“ Tant que la misère est rangée quelque part, ça arrange beaucoup de monde. Le problème, c’est qu’au bout d’un moment, ça déborde. ”
Jean-Louis Borloo, ministre de la ville
La “politique de la ville” porte bien mal son nom. Du moins si l’on entend par politique un champ et des pratiques qui ont partie liée avec la division et le conflit. Non pas que l’une et l’autre soient absents des préoccupations qui sont à l’origine de la dite politique. Bien au contraire, puisque sa raison d’être majeure, aussi inavouée soit-elle dans sa présentation officielle, est précisément de chercher coûte que coûte à neutraliser le conflit et à nier la division. Pour ce faire, il suffira de qualifier d’“ urbaine ” la question posée. Et de circonscrire à “la ville” les réponses qui lui seront apportées.
Cette question est celle de la (ou des) “violence(s)” et de “l’insécurité” qu’elle(s) engendre(ent). Mais pas n’importe lesquelles. On ne parlera guère, sinon sur le mode allusif, des violences d’ordre économique, institutionnel ou symbolique infligées aux couches populaires dans une société de plus en plus inégalitaire, pas plus que l’insécurité qui en résulte pour elles au plan matériel (professionnel, résidentiel, sanitaire, alimentaire...), mais aussi psychologique et existentiel. Cette violence sociale s’aggrave, pour les générations issues de l’immigration, des vexations racistes en tout genre (discrimination à l’embauche ou dans l’accès au logement, “contrôles d’identité” à répétition, jugements iniques dans les tribunaux, etc.) suscitées par leur “faciès” ou leur nom.