L’autre bombe à retardement, la démographie !

/?news=5208497

  • L’autre bombe à retardement, la démographie !
    http://www.lequotidien-oran.com/?news=5208497
    par Cherif Ali

    La démographie continue de galoper en Algérie, et il n’est pas besoin d’être expert pour l’affirmer ou pour demander l’ouverture d’un débat autour de ses répercutions sur l’économie du pays, déjà mise à mal par cette chute inexorable du prix du baril de pétrole.

    Les derniers chiffres de l’Office National des Statistiques (ONS), le montrent : nous sommes, depuis le 1er janvier 2013, 37,9 millions d’habitants, soit une hausse de 2,16% par rapport à 2011 !

    En raison de la progression de la natalité, le cap d’un million de naissance par an, sera, probablement, atteint pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie. Ainsi, notre pays va occuper le « haut du pavé » mondial en la matière. Autrement dit, les naissances annuelles seront de la dimension de la population d’une commune voire deux ! Dans les trois années à venir, elles atteindront la taille d’une wilaya. Affolant !

    La crise, décourage-t-elle les couples à faire des bébés ? Dans les pays occidentaux, peut-être, mais en Algérie, certainement pas ! On aurait pu s’attendre à ce que l’incertitude suscitée par la crise pétrolière fasse chuter la fécondité et/ou le désir d’enfants chez les couples ou ceux en devenir, apparemment non ; des micros-trottoirs et des questions posées autour de « combien voulez-vous avoir d’enfants ? », il y a ceux « qui s’en remettent à Dieu et au mektoub » et les autres « qui en veulent au moins trois ».

    Ce désir d’enfant ou cette aptitude à la procréation sans limites ne sont pas dus au hasard, puisque, rappelons-le, dans notre pays, plus on procrée, plus on touche d’allocations.

    Les problèmes qui se posent et se poseront davantage à l’avenir, concerneront le chômage et l’emploi ; les derniers chiffres du chômage viennent d’être rendus publics : le taux est passé de 9,6% à 10,6% entre 2013 et 2014 ; 16% des diplômés universitaires souffrent de ce phénomène. La pression sur le marché du travail s’accentuera avec 280 000 demandes d’emploi/an qu’il n’est pas possible de satisfaire, sachant que la fonction publique n’est pas, n’est plus, selon Abdelkader Khomri le ministre de la jeunesse, « un réservoir d’emploi ».

    Dans le milieu des universitaires sans emploi, l’exaspération risque de monter après l’annonce du ministre de l’énergie déclarant à l’APN que « Sonatrach allait procéder à un recrutement de 8000 ingénieurs et techniciens en 2015 qui bénéficieront, ensuite, d’une formation à l’Institut Algérien du Pétrole », sauf que cette annonce a été prise avant la chute du baril et la question posée est de savoir si ce programme est maintenu ?

    Et en cette période, nul n’est censé ignorer que le prix du baril de pétrole est en baisse, et personne n’est en mesure de dire, pour autant, où va s’arrêter la chute de cette richesse qui fait les beaux et les mauvais jours du pays.

    Les années à venir vont être, extrêmement, difficiles nous prédisent les experts ; selon une étude de l’ONS, les algériens seront au nombre de 55 millions d’habitants entre 2050 et 2100, quand, peut-être, au même moment à Dieu ne plaise, nos richesses fossiles tariront. Il reste le gaz de schiste diront certains, mais à quel prix et surtout comment y recourir ou penser à l’exploiter dans le contexte de crispation dans lequel se trouvent nos régions du Sud ?

    De plus, et si la croissance économique tarderait à venir, et si la population active occupée serait en régression ou se stabiliserait à son niveau actuel, comment le gouvernement pourrait assurer les retraites d’aujourd’hui et de demain ?