• L’UE reconnait « une situation difficile » dans ses partenariats avec les pays africains pour lutter contre l’immigration irrégulière - InfoMigrants
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    ’UE reconnait « une situation difficile » dans ses partenariats avec les pays africains pour lutter contre l’immigration irrégulière
    Par La rédaction Publié le : 22/05/2024
    La Commission européenne a reconnu mardi « une situation difficile » après la publication d’une enquête journalistique révélant que les fonds de l’UE alloués à des pays africains – Tunisie, Maroc et Mauritanie – servaient en partie à financer des refoulements dans le désert pour empêcher les exilés d’atteindre l’Europe. Des pratiques contraires au droit international.
    Face aux accusations de complicité sur les violations des droits de l’Homme dans certains pays d’Afrique, la Commission européenne a réagi mardi 21 mai. « Parfois, la situation est difficile dans nos pays partenaires » mais ils « restent des États souverains et contrôlent leurs forces nationales », a affirmé une des porte-parole de l’institution, Ana Pisonero. Son homologue Éric Mamer, interrogé lors d’un point presse quotidien, a lui aussi partagé la même analyse : « C’est une situation qui est difficile, qui est mouvante et sur laquelle nous allons continuer à travailler ».
    Une enquête, publiée le même jour par des médias internationaux dont Le Monde et le Washington Post avec le collectif de journalistes Lighthouse Reports, révèle comment « l’Europe soutient, finance et participe directement à des opérations clandestines menées dans les pays d’Afrique du Nord pour abandonner chaque année des dizaines de milliers de personnes noires dans le désert ou dans des régions reculées afin de les empêcher de venir dans l’Union européenne (UE) ».
    L’enquête signale que des réfugiés et migrants au Maroc, en Mauritanie et en Tunisie sont « appréhendés en raison de la couleur de leur peau, emmenés dans des bus et conduits au milieu de nulle part, souvent dans des zones désertes et arides », sans eau ni nourriture. Certains sont emmenés vers des zones frontalières où ils sont « vendus par les autorités à des trafiquants d’êtres humains et à des gangs qui les torturent contre rançon ». Depuis plusieurs années, InfoMigrants a publié des dizaines d’articles et de témoignages de migrants racontant les arrestations arbitraires dans les rues ou dans les maisons des Noirs dans ces pays, mais aussi en Libye et en Algérie, et les refoulements dans des zones désertiques.
    À l’été 2023, la rédaction avait récolté plusieurs récits d’exilés relatant les interpellations dans les rues de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, et les expulsions dans le désert, à la frontière avec l’Algérie et la Libye – des pratiques qui n’ont jamais cessé depuis et qui se sont mêmes accentuées ces derniers jours.
    En fin d’année, InfoMigrants avait révélé que des exilés étaient discrètement transmis par des forces tunisiennes à des Libyens, et transférés dans les prisons du pays. « Le véhicule s’est arrêté au niveau d’une montagne de sable. De l’autre côté, c’est la Libye. Les Tunisiens sont montés sur la montagne pour annoncer leur présence. Cinq minutes après, on a entendu des klaxons venus d’en face. Les policiers ont alors braqué leur kalachnikov sur nous et nous ont dit : ‘Haya, haya’ [’allez-y’, en français, ndlr] en montrant la Libye. Tout le monde avait peur », avait expliqué Moussa, un Guinéen. De l’autre côté, des milices libyennes les attendaient pour les conduire dans des centres de détention.
    Au Maroc aussi, les témoignages recueillis de ce type sont nombreux. Le dernier date de février 2024 : un Guinéen avait détaillé à la rédaction ses multiples refoulements dans le désert, vers Ourzazate (sud du Maroc) et Beni Melal (centre du Maroc).
    Des fonds de l’UE utilisés pour refouler des migrants dans le désert
    elon l’enquête de Lighthouse Reports publiée mardi, ce « système de déplacement de masse (…) fonctionne notamment grâce à l’argent, les véhicules, l’équipement, le renseignement et les forces de sécurité fournis par l’UE et les pays européens ». Le quotidien Le Monde écrit qu’en Tunisie les « pick-up Nissan utilisés par la police pour arrêter les migrants correspondent à des modèles livrés par l’Italie et l’Allemagne entre 2017 et 2023 ».Au Maroc, les « 4x4 Toyota Land Cruiser, utilisés lors d’arrestations dont les images ont été diffusées sur les réseaux sociaux (…) correspondent aux modèles achetés par l’Espagne, puis par l’Europe » dans le cadre d’un accord entre les deux pays.
    En Mauritanie enfin, l’UE finance « la reconstruction de deux centres de rétention. Ceux-là mêmes où des migrants sont enfermés avant d’être envoyés dans le désert, acheminés dans des pick-up Toyota Hilux en tout point similaires à ceux livrés par l’Espagne en 2019 », peut-on lire dans l’enquête."Des exemples, parmi d’autres, qui démontrent que ces opérations, contraires à la Convention européenne des droits de l’Homme, bénéficient du soutien financier de l’UE et de ses États membres", insistent les journalistes.
    Depuis 2015, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont reçu 400 millions d’euros pour la gestion des frontières via le fonds fiduciaire d’urgence (FFU). Une somme à laquelle s’ajoutent d’autres aides financières accordées directement par des pays européens à ces trois États africains. D’après Lighthouse Reports, les instances de l’UE ont parfaitement connaissance d’une partie de ces arrestations arbitraires, contraires au droit international. Dans le cas du Maroc par exemple, la Commission européenne avait en 2019 fait référence à une « vaste campagne de répression » contre des Subsahariens et des expulsions « illégales » vers des zones reculées dans un document sur les financements de l’UE au royaume chérifien. Sans pour autant mettre fin à son partenariat.

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  • Valeria Falaski, Cheffe intérimaire OIM/Sénégal : Les États doivent se concerter pour une migration basée sur le respect des droits humains »
    https://www.dakaractu.com/Valeria-Falaski-Cheffe-interimaire-OIM-Senegal-Les-Etats-doivent-se-conce

    Valeria Falaski, Cheffe intérimaire OIM/Sénégal : Les États doivent se concerter pour une migration basée sur le respect des droits humains »
    L’État du Sénégal et ses partenaires sont à pied d’ œuvre pour trouver une solution aux flux migratoires irréguliers devenus un fléau national. C’est pourquoi le programme de protection, de retour et de réintégration des migrants en Afrique Subsaharienne est mis en place. Sur ce, la cheffe intérimaire de OIM/Sénégal signifie que « c’est pour mettre en place un cadre de concertation technique pour l’appui au retour volontaire des migrants. La migration doit être ordonnée, sûre et régulière. Les Etats doivent se concerter pour une migration basée sur le respect des droits humains », laisse entendre la cheffe par intérim de l’Oim au Sénégal à l’occasion de l’atelier de partage et de stabilisation des termes de références du Groupe de Travail Technique autour de l’assistance à l’arrivée, la réintégration, la protection, la santé mentale et le soutien psychosocial.

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  • Migrants subsahariens en Tunisie : « Ayez pitié de nous et laissez-nous partir d’ici ! »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/25/migrants-subsahariens-en-tunisie-ayez-pitie-de-nous-et-laissez-nous-partir-d

    Migrants subsahariens en Tunisie : « Ayez pitié de nous et laissez-nous partir d’ici ! »
    Par Monia Ben Hamadi (El-Amra, El-Hamaizia, Tunisie,
    Il ne dort plus à la belle étoile dans les champs d’oliviers, mais sous une tente de fortune, faite de branchages et de tuyaux, recouverte d’une bâche en plastique. Originaire de Freetown, capitale de la Sierra Leone, Musa* a échoué à Henchir Ben Farhat, domaine agricole privé situé à El-Amra, il y a plus de huit mois, en septembre 2023. Comme des centaines de migrants et demandeurs d’asile venues de divers pays d’Afrique subsaharienne, il ne pensait pas rester aussi longtemps dans cette petite localité du centre-est de la Tunisie devenue l’un des principaux points de départ vers l’île italienne de Lampedusa.
    Faute de mieux, le Sierra Léonais de 36 ans s’est improvisé épicier. Devant sa tente, il a monté un petit stand qui propose des fruits et légumes, quelques pâtes, des produits d’hygiène. Pour s’approvisionner, il doit parcourir plusieurs kilomètres à pied jusqu’au marché d’El-Amra avant de revenir au camp pour les entreposer. Une opération risquée. « En ville, on peut être arrêtés par la police, c’est plus dangereux qu’ici », explique-t-il.
    Depuis les déclarations du président Kaïs Saïed en février 2023, qui affirmait que l’arrivée de Subsahariens faisait partie d’un « plan criminel pour modifier la composition démographique » du pays, les autorités ont considérablement durci leur approche envers les migrants. A El-Amra, les patrouilles de la garde nationale, renforcées par des unités venues de Tunis, sont constamment sur le qui-vive. Régulièrement, des migrants sont expulsés des oliveraies où ils s’étaient installés, arrêtés ou conduits à la frontière.
    Fin avril, les agents de la garde nationale ont détruit le campement de Henchir Ben Farhat lors d’une opération sécuritaire. Musa, qui a perdu tout son stock de marchandises, a tenté la traversée vers l’Europe une seconde fois, sans succès. Son embarcation en métal a de nouveau pris l’eau. Depuis, il a remonté son commerce, en attendant une nouvelle occasion de quitter le pays.
    Dans le campement, la violence des forces de l’ordre a laissé des cicatrices visibles sur le corps des hommes. Amos, 34 ans, né au Liberia, montre des traces de brûlures sur son bras et son épaule causées, selon lui, par les bombes de gaz lacrymogènes lancées par les forces de l’ordre lors de la destruction du camp. Lui non plus ne parvient pas à quitter le pays. « Ils ne veulent pas de nous, mais ils nous empêchent de partir, pourquoi ? Ils préfèrent nous voir souffrir et mourir ici ? », s’interroge-t-il.
    En mai, les garde-côtes tunisiens ont annoncé avoir intercepté ou secouru 28 147 personnes depuis le début de l’année, et environ 79 635 en 2023. Car la Tunisie reste essentiellement un pays de transit : d’après le ministre de l’intérieur, lors d’une audition au Parlement, 23 000 migrants subsahariens en situation irrégulière se trouveraient sur le territoire tunisien. Le 6 mai, le président tunisien Kaïs Saïed, lors d’un conseil de sécurité, a néanmoins accusé certaines associations d’inciter les Subsahariens à « coloniser » la Tunisie. Des propos suivis de l’adoption de nouvelles restrictions contre les migrants et les voix critiques du chef de l’Etat.
    Une dizaine d’organisations venant en aide aux migrants ont été ciblées par les autorités, et au moins cinq responsables associatifs arrêtés, mis en examen et écroués, dont Saadia Mosbah, militante antiraciste et présidente de l’association Mnemty, qui lutte contre les discriminations raciales en Tunisie.
    Deux responsables du Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR) ont aussi été placés en détention préventive pour « association de malfaiteurs dans le but de faciliter l’accès de personnes au territoire tunisien ». Ils sont accusés d’avoir publié un appel d’offres pour la location d’un hôtel destiné à accueillir des réfugiés ou demandeurs d’asile, dans le cadre de leur mission avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
    Parallèlement à ces arrestations, une proposition de loi a été déposée par treize députés au Parlement le 6 mai, visant à modifier la loi sur les conditions de séjour des étrangers. Cette version amendée prévoit jusqu’à trois ans de prison pour toute personne qui aiderait un étranger à entrer ou à séjourner illégalement dans le pays. Le gouvernement tunisien étudie un projet d’amendement du décret-loi sur les associations afin de restreindre et de contrôler les financements étrangers.
    A El-Amra, depuis le 6 mai, le contrôle des transferts financiers en provenance de l’étranger s’est considérablement intensifié. Amos ne peut plus désormais retirer lui-même l’argent que sa famille et ses proches lui envoient par la poste et dépend de citoyens tunisiens ou de migrants en situation régulière pour recevoir à sa place les transferts qui lui permettent de vivre et d’économiser pour la prochaine traversée.
    Le discours de Kaïs Saïed sur un supposé financement étranger destiné à encourager les migrants à s’installer en Tunisie trouve un écho parmi la population. « Ils sont chaque jour plus nombreux, on a peur », assure Dhouha, accusant les étrangers d’être responsables d’une augmentation de la criminalité, bien que ces allégations ne soient pas corroborées par des chiffres. L’éducatrice en crèche de 42 ans et mère de famille soupçonne les migrants de vouloir s’approprier les terres des Tunisiens, et souhaiterait que les autorités durcissent encore la répression. « Il faudrait fermer les frontières terrestres et les laisser passer par la mer, mais les responsables ne veulent pas. Meloni est venue et a fait ce qu’elle voulait. On se sent comme les gardiens de l’Europe ici », accuse-t-elle, en référence aux visites récurrentes de la présidente du Conseil italien à Tunis depuis la signature de l’accord de « partenariat stratégique complet » entre l’Union européenne et la Tunisie, le 16 juillet 2023. Cet accord prévoit des aides financières pour réduire les départs de migrants depuis les côtes tunisiennes vers l’Italie. Bien que Kaïs Saïed avait affirmé en octobre que la Tunisie n’avait vocation à garder que ses propres frontières, la coopération en matière de contrôle s’est effectivement intensifiée.
    Face à l’augmentation du nombre de Subsahariens qui campent dans les environs d’El-Amra, la tension monte désormais entre les groupes de migrants eux-mêmes, particulièrement dans la sous-localité d’El-Hamaizia, à quelques kilomètres du centre-ville. Des affrontements violents y ont éclaté, mercredi 15 mai, faisant plusieurs blessés selon des témoins. Les forces de l’ordre ont dû intervenir pour rétablir le calme. « Ayez pitié de nous et laissez-nous partir d’ici ! », implore Kevin, 36 ans, originaire du Nigeria, installé avec son épouse et sa fille de 5 ans dans un camp d’El-Hamaizia. « Il y a des groupes de migrants qui nous terrorisent. Ils nous battent, prennent nos téléphones ou demandent de l’argent à nos familles avant de nous relâcher », témoigne-t-il, en se saisissant, pour le faire cuire, un poulet qu’il vient de plumer.
    Quand la chaleur de la journée se dissipe, peu avant le coucher du soleil, il arrive qu’une ferveur inattendue gagne les oliveraies. C’est l’heure des matchs de football. Ce soir-là, dans l’un des camps d’El-Hamaizia, les femmes sont à l’honneur. Des cages de but faites de tuyaux et recouvertes de plastique ont été installées, et des dizaines de spectateurs entourent le terrain, délimité par des traces sur le sable. Les acclamations, les rires et les applaudissements rythment la rencontre. Pendant ce temps, d’autres vont bientôt se préparer à prendre la mer, portés par l’espoir d’atteindre les rives de l’Europe.

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  • Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser des migrants en plein désert
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/21/comment-l-argent-de-l-union-europeenne-permet-aux-pays-du-maghreb-de-refoule

    Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser des migrants en plein désert
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance), Maud Jullien (Lighthouse Reports), Andrei Popoviciu (Lighthouse Reports) et Tomas Statius (Lighthouse Reports)
    s des droits humains et avec le renfort de moyens européens.
    A Rabat, au Maroc, Lamine (toutes les personnes citées par un prénom ont requis l’anonymat), un jeune Guinéen, a été arrêté six fois par la police, en 2023, avant d’être renvoyé sans ménagement à l’autre bout du pays. En Mauritanie, Bella et Idiatou, également guinéennes, ont été abandonnées en plein désert après avoir été interpellées, puis incarcérées. Leur crime ? Avoir pris la mer pour tenter de rejoindre l’Espagne. En Tunisie, François, un Camerounais, s’est orienté comme il a pu après que les forces de sécurité l’ont lâché, au beau milieu des montagnes, près de la frontière avec l’Algérie. C’était la troisième fois qu’il était déporté en l’espace de quelques mois.
    Ces trois récits de personnes migrantes se ressemblent. Ils se déroulent pourtant dans trois Etats différents du nord de l’Afrique. Trois pays distincts qui ont en commun d’être les étapes ultimes des principales routes migratoires vers l’Europe : celle de la Méditerranée centrale, qui relie les côtes tunisiennes à l’île italienne de Lampedusa ; celle de la Méditerranée occidentale, qui part du Maghreb vers l’Espagne ou encore la route dite « Atlantique », qui quitte les rivages du Sénégal et du Sahara occidental pour rejoindre les îles Canaries.
    Pour cette raison, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont aussi en commun de faire l’objet de nombreuses attentions de l’Union européenne (UE) dans la mise en place de sa politique de lutte contre l’immigration irrégulière. Alors que la question migratoire crispe les opinions publiques et divise les Etats membres sur fond de montée de l’extrême droite dans de nombreux pays, l’Europe mobilise d’importants moyens pour éviter que les Subsahariens candidats à l’exil ne parviennent jusqu’à la mer. Au risque que l’aide apportée aux gouvernements du Maghreb participe à des violations répétées des droits humains.
    Depuis 2015, les trois Etats ont perçu plus de 400 millions d’euros pour la gestion de leurs frontières, rien que par l’entremise du fonds fiduciaire d’urgence (FFU), lancé par l’UE lors du sommet sur la migration de La Valette, capitale de Malte. Une somme à laquelle s’ajoutent des aides accordées directement par certains Etats membres ou relevant d’autres programmes. En juillet 2023, l’UE a encore signé un accord avec la Tunisie, qui inclut une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière. Peu de temps avant, le 19 juin, le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, en déplacement à Tunis, s’était engagé à verser plus de 25 millions d’euros à Tunis pour renforcer le contrôle migratoire. Plus récemment, le 8 février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonçait de Nouakchott la signature d’un soutien financier pour 210 millions d’euros à destination de la Mauritanie, dont une partie serait allouée à la « gestion des migrations ».
    A travers quelles pratiques ? Au terme de près d’un an d’enquête, Le Monde, le média à but non lucratif Lighthouse Reports et sept médias internationaux partenaires ont pu documenter pour la première fois le recours à des arrestations massives et à des expulsions collectives dans ces trois Etats. Au Maroc, en 2023, près de 59 000 migrants auraient été interpellés sur le territoire par les forces de sécurité, d’après un décompte officiel. Une partie d’entre eux ont été déportés vers le sud et vers l’intérieur du pays comme à Agadir, Khouribga, Errachidia, Béni Mellal. En Mauritanie, plusieurs bus rejoignent chaque semaine les étendues arides de la frontière avec le Mali et y abandonnent des groupes de migrants sans ressources. En Tunisie, ce sont onze renvois collectifs vers les frontières libyenne et algérienne, organisés par les forces de sécurité entre juillet 2023 et mai 2024, que nous avons pu documenter grâce à des témoignages, des enregistrements audio et vidéo. Une pratique aux conséquences dramatiques : au moins 29 personnes auraient péri dans le désert libyen, selon un rapport de la mission d’appui des Nations unies en Libye, paru en avril.
    Des migrants subsahariens abandonnés par la police tunisienne sans eau ni abri, dans le désert, non loin de la ville frontalière libyenne d’Al-Assah, le 16 juillet 2023.
    Interrogé sur le cas tunisien, en marge du discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen, le 15 septembre, le vice-président de la Commission européenne, le Grec Margaritis Schinas, assurait : « [Ces pratiques] ne se déroulent pas sous notre surveillance, et ne font pas partie de nos accords. L’argent européen ne finance pas ce genre de tactiques. » Notre enquête démontre le contraire.
    En Tunisie, des pick-up Nissan utilisés par la police pour arrêter les migrants correspondent à des modèles livrés par l’Italie et l’Allemagne entre 2017 et 2023. Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, reçoivent une partie de l’enveloppe de 65 millions d’euros alloués par l’UE au royaume chérifien, entre 2017 et 2024, pour le contrôle de la frontière. En Mauritanie, les Vingt-Sept financent, dans les deux principales villes du pays et pour une enveloppe de 500 000 euros, la reconstruction de deux centres de rétention. Ceux-là mêmes où des migrants sont enfermés avant d’être envoyés dans le désert, acheminés dans des pick-up Toyota Hilux en tout point similaires à ceux livrés par l’Espagne en 2019. Des exemples, parmi d’autres, qui démontrent que ces opérations, contraires à la Convention européenne des droits de l’homme, bénéficient du soutien financier de l’UE et de ses Etats membres.
    Lamine, 25 ans, connaît les rues de Rabat comme sa poche. Le jeune homme, natif de Conakry, est arrivé au Maroc en 2017 « pour suivre une formation » de cuisine, relate-t-il lorsque nous le rencontrons, en octobre 2023, dans le quartier de Takaddoum, devenu le lieu de passage ou d’installation des migrants. Le jeune homme est enregistré auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) comme demandeur d’asile, ce qui est censé le protéger d’une expulsion.
    Au fil des années, Lamine s’est habitué aux « rafles » quotidiennes par les forces auxiliaires de sécurité marocaines visant des migrants comme lui. A Takaddoum, nombreux sont ceux qui assurent avoir été témoins de l’une de ces arrestations de ressortissants subsahariens. « Tous les Blacks savent que s’ils sortent entre 10 et 20 heures, ils risquent de se faire embarquer », ajoute Mafa Camara, président de l’Association d’appuis aux migrants mineurs non accompagnés. Une affirmation « sans fondement », selon le ministère de l’intérieur marocain. Sollicité, le HCR confirme qu’« il arrive parfois que les réfugiés et les demandeurs d’asile soient arrêtés ». La suite est également connue : les personnes sont amenées dans des bâtiments administratifs faisant office de centres de rétention, avant d’être transférées dans un commissariat de la ville où des bus viennent les récupérer. Elles sont alors déportées, le plus souvent dans des zones reculées ou désertiques. Ce harcèlement serait un des maillons essentiels de la stratégie du royaume pour lutter contre l’immigration irrégulière. « Le but est bien sûr de rendre la vie des migrants difficile, soutient un consultant requérant l’anonymat. Si l’on vous emmène dans le Sahara deux fois, la troisième, vous voulez rentrer chez vous. » L’homme, qui a participé au Maroc à plusieurs projets de développement financés par l’UE, soutient que les autorités marocaines agissent de la sorte pour justifier les nombreux financements européens qu’elles reçoivent, dont 234 millions d’euros uniquement du FFU. « La relocalisation des migrants vers d’autres villes est prévue par la législation nationale. Elle permet de les soustraire aux réseaux de trafic et aux zones dangereuses », oppose, de son côté, le ministère de l’intérieur marocain.
    Début 2023, Rabat soutenait avoir empêché plus de 75 000 départs vers l’Europe, dont 59 000 sur son territoire et 16 000 en mer. En 2023, Lamine, lui, a été arrêté à six reprises avant d’être envoyé à l’autre bout du pays.
    Pendant plusieurs jours, nous avons suivi et filmé les minivans des forces auxiliaires qui sillonnent les rues de Rabat. Des témoignages, des vidéos et des enregistrements audio réunis par ailleurs attestent de l’ampleur du phénomène de harcèlement des migrants de Tanger à Fès, de Nador à Laayoune. Au cours de notre enquête, nous avons pu identifier deux types de véhicules utilisés pour ces opérations, achetés grâce à des financements européens. Comme ces utilitaires Fiat Doblo, visibles sur une vidéo d’arrestation de migrants, diffusée en mai 2021 à la télévision marocaine, identiques à ceux d’un lot acheté à partir de 2019 grâce au FFU. Ou ces 4 × 4 Toyota Land Cruiser, utilisés lors d’arrestations dont les images ont été diffusées sur les réseaux sociaux, et qui correspondent aux modèles achetés par l’Espagne, puis par l’Europe dans le cadre du FFU.
    Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, filmées à Rabat, le 19 octobre 2023.
    Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, filmées à Rabat, le 19 octobre 2023.
    Lors de ces arrestations collectives, le mode opératoire est toujours identique : deux minivans blancs stationnent dans un quartier fréquenté par des migrants, tandis que plusieurs agents en civil se mêlent à la foule. Ils contrôlent, puis appréhendent les migrants, avant de les faire monter dans les véhicules. Une vingtaine de personnes, que nous avons interrogées, assurent avoir été témoins ou victimes de violences policières lors de ces arrestations.
    Le 19 octobre 2023 à l’occasion d’une opération que nous avons documentée, un bus des forces auxiliaires a pris la direction de Khouribga, une bourgade à 200 kilomètres au sud de Rabat. En pleine nuit, les officiers ont déposé une dizaine de jeunes hommes à l’entrée de la petite ville. Ces derniers ont ensuite marché vers la gare routière, avant de rejoindre un petit groupe de migrants, eux-mêmes déportés quelques jours plus tôt. Parmi eux, Aliou, un Guinéen de 27 ans, affirme avoir été déplacé de la sorte « près de 60 fois » depuis son arrivée au Maroc, en 2020.

    C’est une valse incessante qui se joue ce 25 janvier, en fin de matinée, devant le commissariat du quartier de Ksar, à Nouakchott. Des véhicules vont et viennent. A l’intérieur de l’un d’eux – un minibus blanc –, une dizaine de migrants, le visage hagard. A l’arrière d’un camion de chantier bleu, une cinquantaine d’exilés se cramponnent pour ne pas basculer par-dessus bord. Tous ont été arrêtés par la police mauritanienne. Chaque jour, ils sont des centaines à découvrir l’intérieur décrépi de ces petits baraquements ocre. Cette étape ne dure que quelques jours au plus. « Il y a plusieurs bus par semaine qui partent vers le Mali », confirme un visiteur du commissariat faisant office de centre de rétention.
    Sur ces images filmées en Mauritanie, en caméra cachée, plus d’une dizaine de migrants sont sur le point d’être déposés devant le centre de rétention de Ksar, à Nouakchott, avant d’être déportés loin de la ville, le 25 janvier 2024.
    Sur ces images filmées en Mauritanie, en caméra cachée, plus d’une dizaine de migrants sont sur le point d’être déposés devant le centre de rétention de Ksar, à Nouakchott, avant d’être déportés loin de la ville, le 25 janvier 2024. Certains migrants ont été appréhendés dans les rues de Nouakchott. « Le bus des policiers se promène dans les quartiers où vivent les migrants, comme le Cinquième [un quartier à l’ouest de Nouakchott], témoigne Sady, un Malien arrivé en Mauritanie en 2019. Les policiers entrent dans les boutiques. Ils demandent aux gens : “Tu es étranger ?” Puis ils les emmènent. A chaque fois, j’ai vu des gens se faire frapper, maltraiter. On vit avec la crainte de ces refoulements. »
    « Les éventuelles interpellations concernant les étrangers en situation irrégulière se font conformément aux conventions, lois et règlements en vigueur, sans arbitraire ni ciblage de zones ou de quartiers spécifiques », assure le porte-parole du gouvernement mauritanien, Nani Ould Chrougha. Bella et Idiatou ont, quant à elles, été interceptées en mer par des gardes-côtes, lors d’une tentative de traversée en direction des îles Canaries, confettis d’îles espagnoles à plusieurs centaines de kilomètres des côtes africaines. Le traitement qui leur a été réservé est le même que pour les autres migrants, alors qu’elles bénéficiaient d’un titre de séjour mauritanien : une expulsion manu militari vers les frontières sud du pays. « Des expulsions vers le Sénégal et le Mali, sur des bases raciales, ont eu lieu entre 1989 et 1991, souligne Hassan Ould Moctar, spécialiste des questions migratoires. Mais les demandes répétées de l’Union européenne en matière migratoire ont réactivé cette dynamique. »Pour Bella et Idiatou comme pour Sady, la destination finale est Gogui, à la frontière malienne, une zone désertique à plus de 1 000 kilomètres de Nouakchott. « Ils nous ont jetés hors du bus, puis ils nous ont poussés vers la frontière. Ils nous ont chassés comme des animaux et ils sont partis », raconte, révoltée, Idiatou, quand nous la rencontrons au Sénégal, où elle a trouvé refuge. Ce récit, neuf migrants au total l’ont confié au Monde. Sady, qui vivait à Nouakchott grâce à des petits boulots, a été repoussé deux fois. Selon un document interne du HCR, que Le Monde a consulté, plus de 300 personnes dénombrées par le Haut-Commissariat ont fait l’objet du même traitement en 2023. La majorité d’entre elles assurent avoir été victimes de violations des droits humains. Sollicité, un porte-parole du HCR confirme avoir « reçu des rapports faisant état de cas de refoulement vers le Mali » et « plaider auprès des autorités mauritaniennes pour mettre fin à de telles pratiques ». « Les migrants en situation irrégulière sont reconduits aux postes-frontières officiels de leur pays de provenance », se défend le porte-parole du gouvernement mauritanien, selon lequel le procédé est conforme à la loi et réalisé en assurant une « prise en charge totale – nourriture, soins de santé, transport ». La Mauritanie est depuis quinze ans l’un des verrous des routes migratoires qui mènent en Espagne. D’après notre décompte, sans inclure l’argent promis début 2024, plus de 80 millions d’euros ont été investis par l’UE dans le pays depuis 2015, destinés surtout au renforcement des frontières, à la formation des effectifs de police ou encore à l’achat de véhicules. Les groupes d’action rapide-surveillance et intervention (GAR-SI), des unités d’élite financées par l’UE dans plusieurs pays du Sahel à travers le FFU, ont également fait partie du dispositif. En 2019, ils ont ainsi livré à la police mauritanienne 79 personnes appréhendées sur le territoire, d’après un document interne de l’UE. Un rapport non public de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), daté de février 2022, mentionne qu’une bonne partie de leurs effectifs – plus de 200 hommes – a été déployée à Gogui pour des missions de « surveillance frontalière ».
    En outre, plusieurs véhicules utilisés pour assurer les expulsions de Nouakchott vers le sud du pays correspondent à des modèles livrés par des Etats membres. Comme ces pick-up Toyota Hilux fournis par l’Espagne, « pour la surveillance du territoire ou la lutte contre l’immigration irrégulière ». Depuis 2006 et en vertu d’un accord bilatéral de réadmission de migrants entre les deux pays, une cinquantaine de policiers espagnols sont déployés en permanence à Nouakchott et à Nouadhibou, les deux principales villes du pays. Des moyens techniques, dont des bateaux, sont également mis à disposition. En 2023, près de 3 700 interceptions en mer ont ainsi été réalisées par des patrouilles conjointes, d’après un décompte du ministère de l’intérieur espagnol, consulté par Le Monde. Plusieurs sources policières et un visiteur des centres de rétention mauritaniens attestent de la présence fréquente de policiers ibériques à l’intérieur. Bella et Idiatou assurent avoir été prises en photo par ces derniers au commissariat de Nouakchott. Interrogée sur ce point, l’agence espagnole Fiiapp, principal opérateur de ces projets de coopération policière, a nié la présence d’agents dans le centre de rétention. Les autorités mauritaniennes, quant à elles, ont confirmé l’existence d’« échange d’informations dans le domaine de la lutte contre l’immigration clandestine », mais « dans le respect de la vie privée des personnes et de la protection de leurs données personnelles ». Selon un autre document du HCR, daté de janvier 2023, des migrants rapportent que les Espagnols ont participé aux raids les visant. « Parfois, ils essayaient même d’expulser des gens qu’on avait identifiés comme réfugiés », se souvient un salarié de l’agence, que nous avons interrogé. « Notre équipe de policiers sur le terrain n’est pas au courant de telles pratiques », assure la Fiiapp. Quand le ministère de l’intérieur espagnol se borne à répondre que ses effectifs travaillent « dans le respect des droits de l’homme, et en accord avec la législation nationale et internationale ».
    Un matin de novembre 2023, dans la ville tunisienne de Sfax, Moussa, un demandeur d’asile camerounais de 39 ans, et son cousin sortent d’un bureau de poste lorsqu’ils sont interpellés par les autorités. En quelques heures, les deux hommes se retrouvent à la frontière libyenne, remis aux mains d’une milice, puis enfermés dans l’un des centres de détention pour migrants du pays. Pendant plusieurs mois, ils subissent des violences quotidiennes.
    Selon la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), près de 9 000 personnes ont été « interceptées » depuis l’été 2023 par les autorités de Tripoli, à la frontière tunisienne. Dans une note interne que nous avons consultée, la Manul déplore des « expulsions collectives » et des « retours forcés sans procédure », exposant les migrants à de « graves violations et abus des droits humains, avec des cas confirmés d’exécution extrajudiciaire, de disparition, de traite, de torture, de mauvais traitement, d’extorsion et de travail forcé ». « Ils repartent d’où ils viennent, car ils causent des problèmes », justifie, sous le couvert de l’anonymat, un agent de la garde nationale. Sollicité, le ministère des affaires étrangères tunisien réfute les accusations d’« expulsion de migrants d’origine subsaharienne vers des zones désertiques », les qualifiant d’« allégations tendancieuses ».
    Dès le 7 juillet 2023, Frontex, l’agence européenne de garde-frontières, est pourtant informée – selon un rapport interne dont nous avons pris connaissance – de ces « opérations » consistant à « conduire des groupes de ressortissants subsahariens jusqu’à la frontière [de la Tunisie] avec la Libye et l’Algérie, en vue de leur refoulement ». Frontex ajoute que ces opérations sont surnommées sur les réseaux sociaux « ménage de blacks ». Une source européenne anonyme, au fait du dossier, veut croire qu’« aucune ressource provenant de l’UE n’a contribué à ce processus [d’expulsion] », mais reconnaît toutefois qu’il est « très difficile de tracer une limite, car [l’UE soutient] les forces de sécurité ».
    Utilisation de ressources européennes
    Depuis une dizaine d’années, de fait, l’UE participe au renforcement de l’appareil sécuritaire tunisien, d’abord à des fins de lutte contre le terrorisme, puis contre l’immigration irrégulière. Jusqu’en 2023, elle a investi plus de 144 millions d’euros dans la « gestion des frontières », auxquels s’ajoutent les aides directes des Etats membres, permettant l’achat d’équipements comme ​​des navires, des caméras thermiques, des radars de navigation… Près de 3 400 agents de la garde nationale tunisienne ont par ailleurs reçu des formations de la part de la police fédérale allemande entre 2015 et août 2023 ; et deux centres d’entraînement ont été financés par l’Autriche, le Danemark et les Pays-Bas, à hauteur de 8,5 millions d’euros.
    L’enquête du Monde et de ses partenaires montre que certaines de ces ressources ont directement été utilisées lors d’expulsions. Ainsi, Moussa a formellement identifié l’un des véhicules dans lequel il a été déporté vers la Libye : un pick-up Navara N-Connecta blanc du constructeur Nissan – modèle analogue aux 100 véhicules offerts à la Tunisie par l’Italie, en 2022 pour « lutter contre l’immigration irrégulière et la criminalité organisée ». A Sfax, en Tunisie, ces véhicules utilisés par la police lors d’une arrestation collective sont du même modèle que ceux fournis par l’Italie en 2022, comme le montre un document nos équipes se sont procuré.
    En 2017, le gouvernement allemand avait, lui aussi, offert à la Tunisie 37 Nissan Navara, en plus d’autres équipements, dans le cadre d’une aide à la « sécurisation des frontières ». Deux vidéos publiées sur les réseaux sociaux, et que nous avons vérifiées, montrent également l’implication des mêmes véhicules dans les opérations d’arrestation et d’expulsion menées par les autorités tunisiennes dans la ville de Sfax. Contacté, le ministère de l’intérieur allemand s’est dit attaché « à ce que les équipements remis dans le cadre de la coopération bilatérale soient utilisés exclusivement aux fins prévues », tout en estimant que les véhicules décrits par notre enquête sont « très répandus en Afrique ». Les autorités italiennes n’ont pas répondu à nos sollicitations.
    En dépit de la situation, largement relayée par la presse, de centaines de migrants repoussés dans les zones frontalières du pays, l’UE a signé, le 16 juillet 2023, un mémorandum d’entente avec la Tunisie, devenue le premier point de départ des migrants vers le continent. Un accord érigé en « modèle » par Mme von der Leyen. La médiatrice européenne, Emily O’Reilly, a toutefois ouvert une enquête sur ce mémorandum : « Le financement de l’UE (…) ne doit pas soutenir les actions ou mesures susceptibles d’entraîner des violations des droits de l’homme dans les pays partenaires », a rappelé Mme O’Reilly à Mme von der Leyen, dans une lettre rendue publique le 13 septembre 2023.
    « Les Etats européens ne veulent pas avoir les mains sales. Ils sous-traitent donc à des Etats tiers des violations des droits de l’homme, estime, pour sa part, Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public à l’université Jean-Moulin-Lyon-III. Mais, du point de vue du droit, ils pourraient être tenus pour responsables. » La Commission européenne nous informe par la voix d’un porte-parole que « l’UE attend de ses partenaires qu’ils remplissent leurs obligations internationales, y compris le droit au non-refoulement » et que « tous les contrats de l’UE contiennent des clauses relatives aux droits de l’homme permettant à la Commission d’ajuster leur mise en œuvre si nécessaire ». Or, des documents que nous nous sommes procurés attestent de la connaissance que les instances de l’UE ont de ces arrestations et de ces déportations collectives. Une décision de la Commission européenne, de décembre 2019, à propos des financements de l’UE au Maroc, fait par exemple référence à une « vaste campagne de répression » contre des migrants subsahariens, se traduisant par des arrestations et des expulsions « illégales » dans des zones reculées. Dans un rapport finalisé en 2019, la Cour des comptes européenne s’inquiétait, déjà, de l’opacité avec laquelle les fonds attribués par les Vingt-Sept aux autorités marocaines étaient utilisés, ainsi que du manque de « procédures de contrôle ».
    En Mauritanie, plusieurs officiels du HCR, de l’OIM ou des forces de police espagnoles confient avoir connaissance de la pratique d’expulsion en plein désert. Des éléments repris dans un rapport et une recommandation du Parlement européen datés de novembre 2023 et janvier 2024. Alors que le déploiement de Frontex en Mauritanie est en cours de discussion, l’agence rappelait, en 2018, dans un guide de formation à l’analyse de risques, destiné aux Etats africains partenaires dans la lutte contre l’immigration irrégulière, que la « charte africaine des droits de l’homme et des peuples interdit les arrestations ou détentions arbitraires ». En dépit de cette attention, Frontex a ouvert une cellule de partage de renseignement à Nouakchott, dès l’automne 2022, et procédé à la formation de plusieurs policiers. Parmi eux se trouvent plusieurs agents en poste au centre de rétention de Nouakchott. Celui-là même par lequel transitent chaque jour des migrants victimes de déportation collective.

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  • En Tunisie, des migrants camerounais interceptés en mer et abandonnés à la frontière algérienne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/21/en-tunisie-des-migrants-camerounais-interceptes-en-mer-et-abandonnes-a-la-fr

    En Tunisie, des migrants camerounais interceptés en mer et abandonnés à la frontière algérienne
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance)#
    Une longue coque blanche de 35 mètres surmontée d’une cabine à deux étages : François, un Camerounais de 38 ans qui préfère ne pas donner son nom complet, reconnaît immédiatement l’un des douze patrouilleurs de la garde nationale tunisienne, offerts par l’Italie en 2014, et dont la maintenance est toujours assurée par Rome. Le don, d’une valeur de 16,5 millions d’euros, a permis aux autorités tunisiennes de renforcer le contrôle de leur frontière maritime avec l’Union européenne (UE).
    Rencontré dans un appartement de Tunis par Le Monde, qui a enquêté avec le média à but non lucratif Lighthouse Reports et sept médias internationaux sur les violations des droits humains subies par des migrants dans les pays du Maghreb, parfois avec des moyens alloués par des pays de l’UE, François raconte.
    Les yeux rivés sur l’écran d’un téléphone qui affiche une image du bateau, il se souvient s’être retrouvé à bord, avec sa compagne, Awa, et l’enfant de cette dernière, Adam, un matin de septembre 2023, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’île italienne de Lampedusa à bord d’un petit rafiot. Des semi-rigides rapides interceptaient des embarcations de migrants avant de les transborder sur le patrouilleur. Celui-ci finissait par revenir au port de Sfax, « pour déposer » les migrants. Débarquée, la petite famille a été abandonnée la nuit suivante par la même garde nationale dans une zone montagneuse et désertique, à la frontière algérienne, avec près de 300 personnes, réparties en petits groupes, toutes ressortissantes d’Afrique. « Lorsqu’ils nous ont déposés, [les agents] nous ont dit : “Là-bas, c’est l’Algérie, suivez la lumière. Si on vous voit à nouveau ici, on vous tirera dessus.” » Le groupe d’une vingtaine de personnes, parmi lesquelles des hommes, des femmes dont deux sont enceintes et un enfant, s’exécute, mais se heurte immédiatement à des « tirs de sommation du côté algérien ». Ils font alors demi-tour.
    Pendant neuf jours, ils sont contraints de marcher à travers les montagnes, de dormir à même le sol, avant de regagner la ville de Tajerouine, dans l’ouest du pays, raconte François, données GPS et photos à l’appui. « Après une semaine sans sommeil, sans manger, vous commencez à perdre l’équilibre, vous êtes proche de la mort », dit-il froidement, évoquant les douleurs « aux articulations, aux pieds, au dos, aux hanches, aux chevilles » et des « hallucinations » à cause de la déshydratation.
    La première fois que Le Monde l’a rencontré, début octobre 2023, dans la localité côtière d’El Amra, François revenait de cet enfer. Depuis, l’homme a encore été expulsé à deux reprises. En novembre, il est arrêté avec d’autres migrants à El Amra. Frappés à coup de « gourdin, de chaîne, de matraque » et dépouillés de tous leurs biens par des agents de la garde nationale, ils sont finalement expulsés au milieu des « dunes de sable », dans le désert du gouvernorat de Tozeur, raconte le Camerounais.
    Revenu dans la région de Sfax quelques jours après, François tente une troisième fois, fin décembre, la traversée vers l’Europe. Mais le même scénario se répète : son bateau est arraisonné par la garde nationale. « Je savais exactement ce qui allait se passer. Le même film recommence : nous sommes ramenés à Sfax, menacés, dépouillés, mis dans des bus. » François et Adam – Awa n’ayant pas réussi à embarquer sur le rafiot – sont à nouveau expulsés, avec des centaines de personnes, réparties en petits groupes, selon ses dires.
    Ils se retrouvent ainsi près de la ville frontalière de Haïdra avec une quinzaine de personnes. Parmi elles, une femme « appelle un de ses contacts » : un homme qui vient les chercher en camionnette pour les ramener jusqu’à Sfax. Mais, à leur arrivée, ils sont déposés dans une maison et faits prisonniers. « Nous nous sommes retrouvés entre les mains d’hommes armés de machettes et de gourdins. Ils nous ont fait comprendre que nous devions payer [pour être libérés]. »
    Profitant de la vulnérabilité des migrants, des groupes criminels composés de Tunisiens et de migrants subsahariens prolifèrent dans le pays, s’enrichissant grâce à l’extorsion : la famille de François a dû verser une rançon de 300 euros, envoyée par une application mobile, pour qu’ils soient libérés, avec l’enfant, au bout d’une semaine. Par la suite, François a de nouveau été enlevé par l’un de ces groupes alors qu’il se trouvait dans un appartement qu’il louait à Sfax. Il a alors subi la torture à « coups de câbles électriques ». Des photos de lui, nu, sont envoyées à sa famille au Cameroun pour la convaincre de payer de nouveau une rançon avant qu’il parvienne à s’échapper par une fenêtre laissée ouverte. Epuisé par tant de souffrances, François a reconsidéré son rêve d’Europe.
    Contacté, le ministère tunisien des affaires étrangères réfute les accusations d’« expulsion de migrants d’origine subsaharienne vers des zones désertiques », les qualifiant d’« allégations tendancieuses » qui « n’engagent que leurs auteurs ». Les autorités italiennes n’ont pas répondu à nos sollicitations.

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  • Plus de 500 migrants interceptés par la Marine sénégalaise pour le seul mois de mai - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57147/plus-de-500-migrants-interceptes-par-la-marine-senegalaise-pour-le-seu

    Plus de 500 migrants interceptés par la Marine sénégalaise pour le seul mois de mai
    Par La rédaction Publié le : 17/05/2024
    Selon les informations de Dakar, la marine nationale sénégalaise a stoppé plus de 500 personnes qui souhaitaient rejoindre les Canaries à bord de pirogues, durant le seul mois de mai. Les occupants, parmi lesquels se trouvaient des femmes et des enfants, étaient originaires du Sénégal ou de pays voisins. Les garde-côtes sénégalais ont intercepté plus de 500 migrants en mer au cours du mois de mai, indique la Marine nationale sénégalaise. Ces arrestations ont eu lieu lors de quatre opérations distinctes.
    Au total, quatre embarcations transportant un total de 554 migrants ont été stoppées, entre le 7 mai et le 15 mai, dans les eaux territoriales au large de la capitale Dakar et de Saint-Louis (nord-ouest), indiquent des messages postés sur X par les autorités.
    Les occupants, dont des femmes et des enfants, étaient originaires du Sénégal ou de pays voisins. L’une des pirogues au moins était partie de Gambie, pays voisin du Sénégal, selon la Marine.
    Dakar avait déjà intercepté 269 migrants entre début décembre et fin avril. Avant cela, un pic de départs avait été observé en novembre, avec un millier de tentatives de départs dans le mois, selon les chiffres additionnés par l’AFP. Ces interceptions mettent en lumière la poursuite du flux des départs vers l’archipel espagnol des Canaries, distant de 1 700 km des côtes sénégalaises.
    Des milliers d’Africains espérant une vie meilleure tentent chaque année de gagner l’Europe par l’Atlantique en longeant les côtes, malgré la dangerosité du périple. Et les morts sont nombreux : vingt-six migrants partis de Guinée ont péri au large du Sénégal dans le naufrage de leur embarcation il y a quelques jours, a rapporté vendredi 10 mai le Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah.
    En février, plus de vingt corps avaient été récupérés sur une plage dans la région de Saint-Louis, après le naufrage d’une pirogue en mer. Selon les témoignages des rescapés, près de 300 personnes avaient pris place à bord. Les survivants ont évoqué des dizaines de disparus. La population fuit généralement une vie sans perspective. Depuis la guerre en Ukraine, l’inflation plombe l’économie du Sénégal et le prix des matières premières s’envole. Par ailleurs, les ressources halieutiques sont accaparées par la pêche industrielle et la raréfaction des poissons s’aggrave avec le changement climatique. Or, au Sénégal, beaucoup de familles dépendent de la pêche. Les candidats au départ embarquent clandestinement sur des pirogues en bois, à moteur, qui peuvent atteindre une vingtaine de mètres mais ne sont pas adaptées à des trajets en haute mer.
    Depuis le début de l’année, près de 16 000 exilés au total sont arrivés aux Canaries, soit une augmentation de près de 370 % par rapport à la même période en 2023.

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  • Tunisie: hausse des interceptions de migrants tentant de traverser la Méditerranée
    https://www.dakaractu.com/Tunisie-hausse-des-interceptions-de-migrants-tentant-de-traverser-la-Medi

    Tunisie : hausse des interceptions de migrants tentant de traverser la Méditerranée
    Les interceptions de migrants tentant de traverser la Méditerranée vers l’Italie à partir des côtes tunisiennes ont augmenté de 22,5% de janvier à avril par rapport à la même période une année auparavant, pour dépasser les 21.000 personnes « empêchées de partir ou secourues » en mer, a annoncé la Garde nationale tunisienne dimanche. Au total, la Garde nationale qui chapeaute aussi les gardes-côtes a « intercepté ou secouru » 21.545 personnes sur les quatre premiers mois de cette année, contre 17.576 sur la même période de 2023, pour un nombre d’opérations équivalent (751 contre 756), selon un communiqué officiel.
    En revanche, elle a récupéré seulement 291 corps de personnes victimes de naufrage, en majorité des « étrangers » (catégorie désignant essentiellement des ressortissants d’Afrique subsaharienne), depuis le début de l’année, contre 572 sur la même période de 2023 en triplant presque son nombre d’opérations (1.967 contre 686). La Garde nationale a également « empêché » 21.462 personnes d’entrer sur le territoire tunisien, par ses frontières avec l’Algérie à l’ouest et la Libye à l’est, soit quatre fois plus que les 5.256 répertoriés l’année précédente. La région de Sfax, deuxième ville du pays située au centre-est de la Tunisie, est restée l’épicentre des départs clandestins avec 19.457 migrants « empêchés » de traverser contre 15.468 l’année précédente, selon la Garde nationale.
    La Tunisie est, avec la Libye, l’un des principaux points de départ des migrants vers l’île italienne de Lampedusa, située à moins de 150 km des plages de la région de Sfax. L’an passé, des dizaines de milliers de ressortissants subsahariens, fuyant la pauvreté et des conflits notamment au Soudan, ainsi que des milliers de Tunisiens, poussés par la crise économique et des tensions politiques, ont tenté la périlleuse traversée de la Méditerranée. Sous l’impulsion de l’Italie, l’Union européenne a conclu l’été dernier avec Tunis un accord, très critiqué en Europe, prévoyant des aides financières —au total 255 millions d’euros— en contrepartie d’efforts accrus pour réduire ces départs.L’approche de l’Etat tunisien « n’est pas une approche de sauvetage mais d’interception » tout comme les moyens et les formations octroyées aux forces de sécurité tunisiennes, a dénoncé récemment auprès de l’AFP Romdhane Ben Amor, porte-parole de l’ONG FTDES. Selon un récent rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), sur la dernière décennie, plus de 27.000 migrants ont péri en Méditerranée, dont plus de 3.000 l’an passé.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#traversee#migrationirreguliere#OIM#sante#sfax#pauvrete#conflit#soudan#algerie#libye

  • « Non au démantèlement à bas bruit de l’aide médicale de l’Etat »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/11/non-au-demantelement-a-bas-bruit-de-l-aide-medicale-de-l-etat_6232625_3232.h

    « Non au démantèlement à bas bruit de l’aide médicale de l’Etat »
    Tribune
    Collectif
    Jusqu’ici, grâce à la mobilisation de la société civile et des soignants, l’aide médicale de l’Etat (AME) a échappé à sa transformation en aide médicale d’urgence (AMU), qui revenait de fait à la suppression du dispositif. Mais fin janvier, Gabriel Attal a annoncé lors de son discours de politique générale une réforme du dispositif avant l’été, par voie réglementaire.
    Nous y sommes. Dans les semaines à venir, les arbitrages ministériels devraient être rendus et le décret publié. Derrière les éléments de langage feutrés du gouvernement, employés notamment par le ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, concernant un simple « ajustement du fonctionnement de l’AME » (France Info le 8 avril), se cachent d’inquiétantes pistes de restrictions.
    Nos organisations lancent l’alerte contre tout ce qui pourrait s’apparenter à un démantèlement à bas bruit du dispositif. Au vu des conséquences sur l’accès aux soins des plus vulnérables et la santé publique, nous appelons à l’abandon du projet.L’AME permet l’accès à la prévention et aux soins pour les personnes étrangères en situation administrative irrégulière, une population particulièrement fragile sur le plan sanitaire et social. Les pistes de restrictions envisagées à ce stade par le gouvernement compromettraient considérablement l’accès et la portée de ce dispositif.
    Le conditionnement de l’accès au dispositif aux ressources du conjoint, à rebours de la réforme de l’allocation adulte handicapé (AAH) entrée en vigueur en octobre 2023, modifierait drastiquement le calcul des ressources. Aujourd’hui, les conditions pour bénéficier de l’AME sont déjà restrictives : le dispositif n’est pas accessible aux personnes en situation irrégulière qui ont des ressources supérieures à 847 euros par mois, parmi lesquelles de nombreux travailleurs qui cotisent et se voient pourtant privés de couverture maladie.
    Le nouveau calcul des ressources entraînerait une sortie sèche de toute couverture santé d’une personne sans-papiers en couple avec un conjoint français ou étranger en situation régulière, dont le cumul des ressources mensuelles dépasserait le seuil de 1 271 euros. Cela conduirait en outre à accroître les situations d’emprise et de dépendance conjugale subies par des femmes étrangères en situation irrégulière, ce qui pourrait les amener à être davantage exposées à des violences conjugales, intrafamiliales, sexistes et sexuelles.
    De plus, la limitation des pièces justificatives d’identité aux seuls documents avec photo, et à l’exclusion des attestations associatives, serait aussi un obstacle administratif insurmontable pour de nombreuses personnes. Beaucoup ont dû quitter leur pays sans pièce d’identité, notamment les plus jeunes, ont perdu leurs papiers, se les sont fait voler, ou sont victimes de confiscation de leur document ou de chantage aux papiers. Priver ces personnes d’accès à l’AME dégraderait leur état de santé, et pèserait in fine sur des services d’urgences déjà surchargés et sur les dettes hospitalières.
    Les difficultés que rencontrent les usagers de l’AME pour accéder à leurs droits et aux soins sont déjà largement documentées (« Entraves dans l’accès à la santé : les conséquences de la réforme de 2019 sur l’accès à l’aide médicale de l’Etat », Rapport d’enquête interassociatif, avril 2023 ; Institut des politiques publiques, « Les refus de soins opposés aux bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire et de l’aide médicale de l’Etat », Rapport, n° 43, mai 2023).
    Elles expliquent une grande partie du taux de 50 % de non-recours au dispositif (Institut de recherche et documentation en économie de la santé/Irdes, enquête « Premiers pas », 2019). L’extension du dépôt physique des demandes de renouvellement au guichet des administrations, comme c’est le cas pour les premières demandes depuis 2019, complexifierait encore plus les démarches, tout en alourdissant le travail du service public de l’Assurance-maladie.#
    L’introduction de nouveaux actes et de nouvelles prestations soumis à entente préalable pour l’accès à certains soins (demande de prise en charge remplie par le médecin, qui doit être validée par l’Assurance-maladie avant l’exécution de l’acte ou du traitement) conduirait à des retards voire à des renoncements aux soins des usagers. Elle augmenterait la charge de travail administratif des médecins comme des agents de l’Assurance-maladie.
    Quant à la réinstauration d’une franchise ou d’un droit de timbre pour avoir accès à l’AME, elle risquerait d’augmenter le non-recours tout en contribuant à la hausse des dépenses publiques. L’expérimentation de cette mesure entre 2011 et 2012 a rapidement été abandonnée face à l’ampleur des conséquences négatives (l’instauration d’un droit de timbre de 30 euros entre 2011 et 2012 a ainsi entraîné la baisse des effectifs des bénéficiaires de l’AME sur la période, ainsi qu’une hausse de 10 % de la dépense moyenne par bénéficiaire due à la dégradation de leur santé).
    L’intérêt de l’AME n’est plus à démontrer. Toutes les données d’études scientifiques et les évaluations institutionnelles successives (rapports de l’inspection générale des affaires sociales et de l’inspection générale des finances de 2010, 2019 et 2023) convergent vers les mêmes constats : le dispositif est nécessaire pour la protection de la santé individuelle et publique, son budget est maîtrisé – il représente moins de 0,5 % du budget de l’Assurance-maladie, une proportion stable depuis des années –, et il est indispensable au bon fonctionnement de notre système de soins.
    Le dernier rapport sur ce sujet a été publié en décembre 2023. Réalisé par Claude Evin, ex-ministre de la santé, et Patrick Stefanini, conseiller d’Etat, il confirme l’ensemble de ces résultats : il réfute aussi bien le fantasme de « la fraude » que celui de « l’appel d’air », des contre-vérités largement assénées par les détracteurs du dispositif. Les usagers de l’AME que nos organisations rencontrent au quotidien sur le terrain sont les travailleuses et travailleurs essentiels qui construisent et entretiennent nos villes, cuisinent et livrent nos repas, prennent soin de nos aînés et de nos enfants. Maillons essentiels de notre société, leur santé est aussi la nôtre.
    C’est pourquoi l’ensemble de nos organisations appelle le gouvernement à l’abandon de ce projet de réforme. La seule mesure acceptable est l’instauration d’une carte Vitale pour les usagers de l’AME, unique solution consensuelle et réaliste pour favoriser l’accès aux soins des plus précaires, alléger le travail administratif des soignants et de l’Assurance-maladie et renforcer notre santé publique.

    #Covid-19#migration#migrant#france#AME#sante#politiquemigratoire#etranger#santepublique#sanspaier#migrationirreguliere

  • Guinée : 26 migrants morts dans un récent naufrage, « hémorragie » migratoire selon le Premier ministre
    https://www.dakaractu.com/Guinee-26-migrants-morts-dans-un-recent-naufrage-hemorragie-migratoire-se

    Guinée : 26 migrants morts dans un récent naufrage, « hémorragie » migratoire selon le Premier ministre
    Vingt-six migrants partis de Guinée ont péri au large du Sénégal dans le naufrage de leur embarcation il y a quelques jours, a rapporté vendredi le Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah, qui a parlé d’"hémorragie" migratoire. « Nous avons enregistré près de 26 morts officiellement pour le moment », a-t-il dit à la presse. Il a évoqué les milliers de jeunes Guinéens qui attendent dans différents pays d’être rapatriés après avoir tenté de partir. « C’est une hémorragie pour notre pays », a-t-il dit.

    #Covid-19#migrant#migration#guinee#senegal#atlantique#routemigratoire#mortalite#sante#jeunesse#migrationirreguliere

  • Près de 300 migrants secourus en moins de 24 heures au large des Canaries - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56989/pres-de-300-migrants-secourus-en-moins-de-24-heures-au-large-des-canar

    Près de 300 migrants secourus en moins de 24 heures au large des Canaries
    Par La rédaction Publié le : 10/05/2024
    Deux cent soixante-neuf migrants ont été secourus en moins de 24 heures jeudi, au lendemain d’une journée déjà active sur cette route migratoire. Depuis le début de l’année, près de 16 000 exilés sont arrivés dans l’archipel.Il était aux alentours de midi jeudi 9 mai lorsque les premières opérations de sauvetage ont débuté. Après avoir reçu une alerte, les garde-côtes espagnols se sont rendus sur place, à 23 km à l’est de l’île de Fuerteventura, et ont secouru 57 personnes (55 hommes et 2 femmes) en difficulté à bord d’une embarcation. Selon leurs témoignages, ils avaient quitté les côtes marocaines la veille. Ensuite, à environ cinq kilomètres de là, le navire espagnol a aperçu un autre canot dans lequel se trouvaient 53 hommes, une femme et un enfant.Les 112 immigrés ont donc tous été pris en charge à bord du Salvamar Izar avant d’être débarqués vers 14h45 au port de Gran Tarajal. Six heures plus tard, le navire espagnol a repris la route pour venir en aide à 56 personnes qui naviguaient dans un bateau à environ 5km au sud-est de Puerto del Rosario, capitale de Fuerteventura. Cinquante-deux hommes et deux femmes originaires du Maghreb ainsi que deux Subsahariens ont été pris en charge lors de cette opération.
    Ensuite, accompagné d’un hélicoptère des autorités espagnoles, le navire a effectué un énième sauvetage au large des Canaries. Suite cette opération, 46 autres personnes, maghrébines et subsahariennes, dont 4 femmes, ont été accompagnées jusqu’à Gran Tarajal.
    Pendant ce temps, un patrouilleur de la Garde civile assistait un autre canot pneumatique avec 55 occupants au nord de Fuerteventura, rapporte l’agence espagnole EFE. Au total, ce sont donc 269 migrants qui ont été secourus au large des Canaries en une journée. Ces sauvetages interviennent au lendemain d’une journée déjà active sur la route des Canaries. Cinquante-deux exilés ont été secourus au large de Tenerife, aux Canaries, et 186 personnes ont été interpellées par la Marine sénégalaise mercredi.
    Conséquences d’un renforcement accru des frontières et de dispositifs toujours plus poussés sur les autres routes migratoires, l’itinéraire via les îles Canaries est de plus en plus emprunté par les exilés désirant rejoindre l’Europe. L’an dernier, 40 000 personnes ont débarqué sur l’archipel depuis les côtes africaines, un chiffre jamais atteint même en 2006, lors de la crise des « cayucos » – terme qui désigne les pirogues utilisées par les migrants pour traverser l’Atlantique. Cette année, les chiffres continuent de progresser : près de 16 000 exilés sont arrivés aux Canaries depuis janvier, soit une augmentation de près de 370% par rapport à la même période en 2023. Les décès aussi se multiplient. L’ONG Caminando Fronteras a déjà dénombré plus de 1 500 morts pour les quatre premiers mois de l’année 2024 sur cette route migratoire. Sur l’ensemble de 2023, l’association en avait compté plus de 6 000.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canarie#senegal#routemigratoire#atlantique#migrationirreguliere#sante

  • En Tunisie, la répression s’accentue sur les migrants subsahariens et les associations qui les soutiennent
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/08/en-tunisie-la-repression-s-accentue-sur-les-migrants-subsahariens-et-les-ass

    En Tunisie, la répression s’accentue sur les migrants subsahariens et les associations qui les soutiennent
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance)
    Il était 2 heures du matin, vendredi 3 mai, lorsque les agents des forces de l’ordre se sont présentés devant le campement de migrants, installé en face du siège de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dans le quartier des berges du Lac à Tunis. « On était tous couchés, on dormait. D’un coup, il a fallu fuir », se souvient Simon, un exilé camerounais de 21 ans qui préfère utiliser un nom d’emprunt. Lui a réussi à échapper à la police. « Mais ceux qui n’y sont pas parvenus ont été arrêtés. Nous sommes toujours sans nouvelle de certains d’entre eux », dit-il, toujours à la rue. Ils étaient des centaines, originaires principalement de pays d’Afrique de l’Ouest, à dormir dehors dans l’attente d’une assistance de l’OIM pour un retour volontaire dans leur pays. (...)
    Plus loin, au bout de la rue, plusieurs centaines d’exilés – des hommes, des femmes et même des enfants majoritairement originaires du Soudan et de pays d’Afrique de l’Est en proie à la guerre – étaient installées dans les allées d’un jardin public en attendant d’obtenir une protection internationale.
    D’autres avaient planté leurs tentes à quelques centaines de mètres de là, devant le siège du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Des dizaines de personnes exilées, installées dans la Maison des jeunes depuis à la fermeture du camp de Choucha en 2017, ont également été délogées, dans la banlieue de La Marsa.
    Au total, près de 80 mandats de dépôt ont été émis à l’encontre des personnes arrêtées au cours du week-end et au moins plusieurs centaines d’entre elles ont été expulsées vers les frontières du pays, selon plusieurs ONG. Cette évacuation coordonnée et de large ampleur fait suite à d’autres opérations similaires dans la région de Sfax la semaine passée.
    Lundi 6 mai, au cours d’un conseil de sécurité, le président Kaïs Saïed a reconnu pour la première fois des expulsions collectives de la part des autorités tunisiennes, précisant que « 400 personnes » ont été renvoyées vers « la frontière orientale », en « coordination continue » avec les pays voisins. « Nous assistons à une répression tous azimuts des populations noires migrantes qui continuent de subir des abus systématiques de leurs droits », dénonce Salsabil Chellali, directrice du bureau de Human Rights Watch à Tunis. Elle souligne que, de manière générale, les arrestations et les expulsions menées par les autorités se font « sans aucune évaluation au cas par cas du statut » des exilés, « en dehors de tout Etat de droit et cadre légal », simplement car « ces personnes sont identifiées comme noires et comme venant de pays africains ».
    « Hordes de migrants clandestins »
    Depuis le discours du président Kaïs Saïed, en février 2023, au cours duquel il avait désigné les « hordes de migrants clandestins » comme complice d’un complot visant à modifier l’identité arabo-islamique du pays, les autorités tunisiennes ont opéré un virage sécuritaire dans la gestion des migrants africains subsahariens.
    La répression à leur encontre s’est élargie ces derniers jours aux organisations de la société civile. Saadia Mosbah, présidente de Mnemty, une association de lutte contre les discriminations raciales, a été arrêtée lundi 6 mai sur la base de la loi relative à la lutte contre le terrorisme et à la répression du blanchiment d’argent et placée en garde à vue.Activiste tunisienne noire et figure de la lutte antiraciste en Tunisie, Mme Mosbah s’était montrée très critique envers les politiques anti-migrants du président Kaïs Saïed depuis plus d’un an. Un autre membre de l’association a été entendu dans le cadre de l’enquête, mais a été laissé en liberté. Leurs bureaux ont été perquisitionnés.
    L’organisation Terre d’asile Tunisie (TAT), section tunisienne de France terre d’asile, a elle aussi reçu la visite des fonctionnaires de police dans ses bureaux de Tunis et de Sfax. Son ancienne directrice, Sherifa Riahi, a été entendue puis placée en garde à vue sur la base de la même loi utilisée contre Mme Mosbah, confie au Monde une source sous couvert d’anonymat. Quatre personnes ont été entendues, « sans que cela donne lieu à une arrestation ».
    Le président et le vice-président du Conseil tunisien des réfugiés (CTR) ont eux aussi été arrêtés, placés sous mandat de dépôt à l’issue de leur garde à vue. Ils sont accusés d’« associations de malfaiteurs dans le but d’aider des personnes à accéder au territoire tunisien », selon une déclaration du parquet, alors que le CTR assiste le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés dans l’enregistrement des demandeurs d’asile, avec l’aval des autorités en l’absence de loi encadrant le droit d’asile en Tunisie.
    Le président du Conseil tunisien des réfugiés (CTR) et l’un de ses collègues ont eux aussi été arrêtés. Selon la radio privée Mosaïque FM, ils sont accusés d’aide à l’hébergement de migrants en situation irrégulière, alors même que cette organisation assiste le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés dans l’enregistrement des demandeurs d’asile, avec l’aval des autorités en l’absence de loi encadrant le droit d’asile en Tunisie.
    (...)Dans son discours lundi soir, M. Saïed a fustigé des associations qui « reçoivent d’énormes sommes d’argent de l’étranger ». « Il n’y a pas de place pour des associations qui pourraient remplacer l’Etat », a-t-il affirmé, qualifiant par ailleurs les dirigeants de ces associations de « traîtres » et d’« agents ». M. Saïed a aussi répété « aux chefs d’Etat » et « au monde entier », comme il l’a fait de nombreuses fois, que « la Tunisie n’est pas une terre pour installer ces gens et qu’elle veille à ce qu’elle ne soit pas également un point de passage pour eux vers les pays du nord de la Méditerranée ».
    Tout en refusant d’accueillir les migrants, les autorités tunisiennes continuent pourtant de les empêcher de rejoindre l’Europe moyennant un soutien financier et logistique de l’Union européenne. Entre le 1er janvier et le 15 avril, 21 270 migrants ont ainsi été interceptés en mer par la Garde nationale, contre 13 903 sur la même période en 2023, selon les chiffres communiqués par son porte-parole, Houssem Jebabli, à l’agence de presse Nova.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#tunisie#association#ong#migrationirreguliere#afriquesubsaharienne#discrimination#droit#repression#sante

  • Manche : 22 personnes secourues en mer, d’autres ont continué la traversée - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56924/manche--22-personnes-secourues-en-mer-dautres-ont-continue-la-traverse

    Manche : 22 personnes secourues en mer, d’autres ont continué la traversée
    Par La rédaction Publié le : 08/05/2024
    Lundi soir, les autorités maritimes françaises ont porté assistance à une embarcation de migrants traversant la Manche. Au total, 22 personnes ont été secourues. Les autres exilés présents sur l’embarcation ont souhaité poursuivre la traversée jusqu’en Angleterre.C’est après avoir été prévenue qu’une embarcation était en difficulté en mer que la préfecture a mobilisé l’un de ses navires, lundi 6 mai, dans la soirée. Une fois arrivé sur place, le Ridens a porté secours à 22 personnes au large de Gravelines, au nord de Calais.
    Mais, lors de l’opération, « plusieurs personnes encore présentes à bord de l’embarcation » ont refusé l’assistance des autorités françaises, selon la préfecture qui n’a pas précisé le nombre de personnes qui sont restées sur le bateau."Lors de certaines opérations de sauvetage, il arrive qu’une partie des migrants refusent d’être secourus par les moyens français. Dans cette configuration, compte tenu des risques encourus par les migrants en cas d’actions contraignantes pour les obliger à embarquer sur les moyens de sauvetage de l’État (chute à la mer, choc thermique, trauma divers), le choix est fait de les laisser poursuivre leur route", précise la préfecture dans un communiqué.
    Selon les données publiées par le ministère de l’Intérieur du Royaume-Uni, 98 personnes ont accosté sur les côtes anglaises le 6 mai. Parallèlement, en une semaine, près de 1 000 migrants ont été empêchés dans leur traversée.
    Cette opération intervient alors que les drames se multiplient depuis le début de l’année dans la région. Depuis janvier 2024, 16 migrants ont péri dans leur tentative de traversée de la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni. Un chiffre en forte augmentation par rapport à l’année 2023 durant laquelle 12 décès avaient été comptabilisés.
    La plupart des exilés sont décédés en pleine mer lors de leur traversée, mais d’autres ont trouvé la mort dans les canaux qui se jettent dans la Manche. Les décès dans ces cours d’eau ont été nombreux ces derniers mois. Le 19 mars, le corps d’un Syrien de 27 ans, disparu depuis plusieurs jours, a été découvert dans le canal de l’Aa.Le 3 mars, c’est une fillette de sept ans qui est morte noyée dans ce même cours d’eau après le chavirage d’une petite embarcation chargée de migrants. Cette méthode d’embarquement depuis les canaux affluents de la Manche est de plus en plus utilisée par les exilés pour éviter les contrôles qui ont été renforcés le long du littoral.Le nombre de traversées augmente également. Selon le Home Office britannique, plus de 8 942 personnes ont traversé la Manche depuis le début de l’année 2024. Sur la même période l’année dernière, le nombre était de 6 691 exilés.La journée du 1er mai 2024 constitue un record : plus de 700 personnes ont atteint les côtes anglaises ce jour-là.

    #Covid-19#migration#migrant#france#royaumeuni#manche#traversee#PREMAR#traversee#sante#migrationirreguliere

  • James Cleverly, ministre de l’intérieur du Royaume-Uni : « La loi migratoire avec le Rwanda constitue un changement colossal dans notre politique migratoire »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/06/james-cleverly-ministre-de-l-interieur-du-royaume-uni-la-loi-migratoire-avec

    James Cleverly, ministre de l’intérieur du Royaume-Uni : « La loi migratoire avec le Rwanda constitue un changement colossal dans notre politique migratoire »
    TribuneJames Cleverly, Ministre britannique de l’intérieur
    Comme les Français le savent parfaitement, l’immigration est, par définition, une problématique internationale. Nos deux pays ont éprouvé la même tristesse, il y a deux semaines, en apprenant qu’une nouvelle fois des personnes innocentes avaient perdu la vie, dans la nuit de lundi 22 à mardi 23 avril, par la faute de bandes criminelles qui tentent de leur faire traverser la Manche sans égard pour leur sécurité.
    Ces tragédies se déroulent à une telle échelle qu’elles constituent un défi pour le monde entier, et le monde entier doit collaborer pour y faire face. J’ai prononcé, en début d’année, un discours sur le sujet aux Etats-Unis et rencontré les représentants de nombreux pays. Figuraient parmi eux des voisins européens comme la France, qui sont confrontés à des pressions similaires à celles auxquelles fait face le Royaume-Uni, ainsi que des pays qui connaissent une émigration massive, ce qui entraîne d’autres types de difficultés. J’ai également invité des institutions telles que les Nations unies, l’Organisation internationale pour les migrations et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
    Nous devons renforcer notre collaboration pour détruire les réseaux de trafic d’êtres humains, lutter contre les causes du déplacement forcé, aider les gens à s’épanouir dans leur pays d’origine, favoriser le développement international et le commerce, aider les pays disposés à accueillir plus de réfugiés et examiner la façon dont nous devons mettre à jour l’architecture internationale concernant ces
    Je suis convaincu que toute approche des flux migratoires mondiaux qui ne se fonde pas sur la coopération internationale est vouée à l’échec, car j’ai pu constater qu’une telle coopération fonctionne. L’accord que la Royaume-Uni a conclu avec l’Albanie a fait baisser de manière radicale le nombre d’Albanais arrivant illégalement dans notre pays. J’ai récemment signé un accord avec Frontex, l’Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes, destiné à favoriser l’échange d’informations et de renseignements afin de démanteler les réseaux de passeurs. Et cela fait des années que nous travaillons de manière toujours plus étroite avec la France sur ces questions et que nous signons constamment de nouveaux et meilleurs traités. L’immigration illégale affecte considérablement nos deux pays, du fait notamment que beaucoup de ceux qui cherchent à entrer illégalement au Royaume-Uni le font en passant par la France, ce qui exerce une pression énorme sur votre pays et vos communautés.
    En avril, nous avons adopté la « loi sur la sûreté du Rwanda », et les opérations de détention rapide des personnes en vue de leur renvoi vers le Rwanda ont été lancées avec succès. Cette politique importante constitue un changement colossal dans la politique migratoire du Royaume-Uni. Cela montre clairement que, si vous êtes au Royaume-Uni clandestinement, vous ne serez pas autorisé à rester, mais cela signifie également que ceux qui sont arrivés illégalement sur le territoire auront désormais un autre endroit où ils pourront vivre et prospérer.
    Ensuite, dans le cadre de notre travail de partenariat avec l’Europe, nous avons d’ores et déjà accompli un excellent travail avec vous, nos amis français, pour démanteler les réseaux et sauver des vies en mer.Les investissements dans les technologies de pointe et la coopération étroite entre polices française et britannique ne portent pas seulement leurs fruits : ils sauvent des vies. Nous avons intensifié nos actions contre le travail illégal et arrêté des passeurs sans scrupule. Cibler ensemble les filières d’acquisition de bateaux et de pièces détachées représente une autre pièce essentielle du puzzle.
    Il s’agit toutefois d’un problème difficile que nous n’avons pas encore résolu. Il est utile de se souvenir de la raison pour laquelle il est aussi important. En réalité, l’argumentation morale contre l’immigration illégale est irréfutable. Nul ne devrait arriver illégalement dans un pays en passant devant des candidats à l’immigration qui respectent les règles. L’immigration illégale est injuste vis-à-vis de la population hôte, car elle exerce une forte pression sur les services publics et les communautés locales. Elle affaiblit notre capacité à aider ceux qui sont véritablement dans le besoin. Et, à terme, elle risque de saper le soutien de la population à l’immigration légale.
    Mais il y a un autre problème que nous devons bien garder à l’esprit. La migration illégale est une entreprise qui peut être mortelle. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes en se lançant dans ces dangereux périples. Cela n’a rien d’étonnant, quand on sait qu’ils sont facilités par des bandes criminelles qui traitent les êtres humains comme des marchandises et utilisent les profits de leur méprisable commerce pour financer d’autres activités criminelles. Ils n’ont rien de travailleurs humanitaires.
    Je sais que nos partenaires français travaillent d’arrache-pied sur ce problème et qu’ils sont soumis à une série de pressions – lesquelles sont loin de se limiter aux plages ou à la région Nord. Je suis fier du fait que nous collaborons si étroitement sur un ensemble de questions de police, parmi lesquelles le déploiement de policiers britanniques durant les Jeux olympiques et paralympiques.
    Je veux que vous sachiez combien le gouvernement britannique apprécie votre travail visant à faire cesser les traversées mortelles de la Manche, comme celle à laquelle nous avons une fois de plus assisté il y a deux semaines. Nous vous en remercions. Continuons à travailler ensemble, car c’est, n’en doutons pas, dans l’intérêt de nos deux pays.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#loimigratoire#asile#traversee#manche#france#trafic#immigration#migrationirreguliere#sante

  • Belgique : des agents de Frontex bientôt déployés dans les aéroports et à la gare de Bruxelles - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56836/belgique--des-agents-de-frontex-bientot-deployes-dans-les-aeroports-et

    Belgique : des agents de Frontex bientôt déployés dans les aéroports et à la gare de Bruxelles
    Par Maïa Courtois Publié le : 03/05/2024
    Les parlementaires belges viennent de donner leur feu vert au déploiement de l’agence européenne de garde-frontières sur leur sol, après le vote de la loi « Frontex » dans la nuit de jeudi à vendredi. De nombreuses ONG s’inquiètent du flou régnant sur les compétences attribuées aux agents et du risque de violations des droits humains qui en découle. La Chambre des représentants de la Belgique a adopté, dans la nuit du jeudi 2 mai au vendredi 3 mai, la « loi Frontex » qui autorise le déploiement des garde-frontières européens sur son territoire. Cette loi donne le feu vert aux agents de Frontex pour réaliser des contrôles au niveau des aéroports, des ports, de la gare de Bruxelles-Midi et au niveau du terminal Eurostar. Cette dernière zone se situe aux frontières extérieures de l’espace Schengen, puisque l’Eurostar rejoint (entre autres) le Royaume-Uni, qui n’en fait pas partie.
    Portée par la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden, cette loi va aussi permettre aux agents de Frontex d’escorter des éloignements forcés. À savoir, participer au transfert des exilés depuis les centres fermés belges - au sein desquels les conditions de rétention sont régulièrement épinglées - jusqu’au décollage des avions réservés pour les expulsions. De nombreuses ONG s’inquiètent du manque de précisions concernant le pouvoir d’action des agents de Frontex. « Les compétences attribuées au personnel de Frontex sur le territoire et aux frontières de la Belgique sont très floues. Elles n’excluent pas la possibilité pour un agent de Frontex de procéder à des arrestations lors de contrôles dans la rue, dans les transports publics, à la sortie d’un centre d’accueil, par exemple », écrivent 13 organisations, parmi les plus importantes en Belgique en matière de défense des droits des étrangers : Amnesty International Belgique, le Ciré, la Ligue des droits Humains...
    De plus, les agents seront armés, y compris d’armes à feu, dans le cadre de la législation belge. Les ONG s’interrogent : qui sera responsable, dans le cas où des agents de Frontex commettraient des dommages aux personnes ou des violations des droits humains ? « C’est d’autant plus problématique qu’il n’existe pas de véritable mécanisme de plainte concernant les agissements de Frontex. Le risque d’impunité en cas de violations des droits fondamentaux est donc élevé », estiment-elles dans leur communiqué paru le 2 mai.
    Les signataires rappellent le passif de l’agence, régulièrement sous le coup d’enquêtes journalistiques et de critiques d’ONG pour ses pratiques aux frontières. Entre autres, l’agence « a été reconnue responsable de pushbacks, refoulements illégaux d’embarcations de migrants, en mer Égée, en Méditerranée et en Europe de l’Est. Elle collabore avec les garde-côtes libyens, coupables de tortures, de viols, de travail forcé… en leur facilitant l’interception de barques de migrants », citent les associations, avant de conclure : « Les parlementaires ne peuvent ignorer ces faits documentés, qui sont de notoriété publique ».
    Cécile Vanderstappen, chargée de recherche au groupement d’ONG CNCD-11.11.11, interrogée par Le Soir, voit pour sa part dans l’adoption de cette loi une posture politique : « L’intention du déploiement de ce corps permanent, c’est vraiment de criminaliser les personnes, de les faire passer comme un danger, de les faire passer comme un objet d’insécurité et donc de faire croire à l’opinion publique qu’en renforçant l’agence Frontex, on va régler le problème d’insécurité, or ce n’est pas du tout le cas ». Cent agents de Frontex au maximum seront déployés sur le territoire belge, prévoit la loi. Un arrêté royal viendra, tous les deux ans, évaluer et préciser les modalités de ce déploiement, qui peuvent donc être amenées à évoluer dans les années à venir. Le texte a été adopté à la suite d’un avis rendu par le Conseil d’État belge, qui demandait plusieurs garde-fous, en particulier la co-présence d’agents belges lors des interventions de Frontex. La ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden a mis en avant ces quelques garanties dans le projet de loi, afin d’emporter l’adhésion de la majorité des parlementaires - y compris ceux de la gauche francophone.
    L’intervention de Frontex ne pourra donc avoir lieu, en théorie, qu’en présence et sous l’autorité de policiers belges. Mais voilà : « le projet de loi laisse place à l’interprétation », soulève la Coalition Move, formée par plusieurs associations. Un agent de Frontex pourra en effet prendre des « mesures d’urgence », « en attendant » l’arrivée d’un agent belge. Par conséquent, « une privation de liberté pourrait intervenir sans surveillance », s’inquiète Move, qui a publié une analyse détaillée du projet de loi fin avril. Pour rappel, l’agence Frontex, malgré les accusations de violations des droits dont elle fait régulièrement l’objet, est en pleine expansion. À l’horizon 2027, elle sera dotée d’un corps permanent de 10 000 agents, fournis et formés par les différents pays membres de l’Union Européenne, et mobilisables à leurs frontières. L’agence justifie en partie ce renforcement par l’augmentation des entrées irrégulières sur le territoire européen. Elle en décomptait 380 000 en 2023, soit une hausse de 17 % par rapport à 2022. Des statistiques à analyser avec prudence cependant, puisque Frontex enregistre toutes les entrées : une même personne peut donc être comptabilisée plusieurs fois si elle multiplie les tentatives.

    #Covid-19#migrant#migration#belgique#frontex#droit#frontiere#territoire#sante#migrationirreguliere

  • Le Royaume-Uni expulse un premier demandeur d’asile vers le Rwanda, sur la base du volontariat - InfoMigrants
    https://www.france24.com/fr/europe/20240430-le-royaume-uni-expulse-un-premier-demandeur-d-asile-vers-le-rwand

    Le Royaume-Uni expulse un premier demandeur d’asile vers le Rwanda, sur la base du volontariat
    Par FRANCE 24 Publié le : 01/05/2024
    Le Royaume-Uni a expulsé lundi un premier demandeur d’asile vers le Rwanda, ont rapporté mardi plusieurs médias britanniques. L’homme a accepté d’aller à Kigali contre une somme de 3 500 euros. L’annonce intervient deux jours avant des élections locales en Angleterre et au pays de Galles, dans lesquelles les conservateurs risquent de subir de lourdes pertes.
    Londres a expulsé lundi un premier demandeur d’asile vers le Rwanda, ont rapporté mardi 30 avril des médias britanniques, une semaine après l’adoption d’une loi très controversée permettant d’envoyer dans ce pays d’Afrique de l’Est des migrants arrivés illégalement dans le pays. Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak a érigé en priorité la lutte contre l’immigration illégale, espérant ainsi regagner des points dans les sondages face aux travaillistes.L’annonce de cette première expulsion vers le Rwanda intervient deux jours avant des élections locales en Angleterre et au pays de Galles, dans lesquelles les conservateurs risquent de subir de lourdes pertes.
    Elle survient par ailleurs une semaine après l’adoption d’une loi très controversée permettant d’expulser au Rwanda des migrants arrivés au Royaume-Uni illégalement. Leur demande d’asile sera examinée dans ce pays d’Afrique de l’Est et ils ne pourront pas revenir au Royaume-Uni, quelle que soit l’issue de leur démarche. Le gouvernement compte commencer les expulsions dans ce cadre d’ici juillet. Mais le demandeur d’asile expulsé lundi vers le Rwanda l’a été dans le cadre d’un programme distinct, sur la base du volontariat, selon des médias britanniques.Cet homme a accepté d’être expulsé vers le Rwanda après le rejet de sa demande d’asile à la fin de l’année dernière. Il est, selon le tabloïd The Sun, originaire du continent africain. Il a voyagé sur un vol commercial jusqu’à Kigali.En échange de son expulsion, il doit recevoir un paiement pouvant aller jusqu’à 3 000 livres sterling (3 512 euros), ont indiqué des sources gouvernementales, selon le Times. Contacté par l’AFP, le ministère de l’Intérieur n’a pas confirmé ces informations. « Nous sommes désormais en mesure d’envoyer des demandeurs d’asile au Rwanda dans le cadre de notre partenariat pour la migration et le développement économique », a cependant indiqué un porte-parole du gouvernement. « Cet accord permet aux personnes sans statut d’immigration au Royaume-Uni d’être transférées dans un pays tiers sûr où elles seront aidées à reconstruire leur vie. » Les conservateurs au pouvoir comptent sur ces expulsions de migrants vers le Rwanda pour remonter dans les sondages. Ceux-ci annoncent une défaite cuisante des « Tories » face aux travaillistes lors des élections législatives prévues d’ici la fin de l’année. Ce projet d’expulsion de migrants vers le Rwanda a été annoncé il y a deux ans par Boris Johnson, alors Premier ministre, mais a été bloqué par la Cour européenne des droits de l’Homme, puis des recours judiciaires et une bataille longue de plusieurs mois au Parlement. Après l’adoption de la loi la semaine dernière, l’ONU a demandé à Londres de « reconsidérer son plan ». Mais le gouvernement britannique a indiqué mardi espérer expulser vers le Rwanda « d’ici la fin de l’année » un groupe déjà identifié de 5 700 demandeurs d’asile, après l’adoption de sa loi controversée censée décourager les traversées illégales de la Manche. Ces derniers ont été sélectionnés parmi plus de 57 000 personnes arrivées illégalement au Royaume-Uni par la Manche entre début janvier 2022 et fin juin 2023, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels. Après un pic record d’arrivées illégales en 2022 (45 000), puis une baisse en 2023 (près de 30 000), plus de 7 200 personnes ont traversé clandestinement la Manche à bord de canots de fortune depuis le début de l’année, un record historique pour les quatre premiers mois de l’année.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#expulsion#migrationirreguliere#sante

  • Le Royaume-Uni souhaite expulser 5 700 migrants vers le Rwanda cette année - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56779/le-royaumeuni-souhaite-expulser-5-700-migrants-vers-le-rwanda-cette-an

    Le Royaume-Uni souhaite expulser 5 700 migrants vers le Rwanda cette année
    Par La rédaction Publié le : 30/04/2024
    Le gouvernement britannique espère expulser vers le Rwanda 5 700 demandeurs d’asile « d’ici la fin de l’année », a-t-il indiqué mardi. Parmi eux, 2 143 exilés sont identifiés et devraient bientôt être placés en détention. Les autorités tentent de localiser les autres personnes visées par la première phase d’expulsion.
    Londres brandit un premier chiffre pour son projet d’expulsion vers le Rwanda, adopté la semaine dernière par le Parlement britannique. Le Royaume-Uni souhaite transférer 5 700 demandeurs d’asile dans ce pays d’Afrique de l’Est dans les prochains mois. « Nous compter expulser [ce groupe] d’ici la fin de l’année », a déclaré la ministre de la Santé, Victoria Atkins, lors d’une interview à Sky News mardi 30 avril.
    Ces personnes ont été sélectionnées parmi plus de 57 000 migrants arrivés de manière irrégulière en Angleterre par la Manche entre début janvier 2022 et fin juin 2023, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles. Selon un document publié lundi par le ministère de l’Intérieur, Kigali « a accepté en principe » d’accueillir 5 700 exilés. Ces derniers verront leur demande d’asile traitée par le Rwanda et ils ne pourront pas venir de manière légale sur le sol britannique. Ce même document indique par ailleurs que sur les 5 700 demandeurs d’asile ciblés, « 2 143 continuent de se signaler au Home Office et peuvent être identifiés afin d’être placés en détention » dans l’attente de leur expulsion. La ministre de la Santé a précisé que le gouvernement travaillait actuellement à localiser les autres. « Nous voulons que le message soit très clair (…) ils seront trouvés et ils seront expulsés », a martelé Victoria Atkins.
    Depuis lundi, le gouvernement mène une importante opération visant à arrêter des demandeurs d’asile dans tout le pays pour remplir les prochains avions en partance vers Kigali, a révélé le quotidien britannique The Guardian. Pendant deux semaines, des exilés pourront être interpellés dans les bureaux des services de l’immigration ou encore lors des rendez-vous de mise en liberté sous caution. Ils seront ensuite orientés vers des centres de détention et enfermés dans ces structures en attendant les premiers vols pour le Rwanda, prévus dès cet été. L’une de ces structures est d’ailleurs sous le feu des critiques au Royaume-Uni. Dans un rapport rendu public lundi, l’inspecteur en chef des prisons, Charlie Taylor, dénonce les conditions « inacceptables » de détention des migrants dans le centre situé à côté de l’aéroport de Luton.
    Ce site, qu’il a inspecté en janvier, « n’était tout simplement pas en mesure de faire face aux demandes qui lui étaient adressées », explique-t-il. « Nous étions particulièrement inquiets de constater que les enfants étaient placés dans des salles d’attente surpeuplées avec des adultes n’ayant aucun lien de parenté avec eux », s’inquiète l’inspecteur. De plus, les migrants sont détenus « beaucoup trop longtemps » dans des installations mal équipées pour de longs séjours, critique-t-il. La plupart des aéroports britanniques ont des centres de détention de courte durée où sont placées les personnes qui viennent d’entrer au Royaume-Uni à bord d’un avion ou qui viennent d’autres structures, avant d’être expulsées. Au total, 17 445 migrants ont été placés dans ces centres entre juiet novembre 2023. Dans son rapport, Charlie Taylor signale que les conditions de détention varient d’un centre à un autre, prenant l’exemple du nouveau site de Manchester dont les installations « offrent un environnement bien conçu et raisonnablement confortable ».
    L’inspecteur note par ailleurs que, alors que les migrants ne devraient demeurer que quelques heures dans ces centres, plus d’un quart y sont restés pendant plus de 12 heures. Près de 600 personnes, dont six enfants, y ont été retenues pendant plus de 24 heures

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#asile#migrationirreguliere#centrededetention#mineur#sante

  • Migrants africains à Mayotte : l’Etat face à la pression des collectifs de citoyens
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/30/migrants-africains-a-mayotte-l-etat-face-a-la-pression-des-collectifs-de-cit

    Migrants africains à Mayotte : l’Etat face à la pression des collectifs de citoyens
    Par Jérôme Talpin (Mamoudzou, Mayotte, envoyé spécial)
    « Ils ont tout jeté. Ils ont même pris l’eau, la nourriture et mes médicaments. C’est le cauchemar. » De retour d’une consultation à la Croix-Rouge, Régine K., 43 ans, réfugiée congolaise arrivée à Mayotte sur un kwassa-kwassa – des embarcations légères – en août 2022, découvre, dans un mélange de stupéfaction et de révolte, qu’il « n’y a plus rien » sur le bout de trottoir qu’elle occupait sur le boulevard situé en face du stade de Cavani, un quartier au sud de Mamoudzou, le chef-lieu du département. Ses valises souffreteuses, les deux nattes sur lesquelles elle dormait par terre, son petit braséro ont été embarqués dans un camion-benne. Même sort pour les quelque 500 migrants africains, principalement originaires de Somalie et de la région des Grands Lacs – République démocratique du Congo (RDC), Rwanda et Burundi notamment.
    Tôt, vendredi 26 avril, la préfecture de Mayotte a lancé avec les forces de l’ordre une opération pour les expulser. Ces demandeurs d’asile ou réfugiés se sont installés là après le démantèlement du camp improvisé dans l’enceinte sportive, le 22 mars. Sans eau, dans des conditions d’hygiène exécrables, entassant leur linge sur des grillages, dormant sur un matelas en mousse pour les plus chanceux. Un bidonville à ciel ouvert écrasé par le soleil.
    « La situation n’était plus tenable pour les habitants du quartier, les commerces et les restaurants, et pas humaine pour ces gens qui vivent à même le sol avec des enfants en bas âge, affirme le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, qui a pris un arrêté d’interdiction d’occupation de la voie publique. Il y a aussi des maladies qui circulent comme le choléra et les problèmes de sécurité ». « Il fallait redonner ce quartier aux habitants de Cavani, a déclaré sur place le préfet François-Xavier Bieuville. Je n’ai pas d’état d’âme. » Fin décembre 2023, la multiplication des petites cabanes bricolées par les migrants, avec du bois de récupération et des bâches bleues, autour du stade avait cristallisé toutes les colères des collectifs de citoyens dénonçant le résultat de l’immigration clandestine incontrôlée. Le point de départ du blocus de l’île de fin janvier à début mars. Leur démantèlement n’aura fait que provisoirement baisser la tension à Mayotte.
    Alors que la ministre déléguée aux outre-mer, Marie Guévenoux, doit revenir dans l’île début mai, certains collectifs n’excluent pas de nouvelles actions. (...)
    En déplacement dans l’île les 20 et 21 avril, Marine Le Pen a fait de l’installation des migrants africains dans la rue le symbole du « chaos » qui « menace Mayotte d’un danger de mort », et de l’incapacité du gouvernement à « faire preuve d’autorité ». Dans les nuits du dimanche et lundi qui ont suivi – sans qu’un lien de cause à effet puisse être établi –, les abris de fortune de plusieurs migrants montés autour du bâtiment de l’association Solidarité Mayotte, qui a accompagné 2 896 demandeurs d’asile en 2023, ont été incendiés.
    Des bureaux de l’association, distante d’un kilomètre du stade, ont également été endommagés par les flammes. Un nouvel épisode de tensions générées par « les jeunes délinquants » habitant le quartier composé aussi de bidonvilles, se plaignent les réfugiés en parlant de caillassages, de vols de téléphone, mais surtout de l’accès au bassin Massimoni, à côté de l’association, où ils vont puiser de l’eau et se laver sous les invectives du type : « Africains, vous n’êtes pas chez vous ! » (...) Pour les migrants africains, l’opération des forces de l’ordre a été vécue comme une autre forme d’agression. Sans solution, beaucoup d’entre eux restent sur les trottoirs. « Je n’ai nulle part où aller », se désole Régine K., mère de six enfants. Tout comme ces jeunes Somaliens, regroupés pour « rester solidaires », qui racontent comment leur pays est en proie à la guerre civile, aux gangs et aux trafics criminels, à l’intégrisme.
    (...° Parlant du manque d’hygiène, les migrants de Cavani « se débrouillent », disent-ils pudiquement, dans une canalisation voisine. « Il y a beaucoup de gens malades, notamment les femmes, ajoute Abdoullahi. Cette vie est bien plus difficile pour elles. » « Le plus compliqué, c’est de ne pas avoir d’intimité, de ne pouvoir dormir totalement la nuit, protégeant le peu de nos affaires personnelles et vivre ainsi, dehors, dans le bruit », décrit, de son côté, une jeune Somalienne, arrivée seule à Mayotte, il y a près de trois mois, parce qu’à Mogadiscio « la violence est partout et a tué [son] père ».
    Avant d’avoir tenté de faire partir de la rue ces migrants, la préfecture a mené, mercredi 24 avril, une « opération de recensement ». « Pour savoir qui ils sont, observe le préfet de Mayotte. Nous allons procéder à des reconduites à la frontière, à des relogements pour les femmes et les enfants. Cela prendra du temps, il faut le reconnaître. » Face à une partie de l’opinion publique mahoraise exigeant des mesures fortes, l’Etat assure que des solutions ont été trouvées pour plus de 1 000 migrants installés dans le stade, dont 550 réfugiés acheminés dans l’Hexagone. De nouveaux départs ne sont toutefois pas envisagés. En raison de la polémique provoquée par l’installation de 300 migrants dans un « château des Yvelines » et le risque, selon M. Bieuville, de « créer les conditions d’un appel d’air ».Prônée par plusieurs associations, la construction d’un camp sécurisé est farouchement rejetée par les élus locaux pour les mêmes motifs.(...) »

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#afrique#migrationirreguliere#crise#politique#vulnerabilite#sante

  • Le HCR se dit « très préoccupé par l’augmentation des morts » dans la Manche - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56668/le-hcr-se-dit-tres-preoccupe-par-laugmentation-des-morts-dans-la-manch

    Actualités Le HCR se dit « très préoccupé par l’augmentation des morts » dans la Manche
    Par RFI Publié le : 25/04/2024
    Paolo Artini, le représentant en France du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, est de retour de Calais, dans le nord du pays, où le HCR a mené une étude pour mieux connaître la situation des réfugiés et migrants sur place. L’agence onusienne estime que la situation des exilés est particulièrement préoccupante, alors qu’un nouveau naufrage a fait cinq morts en début de semaine dans la Manche. Au total depuis le début de l’année, au moins 15 ont perdu la vie en tentant de traverser la Manche, contre 12 sur l’ensemble de 2023.

    #Covid19#migrant#migration#france#royaumeuni#manche#traversee#mortalite#sante#hcr#calais#migrationirreguliere

  • Au large de Djibouti, au moins vingt et un migrants morts et vingt-trois disparus lors d’un naufrage selon l’ONU
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/23/au-large-de-djibouti-au-moins-16-migrants-morts-et-28-disparus-lors-d-un-nau

    Au large de Djibouti, au moins vingt et un migrants morts et vingt-trois disparus lors d’un naufrage selon l’ONU
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 16h06, modifié à 03h46
    Au moins vingt et un migrants, dont des enfants, sont morts, et vingt-trois autres sont portés disparus après le naufrage de leur embarcation au large de Djibouti, dans la Corne de l’Afrique (à l’est du continent), a annoncé, mardi 23 avril, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), lors d’un bilan actualisé en soirée.
    Le bateau était en route vers la côte djiboutienne après avoir quitté le Yémen, lundi vers 19 h 30, a fait savoir la cheffe de mission de l’OIM à Djibouti, Tanja Pacifico. « Les opérations de recherche et de sauvetage par les autorités locales et l’OIM sont en cours », a affirmé l’organisation onusienne sur X. Sur les 77 migrants à bord de l’embarcation, vingt et un corps ont été retrouvés, dont ceux d’enfants, selon Mme Pacifico. L’ambassadeur éthiopien à Djibouti, qui a confirmé que trente-trois personnes, dont une femme, avaient survécu, a exprimé sa « peine profonde (…) devant la succession d’horribles désastres », et réclamé l’adoption de « mesures légales » contre « les trafiquants d’êtres humains qui mettent les vies de nos citoyens en danger ».
    Il s’agit du deuxième naufrage rapporté par l’OIM au large de Djibouti en quelques semaines, après un autre le 8 avril, dans lequel au moins trente-huit personnes, dont des enfants, ont péri. La « route de l’est », empruntée par les migrants venant de la Corne de l’Afrique pour rejoindre l’Arabie saoudite via le Yémen en guerre, est considérée par l’agence comme « l’une des routes migratoires les plus dangereuses et les plus complexes d’Afrique et du monde ».
    Le 8 avril, l’OIM a estimé qu’au moins 698 personnes, y compris des femmes et des enfants, ont péri le long de la « route de l’est » en 2023, mais « ce chiffre pourrait être plus élevé car certaines tragédies passent souvent inaperçues ». En novembre 2023, soixante-quatre migrants avaient disparu, présumés morts en mer, lors d’un naufrage au large des côtes du Yémen, rappelle l’OIM.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Transférer les demandeurs d’asile au Rwanda : l’obstination du gouvernement de Rishi Sunak
    Outre les naufrages, les migrants sont confrontés le long du chemin à « la famine, aux risques sanitaires, aux trafiquants et autres criminels », et manquent « de soins médicaux, de nourriture, d’eaux, d’un abri », souligne l’organisation.Selon l’OIM, les Ethiopiens représentent 79 % des quelque 100 000 migrants arrivés en 2023 au Yémen depuis les côtes de Djibouti ou de Somalie, le reste étant des Somaliens. La plupart d’entre eux évoquent des motifs économiques à leur départ, mais une partie met aussi en avant les violences ou les catastrophes climatiques en Ethiopie.
    Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, l’Ethiopie est déchirée par de nombreux conflits et plusieurs régions ont souffert ces dernières années d’une importante sécheresse. L’inflation est galopante et plus de 15 % des 120 millions d’habitants dépendent de l’aide alimentaire.

    #Covid-19#migrant#migration#ethiopie#djibouti#yemen#routemigratoire#traversee#naufrage#mortalite#sante#migrationirreguliere

  • Au large de Djibouti, au moins vingt et un migrants morts et vingt-trois disparus lors d’un naufrage selon l’ONU
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/23/au-large-de-djibouti-au-moins-16-migrants-morts-et-28-disparus-lors-d-un-nau

    Au large de Djibouti, au moins vingt et un migrants morts et vingt-trois disparus lors d’un naufrage selon l’ONU
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 16h06, modifié à 03h46
    Au moins vingt et un migrants, dont des enfants, sont morts, et vingt-trois autres sont portés disparus après le naufrage de leur embarcation au large de Djibouti, dans la Corne de l’Afrique (à l’est du continent), a annoncé, mardi 23 avril, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), lors d’un bilan actualisé en soirée.
    Le bateau était en route vers la côte djiboutienne après avoir quitté le Yémen, lundi vers 19 h 30, a fait savoir la cheffe de mission de l’OIM à Djibouti, Tanja Pacifico. « Les opérations de recherche et de sauvetage par les autorités locales et l’OIM sont en cours », a affirmé l’organisation onusienne sur X. Sur les 77 migrants à bord de l’embarcation, vingt et un corps ont été retrouvés, dont ceux d’enfants, selon Mme Pacifico. L’ambassadeur éthiopien à Djibouti, qui a confirmé que trente-trois personnes, dont une femme, avaient survécu, a exprimé sa « peine profonde (…) devant la succession d’horribles désastres », et réclamé l’adoption de « mesures légales » contre « les trafiquants d’êtres humains qui mettent les vies de nos citoyens en danger ».
    Il s’agit du deuxième naufrage rapporté par l’OIM au large de Djibouti en quelques semaines, après un autre le 8 avril, dans lequel au moins trente-huit personnes, dont des enfants, ont péri. La « route de l’est », empruntée par les migrants venant de la Corne de l’Afrique pour rejoindre l’Arabie saoudite via le Yémen en guerre, est considérée par l’agence comme « l’une des routes migratoires les plus dangereuses et les plus complexes d’Afrique et du monde ».
    Le 8 avril, l’OIM a estimé qu’au moins 698 personnes, y compris des femmes et des enfants, ont péri le long de la « route de l’est » en 2023, mais « ce chiffre pourrait être plus élevé car certaines tragédies passent souvent inaperçues ». En novembre 2023, soixante-quatre migrants avaient disparu, présumés morts en mer, lors d’un naufrage au large des côtes du Yémen, rappelle l’OIM.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Transférer les demandeurs d’asile au Rwanda : l’obstination du gouvernement de Rishi Sunak
    Outre les naufrages, les migrants sont confrontés le long du chemin à « la famine, aux risques sanitaires, aux trafiquants et autres criminels », et manquent « de soins médicaux, de nourriture, d’eaux, d’un abri », souligne l’organisation.Selon l’OIM, les Ethiopiens représentent 79 % des quelque 100 000 migrants arrivés en 2023 au Yémen depuis les côtes de Djibouti ou de Somalie, le reste étant des Somaliens. La plupart d’entre eux évoquent des motifs économiques à leur départ, mais une partie met aussi en avant les violences ou les catastrophes climatiques en Ethiopie.
    Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, l’Ethiopie est déchirée par de nombreux conflits et plusieurs régions ont souffert ces dernières années d’une importante sécheresse. L’inflation est galopante et plus de 15 % des 120 millions d’habitants dépendent de l’aide alimentaire.

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  • Giorgia Meloni de retour à Tunis pour consolider son projet de coopération migratoire
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/18/giorgia-meloni-de-retour-a-tunis-pour-consolider-son-projet-de-cooperation-m

    Giorgia Meloni de retour à Tunis pour consolider son projet de coopération migratoire
    Cette quatrième visite de la présidente du conseil italien en moins d’un an consacre le président Kaïs Saïed comme son premier partenaire africain dans lutte contre les arrivées irrégulières dans la péninsule.
    Par Nissim Gasteli (Tunis) et Allan Kaval (Rome, correspondant)
    La Tunisie continue d’occuper une place à part dans la politique étrangère de Giorgia Meloni. Pour la quatrième fois en moins d’un an, la présidente du conseil italien s’est rendue à Tunis, mercredi 17 avril, pour rencontrer son homologue, le président Kaïs Saïed.
    Accompagnée d’une large délégation ministérielle, Mme Meloni n’est restée que quelques heures dans la capitale tunisienne, avant de s’envoler pour la réunion du Conseil européen à Bruxelles. Elle en a profité pour annoncer plusieurs protocoles de coopération : un soutien direct d’une valeur de 50 millions d’euros au budget de l’Etat tunisien en faveur de « l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables », une ligne de crédit de 55 millions d’euros pour soutenir les petites et moyennes entreprises tunisiennes et un accord-cadre permettant de poser les bases d’une collaboration dans le domaine universitaire.
    Lors de sa « déclaration à la presse » – à laquelle les journalistes n’étaient pas conviés –, Giorgia Meloni a mis en avant, à travers ces accords, une approche « complètement nouvelle », « égalitaire », basée sur « l’intérêt mutuel » des nations, qui s’inscrit dans son ambitieuse politique africaine, placée au cœur de sa diplomatie et désormais inséparable d’une stratégie migratoire centrée sur l’objectif de mettre un terme aux arrivées irrégulières sur le territoire italien. « Nous ne pouvons plus traiter la question migratoire de manière isolée avec nos partenaires africains, explique une source diplomatique italienne haut placée. Elle doit être incluse dans une approche globale et prendre pour base les exigences des pays de départs et de transit. »
    La vision de Giorgia Meloni, qui relève d’abord d’un récit et d’un discours mais qui se construit progressivement de visites officielles en accords divers, intègre son concept de « plan Mattei pour l’Afrique ». Lancé lors du sommet Italie-Afrique, les 28 et 29 janvier, celui-ci doit impliquer tout son gouvernement ainsi que les différents acteurs de l’économie italienne. « Cette nouvelle visite de Giorgia Meloni en Tunisie a pour objet de montrer que ce plan commence à avoir des applications concrètes et à projeter l’image d’une diplomatie en action en direction ses partenaires internationaux comme à son électorat », explique Maria Fantappie, directrice du département Méditerranée, Moyen-Orient et Afrique à l’Istituto Affari Internazionali, un influent centre de réflexion romain, précisant que « la Tunisie est le pays où la politique africaine du gouvernement italien a été testée pour la première fois grâce à la relation personnelle entre la présidente du conseil et Kaïs Saïed. »
    Le président tunisien, qui a multiplié au cours des derniers jours les mises en garde, répétant que son pays ne traiterait avec les autres nations que « sur un pied d’égalité » semble apprécier la rhétorique de Giorgia Meloni, seule dirigeante européenne avec laquelle il entretient un dialogue aussi régulier, qui évite soigneusement d’aborder sa dérive autoritaire. Au cours de la visite, M. Saïed a salué cette collaboration et exprimé son souhait de « renforcer et diversifier les liens de coopération et de partenariat entre les deux pays amis ».
    Une volonté partagée par Rome pour qui la Tunisie représente de nombreux intérêts. Dans le domaine énergétique, dans lequel l’Italie ambitionne de devenir un « hub » entre les deux rives de la Méditerranée, les réseaux électriques des deux pays devraient, d’ici à 2025, être interconnectés par le câble sous-marin El Med ouvrant la voie à l’exploitation du vaste potentiel du sud tunisien dans la production d’énergies solaires et éoliennes. Le territoire tunisien sert aussi de plateforme de transit du gaz algérien vers la péninsule italienne. La Tunisie est enfin un important débouché pour près de 900 entreprises de la péninsule, présentes sur son territoire.
    Sur le plan migratoire, alors que le printemps apporte des conditions climatiques favorables aux traversées de la Méditerranée et que les élections européennes de juin approchent, Giorgia Meloni mise en effet sur la coopération de la Tunisie pour éviter que la campagne ne soit affectée par des pics d’arrivées dont les effets seraient politiquement désastreux. Les images de septembre 2023 montrant un afflux exceptionnel de plus de 10 000 migrants partis des rivages de la Tunisie pour débarquer sur l’île de Lampedusa avaient produit un vent de panique parmi les gouvernements européens et remis en cause la pertinence des premiers efforts de la présidente du conseil italien sur le front tunisien.Depuis cet épisode, les autorités tunisiennes ont soigneusement réaffirmé leur contrôle sur la frontière maritime tout en renforçant, sur terre, la répression des exilés, multipliant les campagnes d’expulsion vers les frontières de l’Algérie et de la Libye. Si celles-ci s’étaient faites au prix de nombreuses violations de droits humains, Giorgia Meloni n’a pas manqué lors de son discours de « remercier encore une fois les autorités tunisiennes » pour le travail effectué et de se féliciter des résultats de l’accord de « partenariat stratégique complet » signé, sous ses auspices, par l’Union européenne et la Tunisie, le 16 juillet 2023.
    Au-delà de cette satisfaction affichée, sa visite intervient dans un contexte d’augmentation des arrivées de migrants sur le rivage italien en provenance des côtes tunisiennes, au cours des dernières semaines. Si cette tendance reste à relativiser car elles ont diminué de moitié au cours des quatre premiers mois de l’année 2024 par rapport à la précédente, elle montre toutefois la volatilité du contrôle migratoire tunisien. Le président Kaïs Saïed a ainsi rappelé, une fois de plus, son refus catégorique que son pays soit « une destination ou un point de passage pour les migrants irréguliers ». A El Amra, région côtière du centre-est de la Tunisie, située à plus d’une centaine de kilomètres de Lampedusa, ils sont pourtant des milliers à attendre, dans des conditions extrêmement précaires, de pouvoir traverser la Méditerranée. Le contrôle migratoire délégué à la Tunisie par le mémorandum de juillet 2023, présenté par Giorgia Meloni lors de sa signature comme « un modèle pour l’établissement de nouvelles relations avec l’Afrique du Nord » et depuis dupliqué avec l’Egypte et prochainement la Mauritanie, paraît aujourd’hui fragile

    #covid-19#migrant#migration#italie#tunisie#lampedusa#afriquedunord#mediterranee#traversee#migrationirreguliere#approcheglobale#partenariat#sante

  • Manche : les barrages dans le nord sont-ils vraiment efficaces pour empêcher les traversées ? - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56262/manche--les-barrages-dans-le-nord-sontils-vraiment-efficaces-pour-empe

    Manche : les barrages dans le nord sont-ils vraiment efficaces pour empêcher les traversées ?
    Par Leslie Carretero Publié le : 05/04/2024
    Quelques mois après l’installation de barrages dans des cours d’eau se jetant dans la Manche, l’un d’eux a été détruit dans la nuit du 30 au 31 mars. Preuve selon les autorités que ces mesures pour empêcher les migrants de traverser la Manche sont efficaces. Mais pour les associations, ce dispositif n’a aucune incidence sur les tentatives de départs vers le Royaume-Uni, qui ont connu un record au premier trimestre 2024.
    Dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 mars, le barrage flottant installé dans la Canche a été « endommagé volontairement », selon Isabelle Fradin-Thirode, sous-préfète de Montreuil (nord de la France). La lignée de bouées qui traverse le fleuve de part en part, désormais échouée sur le rivage, a été sectionnée à l’aide d’un engin de type disqueuse, révèle France 3.Le dispositif a été installé l’été dernier dans ce fleuve du nord de la France qui se jette dans la Manche pour contrer le phénomène grandissant des « taxi-boats » : ces embarcations qui prennent la mer depuis les cours d’eau en amont pour éviter les contrôles renforcés le long du littoral.
    Les autorités soupçonnent des passeurs d’être à l’origine de la destruction de ce barrage. « Ils l’ont découpé pour contourner ce type d’outils, car le fleuve était un point de départ » des canots vers l’Angleterre, déclare à InfoMigrants Mathilde Potel, commissaire adjointe en charge de la lutte contre l’immigration irrégulière sur le littoral.
    « Les tentatives de destruction de la part des passeurs démontrent que ces barrages sont une entrave à la circulation des migrants », renchérit la préfecture du Pas-de-Calais, contactée par InfoMigrants.Entre janvier et août 2023, « 22 évènements ont été recensés sur le fleuve de la Canche, avec une moyenne de 46 migrants sur chaque embarcation », expliquait en août la préfecture. Depuis son installation, les autorités ont constaté « un effondrement des tentatives de traversées sur ce secteur », signale Mathilde Potel. Plus aucun bateau n’a pris la mer depuis ce cours d’eau.
    Le nord de la France compte deux autres installations de ce type : un dans l’Authie construit en amont du port de la Madelon (près du Fort-Mahon) en janvier, et un autre dans le canal des Dunes, près de Dunkerque inauguré en 2021.En plus de leur caractère dissuasif, ces barrages, surveillés par des drones, permettent aux autorités de la région de centraliser leurs effectifs. « En interdisant l’accès à certains spots [grâce aux barrages] , on renforce [notre surveillance] sur les autres points de départs. On évite de mettre des forces terrestres et des moyens aériens sur tous les secteurs », affirme encore Mathilde Potel.Autant d’arguments qui prouvent, selon les autorités, que cette technique a montré son efficacité.
    Mais pour les associations, en revanche, ce dispositif ne résout rien. Au contraire. « Ce n’est pas une ligne de bouées qui va empêcher les gens de tenter la traversée » de la Manche, rétorque à InfoMigrants Pierre Roques de l’Auberge des migrants. Les exilés « peuvent aller 200 mètres plus loin, cela ne va rien changer », continue le militant.
    Pour contourner les barrages, les passeurs empruntent désormais d’autres canaux. Ces derniers mois, plusieurs départs ont été enregistrés au niveau du canal de l’Aa. En quelques semaines, on compte une dizaine de mise à l’eau depuis ce cours d’eau. Fleur Germain, coordinatrice d’Utopia 56 à Calais, affirme recevoir de plus en plus d’appels de détresse, via la ligne d’urgence téléphonique de l’association, de personnes en difficultés dans l’Aa. « Ce n’était pas du tout le cas avant », rapporte-t-elle.
    Les humanitaires estiment par ailleurs que l’installation des barrages a augmenté la prise de risques des exilés. En mars, un Syrien de 27 ans et une fillette irakienne de sept ans ont péri noyés dans le canal de l’Aa en tentant de monter dans une embarcation de fortune. Depuis le début de l’année, les associations ont comptabilisé 11 morts en mer sur la route de l’Angleterre. Un record en seulement trois mois."De manière évidente, [les barrages] c’est plus de la communication qu’autre chose", pense Pierre Roques. « Ça ne fait pas du tout baisser les départs », abonde Fleur Germain.
    Si les traversées de la Manche ont fortement diminué en 2023 - avec l’arrivée au Royaume-Uni de près de 30 000 exilés contre 45 000 en 2022 - les chiffres montrent une nette augmentation depuis janvier 2024. Au premier trimestre de cette année, 5 373 personnes ont pris la mer depuis les côtes françaises, contre 3 793 à la même période de 2023, selon un décompte de l’AFP établi à partir des données officielles britanniques. Soit une hausse de 41,7%.

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  • La Finlande prête à refouler les migrants sur sa frontière orientale
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/05/la-finlande-prete-a-refouler-les-migrants-sur-sa-frontiere-orientale_6226201

    La Finlande prête à refouler les migrants sur sa frontière orientale
    Par Anne-Françoise Hivert (Malmö (Suède), correspondante régionale)
    Depuis le 15 décembre 2023, la frontière terrestre entre la Finlande et la Russie est fermée. Cette mesure, prise par le gouvernement à Helsinki, qui accuse Moscou de vouloir déstabiliser son pays en « instrumentalisant l’immigration », devait être temporaire. Elle est en train de se pérenniser : jeudi 4 avril, la fermeture a été prolongée « jusqu’à nouvel ordre » et étendue au trafic maritime, alors que la Finlande prépare une loi d’urgence qui pourrait lui permettre de refouler les migrants à la frontière.
    Dirigé par le conservateur Petteri Orpo, le gouvernement de coalition reproche aux autorités russes d’avoir rompu, à partir de l’été 2023, avec la pratique habituelle consistant, des deux côtés de la frontière, à stopper l’arrivée des migrants dépourvus de titre de séjour avant qu’ils ne traversent. Depuis le mois de juillet 2023, environ 1 300 demandeurs d’asile, originaires de pays tiers, sont ainsi entrés en Finlande, la plupart sur des vélos fournis par des policiers russes, selon des témoignages recueillis par Le Monde.
    Quatre mois après la fermeture de la frontière, la ministre de l’intérieur, Mari Rantanen, membre des Vrais Finlandais (extrême droite), assure que rien n’a changé : « Les autorités finlandaises considèrent qu’il s’agit d’une situation à long terme. » L’arrivée du printemps pourrait même, selon elle, « accroître la pression sur la Finlande », alors que « des centaines, voire des milliers de personnes [se trouvent] près de la frontière finlandaise du côté russe ».
    D’où le projet de loi d’urgence en préparation, qui prévoit d’autoriser les refoulements de migrants à la frontière, dans des situations exceptionnelles, c’est-à-dire si les autorités « ont des informations ou des soupçons sérieux qu’un Etat étranger ou un autre acteur tente d’influencer la Finlande en exploitant les immigrants », et que ces tentatives « mettent sérieusement en danger la souveraineté ou la sécurité nationale de la Finlande ».
    La loi, qui devra être approuvée par une majorité des quatre cinquièmes au Parlement, ne pourra être appliquée qu’avec l’accord du président de la République et pour une période d’un mois. L’objectif est de doter la Finlande d’un outil en cas de réouverture des postes-frontières, ou si les migrants pénètrent sur le territoire à travers la forêt. Trente-quatre entrées illégales ont été recensées depuis la fermeture de la frontière.
    Mais le texte est très controversé. « Dans la présentation du projet de loi, le gouvernement déclare d’emblée que, si le texte est adopté en l’état, la Finlande ne pourra pas garantir le principe de non-refoulement ou la prohibition de la torture, ce qui est très problématique », observe Elina Pirjatanniemi, professeure de droit à l’université de Turku. Or, ajoute-t-elle, Helsinki « ne peut pas décider unilatéralement de déroger à ses obligations au regard du droit européen et international, même dans une situation d’urgence ».Un point de vue partagé par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui, dans son avis au gouvernement, rappelle que le principe de non-refoulement est « contraignant, universel et intangible ». Ne pas s’y conformer pourrait avoir des conséquences graves, renchérit la Fondation Mannerheim pour la protection de l’enfance, soulignant que « l’objectif de la Russie est de saper les droits fondamentaux et les droits de l’homme, ainsi que l’Etat de droit ». Si la Finlande fait des concessions, elle risque de « perdre sa crédibilité », avertit la fondation.
    L’application de la loi suscite également des questions. « Les gardes-frontières devront décider, au cas par cas, si une personne fait partie ou non d’une instrumentalisation, ou si elle se trouve dans une situation qui justifierait qu’elle puisse demander l’asile [un dispositif prévu pour les mineurs, les personnes vulnérables ou souffrant d’un handicap, ainsi que les migrants risquant la torture ou la peine de mort]. Mais rien ne dit comment ils pourront faire cette évaluation », remarque Mme Pirjatanniemi. Le syndicat des gardes-frontières s’inquiète que ses agents puissent ensuite faire l’objet de poursuites judiciaires.Interrogé sur les motivations du gouvernement, qui a fait du durcissement des conditions d’accueil des demandeurs d’asile une de ses priorités, le député conservateur Jukka Kopra, président de la commission de la défense au Parlement, balaie les critiques : « C’est une mesure qui ne sera appliquée que dans des circonstances exceptionnelles, affirme-t-il. Quand les règles du jeu changent et que des responsables russes et des gangsters se mettent à utiliser cyniquement des gens, pour des gains financiers et des intérêts géostratégiques, nous devons nous adapter. »Le risque autrement, selon M. Kopra, serait de « voir s’ouvrir une nouvelle route d’immigration illégale vers la Finlande et l’Europe ». En février 2023, le pays nordique a commencé à ériger une barrière de 3 mètres de haut, sur sa frontière orientale. Longue d’environ 200 kilomètres, sur les 1 340 kilomètres de frontière avec la Russie, elle devrait être achevée en 2025.

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  • Entre l’Algérie et le Niger, les migrants de la discorde
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/05/entre-l-algerie-et-le-niger-les-migrants-de-la-discorde_6226181_3212.html

    Entre l’Algérie et le Niger, les migrants de la discorde
    Par Frédéric Bobin
    « La crise s’aggrave entre les deux pays », a titré jeudi 4 avril TSA, un journal algérien en ligne, au lendemain de la convocation de l’ambassadeur d’Alger en poste à Niamey au ministère nigérien des affaires étrangères. La question migratoire est au cœur de cette crispation bilatérale, s’ajoutant à un contexte sahélien déjà dégradé pour l’Algérie alors que la crise couve toujours avec le Mali.
    A Niamey, le diplomate algérien s’est vu signifier, mercredi 3 avril, les « protestations » du gouvernement nigérien contre « le caractère violent » des opérations de refoulement de milliers de migrants par l’Algérie. Le Niger dénonce de « vastes opérations de rafles policières » ayant récemment visé des Subsahariens, dont de nombreux Nigériens, résidant à Tamanrasset (Sud algérien) au mépris de leur « intégrité physique » et de « la sécurité de leurs biens ». La page Facebook du ministère a diffusé des images vidéo montrant des dizaines de Nigériens embarqués dans des camions vers la frontière ou abandonnés à pied dans le désert, certains bandés de pansements.
    L’Algérie est coutumière des refoulements de migrants subsahariens vers le Niger. Selon l’organisation de secours Alarme Phone Sahara, quelque 23 000 expulsions ont été réalisées en 2023. La nouvelle donne politique au Niger a ajouté à ces récurrentes tensions migratoires à la frontière. Le régime miliaire issu du putsch de juillet 2023 à Niamey a en effet décidé, fidèle à son inspiration souverainiste, d’abroger la loi de 2015 pénalisant le trafic illicite de migrants.
    Ce dispositif répressif, l’un des grands acquis de la coopération de Bruxelles avec des Etats africains, visant à endiguer les flux migratoires vers la Méditerannée, a subitement été dénoncé comme contraire aux « intérêts du Niger et de ses citoyens ». Il n’a pas fallu plus de quelques semaines pour que la ville d’Agadez, capitale du « pays » touareg et grand carrefour régional de la migration vers l’Afrique du Nord, reprenne ses activités d’hébergement et de transport de voyageurs que la loi de 2015 avait de facto condamnées au déclin.
    Depuis le début de l’année, les flux sont spectaculairement repartis à la hausse, selon le décompte de l’Organisation internationale des migrations (OIM) : + 98 % de traversées de la frontière en janvier vers la Libye par rapport à décembre 2023, + 34 % vers l’Algérie.
    Si la politique d’expulsions menée par Alger n’est pas inédite, la réaction indignée de Niamey est, elle, nouvelle. Elle marque une forme d’émancipation du Niger l’égard de son grand voisin du nord dont la tutelle avait jusque-là pesé dans les équilibres nationaux, via notamment l’influence exercée par les Algériens sur les groupes touareg.
    « Depuis le coup d’Etat, les Nigériens ont poussé vers la sortie les Français puis les Américains, ils se permettent donc de hausser le ton vis-à-vis de l’Algérie », observe Akram Kharief, expert en sécurité régionale et fondateur du site menadefense. Alger avait déjà essuyé un camouflet au lendemain du coup d’Etat de juillet 2023 quand son offre de médiation avait été snobée par les putschistes. Les ennuis de l’Algérie au Niger sont à rapprocher de la partie de bras de fer qui l’oppose au Mali. La résiliation en janvier par Bamako de l’accord d’Alger de 2015 – un compromis sous supervision algérienne visant à stabiliser le nord du pays – est le point d’orgue d’une dégradation de la relation qui avait commencé avec l’offensive des forces armées maliennes au fil de l’année 2023 contre les groupes rebelles (arabes et touareg) de la région septentrionale.
    Détrônée de son statut de tuteur régional, l’Algérie a notamment vécu la chute de Kidal, principale ville du Nord tenue par ces groupes alliés, comme un affront stratégique. Après avoir inspiré une campagne de presse brandissant le spectre du « chaos » dans la région, Alger a organisé en février des manœuvres militaires à munitions réelles – baptisées « Tempête du Hoggar » – à proximité de la localité Bordj Badji Mokhtar, le long de la frontière avec le Mali.
    « Cet exercice survient dans un contexte de tensions régionales marquées par la dégradation de la situation sécuritaire dans les pays du Sahel, notamment le Mali, le Niger et le Burkina Faso, où des coups d’Etat militaires ont évincé des présidents élus », avait alors commenté le journal TSA.Au Niger comme au Mali, Alger doit trouver la parade au déclin de son influence alors que son rival marocain s’efforce de se glisser dans les brèches de ce nouveau paysage sahélien. Le renouvellement ces derniers jours de son personnel diplomatique dans la région témoigne d’un recalibrage à venir. « L’Algérie a, au moins temporairement, pris acte de sa perte d’influence, souligne Ali Bensaad, professeur à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris VIII. Elle se trouve dans une position défensive, mais elle a du mal à renoncer à son logiciel de puissance régionale fonctionnant sur des rapports de force. »
    De ce point de vue, la campagne d’expulsions de migrants nigériens constitue, ajoute M. Bensaad, un « moyen de pression pour forcer la main à Niamey », un levier pour l’inciter à de meilleures dispositions. Au risque – comme l’illustre la convocation de l’ambassadeur algérien – d’aboutir à l’effet inverse, à savoir consolider au Niger une attitude de défi.

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  • Migrations : les traversées clandestines de la Manche toujours plus nombreuses - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56173/migrations--les-traversees-clandestines-de-la-manche-toujours-plus-nom

    Migrations : les traversées clandestines de la Manche toujours plus nombreuses
    Par RFI Publié le : 02/04/2024
    Le nombre de personnes qui ont tenté de rejoindre illégalement le Royaume-Uni en traversant la Manche a encore augmenté. En ce début d’année 2024, avec 5 373 personnes au premier trimestre, c’est 1 500 de plus que sur la même période l’année dernière. Ces traversées sont particulièrement périlleuses : sept personnes sont mortes sur cette route migratoire depuis le début de l’année.
    Au premier trimestre 2024, 5 373 personnes ont effectué illégalement la dangereuse traversée de la France vers le Royaume-Uni, contre 3 793 au premier trimestre 2023, soit une hausse de 41,7%. Sur le seul mois de mars 2024, le chiffre s’élève à 3 118 avec une nette augmentation constatée ces derniers jours.
    Dimanche 31 mars, 442 personnes ont gagné les côtes anglaises à bord de neuf embarcations, des fragiles bateaux pneumatiques souvent surchargés, et 349 ont été recensés la veille. Des traversées dangereuses aux issues souvent dramatiques. Sept migrants, parmi lesquels une fillette de 7 ans et un adolescent de 14 ans, sont morts en mer et sur un canal depuis le début de l’année en tentant de rejoindre l’Angleterre.
    Pourtant, en 2023, le nombre de migrants ayant traversé illégalement la Manche était en forte baisse par rapport au record de 2022 (45 000). Un bilan mis en avant par le Premier ministre Rishi Sunak, arrivé au 10 Downing Street, il y a un an et demi. Celui-ci a fait de la lutte contre l’immigration irrégulière l’une de ses priorités, martelant sa promesse de « stopper les bateaux ».
    Toute augmentation des traversées de la Manche peut donc fragiliser les conservateurs à quelques mois d’élections législatives où les sondages pronostiquent une victoire écrasante de l’opposition travailliste menée par Keir Starmer. Un sondage publié ce week-end donne non seulement 19 points d’avance au Labour (un ordre de grandeur observé depuis des mois), mais indique que les conservateurs passeraient sous la barre des 100 députés sur 650 à la Chambre des communes, contre 348 actuellement. Une autre étude menée auprès de 18 000 personnes évoque même la possibilité d’un Parlement qui ne compterait que 80 députés tories.
    En cours d’examen au Parlement, le projet de loi controversé du gouvernement pour expulser les migrants au Rwanda se heurte à la résistance de la Chambre haute, celle des Lords, qui souhaite adoucir ce texte.

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