Interdiction des abayas à l’école : faisons front face aux attaques islamophobes ! 

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    https://www.politis.fr/articles/2023/09/interdiction-des-abayas-a-lecole-faisons-front-face-aux-attaques-islamophobe

    TRIBUNE. Quelque 350 organisations, personnalités – parmi lesquelles Étienne Balibar, Annie Ernaux, Frédéric Lordon, Médine, Adèle Haenel… –, figures politiques et militantes antiracistes, féministes ainsi que de nombreux enseignants, signent un texte en exclusivité pour Politis, dénonçant cette nouvelle offensive raciste, islamophobe, sexiste et patriarcale du gouvernement, sous couvert de laïcité.

    Avec l’interdiction du port de l’abaya à l’école annoncée par Gabriel Attal le 27 août dernier, le gouvernement a décidé de lancer une nouvelle attaque islamophobe contre les jeunes femmes musulmanes ou assimilées comme telles dans les écoles. Concrètement, le gouvernement exige des personnels de l’éducation, des conseillers principaux d’éducation, des assistants d’éducation et des enseignants, de déterminer, selon le faciès, le patronyme, et l’appartenance réelle ou supposée à l’islam des élèves si leurs tenues sont des abayas ou non et si elles doivent donc être interdites d’entrer dans leur établissement.

    Depuis le début de la rentrée scolaire, la mise en application de l’interdiction ne fait que confirmer ce profilage raciste et sexiste des élèves comme l’illustrent les nombreux témoignages d’élèves ayant été interdites d’entrer dans leur établissement car portant une simple robe longue, un kimono, ou encore un vêtement trop noir.

    Cette interdiction s’inscrit dans la continuité des offensives racistes et islamophobes mises en place, sous-couvert de laïcité, depuis la loi de 2004 interdisant le port du voile à l’école. Attaques contre les mères accompagnatrices de sorties scolaires portant le foulard, signalements du taux d’absentéisme le jour de la fête de l’Aïd, circulaires appelant les personnels à « détecter et signaler » les « signes de radicalisation »… depuis plusieurs années, le gouvernement, de concert avec la droite et l’extrême droite, n’a cessé de faire de l’école le terrain privilégié de ses offensives islamophobes et de renforcer le contrôle des jeunes élèves musulman-es ou assimilé-es comme tel-les. Cette nouvelle interdiction du port de l’abaya aura donc pour conséquence d’accentuer la stigmatisation, le harcèlement et les humiliations subies par ces élèves de la part de l’institution scolaire.

    Ce harcèlement quotidien subi par ces jeunes filles musulmanes ou perçues comme telles aura pour conséquence directe de dégrader leur scolarité, de les exclure de l’école et de les priver de leur droit à une éducation publique du fait de leur foi réelle ou supposée. En réalité, derrière le faux argument de la laïcité, il s’agit donc d’une mesure raciste et discriminante puisque ce sont bien aux jeunes filles racisées que l’on interdit de venir à l’école habillées comme elles le souhaitent du fait de leur foi supposée. En plus d’être une mesure raciste, cette interdiction des robes longues à l’école, en visant principalement les jeunes femmes musulmanes ou supposées comme telles, est également une mesure sexiste et patriarcale qui vise à contrôler toujours plus le corps des filles à l’école.

    Plus largement, cette interdiction du port de l’abaya s’inscrit dans la continuité de la répression brutale des révoltes de cette jeunesse qui a exprimé sa colère en réaction au meurtre policier du jeune Nahel le 27 juin 2023. Une répression qui s’est matérialisée par des peines de prison extrêmement lourdes contre ces jeunes et qui se poursuit aujourd’hui avec des expulsions de jeunes ayant participé aux révoltes de leurs logements sociaux. Répression policière et judiciaire, expulsions de logements sociaux et maintenant nouvelle offensive islamophobe avec l’interdiction du port de l’abaya, c’est une offensive générale contre la jeunesse des quartiers populaires qu’a lancée le gouvernement.

    En plus d’être le terrain privilégié de la politique raciste du gouvernement, le service public de l’éducation fait face à un manque de moyens chronique organisé par les gouvernements successifs, au manque criant d’enseignants et de personnels de l’éducation qui dégrade toujours plus les conditions de travail et d’apprentissage pour les personnels et les élèves. Tout en rejetant les mesures qui stigmatisent et discriminent toujours plus les élèves musulman-es et assimilé-es comme tel-les, l’urgence doit être d’exiger la mise en place de moyens massifs pour assurer le droit à l’éducation de toutes et tous.

    C’est pourquoi face à cette énième mesure islamophobe, nous, intellectuel-les, militant-es, syndicalistes, avocat-es, parents et personnels de l’éducation, affirmons notre opposition à cette interdiction des abayas et refusons que l’école continue d’être le relais de politiques racistes, sexistes et patriarcales. Nous apportons toute notre solidarité et notre soutien aux élèves et jeunes filles visées par cette interdiction et nous réaffirmons que trop couvertes ou pas assez, c’est aux femmes et aux élèves de décider !