Censure : quand le ministère de la Culture s’élevait contre la Place Beauvau
▻https://actualitte.com/article/113020/interviews/censure-quand-le-ministere-de-la-culture-s-elevait-contre-la-place-beauv
Que vous inspire cette interdiction gouvernementale d’un ouvrage jeunesse ?
Jean-Jacques Aillagon : Elle est profondément anachronique, et de ce fait, choquante. Elle se fonde sur une loi de 1949, promulguée à un moment où l’état de la société et des mœurs n’étaient pas ceux d’aujourd’hui. Elle date d’une époque où le ministère de la Culture en tant que tel n’existait pas. C’est cette situation qu’il faut réformer.
La décision qui a frappé le livre de Manu Causse est doublement contestable. Elle n’a de toute évidence, si j’en juge par leurs déclarations, donné lieu qu’à une concertation médiocre avec l’éditeur et l’auteur. Quant à l’installation de la commission auprès du ministre de la Justice et la notification de ses décisions par le ministre de l’Intérieur, elles sont aujourd’hui insupportables.
Prend-on cependant le chemin de réformer cet état de fait ? J’en doute quand je constate qu’un arrêté du ministre de la Justice est venu, le 10 août dernier, encore une fois nommer des membres et des rapporteurs de la commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à la jeunesse !
Imagine-t-on que la classification des films pourrait reposer sur les avis d’une commission installée auprès du ministre de la Justice et dont l’exécution serait confiée au ministre de l’Intérieur ? C’est pourtant la situation où se retrouve aujourd’hui la classification de la littérature jeunesse.