La politique du style : entretien avec Daniel Hartley

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  • La politique du style : entretien avec Daniel Hartley
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    Sans doute devrais-je commencer par exposer rapidement le cadre systématique de la théorie du style que j’ai élaboré, car cela est décisif pour répondre à cette question. Premièrement, je soutiens que ma théorie du style représente un élément fondationnel de ce qui pourrait devenir un jour une « poétique marxiste » plus générale. Par conséquent, je ne considère certainement pas ma théorie du style comme étant en soi une théorie littéraire auto-suffisante. C’est plutôt le premier volet de ce qui devrait devenir un série de « réétalonnages » fondamentaux des concepts littéraires et esthétiques classiques (par ex. genre, personnage, intrigue, forme, etc.) dans le cadre d’un projet de recherche historico-matérialiste global – ce à quoi Bakhtine et Medvedev appelaient déjà en 1928. Deuxièmement, je l’appelle « poétique » parce que la poïésis, comme l’ont souligné les meilleurs commentateurs de l’ouvrage éponyme d’Aristote, doit être comprise comme étant une opération dynamique. Autrement dit, une composition littéraire est un acte « poïétique » productif et transformateur dont la stylisation est l’élément essentiellement verbal. Je préfère en effet la notion de « stylisation » à celle de « style ». D’une part, parce qu’elle met en valeur cette dynamique, cet aspect processuel et, d’autre part, parce qu’elle nous permet de voir que la composition littéraire combine et sculpte une multiplicité de styles parlés et écrits préexistants. Parler du style d’un écrivain au singulier, c’est donc, en réalité, se référer à un ensemble artistiquement organisé de sous-styles ; le « style » en tant que tel n’est jamais réductible à l’un de ces sous-styles. C’était l’une des grandes intuitions de Bakhtine.‬

    #littérature