Ces pétrodollars saoudiens qui financent le fondamentalisme sunnite
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"Pendant des décennies, l’Arabie saoudite a injecté des milliards de pétrodollars dans des organisations islamiques bienveillantes à son égard, pratiquant une silencieuse diplomatie du chéquier pour faire progresser son agenda".
Voilà le début d’un article du New York Times qui a fait grand bruit la semaine dernière. […]
On y a apprend (sans trop de surprise) que Ryad dépense sans compter pour promouvoir des organisations sunnites rigoristes à travers le monde et faire progresser sa vision de l’Islam inspirée du wahhabisme (un courant ultra-orthodoxe).
L’intérêt du travail de fourmi des journalistes du New York réside surtout dans le fait d’avoir réussi à chiffrer l’ampleur de cette diplomatie du chéquier mais également d’avoir mis en lumière le système d’influence mis en place par les autorités saoudiennes.
L’obsession anti-iranienne
"Riyad a notamment accordé des moyens financiers à des prédicateurs à l’étranger, construit des mosquées, des écoles, des centres et soutenu des campagnes pour ‘contrer des responsables et des médias à l’étranger qui étaient susceptibles de s’opposer à l’agenda du Royaume’", détaille ainsi le Courrier International sur base de l’enquête du NYT.
Tout était en effet parfaitement organisé et rigoureusement suivi. “Le ministère des Affaires étrangères transmettait les demandes de financement à des officiels de Riyad, parfois les services de renseignements donnaient leur accord après examen des bénéficiaires potentiels et la Ligue islamique mondiale contribuait à avoir une stratégie coordonnée, tandis que les diplomates saoudiens supervisaient le projet à travers le monde”, détaille le New York Times.
Plus surprenant peut-être est l’ampleur de "l’obsession" saoudienne de nuire à son grand rival régional, l’Iran chiite. Ce combat diplomatique-là a également coûté énormément au royaume saoudien. Des révélations de Wikileaks, filtrées par le New York Times, il ressort que l’argument du danger de "l’influence iranienne" avait tendance à déclencher un réflexe quasi pavlovien dans le chef des autorités saoudiennes.
La lutte d’influence entre les deux puissances régionales s’étendait en effet bien au-delà de l’espace moyen-orientale, ressort-il des câbles diplomatiques qui ont fuité. Ladite lutte entre l’Arabie Saoudite et l’Iran s’étendait ainsi jusqu’aux pays africains où des acteurs locaux ont fait référence à la “menace du chiisme iranien” pour appuyer leurs demandes de fonds auprès des Saoudiens. “La peur de l’influence chiite allait jusqu’à englober des pays dotés de minorités musulmanes aussi réduites qu’en Chine. Aux Philippines, où seulement 5 % de la population est musulmane, des documents présentent également des propositions pour ‘restreindre l’influence iranienne’”, peut-on également lire dans cet article fleuve.