Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • BALLAST | Angela Davis : « Si Israël se retrouve isolé, il ne pourra pas continuer son apartheid »
    http://www.revue-ballast.fr/angela-davis-si-israel-se-retrouve-isole-il-ne-pourra-pas-continuer-so

    Une interview passionnée d’Angela davies, qui n’a rien perdu de sa radicalité.

    L’élection de Barack Obama a été très largement célébrée comme une victoire contre le racisme. N’était-ce pas là un écran de fumée qui a, pendant longtemps, paralysé la gauche et les Afro-Américains engagés dans la lutte pour l’émancipation ?

    Les significations qui ont été données à l’élection d’Obama sont, pour la plupart, totalement fallacieuses. Tout particulièrement celles qui font de l’accession d’un homme noir à la présidence des États-Unis le symbole de la victoire sur le racisme. Je pense, cependant, que cette élection était importante en elle-même, étant donné que la plupart des gens – dont la majorité de la population noire – ne pensait pas possible, au départ, qu’une personne noire puisse un jour être élue à la tête de l’État. La jeunesse a vraiment créé un mouvement – qu’on pourrait même appeler un cybermouvement – qui a rendu l’impossible possible. Le problème est qu’ils n’ont pas alimenté cette puissance collective pour continuer à faire pression sur Obama et le pousser à prendre des mesures plus progressistes (contre l’incursion militaire en Afghanistan, pour le démantèlement de Guantanamo, vers la mise en place d’un meilleur régime d’assurance santé). Même si nous sommes critiques envers Obama, je pense qu’il est important de préciser que cela n’aurait pas été mieux avec Romney à la Maison Blanche. Ce n’est pas le bon président qui nous a fait défaut ces cinq dernières années, mais des mouvements populaires bien organisés.

    Vous imaginez une société sans prisons : n’est-ce pas utopique ? Comment cela pourrait-il fonctionner et que mettez-vous en place sur le terrain pour faire accepter cette idée ?

    Je suis convaincue qu’une société sans prison est réaliste et envisageable dans le futur, mais dans une société nouvelle basée sur les besoins de la population et non sur le profit. L’abolition des prisons est aujourd’hui perçue comme utopique justement parce que la prison et les idéologies qu’elle s’attache à véhiculer avec force sont totalement ancrées dans notre monde contemporain. L’utilisation de plus en plus massive de l’incarcération comme stratégie de détournement et l’accroissement du nombre de personnes emprisonnées aux États-Unis (environ 2,5 millions), empêchent de mettre en lumière et de traiter les problèmes sociaux fondamentaux (le racisme, la pauvreté, le chômage, le défaut d’éducation, etc.). La population finira par se rendre compte que la prison n’est qu’une fausse solution. Le plaidoyer pour l’abolition des prisons doit et ne peut se faire que dans un ensemble de revendications plus large incluant celles pour une éducation de qualité, la fin des discriminations à l’emploi, la gratuité des soins de santé et d’autres réformes progressistes. Cela participera à la promotion de la critique anticapitaliste et les initiatives vers le socialisme.

    Que répondez-vous si l’on vous dit : le combat est sans fin ?

    Je dirais que nos luttes murissent, grandissent, produisent de nouvelles idées, font surgir de nouvelles problématiques et de nouveaux terrains sur lesquels nous devons mener notre quête de liberté. À l’instar de Nelson Mandela, nous devons avoir la volonté d’entreprendre la longue marche vers la liberté.