes accumulées par l’exécutif. Plutôt que d’entendre les alertes des indépendantistes lancées depuis des mois sur les conséquences d’un élargissement du corps électoral susceptible de marginaliser les Kanak·es dans la répartition des sièges dans les provinces, l’exécutif a choisi de les mépriser. Plutôt que de persister dans la nécessité d’un dialogue, tout complexe soit-il, il a choisi de passer en force son projet à l’Assemblée nationale.

      Plutôt que de saisir la gravité du moment en tirant les leçons des expériences passées, le président refuse de faire une pause sur le fond de la réforme contestée, recourt à l’état d’urgence – inscrit dans la loi en 1955 pour faire face aux « événements » d’une autre ex-colonie, l’Algérie – et envoie les troupes.

  • Établir les conditions du dialogue : +1000 FDO

    https://www.liberation.fr/societe/en-direct-nouvelle-caledonie-une-nuit-sous-etat-durgence-un-tout-petit-pe

    « En Nouvelle-Calédonie‚ la situation est grave et nos objectifs sont clairs : rétablir l’ordre, assurer la continuité de la vie en Nouvelle-Calédonie et établir les conditions du dialogue », a déclaré ce jeudi Gabriel Attal à la sortie d’un deuxième Conseil de défense.

    Le Premier ministre a assuré que 1 000 effectifs supplémentaires (en plus des 1 700 déjà présents), des policiers et des gendarmes, sont envoyés en Nouvelle-Calédonie.

    Et sinon, retirer le projet passé en force et établir le dialogue sur des bases saines ?

  • #TNT #TPMP #ARCOM : Mettre des nouilles dans le caleçon de ses chroniqueurs | Mediapart | 14.05.24

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/140524/la-commission-d-enquete-sur-la-tnt-confirme-que-le-macrono-lepenisme-est-u

    #Saintoul : Et puis, il y a un point de départ plus personnel, tiré de mon expérience d’enseignant. Tout ce qu’on nous demande de faire quand on est prof, tout ce que l’institution scolaire attend de nous et nous demande de transmettre aux élèves, est en permanence contrebattu par la télévision. La préférence pour la complexité, les valeurs de désintéressement et de patience sont loin d’être les principes cardinaux qui régissent la télé aujourd’hui. Par ailleurs, comment voulez-vous lutter contre le harcèlement scolaire, quand vous avez des ministres qui défilent chez un harceleur notoire dont l’un des jeux favoris est de mettre des nouilles dans le caleçon de ses chroniqueurs [Cyril #Hanouna – ndlr] ?

    • juste avant, y a :

      Mediapart : En octobre dernier, votre groupe parlementaire a fait usage de son droit de tirage annuel pour obtenir la création de la commission d’enquête sur la TNT. Quels objectifs poursuiviez-vous à ce moment-là ?

      Aurélien Saintoul : Le premier objectif, et il est pleinement atteint à mon sens, était d’abord d’éviter que la procédure de renouvellement des fréquences TNT – lancée cette année par l’Arcom, elle concerne quinze canaux hertziens, notamment ceux occupés par les chaînes du groupe Canal+ et TF1 – passe pour une formalité. Tout le monde semble considérer que la libéralisation de l’audiovisuel, consacrée en 1986 par la loi sur la liberté de communication, est indépassable. Personne ne s’interroge sur les effets qu’elle produit sur l’information et la qualité des programmes. Il fallait donc rappeler que les groupes audiovisuels privés ne sont pas propriétaires de leur fréquence, ont des obligations à l’égard du public, elles-mêmes motivées par l’intérêt général.

  • Emmanuel Macron et sa majorité ont remis le feu à la Nouvelle-Calédonie | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/140524/emmanuel-macron-et-sa-majorite-ont-remis-le-feu-la-nouvelle-caledonie

    Ce scrutin est réservé depuis plusieurs années aux personnes disposant de la citoyenneté calédonienne selon certaines conditions. Une décision prise à l’époque dans le cadre du processus de décolonisation afin d’atténuer le poids du peuplement et de permettre aux Kanaks de peser dans les décisions politiques. Mais qui « n’est plus conforme aux principes de la démocratie », selon Gérald Darmanin, qui est allé jusqu’à évoquer lundi soir une « obligation morale pour ceux qui croient en la démocratie ».

    Remplacez « la démocratie » par « le colonialisme » et pouf, tout s’éclaire. La magie macroniste…

    #nouvelle_calédonie #colonialisme

    • Parlant d’un « pays qui est en train de replonger quarante ans en arrière dans les pires heures de son histoire », l’élu a appelé la représentation nationale à la prudence. Or c’est précisément ce qui manque à l’exécutif depuis décembre 2021, date à laquelle le président de la République avait exigé le maintien du troisième référendum, pourtant boycotté par les indépendantistes. Le processus de décolonisation, dentelle patiemment tissée depuis 1988, s’était ainsi conclu en l’absence du peuple colonisé. Une aberration politique et un calcul dangereux.

      S’il arrive à démarrer une guerre civile, il sera toujours irresponsable, le prepotent ?

      https://seenthis.net/messages/1053702

    • De passage à Paris il y a quelques semaines, le maire de Houaïlou Pascal Sawa, premier secrétaire général adjoint de l’Union calédonienne (UC) et membre du bureau du FLNKS, confiait à Mediapart la nécessité impérieuse de « remettre du lien et de la confiance » entre les différents partenaires. « On est d’accord pour ouvrir le corps électoral, mais il faudrait analyser les choses de façon plus fine pour éviter le déséquilibre, insistait-il. Contrairement à ce qui est dit, nous sommes conscients des enjeux. Nous considérons simplement qu’ils doivent s’inscrire dans un accord global. »

      Même le choix de Nicolas Metzdorf comme rapporteur du texte pose question. Pour l’ex-rapporteur du statut de la Nouvelle-Calédonie René Dosière, le rapport signé par le député Renaissance « fait honte à l’Assemblée nationale et ne peut que renforcer la colère des Kanaks et de tous les artisans de paix ». C’est « un brûlot anti-indépendantiste qui réécrit à sa manière l’histoire politique récente », affirme-t-il sur son blog. Lundi soir, à l’Assemblée, Nicolas Metzdorf s’offusquait d’ailleurs au moindre rappel historique, faisant mine de penser que ses adversaires « hiérarchisent les populations ».

      L’élu a également attaqué les bancs de la gauche, accusant les élu·es de la Nupes de « soutenir les indépendantistes les plus radicaux » au détriment des forces de l’ordre – un refrain également entonné par le ministre de l’intérieur, comme si quelqu’un pouvait se réjouir que les armes soient de nouveau sorties dans l’archipel. Sur place, la situation n’est évidemment pas aussi binaire que voudraient le faire croire ceux qui pensent que les responsabilités ne pèsent jamais sur leurs épaules. Les appels au calme se sont d’ailleurs multipliés, lancé notamment par le président indépendantiste du gouvernement calédonien Louis Mapou.

      Nicolas Metzdorf :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Metzdorf

      Son communiqué rapporté par le Figaro (vidéo) :
      https://www.lefigaro.fr/actualite-france/nicolas-metzdorf-la-maison-de-mes-parents-a-ete-menacee-20240514

      Une fois de plus, appeler à la paix et à la négociation est vu comme un acte de sédition par les élites dominantes. Mais qu’est-ce qui arrêtera la Macronie dans ses entreprises de désinformations et de travestissements de l’Histoire ? Les places financières peut-être ?

    • http://renedosiere.over-blog.com/2024/05/un-rapport-qui-fait-honte-a-l-assemblee-nationale.html

      Le « rapport » parlementaire du député calédonien Metzdorf concernant la modification du corps électoral en Nouvelle Calédonie vient d’être publié[1].Il précède la discussion d’un texte programmé ce lundi en séance publique.
      Son contenu contribue à diminuer l’image de l’Assemblée nationale car il transforme la rigueur et l’autorité habituelles de ce type de document en une brochure électorale de son parti politique (les loyalistes, appellation locale des non-indépendantistes).

      La nomination sur ce sujet sensible d’un rapporteur partisan, contrairement à la jurisprudence parlementaire, était pour le moins inopportune et maladroite compte tenu des réactions violentes que suscite ce projet de loi en Nouvelle Calédonie. Le résultat est pire : un brûlot anti-indépendantiste qui réécrit à sa manière l’histoire politique récente.

    • Nouvelle-Calédonie : 165 ans d’une histoire mouvementée
      https://lejournal.cnrs.fr/articles/nouvelle-caledonie-165-ans-dune-histoire-mouvementee

      La Nouvelle-Calédonie est devenue française en 1853. Elle était habitée par les populations océaniennes depuis 3200 ans.

      Du bagne aux premières revendications d’autonomie, de l’abolition de l’indigénat aux événements meurtriers des années 1980... L’anthropologue Michel Naepels revient sur les faits marquants de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie et sur les enjeux du référendum du 4 novembre.

  • Giga-bassines : à nous, la Beauce ! | Mediapart | 12.05.24

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/120524/gigabassines-des-milliers-de-manifestants-dans-le-puy-de-dome-denoncent-un-entetement-du-gouvernement/commentaires#comment-12328032

    12/05/2024 20:36 PAR FRANCISCO DE LUCA

    Dans la lignée des solutions foireuses, que le système trouve par-ci par là, voici une solution :

    Faisons de la Beauce une immense plaine immergée pour créer la méga-hyper-bassine, mère de toutes les bassines.

    On pourrait créer ainsi une immense zone piscicole et de baignade publique.

    Je sais, j’aurais pu être ministre dans tous ces gouvernements d’improbables.