« L’Europe a nourri la corruption en Grèce, c’est un fait »

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  • « L’Europe a nourri la corruption en Grèce, c’est un fait » - LeTemps.ch - mercredi 08 juillet 2015 - Richard Werly
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    Chargé de la lutte anti-corruption au sein du gouvernement Tsipras, le magistrat Panagiotis Nikoloudis est aussi le négociateur du projet d’accord fiscal avec la Suisse. Il répond aux questions sur les réformes, la crise et la régularisation fiscale des avoirs grecs dans les banques helvétiques.

    Nommé « tsar » anti-corruption par Alexis Tsipras, le magistrat Panagiotis Nikoloudis garde, lorsqu’il aborde la crise et les réformes indispensables en Grèce, sa précision de juriste. Vétéran de la lutte contre la criminalité financière, cet ancien procureur a bataillé contre le secret bancaire helvétique, avant de négocier un projet d’accord fiscal avec Berne. Il a reçu Le Temps mardi, alors que le premier ministre grec se rendait à Bruxelles.

    Le Temps : Le gouvernement grec est accusé d’être opposé aux réformes économiques indispensables. Que répondez-vous ?

    Panagiotis Nikoloudis : Ma première réponse est politique : nos partenaires européens n’obtiendront rien s’ils continuent de vouloir imposer à la Grèce des solutions rejetées par sa population parce qu’elles sont insupportables. La pire manière d’obtenir le remboursement de la dette est de maintenir les Grecs à genoux. Continuer ainsi, c’est risquer de nourrir les pires idéologies et les pires ressentiments. Sur la corruption, nos partenaires européens ont fermé les yeux lorsque nos prédécesseurs négociaient tous ces contrats publics et ces acquisitions si coûteuses. Un Grec acceptait bien sûr les pots-de-vin, mais il y avait toujours un Allemand, un Français ou un autre pour le proposer, en drachmes, puis en euro. L’Europe a nourri la corruption en Grèce, c’est un fait.

    – Que faire pour l’éradiquer ?

    – Notre volonté politique est claire. Nous avons ouvert, depuis notre arrivée au pouvoir il y a six mois, 257 enquêtes. Ma première initiative a été d’adresser une directive à tous les auditeurs et contrôleurs des ministères, indiquant que personne ne doit être au-dessus des lois, y compris les ministres, et que tous les contrats publics, sans exception, doivent être examinés. J’ai l’avantage de bien connaître tous ces mécanismes. Je sais que nous rencontrons de sérieux problèmes d’efficacité au sein de l’administration grecque. Je ne le nie pas. Mais sur ce dossier, ce gouvernement mène un combat exemplaire.