13h Eco - La fausse résistance russe

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  • Choose France : sous le tapis rouge, la poussière - l’Express, L’EDITO
    par Arnaud Bouillin
    Rédacteur en chef
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    A la tête du « pays le plus attractif d’Europe », Emmanuel Macron s’est félicité, lors du dernier sommet Choose France, d’avoir battu de nouveaux records. Sous les ors de Versailles, les médailles du même métal ont tintinnabulé : 56 projets d’investissement industriel ou technologique annoncés, 15 milliards d’euros attendus, 10 000 emplois associés. Le fruit d’une politique fiscale et énergétique, notamment, qui séduirait les grandes entreprises internationales, au moment d’arrêter leur choix pour implanter une usine d’engrais bas carbone (FertigHy), d’avions électriques (Lilium) ou un data center (Microsoft et Amazon).

    Le 7 mars, l’économiste Jean-Marc Daniel signait dans nos colonnes un texte à rebours du satisfecit ambiant, qui rencontra un fort écho. Interrogé par L’Express à l’occasion de Choose France, il n’en démord pas. « Faute de vendre assez, la France se vend aux autres », s’inquiétait-il après l’annonce d’investissements colossaux du Qatar dans l’économie tricolore – 10 milliards d’euros d’ici à 2030, un Versailles avant l’heure, la galerie des Glaces en moins.

    « Ce dont souffre la France, ce n’est pas d’une attractivité trop faible, pointait le président de la Société d’économie politique. Elle souffre d’une demande excessive qui, ne trouvant pas en regard une offre nationale suffisante, se porte sur les importations. Résultat, la France accumule les déficits extérieurs, dont la conséquence est un transfert de moyens financiers à ses fournisseurs, et plus généralement au reste du monde. Comme elle ne parvient pas à vendre assez pour couvrir le coût de ses importations, elle se vend, ses partenaires commerciaux utilisant le produit de leurs ventes réalisées sur son territoire pour acheter son patrimoine. »

    Une analyse corroborée par le creusement spectaculaire d’un indicateur, l’avoir extérieur net, autrement dit la différence entre la valeur de ce que les Français détiennent à l’étranger et celle de ce que les étrangers détiennent en France. De -40 milliards d’euros en 2001, ce chiffre a dégringolé à -630 milliards en 2022.

    Conclusion de Jean-Marc Daniel : nos dirigeants « doivent concentrer leur politique non sur l’appel aux capitaux étrangers mais sur plus de rigueur dans la gestion des finances publiques dont le déficit entretient artificiellement la demande et absorbe une épargne qui manque à l’investissement productif ». La supplique n’a pas franchi les hautes grilles de la place d’Armes, pas plus que celles de l’Elysée.