« Il est allé un peu vite en besogne dans sa communication », reconnaît Marc Robert, procureur général de la cour d’appel de Versailles et supérieur hiérarchique d’Yves Jannier, procureur de la République de Pontoise en charge de l’affaire Adama Traoré. Yves Jannier est sous le feu des critiques pour sa gestion des suites de la mort de cet homme de 24 ans à la gendarmerie de Persan, dans le Val-d’Oise, le 19 juillet. Et il devrait changer de poste, comme l’a écrit Le Monde le 15 septembre, pour endosser la fonction d’avocat général près la cour d’appel de Paris. D’ici quelques semaines, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) aura à entériner cette demande.
Mais le procureur général de Versailles, Marc Robert, est « formel ». Ce départ « n’a rien à voir avec l’affaire Traoré ». Comprendre : ce n’est en rien une sanction en représailles de la conduite du dossier par le procureur. Yves Jannier a, par exemple, omis de faire part d’un point crucial des deux rapports d’autopsie dans lesquels il est écrit noir sur blanc qu’un « syndrome asphyxique » pouvait être une cause du décès.
Adama Traoré. © DR
Son nom en tout cas restera associé à une affaire qui a connu, en deux mois, des rebondissements incessants. Le procureur lui-même a contribué à exacerber les passions, en s’échinant à construire un récit partial pour essayer d’exonérer les forces de l’ordre de toute responsabilité dans la mort du jeune homme. Malgré les alertes de la famille du défunt et ses soutiens qui veulent savoir en détail ce qui s’est passé entre 17 h 45 et 19 h 05, entre l’arrivée d’Adama Traoré à la gendarmerie et le prononcé de son décès par les secours. Malgré le témoignage d’un pompier (révélé le 13 septembre par l’émission « Quotidien ») affirmant que dès son arrivée à la gendarmerie, il n’a pas senti le pouls d’Adama Traoré et a pris l’initiative de procéder à un massage cardiaque…