• « Les filles de Diogène, les porcs et les couteaux » - document
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    La parrêsia « consiste à dire, sans dissimulation ni réserve ni clause de style ni ornement rhétorique qui pourrait la chiffrer et la masquer, la vérité. Le “tout-dire” est à ce moment-là : dire la vérité sans rien en cacher, sans la cacher par quoi que ce soit » (Foucault, 2009, p. 11).Mais le « franc-parler », expression qui traduit souvent le mot parrêsia,ne suffit pas : « [...] il faut que le sujet, en disant cette vérité qu’il marque comme étant son opinion, sa pensée, sa croyance, prenne un certain risque, risque qui concerne la relation même qu’il a avec celui auquel il s’adresse » (Foucault, 2009, p. 12). Cette pratique brutale de la vérité publique est l’apanage de Diogène le Cynique, surnommé le philosophe aux pieds nus, vagabond charismatique fondant sa complète liberté sur l’absence de toute possession et un solide mépris pour le genre humain. C’est une pratiqueprofondément politique, en ce qu’elle concerne la vie de la cité. Le ou la parrèsiaste, celui ou celle qui a le courage de la vérité, prend donc le risque de mettre en danger sa relation avec l’autre, qu’il s’agisse d’un individu ou du corps social dans son ensemble, mais exige aussi de cet autre qu’il ou elle entende et accepte la vérité brutale ; il ou elle prend le risque de tout perdre. Et c’est sans doute sur le point précis de cette acceptation de la parole par l’autre que se joue l’omerta, constituée du silence de ceux et celles qui savent et du refus de ceux et celles qui pourraient entendre. Les parrèsiastes, ceux et celles qui « balancent » la vérité à la tête des oppresseur.e.set de la société tout entière, sont doncdes personnes en danger car ils et elles appartiennent à la grande famille de ceux et celles que j’appelle les diseurs et diseuses de vérité, qui compte dans ses rangs les whistleblowers, les lanceurs d’alerte, les messagers et tous ceux et toutes celles qui, un jour, osent parler (Paveau 2014). Lediseur ou la diseuse de vérité dérange l’ordre social, menace les puissant.e.s et, d’une certaine façon, culpabilise les complices et les silencieux et silencieuses.

    Cette force de dire les vérités qui dérangent c’est la caractéristiques des Erinyes (appelées furies en latin et d’ou viens le nom mégère), elles sont plutot les précurseures de Diogènes que ses filles !

    #mégèrisme