La jeunesse de Lénine | Les bons caractères

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  • 22 avril 1870, naissance de Lénine

    A la mort de Lénine, Trotsky publie ses souvenirs. Ce recueil devait servir de matériau à un autre livre plus fouillé qui n’a pas vu le jour...

    Lénine (I° partie), par L. Trotsky https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/04/lt1924042100b.htm

    Introduction à : La jeunesse de Lénine (Les Éditions Rieder, Paris, 1936
    https://www.lesbonscaracteres.com/livre/la-jeunesse-de-lenine

    En n 1923, avant la mort de Lénine, Trotsky avait prévu d’écrire sa biographie, mais il ne publia quelques premières ébauches et textes de discours (Lénine, Librairie du Travail, 1925), et cela au moment même où s’engageait pour lui la lutte contre la montée de la bureaucratie du parti et de l’État soviétique.

    Cette montée de la bureaucratie s’accompagna d’une série de révisions théoriques, de déformations et de falsifications historiques et biographiques. Celles-ci n’épargnèrent bien entendu pas la figure de Lénine, présenté dès son enfance comme une sorte d’icône infaillible, plus tard étroitement liée à Staline dans un culte de la personnalité de plus en plus sans retenue.

    Dans les biographies bourgeoises de Lénine, et notamment celles, plus récentes d’Hélène Carrère d’Encausse (Fayard 1998) ou de Robert Service (Perrin 2012), Lénine, en revanche, présente dès sa naissance des caractéristiques carrément diaboliques, exprimant de manière précoce son « autoritarisme », sa « cruauté », son « ambition pour le pouvoir » et son « inflexibilité ». En créant un parti à son image, il aurait donné naissance à un Staline, comparable à Hitler par sa barbarie. Le communisme soviétique serait donc à condamner dès sa genèse.

    Trotsky voulait réfuter toutes ces falsifications, principalement celles des staliniens (falsifications vérifiées et bien mises en évidence plus tard par des historiens et biographes marxistes tels que Jean-Jacques Marie et Pierre Broué). Mais, comme on le verra en lisant l’avant-propos de Jean Van Heijenoort ci-dessous, Trotsky n’a pas pu achever son projet de biographie de Lénine tel qu’il l’avait prévu.

    Cette biographie lui avait été commandée par la maison d’édition étasunienne Doubleday, en même temps que La révolution trahie. Un projet initial, remontant à 1929, comportait quatre parties : une biographique, une sur sa personnalité, une consacrée aux souvenirs de Trotsky sur Lénine et enfin leur correspondance entretenue pendant la guerre civile. Il pensait lui donner comme titre Lénine et ses épigones.

    Selon Isaac Deutscher, Trotsky aurait confié à Max Eastman et Victor Gollancz qu’il s’attendait à ce que ce soit « l’œuvre capitale de ma vie » et l’occasion d’un exposé complet, « positif et critique », de la philosophie du matérialisme dialectique. Mais entre la fin de l’année 1933 et 1935, commencé pendant son exil en France, Trotsky ne put achever en Norvège que les 15 premiers chapitres du livre, en arrivant à l’année 1893 au moment où Lénine avait 23 ans. En février 1935, il déclarait : « Il serait bon de terminer mon livre sur Lénine, pour passer à un ouvrage plus contemporain, sur le capitalisme de la période de décomposition ». Le 4 avril de la même année, il souligne comment le glissement à droite de Staline, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur (rappelons que la Troisième Internationale opte cette année-là pour la politique des « Fronts populaires » et en faveur du pacte Staline-Laval), le conduira à frapper de toutes ses forces la gauche. C’est pourquoi Trotsky avoue : « Il est difficile en ce moment de travailler sur mon livre sur Lénine : les idées ne veulent pas du tout se concentrer sur 1893 ! ».

    Rédigé en russe, le texte a été traduit en français la même année par Maurice Parijanine et publié à Paris

    A lire également, l’excellente biographie de Jean-Jacques Marie :

    #éphéméride #Lénine #Trotsky