De la reconduction "naturelle" des stéréotypes
[Peau blanche, masques blancs]
« Dans toutes société, dans toute collectivité, existe, doit exister un canal, une porte de sortie par où les énergies accumulées sous forme d’agressivité, puissent être libérées. C’est ce à quoi tendent les jeux dans les Institutions d’enfants, les psychodrames dans toutes les cures collectives et, d’une façon plus générale, les hebdomadaires illustrés pour les jeunes, - chaque type de société exigeant naturellement une forme de catharsis déterminée. Les histoires de Tarzan, d’explorateur de douze ans, de Mickey, et tous les journaux illustrés, tendent à un véritable défoulement d’agressivité collective. Ce sont des journaux écrits par des Blancs, destinés à de petits Blancs. Or le drame se situe ici. Aux Antilles, et nous avons tout lieux de penser que la situation est analogue dans toutes les autres colonies, ce sont ces mêmes illustrés qui sont dévorés par les jeunes indigènes. Et le Loup, le Diable, le Sauvage sont toujours représentés par un nègre ou un Indien, et comme il y a toujours identification avec le vainqueur, le petit nègre se fait explorateur, aventurier, missionnaire "qui risque d’être mangé par les méchants nègres" aussi facilement que le petit Blanc…. »
[ Frantz #Fanon, Peau noire, masques blancs ]