• Sélection d’archives en accès libre à l’heure des élections de mi-mandat 2018 aux États-Unis.

    LES LEÇONS DE L’ÉLECTION DE TRUMP

    Pourquoi Donald Trump a séduit l’électorat populaire, par Arlie Hochschild (août 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/08/HOCHSCHILD/58963

    Dans un État américain très pauvre comme la Louisiane, souillée par les marées noires, une majorité de la population vote pour des candidats républicains hostiles aux allocations sociales et à la protection de l’environnement. Sociologue, femme de gauche, Arlie Hochschild a enquêté sur ce paradoxe. Quelques mois plus tard, Donald Trump l’emportait très largement en Louisiane.

    Stratagème de la droite américaine, mobiliser le peuple contre les intellectuels, par Serge Halimi (mai 2006)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2006/05/HALIMI/13441

    « Bureaucrate », « psychiatre », « éducateur » : l’élite stigmatisée n’est pas forcément riche, mais elle est cultivée. Pour la droite américaine, l’essentiel est en effet qu’appartenir au « peuple » – travailleurs, entrepreneurs et prêtres mêlés – ne soit plus une question de revenus, mais de goûts. Erudition et cosmopolitisme contre simplicité et tradition en somme.

    Toutes les Américaines ne s’appellent pas Hillary Clinton, par Florence Beaugé (novembre 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/11/BEAUGE/56756

    Aux États-Unis, le taux de mortalité maternelle est le plus élevé du monde développé. Loin de diminuer, il a plus que doublé depuis la fin des années 1980. Selon l’organisation Black Women’s Roundtable, le nombre d’Afro-Américaines décédées des suites de leur grossesse ou de leur accouchement est aujourd’hui de 42,8 pour 100 000 naissances vivantes. Pour les femmes blanches, le taux est moindre, mais élevé lui aussi : 12,5, contre 9,6 en France et 4 en Suède.

    Élections américaines : la déroute de l’intelligentsia, par Serge Halimi (décembre 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/12/HALIMI/56930

    Les Américains n’ont pas seulement élu un président sans expérience politique : ils ont également ignoré l’avis de l’écrasante majorité des journalistes, des artistes, des experts, des universitaires. Le choix en faveur de Donald Trump étant souvent lié au niveau d’instruction des électeurs, certains démocrates reprochent à leurs concitoyens de ne pas être assez cultivés.

    Les progressistes américains cèdent à la misanthropie, par Angela Nagle (avril 2017)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/04/NAGLE/57397

    Alors que le populisme de droite qu’incarne Donald Trump a pris le pouvoir aux États-Unis, une vague de mépris des classes populaires, qui auraient mal voté, monte chez les démocrates. Des militants démoralisés par leur débâcle à l’élection présidentielle de 2016 pansent leurs plaies en se berçant de l’illusion de leur supériorité. Sans toujours le savoir, ils ravivent ainsi une vieille idée.

    Comment le « Russiagate » aveugle les démocrates, par Aaron Maté (mai 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/05/MATE/58650

    Pour justifier leur défaite à la présidentielle de 2016, les démocrates américains ont avancé toutes sortes de raisons : l’iniquité du système électoral, les « fausses nouvelles », ou encore les Russes, accusés de collusion avec Donald Trump. Cette focalisation sur Moscou occulte les véritables causes de la déroute, notamment un programme économique entièrement tourné vers l’« innovation ».

    DES REPORTAGES

    Dans les cabines des routiers américains, icônes en voie de disparition, par Julien Brygo (août 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/08/BRYGO/58949

    En 2016, pour la première fois, un camion sans chauffeur a effectué une livraison commerciale aux États-Unis. Depuis, les essais se sont multipliés, ouvrant la voie à un monde où les marchandises se déplaceraient sans intervention humaine. Face à cette révolution technologique qui menace l’existence même de leur métier, les routiers américains oscillent entre panique, déni et incrédulité.

    Dans une société gangrénée par le crédit, par Maxime Robin (septembre 2015)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2015/09/ROBIN/53713

    Impossible, ou presque, de vivre aux Etats-Unis sans contracter un emprunt. Devant les difficultés de leurs clients à rembourser, les banques augmentent les pénalités et... leurs profits. En revanche, dans certains quartiers défavorisés, elles refusent d’ouvrir des agences. Les habitants doivent alors avoir recours aux échoppes de « prêteurs rapaces ».

    Vingt millions d’Américains au ban de la ville, par Benoît Bréville (février 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/02/BREVILLE/54742

    Aux Etats-Unis, même les pauvres peuvent devenir propriétaires : il leur suffit d’acheter un mobile home, pour un prix qui dépasse à peine celui d’une voiture, puis de lui trouver un terrain. C’est alors que les difficultés commencent…

    En Arizona, le mur de Donald Trump existe déjà, par Maxime Robin (août 2017)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/ROBIN/57766

    À en croire Donald Trump, la frontière américano-mexicaine serait une passoire que seule la construction d’un « grand et beau mur », long de 3 200 kilomètres, pourrait obstruer. Les États-Unis n’ont pourtant pas attendu leur nouveau président pour traquer les migrants clandestins. En Arizona, le désert, les patrouilles de police et les milices citoyennes les tiennent en échec.

    Ma maison, ma voiture, mon puits de pétrole, par Christelle Gérand (juillet 2015)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2015/07/GERAND/53194

    La chute du prix du baril de brut, quasiment divisé par deux en un an, n’affecte pas seulement les multinationales de l’or noir et les pays producteurs. Aux Etats-Unis, elle touche également des millions de particuliers qui possèdent des puits de pétrole sur leur terrain et les louent à des compagnies privées. Lesquelles entendent profiter de cette période de vaches maigres pour obtenir des contrats plus avantageux.

    Dans les quartiers ravagés par les opiacés, par Maxime Robin (février 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/02/ROBIN/58390

    Ils tuent davantage que les accidents de la route ou les armes à feu. Après avoir ravagé les ghettos noirs dans les années 1990, les opiacés déciment désormais les banlieues pavillonnaires et la petite classe moyenne américaines. Inédite par son ampleur et par ses victimes, cette épidémie d’overdoses l’est aussi par son origine : les consommateurs sont devenus dépendants en avalant des antidouleurs prescrits par leur médecin.

  • L’#air_conditionné à l’assaut de la planète

    Qui n’a jamais rêvé, quand la chaleur devient étouffante, de brancher le #climatiseur pour profiter d’une brise de fraîcheur ? Alimentée par les canicules à répétition, cette tentation n’a rien d’anodin : l’air conditionné change les modes de vie des pays où il s’implante.


    http://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/BREVILLE/57768

    #chaleur #environnement #modes_de_vie


  • https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/STERN/57776

    Good Guy & "bad boy"
    Pour nombre d’homosexuels, adolescents dans les années 1970, Guy Hocquenghem (1946-1988) fut d’abord un visage et deux mots. Le visage hypercool d’un jeune homme, tignasse bouclée de pâtre grec, bouille narquoise, col roulé et veste de cuir ; et les deux mots, « révolution » des « homosexuels », qui s’affichaient dans les pages du Nouvel Observateur, début 1972, où il publia une sorte d’autoportrait. Le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR), dont il fut la figure la plus en vue, tenait alors ses assemblées générales du côté des Beaux-Arts de Paris.

    Il y a donc quelque chose de profondément émouvant à retrouver cette photographie, retraitée en magenta et jaune, en couverture d’Un journal de rêve (1), recueil d’articles d’Hocquenghem écrits entre 1970 et 1987, sélectionnés par Antoine Idier, sociologue et historien des idées. Celui-ci publie simultanément la première biographie consacrée au journaliste et polémiste, aiguillon dans les années post-68 de l’extrême gauche radicale, plus précisément d’un courant qualifié souvent avec mépris de « désirant ». C’était là l’expression d’une homophobie répandue dans la société française et du refus de la majorité des gauchistes d’affronter la normalité bourgeoise de la sexualité, qui n’avait pas beaucoup évolué depuis l’après-guerre. Mais cette normalité commençait au début des années 1970 à marquer le pas, sous les directs du gauche d’Hocquenghem. L’intérêt et le charme du travail d’Antoine Idier sont d’offrir au lecteur la possibilité, avec Les Vies de Guy Hocquenghem, judicieusement sous-titré Politique, sexualité, culture (2), de faire des allers et retours entre la biographie et le recueil d’articles. On saisit alors à quel point il fut un chroniqueur aiguisé plutôt qu’un penseur, un homme d’humeur plutôt que d’amour, un individualiste égotiste plutôt qu’un acteur collectif. Cette posture du chroniqueur, en soi passionnante, permet à Hocquenghem de ne rien s’interdire dans les sujets qu’il traite, de Michel Platini à Pier Paolo Pasolini, de la « nouvelle droite » à la « paresse de la gauche ». Sa liberté de ton, avec une capacité d’affirmation de points de vue à vif, cassants, paradoxaux, nourris d’exaspération, qui n’existe plus guère dans la presse française, lui vaudra de nombreux et farouches détracteurs. Qu’il ne ménageait pas en retour, secouant l’après-Mai intellectuel, décrypté ici avec brio. L’auteur revient en particulier sur les débats houleux autour du livre de Gilles Deleuze et Félix Guattari L’Anti-Œdipe, et sur les affrontements avec les féministes. Pour Hocquenghem, la conception hétérosexuelle de l’homosexualité par la psychanalyse et le féminisme empêchaient la « lecture minoritaire » qu’il élaborait. Il se sentait parfois brisé, mais assumait ses positions sur des questions aussi controversées que la sexualité des enfants ou le plaisir à prendre du plaisir avec les minorités (raciales comme sexuelles).

    Le conformisme journalistique sera aussi l’une de ses cibles privilégiées, notamment dans ses critiques de la télévision publiées dans Libération. Chroniqueur de presse, il explora aussi le cinéma, avec l’incroyable Race d’Ep, réalisé avec Lionel Soukaz ; publia de nombreux livres, essais et romans, contribua au numéro de Recherches, la revue dirigée par Guattari, titré « Trois milliards de pervers », qui fut rapidement interdit. Tout lui était bon à prendre afin de s’exprimer. Cela donne, avec le recul, un côté extrêmement désordonné à son travail. Antoine Idier ne cherche pas à y remettre de l’ordre, ce qui serait un contresens, mais à y déceler une trajectoire. De René Schérer à Walter Benjamin, de Jean-Louis Bory à Gilles Deleuze, des bordels SM de New York aux studios d’Europe 1, du réjouissant Désir homosexuel en 1972 à la jouissive Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary en 1986, publiée au crépuscule d’une courte vie tuée par le sida, Hocquenghem se comprend non pas comme un théoricien, mais comme un acteur du social. Charmeur évidemment, ambigu et pénible parfois, tête à claques qu’on avait souvent envie d’embrasser, il aimait pousser à bout, y compris ses partisans et amis. Good Guy et bad boy.
    Jean Stern.

    (1) Guy Hocquenghem, Un journal de rêve , postface d’Antoine Idier, Gallimard, coll. « Verticales », Paris, 2017, 320 pages, 22 euros.
    (2) Antoine Idier, Les Vies de Guy Hocquenghem. Politique, sexualité, culture , Fayard, Paris, 2017, 354 pages, 22 euros.

    http://www.editions-verticales.com/fiche_ouvrage.php?id=392
    http://www.fayard.fr/les-vies-de-guy-hocquenghem-9782213702025
    Sur ce dernier lien un extrait en ligne (l’introduction de l’auteur).
    #Guy_Hocquenghem #Jean Stern #biographie
    Sinon un ancien billet que j’avais collé ici sur @seenthis
    https://seenthis.net/messages/505807

  • Les entreprises belges ont envoyé plus de 221 milliards vers des paradis fiscaux en 2016 - RTBF avec Belga - 14 Aout 2017 -

    https://www.rtbf.be/info/economie/detail_les-entreprises-belges-ont-envoyes-plus-de-221-milliards-vers-des-paradi

    L’an dernier, 853 entreprises belges ont envoyé plus de 221 milliards d’euros vers des paradis fiscaux, selon Le Soir de lundi, qui cite des statistiques du SPF Finances relatives aux déclarations de paiement vers ces destinations. La loi fiscale belge impose en effet une obligation à toutes les sociétés de déclarer de telles transactions dès lors qu’elles versent plus de 100 000 euros par an sur des comptes bancaires ou à des personnes domiciliées dans ces Etats ’blacklistés’.

    Parmi ces paradis fiscaux figurent Monaco, les îles Vierges britanniques, les Bermudes ou les îles Caïmans. Toutes ces destinations sont considérées par la Belgique comme des Etats « à fiscalité inexistante ou peu élevée », explique Le Soir.

    Autant que l’épargne de tous les Belges réunis
    L’an dernier, ce sont 853 sociétés qui ont indiqué avoir opéré des versements vers les pays de la liste noire. Et ce pour un montant total de 221,3 milliards d’euros, soit une moyenne de 260 millions par société. C’est presque autant que l’épargne de l’ensemble des Belges (262 milliards).

    Dans le top 5 des destinations préférées des entreprises belges, on trouve notamment les Bermudes.

    Singapour, Panama et Hong Kong ne figurent pas sur la liste noire belge - alors qu’ils devraient en faire partie au vu de la loi actuelle, relève Le Soir. Le Luxembourg est, quant à lui, redevenu « fréquentable » en 2016.

    #Fraude_fiscale #Fraude_légale #Paradis_fiscaux #Belgique #entreprises #fiscalité #union_européenne #crise #déficit #fausse_dette #impôts


    • Cet album de Silmarils que j’ai beaucoup écouté à sa sortie, en 2000, souvent bourré ou entre 2 cuites. En le réécoutant aujourd’hui, il me fout encore les boules, en particulier ce morceau : https://www.youtube.com/watch?v=y-bxYJY9qBk

      Mais à écouter dans son intégralité et de préférence dans l’ordre tant il est le reflet ( fenêtre ) sur ces dérapage de #winners
      https://www.discogs.com/fr/Silmarils-Vegas-76/release/1611461
      https://www.youtube.com/watch?v=Cyr0-a6_IQc&list=PLcF-L2OhzFePLEGYvQSsI8PaV5bREKDJ7&index=47

    • L’argent donné aux 1 % c’est donc pour les paradis fiscaux.
      L’argent des 99 % sert à faire tourner le pays, et son économie, et les néo libéraux au pouvoir veulent en faire diminuer la part.

      Une récession ça s’organise.
      Rien de tel que la sécheresse des statistiques pour le prouver, en Belgique, en France, en Italie, en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Autriche et ailleurs.

    • à ce propos @bce_106_6 voir l’édito de Serge Halimi
      Le leurre des 99% @mdiplo août 2017

      À 100 °C, l’eau bout, c’est certain. Mais mieux vaut ne pas attendre que la vie des sociétés se plie aux lois de la physique. Certes, 1% de la population s’attribue la majorité des richesses produites sur Terre ; cela ne fait pas pour autant des 99 % qui restent un groupe social solidaire, encore moins une force politique en ébullition.

      En 2011, le mouvement Occupy Wall Street s’est construit autour d’une idée, d’un slogan : « Nous avons en commun d’être les 99 % qui ne tolèrent plus l’avidité et la corruption des 1 % restants. » Diverses études venaient d’établir que la quasi-totalité des gains de la reprise économique avaient profité aux 1 % d’Américains les plus riches. Ce ne fut ni une aberration historique ni une particularité nationale. Un peu partout, un tel résultat n’a cessé d’être conforté par des politiques gouvernementales. Les projets fiscaux du président français #Emmanuel_Macron, par exemple, auront pour principaux bénéficiaires « les 280 000 ménages les plus riches, le dernier centile (...) dont le patrimoine est surtout constitué de placements financiers et de parts d’entreprise (1) ».

      Est-ce à dire que l’ensemble des autres auraient tant en commun qu’ils pourraient fédérer leurs énergies pour renverser l’ordre établi ? Quand, à défaut d’être soi-même milliardaire, on appartient à la catégorie des privilégiés, il est réconfortant de s’en extraire en fantasmant qu’on relève du même bloc social que les prolétaires. Mais les 99 % mêlent indistinctement les damnés de la terre et une couche moyenne supérieure, assez épaisse, de médecins, d’universitaires, de journalistes, de militaires, de cadres supérieurs, de publicitaires, de hauts fonctionnaires sans qui la domination des 1 % ne résisterait pas plus de quarante-huit heures. Réunir des choux-fleurs et des cerfs-volants dans le grand sac des 99 % rappelle un peu le mythe fondateur américain qui prétend, lui, que tout le monde, peu ou prou, appartient à la classe moyenne, que chacun ou presque est déjà riche ou va le devenir (2).

      Or, si l’union fait la force, la cohésion aussi… L’histoire nous a appris que les grands moments de communion, d’unanimisme ne durent pas longtemps. Février 1848, la fraternité, Lamartine, ces barricades défendues indistinctement par des ouvriers et des bourgeois débouchèrent quelques semaines plus tard sur l’affrontement meurtrier qui les opposa lors des « journées de juin » (3). Construire une alliance est déjà difficile, y compris entre deux mouvements progressistes d’un même pays. Imaginer un projet commun, une force politique durable sur une base aussi indifférenciée que « l’humanité moins l’oligarchie » relève au mieux de l’utopie, au pis de la volonté de ne pas choisir, de ne pas trancher. Et, finalement, revient à ne pas faire grand-chose, à moins de ne se consacrer qu’à des droits consensuels, à la maltraitance des enfants et aux accidents de la route.

      Pour tout le reste, 99 %, c’est trop.

      Serge Halimi

      https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/HALIMI/57816
      #éditorial
      la 1ère note : Anne de Guigné « Les mesures fiscales de Macron profiteront d’abord aux français les plus riches » _Le Figaro , Paris, le 12 juillet 2017._
      La dessus le clan Dassault sait déjà combien il va profiter.

  • Mémoire interdite en Algérie
    Au milieu de la « décennie noire » des années 1990 — particulièrement durant l’été 1997 —, plusieurs massacres de population ont endeuillé l’Algérie, déjà dévastée par les affrontements entre forces de l’ordre et groupes islamistes armés. Les lois d’amnistie et la volonté des autorités d’étouffer le souvenir de ces épisodes sanglants empêchent aujourd’hui tout un peuple de panser ses plaies.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/DAUM/57773
    @mdiplo

    Une investigation honnête sur cette période devrait nous faire comprendre pourquoi et comment un #terrorisme « sous contrôle » a permis d’une part de mettre fin à l’ère démocratique ouverte par les événements d’Octobre 1988 en programmant la mort de l’intelligence et d’autre part d’organiser le transfert massif de rentes publiques vers des rentes privées, finissant par enfanter nos oligarques , symboles obscènes d’un libéralisme sans nom et sans règles.

    http://www.huffpostmaghreb.com/bachir-dahak/une-guerre-contre-les-civils-nest-pas-une-guerre-civile_b_17709556.

    Source :
    http://www.algerieinfos-saoudi.com/2017/08/controverse.une-guerre-contre-les-civils-n-est-pas-une-guerre-c

    Dans son article paru dans le #Monde_Diplomatique d’Août 2017, Pierre Daum parle, sans honte et sans scrupule, de « la guerre civile algérienne » comme si, pendant toute la période incriminée, deux ou des groupes sociaux ou ethniques nettement différenciés, territorialement identifiés, s’étaient affrontés massivement à l’instar de ce qui a pu se produire au Burundi, en ex-Yougoslavie, au Liban, en Angola, en Espagne , en Côte d’Ivoire, en Colombie , au Sri Lanka , au Sierra Leone ou en Somalie.
    Il n’est pas le premier à faire preuve de paresse intellectuelle en désignant par guerre civile des évènements, certes très graves, qui ne ressemblent en rien aux contours des guerres civiles que l’histoire récente ou plus ancienne retient.

    #guerre_contre_les_civils #GIA #Algérie #mémoire
    La source provient de la page de @salim

    crédit photographique : Hocine Zaourar
    https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Madone_de_Bentalha

  • André, par delà l’espace grisâtre et le temps

    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/KEUCHEYAN/57769

    Certains penseurs, parmi lesquels Jason W. Moore et Daniel Tanuro, suggèrent que le système n’a prospéré depuis trois siècles qu’en exploitant une nature gratuite ou bon marché. Cette ressource rare, le capitalisme l’a utilisée comme si elle était illimitée. Il s’en est servi non seulement comme d’une « entrée », captée sous forme de matières premières transformées en marchandises, mais aussi comme d’une « sortie », une « poubelle globale » où se déversent les déchets et les sous-produits de l’activité économique — les externalités négatives de l’accumulation du capital.

    [...]

    Dans un texte de 1974, le philosophe André Gorz affirmait déjà : « Le capitalisme, loin de succomber à la crise, la gérera comme il l’a toujours fait : des groupes financiers bien placés profiteront des difficultés de groupes rivaux pour les absorber à bas prix et étendre leur mainmise sur l’économie. Le pouvoir central renforcera son contrôle sur la société : des technocrates calculeront des normes “optimales” de dépollution et de production (9). »

    #écologie #économie #capitalisme

  • L’autarcie, l’indépendance — la ver.tu

    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/LIMONIER/57798

    La Russie est en effet l’un des seuls pays à disposer d’un écosystème presque complet de plates-formes et de services indépendants de ceux de la Silicon Valley, fondés par des Russes et régis par le droit russe. Tandis qu’une part significative de la population mondiale utilise quotidiennement Google, Amazon, Facebook et Apple (GAFA), sans recours possible à des équivalents locaux crédibles, les Russes et leurs voisins ont le choix entre les géants californiens et ce qu’il est convenu d’appeler le Runet : le segment russophone du Net et les services qui le composent. Yandex jouit d’une popularité deux fois supérieure à celle de son concurrent Google, tandis que VKontakte, équivalent de Facebook, est, de très loin, le premier site consulté dans le pays.

    Largement utilisés dans l’espace postsoviétique, les services du Runet fournissent à la Russie un puissant levier d’influence sur l’« étranger proche », comme l’on nomme à Moscou les anciennes républiques d’URSS. Non seulement le Kremlin peut accéder aux données des utilisateurs de plates-formes progressivement tombées dans l’escarcelle d’oligarques proches du pouvoir, mais ces plates-formes jouissent aussi d’une audience importante auprès des minorités russophones de l’étranger — en particulier dans les pays baltes et en Ukraine.

    Comment expliquer cette exception numérique ? Alors que, en Chine, l’existence de plates-formes nationales doit beaucoup à une stratégie de contrôle de l’information, le Runet ne découle pas d’un blocage de services étrangers auxquels il se serait substitué par défaut. L’Internet russophone provient d’une histoire méconnue qui débute bien avant la fin de l’Union soviétique, en 1991. L’URSS fut en effet la matrice des structures techniques, des pratiques sociales et des modèles économiques qui fondent la spécificité du Runet contemporain et qui alimentent l’appétence russe pour le bidouillage informatique (hacking) et la cybercriminalité.

    #russie #géopolitique #informatique #kibernetika #souveraineté #runet #gafa

  • Debray, à lire — absolument — fins gourmets

    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/DEBRAY/57764

    Qu’a-t-elle d’européenne notre Europe recouverte d’un bleu manteau de supermarkets, le successeur du blanc manteau d’églises, avec, çà et là, et en supplément d’âme, des musées en forme de blockhaus où venir remplir en bâillant ses obligations culturelles ? Il y avait plus d’Europe à l’âge des monastères, quand l’Irlandais Colomban venait semer ses abbayes aux quatre coins du continent. Plus, à la bataille de Lépante, quand Savoyards, Génois, Romains, Vénitiens et Espagnols se ruèrent au combat contre la flotte du Grand Turc, sous la houlette de don Juan d’Autriche. Plus, à l’âge pacifique des Lumières, quand Voltaire venait taper le carton à Sans-Souci avec Frédéric II, ou quand Diderot tapait sur l’épaule de Catherine II à Saint-Pétersbourg. Plus, à l’âge des Voyageurs de l’impériale, quand Clara Zetkin remuait le cœur des ouvriers français, et Jean Jaurès les congrès socialistes allemands. Le russe et l’allemand s’enseignaient cinq fois plus dans nos lycées en 1950 qu’aujourd’hui ; il y avait alors plus d’Italie en France et de France en Italie qu’il n’y en a à présent. Nous suivons de jour en jour les péripéties de la politique intérieure américaine, et une quinte de toux de Mme Hillary Clinton en campagne fait l’ouverture de nos journaux télévisés, mais nous n’avons pas dix secondes pour un changement de paysage en Roumanie ou en Tchéquie. Les satellites de diffusion et notre paresse intellectuelle mettent New York sur notre palier, Varsovie dans la steppe et Moscou au Kamtchatka.

    M. Donald Tusk, président du Conseil européen, qui s’adresse en globish à ses divers interlocuteurs, paraît bien moins européen que l’empereur Charles Quint, qui parlait espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes et allemand à son cheval. Sur la trentaine d’agences centralisées de l’Union, vingt et une présentent leur site uniquement en anglais, et la loi travail en Italie s’appelle le Jobs Act. Voir les fonctionnaires de Bruxelles communiquer dans la seule langue qui, depuis le Brexit, n’est plus celle que d’un de ses membres, l’Irlande, ne manque pas de cocasserie. Ceux qui déplorent que cette Carthage babillarde devienne une vaste Suisse devraient plutôt nous donner cette confédération en exemple : on y parle couramment, comme tout Européen se devrait de le faire, trois, voire quatre langues majeures.

    #europe #etats-unis #debray #regis

  • Aristophane peint jaune, peint-o-mane

    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/MELINAND/57800

    Mais… « Je vous apporte des pièces nouvelles qui ne se ressemblent pas (8). » Soudain, il va s’en prendre à Socrate dans Les Nuées. Des générations de lecteurs autorisés le blâmeront, on lui reprochera la mort du philosophe, vingt-quatre ans après. Tant pis. Aristophane conspue la pensée qui, selon lui, alanguit et ruine la Grèce. Voici donc Socrate aux pieds nus, bombardé professeur de sophistique. Juché sur sa grue en bois, la mèchanè, il marche « dans les airs et regarde le soleil ». Il célèbre les nuées, déesses nouvelles, inconnues du Panthéon. Pour lui, Zeus n’existe pas. « Et qui est-ce qui pleut ? », s’étonne un paysan. Si c’était Dieu, la pluie tomberait du ciel bleu, répond Socrate. Sur l’orchestra, où danse le chœur, le raisonnement juste vante la campagne, les anciens, la bonne éducation, tandis que le raisonnement injuste promeut les bains chauds, l’adultère et le culte du « derrière élargi ». Socrate devient corrupteur d’âmes en pays d’Absurdie. Ses disciples au teint jaune, quand ils ne méditent pas, violent leurs sœurs ou pètent en rafale, leurs culs nus dressés vers le soleil. Avec cette première « vraie » comédie philosophique, le poète n’obtiendra que le troisième et dernier prix et gagnera une réputation solide de vieux réactionnaire.

    #philosophie #comédie #aristophane #socrate

  • Tu es si beau, en froid

    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/BREVILLE/57768

    Les habitations apparues dans la Sun Belt à partir des années 1960 ressemblent à celles de la Pennsylvanie ou de l’Indiana : des pavillons préfabriqués aux fenêtres étroites, posés sur le sol ; des immeubles modernes conçus avec un système de climatisation central ; des gratte-ciel dont les fenêtres ne peuvent même pas s’ouvrir. Comme les terrains étaient peu chers, les villes se sont étalées à perte de vue, rendant la voiture encore plus indispensable que dans le Nord. Selon l’historien Raymond Arseneault, la climatisation a ainsi accéléré « l’américanisation du Sud », l’effacement des différences régionales, l’homogénéisation des États-Unis (11). En Louisiane ou en Alabama, les écoles, les magasins et les bureaux ouvrent désormais sans discontinuer ; les porches où l’on profitait de l’ombre en discutant avec ses voisins n’existent plus. À New York, en été, personne n’achète plus de glaçons à des marchands de rue ni n’installe son matelas sur le balcon ou le palier de l’escalier extérieur. Désormais, du nord au sud, tout le monde profite de son environnement climatisé.

    Les Américains s’attendent à trouver la climatisation partout et en tout temps. Une nuit où la température n’excède pas 8 °C, un habitant de Seattle n’hésitera pas à vous expliquer comment brancher l’air conditionné, tandis qu’en Alaska près du quart des hôtels proposent ce confort. La tolérance du pays à la chaleur a fini par s’éroder au point que les Américains affectionnent désormais des températures intérieures jugées trop froides par la plupart des touristes étrangers. Comme du temps où la climatisation ne se trouvait que dans les hôtels de luxe ou les voitures de première classe dans les trains, le froid reste en outre associé à une forme de raffinement, de distinction. En 2005, d’après le supplément « Mode et style » du New York Times (26 juin 2005), les magasins d’habillement new-yorkais affichaient une température d’autant plus basse qu’ils montaient en gamme : l’enseigne à bas prix Old Navy proposait un environnement à 26,8 °C, soit 4 °C de plus que le cossu Macy’s, et presque 7 °C de plus que la boutique de luxe Bergdorf Goodman.

    #Etats-Unis #climatisation #social