« Note critique sur "Islam et capitalisme" de Maxime Rodinson. Marx, Weber, Kurz et les prétendues "formes antédiluviennes" du capital », par Clément Homs

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  • Note critique sur Islam et capitalisme de Maxime Rodinson.

    http://www.palim-psao.fr/2017/07/note-critique-sur-islam-et-capitalisme-de-maxime-rodinson.marx-weber-kurz

    Maxime Rodinson dans son ouvrage classique Islam et capitalisme a le mérite dans un débat commencé dans les années 1950 sur la prétendue incapacité de l’islam à engendrer le capitalisme (ce dernier étant déjà euphémisé à l’époque sous la catégorie bourgeoise et naturalisante de « développement » ou d’ « économie de marché »), de porter le fer contre la vision orientaliste d’un monde arabe arriéré, immobile et plongé dans une stagnation pluriséculaire.

    Cependant en pensant que le capitalisme aurait toujours existé dans les sociétés musulmanes prémodernes sous une forme embryonnaire, sa position reste implicitement marquée par l’idée problématique d’un développement progressif et transhistorique de la forme valeur et de l’argent à un niveau toujours plus élevé [...]

    Afin de couper court au débat sur la responsabilité de l’islam dans le non-développement du Moyen-Orient, toute la thèse de Rodinson dans le chapitre III de son livre consistera à forger le concept de « secteur capitalistique » sur l’existence reconnue dans le monde musulman médiéval de ces « formes antédiluviennes » du capital évoquées par Marx : le « commerce », le « capital marchand » et le « capital financier » (porteur d’intérêt).

    Ainsi selon Rodinson, la formation capitaliste n’est que le point culminant provisoire d’une évolution transhistorique (positive) des « formes embryonnaires » ou des « formes élémentaires » déjà présentes dans l’antiquité et ce sous une forme « moins avancée », sous une forme « simple » ou « primitive ».

    Ainsi, voulant montrer que l’Islam n’est pas le fondement de sociétés régressives, Rodinson finit par donner quittance à la forme de vie capitaliste, qui n’a court que depuis deux siècles dans son berceau européen et quelques décennies à peine dans notre monde globalisé . Phénomène historiquement situé et destructeur, il est à la fois faux et contre-productifs d’en voir les prémisses dans les formes de vie qui ont précédé le capitalisme (Antiquité, Moyen-Âge, Islam au VIIe siècle...)