Au coeur du « tsunami » du Covid-19, un immense malaise politique

/au-coeur-du-tsunami-du-covid-19-un-imme

  • Au coeur du « tsunami » du Covid-19, un immense malaise politique
    19/03/20 11:40

    (avec des précisions, révélations !, sur le processus décisionnel)
    https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/au-coeur-du-tsunami-du-covid-19-un-immense-malaise-politique-842681.html

    […]
    Quoi qu’il en soit, si l’heure n’est pas encore venue, la question des responsabilités devra se poser, comme c’est le cas dans toute démocratie, à l’issue de cette crise majeure. La semaine dernière, ils étaient nombreux dans la majorité à critiquer l’opposition, et même le président du Conseil Constitutionnel, Laurent Fabius, qui auraient été à l’origine du maintien des élections. On sait aujourd’hui que le Conseil Constitutionnel n’a pas été consulté sur la question (au point de devoir publier un communiqué sur le sujet), et Le Monde relayait, dès jeudi soir, les propos suivants d’une source élyséenne : « Il n’y avait sur cette décision ni l’ombre de Larcher ni celle de Fabius, et encore moins celle de François Baroin », expliquait ainsi un proche du chef de l’Etat, assurant que « la droite LR et Larcher » se mettaient « en scène ».

    Il faut davantage trouver l’origine de ces retards à l’allumage, et ces multiples cafouillages, par les différences de vues qui se sont exprimées au sommet de l’Etat. Dès jeudi, Emmanuel Macron disposait des études scientifiques les plus alarmistes en termes de projections en cas de non confinement. Au sein de l’exécutif, les tenants d’une ligne dure se sont alors affrontés à ceux qui voulaient préserver au maximum l’appareil productif français. Entre les deux, Emmanuel Macron aurait « hésité pendant une dizaine de jours, comme à son habitude », nous rapporte un macroniste. Toutes ces hésitations ont généré une cacophonie dans la communication gouvernementale, au point que l’intervention d’Edouard Philippe le samedi soir à quelques heures de la tenue des municipales, annonçant la fermeture de tous les lieux non essentiels à la vie de la nation, a été en réalité à peine coordonné avec l’Elysée. 

    Autre incohérence dans ces heures cruciales, le Centre interministériel de Crise (CIC), situé à Beauvau, n’a pas été activé contrairement aux habitudes en cas de crise majeure : « Il a été décidé de ne pas le faire. Avec un motif incongru : ne pas donner le sentiment que nous sommes en phase attentats », nous confie un préfet, dépité. Et ce, alors même qu’il incombait au ministère de l’Intérieur d’organiser les élections municipales au beau milieu de l’épidémie... Autrement dit, jusqu’à la décision présidentielle du confinement national, c’est donc le ministère de la Santé qui est resté leader.