les victimes de violences sexuelles et conjugales mieux prises en charge à l’hôpital

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  • Bondy : les victimes de violences sexuelles et conjugales mieux prises en charge à l’hôpital
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    Pousser la porte de l’unité médico-judiciaire, sans avoir déposé plainte, en Seine-Saint-Denis, c’est possible. Depuis un peu plus d’un an, l’hôpital Jean-Verdier de Bondy mène une expérience rarissime pour les victimes de violences sexuelles ou conjugales. Auparavant, le passage par le commissariat était un préalable pour bénéficier d’une expertise et du soutien de cette unité qui réunit médecins, infirmières, psychologues et accueillants.

    Désormais, même sans réquisition de la justice, une consultation de médecine légale est possible. C’est une première en Ile-de-France.
    « Peu de victimes de violences conjugales ou sexuelles déposent plainte. Elles ne savent toujours pas à qui s’adresser. Or notre préoccupation est de prendre en charge les victimes », explique le docteur Céline Denis, médecin aux UMJ de Bondy qui décrit des situations ubuesques.
    Certaines personnes n’osent pas porter plainte par peur des représailles
    Les victimes se rendaient aux urgences, qui appelaient les UMJ mais sans réquisition de la justice, pas d’accueil possible. Quid de celles qui ne veulent pas déposer plainte par peur des représailles ou crainte de se lancer dans une procédure judiciaire ? A l’étranger, l’expérience des « Sexual Assault Centres », comme en Irlande, au Royaume-Uni, en Suède… montre l’utilité d’une prise en charge de victimes de violences sexuelles dans un lieu unique. Aux UMJ de Bondy, l’équipe est formée pour faire des entretiens, des prélèvements, proposer une pilule du lendemain, mettre en route un traitement de prévention en cas de transmission de virus HIV, proposer un suivi etc.
    Le démarrage s’est fait discrètement au printemps 2014. En un an, plus d’une cinquantaine de personnes ont été reçues, pour des violences conjugales ou des agressions sexuelles, parfois pour des suspicions. « Au retour d’un week-end de formation, la personne avait des trous noirs, elle se demandait si elle avait été droguée », relate le docteur. Pas forcément de quoi déposer plainte mais suffisamment inquiétant pour vouloir connaître la vérité. Recherche de spermatozoïdes, de toxiques et d’ADN ont été effectués. Des rendez-vous avec des médecins et des psychologues ont également été proposés.
    Les prélèvements sont conservés pendant trois ans et pourront servir de preuve
    Il suffit d’appeler* pour prendre rendez-vous. Au bout du fil, 24 heures sur 24, un médecin évalue le degré d’urgence. Le tarif est celui d’une consultation, remboursée par la Sécurité sociale. A l’issue de la visite, un certificat médical est délivré avec l’évaluation d’une ITT, cette incapacité totale de travail, la seule qui fait foi aux yeux de la justice en cas de dépôt de plainte. « On leur dit qu’elles ont le droit de déposer plainte », conclut le docteur Denis. Les prélèvements sont conservés pendant trois ans. « Cela a un véritable intérêt en matière de preuve, estime Jérôme Janic, directeur de l’association SOS Victimes. Car dans un premier temps les victimes peuvent refuser de déposer plainte. Au moment où elles sont prêtes à déposer plainte et à agir, elles auront les éléments matériels recueillis aux UMJ. »
    * Sur rendez-vous au 01.48.02.65.06 tous les jours 24 heures sur 24

    Le deuxième service médico-judiciaire de France
    11 000 victimes ont été examinées en 2013 à l’unité de médecine légale de Jean-Verdier de Bondy. Toutes sur réquisition judiciaire. En nombre de patients reçus, c’est le deuxième service derrière l’Hôtel-dieu à Paris. Parmi les victimes, 611 ont été reçues pour des violences sexuelles. A titre de comparaison en France, 10 000 personnes environ déposent plainte pour violences sexuelles.
    Sur les 611 victimes reçues pour violences sexuelles (dont 283 mineures), 57 % des visites concernaient des viols et 3 % des tentatives de viol. 10 % étaient des femmes victimes de violences sexuelles par le conjoint ou l’ex conjoint.
    59 personnes qui n’avaient pas déposé plainte ont été reçues depuis un an aux UMJ de Bondy. 23 pour agression sexuelle ou suspicion, 36 consultations pour des violences conjugales autres que sexuelles.
    4 consultations pour agression sexuelle ont été suivies d’un dépôt de plainte avec contact d’un service de police demandant de transmettre des prélèvements dans les jours ou semaines qui ont suivi la consultation.
    20 médecins, 4 infirmières, 3 psychologues, 2 secrétaires et 6 accueillants composent l’équipe des UMJ de Bondy.
    C.S.