• Covid-19 : l’Afrique guette sa « deuxième vague »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/11/16/covid-l-afrique-guette-sa-deuxieme-vague_6059898_3212.html

    « Le continent peut être divisé en deux. Dans la moitié des pays, le nombre de contaminations continue de diminuer et dans l’autre, il augmente », résume le docteur Ngoy Nsenga, responsable de la réponse aux crises en Afrique à l’OMS. Certains, comme l’Angola, après avoir imposé un confinement dès le mois de mars à l’apparition des premiers cas, connaissent seulement leur première vague. Un retournement qui, pour le docteur Nsenga, s’explique comme partout par « un relâchement dans le respect des gestes barrières et une fatigue envers toutes les mesures de restriction subies depuis des mois ».La réaction précoce des gouvernements dans la gestion du nouveau coronavirus, la maîtrise des méthodes de dépistage et de traçage dans une région habituée à gérer des contagions récurrentes constituent pour ce responsable de l’OMS « l’élément décisif » pour expliquer l’évolution singulière du continent. Même s’il n’écarte pas les autres hypothèses souvent avancées : forte proportion des jeunes dans la pyramide des âges, faible insertion de l’Afrique dans les grands itinéraires de la mobilité internationale ou encore une meilleure résistance des populations acquise par une exposition régulière aux virus…
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    « Nous n’avons pas beaucoup avancé pour comprendre pourquoi l’Afrique évolue de manière différente. Au Cameroun, très peu de personnes ont dû être hospitalisées. Peu sont mortes. Le taux d’occupation des lits Covid est de 1 %. Le confinement a été peu respecté et aujourd’hui, tout le monde va à la messe ou participe à des rassemblements sportifs sans porter de masques. Quelque chose a protégé la population. Quoi précisément ? Je ne sais pas. »
    Cette équation aux multiples inconnues ne facilite pas la gestion des mesures sanitaires. D’autant que, comme dans le reste du monde, la crise économique et ses répercussions sociales se font durement sentir. Sans que les Etats aient ici les moyens de financer les puissants amortisseurs déployés par exemple en Europe. Doivent-ils à nouveau fermer les frontières aériennes qui commençaient à peine à s’ouvrir pour nombre d’entre eux ? Reconfiner leur population ? « Nous avons besoin de pouvoir affiner les réponses, de faire du sur-mesure », répond Akhona Tshangela, responsable de l’unité de modélisation d’Africa CDC.
    Un projet a été lancé avec la mutuelle d’assurances panafricaine ARC (African Risk Capacity) qui dispose déjà d’une expérience dans la gestion des fièvres hémorragiques et des méningites. « Au début de la pandémie, nous avons utilisé des modèles américains avec des données chinoises pour essayer d’anticiper ce qui se passerait chez nous et cela a abouti à des estimations totalement surestimées. Avec un recul de neuf mois, nous commençons maintenant à avoir nos propres chiffres et nous devons construire des modèles qui reflètent nos réalités », poursuit-elle

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  • Reconfiner ou pas ? Le dilemme du Kenya face à la deuxième vague de Covid-19
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    Un nouveau confinement – même partiel –, une nouvelle fermeture des commerces et des frontières, une mise à l’isolement des grandes villes les plus affectées ? Les Kényans ne veulent pas en entendre parler. Pourtant, le pays fait déjà face à une nouvelle vague de propagation du coronavirus, à peine quelques semaines après le début du retour progressif à la normale.
    La moyenne quotidienne des contaminations oscille officiellement entre 700 et 1 000 et un nouveau pic a été atteint le 5 novembre, avec 1 494 nouveaux cas, un record national depuis le début de la pandémie. Une explosion des cas qui a suivi la réouverture des bars, l’autorisation de vendre de nouveau de l’alcool dans les restaurants, le recul du couvre-feu à 23 heures… Tombé de 13 % en juin à 4 % en septembre, le taux de positivité au Covid-19 vient de rebondir, atteignant pour la première fois 16 %.« Je ne peux pas me permettre de fermer mon bar comme la dernière fois. Si c’est le cas, nous allons tous devenir des cambrioleurs pour avoir à manger », jure Joseph*, qui tient un boui-boui dans la petite ville de Naivasha, non loin de Nairobi. « Nous avons facilement obéi au départ, parce que nous avions peur de mourir. Le Covid-19 était un virus inconnu qui tuait tout sur son passage, en Europe et en Amérique. Nous craignions le pire en Afrique, mais nous avons vu que ce n’était pas le cas ici », défend le cabaretier, qui doit désormais fermer son bar à 21 heures pour se plier aux nouvelles directives.Joseph n’est pas seul à chercher comment joindre les deux bouts. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) fait état d’environ 1,7 million de Kényans vivant en zone urbaine et actuellement confrontés à l’insécurité alimentaire. Le résultat d’une augmentation du prix des denrées, d’une diminution des revenus ou de la perte d’un emploi, autant de conséquences économiques directes du Covid-19.La situation dans les hôpitaux n’a jamais aussi été alarmante. « Nous sommes débordés, il n’y a plus de places à l’isolement, témoigne un médecin de l’hôpital de district de Naivasha. Avoir les symptômes du Covid-19 ne suffit plus pour être reçu et il faut être visiblement malade ne fût-ce que pour avoir droit à un test. Une partie du personnel soignant est positif. Nous n’avions jamais vu une chose pareille depuis le début de la pandémie. » Les données officielles évoquent un taux d’occupation allant jusqu’à 140 % dans différents établissements sanitaires.
    Le dilemme se pose jusqu’au sommet de l’Etat. « Mon gouvernement désire ouvrir le pays et le garder ouvert », a souligné le président Uhuru Kenyatta dans son discours à la nation, le 4 novembre, évoquant tout de même « la possibilité de nouvelles mesures de confinement visant les régions les plus affectées », Nairobi et Mombasa étant les villes les plus touchées. Ces deux métropoles, totalement isolées jusque début juillet, totalisent à elles seules plus de 26 % du PIB kényan, d’après les données de la Banque mondiale de 2017.

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