• Panthéonisation de Gisèle Halimi : aux grandes femmes la patrie indifférente ?
    https://www.liberation.fr/societe/droits-des-femmes/pantheonisation-de-gisele-halimi-aux-grandes-femmes-la-patrie-meconnaissa
    Selon France Inter, Emmanuel Macron pourrait renoncer à faire entrer la dépouille de l’avocate au Panthéon, en raison de ses prises de position pendant la guerre d’Algérie. Nombre de militantes féministes s’insurgent, l’Elysée tempère.

    « Décevant, voire révoltant », pour Osez le Féminisme !, « une déception » pour les Effronté-es… L’éventualité d’un recul de l’Elysée sur la panthéonisation de Gisèle Halimi, avocate fervente défenseure des droits des femmes décédée l’été dernier, suscite craintes et colère des féministes.

    C’est une information de France Inter qui a mis le feu aux poudres ce jeudi matin : selon la radio publique, le président de la République pourrait bien renoncer à cet engagement en raison des prises de position d’Halimi pendant la guerre d’Algérie. L’avocate, connue pour sa mobilisation contre le viol et....

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    • Pourquoi l’entrée de Gisèle Halimi au Panthéon est compromise
      par Simon Le Baron publié le 13 mai 2021 à 6h09

      INFO FRANCE INTER | Les associations féministes, plus de 34.000 pétitionnaires en ligne, le conseil de Paris et même la ministre chargé de l’égalité femmes hommes réclament la panthéonisation de Gisèle Halimi. Mais l’engagement de l’avocate sur la guerre d’Algérie pourrait conduire le président à renoncer au projet.

      La célèbre avocate et militante féministe est morte le 28 juillet 2020, à 93 ans. Depuis, sa panthéonisation est réclamée par plusieurs associations féministes, par la Ville de Paris ou encore par la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, pour qui l’avocate « a été une militante de tous les droits, a porté des batailles que personne n’avait eu le courage de porter avant elle ». Mais selon les informations de France Inter, il y a de fortes chances qu’Emmanuel Macron y renonce. En cause, l’engagement de Gisèle Halimi pendant la guerre d’Algérie.

      C’est une règle absolue : une panthéonisation doit rassembler et, par-dessus tout, ne froisser personne. Le nom de Gisèle Halimi, héroïne de la lutte pour les droits des femmes, semblait plutôt consensuel. Mais en janvier dernier, le rapport rendu par Benjamin Stora à l’Élysée « a clivé », confie un proche du dossier. Dans ce rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie commandé par Emmanuel Macron, l’historien recommande de faire entrer Gisèle Halimi au Panthéon, comme « figure d’opposition à la guerre d’Algérie ».
      Mettre en lumière la grande cause du quinquennat ou « réconcilier les mémoires » ?

      L’avocate de militants du FLN (Front de libération nationale) parmi les « grands hommes » - et les grandes femmes ? « Certaines associations de harkis et de pieds-noirs l’ont pris comme une insulte », regrette cette même source. Cela n’a pas échappé au président, son entourage le reconnaît. Lui qui s’est donné pour mission de « réconcilier les mémoires » hésite à prendre le risque de raviver ces blessures.

      L’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi serait pourtant l’occasion, explique un conseiller, « d’envoyer au passage un message à la gauche » à quelques mois de l’élection présidentielle, et de « mettre en lumière la grande cause du quinquennat », l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour l’heure, seules cinq femmes ont eu un tel honneur (sur 80 « panthéonisés ») : Simone Veil, les résistantes Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion, la physicienne Marie Curie et la scientifique Sophie Berthelot. Alors chez Élisabeth Moreno, on jure que la ministre « ne lâchera rien » et « continuera de se battre », dans la presse comme en coulisses.

      La panthéonisation de l’emblématique combattante féministe et anticolonialiste est toujours en cours d’examen par la commission « Mémoire et vérité » mise en place par l’Élysée dans la foulée du rapport Stora. Si cette entrée au Panthéon pourrait finalement être jugée trop sensible, la présidence assure en revanche que l’hommage national à Gisèle Halimi promis par Emmanuel Macron aura bien lieu, à une date qui n’est pas encore fixée.

      https://www.franceinter.fr/politique/pourquoi-l-entree-de-gisele-halimi-au-pantheon-est-compromise

    • En 2018, Simone Veil était la cinquième femme inhumée au Panthéon, après Sophie Berthelot, inhumée aux côtés de son mari le chimiste Marcellin Berthelot ; la physicienne Marie Curie ; les résistantes Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz en 2015. Une pétition lancée le 8 mai 2021 plaide pour l’entrée au Panthéon de l’artiste franco-américaine Joséphine Baker. D’autres noms sont aussi sur la liste des candidates, comme la révolutionnaire féministe Olympe de Gouges ou Lucie Aubrac, grande résistante pendant la seconde guerre mondiale.

      https://information.tv5monde.com/terriennes/pantheon-gisele-halimi-une-grande-femme-chez-les-grands-hommes

    • Gisèle Halimi au Panthéon : Macron temporise
      https://www.mediapart.fr/journal/france/140521/gisele-halimi-au-pantheon-macron-temporise
      La panthéonisation de l’avocate et militante féministe Gisèle Halimi, engagée aux côtés du FLN pendant la guerre d’Algérie, nécessite encore une « réflexion », selon l’Élysée. « Il faut écouter les uns et les autres », dont les collectifs de « femmes d’harkis » qui s’y opposent.

      l n’y a pas d’hésitation. Il y a une réflexion et des consultations. » Vingt-quatre heures après la publication d’un article de France Inter, selon lequel Emmanuel Macron pourrait renoncer à la panthéonisation de Gisèle Halimi, en raison de son engagement aux côtés de militants du FLN (Front de libération nationale) pendant la guerre d’Algérie, l’Élysée tempère. « Rien n’est décidé », indique l’entourage du président de la République. Rien si ce n’est que l’hommage national, promis par ce dernier, aura bien lieu aux Invalides, à une date qui reste encore à déterminer.

      Contrairement à cet hommage, l’entrée au Panthéon de l’avocate, décédée le 28 juillet 2020, n’a jamais été officialisée par le chef de l’État. Il figure en revanche parmi les préconisations du rapport de Benjamin Stora, remis au chef de l’État en janvier. L’historien évoque Gisèle Halimi comme une « grande figure féminine d’opposition à la guerre d’Algérie », soulignant que « les noms et les trajectoires de ceux qui ont refusé le système colonial doivent être portés à la connaissance des jeunes générations, pour que l’on sorte des mémoires séparées, communautarisées ».

      Entre 1960 et 1962, Gisèle Halimi avait notamment défendu Djamila Boupacha, une jeune militante du FLN, accusée d’avoir posé une bombe, torturée et violée en détention par des soldats français. « Son dossier était [...] un parfait condensé des combats qui m’importaient : la lutte contre la torture, la dénonciation du viol, le soutien à l’indépendance et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la solidarité avec les femmes engagées dans l’action publique et l’avenir de leur pays, la défense d’une certaine conception de la justice, et enfin mon féminisme. Tout était réuni. Le cas était exemplaire », confiait-elle dans Une farouche liberté (Grasset).

      À l’époque et aux côtés notamment de Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi avait largement contribué à mettre en lumière ce qu’Emmanuel Macron a officiellement reconnu, en septembre 2018 : « un système légalement institué » par l’État français, ayant permis le recours « à la torture à des fins politiques », pendant la guerre d’Algérie. Ce combat pour la « dignité », l’avocate l’a porté tout au long de sa vie. « De ses plaidoiries, elle fit des manifestes politiques, et de sa révolte une révolution », écrivait à son propos l’Élysée, le jour de sa mort.

      On aurait pu croire que la panthéonisation de Gisèle Halimi, proposée par Benjamin Stora, et réclamée par bon nombre de collectifs féministes, ainsi que par la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Élisabeth Moreno, soit assez consensuelle pour aller de soi. Mais ce n’est pas le cas, concède l’Élysée, rappelant que la seule préconisation du rapport Stora a suscité de vives réactions, comme en témoigne cette tribune du « Figaro Vox », signée par une cinquantaine de « filles et femmes d’harkis », fin janvier.

      « Nous nous élevons de manière unanime, forte et déterminée, contre la proposition émise par Benjamin Stora, écrivaient-elles. Sur France Inter, le 3 mai 2010, dans l’émission “Comme on nous parle”, Gisèle Halimi a été interrogée sur le fait de savoir si “la femme n’est jamais [...] la meilleure ennemie de la femme”. Et Gisèle Halimi a fait cette réponse : “Je crois que, quand la femme… oui, cela arrive, hélas… Moi, j’ai appelé ça, en référence à la guerre d’Algérie, les femmes harkis. Les femmes harkis, malheureusement, cela existe.” Est-ce ainsi que Benjamin Stora veut favoriser la réconciliation ? Gisèle Halimi, qui a affiché en plusieurs autres occasions son mépris pour les harkis, n’est pas une femme de réconciliation. »

      Or, insiste son entourage, Emmanuel Macron veut « réconcilier les mémoires ». « La mémoire fracturée, c’est celle des pieds-noirs, celle des harkis, celle des appelés du contingent, celle des militaires français, celle des Algériens venus ensuite en France, celle des enfants de cette migration, celle des binationaux…, confiait récemment le chef de l’État au Figaro. Toutes ces mémoires cohabitent sur notre sol et vivent dans un même pays dont elles partagent le projet national. Il faut les réconcilier. Je ne suis ni dans la repentance ni dans le déni. Je crois dans une politique de la reconnaissance qui rend notre nation plus forte. »

      Cette approche mémorielle nécessite, selon l’Élysée, des gestes de toutes parts. Et du temps. Beaucoup de temps. « Il faut écouter les uns et les autres. C’est une décision qui exige une concertation avec de nombreuses parties prenantes », explique un conseiller du président de la République, évoquant les « acteurs, témoins ou dépositaires qui ont été confrontés aux combats de Gisèle Halimi ». Bien qu’il s’en défende, cette approche participe aussi du « en même temps » précaire d’un exécutif qui s’est lancé, depuis des mois, dans une critique méthodique des mouvements décoloniaux.

      Pourtant, comme l’a souligné la députée La France insoumise (LFI) Clémentine Autain sur Twitter, « ce sont aussi ses positions humanistes sur l’Algérie qui légitiment l’entrée de Gisèle Halimi au Panthéon. Elle ne faisait pas partie de ceux qui regrettent le “bon temps des colonies”. Elle défendait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Si Macron renonce… » « Renoncer à la nécessité de la panthéoniser au nom de la réconciliation des mémoires, ce serait céder aux pressions de l’extrême droite », a également fustigé sa collègue conseillère de Paris, Danielle Simonnet, dans Libération.

      De son côté, l’Élysée assure que l’idée n’est pas écartée à ce stade. D’autant, précise l’entourage d’Emmanuel Macron, qu’« on ne peut pas réduire Gisèle Halimi à la guerre d’Algérie ». Elle « a été une militante de tous les droits, elle a porté des batailles que personne n’avait eu le courage de porter avant elle », avait d’ailleurs plaidé Élisabeth Moreno, en décembre 2020, sur France Inter. Citant le « manifeste des 343 » ou encore le combat de l’avocate pour les droits des personnes LGBT+, la ministre déléguée avait assuré « mettre toute son énergie » à convaincre le chef de l’État de la faire entrer au Panthéon, où reposent actuellement 5 femmes et 75 hommes.

  • Régionales : l’ancien bras droit de Georges Frêche tête de liste RN dans l’Hérault
    https://www.nouvelobs.com/elections-regionales-2021/20210511.OBS43921/info-obs-regionales-l-ancien-bras-droit-de-georges-freche-tete-de-liste-r

    Le Rassemblement national ne chasse pas qu’à droite. La digue cède aussi à gauche. Selon nos informations, Frédéric Bort, ancien directeur de cabinet de l’ex-président socialiste de la région Languedoc-Roussillon, Georges Frêche, sera la tête de liste soutenue par le Rassemblement national (RN, ex-Front national) dans l’Hérault lors des élections régionales de juin prochain. Une candidature pour appuyer la tête de liste régionale en Occitanie du parti de Marine Le Pen, l’ancien député UMP, aujourd’hui eurodéputé RN, Jean-Paul Garraud. Le ralliement de Frédéric Bort, 43 ans, sera annoncé mercredi 12 mai.

    Après avoir dit au « Midi Libre », qui avait eu vent du projet, « y réfléchir », Frédéric Bort, contacté par « l’Obs », assume désormais : « J’ai pris la décision ce week-end d’accepter la proposition qui m’a été faite. » Et d’assurer : « Je n’ai pas pris ma carte au RN, et personne ne me l’a demandé ».

    Avant de faire son choix, cet enseignant contrarié, qui n’a jamais été élu, en a parlé à ses proches. « Il y avait ceux qui comprennent ma démarche, et il y a ceux qui trouvent que je transgresse un peu trop », dit-il. Plus de dix ans après la mort subite de Georges Frêche, en octobre 2010, son bras droit quitte donc les rives de la gauche pour celles de l’extrême droite.

    #je_transgresse_un_peu_trop (typiquement le genre de foutaise que disait Frêche, justement)

    • Un peu trop : La dernière recrue phare du RN est visée par une enquête judiciaire
      https://www.mediapart.fr/journal/france/140521/la-derniere-recrue-phare-du-rn-est-visee-par-une-enquete-judiciaire#at_med

      Frédéric Bort, l’ancien directeur de cabinet de Georges Frêche, a annoncé son ralliement au Rassemblement national mercredi 12 mai. Une semaine plus tôt, il était en garde à vue dans une affaire d’abus de bien social présumé, selon des informations de Mediapart.

      [...] Interrogé par le journal Métropolitain sur son passage par la gendarmerie, Frédéric Bort, qui travaille dans le vignoble familial de Saint-Christol, avait étonnement soutenu, le 6 mai, ne pas avoir été auditionné en tant que suspect par les enquêteurs. « Non, non, il ne s’est rien passé, je n’ai pas été placé en garde à vue », déclarait-il alors.

      [...] Georges Frêche a en effet tout fait pour mettre le pied à l’étrier à son directeur de cabinet, arrivé à ses côtés en 2004, jusqu’à le soutenir dans ses études universitaires. Le 6 septembre 2006, le président de la Région déclare dans La Gazette de Montpellier : « J’aimerais le garder [à la Région], et qu’il ait un vrai métier : c’est-à-dire qu’avant de se lancer dans une carrière politique, il termine sa thèse et obtienne un poste de maître de conférences à la faculté de droit. »

      Ce qui sera fait quelques mois plus tard : en décembre 2007, Frédéric Bort, inscrit en thèse à la fin des années 1990 après un mémoire sur la coopération viticole (sujet lié à la profession de ses parents), soutient enfin sa thèse dont le sujet porte sur… Georges Frêche.

      Intitulée « Le sens politique. Contribution à l’étude des usages du métier d’un chef politique local : Georges Frêche 2004-2007 », la thèse provoque une importante polémique au sein de l’université. Autre point de crispation : le directeur de thèse de M. Bort, « qui n’est plus le même qu’en 2000 – autre entorse à la stricte tradition universitaire », comme le révèle Rue89 à l’époque, est un professeur de science politique « émérite » proche de Georges Frêche.

      [... Frédéric Bort continue à travailler au cabinet avant, rêve-t-il, de rejoindre les bancs de l’Assemblée nationale et de lancer sa carrière politique. Seulement, aux législatives de juin 2012, un an et demi après le décès de Georges Frêche, l’ancien directeur de cabinet vit comme un désaveu cinglant le choix de la direction nationale du PS de geler sa circonscription pour un candidat écologiste (qui sera élu au Palais-Bourbon). Rebelote en 2017, quand M. Bort est cette fois écarté par la commission d’investiture d’En Marche ! au profit de Patricia Mirallès, sa suppléante déclarée en 2012.

      [...] Le voilà désormais qui estime qu’« il y a d’un côté, les gens qui sont à l’aise, les élites pro-européens et mondialistes », et « le reste : les gens ordinaires, le peuple ouvrier. Ces gens-là, personne n’en parle, personne ne les défend ! » Ce qui justifie, selon lui, de passer à l’extrême droite. « Le discours d’Emmanuel Macron m’a plu, une rupture soft. J’ai été déçu. Il y a un moment, il faut faire en sorte d’une alternative qui soit offerte aux gens oubliés dans la mondialisation », indique-t-il.

      [...] Dans le documentaire Le Président d’Yves Jeuland consacré à la dernière campagne régionale de Georges Frêche, en mars 2010, l’engagement de son directeur de cabinet, et sa conception de la politique, était apparu sans filtre aux yeux du public.

      En pleine campagne pour la réélection de son mentor, Frédéric Bort déclarait, dans une séquence devenue culte (voir ci-dessous https://www.youtube.com/watch?v=PrKgmGHPfpM

      ) : « Il faut mentir, sortir des chiffres avec de l’aplomb, etc. Dire que vous avez fait le double. C’est ça qui compte, c’est essentiel. De toute façon, en période électorale, j’allais dire, tout peut se dire et n’importe quoi peut se dire et peut être accrédité de la même manière alors que c’est faux. » L’extrême droite ne devrait pas le dépayser.