Le dernier au revoir de Valéry Giscard d’Estaing

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    L’ancien président de la République de 1974 à 1981 est décédé mercredi 2 décembre du Covid-19. Âgé de 94 ans, il est décédé chez lui, dans sa propriété d’Authon (Loir-et-Cher), après une hospitalisation depuis la mi-novembre. Son septennat aura été marqué par des évolutions sociétales comme le droit à l’avortement, mais aussi l’installation du chômage de masse et un abaissement de l’intervention de l’État au nom de la compétitivité économique.

    Difficile d’imaginer aujourd’hui que Valéry Giscard d’Estaing a un jour incarné le dynamisme et la modernité. Ce fut pourtant le cas de l’ancien président de la République, décédé mercredi à 94 ans du Covid-19 selon sa famille, lors de l’élection qu’il a remportée, en 1974, à seulement 48 ans. Le jour de la mort de Georges Pompidou, celui qui est alors ministre de l’Économie et des Finances multiplie les descentes de pistes noires à ski, dans les Alpes. Quand la nouvelle lui parvient que le président de la République, malade, est décédé, Giscard fonce à Paris, au plus grand mépris des limitations en vigueur sur l’autoroute. Son objectif : prendre de vitesse Jacques Chaban-Delmas, qui se positionne en champion du gaullisme. Un héritage à ce moment-là poussiéreux et difficile à porter. Le résistant et ancien premier ministre de Pompidou, qui prônait une « nouvelle société », se fait voler le totem de la modernité par Giscard.

    L’Auvergnat, né en 1926 à Coblence en Allemagne, explique voir la France « au fond des yeux » et s’inspire des campagnes électorales américaines. Il pose avec sa fille Jacinte sur son affiche officielle, et met en scène le soutien de célébrités dont Charles Aznavour, Alain Delon et Johnny Hallyday, ou encore Brigitte Bardot qui va jusqu’à poser avec un T-shirt flanqué du slogan : « Giscard à la barre ». Surtout, « l’appel des 43 » pour une candidature unique à droite, signé par Jacques Chirac, fait définitivement basculer une partie des gaullistes vers Giscard, qui passe au second tour face à François Mitterrand, alors candidat de l’union de la gauche. Les deux s’affrontent en direct à l’occasion du premier débat d’entre-deux tours diffusé à la télévision. Giscard qualifie Mitterrand d’ « homme du passé » et lui assène qu’il n’a pas « le monopole du cœur ». Le 19 mai, il s’impose avec 50,81 % des suffrages exprimés et 424 599 voix d’avance, soit le plus faible écart dans toute l’histoire de la Ve République.