Pas la moindre réinterprétation en effet : la part infime dédiée à l’international dans les journaux télévisés, seule source d’information pour de nombreuses personnes, contribue à forger le cadre mental national et donc une grille de lecture unique et biaisée sur le monde. Que, dans cette information, il y ait un second biais privilégiant certains thèmes à d’autres est un autre problème mais pas fondamentalement très différent.
Il s’agit ici de la perpétuation d’une vision du monde dans laquelle ont été formés les faiseurs d’opinion, qu’ils transmettent à leur public. On reproduit à l’échelle de l’ensemble du champ de l’information ce que l’on voit caricaturalement au niveau de la météo : il pleut en France mais on sait rarement le temps qu’il fait en Belgique (et vice versa peut être).
Il s’agit au niveau de l’information du problème du nationalisme méthodologique c’est à dire une approche paresseuse de la science et de la connaissance qui considère comme acquis et naturel un cadre, le cadre national, dans lequel sont produit les données, et qui induit une lecture particulière de ces données. Alors que, hormis les conséquences directes des politiques publiques de l’État, peu de phénomènes sociaux ont une pertinence liée spécifiquement au tracé des frontières nationales.
La même étude serait intéressante en ce qui concerne l’information - dans les journaux télévisés nationaux - concernant les grandes villes et les régions françaises. Quelle proportion entre info Paris / info régions et, au delà du reportage « de proximité » combien de fois parle-t-on de la vie politique dans ces territoires ou d’enjeux spécifiques ? Nationalisme encore une fois, assorti aussi de jacobinisme bien français.