PAS UN SEUL GUERRIER OUBLIÉ - LIBÉREZ LEONARD PELTIER ! - Déclaration de Norman Brown (Diné/Navajo), survivant de la fusillade de 1975 pour les Commémorations à Oglala 2019

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  • https://youtu.be/SWlEFrFmViQ

    Le 26 juin 1975, il y a quarante quatre ans, à 15 ans j’étais le plus jeune combattant de cette journée de fusillade où trois hommes de bonne foi ont perdu la vie. Encerclés par des centaines d’agents du FBI, d’officiers de la police tribale, des polices du Comté et de l’état, armés de simples fusils, nous étions huit guerriers face à des tirs d’armes automatiques et des tactiques militaires.

    Aujourd’hui je rends hommage à l’aigle et aux ancêtres qui ont guidé nos pas pour sortir de ce camp jusqu’à la protection offerte par les collines et les forêts du district de White Clay.

    Aujourd’hui je rends hommage aux trois hommes qui sont morts en ce jour terrible : Joe Stuntz qui était devenu mon grand frère, et les deux agents Ron Williams et Jack Coler, qui ont perdu la vie.

    Je ne hais personne, je pardonne à un grand nombre. Certains n’obtiendront jamais mon pardon. Je m’excuse de n’avoir pas été un bon père, frère, oncle et grand-père pendant ces annéees traumatisantes . J’ai fait de mon mieux avec le peu d’espoir qui restait en moi.

    Le camp Jumping Bull avait été créé pour fournir protection contre une milice paramilitaire financée et entraînée par le FBI. A cette époque, au début des années 70, le peuple Lakota subissait la fureur du gouvernement US et du FBI parce qu’il était le soutien majeur et le fondement de l’AIM.

    A cette époque, beaucoup de Lakota membres et soutiens de l’AIM étaient ciblés, tués, brutalisés, menacés, asassinés. C’est pourquoi Leonard Peltier et Dino Butler, sous l’autorité des familles lakota locales et des leaders traditionnels, ont établi un camp afin d’assurer la protection et la sécurité des membres et des soutiens lakota de l’AIM sur la réserve de Pine Ridge .

    Aujourd’hui, à 59 ans, je ne me considère pas comme une victime, mais comme un survivant des guerres des années 70 contre l’AIM. Je n’ai pas totalement guéri de cette effroyable journée, peut être ne le pourrai je jamais, mais pourtant, en mon for intérieur, mon espoir et ma foi me rapprochent de qui je suis profondément, ce petit gars Diné de la réserve, « Sonny Boy » .

    Quand je regarde vers les montagnes et les canyons de Dinetah, parfois je me vois danser, chanter et rire avec ce « Sonny Boy » qui rentre enfin dans mon âme, mon esprit, ce petit garçon qui me manque.

    Une année plus tôt, à 14 ans, j’avais connu mon premier conflit armé à Kenora, au Canada, et avant de m’y rendre j’avais été adopté dans la famille Crow Dog de Rosebud, sud Dakota, lors d’une grande cérémonie de la Danse du Soleil à Crowdog’s Paradise.

    Merci « Old Man Chief Henri Crow Dog » et Oncle Leonard Crowdog qui m’avez accueilli dans votre famille et votre clan.

    Ma mère, aujord’hui décédée, m’avait dit une fois « Pries toujours pour les deux agents blancs car leurs familles ont perdu un frère, un père, un oncle, un fils. Ils souffrent tout comme souffrent notre famille et d’autres familles impliquées dans cette fusillade. Sur les 18 années pendant lesquelles j’ai été un danseur du Soleil, j’ai dansé 17 fois pour les deux agents et pour mon frère Joe Stuntz. Huit années à Crowdog’s Paradise et huit années à la Sundance de Big Mouintain.

    Je ne pourrai jamais effacer ce jour meurtrier horrible, mais ce que je peux retrouver sont la joie, le rire, les plaisanteries, la fraternité, la sororité qui faisaient de nous une famille pendant cette période intense.

    http://www.csia-nitassinan.org/spip.php?article1058