Histoire et perspectives actuelles de lutte pour refuser les heures supplémentaires dans l’Éducation Nationale

/histoire-et-perspectives-actuelles-976.

  • Histoire et perspectives actuelles de lutte pour refuser les heures supplémentaires dans l’Éducation Nationale
    http://larotative.info/histoire-et-perspectives-actuelles-976.html

    « Le refus des heures supplémentaires constitue un formidable moyen d’action »

    Nous sommes allés voir le syndicat SUD Éducation 37 qui porte encore aujourd’hui une opposition farouche aux heures supplémentaires, afin qu’il nous éclaire sur la portée et la nécessité d’une telle revendication actuellement.

    Salut, vous avez lu la brève histoire de cette lutte, qu’est-ce que cela vous inspire ?

    Il s’agit d’une belle histoire de mobilisation ! Elle prouve que tout le monde peut et doit être concerné par la question des heures supplémentaires. Elle est le corollaire d’un certain nombre d’autres questions qui s’enchaînent : celle de la qualité du service rendu, donc de l’apprentissage des élèves, mais aussi des conditions de travail et de l’organisation de celui-ci dans l’Éducation nationale. On a bien trop souvent aujourd’hui tendance à renvoyer cette question aux individus (les enseignants) qui peuvent prendre (ou refuser) les heures supplémentaires. A plus d’un titre il s’agit d’un enjeu commun.

    Le système d’heure sup. a changé depuis, quel est-il actuellement ?

    Actuellement les enseignants sont soumis à une heure supplémentaire [8] qu’ils ne peuvent refuser si le chef d’établissement leur demande. Elle est justifiée par le fait que les services, en fonction de la répartition des classes, ne peuvent pas toujours tomber justes. Au-delà, tous les enseignants ont le droit de refuser les heures supplémentaires. Les services (18 heures ou 15 heures par semaine selon que l’on soit Certifié ou Agrégé) sont des maxima de service (fait encore affirmé dans les nouveaux statuts valides à compter de la rentrée 2015), et le sous service n’existe pas ! Bien sûr la hiérarchie ne présente pas les choses ainsi et fait pression pour que les enseignants prennent plus d’une heure. Et elle utilise pour cela les plus mauvais arguments possibles (culpabilisation des enseignants face aux élèves qui n’auront pas de cours, menaces sur l’avancement ou sur les emplois du temps, remise en cause de projets...).

    Il existe aussi des heures supplémentaires exceptionnelles qui correspondent à des besoins ponctuels (soutien particulier, tutorat, remédiation, ...) qui ne peuvent être prévues à l’avance et intégrées dans les services.
    Ces dernière restent marginales, mais on voit que depuis votre exemple de 1974 tout a été fait pour faciliter et développer le recours aux heures supplémentaires !

    A qui bénéficie la multiplication des heures sup. dans l’éducation nationale ?

    Clairement à l’institution qui économise ainsi des quantités de postes ! Les heures supplémentaires représentent autour de 10 % des heures dans un lycée par exemple. Cela fait autant de postes non créés, de fonctionnaires qui n’existent pas et de jeunes qui ne sont pas embauchés [9]. Et pour atteindre cette proportion, l’administration compte sur l’heure imposable à tous, mais surtout sur les deux ou trois autres heures que certains enseignants acceptent de prendre. Il n’est pas exceptionnel de voir des services atteindre 23 heures de cours par semaine, ce qui peut faire jusqu’à sept heures supplémentaires (si la personne est un Agrégé). Nous sommes parfois bien au-delà de l’exemple de 1974 que vous donniez semble-t-il... On peut sérieusement douter aussi de la qualité de l’enseignement fourni.

    Pourquoi les enseignants acceptent ces heures sup. ?

    Rarement pour des raisons de service. Cela peut arriver dans de petits établissements que certains collègues soient amenés à prendre deux ou trois heures en plus car ils savent très bien qu’un poste ne pourra jamais être créé, et qu’aucun contractuel ne sera nommé (ou n’acceptera de venir).

    Le plus souvent, il faut bien le dire, pour les collègues il s’agit de pallier la baisse des rémunérations alors que l’on a des enfants qui poursuivent des études, ou que l’on doit faire face à des événements imprévus (séparation, chômage du conjoint...). Il faut dire que non seulement le point d’indice des fonctionnaires est gelé depuis de longues années (et pour longtemps encore !), mais aussi — et tout le monde peut le constater sur sa fiche de paie — que les prélèvements obligatoires augmentent. Les salaires baissent donc. Tous les ans, un certain nombre de collègues viennent demander aux chefs d’établissement de pouvoir faire des heures supplémentaires face à la baisse de leur pouvoir d’achat.

    (...)