Patigul Ghulam est une petite femme ouïgoure, obstinée comme un roc. Une seule obsession l’habite : connaître la vérité sur la disparition de son fils de 17 ans aux mains de la police chinoise, en 2009. Incarcérée depuis mai 2014, Mme Ghulam aurait été jugée à huis clos jeudi 7 avril à Urumqi, la capitale de la région autonome ouïgoure du Xinjiang, pour « divulgation de secrets d’Etat à des forces étrangères ».
Au fil des ans, la sexagénaire est devenue la plus tenace d’une fronde éparse de parents de « disparus d’Urumqi », ces hommes ouïgours, jeunes pour la plupart, saisis lors des rafles policières consécutives aux heurts interethniques du 5 juillet 2009. Les Ouïgours, musulmans et turcophones, sont le peuple autochtone du #Xinjiang, dernière marche de l’empire chinois avant l’Asie centrale. Ballottés d’une administration à l’autre, ces pétitionnaires ont vite subi un harcèlement policier intense. Patigul Ghulam fut détenue à maintes reprises. Sa dernière arrestation eut lieu après l’attentat suicide du marché d’#Urumqi de mai 2014 (39 morts), un crime avec lequel cette veuve, mère de quatre enfants, n’avait évidemment rien à voir. On lui reprochait une interview à la radio américaine Radio Free Asia (RFA), doté d’un service en ouïgour très actif.