• Italy’s drought-hit farmers face sea water threat
    https://www.reuters.com/business/environment/italys-drought-hit-farmers-face-sea-water-threat-2022-06-29

    SCARDOVARI, Italy, June 29 (Reuters) - The worst drought in 70 years has meant salt water from the Adriatic sea is flowing back into the sluggish Po, Italy’s longest river, doing further damage to crops hit by an early summer heatwave.

    Sécheresse : les gorges du Verdon sont à sec
    https://www.francetvinfo.fr/meteo/secheresse/secheresse-les-gorges-duverdonsont-asec_5229073.html

    En raison de la sécheresse qui frappe la France, les gorges du Verdon sont à sec. La baignade pourrait y être limitée cet été. Certaines activités comme le rafting sont déjà interdites.

    #climat #sécheresse #crise_alimentaire

    • A quoi sert l’odeur de la terre après la pluie ? Alice Lebreton
      Directrice de recherche à l’Inrae, Institut de biologie de l’École normale supérieure

      Dans sa « carte blanche », Alice Lebreton décrit comment la géosmine, molécule odorante émise par différents micro-organismes du sol, attire certains arthropodes, mais repousse les nématodes.

      Une goutte, lourde et tiède, explose dans la poussière d’été. Bientôt un déluge s’abat sur le sol aride, qui reprend vie. Et vous, quand, émergeant de la torpeur caniculaire, vous emplissez vos poumons de cet air humide, sentez-vous l’odeur libérée par la terre sous l’averse ? Cette odeur, nommée pétrichor – un terme forgé en 1964 sur des racines grecques signifiant « sang des pierres » –, provient de la solubilisation par l’eau de pluie, puis de la diffusion sous forme d’aérosols de composés organiques auxquels notre odorat est particulièrement sensible. Le plus répandu et le plus puissant de ces composés, qui sont produits par différents micro-organismes du sol, est la géosmine.

      Le grand nombre de micro-organismes capables de synthétiser cette molécule laisse penser qu’elle leur apporte un avantage sélectif notable. Les bactéries du genre Streptomyces entre autres, bien que très diverses, produisent toutes la géosmine. Des biologistes de plusieurs spécialités, collaborant de Suède, du Royaume-Uni, de Hongrie et d’Australie, se sont interrogés sur l’avantage que ces bactéries pourraient en retirer. Dans une étude publiée, en 2020, dans la revue Nature Microbiology, ils ont cherché à déterminer si certaines espèces d’arthropodes du sol étaient attirées par cette substance.

      Pour ce faire, ils ont placé en plein champ des pièges adhésifs au centre desquels était cultivée ou non une bactérie productrice de géosmine. A la collecte, ils ont constaté que de petits arthropodes du sol, appelés « collemboles », étaient attirés par cette bactérie, alors que les insectes et araignées ne l’étaient pas. Dans les conditions plus contrôlées du laboratoire, ils ont ensuite offert aux collemboles le choix de s’orienter, à l’intérieur de tubes bifurquant « en Y », vers l’odeur libérée par des bactéries produisant ou non la géosmine et ne différant par aucun autre critère. Les collemboles ont choisi en majorité le côté où ils sentaient la géosmine, permettant de conclure que cette odeur est attirante pour eux.

      Rôle des spores

      Les chercheurs ont ensuite démontré que l’attraction était bénéfique aussi bien aux bactéries qu’aux collemboles. Ces derniers trouvent en Streptomyces une source de nourriture satisfaisante, qui complète leur régime habituellement composé de champignons. En contrepartie, ils fournissent aux bactéries un transport gratuit au travers des couches superficielles du sol, dans leur tube digestif ou sur leur dos. Pour se préparer aux conditions rudes de l’auto-stop, les Streptomyces ne synthétisent la géosmine qu’au moment où ils passent sous une forme dormante, temporairement inactive et très résistante : les spores. Ces spores survivent à la digestion de l’arthropode, qui les disperse ensuite lors de la défécation. Par ailleurs, la paroi des spores adhère à la cuticule des collemboles, alors que les bactéries actives y collent très peu.
      Si ce duo semble à l’unisson, c’est loin d’être un cas général. Les travaux d’une équipe québécoise, publiés dans le numéro d’avril de la revue Applied and Environmental Microbiology, montrent qu’à l’inverse l’odeur de la géosmine est repoussante pour les nématodes (de petits vers du sol). Bien que le composé lui-même ne soit pas toxique, les micro-organismes producteurs de géosmine émettent aussi d’autres substances qui sont, elles, fatales aux nématodes. Les auteurs formulent l’hypothèse que la géosmine joue ici le même rôle d’avertissement contre les prédateurs que les couleurs vives arborées par certains animaux et champignons vénéneux.
      Attractive pour les uns, répulsive pour les autres, l’odeur diffusée par la pluie orchestre ainsi la vie de l’écosystème du sol, guidant les interactions entre différents domaines du vivant lorsque la terre s’anime.

      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/06/29/a-quoi-sert-l-odeur-de-la-terre-apres-la-pluie_6132602_1650684.html

  • « La recherche bas carbone met en tension le fonctionnement académique ordinaire »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/06/27/la-recherche-bas-carbone-met-en-tension-le-fonctionnement-academique-ordinai

    « La recherche bas carbone met en tension le fonctionnement académique ordinaire »
    Par David Larousserie
    Publié hier à 18h00
    Le chercheur en sciences politiques Antoine Hardy analyse l’initiative Labos 1point5, qui vise à #décarboner l’activité #scientifique, et ses retentissements dans le monde de la #recherche.

    Antoine Hardy est doctorant en sciences politiques au Centre Emile Durkheim à Bordeaux. Depuis bientôt deux ans, il s’intéresse aux liens entre science et politique dans les mobilisations scientifiques et, en particulier, au collectif Labos 1point5, qui veut « mieux comprendre et réduire l’impact des activités de recherche scientifique sur l’environnement ». Intervenant au colloque de ce collectif organisé le 1er juin, il livre ici des analyses préliminaires sur la nature du mouvement.

    Comment qualifieriez-vous l’initiative Labos 1point5 ?
    Il faut bien se garder de figer ce mouvement avec des étiquettes immuables. Il serait tentant de se demander si la quantification de l’activité de recherche, par la réalisation de bilans des émissions de gaz à effet de serre, vise à politiser ou à techniciser le problème social créé par les conséquences du #changement_climatique. Or, loin d’une alternative binaire, j’ai observé des acteurs mus par des motivations différentes. Certains veulent défendre la science contre les critiques qui l’accusent d’hypocrisie si elle ne s’appliquait pas ce que ses constats appellent. D’autres insistent sur la crédibilité de la recherche ou sa responsabilité, puisqu’elle est financée avec de l’argent public, et qu’elle ne peut donc participer à dégrader les conditions de vie au nom de la science. D’autres considèrent que ces estimations sont simplement un premier moyen d’agir face à la complexité du problème climatique… Il y a donc un riche faisceau de motivations.

    Ces engagements ne rangent-ils pas ces membres dans la catégorie des activistes ou des militants ?
    Il faut s’attacher à la manière dont ils décrivent eux-mêmes leur action : une spécificité de Labos1point5 est la volonté de s’inscrire dans la science par la production de nouvelles connaissances. En outre, le terme de #militantisme peut aussi être utilisé pour disqualifier une tentative de penser les conditions du travail scientifique, sous prétexte que la science serait neutre sur le plan des valeurs. Or les historiens ont montré que la neutralité est utilisée pour des raisons différentes avec le temps. Au XVIIe siècle, il s’agit d’affirmer une autonomie de la science hors de l’influence de l’Etat et de l’Eglise. Au XXe, cette revendication ne sert plus à échapper à des tutelles, mais souvent à masquer les rapports de force et les intérêts qui façonnent la recherche.

    Quelles sont les autres spécificités de Labos1point5 ?
    Le mouvement connaît à la fois une phase d’intensification de ses activités et de reconnaissance institutionnelle, sans renoncer à son ambition d’être un mouvement national associant réflexion sur les finalités de la recherche et accompagnement des laboratoires qui veulent faire évoluer leurs pratiques. Derrière l’empreinte carbone, il y a l’idée que les connaissances ainsi produites pourront contribuer à transformer les façons de travailler. Bien sûr, être exposé à une information n’entraîne pas mécaniquement une action. Sinon, on ne comprendrait pas les difficultés à lutter contre le réchauffement climatique, sur lequel le consensus scientifique est total. La connaissance seule ne suffit pas, plus encore si elle fait l’économie d’installer un rapport de force. C’est aussi en ce sens qu’il faut comprendre la volonté manifestée par certains de redonner du pouvoir aux laboratoires et de rompre avec l’organisation actuelle de la vie scientifique.

    Le projet de transformation pourrait-il réussir ?
    L’agenda de décarbonation met en tension le fonctionnement #académique ordinaire. Le risque de récupération n’est toutefois jamais exclu. On pourrait très bien imaginer que l’empreinte carbone soit enrégimentée au service de politiques néolibérales de la recherche. Il pourrait, aussi, y avoir une recherche bas carbone qui occulterait des problèmes scientifiques contemporains décisifs ou qui cohabiterait avec une absence d’autonomie de questionnement.

    Est-ce que certaines solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ne vont pas se heurter à la liberté académique, si elles conduisent à abandonner ou à limiter des recherches ?
    En fait, les #libertés_académiques sont déjà sous contrainte. Tout le monde n’a pas accès aux mêmes ressources, ne voyage pas autant, n’est pas soumis aux mêmes pressions politiques… Les inégalités sont des contraintes puissantes à l’exercice des libertés académiques. C’est donc une #perspective très intéressante de les repenser à l’aune des #contraintes_climatiques.