@gonzo : Pas grand chose à redire à ça, y compris sur le "p. de régime". Grosso modo sur la même ligne. Quelques remarques complémentaires comme hypothèses de prospective.
Pour les Turcs et les Saoudiens il y a deux problèmes :
1° - la tentative du régime et de ses alliés de fermer entièrement la frontière turco-syrienne au nord-ouest. Maintenant que la poche d’Azaz, avec son poste de Bab al-Salam, est isolée du reste des provinces d’Alep et de la province d’Idlib, il ne reste plus que le poste-frontière de Bab al-Hawa. Il existe certainement d’autres lieux de passage mais de moins grande ampleur et beaucoup plus incommode. Si cette tentative venait à réussir, non seulement Alep-est est menacée d‘encerclement mais aussi tous les gains obtenus en 2015 (Idlib, Jisr al-Shoughour, ...) par la coalition Jaysh al-Fatah qu’ils ont montée avec le Qatar. La conséquence serait une disparition complète de ces deux pays de l’équation syrienne.
2° - La question de ce que deviendra le territoire syrien tenu par Da’ich à l’est. Sans que personne ne le remarque formellement, tout le monde parle et agit en ce moment comme s’ils considéraient qu’à terme il est destiné à disparaître de la région, au moins comme proto-Etat. On sait que les Turcs ne veulent pas voir le YPG kurde et leurs alliés au sein des SDF prendre la bande au nord que Da’ich tient et relier l’ensemble de leurs zones de contrôle. L’autre peur est qu’une fois la frontière nord-ouest sécurisée, l’effort du régime et de ses alliés ne se porte beaucoup plus massivement sur Da’ich en choisissant de laisser subsister des poches « rebelles » au nord-ouest - des chaudrons comme on dit à l’est de l’Ukraine - que l’armée syrienne réduirait au fil du temps, par exemple Idlib voire l’est d’Alep (Jisr al-Shoughour me paraissant, par sa position, plus stratégique qu’Idlib). Impossible alors de s’opposer à ces combats et à terme à la victoire complète du régime.
Comment justifierait-on devant les opinions publiques occidentales les condamnations du régime et des opérations russes contre Da’ich au profit de « rebelles » qui ne le combattent pas, pour éviter cette victoire totale ? Comment éviter que le YPG ne passe entièrement dans l’orbite russe et ne devienne clairement l’allié du régime (Saleh Muslim avait déjà fait une proposition en ce sens évoquée ici) ? Comment à ce moment là la Turquie pourrait-elle envisager de s’ingérer directement pour écarter les options arrangées entre le régime et le YPG, qu’elles refusent à sa frontière, à part en se remettant directement à soutenir à Da’ich, alors que le contexte international s’y prête de moins en moins ?
Conclusion :
A - soit la Turquie tente un coup militaire insensé maintenant au nord-ouest - soit dans la poche d’Azaz, soit côté province d’Idlib - pour écarter le risque immédiat n°1 en profitant et organisant la mise en scène médiatique des souffrances des civils pour prétendre y créer une zone refuge (vieille idée du safe haven façon Benghazi). Il n’est pas sûr que les USA suivent et les machins militaires russes Sukhoï 35, S-400, … ont l’air d’être assez dissuasifs pour qui que ce soit de sensé…
Un coup moins risqué serait peut-être l’envoi de missiles anti-aériens portatifs (façon afghane avec les Stinger) dans le cadre d’une nouvelle intensification de l’aide à Jaysh al-Fatah avec les Saoudiens.
B – soit la Turquie abandonne l’idée de s’opposer autrement que par la parole au risque n°1 et s’organise avec les Saoudiens et leur « coalition islamique », en essayant d’y entraîner les USA, pour mettre des « boots on the ground » au nord-est, chez Da’ich, afin de rester dans l’équation syrienne et écarter au moins le risque n°2. C’est aussi très risqué mais les Russes auront plus de mal à s’y opposer.
C - Soit ils reconnaissent leur défaite et soutiennent un vrai processus de négociations. Mais je n’y crois pas trop.