• « Débat » Zemmour - Mélenchon sur BFM TV : un grand momoent de politique spectacle.

    Duel au soleil des médias : Zemmour et Mélenchon - AOC media - Analyse Opinion Critique
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    Duel au soleil des médias : Zemmour et Mélenchon
    Par Olivier Christin
    Historien
    Le débat entre Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour, qui doit se tenir jeudi soir en direct sur BFMTV, est attendu comme un combat, un duel qui révèlera l’illégitimité de l’un ou de l’autre des deux participants. Mais ce qui se joue dans ce clash, ce n’est pas la victoire d’une position sur une autre, puisqu’il lui manque la condition minimale de toute discussion, le fait de se montrer disposé à endosser éventuellement le point de vue de l’autre. Ce qu’il convient de prendre au sérieux, en revanche, ce sont les effets concrets de ces dispositifs médiatiques agonistiques sur les pratiques démocratiques elles-mêmes.
    Nous assistons depuis plusieurs années à une transformation des conditions du débat public, dans les médias de l’audiovisuel notamment, caractérisée par la multiplication de confrontations dans lesquelles les protagonistes semblent moins soucieux de se convaincre mutuellement et de convaincre le public que de réduire au silence leur adversaire. Sur les plateaux de télévision ou dans les débats radiophoniques, les attaques personnelles cherchant à déstabiliser l’opposant, les interruptions destinées à l’empêcher de s’exprimer, le refus de répondre aux questions et surtout de faire place au point de vue opposé pour faire émerger de possibles points d’accord ou de convergence sont devenus courants, au point de s’imposer parfois comme l’objectif à peine dissimulé de certains dispositifs de parole et de certains castings qui visent à « faire le buzz » pour accroître les audiences.
    Ces transformations sont évidemment inséparables de processus de longue haleine : l’exigence croissante de participation citoyenne à la discussion des affaires publiques au sein des démocraties[1] ; l’émergence en France depuis 1987 de chaînes d’information en continu[2] qui trouvent dans les émissions de débats une manière peu coûteuse d’occuper l’antenne et d’être citées dans les revues de presse et autres résumés de l’actualité que proposent, par exemple, certains opérateurs téléphoniques ou moteurs de recherche[3] ; l’essor spectaculaire des réseaux sociaux. À terme, ces transformations ont affecté très largement la physionomie, la sociologie et la déontologie du débat public dans certains médias, sur les questions politiques, bien entendu, mais aussi sur une gamme de plus en plus vaste de sujets dits « de société ».
    Ces transformations sont, d’une part, au principe du succès croissant d’émissions de « débats », de talk-show ou d’infotainment qui reposent sur la mise en présence d’intervenants que l’on met en situation de confrontation, ne serait-ce que par l’aménagement de certains plateaux organisant scéniquement le face-à-face ou l’interrogatoire agressif des invités par un présentateur vedette[4]. Certaines chaînes se sont fait une spécialité de ces « débats » qui se saisissent d’une affaire (le réfugié afghan sorti du lieu de résidence qui lui avait été assigné), d’un propos rapporté par la presse ou d’une question isolée et réduite à sa formulation la plus simple pour les constituer en enjeu d’un jour (les cours d’école non-genrées), sur lesquels chacun des participants doit se prononcer, sans disposer pour autant d’informations précises ou de compétences spécifiques.
    Ces transformations déterminent, d’autre part, l’évolution du profil des animateurs de débats et de leurs invités, qui déborde désormais de plus en plus largement des rangs des professionnels de la politique et des médias, comme des experts reconnus, pour s’ouvrir à des profils plus divers et plus hybrides : consultants, experts assurant dans ces confrontations leur promotion ou celle de leur société, membres de collectifs ou d’associations pour qui l’exposition médiatique est une condition essentielle de leur capacité à agir, vedettes de la télévision, du sport ou du show-biz à qui la notoriété sert de sésame pour accéder à de nouvelles émissions, écrivains-éditorialistes, etc. Ce sont les « bons clients », ceux dont on sait qu’ils animeront le débat et parleront de tout ou presque[5]. Cette sociologie en partie inédite confirme en fait l’analyse que Pierre Bourdieu avait consacrée au palmarès des grands intellectuels publié par la revue Lire, évoquant des « personnages mixtes (…) qui sont un défi pour les taxinomies communes »[6].
    De manière plus significative encore, certains protagonistes de ces bouleversements médiatiques inscrivent leur trajectoire de bout en bout dans ces émissions de confrontation, quitte à changer de chaîne ou de plateau et à mélanger les genres du journalisme, de l’essayisme pamphlétaire et de l’animation. De Ça se dispute sur I-Télé à Face à l’Info sur CNews, en passant évidemment par On n’est pas couché sur France 2, la carrière télévisuelle d’Éric Zemmour s’est déroulée dans ce type de programmes, dont le principe est au fond toujours le même : parler dru, créer du clash, et surtout démontrer qu’il n’y a aujourd’hui nulle véritable grandeur sociale légitime, que les politiques ne sont que des acteurs, les intellectuels des pédants, les artistes des bateleurs qui cherchent à faire de la « promo ». Nombre de dispositifs scéniques sont d’ailleurs explicitement conçus pour déstabiliser les invités, assis sur des sièges ridicules, interrompus par des musiques tonitruantes, des chroniqueurs ironiques et un public dûment chauffé, et soumis à un feu roulant de questions auxquelles personne sur le plateau n’attend de véritable réponse, puisque tout cela « c’est que de la télé », comme le dit un expert en la matière.
    Il ne s’agit ni de discourir pour convaincre, ni de délibérer en commun, ni de se légitimer, mais de délégitimer les adversaires et l’idée même d’avoir à débattre utilement avec eux.
    Ces transformations en cours bouleversent très profondément, enfin, les règles discursives des échanges, qui sont comme dépouillés de tout ce qui pourrait suggérer une forme ou une autre de reconnaissance mutuelle des adversaires ou d’appartenance commune (à la classe politique, au monde des médias, à l’univers académique ou intellectuel). Dans les nouvelles normes oratoires, les figures du discours, les choix lexicaux et les stratégies d’énonciation qui se déploient poursuivent un objectif, sinon de condamnation explicite de l’adversaire, du moins de disqualification de celui-ci, ce qui rend presque sans objet la nécessité de l’écouter et de lui répondre[7]. 
    Pour reprendre le titre d’une journée d’étude organisée à l’Université de Sophia-Antipolis (« La rhétorique démocratique en temps de crise. Discours, délibération, légitimation », Nice, janvier 2011), certaines des nouvelles formes du débat public paraissent faire peu de cas des objectifs traditionnellement assignés à la rhétorique depuis l’Antiquité : il ne s’agit ni de discourir pour convaincre, ni de délibérer en commun y compris dans l’affrontement des positions, ni de se légitimer, mais de délégitimer les adversaires et l’idée même d’avoir à débattre utilement avec eux. Il faut vaincre sans convaincre, parler – ou vociférer – pour faire taire et offrir au public ce que l’on dit qu’il attend : une foire d’empoigne, un spectacle, une joute. « C’est que de la télé ». 
    Ces débats campent donc loin des règles classiques de la discussion, qui repose toujours sur un « accord préalable » puisque, pour reprendre les termes de Chaïm Perelman, « écouter quelqu’un, c’est se montrer disposé à admettre éventuellement son point de vue »[8]. Il est donc faux de prétendre que Jean-Luc Mélenchon assure une quelconque reconnaissance à Zemmour en acceptant de l’affronter : ce duel ne dérogera pas au fonctionnement paradoxal des débats sans « accord préalable », qui rendent souvent possibles les insinuations personnelles, les assignations identitaires, les invectives aussi et parfois pour les défis ou les menaces, comme le débat Tapie-Le Pen de 1989, à bien des titres fondateur, l’avait montré avec ses références douteuses à la boxe.
    Ces confrontations finissent par enfermer les protagonistes dans des alternatives simplifiées, des questions fermées, et donc dans des choix qui servent avant tout à les classer et à les placer sur l’échiquier politique.
    Il pourrait être rassurant de se dire que ces émissions sont en effet sans enjeu, qu’elles ne changent rien et surtout pas les convictions des uns et des autres, y compris celles de téléspectateurs, qui seraient assez avertis pour ne pas s’y laisser prendre, même si la démolition des « grands hommes » et des grandeurs sociales y est une loi presque universelle. Force est néanmoins de constater que les principes et les ressorts de ces joutes se sont imposés dans des programmes qui prétendent être autre chose que des talk-show sur des questions d’actualité et de société, et qu’ils ont fini par dessiner également les formes des débats les plus formels entre les personnalités politiques de premier plan, même s’il paraît difficile de qualifier ainsi le chroniqueur de Cnews. L’affrontement entre Trump et Biden en octobre 2020 ou l’aménagement de certains plateaux télévisuels français lors des soirées électorales des récentes régionales – avec le face-à-face des invités en fonction d’un partage gauche-droite, qui permet aux animateurs de jouer à la fois la confrontation des camps et l’amalgame entre ceux qui siègent du même côté de la table – en ont fourni des exemples frappants.
    Ces exemples doivent nous inviter à prendre au sérieux les effets concrets des dispositifs agonistiques sur les pratiques démocratiques elles-mêmes. Car en ayant pour principal enjeu non de préciser les positions des uns et des autres, mais de les accuser (dans le double sens de consolider et de dénoncer), ces confrontations finissent par enfermer les protagonistes dans des alternatives simplifiées, des questions fermées (pour ou contre les pistes cyclables, les menus végétariens dans les écoles, l’obligation vaccinale), et donc dans des choix qui servent avant tout à les classer et à les placer sur l’échiquier politique – participant par là à la fois d’un appauvrissement du débat démocratique et d’une transformation partisane de l’ensemble des questions débattues dans l’espace public, comme le montre la très forte politisation de la question du port du masque aux Etats-Unis.
    Dans de telles conditions, nous devons nous interroger sur le sens du nouveau duel télévisuel qui se profile entre deux des figures marquantes du tournant agonistique du débat politique, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon. Attendu et présenté comme « un combat », une confrontation et un moment de vérité dans lequel l’illégitimité de l’un ou l’autre des protagonistes sera dévoilée, peut-il échapper à ce piège que la rhétorique agonistique tend au débat politique et aux conditions démocratiques de formation de l’opinion, celui de déboucher sur la certitude de chaque camp d’en être sorti vainqueur ?
    Si l’on veut prendre la mesure des périls que recèle ce genre de confrontation, qui tient du duel et de la mise en accusation, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que d’autres crises majeures ont elles aussi suscité l’apparition de nouvelles manières de parler et de s’affronter, de révoquer les règles de l’échange, avec l’espoir de discréditer l’adversaire et de la réduire au silence, voire à la disparition de la sphère publique. Et l’on pourrait en prendre pour exemple les grandes disputes religieuses du XVIe siècle, dans le contexte d’apparition de la Réforme protestante, exemple d’autant plus significatif qu’il ne met en jeu ni des questions politiques ni le fonctionnement des médias modernes et qu’il permet alors de se concentrer sur la question des effets pragmatiques des dispositifs de parole.
    En septembre 1561, alors que le Royaume de France commence à s’enfoncer dans les troubles mais que l’espoir d’une conciliation religieuse n’a pas tout à fait disparu, la Reine et son entourage prennent l’initiative d’organiser à Poissy un grand colloque où les représentants des deux confessions, calviniste et catholique, débattront publiquement. Dès la première session, l’organisation même des débats et le choix délibéré de certains des protagonistes de privilégier rapidement les questions sur lesquelles ils savent pertinemment qu’il sera difficile de s’accorder conduisent, sans surprise, à un grave incident. Interrogé sur l’eucharistie, l’orateur protestant, Théodore de Bèze, rejette l’idée de transsubstantiation et affirme que « le corps [du Christ] est éloigné du pain et du vin autant que le plus haut du ciel est éloigné de la terre ». Aussitôt, l’un des membres influent du camp catholique, le Cardinal de Touron, l’interrompt et demande au Roi en lui demandant : « Avez-vous ouï ce blasphème ? ». La possibilité d’un accord s’évanouit ; quelques mois plus tard, les adversaires prennent les armes, qui ne retombent qu’en 1598.
    Comparaison n’est pas raison ; le débat du 23 septembre ne conduira pas à la guerre civile. Nul ne songe pour l’instant en France à réveiller le souvenir de nos anciennes guerres civiles comme sortie possible de la crise démocratique. Mais l’échec du colloque ou la naufrage du débat Trump-Biden sont là pour nous rappeler qu’il n’est pas simple de sortir démocratiquement de confrontations publiques majeures pensées pour être des mises à mort rhétorique des adversaires. Tout porte à parier que les protagonistes et leurs partisans en sortiront confortés dans leurs croyances et désireux d’aller plus loin encore dans l’affrontement.
    Olivier Christin
    Historien, Directeur d’études à l’EPHE et directeur du Centre européen d’études républicaines

    • Hier soir, c’était un événement médiatique parce que ça déplace le centre de gravité du paysage audiovisuel, mais c’est aussi la fin d’un certain monde. Moi je suis pour que le débat ait lieu partout.

      Pour Zemmour comme pour moi, le débat était d’une totale dureté parce que nous sommes deux visions du monde extrêmement construites.

      On n’était pas en train de faire semblant de s’affronter. Nous sommes depuis deux siècles sur deux collines, face à face.

      Il y avait un truc frappant : Zemmour tournait en rond. Tout ce qu’il avait à dire c’est « islam, islam, islam... ». Et dès qu’on arrivait sur un autre sujet, il fallait qu’il ramène l’islam.

      Pour moi le véritable enjeu était de voir jusqu’à quel point il allait assumer ce qu’il est et ce qu’il a à dire.

      Il a été incapable d’expliquer en quoi consistait la remigration et il a été obligé sur les femmes de passer dans une contradiction incroyable.
      Jlm

      https://linsoumission.fr/2021/09/24/zemmour-le-machiste-qui-pense-que-les-femmes-ont-des-cerveaux-archaiqu

      « Le pouvoir attire les femmes, c’est comme ça, c’est dans leur cerveau ​archaïque ». Voici ce que pense Éric Zemmour des femmes. Le polémiste d’extrême droite n’en est pas à son coup d’essai, il avait qualifié l’arrestation de DSK de « castration de tous les hommes français ». Une vision réactionnaire nauséabonde du délinquant multirécidiviste, condamné à trois reprises pour incitation à la haine, qui est notamment pour restreindre le droit à l’avortement. Zemmour, un danger pour les femmes. Notre article.

    • Et pour rire un peu :)) :

      La leçon incontestable du débat BFMTV c’est que les français s’intéressent à la politique quand ce n’est pas le cirque médiatique des candidats creux interchangeables qui promettent le contraire de ce qu’ils disaient hier et qui feront autre chose une fois élus, telle Anne Collabo.

      On sait que Mélenchon a gagné un débat lorsque le clergé médiatique et les pitres d’extrême-droite qui pollueront les plateaux n’osent pas dire qu’il a perdu. #DebatBFMTV

      Pendant que la goche Mediapart cherche à sodomiser des coléoptere.e.s, Mélenchon agit. Autant il nous a déçu parfois, autant nous préférons celui qui agit à ceux qui font la fine bouche dans leurs domiciles cossus.

      « #Zemmour a montré sa maîtrise de plusieurs sujets puisqu’il a été capable de parler non seulement de l’islam mais aussi des musulmans »

      https://twitter.com/MFrippon?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Eauthor

    • Et pour combattre la pensée profonde du philosophe de seconde zone : « A quoi tient l’audience exceptionnelle d’un face-à-face pour la 6è place ? D’où vient la passion que déclenchent deux candidats de seconde zone, sinon du caractère essentiellement divertissant d’un tel combat ? » la pensée express...

      https://www.lexpress.fr/actualite/idees-et-debats/raphael-enthoven-on-a-regarde-la-baston-zemmour-melenchon-comme-un-classico

      Une citation :

      Friedrich Nietzsche :

      « Tout homme, quel qu’il soit, à qui l’on interdit l’action, et qui de ce fait se trouve dans l’impuissance, est affecté par le ressentiment : c’est-à-dire qu’il ne peut que subir l’impossibilité de s’extérioriser. »
      https://twitter.com/MFrippon/status/1441448474944413696

  • Scandale : Macron privatise le site de Grignon, un joyau historique de la bifurcation écologique - L’insoumission
    https://linsoumission.fr/2021/09/18/scandale-macron-privatise-le-site-de-grignon-un-joyau-historique-de-la

    L’État a attribué, en plein été, le site historique de Grignon, lié à l’école d’ingénieurs AgroParisTech, à un promoteur immobilier. Ce campus agronomique est l’héritier de 200 ans d’Histoire. Depuis 1826, il a formé des générations d’ingénieurs agronomes et de spécialistes des enjeux agricoles et écologiques. En toute logique, il devrait aujourd’hui participer de la bifurcation vers l’agroécologie et de la formation des milliers d’ agriculteurs et ingénieurs nécessaires !

    Mais Macron écolo-bidon en a décidé autrement. Cette privatisation va faire perdre au campus de Grignon sa vocation pédagogique pionnière. On connaît l’emblématique château du XVIIIe siècle. Mais le site de trois cents hectares comprend également un domaine forestier avec plus de deux cents essences différentes, une réserve géologique, 121 hectares de terres agricoles et des parcelles d’essais agronomiques datant de la fin du XIXe siècle.

    #écotartufferie

  • Les cadeaux d’Anne Hidalgo aux milliardaires Bernard Arnault, François Pinault et Xavier Niel
    https://linsoumission.fr/2021/09/07/les-cadeaux-danne-hidalgo-aux-milliardaires-bernard-arnault-francois-p

    La maire de Paris socialiste se prépare à annoncer sa candidature à l’élection présidentielle. Le précédent Président socialiste, François Hollande, s’était fait élire en annonçant que son véritable ennemi serait la finance, pour in fine bien la servir. Le résultat fut l’élection de son pur produit et serviteur, Emmanuel Macron, grâce à qui les intérêts des puissants oligarques milliardaires n’auront jamais été aussi bien défendus dans toute l’histoire de la République. Y a-t-il autre chose à attendre de la probable future candidate Anne Hidalgo ? Cette note vise, à partir de quelques exemples parisiens, d’évaluer à cet égard le bilan de l’action municipale de la maire socialiste vis-à-vis de certains de ces oligarques milliardaires. Et si les amis d’Hidalgo étaient précisément les financiers ? 

    Anne Hidalgo et Bernard Arnault, un vieil idylle
    Commençons par #Bernard_Arnault, l’homme le plus riche de France et la deuxième fortune mondiale. C’est un grand adepte des #paradis_fiscaux, de l’optimisation et de l’évasion fiscale. Si l’homme d’affaire est amateur d’art et collectionneur, son engagement dans le mécénat suit surtout une stratégie visant à améliorer l’image du groupe LVMH et accroître son rayonnement à l’international. 

    Pour le milliardaire, comme pour nombre d’oligarques, il est essentiel de tisser des liens avec le politique, de droite comme de gauche. Et côté #PS, dans l’équipe de #Bertrand_Delanoë - #Anne_Hidalgo, ça tombe bien, c’était un de leurs objectifs. #Christophe_Girard, l’ancien adjoint à la culture et maire du 4e, est en partie à l’époque choisi pour cela. Celui qui fut à #EELV avant de rejoindre le PS a occupé des fonctions de premier plan au sein de la maison #Yves_Saint_Laurent et du groupe #LVMH jusqu’en 2016.

    #Un immense terrain à prix cassé pour la Fondation Vuitton à Paris
    Bernard Arnault avait déjà obtenu pour le groupe LVMH de la Mairie de Paris l’exploitation du jardin d’acclimatation dans le bois de Boulogne par le biais d’une délégation de service public. En 2006, le Conseil de Paris va lui permettre de construire sa “ #Fondation_Vuitton ” qui sera inaugurée en 2014. Une convention de 55 ans au profit de LVMH est établie sur un terrain appartenant à la Ville et jouxtant le jardin d’acclimatation, contre une redevance de 100.000€ par an. Au vu de la superficie de 11.100m2, c’est pas cher payé, soit une redevance de 9€/m2/an.

    À titre de comparaison, la redevance versée par la FFT pour la convention d’occupation de #Roland_Garros est d’environ 60€/m2. La largesse est de taille ! Mais surtout, Bernard Arnault va pouvoir profiter du cadre fiscal du mécénat induit par la loi Aillagon. La Cour des comptes en novembre 2018 a révélé que la construction du bâtiment qui devait initialement coûter 100 millions d’euros va voir sa facture exploser à près de 800 millions d’euros au total. Du fait de l’avantage fiscal permettant de défiscaliser 60% de l’argent investi, il en coûtera 518M€ à l’Etat.

    Le musée des Arts et traditions populaires offert sur un plateau à LVMH
    Celui qui a détruit tant d’emplois, tant de vies et tout le savoir-faire français de l’industrie du textile par sa politique de délocalisation va reprendre, tout un symbole, le musée des Arts et traditions populaires pour en faire sa maison LVMH- Arts-talents-patrimoine… Le bâtiment de l’ancien Musée national des Arts et Traditions populaires qui était installé dans le Bois de Boulogne, lui aussi attenant au jardin d’acclimatation, appartenait à la Ville et avait été concédé à l’État en 1954, par une convention arrivant à échéance en décembre 2014. Ce musée avait été fermé par l’Etat, et ses collections avaient été transférées au MUCEM à Marseille en 2011. Le bâtiment, depuis cette date, avait été laissé sans utilisation, muré en juin 2013 et laissé à l’abandon.

    L’État va finalement verser une indemnité de 10 millions d’euros (un montant visant à permettre de réaliser les travaux de réhabilitation du bâtiment) à la Ville de Paris, pour la reprise du bâtiment. Mais plutôt que de recréer un établissement culturel municipal, certains parlaient d’un musée sur l’esclavage, la ville va le céder à LVMH, sans aucune mise en concurrence pourtant imposée à la moindre association culturelle. Et le “projet culturel”, normalement exigé, sera des plus sommaires. La ville va lui offrir les 10 millions d’euros perçus par L’État et établir une convention d’une durée de 50 ans pour une redevance en retour très faible de nouveau pour le groupe LVMH. Il s’agit de 150.000 euros par an, pour plusieurs milliers mètres carrés de surface, soit environ de nouveau 9€ le m2 par an, plus un faible pourcentage du chiffre d’affaires, alors qu’une partie des activités pratiquées dans le lieu (évènementielles et de restauration) sera très lucrative et bien rentable. A titre de comparaison, le prix des loyers commerciaux le plus faible dans le 16ème arrondissement est au minimum de 270€ le m2 par an… 

    Quand Anne Hidalgo prend la défense de Bernard Arnault contre ATTAC
    Les investissements ont été estimés à 158 millions d’euros, bénéficiant là encore de la règle de la déduction fiscale de 60%, donc largement financés par l’Etat. Bernard Arnault peut donc s’offrir ainsi, grâce aux largesses de la ville et de l’Etat, une “Maison LVMH / Arts – Talents – Patrimoine”, mixant résidence d’artiste, salles d’exposition et de concerts, centre de documentation sur les métiers d’art et un restaurant de 1.000 m2, qui lui permettra, sous prétexte de culture, de valoriser son image. Le domaine LVMH dans le bois de Boulogne est dorénavant une vitrine plus que conséquente, nationale et internationale pour l’empire du luxe du milliardaire. 

    Le 3 juillet, lors de l’inauguration de la réouverture après travaux des magasins emblématiques de #La_Samaritaine, l’association Attac a mené une action non violente, un tag à la gouache et des banderoles pour dénoncer le gang des profiteurs. Pendant la crise sanitaire, alors que la pauvreté explose, ces milliardaires ont en effet augmenté de 68% leur fortune ! Bernard Arnault, lui, a vu ses avoirs personnels augmenter de 62 milliards d’euros, tout en poursuivant des licenciements et ses placements dans les paradis fiscaux ! Mais, Anne Hidalgo, côte à côte avec Emmanuel Macron pour flatter l’indécent milliardaire, fut parmi les premières personnalités politiques à dénoncer le vandalisme de l’association https://linsoumission.fr/2021/07/06/hidalgo-defend-arnault-la-gauche-soutient-attac … En cohérence, elle a choisi son camp, celui des milliardaires fraudeurs du fisc, la gôche anti gouache pro LVMH… https://linsoumission.fr/2021/07/06/hidalgo-defend-arnault-la-gauche-soutient-attac

    Les cadeaux d’Anne Hidalgo à #François_Pinault
    Juste après Bernard Arnault, impossible de ne pas mentionner François Pinault, autre milliardaire. François Pinault a lui aussi utilisé des sociétés écrans situées dans les paradis fiscaux des Antilles néerlandaises pour cacher un quart de sa fortune pendant une vingtaine d’années, évitant ainsi d’être assujetti à l’impôt sur le revenu jusqu’en 1997, sans compter les stratégies d’optimisation fiscale réalisées depuis. 3ème fortune française et 59ème au niveau mondiale en 2012, avec une fortune personnelle estimée à 8,5 milliards de dollars et une fortune professionnelle de 8,1 milliards d’euros, rien que ça. Pour François Pinault, impensable de ne pas accéder lui-aussi à sa propre fondation dans la capitale. Et ce que les milliardaires rêvent à Paris, Anne Hidalgo l’exauce. La maire de Paris lui a ainsi permis de réaliser la #Fondation_Pinault au sein de la Bourse du Commerce. 

    Cette magnifique rotonde datant du XVIIIe siècle avait été cédée par la Ville de Paris à la chambre de commerce et de l’industrie de Paris-Ile-de-France (CCI) en 1949, pour 1 franc symbolique, sous réserve qu’elle y accueille des activités liées à ses missions. Fin de l’été 2015, la municipalité a demandé à la CCI de lui céder cet espace de 13.000 mètres carrés, afin d’y installer une activité emblématique, de visibilité internationale, à côté des Halles : la fondation Pinault. En janvier 2016, alors que la CCI se retrouve financièrement au plus mal, à prévoir plus de 300 licenciements, la Ville de Paris a fait une proposition de rachat jugée satisfaisante par la chambre, laquelle se verrait céder en pleine propriété un bâtiment de 14.000 mètres carrés près de République, dont elle est concessionnaire depuis 1914. L’opération va coûter 86 millions d’euros à la ville de Paris et un dédommagement de 21 millions d’euros pour la CCI ! 

    La ville, là encore, établit pour le milliardaire collectionneur, un bail emphytéotique pour 50 ans, pour un loyer annuel de 15 millions d’euros les deux premières années. Mais ce montant pouvant sembler être impressionnant revient à 1150€/m2/an, soit un loyer bien inférieur aux fourchettes hautes dans le quartier des loyers commerciaux qui sont plus autour de 2589€/m2/an. Et d’emblée, la ville a promis des loyers beaucoup moins élevés pour les années suivantes afin de tenir compte des travaux engagés. Les coûts d’entretien et d’investissement de ce site seraient très élevés (12,3 millions d’euros entre 2009 et 2015, 4 millions nécessaires pour une mise aux normes d’urbanisme et d’accueil du public). Mais François Pinault, en bon mécène désintéressé comme Bernard Arnault, sait user lui aussi de la loi Aillagon de défiscalisation de l’argent investi dans la fondation. Ces milliardaires savent défendre leurs intérêts au point de réussir à les faire passer pour de l’intérêt général ! 

    Les liens d’Anne Hidalgo avec Unibail-Rodamco-Westfield, le premier groupe coté de l’immobilier commercial au monde
    Sans chercher à être exhaustif, on ne peut traiter du rapport d’Anne Hidalgo avec les milliardaires et les grandes entreprises au top dans la financiarisation capitaliste sans traiter d’ #Unibail-Rodamco-Westfield , le premier groupe coté de l’immobilier commercial au monde. 

    Avant d’être Maire de Paris, Madame Hidalgo a été 1ère adjointe de Bertrand Delanoë de 2001 à 2014. Un des gros dossiers d’urbanisme de l’équipe municipale fut celui des Halles. Si les débats à l’époque ont surtout porté sur les aspects esthétiques et la Canopée, l’opération de rénovation des #Halles prévoyait surtout une immense braderie, puisque ce bâtiment emblématique de Paris, porte d’entrée dans la capitale via les immenses stations de métro et RER qu’il abrite, au profit de l’entreprise Unibail.

    Cette cession du centre commercial, qui a eu lieu en 2010-2011, a profité de manière aberrante à l’entreprise, aux dépens de la collectivité : la Ville a ainsi réalisé 1 milliard de travaux dans le bâtiment avant de le céder (sans contribution d’Unibail, alors que l’entreprise devait initialement contribuer pour 238M€ aux travaux, mais ce concours a été annulé). Elle cède pour 142 millions un centre commercial qui doit en valoir dans les 700 millions selon l’évaluation de la CRC en 2018, qui estime que “le réaménagement des Halles a profité de manière déséquilibrée à Unibail-Rodamco(-Westfield) potentiellement au détriment 1) des finances de la Mairie et 2) de l’intérêt public considéré plus généralement.”)

    De plus, la surface commerciale a été étendue, ce qui accroît la marchandisation aux dépens de l’intérêt général et notamment à l’encontre des revendications des riverains.

    Les liens de Mme Hidalgo et de son équipe avec cette entreprise ne s’arrêtent pas là : en effet, elle a décidé en 2014 de permettre à #Unibail de construire au coeur du Parc des expositions qui était déjà délégué en délégation de service public à Viparis, filiale d’Unibail, la gigantesque Tour Triangle, bâtiment anti-écologique, contesté par les riverains, des élu.es (comme #Alexis_Corbière et moi-même à l’époque et les élu.es écologistes) et spéculatif. D’après un rapport de la CRC, publié en juin 2020, on a appris de plus que la Ville avait dans le cadre de ce projet offert un cadeau de 263 millions d’euros, sans raison, à l’entreprise Unibail !

    En effet, en 2014, la Ville a résilié de manière anticipée le contrat de délégation du Parc des expositions qui la liait à Unibail, afin de signer un nouveau contrat intégrant la présence de la future Tour Triangle. La résiliation a été l’occasion d’une indemnisation d’Unibail à hauteur de 263 millions d’euros, pour le dédommager de cette résiliation anticipée… C’est pourtant l’entreprise Unibail le premier bénéficiaire, puisqu’elle a obtenu le nouveau bail du Parc des expositions et de la Tour triangle, pour une durée de 50 ans ! Après la braderie des Halles à Unibail en 2011, c’est un nouveau cadeau injustifié fait par la Ville à cette multinationale, qui va déjà profiter de larges bénéfices du fait du projet de Tour triangle (si le projet voit le jour car il est tellement à contre temps !) et qui a, selon les termes de la CRC, “durablement renforcé sa situation sur son secteur d’activité”.

    Pour rendre concret ce montant, avec 263 millions d’euros on pourrait très très largement héberger et garantir un accompagnement social à l’ensemble des sans-abris parisiens et mal logés pendant 5 ans !

    De plus, avec un loyer de 2 millions d’euros par an pour une durée de 80 ans (et 8 millions versés à la livraison du bâtiment), la convention est assez généreuse : rien que les 77.000m2 de bureaux prévus peuvent permettre à Unibail d’engranger environ 80 millions d’euros par an, montant qui n’inclut pas les bénéfices liés à l’espace de conférences, à l’hôtel de luxe, aux locaux commerciaux en pied d’immeuble.

    Anne Hidalgo et Xavier Niel
    Dernier exemple pour la route dans cette note, parlons des largesses de la ville avec #Xavier_Niels et sa station F. Non content de faire de la capitale la vitrine des milliardaires, du luxe, de la transformer en centre commercial géant, l’équipe municipale d’Anne Hidalgo entend en faire une vitrine de l’innovation, la capitale des #start-up, de quoi faire rougir de plaisir Emmanuel Macron qui s’auto présente comme le Président de la start-up Nation. 

    L’équipe se tourne naturellement vers un autre milliardaire, Xavier Niel. Il est le fondateur et actionnaire principal d’ #Iliad, groupe de télécommunications français, maison mère du fournisseur d’accès à internet #Free et de l’opérateur de téléphonie mobile #Free_mobile. C’est aussi un parisien qui vit par ailleurs dans un somptueux palais dans le 16e arrondissement. 

    Pour monter la station F, plus grand incubateur numérique à start-up d’Europe, la SNCF va céder la #Halle_Freyssinet à la Ville de Paris qui la cède ensuite au groupe Free en 2016 pour 70 millions d’euros, soit pour 1800€ le m2 dans une zone où au même moment le prix du m2 avoisinait les 8000 €. 

    Pur hasard ? #Jean-Louis_Missika, l’adjoint d’Anne Hidalgo à l’urbanisme durant la précédente mandature, celui qui pilota en grande partie sa campagne municipale “Paris en commun”, très actif sur ce dossier, avait auparavant travaillé comme lobbyiste auprès de Free et de Xavier Niel…C’est vrai qu’il avait été en grande partie choisi pour avoir siégé dans une cinquantaine de conseil d’administration de grande entreprises et notamment chez free. Son soutien lors de la présidentielle à Emmanuel Macron n’avait en aucun cas entaché leur collaboration politique.

    Si la station F peine à fidéliser les 1000 start-up promises du fait de nombreuses difficultés pour garantir l’efficacité des services promis et de bonnes conditions matérielles (même le wifi dysfonctionne, quel comble pour le patron de Free !), la gare de la start-up nation-capitale accueille de beaux voyageurs, comme le fondateur d’ #Airbnb, la numéro 2 de #Facebook, le PDG de #Microsoft… Le jour de l’inauguration du lieu, le 29 juin 2017, en présence d’Emmanuel Macron, fut précisément le même jour où celui-ci avait déclaré “Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien.”

    Par Danielle Simonnet.

    #paris #Saccage2024 #anne_hidalgo #ps #enMarche #paris #jo du #fric