• La crise sanitaire est liée aux actions humaines, selon un écologiste
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1689161/coronavirus-environnement-deforestation-animaux-biodiversite-bracon

    Vous désignez différents facteurs qui sont à l’origine de ce genre d’épidémies, dont la déforestation. Comment ce phénomène peut-il en être la cause ?

    La crise écologique est la cause première de cette crise sanitaire comme de nombreuses crises sanitaires précédentes.

    Nous sommes entrés dans l’Anthropocène [époque géologique dont le commencement correspond au début de l’incidence à grande échelle de l’activité humaine sur la biosphère] vraiment dans les années 1950 avec l’augmentation de l’empreinte écologique, de l’urbanisation, du nombre d’animaux d’élevage, et la baisse des couvertures forestières, des habitats naturels et des agricultures traditionnelles.

    Les animaux sauvages voient leurs territoires en régression, principalement du fait de l’industrialisation de l’agriculture et de l’élevage.

    Les données de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) nous montrent que le nombre de cochons a triplé entre 1970 et 2017 pour atteindre 1,5 milliard de têtes, celui des poulets a quintuplé pendant la même période et on en compte au moins 25 milliards à tout moment sur la planète.

    Ces crises sanitaires résultent de l’augmentation des contacts entre une faune sauvage dont les territoires sont grignotés par les animaux domestiques, dont l’augmentation des effectifs assure l’amplification des pathogènes et leurs transmissions aux humains.

    L’élevage intensif est montré du doigt. Pourquoi ?

    L’élevage intensif industriel est en premier lieu source de problèmes environnementaux directs, déjà avec les pollutions engendrées par les mégafermes : ammoniac relargué dans l’atmosphère, nitrates polluant les sols, les cours d’eau et les eaux côtières marines, sans compter l’utilisation massive de divers biocides comme les antibiotiques.

    Deuxièmement, l’élevage intensif nécessite des sources de protéines végétales importantes pour nourrir des animaux sélectionnés pour assurer une croissance rapide (certaines lignées sélectionnées ne peuvent survivre sur des pâtures naturelles).

    Ces protéines végétales sont produites grâce à l’industrialisation de l’agriculture. Ainsi, on « déforeste » l’Amazonie pour produire le soja qui sera exporté vers des lieux lointains, comme l’Europe ou la Chine.

    Cette agriculture intensive nécessite intrants et biocides, comme les pesticides et les insecticides, sources de « défaunation » et de pollution.

    Enfin, l’élevage intensif est source de maladies infectieuses émergentes. Le virus de la grippe H1N1, à l’origine de la pandémie de 2009 heureusement peu virulente, est originaire d’une mégaferme nord-américaine.

    #Crise_sanitaire #Crise_écologique #Covid-19 #Mégaferme