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    Emmanuel Todd : « Annulons la dette du Vieux Monde ! »

    Le Point - Publié le 13/12/2011 à 16:19 - Modifié le 13/12/2011 à 16:25
    L’État est au service d’une oligarchie liée aux marchés, assure Todd, le « prophète certifié ».
    Emmanuel Todd est démographe, anthropologue, historien, politologue. Il vient de publier le tome I de « L’origine des systèmes familiaux » (Gallimard, coll. « NRF Essais », 768 p., 29 euros)

    Emmanuel Todd est démographe, anthropologue, historien, politologue. Il vient de publier le tome I de « L’origine des systèmes familiaux » (Gallimard, coll. « NRF Essais », 768 p., 29 euros)
    © Éric Garault, pour « Le Point »

    Le Point : Les États sont-ils en guerre contre « les marchés » ?

    Emmanuel Todd : Ne soyons pas dupes de ces concepts mystificateurs, Bruxelles, les marchés, les banques, les agences de notation américaines : ces faux nez camouflent la prise du pouvoir politique, à l’échelle mondiale, par les plus riches. Sous couvert de protéger l’argent des petits épargnants, les marchés, ce sont tout simplement les plus riches jouant avec les États. Les riches ne se battent pas contre les États, ils se battent pour les contrôler encore mieux (voir « L’État prédateur », de James Galbraith). Il suffit d’observer les parcours de certains individus entre la haute administration, les firmes américaines, Bruxelles et, désormais, les gouvernements pour comprendre qu’ils y parviennent. Si une même caste contrôle les marchés et les États, l’opposition entre les uns et les autres n’a plus aucun sens.

    Vous êtes bien léger avec l’argent des petits épargnants !

    Je refuse de céder au chantage. Lorsqu’ils partaient à la conquête de villes, les Mongols utilisaient des otages comme boucliers humains. Le groupe des plus riches fait exactement la même chose : ses otages, ce sont les petits épargnants.

    « La faute aux riches ! » : n’est-ce pas sommaire ?

    Que cela vous plaise ou non, l’accumulation excessive d’argent dans les strates supérieures de la société est l’une des caractéristiques de la période. La baisse, ou la stagnation, des revenus des gens ordinaires est allée de pair avec la hausse des revenus des 1 % les plus riches et, à l’intérieur de ce petit groupe, des 0,01 % les plus riches. Quant à l’État, il faut reconnaître son ambivalence et s’appuyer sur la partie raisonnable du marxisme pour comprendre ce qui se passe. L’État est à la fois l’incarnation de l’intérêt général et l’expression de la classe dominante. L’État social d’après-guerre, l’État gaulliste, et quoi qu’en ait dit le Parti communiste, agissait surtout au nom de l’intérêt général, il gérait une croissance pour tous. Aujourd’hui, l’État est prioritairement un État de classe. Le capitalisme financier contrôle à nouveau les États.

    La situation serait-elle meilleure si les riches étaient moins riches ? Autrement dit, le problème est-il moral ou économique ?

    Mon analyse n’a aucune visée morale. Depuis 1990, l’ouverture des échanges et la libéralisation des flux financiers ont effectivement provoqué un fantastique accroissement des inégalités. À ce sujet, je rends hommage à l’école Piketty, dont il semble que les travaux comparatifs à l’échelle mondiale aient été décisifs dans l’émergence actuelle de la thématique des 1 % aux États-Unis et au Royaume-Uni. Aussi opaque que puisse paraître le système, on peut approcher sa réalité en analysant la façon dont un groupe social contrôle une partie importante des ressources. Dans ces conditions, la question essentielle n’est pas celle des marchés en tant que tels, mais celle de l’oligarchie et de son rapport à l’État. Il faut donc identifier cette oligarchie et analyser sa structure, son mode de vie, sa composition.

    S’agit-il d’un groupe hors sol, d’"élites mondialisées", expression qui faisait bondir tout le monde il y a dix ans ?

    Encore une fantasmagorie de l’époque ! On croit que le libre-échange globalisé a engendré une oligarchie transnationale. Parce qu’on fait abstraction des facteurs culturels, on ne voit pas qu’il existe plusieurs oligarchies dont les relations sont structurées par d’implacables rapports de forces. La spécificité de l’oligarchie française, c’est sa proximité avec la haute administration. Ses membres ont souvent étudié dans de grandes écoles - sans forcément être des héritiers -, parlent en général très mal l’anglais, sont incroyablement français dans leurs moeurs et n’en finissent pas de se faire rouler par les vrais patrons, l’oligarchie américaine. La soumission à Standard & Poor’s et Moody’s est une soumission à l’oligarchie américaine. Quant à l’oligarchie allemande, nouvelle venue dans le système de domination, elle s’habitue ces jours-ci à traiter les Français comme de simples vassaux. Le charme singulier de l’oligarchie chinoise est son étroite intrication avec le Parti communiste. La plupart des analystes passent à côté de cette hétérogénéité. La gauche nourrit l’illusion d’une égalité au sommet, alors que l’inégalité caractérise autant le haut que le bas de la structure sociale mondiale.

    Si les États ne s’endettaient pas, ils ne s’appauvriraient pas et n’enrichiraient personne en remboursant leur dette.

    Cette idée est complètement à côté de la plaque parce qu’elle méconnaît le mécanisme réel de l’endettement. On analyse la dette publique à partir du point de vue d’un emprunteur qui serait coupable d’avoir dépensé sans compter. Les peuples doivent payer parce qu’ils ont vécu à crédit. Or ce ne sont pas les emprunteurs qui sont, fondamentalement, à l’origine de la dette, mais les prêteurs, qui veulent placer leurs excédents financiers. Marx l’avait très bien vu dans « Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte », les riches adorent la dette publique ! Un État qui s’endette est un État qui, grâce au monopole de la contrainte légale, permet aux riches d’obtenir une sécurité maximale pour leur argent.

    Donc, ce n’est pas la faute des gouvernements, puisqu’on les a poussés à emprunter ?

    Sauf que ce sont leurs choix fiscaux qui les ont conduits à se mettre dans la main des plus riches. Dans « Les dettes illégitimes », François Chesnais montre bien comment, en France, les ultrariches ont bénéficié d’une baisse de leurs impôts qui leur permet de prêter à l’État les ressources dont il s’est lui-même privé. Sans oublier l’auto-interdiction pour l’État de fabriquer de la monnaie, établie par la loi Pompidou dès 1973, mais rendue idéologiquement formidable par le mythe supplémentaire d’une Banque centrale européenne à Francfort, supposée être hors de portée de l’État français. Chaque année, les Français se voient ainsi ponctionner, à travers la TVA et les impôts directs, 250 milliards d’euros, dont près de 50 milliards d’intérêts, qui vont à des gens qui ont déjà trop d’argent. Les deux tiers sont d’ailleurs étrangers, parce que la fête est mondiale, les riches Français pouvant en contrepartie se gaver de la soumission des États et des peuples. Voilà ce que cache le discours alarmiste et moralisateur sur l’endettement abyssal, la faillite du pays et la nécessité de sauver le triple A. Derrière l’apparente logique libérale du système, l’État devient une machine à rançonner les populations au bénéfice des plus riches.

    L’impôt est aussi le fondement de la démocratie. Quand ils rechignent à s’en acquitter, comme en Grèce, les citoyens sont-ils des victimes ?

    Je ne peux que me répéter : on a poussé les Grecs à s’endetter afin de pouvoir mieux les étrangler. Regardez votre téléviseur : sans cesse des publicités nous incitent à emprunter. Les banques, pardon, les riches, aiment prêter. Et les usuriers aiment saisir les biens si l’on ne peut rembourser. Privatiser les biens de l’État grec, par exemple.

    Ne seriez-vous pas un peu complotiste ? Même si « on » les a poussés, le dealer est-il le seul coupable de la dépendance du drogué ?

    Le monde de l’oligarchie est un monde de pouvoir et de complots. En aidant l’État grec à trafiquer ses comptes, Goldman Sachs s’est comporté en usurier. Maintenant, ce qu’on appelle « aider » les Grecs, c’est les maintenir en état d’être rançonnés. La crise de la zone euro n’a pas été fondamentalement créée par la nonchalance des débiteurs, mais par l’agressivité des prêteurs.

    Cette oligarchie, la définiriez-vous comme une classe sociale et, en ce cas, est-elle dotée d’une conscience de classe ?

    L’oligarchie se comporte comme une classe sociale, mais en même temps on sent en elle de l’irrationalité et même un vent de folie collective. Du coup, je me demande s’il faut recourir à l’analyse marxiste de l’idéologie ou à la psychiatrie. Pourtant, un groupe social privilégié n’est pas nécessairement décadent et irresponsable. À la différence des nobles français du XVIIIe siècle, attachés à l’exemption fiscale, les classes supérieures anglaises acceptaient une pression fiscale élevée. Elles ont conquis le monde. L’oligarchie actuelle est à mille lieues de cet exemple. Il serait préférable, si ce terme ne renvoyait aux slogans antisémites, de parler de ploutocratie. Gardons en tout cas à l’esprit que l’oligarchie, pouvoir d’un petit nombre, diffère de l’aristocratie, qui est celui des meilleurs.

    Ces oligarques ont plus à perdre que les autres catégories. L’irrationalité explique-t-elle tout ?

    La conduite des acteurs hésite entre rationnel et irrationnel. Le point de départ de la crise de 2008, c’est l’accaparement par la Chine et d’autres, grâce à leurs bas salaires, d’une part croissante de la production mondiale, qui entraîne, dans les pays riches, une compression des revenus, donc une insuffisance de la demande. Le résultat, c’est que les salaires évoluent à la baisse, alors que le volume de la production mondiale augmente. C’est dans ce contexte que les États-Unis, puissance monétairement dominante, découvrent le mécanisme fou du crédit hypothécaire. Les ménages américains ne s’endettent pas seulement pour acheter une plus grande maison, mais pour continuer à consommer des produits chinois. Et à la veille de la crise de 2008, le déficit commercial américain s’élève à 800 milliards de dollars. Le système est étonnant : les États-Unis, forts de leur statut impérial, font de ce déficit un régulateur keynésien à l’échelle mondiale. Ainsi, l’endettement est appelé à compenser l’insuffisance de la demande. Bien entendu, le mécanisme du crédit finit par imploser et les revenus comme les importations par s’effondrer. Dans ce contexte, les plans de relance concoctés par le G7, le G8 et le G20 sont une réaction rationnelle. On célèbre le triomphe de Keynes et le retour de l’État.

    Voilà qui n’aurait pas dû vous déplaire !

    Le problème, c’est qu’il s’agit d’un keynésianisme des riches. La relance n’est pas financée par la création monétaire - la planche à billets -, qui ne coûterait rien à l’État, mais par l’endettement, qui permet de sécuriser l’argent des nantis sans apporter la moindre réponse de fond à l’insuffisance de la demande. Ce pseudo-keynésianisme encourage la croissance chinoise, booste le CAC 40 et accélère les délocalisations en Europe. À l’arrivée, le fameux « retour de l’État » n’est rien d’autre que l’instauration d’un socialisme des riches. L’État doit sauver les riches, nom de code : « les banques », parce que les banques, qui contrôlent aussi les moyens de paiement des citoyens, comme l’a très bien dit Frédéric Lordon, ont pris l’État en otage pour le compte de leurs riches actionnaires. Si on avait opté pour leur nationalisation, on aurait pu garantir les économies des gens ordinaires, indemniser les petits actionnaires et sanctionner les coupables. La vérité de cette période n’est pas que l’État est impuissant, mais qu’il est au service de l’oligarchie.

    Si la relance profite aux riches - les prêteurs -, l’austérité bénéficiera-t-elle aux pauvres ?

    Ce qui est certain, c’est que le discours antirigueur, incarné par exemple par Martine Aubry, est complètement archaïque. Les gouvernements ont fini par comprendre que les politiques de relance ne relançaient que l’économie de la Chine et des pays émergents. Mais ils refusent toujours la moindre mesure de protectionnisme national, sectoriel ou européen. Dans ces conditions, la rigueur peut apparaître comme un refus passif de contribuer à la croissance de la Chine, une troisième voie que je qualifierai de « protectionnisme des imbéciles ». Voilà la triste vérité, nous sommes gouvernés par des imbéciles. Les gens qui sont aux commandes doivent être tenus pour responsables de leurs actes. Cela dit, je ne suis pas mélenchoniste : je crois qu’il faut des élites pour gouverner. Il ne s’agit pas de les pendre, mais de les ramener à la raison. Baroin et Pécresse, l’incompétence au sommet, sont sans doute sincèrement convaincus que le retour à l’équilibre budgétaire donne la solution de tous nos problèmes. Toutefois, il n’est pas exclu que les gouvernements aient inconsciemment fait un autre choix : si la relance est impossible et le protectionnisme impensable, la réduction des dépenses budgétaires dans les pays déficitaires est le seul moyen de mettre à genoux les pays exportateurs excédentaires, en gros l’Allemagne et la Chine, pour les obliger à entrer dans un processus de négociation.

    La fascination française pour le modèle allemand va de pair avec la montée de la germanophobie...

    De même que l’antisémitisme et le philosémitisme constituent deux versions d’un excès d’intérêt, pathologique, pour la question juive, la germanophobie et la germanolâtrie sont deux façons de prendre l’Allemagne trop au sérieux, ce qui contribue à aggraver le problème. Au début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy avait une position assez antiallemande et faisait preuve d’une certaine souplesse doctrinale en économie. Le maintien de François Fillon à Matignon et la nomination d’Alain Juppé au Quai d’Orsay ont consacré le retour de la droite orthodoxe et de ses vieilles lunes économiques et moralisatrices. C’est alors que le gouvernement et une bonne partie des élites françaises ont adopté un discours germanolâtre, dangereux pour les Allemands eux-mêmes. Privés d’un partenaire sympathique mais critique, ils se sont enfermés dans l’admiration de leur propre modèle. L’urgence aujourd’hui n’est pas de les flatter, mais de les arrêter.

    Vous n’allez pas entonner l’air de la bête immonde ? Cela fait cinquante ans que la puissance allemande va de pair avec une démocratie solide.

    Je ne qualifierai pas forcément de démocratique un pays qui pratique l’union nationale plus volontiers que l’alternance et où, grâce à une prédisposition anthropologique à la discipline, les sociaux-démocrates ont pu mener une politique de compression acceptée des salaires. L’Allemagne a mené une stratégie parfaitement égoïste d’adaptation au libre-échange, en délocalisant hors de la zone euro une partie de la fabrication de ses composants industriels, en pratiquant contre la France, l’Italie et l’Espagne la désinflation compétitive, puis en utilisant la zone euro comme un marché captif où elle a pu dégager ses excédents commerciaux. Cette stratégie commerciale est la poursuite d’une tradition autoritaire et inégalitaire par d’autres moyens.

    Vous jouez à nous faire peur ?

    Je ne joue pas, mais vous devriez avoir peur. Les pays passés sous le contrôle des technocrates ou menacés sont la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, pays de démocratie récente. D’ailleurs, c’est pour les sécuriser dans un espace démocratique qu’on les a intégrés à l’Europe et à la zone euro. Or, aujourd’hui, loin de stabiliser ces démocraties fragiles, les mécanismes bureaucratico-monétaires les renvoient en accéléré aux pires moments de leur instabilité passée. Oui, l’heure est grave. Le risque de voir resurgir l’Italie du fascisme, la Grèce des colonels, l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar est bien réel. Vous voulez que je vous fasse peur ? En démographe, je vois réapparaître l’opposition des années 1930 entre l’Europe nord-occidentale des démocraties libérales, où la fécondité tend vers 1,9 ou 2 enfants par femme, et l’Europe autoritaire, fasciste ou communiste continentale, où la fécondité est ultrabasse, avec 1,3 à 1,5 enfant. Mais que faire si les Allemands sont réfractaires à toute négociation sur la capacité d’intervention de la BCE ? Devrons-nous mourir pour l’euro ? N’exagérons pas ! S’il est angoissant de voir l’Allemagne mettre à genoux ses partenaires tout en s’enivrant de l’admiration que lui vouent les droites européennes, il ne s’agit pas de tomber dans la psychose. Souvenez-vous que les Allemands ne voulaient pas entendre parler de l’euro et qu’ils n’ont cessé, après sa création, de menacer de sortir de la zone euro. Aujourd’hui, le gouvernement et le patronat ont compris que la fin de l’euro mettrait l’Allemagne au tapis, puisqu’elle seule serait dans l’impossibilité de dévaluer. En réalité, les Allemands sont plus souples qu’on ne l’imagine. Mais ils ne comprennent que la négociation franche et brutale.

    Au fait, pourquoi tenez-vous tant à l’euro ?

    Je ne tiens pas particulièrement à l’euro. Je dis qu’en régime de libre-échange l’euro est condamné. Je ne prédis pas l’avenir ici, je décris le présent. De toute façon, l’enjeu immédiat n’est pas l’euro, mais la crise de la dette. Soyons clair : les dettes souveraines ne seront jamais remboursées. Même les emprunts allemands commencent à être suspects. Nous avons deux possibilités : la planche à billets et le défaut sur la dette, qui serait selon moi préférable, ayant la netteté d’une opération chirurgicale. Le défaut sur la dette marquera le début de la reconquête de l’État par l’idéal démocratique, un État aujourd’hui pillé et rançonné par l’oligarchie financière.

    Oui, mais, pour les « otages », petits épargnants français, retraités américains, ce défaut négocié ressemblerait fort à une spoliation assumée.

    Mais ce sont les prêteurs qui nous spolient ! Pourquoi laisserait-on les prédateurs engloutir ce qui reste du patrimoine national ? Quant aux otages, les petits épargnants, en France, c’est pour les protéger que la nationalisation des banques est indispensable. Et cessons de pleurnicher sur le petit retraité américain, l’Amérique vit à crédit sur le dos du monde depuis des années. Et ce ne sont pas de petits retraités qui détiennent les deux tiers de la dette publique française. De plus, un défaut sur la dette de la France entraînerait des défauts en cascade des autres nations. Dans cette redistribution générale, les défauts s’annuleraient pour l’essentiel les uns les autres. Quelques nations seraient perdantes. À l’arrivée, je vous garantis que les plus coupables - nations ou individus - seront le plus sévèrement punis.

    On peut comprendre que nos dirigeants aient la trouille, non ?

    Plus le naufrage idéologique et intellectuel de la société est évident, plus les gens d’en haut s’enivrent de leur discours de domination, plus ils exigent la mise en vente des biens publics et la baisse des salaires. Et le pouvoir se réfugie dans une sorte de déni munichois : non contents d’avoir mis en place un système stupide, des gens supposés être modérés et compétents nous laissent en état d’impréparation pour gérer son effondrement. Ne nous laissons pas intimider, une société développée, dotée d’un haut niveau éducatif et technologique, est parfaitement capable de s’adapter après un effondrement systémique de cet ordre. Nous traverserons une année très difficile, mais très vite la libération des énergies et des ressources permettra un nouvel avenir. La délégitimation d’élites médiocres et corrompues sera une nouvelle jeunesse pour notre pays, un coup de balai moins douloureux que celui de 1940, un coup de balai sans la Wehrmacht !
    Propos recueillis par Elisabeth Lévy

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    Emmanuel Todd (né en 1951) est démographe, anthropologue, historien, politologue. Il vient de publier le tome I de « L’origine des systèmes familiaux » (Gallimard, coll. « NRF Essais », 768 p., 29 E).

  • Amnesty en faveur de l’Occupation ?
    Des bassines et du zèle.

    http://blog.emceebeulogue.fr/post/2012/08/13/Amnesty-en-faveur-de-l-Occupation

    Amnesty en faveur de l’Occupation ?

    Par Ashley Smith / 9 août 2012

    Amnesty for Occupation ?

    La plupart des gens associent Amnesty International à la lutte contre la torture, la contestation de la peine de mort et les campagnes pour la libération de prisonniers politiques. En plus de ces importantes campagnes, Amnesty s’est opposée ces dix dernières années à la guerre en Irak et a milité pour la fermeture du camp de concentration US à Guantánamo Bay, Cuba.

    L"’affichage pro-occupation d’Amnesty International sur un abribus de Chicago (Amnesty International)

    Et donc les militants contre la guerre se sont indignés lors du sommet de l’OTAN en mai dernier à Chicago quand ils se sont rendu compte qu’Amnesty International USA avait couvert les abribus de la ville d’affiches sur lesquelles était écrit : « Droits humains pour les femmes et les jeunes filles en Afghanistan : OTAN, continuez les progrès ! ».
    Pire encore, Amnesty USA avait organisé son propre « sommet parallèle » au cours des réunions de l’Otan avec, comme intervenante, Madeleine Albright, la secrétaire d’Etat tristement célèbre de Bill Clinton, dont on n’oubliera jamais la réponse terrifiante qu’elle avait faite à une question sur 60 Minutes concernant les sanctions infligées à l’Irak dans les années 1990.
    Le journaliste Lesley Stahl lui avait dit : « nous avons appris qu’un demi-million d’enfants sont morts. C’est-à dire plus qu’à Hiroshima. Pensez-vous que cela en vaille le prix ? » Albright avait répondu : « je pense que c’est un choix très difficile, mais nous pensons que c’est le prix à payer ».

    […]

  • http://www.larevuedesressources.org/seymour-hersh-reactivation-contre-le-programme-nucleaire-de-l-

    Seymour Hersh : Réactivation contre le programme nucléaire de l’Iran de la propagande qui précéda la guerre contre l’Irak

    samedi 11 août 2012, par Amy Goodman, Régis Poulet (traduction), Seymour Hersh (Date de rédaction antérieure : 26 novembre 2011).

    – Mise à jour du 11/08/2012 : après les déclarations des autorités de l’état d’Israël parues dans le quotidien israélien Yediot Aharonot qui titre : « Netanyahu et Barak déterminés à attaquer l’Iran à l’automne », Washington a tenu à préciser que pour les États-Unis l’Iran n’était pas sur le point de construire une bombe atomique ("Iran was not yet on the verge of building a nuclear bomb") et, par la voix de son porte parole Jay Carney, a affirmé : « Je voudrais aussi dire que nous avons des yeux — nous surveillons de près le programme, et nous saurons si et quand l’Iran franchira ce qu’il est convenu d’appeler une étape décisive dans l’acquisition d’une arme » ("I would also say that we have eyes – we have visibility into the program, and we would know if and when Iran made what’s called a breakout move towards acquiring a weapon").

    Nous republions cet entretien entre Seymour Hersh et Amy Goodman paru en novembre 2011 où étaient mises en évidence les diverses manoeuvres menées pour attaquer l’Iran.

  • http://www.reopen911.info/News/2012/08/10/robert-fisk-syrie-la-guerre-des-mensonges-et-de-lhypocrisie

    Syrie : la guerre des mensonges et de l’hypocrisie

    par Robert Fisk, dans The Independent, le 29 juillet 2012

    Robert Fisk est le correspondant à Beyrouth du journal britannique The Independent. Il est considéré, à juste titre, par le Financial Times, comme « l’un des plus remarquables reporters de sa génération ». Ouvrages récents : La Grande Guerre pour la civilisation : l’Occident à la conquête du Moyen-Orient (1979-2005), La Découverte, 2005 et Liban, nation martyre, Editions A&R et du Panama, 2007

    Traduit de l’anglais par GV pour ReOpenNews

    A-t-on déjà vu une guerre aussi hypocrite au Moyen-Orient ? Une guerre aussi lâche et dépourvue de morale, avec autant de fausses rhétoriques et d’humiliations publiques ? Et je ne parle pas des victimes physiques de la tragédie syrienne. Je me réfère aux immondes mensonges et à la fausseté de ceux qui nous gouvernent, et à notre opinion publique – à l’Est comme à l’Ouest. La réponse au massacre fut une vaste pantomime plus digne de Jonathan Swift que de Tolstoï ou Shakespeare.

    Pendant que le Qatar et l’Arabie Saoudite arment et financent les rebelles en Syrie pour renverser la dictature alaouito-chiito-baasiste de Bachar el-Assad [très bien documenté par Der Spiegel le 26 juillet - NdT], Washington n’émet pas une seule critique vis-à-vis d’eux. Le Président Obama et son secrétaire d’État, Hillary Clinton, disent vouloir la démocratie en Syrie, mais le Qatar est une autocratie et l’Arabie Saoudite est parmi les pires exemples de califats autoritaires de tout le monde arabe. Les dirigeants de ces deux États héritent du pouvoir à travers leurs liens familiaux – tout comme Bachar –, et l’Arabie Saoudite est un allié des rebelles salafistes wahhabites en Syrie, exactement comme ils furent les plus fervents supporters du régime médiéval des talibans pendant les années les plus noires en Afghanistan.

    De fait, 15 des 19 pirates de l’air criminels du 11-Septembre 2001 venaient d’Arabie Saoudite – [et pourtant] nous sommes allés bombarder l’Afghanistan. Les Saoudiens répriment leur propre minorité chiite tout comme ils veulent maintenant anéantir la minorité chiite alaouite en Syrie. Et nous croyons vraiment que l’Arabie Saoudite veut instaurer la démocratie en Syrie ?

    Et au Liban, se trouve le parti milicien chiite du Hezbollah, qui n’est autre que la main de l’Iran chiite, fidèle allié du régime d’Assad. Depuis 30 ans, le Hezbollah a défendu les chiites du Sud-Liban opprimés par l’agression israélienne. Ils se sont présentés comme les défenseurs des droits des Palestiniens notamment à Gaza. Mais face au lent effondrement de leur impitoyable allié en Syrie, ils ont perdu leur langue. Pas un mot – pas même de leur chef Sayed Hassan Nasrallah – sur l’enlèvement et le massacre de civils syriens par les soldats de Bachar et les milices « Shabiha ».

    Et puis nous avons les héros de l’Amérique, Hillary Clinton, le secrétaire à la Défense Leon Panetta, et Obama lui-même. Clinton a lancé un « véritable avertissement » à Assad. Panetta, celui-là même qui a répété aux dernières troupes US en Irak ce gros mensonge sur les liens entre Saddam Hussein et le 11/9, annonce aujourd’hui qu’en Syrie « la situation échappe à tout contrôle. » Cela fait six mois que ça dure ! Et il vient tout juste de le réaliser ? Quant à Obama, il déclarait la semaine dernière qu’ « étant donné la montagne d’armes nucléaires qu’il possède, nous continuerions à montrer clairement à Assad que le monde entier le surveille. »

    Cela dit, n’était-ce pas le journal irlandais Skibbereen Eagle qui, inquiet des projets russes vis-à-vis de la Chine, déclarait qu’il « tenait à l’œil… le tsar de Russie » ? C’est maintenant le tour d’Obama de montrer le peu d’influence qu’il a sur les principaux conflits dans le monde. Bachar doit vraiment trembler de peur !

    Mais est-on bien certain que l’administration veuille exposer au monde entier les archives sur les tortures atroces pratiquées par le régime de Bachar el-Assad ? Rappelons qu’il y a quelques années, l’administration Bush envoyait des musulmans à Damas pour que les tortionnaires d’Assad leur retournent les ongles et leur extorquent quelques renseignements, des hommes qui étaient capturés sur demande du gouvernement US et emprisonnés dans l’antichambre de l’enfer que les rebelles ont réduit en miettes la semaine dernière. Les ambassades occidentales ont consciencieusement fourni aux tortionnaires des listes de questions à poser aux prisonniers. Voyez-vous, Bachar était notre créature.

    Et puis, il y a aussi ce pays voisin qui doit nous être tellement reconnaissant : l’Irak. La semaine dernière, ce pays a subi 29 attentats à la bombe dans la même journée, touchant 19 villes, tuant 111 civils et en blessant 235 autres. Le même jour, le bain de sang en Syrie faisait à peu près le même nombre de victimes. Mais l’Irak passe loin derrière la Syrie aujourd’hui, et ne fait plus la une, comme on dit ; car bien sûr, nous avons apporté la liberté en Irak, la démocratie de Jefferson, etc., etc., n’est-ce pas ? Et donc, ce massacre à l’est de la Syrie n’a pas vraiment eu le même impact. Rien de ce que nous avons fait en 2003 n’a amené à ce que l’Irak endure aujourd’hui. Est-ce que c’est clair ?

    Et, parlant de journalisme, qui donc à BBC World News a décidé que même les préparatifs des Jeux olympiques avaient la priorité sur les massacres de ces derniers jours en Syrie ? Les journaux britanniques et la BBC vont traiter les Jeux olympiques comme une actualité locale, et c’est bien normal. Mais ce qui est lamentable, c’est cette décision prise par la BBC – la « broadcasting ‘world’ news to the world’ – de donner priorité au passage de la flamme olympique par rapport aux enfants syriens qui meurent, même lorsque les courageux reporters de la chaine(*) envoient leurs reportages directement depuis Alep.

    Et enfin, il y a nous, citoyens libéraux progressistes, si prompts à descendre dans les rues pour protester contre les massacres de Palestiniens par Israël. Chose tout à fait légitime par ailleurs. Quand nos dirigeants politiques sont si rapides à condamner les Arabes pour leur sauvagerie, mais n’osent pas émettre la moindre critique envers l’armée israélienne lorsqu’elle commet des crimes contre l’humanité – ou regarde ses alliés le faire au Liban – des gens ordinaires doivent rappeler au monde qu’ils ne sont pas aussi timides que leurs dirigeants. Mais quand le nombre de victimes en Syrie se monte à 15 000 voire 19 000 – c’est-à-dire presque 14 fois celui de l’incursion d’Israël à Gaza en 2009 – pas même un manifestant, excepté les expatriés syriens, ne descend dans la rue pour condamner ces crimes contre l’humanité. Les crimes d’Israël n’ont pas atteint ce degré de violence depuis 1948. Qu’on le veuille ou non, le message qui ressort de tout cela est le suivant : nous demandons la justice et le droit à la vie pour les Arabes s’ils sont opprimés par l’Occident ou ses Alliés israéliens, mais pas lorsqu’ils le sont par d’autres Arabes.

    Ce faisant, nous oublions la « grande vérité ». Nous voulons renverser la dictature syrienne, non pas parce que nous aimons les Syriens ou détestons notre ex-ami Bachar el-Assad, ou parce que nous voulons nous en prendre à la Russie qui a d’ailleurs toutes les cartes en main pour occuper la première place au Panthéon de l’hypocrisie, mais beaucoup plus prosaïquement pour donner une leçon à l’Iran et peut-être contrer ses plans d’armement nucléaire, si toutefois ils existent. Autrement dit, tout cela n’a rien à voir avec les droits de l’homme, le droit à la vie, ou le massacre d’enfants syriens. Quelle horreur ! [En français dans le texte – Ndt]

    Robert Fisk

    Traduit de l’anglais par GV pour ReOpenNews❞

  • http://owni.fr/2012/08/09/lutte-finale-facebook-the-change-book

    Lutte finale contre Facebook
    Le 9 août 2012 Maxime Vatteble

    Marcher sur les plates-bandes de Facebook est un projet audacieux. Actualutte, journal en ligne d’information alternative, a tout récemment lancé Thechangebook, un réseau social reprenant les signes distinctifs de l’empire bleu et blanc, dans le but de le renverser. Coup d’éclat ou coup d’épée dans l’eau, la méthode laisse perplexe.

    S’approprier les codes pour mieux les détourner. Le site d’information en ligne Actualutte a l’habitude d’appliquer cette philosophie dans ses articles engagés en faveur des luttes, sociales ou politiques. Elle se décline désormais à l’échelle d’un tout nouveau réseau social : TheChangebook.

    Lancé depuis seulement quelques jours, plus de 2000 internautes se sont déjà inscrits sur ce réseau. Un bon début lié à son nom explicite, susceptible d’attirer facilement le chaland. Mais peut-être aussi les foudres de Facebook.
    Réseau indépendant

    Pensé comme une plate-forme d’échanges de contenus, libérée de toute pression publicitaire et commerciale, l’information est la principale priorité de TheChangebook. Il s’agit en réalité de dénoncer le mercantilisme propre à Facebook en utilisant ses propres symboles, comme le like ou la fanpage :

    TheChangebook se place en opposition à Facebook, lequel est à but lucratif, vend ses utilisateurs par l’utilisation de la publicité et cherche à monétiser toujours davantage son réseau.

    TheChangebook fonctionne sans publicité. Il est financé par Actualutte qui est garant de la préservation de l’identité des membres du réseau.

    TheChangebook sera progressivement géré collectivement par ses utilisateurs.

  • Robert Crumb, l’homme qui aimait les rondes - regards.fr
    http://www.regards.fr/culture/robert-crumb-l-homme-qui-aimait,5478

    Robert Crumb, l’homme qui aimait les rondes
    Par Thomas Bauder| 9 août 2012

    Longtemps incomprise, la représentation du corps féminin par Robert Crumb est enfin mise en valeur dans une rétrospective d’ampleur au Musée d’art moderne de la ville de Paris.

    Il fut un temps, pas si éloigné de nous, où les sites pornographiques du web n’existant tout simplement pas, où les salles de cinéma X étant interdites au moins de dixhuit ans, où l’abonnement à Canal plus constituant encore l’apanage d’une élite sociale dotée des moyens financiers suffisants pour suivre le film hard du samedi soir, il ne restait à l’adolescent hétérocentré, en pleine montée hormonale, et désireux de découvrir la terrae incognitae de l’Être féminin que deux solutions. Soit le recours aux magazines de photographies plus ou moins soft qui s’échangeaient sous les parkas à la sortie du bahut, soit la lecture de bandes dessinées « pour adultes ». Alors qu’il ne faisait aucun doute, même pour le pubère moyen non conscientisé, que la première option ne proposait rien d’autre que la reproduction ad nauseum d’un seul et même schéma symbolique, la bédé offrait, elle, une variété de représentations de personnages féminins. Aux côtés d’auteurs tels Guido Crépax, Georges Pichard ou Milo Manara, Robert Crumb tint, dans ce joyeux enfer, une place à part. D’abord parce que le représentant le plus éminent de l’art séquentiel underground, ne se faisait pas, contrairement aux dessinateurs sus cités, une spécialité de la bédé de cul, ensuite parce que l’ironie, l’autodérision, la désacralisation de la représentation du corps masculin avec ces types chétifs et malingres, introduisait dans ses planches une distanciation critique salutaire vis-à-vis de sa propre vision graphique du corps féminin. Pour autant le travail de Robert Crumb se caractérise par une monomanie flagrante pour les corps particulièrement galbés. Femmes corpulentes, géantes aux jambes robustes, nanas poilues, filles dotées de culs proéminents, la représentation de la femme selon Crumb a tout de la fixette fétichiste. Pourtant, derrière ce qui put apparaître aux féministes américaines de l’époque, comme un regard torve tout aussi aliénant que la vision dominatrice masculine, il faut reconnaître à Crumb d’avoir rendu in fine possible la perception d’un contre-modèle féminin, de la possibilité d’un rapport alternatif au (x) corps. Revoir Crumb aujourd’hui, c’est prendre toute la mesure de la tendresse qu’il exprime dans ses traits de crayons hachurés. C’est le découvrir aussi comme le Rodin underground qu’il n’aura jamais cessé d’être. Un classique au Musée d’art moderne.

  • Mecanopolis » Les hommes de la DGSE en appui aux tueurs de l’ASL
    http://www.mecanopolis.org/?p=25557

    Les hommes de la DGSE en appui aux tueurs de l’ASL
    Article placé le 08 août 2012, par Jean-Marc Desanti (Dijon)

    Les Français qui s’intéressent un tant soi peu à la Syrie ont dû déjà croiser au hasard de la toile ou des journaux la signature de Richard Labévière, un des rares analystes-spécialistes-essayistes un peu « équilibrés » sur cette question.

    Assistance à terroristes (et à Washington)

    Justement, Labévière vient de donner un entretien au Parisien, ce 6 août. Dans lequel il confirme cette information, objet d’un silence vraiment consensuel de la presse française depuis le début de l’année : « Avec le service action de la DGSE, dit Richard Labévière, la France mène des opérations de formation et de soutien à l’ASL et à d’autres groupes armés ». Et notre spécialiste d’ajouter, pour l’édification des lecteurs du Parisien, que cette aide française porte plus particulièrement sur l’instruction d’artillerie et les moyens de transmissions.

    « Plusieurs dizaines de conseillers militaires participent déjà à un état-major commun turc, américain et français à Chamagh (Turquie) » et cette fine équipe est renforcée encore par des Britanniques. Bref, ce fameux camp spécial américano-ASL en territoire turc, évoqué ces derniers jours par plusieurs sites et médias, certains mainstream, prend de la consistance. Quant à la France, on se doutait que les barbouzes à pied d’oeuvre en Turquie évoquées en octobre dernier par Le Point et le Canard enchaîné n’étaient sans doute pas rentrées à la maison.

    Ainsi, un grand nombre de Français sauront désormais que des soldats français, des agents français, aident en ce moment l’ASL à installer le chaos et la guerre civile en Syrie, à une heure où même la grande presse ne peut pus cacher, ni les exactions, ni l’orientation islamiste radicale de ces supposés « combattants de la liberté« .

    Justement, dans son entretien au Parisien, Richard Labévière tire la sonnette des Cassandre : « Il y a un vrai danger islamiste » (en Syrie) dit-il. « Plusieurs milliers d’activistes ont passé la frontière en provenance d’Irak, du Liban, de Turquie et de Jordanie« . À ce propos, Labévière donne des estimations des effectifs de ces groupes armés qui se trouvent correspondre à celles que nous avions déjà formulées : de 10 à 15 000 combattants pour tout le pays, dont, dit-il, 3 000 environ « relèvent directement de groupes djihadistes revendiquant l’idéologie d’al-Qaïda« .

    Cela peut paraitre peu face à une armée syrienne généralement crédite de 300 000 hommes. Mais outre que 300 000 militaires ne font pas forcément 300 000 soldats aguerris, les bandes, à la notable exception d’Alep aujourd’hui et de Damas la veille, sont éparpillées en des centaines de petits groupes de quelques dizaines de membres qui ont pour eux la mobilité. Et l’armée ne peut mettre des postes dans chaque ville moyenne ou village : on a vu récemment qu’à Anadane, au nord d’Alep, deux ou trois-cents rebelles ont assailli un poste défendu par une cinquantaine de soldats ; le subjuguant au termes de plusieurs heures.

    Pour en revenir à l’entretien de Labévière au Parisien, il prédit, en cas de chute du régime, un gouvernement des Frères musulmans « au mieux« , ou salafiste « au pire ». Et il conclut par ce slogan des opposants qu’il a personnellement entendu en Syrie : « Les alaouites dans la tombe, les chrétiens à Beyrouth ! »

    C’est donc à ce programme que travaillent nos vaillant officiers de la DGSE : on ne s’en étonnera pas dans la France vassalisée de Sarkozy/Juppé et de Hollande/Fabius. Mais on ne peut que le regretter au nom de celle de de Gaulle.

    Par Louis Denghien, pour VJC

  • http://www.legrandsoir.info/l-avenir-de-la-syrie-liberee-nettoyage-ethnique-religieux-et-genocide-

    L’avenir de la Syrie « libérée » : Nettoyage ethnique religieux et génocide (Countercurrents)

    Shamus COOKE

    Un revirement fascinant s’est opéré dans les médias-systèmes étasuniens : Au bout d’un an de propagande anti-syrienne et de mensonges, des bribes de la vérité commencent à être révélées au public. Il se peut que ce soit trop peu et trop tard : le pays se débat dans un cauchemar de nettoyage ethnique religieux et de massacres.

    Après avoir incité à la guerre sans discontinuer, le New York Times s’est donné une seconde pour essuyer le sang de ses mains avant de se mettre à décrire le véritable état des choses en Syrie. Apparemment, les reportages précédents affirmant que l’armée syrienne massacrait sans discrimination les citoyens de Homs n’étaient qu’un mensonge qui tournait en boucle dans les médias.

    Il apparaît maintenant que c’était exactement le contraire.

    En réalité, beaucoup des réfugiés qui se sont enfuis de Homs étaient des chrétiens persécutés, attaqués par des membres de l’Armée Syrienne Libre qui ont aussi assassiné des membres de minorités religieuses dans le but de recruter des Sunnites radicaux en Syrie pour mener une guerre religieuse contre l’état laïque syrien.

    Le contexte

    Comme l’Armée Syrienne Libre n’est pas le fruit d’une révolution populaire - mais de l’argent et des armes de l’Arabie Saoudite - il fallait que la guerre pour abattre le gouvernement syrien soit une guerre ethnique et religieuse. L’Arabie Saoudite se sert depuis longtemps du Wahhabisme, une forme rare d’extrémisme de l’Islam sunnite, comme d’une outil politique, en l’exportant dans les pays dont elle veut renverser les gouvernements.

    Les Etats-Unis soutiennent depuis longtemps les efforts de l’Arabie Saoudite dans ce sens dans une dynamique qui a progressivement donné naissance aux Talibans et à Al Qaeda. Les Etats-Unis refusent de renoncer à cette stratégie parce qu’elle est incroyablement efficace pour renverser des gouvernements « hostiles », ce qui n’empêche pas de maintenir de grandes parties du Moyen-Orient dans l’Islam traditionnel qui exerce un bon contrôle des activités politiques de la classe laborieuse, d’autant plus qu’en Arabie Saoudite les manifestations, les syndicats et les droits civils sont illégaux.

    Les minorités religieuses persécutées de Homs considéraient le gouvernement syrien comme leur allié contre les « libérateurs » de l’ASL, les chéris des médias étasuniens et les marionnettes au service de la politique étrangère de l’Arabie Saoudite.

    La persécution des minorités

    Un article d’opinion du New York Times () a décrit les faits mieux qu’aucun reportage précédent :

    "L’opposition [l’armée Syrienne Libre] armée et financée par l’Arabie Saoudite a « nettoyé » la province de Homs de 80 000 chrétiens en les chassant de chez eux... en mars et ces chrétiens ont petit à petit abandonné l’espoir de rentrer chez eux un jour".

    « Le nettoyage ethnique perpétré par les rebelles [l’Armée Syrienne Libre] a conduit une partie des Sunnites qui au départ soutenaient les rebelles et des Syriens qui hésitaient entre les deux camps à se rallier à Assad. Beaucoup de gens qui auparavant considéraient le régime comme une kleptocratie, le voient maintenant comme le meilleur défenseur du pluralisme [ethnique et religieux] en danger. »

    La complicité des Etats-Unis

    Cette soudaine volte-face révèle des faits qui sont connus depuis longtemps par le gouvernement et les médias étasuniens. Le New York Times ajoute :

    « Washington est conscient de l’ampleur du problème [fanatisme religieux et persécution des minorités]. Déjà en juin 2011, Robert Stephen Ford, l’ambassadeur étasunien en Syrie, avait prévenu ses homologues à Damas de ce qu’Al Qaeda avait infiltré les forces de l’opposition. En s’entêtant à soutenir la tentative de l’Arabie Saoudite pour déstabiliser la Syrie, Washington, loin d’aider Israël ou d’affaiblir l’Iran, contribue a créer une crise humanitaire qui reviendra hanter les Etats-Unis. »

    En résumé : les politiciens étasuniens des deux partis politiques ont menti au public sur la vraie nature du conflit en Syrie parce que le spectacle d’un pays non allié des Etats-Unis détruit par de barbares luttes ethniques et religieuses leur donnait un avantage politique.

    Un dernier extrait de l’article du New York Times :

    « L’indifférence apparente de la communauté internationale à la dégradation de la situation des minorités religieuses syriennes -et le fait que les gouvernements occidentaux unis contre Assad n’aient quasiment jamais critiqué les forces d’opposition- nourrit un profond sentiment anti-étasunien parmi les Syrien laïcs qui voient les Etats-Unis s’aligner sur l’Arabie Saoudite, le berceau du Wahhabisme [sunnisme extrémiste], contre l’état le plus résolument laïc du monde arabe. »

    Voilà. il a fallu plus d’un an, mais tout à coup, tout n’est plus blanc ou noir dans la guerre syrienne, ce n’est plus les bons contre les méchants. Il n’est pas question de porter le gouvernement syrien aux nues, mais la dévastation infligée au pays l’a été sur de fausses prémices à l’instigation de puissances étrangères -l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis- qui voulaient à tous prix annihiler le pays pour isoler l’Iran et faciliter le renversement de ce dernier. Prétendre que cette entreprise meurtrière est une avancée de la démocratie -comme l’ont fait les politiciens et les médias étasuniens- n’est pas seulement un sommet d’hypocrisie ; cela rentre dans la catégorie réservée à ceux qu’on appelle des criminels de guerre.

    Shamus Cooke

    Shamus Cooke est assistant social et syndicaliste, et il écrit pour Workers Action (www.workerscompass.org).

    Note : Lien de l’article en question : http://www.nytimes.com/2012/08/04/opinion/syrias-crumbling-p...

    Pour consulter l’original : http://www.countercurrents.org/cooke050812.htm

    Traduction : Dominique Muselet
    URL de cet article 17389
    http://www.legrandsoir.info/l-avenir-de-la-syrie-liberee-nettoyage-ethnique-religieux-et-genocide-

  • Le dogme de l’infaillibilité démocratique - par Guillaume de Rouville - l’idiot du village

    http://lidiotduvillage.org/2012/08/06/le-dogme-de-linfaillibilite-democratique

    Comme nous le montrent les conflits en Libye et en Syrie, les démocraties occidentales peuvent instrumentaliser le terrorisme islamique avec leurs alliés d’Arabie saoudite et du Qatar, provoquer et entretenir des guerres civiles dans des pays en paix, se rendre coupables de crimes contre l’humanité pour accomplir les objectifs géostratégiques de leurs élites libérales, sans que leurs opinions publiques ne s’en émeuvent outre mesure. Cette atonie de l’opinion publique occidentale s’explique en partie par la force d’un dogme tout puissant qui structure l’idéologie démocratique et l’âme de ceux qui jouissent de ses bienfaits : le dogme de l’infaillibilité démocratique.

    D’après ce dogme, la démocratie occidentale ne peut jamais mal agir. Toutes ses actions sont empruntes d’une sorte de grâce qui transforme un crime en acte héroïque, une guerre de conquête des ressources naturelles d’un pays en une épopée pour la liberté, l’asservissement de populations au libéralisme le plus dur en libération des peuples opprimés, un vote contrôlé en expression de la volonté populaire (Irak, Soudan, Libye).

    Dès que vous questionnez l’innocence de vos dirigeants (sur des sujets comme le 11-Septembre, l’Irak, la Libye, la Syrie) qui incarnent, semble-t-il, à eux seuls, la démocratie et ses valeurs supposées, les défenseurs de ce dogme lâchent contre vous leurs inquisiteurs chargés de le faire respecter (de BHL à Botul et de Botul à Bernard-Henri Lévy). Ainsi, prêter aux démocraties occidentales de mauvaises intentions dans les relations internationales, c’est contester ce dogme et s’exposer à faire l’objet d’un lynchage médiatique. Se poser des questions sur les arrières pensées de ses dirigeants, c’est remettre en cause ce dogme et risquer de se faire diffamer (vous devenez un paranoïaque, un révisionniste, un antisémite, un anti-américain, etc.). Penser que ses élites puissent commettre des crimes contre l’humanité de manière répétée, c’est manquer de respect à l’égard de ce dogme et s’attirer les mauvaises grâces du pouvoir et de ses gardiens.

    L’opinion publique occidentale qui baigne, sans nécessairement le savoir, dans le dogme de l’infaillibilité démocratique, est prompte à prendre la défense de l’inquisiteur en qui elle voit l’honnête homme, le défenseur des vertus démocratiques, celui qui porte la règle et sa légitimité. L’effronté qui oserait, par exemple, jeter toute la force de sa réflexion contre ce dogme dans les conflits libyen et syrien et qui mettrait en avant l’instrumentalisation par l’Occident du terrorisme islamique à l’origine du chaos politique, économique, social et humanitaire que connaissent ces deux pays, se verrait accusé immédiatement de soutenir les dictateurs massacreurs de leur peuple. Il ne viendrait à l’esprit d’aucun défenseur du dogme que l’on puisse honnir les dictateurs laïques tout autant que ceux qui veulent les faire tomber afin de les remplacer par mille tyrans wahhabites et islamistes au service d’élites occidentales massacreuses d’innocence et fauteuses de guerre. Il ne viendrait à l’esprit d’aucun lecteur assidu du Monde, du Guardian ou du New York Times de douter de la présentation des événements par ces quotidiens qui dépeignent les insurgés syriens sous les traits des combattants de la liberté, alors que la quasi-totalité d’entre eux ne sont pas Syriens (mais Jordaniens, Irakiens, Libyens, etc.), qu’ils tentent d’imposer la charia par le terrorisme de masse, qu’ils défendent le salafisme façon wahhabite et sa vision obscurantiste de l’Islam, qu’ils massacrent systématiquement tous ceux qui ne partagent pas leur point de vue ou appartiennent aux minorités religieuses, qu’ils répondent à des donneurs d’ordres basés en Turquie, en Arabie saoudite, au Qatar et aux États-Unis et, enfin, qu’ils portent les couleurs d’Al-Qaïda.

    Le citoyen occidental ne veut ou ne peut pas croire que ses dirigeants et ses médias puissent à ce point le manipuler et lui cacher la vérité. Cette pensée est au-dessus de ses forces ou de ses défenses immunitaires psychologiques et contraire au dogme qui est encré dans son cerveau de bourgeois cultivé depuis sa plus tendre enfance. Car s’il devait admettre qu’une telle manipulation était possible, il viendrait immanquablement à perdre ses repères, à douter de la nature réellement démocratique de son régime politique et il verrait, alors, toutes ses croyances dans les vertus de son système s’effondrer sur leur base. Reconnaître les crimes de nos élites, qu’il s’agisse de crimes politiques ou de crimes médiatiques, requiert de se projeter hors de soi et de son ethnocentrisme occidental pour penser que ‘l’autre’ n’est pas nécessairement un ‘barbare’ et pour effleurer l’idée que ses dirigeants, pourtant élus démocratiquement, puissent être des démocrates aux mains sales.

    Les inquisiteurs du dogme ne peuvent pas s’élever au-dessus de leur aveuglement sans perdre leur foi dans leur système, sans perdre aussi tous les bienfaits personnels qu’ils peuvent tirer de leur position au sein de la hiérarchie des défenseur du dogme. Ne vous attendez donc pas à ce que les profiteurs du dogme répondent aux arguments soigneusement étayés que vous pourriez développer, ils ne détestent rien tant que la réalité. Ils n’ont, par ailleurs, pas plus de conscience morale que les profiteurs de guerre et ne méritent sans doute pas que nous engagions avec eux un dialogue courtois : ce sont, à vrai dire, les mêmes. Mais qui sont-ils au juste ? Ils ont un nom : on les appelle les Atlantistes.

    Ce qui unit les élites politiques, culturelles, financières occidentales, c’est cette idéologie atlantiste qui ne souffre la contestation qu’à la marge. Si les hommes politiques ou les journaux de droite et de gauche peuvent s’étriper à loisir sur le droit à l’avortement ou l’abolition de la peine de mort, ils retrouvent toujours la voie de l’unanimisme lorsqu’il s’agit de défendre l’atlantisme dans ses fondements : ils seront ainsi unanimes pour défendre les traités européens qui ne font qu’entériner la doctrine libérale imposée par Washington ; ils seront unanimes également pour laisser l’Occident s’allier avec l’islamisme radical afin d’orienter les Printemps arabes selon les intérêts particuliers de leurs élites tout en prétendant, en même temps, défendre les valeurs des Lumières.

    Pour tout démocrate sincère, celui qui croit davantage aux valeurs démocratiques qu’au système qui est sensé les mettre en œuvre, il est impératif de s’attaquer avec force à ce dogme parce qu’il est l’un des plus meurtriers qui soit : il permet, avec une impunité déconcertante, les actions les plus criminelles de la part des démocraties occidentales qui sont, si on y prête bien attention, les régimes les plus violents et les plus meurtriers de la planète depuis la chute du mur de Berlin et la disparition de la menace communiste.

    Il est nécessaire de s’acharner contre les bases de ce dogme pour le faire crouler avant qu’ils ne nous emporte tous, démocrates d’ici ou d’ailleurs, dans le chaos sans fin d’une guerre des peuples et des civilisations voulue par une élite indigne de gouverner nos destinées. Les dogmes, comme les dictatures et leurs représentants, sont faits pour être renversés. Et comme le Krak des Chevaliers, cette forteresse imprenable en terre syrienne, ils ont leurs failles.

    Guillaume de Rouville, auteur de La Démocratie ambiguë, Éditions Cheap, juillet 2012

    Tagged with : démocratie • dogme de l’infaillibilité démocratique • La Démocratie ambiguë❞

  • Reporterre.net - Voici pourquoi je refuse la Légion d’honneur
    http://reporterre.net/spip.php?article3061

    *

    Voici pourquoi je refuse la Légion d’honneur*

    La scientifique Annie Thébaud-Mony refuse la Légion d’Honneur que lui a décerné Cécile Duflot. Ce geste permet d’alerter sur le manque de recherche sur les maladies professionnels, l’impunité qui protège les industriels criminels, la dégradation constante de la santé au travail et environnementale. Voici la lettre qu’elle a écrit à la ministre.

    Annie Thébaud-Mony - 6 août 2012

    Madame la ministre,

    Madame Cécile Duflot Ministre de l’égalité, des territoires et du logement,

    Par votre courrier du 20 juillet 2012, vous m’informez personnellement de ma nomination au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur et m’indiquez que vous êtes à l’origine de celle-ci. J’y suis très sensible et je tiens à vous remercier d’avoir jugé mon activité professionnelle et mes engagements citoyens dignes d’une reconnaissance nationale. Cependant - tout en étant consciente du sens que revêt ce choix de votre part - je ne peux accepter de recevoir cette distinction et je vais dans ce courrier m’en expliquer auprès de vous.

  • Tony Blair, les marchés Olympiques et un aperçu d’une autre Grande-Bretagne par John PILGER

    http://www.legrandsoir.info/tony-blair-les-marches-olympiques-et-un-apercu-d-une-autre-grande-bret

    John PILGER

    Voici l’histoire de deux lettres et de deux Grande-Bretagne. La première lettre fut rédigée par Sebastien Coe, ancien athlète qui siège au Comité Organisateur des Jeux Olympiques de Londres. On l’appelle Lord Coe à présent. Dans le quotidien The New Statesman du 21 juin, j’ai répercuté un appel urgent adressé à Coe par l’Union des Femmes du Vietnam lui demandant à lui et ses collègues du Comité de reconsidérer leur approbation de la candidature comme sponsor de Dow Chemical, une des entreprises qui fabriquaient la dioxine, un poison employé contre la population du Vietnam. Du nom de code « Produit Orange », cette arme de destruction massive fut « déversée » sur le Vietnam, selon un rapport du Sénat US de 1970, lors d’une opération appelée « Operation Hades ». Selon une estimation, il y a aujourd’hui 4,8 millions de victimes de l’Agent Orange, dont de nombreux enfants déformés de manière épouvantable.❞

  • Voir les images sur le site :

    http://www.internationalnews.fr/article-syrie-le-plus-important-journal-autrichien-trafique-les-im

    Syrie : le plus important journal autrichien trafique les images de la guerre contre la Syrie avec Photoshop

    Internationalnews

    4 août 2012

    Lespasseurs via COMITE VALMY
    30 juillet 2012

    [agence-epa-alep-27-07-2012]

    Dans l’édition du Kronen Zeitung (aussi connue sous le nom de Krone) du 28 Juillet 2012, le plus important quotidien autrichien qui touche près de 43% de tous les lecteurs de journaux du pays, on pouvait y voir une photo de la ville d’Alep complétement détruite avec un couple et son enfant fuyant les combats. Pour titre : “Les chars d’Assad roulent à travers les rues vers la Mère de toutes les batailles.”

    Cependant, cette photo est un montage comportant des images d’une photographie de l’Agence EPA.

  • http://www.reopen911.info/News/2012/08/01/mort-du-celebre-romancier-gore-vidal-les-medias-oublient-de-parler-de-so

    Mort du célèbre romancier Gore Vidal : les médias « oublient » de parler de son combat pour la vérité sur le 11/9
    01 août, 2012 by GeantVert

    Le célèbre romancier américain Gore Vidal est décédé hier dans sa résidence à Hollywood. Vous vous souvenez sans doute de lui si vous avez vu le film "Zéro – Enquête sur le 11-Septembre". Gore Vidal intervient vers la fin du film pour dénoncer l’absence totale de réponse de l’US AIR FORCE au moment des attentats de 2001. Essayiste et écrivain célèbre, parmi les plus lus aux Etats-Unis et renommé dans le monde entier, il connaîssait aussi très bien le domaine de l’aviation civile. Son père fut l’un des fondateurs des transports aériens américains (compagnie TWA) et participa à l’élaboration des bases de la réglementation aérienne aux USA, fondant du même coup la FAA (Federal Aviation Agency). C’est sur cette expertise qu’il se basait pour douter de la réponse de la FAA et du NORAD à la situation de crise du 11 septembre 2001. Il n’était pas un béotien comme l’on dépeint de nombreux journaux.

    En parallèle de ses romans internationalement connus, Gore Vidal dénonçait depuis 10 ans les mensonges de l’administration américaine sur le 11-Septembre mais aussi sur les guerres d’invasion qui en ont découlé, et de cela vous n’entendrez pas beaucoup parler dans nos médias. Dans les articles diffusés suite à son décès, seule RTL évoque (rapidement) le 11-Septembre, pour les autres (L’Express, La Croix, Libération), il a fallu attendre une dépêche de l’AFP diffusée tôt ce matin pour qu’ils consentent à ajouter mais toujours de façon confuse : "[...] il critique férocement le président républicain George W. Bush, l’accusant d’être arrivé au pouvoir à la faveur d’une fraude électorale et lui reprochant d’agiter la menace terroriste après les attentats du 11 Septembre… ‘C’était un coup d’Etat’, déclare-t-il ainsi à l’AFP en 2006. "Maintenir les gens sous la coupe de la peur est une grande manipulation totalitaire apprise auprès des dictatures européennes des années 1930".

    En réalité la dénonciation de Gore Vidal concernant les mensonges du 11/9 allait bien au-delà de la critique de l’exploitation de ces événements par l’Administration Bush. Retour sur la vidéo d’une de ses interviews (2005) et sur un article paru dans The Guardian en 2002.

    • À mon avis, l’article est trompeur « combat pour la vérité sur », comme si Vidal niait la réalité d’un ou des attentats comme les reopen. Assez classiquement (chomsky ;)), il montrait surtout comment ils étaient une conséquence logique de la géopolitique des états-unis et avaient permis une accentuation des politiques néo-conservatives et sécuritaires. Dire que l’événement est explicable et qu’il a été utilisé ne transforme pas ça en un complot.
      À l’époque en français j’avais lu ça http://www.amazon.fr/La-Fin-libert%C3%A9-nouveau-totalitarisme/dp/2743609664/ref=sr_1_24?ie=UTF8&qid=1343843060&sr=8-24 , ce qui m’avait surpris alors parce que je n’étais pas habitué c’est le point de vue « de gauche » américain s’appuyant sur les « pères fondateurs », la défense de David Koresh et des miliciens au nom de la liberté, auxquels on n’était pas habitués par ici.
      Pour ses romans, j’ai un excellent souvenir au début des années 80 de Messie publié chez Belfond (mais qui est bien plus vieux je crois) et de Creation (Grasset ?)

    • Je connais bien Reopen et ce site ne nie aucunement la réalité des attentats du 11 septembre… rendez-vous sur le site et parcourez leurs articles et dossiers : nulle part vous ne trouverez trace d’un quelconque négationnisme à cet égard. Ce dont il s’agit c’est d’un questionnement légitime sur un grand nombre de faits bien établis avec lesquels les explications fournies par la version des autorités américaines sont en complet porte à faux. Il serait trop long de les énumérer ici et c’est d’ailleurs la raison d’être de Reopen de les recenser afin que chacun puisse juger selon des sources fiables de leur validité. Le moins qu’on puisse dire est qu’elles sont bancales. Les conséquences désastreuses de ces attentats se faisant encore et toujours plus sentir aujourd’hui, il me semble vital et légitime de questionner encore et encore cet évènement…

  • http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=7837

    La voie de la résistance : obliger les puissants à parler de la Palestine


    Sonja Karkar سونيا كركر

    Traduit par Michèle Mialane

    Aujourd’hui on n’a plus d’excuses à ignorer la vérité sur la Palestine. Même en prenant en compte la désinformation propagée par les médias dominants, on a suffisamment d’aperçus sur la situation d’un peuple opprimé à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et elle devrait nous obliger à nous poser des questions. L’Internet est d’une grande aide. Si autrefois Israël manipulait les médias, des millions de gens peuvent désormais voir des vidéos et des témoignages qui montrent l’occupation israélienne dans toute son horreur - ou en lire. Des initiatives internationales comme la courageuse Flotte pour Gaza obligent les médias dominants eux-mêmes à fournir des informations, ne fût-ce que brièvement. En conséquence les gens veulent voir eux-mêmes ce qui se passe en Palestine et ils reviennent avec des expériences qui les ont profondément ébranlés. […]

  • ReOpen911 – News » John Gold : Notre combat pour la vérité sur le 11/9 est aussi une lutte de gauche.

    http://www.reopen911.info/News/2012/07/26/john-gold-notre-combat-pour-la-verite-sur-le-119-est-aussi-une-lutte-de-

    Comme en France, où la diabolisation se porte mieux que jamais, c’est avec les gens de gauche (et singulièrement les catégories sociales dites « moyennes » et « supérieures » en principe émancipées) que les militants de la cause du 11-Septembre ont aux USA – et ailleurs – le plus de mal à faire valoir leur positionnement citoyen, pacifiste, apolitique et non confessionnel. Souvenons-nous de la lettre de David Ray Griffin aux ténors de la gauche américaine, leur demandant s’ils « croyaient vraiment aux miracles », ou encore du débat épistolaire tendu entre Matt Taïbbi et David Ray Griffin. Matt Taïbbi est pourtant un journaliste de la gauche américaine « dure », pourfendeur de Goldman Sachs, et qui écrit pour Rolling Stone, magazine qui publia en 2008 un article sourcé sur la fabrication du terrorisme intérieur par le FBI. Jon Gold, activiste engagé aux côtés de Cindy Sheehan, nous demande ici de dépasser cet apartheid, et de militer à leurs côtés.

  • Les médias et l’imposture de la « menace chimique » syrienne
    http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=CAT20120724&articleId=32047

    Voici comment les quotidiens parisiens de l’establishment - Le Monde, Le Figaro, Libération pour ne citer qu’eux - participent d’une vaste manipulation au sujet de la crise syrienne ; comment une petite manifestation de dix ou quinze mille personnes a été transformée en une manifestation « monstre » d’un demi-million ou de plus d’un million [dans une ville d’un demi-million d’habitants en tout et pour tout].

    – Le 22 juillet 2011 le quotidien Le Monde dans un article intitulé : « Syrie : 1,2 million de manifestants à Hama et Deir Ezzor » écrit : « Comme chaque vendredi depuis le début de la révolte, mi-mars, les Syriens étaient appelés à manifester à la sortie des mosquées, après la prière hebdomadaire. Selon Rami Abdel Rahmane, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plus de 1,2 million de personnes ont répondu à l’appel à Hama et à Deir Ezzor, près de la frontière irakienne, mais huit civils ont été tués dans la dispersion de rassemblements (…) A Deir Ezzor, ils étaient plus de cinq cent cinquante mille à la fin de la manifestation, et à Hama, ils étaient plus de six cent cinquante mille", a-t-il assuré, précisant que les forces de sécurité étaient absentes dans ces deux villes. »
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/07/22/les-forces-de-securite-syriennes-isolent-un-quartier-de-damas_1551574_3218.h

    – Le 8 juillet 2011 le quotidien Le Figaro dans un article signé Georges Malbrunot et Caroline Bruneau intitulé : « Syrie : un demi-million de personnes manifestent à Hama » il est écrit : « Pour la deuxième semaine consécutive, près d’un demi-million de personnes sont descendues manifester vendredi sur la place al-Assi, selon les militants des droits de l’homme. (…) Vendredi dernier déjà, 500.000 manifestants s’étaient réunis au centre-ville »
    http://www.lefigaro.fr/international/2011/07/08/01003-20110708ARTFIG00518-syrie-un-demi-million-de-personnes-manifestent-a-

    – Le 8 juillet le quotidien Libération dans un article intitulé : « Syrie : nouvelle manifestation monstre à Hama, assiégé par l’armée » écrit : « Plus de 150.000 personnes défilent sur la place al-Assi en affirmant le refus du dialogue avec le pouvoir et en appelant à la chute du régime », a d’abord indiqué le chef de l’OSDH Rami Abdel-Rahmane. Une estimation revue à la hausse quelques minutes plus tard : ils étaient en fait quelque 450.000, selon Abdel Karim Rihaoui, chef de la Ligue syrienne des droits de l’Homme. Vendredi dernier, des militants affirment qu’ils étaient un demi-million. »
    http://www.liberation.fr/monde/01012347922-syrie-nouvelle-manifestation-monstre-a-hama-assiege-par-l-arm

    Conclusion

    Qui peut encore acheter, lire, sans se révolter, des journaux qui mentent à ce point ?

    ll convient de rappeler que l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui est apparu dès le début de la révolte syrienne comme la principale source d’information sur la Syrie, n’est pas un organisme indépendant. C’est une émanation des Frères musulmans qui n’offre aucune garantie d’impartialité. OSDH raconte n’importe quoi ; construit des bilans statistiques truqués des victimes de la violence en disant s’appuyer sur les données de militants présents sur les lieux.

    Malgré le fait que les « rapports » quotidiens de l’OSDH sont totalement fantaisistes ils sont systématiquement repris, depuis 17 mois, in extenso, par toutes les rédactions sans qu’aucun journaliste ne s’interroge quant à leur fiabilité.

    Silvia Cattori

  • http://www.elcorreo.eu.org/Eurocrise-Une-Allemagne-imprevisible-enfermee-dans-sa-legende

    Eurocrise :
    Une Allemagne imprévisible enfermée dans sa légende

    par Rafael Poch *

    La série d’entreprises allemandes en faillite entre janvier et juillet touche plus de 150.000 salariés, le double de l’an dernier.

    Merkel part en vacances en laissant le mécanisme de torture activé. L’Espagne et l’Italie, les « vainqueurs »de la dernière rébellion de Bruxelles : vous, vous souvenez ? - paient cher leur défi. Le « financement direct aux banques » s’est trouvé être en carton pâte, mais l’offense se paie par la pression sur les intérêts. L’Europe de Draghi (« l’état-providence est passé à la postérité ») et de Merkel (« l’Europe parle allemand ») change les gouvernements (Berlusconi, Papandreou) avec des procédés gangstérisés et impose une discipline à la périphérie avec une torture destinée à racheter les fautes. En Grèce, on signale déjà la porte de sortie de l’euro : peut-être en septembre.

    L’establishment de l’Allemagne et de Bruxelles préside, fondamentalement, un grand transfert européen d’argent des citoyens à l’oligarchie financière et bancaire. Les « sauvetages » et les « secours » consistent en cela. Il exerce parallèlement un transfert de pouvoir et de souveraineté, depuis les États de l’Europe périphérique les plus affaiblis par la récession, vers des institutions européennes non élus dans lesquelles l’Allemagne est le plus fort associé. Sa stratégie est doublement non-solidaire : dans le domaine social et au niveau national. Cela crée les bases pour une vaste contestation de la politique européenne, tant depuis le front social que national de pays, et détruit le prestige que l’Allemagne a su récupérer depuis l’après-guerre.

    La peur et les médias soutiennent Merkel

    En quelques mois, l’Allemagne et ses gouvernants sont vus, encore une fois, comme le nouveau problème de l’Europe. Les médias allemands délirent et vendent tout le contraire : le conte d’Angela aux pays de merveilles.

    La télévision publique allemande Phoenix a récemment diffusé un programme sur la popularité d’Angela Merkel en Europe, avec des entretiens dans les rues à Paris, à Athènes et à Rome dans lesquels les gens se répandaient en éloges. Dans son édition du « week-end », Handelsblatt, l’un des principaux quotidiens économiques, consacre sa couverture et huit pages à l’admiration que la chancelière suscite en Europe. « Admirée », tel est le kafkaïen titre de couverture, appuyé par des enquêtes de l’eurobaromètre.

    Bien que l’ombre que la chancelière projette en Europe manifestement grandisse, la presse allemande évite tout traitement critique et les sondages publient, une semaine après l’autre, de nouveaux records de popularité de 60 % mélangés à des étranges pronostics, comme 80 %, que les choses vont aller de mal en pis.

    « Tout rappelle un pays de conte des fées qui déborde de paradoxes et d’absurdités : depuis 1945 aucun homme politique allemand n’avait été traité de façon si acritique », dit l’analyste indépendant Jens Berger.

  • Dans les moments de découragement face à un décervelage généralisé, certaines lectures me rappellent que tout n’est pas perdu…

    A propos des nouveaux philosophes et d’un problème plus général

    http://multitudes.samizdat.net/A-propos-des-nouveaux-philosophes.html

    Ce texte de Gilles Deleuze a été publié comme Supplément au n°24, mai 1977, de la revue bimestrielle Minuit, et distribué gratuitement.

    – Que penses-tu des « nouveaux philosophes » ?

    – Rien. Je crois que leur pensée est nulle. Je vois deux raisons possibles à cette nullité. D’abord ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l’ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d’importance, plus le sujet d’énonciation se donne de l’importance par rapport aux énoncés vides (« moi, en tant que lucide et courageux, je vous dis..., moi, en tant que soldat du Christ..., moi, de la génération perdue..., nous, en tant que nous avons fait mai 68..., en tant que nous ne nous laissons plus prendre aux semblants... »). Avec ces deux procédés, ils cassent le travail. Car ça fait déjà un certain temps que, dans toutes sortes de domaines, les gens travaillent pour éviter ces dangers-là. On essaie de former des concepts à articulation fine, ou très différenciée, pour échapper aux grosses notions dualistes. Et on essaie de dégager des fonctions créatrices qui ne passeraient plus par la fonction-auteur (en musique, en peinture, en audio-visuel, en cinéma, même en philosophie). Ce retour massif à un auteur ou à un sujet vide très vaniteux, et à des concepts sommaires stéréotypés, représente une force de réaction fâcheuse. C’est conforme à la réforme Haby : un sérieux allègement du « programme » de la philosophie.

    – Dis-tu cela parce que B.-H. Lévy vous attaque violemment, Guattari et toi, dans son livre Barbarie à visage humain ?

    – Non, non, non. Il dit qu’il y a un lien profond entre L’Anti-Œdipe et « l’apologie du pourri sur fumier de décadence » (c’est comme cela qu’il parle), un lien profond entre L’Anti-Œdipe et les drogués. Au moins, ça fera rire les drogués. Il dit aussi que le Cerfi est raciste : là, c’est ignoble. Il y a longtemps que je souhaitais parler des nouveaux philosophes, mais je ne voyais pas comment. Ils auraient dit tout de suite : voyez comme il est jaloux de notre succès. Eux, c’est leur métier d’attaquer, de répondre, de répondre aux réponses. Moi, je ne peux le faire qu’une fois. Je ne répondrai pas une autre fois. Ce qui a changé la situation pour moi, c’est le livre d’Aubral et de Delcourt, Contre la nouvelle philosophie. Aubral et Delcourt essaient vraiment d’analyser cette pensée, et ils arrivent à des résultats très comiques. Ils ont fait un beau livre tonique, ils ont été les premiers à protester. Ils ont même affronté les nouveaux philosophes à la télé, dans l’émission « Apostrophes ». Alors, pour parler comme l’ennemi, un Dieu m’a dit qu’il fallait que je suive Aubral et Delcourt, que j’aie ce courage lucide et pessimiste.

    – Si c’est une pensée nulle, comment expliquer qu’elle semble avoir tant de succès, qu’elle s’étende et reçoive des ralliements comme celui de Sollers ?

    – Il y a plusieurs problèmes très différents. D’abord, en France on a longtemps vécu sur un certain mode littéraire des « écoles ». Et c’est déjà terrible, une école : il y a toujours un pape, des manifestes, des déclarations du type « je suis l’avant-garde », (les excommunications, des tribunaux, des retournements politiques, etc. En principe général, on a d’autant plus raison qu’on a passé sa vie à se tromper, puisqu’on peut toujours dire « je suis passé par là ». C’est pourquoi les staliniens sont les seuls à pouvoir donner des leçons d’antistalinisme. Mais enfin, quelle que soit la misère des écoles, on ne peut pas dire que les nouveaux philosophes soient une école. Ils ont une nouveauté réelle, ils ont introduit en France le marketing littéraire ou philosophique, au lieu de faire une école. Le marketing a ses principes particuliers :

    1. il faut qu’on parle d’un livre et qu’on en fasse parler, plus que le livre lui-même ne parle ou n’a à dire. A la limite, il faut que la multitude des articles de journaux, d’interviews, de colloques, d’émissions radio ou télé remplacent le livre, qui pourrait très bien` ne pas exister du tout. C’est pour cela que le travail auquel se donnent les nouveaux philosophes est moins au niveau des livres qu’ils font que des articles à obtenir, des journaux et émissions à occuper, des interviews à placer, d’un dossier à faire, d’un numéro de Playboy. Il y a là toute une activité qui, à cette échelle et à ce degré d’organisation, semblait exclue de la philosophie, ou exclure la philosophie.

    2. Et puis, du point de vue d’un marketing, il faut que le même livre ou le même produit aient plusieurs versions, pour convenir à tout le monde une version pieuse, une athée, une heideggerienne, une gauchiste, une centriste, même une chiraquienne ou néo-fasciste, une « union de la gauche » nuancée, etc. D’où l’importance d’une distribution des rôles suivant les goûts. Il y a du Dr Mabuse dans Clavel, un Dr Mabuse évangélique, Jambet et Lardreau, c’est Spöri et Pesch, les deux aides à Mabuse (ils veulent « mettre la main au collet » de Nietzsche). Benoist, c’est le coursier, c’est Nestor. Lévy, c’est tantôt l’imprésario, tantôt la script-girl, tantôt le joyeux animateur, tantôt le dise-jockey. Jean Cau trouve tout ça rudement bien ; Fabre-Luce se fait disciple de Glucksmann ; on réédite Benda, pour les vertus du clerc. Quelle étrange constellation.

    Sollers avait été le dernier en France à faire encore une école vieille manière, avec papisme, excommunications, tribunaux. Je suppose que, quand il a compris cette nouvelle entreprise, il s’est dit qu’ils avaient raison, qu’il fallait faire alliance, et que ce serait trop bête de manquer ça. Il arrive en retard, mais il a bien vu quelque chose. Car cette histoire de marketing dans le livre de philosophie, c’est réellement nouveau, c’est une idée, il « fallait » l’avoir. Que les nouveaux philosophes restaurent une fonction-auteur vide, et qu’ils procèdent avec des concepts creux, toute cette réaction n’empêche pas un profond modernisme, une analyse très adaptée du paysage et du marché. Du coup, je crois que certains d’entre nous peuvent même éprouver une curiosité bienveillante pour cette opération, d’un point de vue purement naturaliste ou entomologique. Moi, c’est différent, parce que mon point de vue est tératologique : c’est de l’horreur.

    […]