Monstrueuse fête de la musique

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    Une drôle de fête de la musique cette année, où la fête fut encore volée par l’exécutif, avide de paix sociale et de célébrations à coup de gaz lacrymogène et de charges policières .

    Encore une nuit d’émeutes savamment orchestrées par les zélés préfets, qui n’avaient en tête que la protection de la jeunesse débordante et non sa répression systématique. Deux ans après la mort de Steve Maia Caniço à Nantes, suite à une charge disproportionnée de la police, la violence se répétait.

    Alors qu’Emmanuel Macron organisait une rave pour seniors décorés à l’Élysée, relayant un message de confraternité sur son compte twitter « Ensemble », la jeunesse de France se faisait joyeusement pourchasser par les forces de l’ordre, en roue libre. 48 heures auparavant, un préfet avait saccagé volontairement le matériel de sonorisation d’un teknival à Redon,

    Le sadisme est assumé dans le choix d’oublier ces événements, tout comme dans le fait de refuser l’accès du quai à la famille de Steve Maia Caniço, tué par une charge de police un soir de fête de la musique à Nantes en 2019.

    Comment un seul instant, ce président si hors-sol a-t-il pu penser, qu’empêcher la jeunesse de sortir par la force, après des mois de privations était une solution viable ?

    Politiquement, Emmanuel Macron est mort.

    Politiquement, Emmanuel Macron est mort, séparé à jamais du pays par deux élections intermédiaires ou son parti virtuel a réuni moins de 4% des votants à chaque scrutin.

    Cinq ministres n’y suffirent pas, l’abstention n’y suffit pas non plus, le songe LREM est clos, dans la douleur et dans la violence, comme l’ouverture tragique de ce quinquennat sur la suite en ruine des manifestations contre la loi travail.

    L’agenda liberticide et anti-social du président des riches est mis à mal par le réel, malgré les efforts redoublés de la presse et des médias de cour, toujours prêts à assurer le narratif nécessaire pour la création d’une réalité alternative à la gloire du président et de ses ouailles.

    Mais danser suffit-il pour lever la supercherie et montrer l’essence liberticide du projet porté par Emmanuel Macron ? Non.

    Cigales, vous allez danser, chanter, mais n’oubliez jamais les fourmis qui vous regardent depuis Bruxelles ou Bercy, attendant l’heure pour vous demander tous les sacrifices au nom de la dette qui vous a sauvé.

    Après la fête, les project X, soirées libertaires et impromptues contre l’atmosphère morbide qui a empuanti le pays, il faudra faire bien plus que danser en nombre et chanter la Marseillaise sur une plage.

    Qui sera prêt alors, au sein de cette jeunesse heureuse et soucieuse à faire le pas politique ? Celui de voter, pour un programme libérateur, celui de contester politiquement la répression et la censure morale ?

    Emmanuel Macron sait se faire discret, retranché en son palais. Il temporisera, le temps de nouvelles mises en scènes ridicules, loin de Paris, jouant au bon roi auprès de sujets bienveillants. Puis viendra le discours du 14 juillet, celui de la « refondation », où, faussement grave, il annoncera les efforts à consentir jusqu’au sacrifice pour sauver le pays, plonger dans l’abîme de la dette perpétuelle par sa politique calamiteuse.

    « Vous chantiez ? J’en suis fort aise. Eh bien dansez maintenant. »

    Nous dira-t-il en substance dans son discours officiel, singeant Luchini dans un débordement d’autosatisfaction puérile.

    Et nous, que dirons nous ? Il nous faudra obéir, payer l’impôt, subir la dette et assumer la charge d’être si lâches.

    Car oui, nous sommes collectivement lâches.

    Lâches, de supporter ces oppositions politiques fantômes, qui continuent de jouer à un jeu fait pour quelques nantis et inutile pour tous.

    Oui, nous sommes lâches, de ne pas stopper par la désobéissance générale cette marche forcée vers un régime de techno-surveillance autoritaire.

    Oui, nous sommes lâches, de laisser la démocratie défaillante aux mains des corrompus et des affairistes,

    Oui, nous sommes lâches de tous nos renoncements, des regards en fuite devant la maltraitance des manifestants ou des réfugiés, et par nos attentes perpétuelles.

    Oui, nous sommes lâches de laisser la jeunesse seule face à une gérontocratie mortifère toute puissante.

    Oui, nous sommes lâches de laisser l’algorithme s’emparer de l’avenir de nos enfants, pour le pire.

    Oui, nous sommes lâches de ne pas nous battre pour un autre monde, lassés que nous sommes par des discours et des promesses jamais tenues.

    Nous sommes lâches, mais rassurez-vous, celui, qui voulait qu’on vienne le chercher en juillet 2018, est encore plus lâche que nous.

    Alors, ensemble, dansons maintenant.

    Ce monde triste n’est pas le nôtre.