Ensuite, il nous faut la main-d’œuvre. De la même manière qu’on a des campagnes pour l’armée « Engagez-vous, défendez la patrie », on devrait avoir des messages : « engagez-vous dans le bâtiment, devenez plombier, couvreur, maçon, défendez notre pays, sauvez la planète ». C’est-à-dire donner une fierté à ces jeunes qui vont dans le bâtiment. Qu’ils se disent : « j’y vais parce que j’ai une vocation, pour l’avenir ». C’est le volet spirituel.
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Alors, d’accord pour travailler moins. Mais notre but premier doit être de travailler mieux. C’est pas le paradis, le #travail, c’est de l’effort, mais on doit en tirer une fierté. Il faut que le travail soit un lieu où l’on se réalise en réalisant.
Dans une société écologique, il y a beaucoup de travail : d’abord, pour rénover les cinq millions de passoires thermiques. Si on veut moins de chimie et moins de mécanique dans l’agriculture, c’est un paquet de gens qui vont avoir mal au dos. Je pense qu’il faut un atelier de réparation par quartier ou par canton, pour qu’on ne change pas nos matériaux électroniques tout le temps. C’est une société où l’on s’occupe bien des enfants, des personnes en situation de handicap, des personnes âgées, des malades et ça encore c’est beaucoup de travail. Je ne suis pas du tout convaincu de la disparition du travail.
Sans compter les #industries qu’on doit rapatrier : aliments, vêtements, médicaments. Et il y a certaines choses qu’il va falloir moins consommer : les ordinateurs, les téléphones portables, qu’on ne rapatriera pas.
Si on rapatrie des activités, il faut réindustrialiser massivement la France. C’est ce que vous souhaitez ?
Oui, c’est presque la mère de mes batailles. Mais je place au cœur la question de la démocratie. Quand je dis, un État qui canalise, qui organise, ça pose la question : ce n’est pas une technocratie qui doit décider mais ça doit être débattu largement. Et sur l’industrie : que veut-on produire et ne plus produire ? Ce n’est pas au marché de décider. Je me souviens d’une discussion avec les ouvriers de Whirlpool, moi leur disant en gros : « franchement produire des sèche-linges, est-ce qu’on en a besoin ? le vent fait le boulot depuis des millénaires… » Ils étaient d’accord ! Mais comment on explique que la France n’ait plus une seule usine de lave-linge quand la petite Suisse en a encore deux ?