• Maladie du #Pop-Corn : 10 ans que l’on sait et que l’on ne fait rien

    Mise en danger de la vie d’autrui

    Voici exactement dix ans, le « New England Journal of Medecine » *1 publiait un article*2 qui, malgré les précautions oratoires systématiquement d’usage dans ce genre de « papier », ne laisse aucun doute sur la dangerosité du #diacétyle. L’article démontre que la manipulation du diacétyle (produit largement utilisée dans l’industrie du pop-corn) provoque une maladie pulmonaire gravissime : une forme de bronchiolite oblitérante.

    Les bronchiolites peuvent être provoquées par de multiples agents (bactéries, virus...). Plusieurs substance chimiques sont également en cause. Ces substances irritent la muqueuse respiratoire et provoquent une réaction inflammatoire des bronchioles (petites bronches qui aboutissent aux alvéoles pulmonaires). Progressivement, l’inflammation bouche les bronchioles. L’air inspiré ne peut plus parvenir aux alvéoles. La victime commence à s’étouffer et présente une insuffisance respiratoire de gravité croissante. Cette maladie, très invalidante, peut aboutir à la mort dans des conditions particulièrement atroces. Par rapport à d’autre bronchiolites, celle provoquée par le diacétyle présente des caractéristiques qui augmentent sa gravité : en effet, alors même qu’il n’y a plus d’exposition au produit, les lésions persistent (elles ne sont pas réversibles comme dans la bronchiolite du bébé) et peuvent même continuer à s’aggraver.

    Sur le plan chimique, le diacétyle (CAS 431-03-8) est une cétone de formule C4H6O2 qui porte plusieurs autres noms (butanedione et 2,3 butanedione...). Il se présente sous différentes formes dont celle d’un liquide jaune verdâtre dégageant une odeur de beurre rance ou légèrement chlorée.

    La dangerosité du diacétyle est suspectée depuis 1970. Depuis dix ans, il n’y a aucun doute, d’autant que l’article du « New England Journal of Médecine » a été corroboré par d’autres études (en particulier une étude de Van Rooy*3) qui donnent toutes le même résultat. Certains professionnels en ont tiré les conclusions qui s’imposaient en bannissant le diacétyle de leur production … aux USA. Car en France, les autorités sanitaires ont adopté pour le diacétyle la politique qui leur a si bien réussi pour le Médiator, l’amiante et le sang contaminé : celle de l’autruche. Pourtant, sans même évoquer le fameux principe de précaution qu’on nous met à toutes les sauces (sauf celles qu’il faudrait !), sur le plan juridique le cas pourrait très bien s’analyser comme une mise en danger de la vie d’autrui. Une piste à creuser pour les victimes du diacétyle et pour tous les travailleurs qui ont été exposés (généralement à leur insu).

    Dernier point : s’il n’y a hélas aucun doute sur la dangerosité du diacétyle pour les travailleurs condamnés à le manipuler, le danger n’est pas exclu pour la santé des consommateurs, loin de là !

    Pôle #santé #CNT-AIT

    1- Le « New England Journal of Medecine » est, avec le « JAMA » , l’une des deux revues médicales de référence au plan international. L’équipe signataire de l’article est composée de sommités du monde de la pneumologie et de l’épidémiologie.

    2- Clinical Bronchiolitis Obliterans in Workers at a Microwave-Popcorn Plant Kathleen Kreiss, M.D., Ahmed Gomaa, M.D., Sc.D., Greg Kullman, Ph.D., Kathleen Fedan, B.S., Eduardo J. Simoes, M.D., M.Sc., M.P.H., and Paul L. Enright, M.D. N Engl J Med 2002 ; 347:330-338 August 1, 2002 http://www.nejm.org/toc/nejm/347/5

    3- Van Rooy et al, Bronchiolitis Obliterans Syndrome in chemical Workers Producing Diacétyle for Food Flavoring, Am. J. respir Crit. Care Med. Vol 176, pp498-504,2007