Les quatre raisons qui freinent l’attribution du parc éolien en mer de Bretagne-Sud

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    Zone d’implantation du parc éolien flottant

    L’attribution du marché du parc éolien flottant de Bretagne-Sud est guettée avec impatience. L’État pourrait envoyer un signal autour de la mi-mai. Pourquoi le dossier tarde-t-il tant ?

    Depuis que la Commission de régulation de l’énergie a remis son analyse à l’État, en février 2024, l’impatience monte autour du futur parc éolien en mer flottant de Bretagne-Sud (A05). Le ministère de l’Économie invoque le temps « normal » de l’instruction et pourrait rendre sa décision publique autour de la mi-mai.

    Cette impatience concerne, au premier chef, les consortiums industriels en lice. Ils seraient sept - sur dix au départ -, peut-être même six, la plupart proactifs avec les acteurs français et régionaux de la filière éolienne. Ces derniers se disent tout aussi impatients, comme les observateurs favorables ou opposés au développement de ce champ de production d’énergie électrique au large de Belle-Île-en-Mer et Groix.

    La capacité financière scrutée de près
    Les hypothèses vont bon train. L’une privilégierait de lier les deux marchés du parc initial (250 mégawatts) et de son extension (500 mégawatts), la procédure d’appel d’offres pour cette dernière devant être lancée, dès 2024, dans la foulée de l’attribution du premier. Cette perspective apparaît peu crédible sur le plan juridique, à moins que l’appel d’offres en cours ne se révèle infructueux et crée l’opportunité !

    Trois à quatre justifications, plus solides, permettraient d’éclairer le dossier, dont, faut-il le rappeler, le lauréat aurait dû être désigné dès 2023. La première est à chercher du côté du ministère : celui-ci tient probablement à s’assurer que le consortium retenu aura une assise financière suffisante pour mener le projet à son terme, alors que, ces derniers mois, quelques développeurs en Europe et dans le monde ont renoncé, pour des raisons économiques, à construire ou exploiter des parcs éoliens en mer.

    Une facture en hausse d’au moins 300 millions d’euros
    La deuxième raison découle de la première : le contexte d’émergence de l’éolien en mer flottant, une technologie coûteuse car pas encore mature, s’est progressivement dégradé, ces deux dernières années. Les prix des matériaux utilisés pour leur mise au point et construction ont considérablement grimpé. Pour le parc de Bretagne-Sud, l’investissement privé initial dépasserait le milliard d’euros, alors qu’il était antérieurement estimé à 700 millions d’euros. Dans le même temps, les prix de gros des marchés de l’énergie ont connu des variations extrêmes.

    On arrive au troisième motif qui pourrait expliquer la tergiversation : le prix de vente de l’électricité produite par le parc de Bretagne-Sud à partir de 2030-2031. Ce que l’on sait, à ce stade, c’est que l’aide maximale que pourrait apporter l’État français, pour les 20 premières années d’exploitation, s’élèverait à 2,08 milliards d’euros. À la condition que l’offre retenue ait une valeur égale au prix plafond de 140 euros du mégawattheure. La tendance était plutôt à 110 ou 120 euros du mégawattheure pour ce parc, même s’il n’est pas impossible que des candidats aient raboté l’offre, jusqu’à 20 %, pour avoir une chance de l’emporter. C’est d’ailleurs une source d’inquiétude : plus ce prix sera bas, moins les retombées sur l’économie bretonne et française liée à l’éolien seront intéressantes.

    En tout cas, le seuil haut de cette subvention publique a été fixé par la Commission européenne. Cette dernière a ainsi accordé à la France le droit de soutenir financièrement le développement de cette première ferme commerciale (hors pilote) au large de nos côtes, en limitant les distorsions de concurrence au sein du marché européen. Quant aux retombées fiscales locales du parc, elles sont évaluées à 100 millions d’euros sur 20 ans.

    « La Région Bretagne est prête ! »
    Une autre raison, enfin, pourrait expliquer ce délai de réponse de l’État : l’acceptabilité sociétale. Des oppositions associatives ont été réaffirmées, avec force, lors de la consultation publique La mer en débat, qui prend fin ce 26 avril. Des conditions ont, par ailleurs été posées, par les pêcheurs, des ONG environnementales et des élus.

    Parmi ces élus, Daniel Cueff, le vice-président de la Région Bretagne délégué à la mer et au littoral. Depuis Marseille, où se tient le salon européen annuel de l’éolien flottant (Fowt), jusqu’à ce 26 avril, il a posté ce message sur LinkedIn : « Quand donc le gouvernement annoncera-t-il le nom du lauréat du parc offshore de Belle-Île-en-Mer ? Et qui sera choisi ? La Région Bretagne est prête » !

    • Éolien en mer : Le Maire et Lescure attendus jeudi 2 mai à Saint-Nazaire pour des annonces | Le Télégramme
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      Les ministres Bruno Le Maire et Roland Lescure se rendront à Saint-Nazaire (44), jeudi 2 mai, pour y préciser les intentions du gouvernement dans le développement de l’éolien en mer.
      Les ministres de l’Économie, Bruno Le Maire, et son homologue chargé de l’Industrie et de l’Énergie, Roland Lescure, visiteront les Chantiers de l’Atlantique, jeudi 2 mai, à Saint-Nazaire (44), à l’occasion du départ de la sous-station électrique du parc d’éoliennes en mer d’Yeu-Noirmoutier.

      Ils prévoient de préciser la politique du gouvernement en matière de développement de l’éolien en mer, alors que la France vise des puissances de 18 GW en 2035 et 45 GW à l’horizon 2050. Ils devraient notamment annoncer « le calendrier des prochains appels d’offres pour le déploiement de nouveaux parcs éoliens offshore, ainsi que des mesures pour favoriser le recours à l’industrie française dans ces appels d’offres ».

      Ils devraient profiter de l’occasion pour rendre publique leur décision dans l’attribution du marché du parc éolien flottant de Bretagne-Sud.