La stratégie ’zéro Covid’ bousculée par les variants du virus
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> L’apparition du variant Omicron vous a-t-elle surpris ?
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Or il s’avère qu’Omicron est très différent de Delta, avec un nombre de mutations très élevé. En réalité, il n’a pas de « parents proches » identifiés, ce qui est surprenant. Pour lui trouver un ancêtre commun avec les virus des lignées connues, il faut remonter à mai ou juin 2020 ! Autrement dit la lignée d’Omicron a divergé avant même l’apparition des variants Alpha, Bêta ou Gamma, et, encore plus surprenant, elle a circulé pendant tout ce temps « sous les radars », sans que personne ne l’ait détectée.
L’explication probable est qu’elle a sans doute circulé surtout en Afrique, continent où il y a très peu de séquençage. Si cela se confirmait, ce serait une énième démonstration de l’importance de la modélisation en épidémiologie et du risque qu’il y a de se contenter de raisonner sur les chiffres bruts. Car contrairement à ce que certains ont affirmé, il y a probablement eu beaucoup de Sars-CoV-2 en Afrique !
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En simplifiant, on peut esquisser deux scénarios, en sachant que la réalité sera sans doute entre les deux. Dans la configuration la plus favorable, Omicron s’avère moins virulent que Delta, les vaccins gardent une efficacité importante et sont déployés sur la planète entière, en étant éventuellement mis à jour pour mieux cibler Omicron. En parallèle, des traitements efficaces, faciles d’utilisation, peu onéreux et avec peu d’effets secondaires sont déployés, tandis que sont multipliés les systèmes de ventilation et d’aération des lieux publics qui semblent désormais indispensables pour passer des hivers sereins. On pourrait alors espérer échapper aux vagues d’hospitalisations, avec des étés calmes et des interventions hivernales ponctuelles supplémentaires de type port du masque ou limitation des gros rassemblements, par exemple.
À l’inverse, dans un scénario plus pessimiste, les vaccins seraient moins efficaces et nécessiteraient des rappels annuels (comme pour la grippe), les traitements s’avéreraient impossible à généraliser, du fait de leur prix ou de leur toxicité, et les pouvoirs publics continueraient à se désintéresser des investissements dans la santé publique et la prévention. On pourrait alors avoir des hôpitaux submergés par des vagues épidémiques chaque hiver, comme cette année.