Dans le film soviétique culte de 1938 Moscou la nouvelle, le personnage principal, un artiste peintre, regrette que les immeubles soient rasés les uns après les autres – avant qu’il n’ait eu le temps de les mettre sur toile. Une frustration que les créateurs de la nouvelle carte de Moscou version constructiviste comprennent aisément. La capitale russe conserve très peu de monuments d’architecture avant-gardiste des années 1920 – et, pire encore, il en disparaît quasiment chaque jour. « Nous ne pouvons pas arrêter la démolition entreprise au profit des grands groupes immobiliers, mais nous pouvons immortaliser ces monuments sur une carte. Et c’est ce que nous avons décidé de faire », affirment Irina Goriacheva et Alexandre Koutsenko, fondateurs du studio de design Baklažanas.
Les jeunes gens se sont attelés à la tâche l’été dernier, après avoir assisté, impuissants et fous de rage, aux scènes de démolition du central téléphonique Taganskaïa, en mai, et du quartier avant-gardiste de la rue Pogodinskaïa, en juin. Les groupes immobiliers Lider Invest et Donstroï ont fait raser ces bâtiments pour construire, à la place, un hôtel et des logements de prestige. « Ça a été un choc ! », confient Irina et Alexandre. Sensibles et cultivés, les jeunes gens expliquent ne pas comprendre comment on peut mépriser les monuments du #constructivisme, « ce mouvement qui a fondé le design et toute l’#architecture contemporaine », insiste Alexandre.