• L’« occasion manquée » de Lepage au Soleil
    Lela Savic, Métro, le 24 avril 2019
    https://journalmetro.com/culture/2311750/loccasion-manquee-de-lepage-au-soleil

    La pièce Kanata portant sur l’histoire des premiers peuples du Canada a suscité une telle controverse l’été dernier, en raison de l’absence d’Autochtones dans le projet, qu’elle a été annulée au Québec. Le documentaire Lepage au Soleil nous plonge au coeur de sa création. Métro l’a fait voir à trois spécialistes des questions autochtones.

    « Lorsqu’un aîné parle de ses blessures, ou un chef raconte notre culture, il n’a pas de nom, c’est comme si “c’est juste un vieil indien”. La seule femme autochtone qui est interviewée dans le film est aussi celle qui dit qu’elle trouve dommage que la pièce n’ait pas eu lieu. Même si elle ouvre le film en exprimant son support envers Kanata, on apprend son nom que vers la moitié du film ».

    Redface
    Les spectacles qui représentent des autochtones ne datent pas d’hier, précise l’historien Gavin Taylor. Au 19 e siècle, quelque soixante-dix productions de « pièces de théâtre indiennes » (Indian plays) ont été mises en scène aux États-Unis. « À bien des égards, ces pièces étaient l’analogue des spectacles de Blackface — c’était des productions dans lesquelles des acteurs blancs caricaturaient les personnes autochtones pour le plaisir d’un public blanc. Alors que le Blackface présentait les Afro-Américains comme des bouffons, les personnages “indiens” étaient présentés comme des sauvages, mais aussi comme des restants tragiques d’une race mourante. » Selon M.Taylor cette représentation des peuples autochtones avait une très longue histoire ; l’historien Lakota Philip Deloria a appelé cela « jouer aux Indiens » explique-t-il. « L’effacement et l’appropriation de l’identité autochtone est typiques des sociétés coloniales qui prétendent être fondées dans le territoire même où les Autochtones ont été dépossédés. » En ne reconnaissant pas cette dynamique, Lepage et Ariane Mnouchkine ont étés « naïfs, voire arrogants » croit l’historien.

    #Kanata #Robert_Lepage #autochtone #France #Ariane_Mnouchkine #Théâtre_du_Soleil #Cartoucherie #appropriation_culturelle #racisme #invisibilisation #Spectacle #Théâtre #Canada

  • J’aimerais revenir sur la polémique #Kanata / #Robert_Lepage qui n’a finalement presque pas été abordée sur Seenthis, et donc peut-être pas assez en France (pourtant ça rappelle une polémique en France, avec #Exhibit_B.), sauf ici :
    https://seenthis.net/messages/717781
    https://seenthis.net/messages/747168

    Robert Lepage a décidé dans cette dernière pièce de traiter de l’histoire du Canada, et donc des #autochtones, sans actrices ou acteurs autochtones, mais même sans consulter la ou le moindre autochtone pendant la genèse de la pièce.

    Alors, laissons d’abord la parole à Maya Cousineau-Mollen :

    Kanata : Maya Cousineau-Mollen, entre espoir et tristesse
    Radio Canada, le 17 décembre 2018
    https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1142422/kanata-maya-cousineau-mollen-theatre-autochtone

    Elle s’explique aussi ici en vidéo sur Le Média, le 23 décembre 2018 :
    https://www.youtube.com/watch?v=lG5ptrcijdI

    Mais, avant de revenir là dessus, rajoutons le contexte qui manque un peu. Alors qu’il annonce la sortie de cette pièce à Montréal en été 2018, il vient de subir une autre controverse avec sa pièce #Slav, consacrée aux chants d’esclaves #noirs, avec aucun.e chanteu.se.r noir ni aucun.e noir.e consultée pendant la génèse de la pièce. Présentée pendant le Festival de Jazz de Montréal, un tonnerre de protestation a conduit le Festival à annuler la pièce après les quelques premières représentations. J’en avais un peu parlé ici :
    https://seenthis.net/messages/706476

    Peu de gens s’en souviennent, mais en 2001, Robert Lepage avait présenté sa pièce #Zulu_Time où des personnes de nombreuses origines sont représentées, mais où là encore, neuf des dix membres de la troupe étaient des Québécois blancs, le dixième étant d’origine péruvienne. De plus, les représentations étaient stéréotypées, en position d’infériorité par rapport aux personnages blancs. Des femmes provenant apparemment du Moyen-Orient ou du sous-continent indien étaient placés dans des rôles de servitude et d’assujettissement. Enfin, la seule représentation d’un homme noir, jouée par un comédien blanc, arborait un maquillage corporel noir, portant le costume traditionnel d’un guerrier zoulou, avec couvre-chef, torse nu, lance et bouclier, et dont la pièce établissait un parallèle avec le personnage du singe, joué par l’acteur d’origine péruvienne.

    Bref, pour en revenir à Kanata et à 2018, comme le rappelle Maya Cousineau-Mollen, bien qu’il y ait des critiques, il n’y a pas d’appel à l’annulation ou à la censure. Ce sont les producteurs de la pièce qui se retirent, ne voulant pas être mêlés à une telle controverse.

    C’est alors que dans sa grande mansuétude, qui démontre aussi à quel point le débat est en retard en #France sur ces questions, qu’ #Ariane_Mnouchkine décide d’offrir son #Théâtre_du_Soleil de la #Cartoucherie de Vincennes à Robert Lepage pour qu’il y monte une versions légèrement modifiée de sa pièce, et donc tout aussi critiquable. On en est là.

    #appropriation_culturelle #racisme #invisibilisation #Spectacle #Théâtre #Canada

  • LE #THÉÂTRE #AFTAAB, LE SOLEIL #AFGHAN À LA #CARTOUCHERIE DE VINCENNES

    https://www.la-croix.com/Culture/Theatre/Le-Theatre-Aftaab-le-Soleil-afghan-a-la-Cartoucherie-de-Vincennes-2013-04-
    publié par DIDIER MÉREUZE, le 18/04/2013 à 14h40
    consulté le 03/06/2018

    Fondée avec la complicité d’#Ariane_Mnouchkine et du #Théâtre_du_Soleil, la troupe de #Kaboul s’installe à la Cartoucherie pour conter les chemins de l’#immigration.
    La Ronde de nuit
    par le Théâtre Aftaab
    Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes
    Les comédiens afghans d’Aftaab ont retrouvé la Cartoucherie de Vincennes et le Théâtre du Soleil à l’origine de leur histoire. Conviée, en 2005, à diriger en stage des artistes de Kaboul, Ariane Mnouchkine les avait engagés à fonder une troupe. Sur les 250 participants, une vingtaine se lancèrent dans l’aventure, baptisant leur théâtre « Aftaab » – « Soleil » en langue dari.

    Depuis la formation de cette troupe, les comédiens du Théâtre du Soleil se rendent régulièrement à Kaboul afin d’assister les comédiens d’Aftaab dans leur mise en scène. En 2008, la troupe afghane est invitée à la Cartoucherie pour présenter leurs mises en scène du Tartuffe de Molière et du Cercle de craie caucasien de Brecht. L’année suivante, ils sont à nouveau conviés afin de travailler sur leur première création, qui cherche à illustrer la vie quotidienne de l’Afghanistan des talibans : la #Ronde_de_nuit, qui narre la vie d’un gardien de théâtre afghan. Cette pièce est pour les comédiens Afghan l’occasion de témoigner, auprès de la « France des droits de l’homme », d’eux mêmes et de leur existence. Le gardien du Théâtre du Soleil, chargé par Ariane de veiller sur les archives et les décors, se retrouve soudain au beau milieu d’une cohorte d’Afghan sans papier qui cherchent un endroit où passer la nuit à l’abri de la neige et du gel. D’autres personnages viennent s’ajouter aux réfugiés : « un sympathique policier humaniste, une prostituée au grand cœur, un SDF qui vient prendre sa douche, une jeune femme temporairement hébergée par le Soleil… »

    Bruissante, frémissante, une humanité s’agite, en proie aux peurs, aux angoisses, aux difficultés du quotidien, à la douleur de la séparation. Décidée à se battre, à survivre, à connaître enfin (ou retrouver) le bonheur, être libre.

    Cette pièce s’inspire en partie du vécu des acteurs (le gardien de nuit du théâtre du soleil est réellement un immigré afghan), elle a été construite à partir de leurs souvenirs et de leurs improvisations. Selon un témoignage de Shuhra Sabagny, l’une des actrices de la Ronde de nuit, les membres de la troupe ont désiré mettre en lumière la condition de ceux qui, contrairement à eux, n’ont pas la chance d’avoir obtenu des papiers et un travail en France, tout comme ils ont souhaité rendre hommage aux français qui les ont aidés. Malgré leur rêve de retourner dans leur pays, cette perspective leur semble lointaine, voire impossible. À titre d’exemple, lorsque Haroon Amani, l’un des membres d’Aftaab, s’est rendu en Afghanistan, il a dû prétendre travailler dans un atelier de couture au Pakistan, parce qu’il aurait encouru des risques et aurait probablement mis en danger son entourage.

    Mon commentaire sur cet article :
    L’expérience de la troupe Aftaab nous montre dans non seulement à quel point la censure de l’art est forte dans des pays tels que l’Afghanistan, mais elle nous apprend également et surtout le pouvoir que des pays comme le nôtre ont de faire changer les choses. Si nous pouvons, en effet, agir individuellement en aidant des immigrés à échapper à la tyrannie ou à la pauvreté de leur pays et à s’intégrer aux nôtres, les états les plus libres et le plus développés ont en outre le pouvoir, si ce n’est le devoir, d’aider les pays en difficulté à sortir des situations de crise.

  • #ARIANE_MNOUCHKINE E L’INNO ALL’#ILLUMINISMO : « DA 50 ANNI INSEGUO L’#UTOPIA »

    Ariane Mnouchkine et l’hymne aux #Lumières : « Je poursuis l’#utopie depuis 50 ans »
    http://27esimaora.corriere.it/articolo/ariane-mnouchkine-e-linno-allilluminismo-da-50-anni-inseguo-luto
    publié le 02/02/2015
    consulté le 16/04/2018 à 19h00

    Sulla strada dell’utopia Ariane Mnouchkine è in marcia da oltre mezzo secolo. E se tanti nel frattempo si sono perduti, tornati indietro, preso vie laterali più comode, peggio per loro. A cambiare il mondo lei non rinuncia. Nemmeno ora che i riccioli sono candidi e il bel viso severo porta le rughe di molte battaglie per l’integrazione e l’accoglienza. Per i sans papier, gli esuli afghani e tibetani, i rifugiati politici di ogni parte del mondo.

    À la recherche de l’utopie depuis près d’un demi-siècle, Ariane Mnouchkine est décrite dans cet article comme une icône du théâtre, le plus grand metteur en scène d’Europe. Le #Théâtre_du_Soleil, installé depuis 1964 à Paris, dans une ancienne fabrique de munitions, la Cartoucherie, œuvre en faveur des sans papiers, des exilés afghans ou tibétains et des réfugiés politiques du monde entier ; dans une époque pourtant encline à la perdition, au retour en arrière et au choix de la facilité, Ariane Mnouchkine ne renonce pas à changer le monde. Selon cette dernière, « l’#égalité n’est pas un mot abstrait » (« l’eguaglianza non è una parola astratta ») : elle comprise, toute la communauté du théâtre du soleil participe aux décisions et touche le même salaire. Inspirée des lumières et mue par un idéal de tolérance, Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil sont en outre lauréats de nombreux prix (Molières, pris Nonino...). Elle s’inspire en partie de monuments classiques, allant des œuvres d’Eschyle à celles de Shakespeare, qu’elle transpose dans diverses cultures, souvent orientales ; nombre de ses pièces ont également comme thème des sujets controversés, allant de la guerre d’Iraq à celle de Syrie, en passant pas les exils tibétain, afghan ou palestinien. Le Théâtre du Soleil transmet en outre ses idées à travers sa forme même : ouvert à tous et à toutes nationalités, les acteurs rencontrent les spectateurs à l’issue de la pièce à l’occasion d’un repas convivial. Le Théâtre du Soleil prône donc un idéal dont les seules limites sont la conscience et le respect de l’autre, la justice, la solidarité.

    Mon commentaire sur cet article :
    Cet article présente avec fidélité l’idéal poursuivi par Ariane Mnouchkine : celui de l’humanisme. Le Théâtre du Soleil se veut un exemple d’égalité et de tolérance pour ses spectateurs, autant par le sujet de ses pièces que par la diversité de sa production et des troupes qu’il convie à la Cartoucherie.
    Cependant, les propos rapportés d’Ariane Mnouchkine me paraissent trop généraux, l’article n’insiste pas assez sur les actions concrètes du Théâtre du Soleil afin de mettre en pratique cet idéal utopique dans les pays et pour les personnes qui en ont besoin.

  • #ARIANE_MNOUCHKINE ET L’#UTOPIE DU SOLEIL

    https://www.lesinrocks.com/2010/03/07/actualite/ariane-mnouchkine-et-lutopie-du-soleil-1133097
    publié le 07/03/2010 à 14h00
    consulté le 03/06/2018 à 16h00

    ARIANE MNOUCHKINE magnifie l’ultime saga humaniste de Jules Verne en une brillante fête de théâtre.
    […]
    Son génie, elle le réserve à la générosité du manifeste politique contenu dans l’ultime roman de Jules Verne. Pour lui, elle ose un retour au théâtre expressionniste du temps du muet dans un éblouissant hommage aux pionniers du 7e art. Alors, dans des décors montés à vue et sous l’œil d’une antique caméra à manivelle, Ariane Mnouchkine se fait magicienne pour redonner vie à ces illustrations des éditions Hetzel qui nous firent tant voyager enfants. Sur les musiques de Jean-Jacques Lemêtre, l’opérette se mue en un opéra sans parole qui, usant de simples cartons pour les dialogues, nous propulse dans l’aventure de la naissance de ce phalanstère idéal créé par des naufragés sur une île perdue entre Patagonie et Terre de Feu. Et le rêve d’Ariane de cette petite lumière d’un phare du bout du monde témoignant d’une humanité capable d’égalité et de fraternité devient alors le nôtre.

    Cet article est une critique de l’une des nombreuses pièces du #Théâtre_Du_Soleil : Les naufragés du fol espoir, inspirée du roman de Jules Verne, Les naufragés du Jonathan. Ariane Mnouchkine met en scène une Europe précipitée vers le carnage de 14-18 : la temporalité de la pièce se situe entre l’attentat de Sarajevo et l’assassinat de Jean Jaurès, jusqu’à la déclaration de guerre. Les personnages, dans un décor monté au vu du spectateur et sur les musiques de Jean-Jacques Lemêtre, participent au tournage d’un film muet inspiré du roman de Jules Verne. Cette pièce prend la forme populaire de l’opérette pour faire passer, grâce à la mise en abyme, un message aussi politique qu’humaniste : le motif de l’utopie, à travers une société idéale créée sur une île par des naufragés.

    Mon commentaire sur cet article :
    J’ai choisi cet article pour présenter le travail d’Ariane Mnouchkine, dans la mesure où celle-ci reste convaincue que le théâtre peut être le lieu d’une utopie, c’est-à dire un moyen de véhiculer des idées humanistes telles que la paix et l’entre-aide. Le célèbre Théâtre du Soleil, installé a la cartoucherie, s’est en effet donné comme mission de transmettre ce message, aussi bien de manière métaphorique, avec ses pièce de théâtre, que pratique : le théâtre du soleil accueille de nombreuses troupes étrangères (notamment indiennes) et partage son savoir-faire et ses convictions dans le cadre de l’école nomade en proposant des stages de théâtre à l’étranger. Je m’intéresserai en outre, à l’occasion d’un prochain article, à la troupe Afghane Aftaab, fondée à l’issue d’un stage dirigé par Ariane Mnouchkine et la troupe du soleil à Kaboul en 2005.
    Je trouve cet article intéressant dans la mesure où il illustre bien le parti pris idéologique du Théâtre du Soleil et le message qu’Ariane Mnouchkine cherche à faire passer dans la plupart de ses pièces. Non seulement le théâtre peut permettre une prise de conscience des difficultés de certains pays pauvres (ce n’est pas le cas dans les naufragés du fol espoir, mais dans l’œuvre d’Ariane Mnouchkine), mais le Théâtre du Soleil offre également à des populations défavorisées (comme c’est le cas en Inde ou en Afghanistan) la possibilité de s’ouvrir à l’univers particulier du théâtre, qui devient un échappatoire et, comme c’est le cas de la troupe Aftaab, un moyen de se soustraire aux conditions difficiles des pays dont elles sont issues.

  • Le #théâtre du Soleil chambre avec panache les oppresseurs de tout poil
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/271116/le-theatre-du-soleil-chambre-avec-panache-les-oppresseurs-de-tout-poil

    © Michèle Laurent #Ariane_Mnouchkine et le #Théâtre_du_Soleil, dans leur nouvelle création collective revigorante, Une chambre en Inde, chassent la détresse à coups de dérision. Et prônent l’ouverture au monde contre les enfermements territorialisés. Un régal…

    #Culture-Idées